1940 Vérités et légendes, Perrin 2020, Rémy Porte.

Bonjour à tous, bonjour Didier et Eric, Very Happy

Oui, tout à fait d'accord pour "creuser" séparément la valeur historique des écrits attribués à Rommel pour la campagne de mai et juin 1940 sur la France dans les "Carnets". Je viens d'ouvrir un fil dédié à ce sujet qui nous éloigne effectivement du coeur de sujet.

Cordialement,

Admin Nombre de messages : 9004 Date d'inscription : 21/11/2006

Bonjour,

J'ai séparé et placé dans ce fil les éléments déjà postés :
https://atf40.1fr1.net/t15020-valeur-historique-de-la-campagne-de-mai-juin-40-des-carnets-de-rommel#107356

Bonne discussion,
Didier

Bonjour à tous, bonjour Didier, Very Happy

Merci Didier pour ces intéressantes remarques. Pour ma part, j'aurai également quelques éléments à apporter mais je n'ai pas encore terminé cet ouvrage qui constitue une gageure, quoi qu'on puisse en penser : faire court n'est pas simple !

Voici la critique de Christophe Lafaye qui anime le blog Expériences(s) combattante(s) :

http://experiencecombattantelafaye.blogspot.com/

"Le lieutenant-colonel Rémy (er) Rémy Porte, ancien référent histoire de l'armée de Terre, chroniqueur du blog Guerres et conflits, vient de publier un ouvrage aux éditions Perrin sur le thème de la campagne de France: "1940: Vérités et légendes". En cette année de commémoration - et en contrepoint aux tribunes données aux pseudos historiens de tous poils -, cet ancien officier d'active et universitaire habilité à diriger les recherches, nous propose d'abattre méticuleusement toutes les idées préconçues sur cet épisode traumatique de l'histoire française.

Nous reviendrons prochainement plus en détail sur cet ouvrage dans le cadre d'un entretien avec Rémy Porte. Nous pouvons déjà souligner que ces 280 pages - comprenant une orientation bibliographique d'une vingtaine de pages -, sont un excellent point de départ pour tous les lecteurs un peu sérieux souhaitant construire des connaissances sur cet épisode, étayées par la recherche historique et non par l'émotion du moment. De la ligne Maginot, à l'usage des blindés en passant par l'évacuation de Dunkerque, Rémy Porte fait la part entre les faits historiques et les légendes qui ont la peau dure. Toutes les dimensions, stratégiques et tactiques, sont abordées.

Cet ouvrage souligne aussi que l'histoire militaire globale et critique portée par des historiens à la fois universitaires de haut niveau et militaires, ne s'interdisant pas de réfléchir aux dimensions politiques de leurs objets, produisent des fruits inestimables pour la pensée stratégique actuelle. Cette année 1940 résonne encore en 2020.... encore faut-il posséder les clefs intellectuelles pour le comprendre. Ce livre y contribue sûrement.

Un livre de très grande qualité qui se glisse aisément dans son sac de voyage pour un prix modeste de 13 euros."

Christophe Lafaye est docteur en Histoire de l'université d'Aix-Marseille et archiviste, chercheur associé au GRHIS de l'université de Rouen (EA 3831) et à l'IRSEM. Il est officier de réserve de l'armée de terre. Sa thèse, publiée chez CNRS éditions, L'armée française en Afghanistan (2001-2012).

Invité

- Le général Gamelin était-il coupé des réalités ?
- Le haut commandement militaire français était-il à la hauteur ?
- Peut-on reprocher la défaite aux Belges ?
- Le plan Dyle-Breda était-il réaliste ?
- Peut-on parler d'une "surprise" de Sedan ?
- L'armée française disposait-elle de réserves ?
- Les Britanniques ont-ils abandonné les Français à Dunkerque ?
- Les chars ont-ils été mal utilisés ?
- Weygand pouvait-il faire mieux que Gamelin ?

Sur le 1er point que j'ai retenu, Rémy Porte répond affirmativement. Il se gausse -à juste titre- : Gamelin aurait fait un excellent diplomate ou un cardinal exquis, mais il n'était pas taillé pour être un général en chef !

2ème point : non, le haut commandement français n'était pas à la hauteur. Aucun des chefs à la tête des armées n'avait les qualités d'un stratège. Curieusement, l'auteur ne mentionne pas Prételat. Sans-doute parce qu'il était le seul dans ce cas...

Sur la question de la responsabilité des Belges dans la défaite, l'auteur y répond plutôt d'une manière affirmative. Il commet une erreur surprenante en relatant l'incident "Reinberger" : le plan dont cet officier allemand était porteur n'était pas le plan jaune définitif...

Sur le plan Dyle/Breda, l'auteur tombe dans la même erreur que moi, en considérant que la 7e Armée a été retirée de Reims, pour gagner le nord... Hormis la variante Breda, il estime que le plan Dyle était plutôt un bon plan, sauf pour la densité insuffisante de nos divisions sur la Meuse...

Sur la surprise de Sedan, notre colonel explique qu'elle n'aurait pas du en être une et que le Haut-commandement fut en-dessous de sa tâche. Rien de bien nouveau, donc, mais des rappels indispensables pour les néophytes...

Concernant la question des réserves, nous sommes d'accord avec l'auteur, mais celui-ci ne semble pas avoir pris connaissances des explications d'Eric Denis sur les divisions de réserves susceptibles d'être transportées de très loin, le temps que l'ennemi dispose son artillerie pour franchir la Meuse. Encore et toujours, les velléités de Georges pour remédier à notre absence de véritables réserves ne se concrétiseront pas...

Je suis extrêmement déçu par le chapitre 21 de Rémy Porte (Les Britanniques ont-ils abandonné les Français à Dunkerque ?). Malgré les nombreux faits rapportés qui le prouvent indubitablement, l'auteur n'en conclut pas moins qu'il n'en fut rien, tout devant être subordonné au salut du BEF. Curieuse réflexion pour un ancien officier supérieur...

Quant aux chars, certes, ils ont été mal utilisés, mais ont rendu des services. Sans rapport toutefois avec l'avantage qu'ils auraient pu constituer s'ils avaient été employés en masse. Là encore, l'auteur souligne la responsabilité du Haut-commandement. François Vauvillier est cité avec GBM pour détailler comment la majorité des chars D2 furent perdus, en dehors des combats...

Enfin tout dernier point qui a retenu mon attention : Weygand pouvait-il faire mieux que Gamelin ? L'auteur se borne à rappeler les faits, le dynamisme de Weygand et son nouveau style de commandement. Rien sur un éventuel prélèvement de nouvelles divisions en provenance du GA Prételat.

En conclusion, si l'ouvrage est agréable à lire, s'il constitue une bonne synthèse, il n'apporte véritablement rien de neuf.

Bonjour à tous, Very Happy

Je signale cette intéressante critique du diplomate (er) Eugène Berg sur son site Conflits :

https://www.revueconflits.com/seconde-guerre-mondiale-1940-defaite-remy-porte/

Cordialement,

Commandant Nombre de messages : 619 Date d'inscription : 12/01/2009

Bonsoir, terminé la lecture également. Pas réellement de nouveautés, mais sans doute un bon ouvrage pour qui découvre le sujet.
Le format impose clairement de condenser le propos.

Bonjour,

Une critique de Camille Harlé Vargas, en date du 27 juillet, sur Theatrum Belli :

https://theatrum-belli.com/lecture-1940-verites-et-legendes-de-remy-porte/

Par son ouvrage, 1940. Vérités et légendes, Rémy Porte, que l’on ne présente plus, reprend les points et questions que l’on retrouve le plus souvent à propos de cette campagne. C’est en 30 points rédigés sous forme de questions que l’historien reprend un à un ces mythes et poncifs parfois tenaces. Chaque chapitre ou point s’ouvre sur une citation toujours choisie avec soin comme celle du général Estienne, en ouverture à la question sur le nombre de chars et d’avions : « Imaginez, messieurs, le formidable avantage stratégique et tactique que prendraient sur les lourdes armées du plus récent passé 100 000 hommes capables de couvrir quatre-vingt kilomètres en une seule nuit avec armes et bagages dans une direction et à tout moment. Il suffirait pour cela de 8 000 camions ou tracteurs automobiles et de 4 000 chars à chenilles montés par une troupe de choc de 25 000 hommes » Général Estienne, inspecteur des chars, dans une conférence prononcée devant le roi Albert à Bruxelles (1922).

L’ouvrage est parfaitement documenté, s’appuyant sur une longue bibliographie spécialisée, les travaux de recherches de revues comme GBM ou des auteurs comme Oliver Forcade ou Max Schiavon. Parmi les points abordés, l’auteur remet en cause les théories des différents bords politiques par exemple, l’influence du front populaire sur le réarmement, l’existence d’une « 5e colonne » ou la sympathie d’une certaine élite militaire vis-à-vis de l’Allemagne nationale-socialiste. Les questions diplomatiques ne sont pas en reste avec l’analyse des relations françaises avec ses alliés ou anciens alliés. Le « pacifisme » est aussi abordé, avec le poids de l’expérience de la première guerre mondiale qui pèse énormément et irrémédiablement sur la France la veille de cette campagne de 1940. L’héritage de la Grande Guerre est d’ailleurs abordé à plusieurs reprises notamment à propos des doctrines d’emploi des chars ou l’impact sur les officiers incarnant alors les plus hautes responsabilités. Quand est-il de Gamelin, adjoint victorieux de Joffre au cours de la bataille de la Marne incapable de provoquer un sursaut à son tour pendant cette campagne de France ? Plusieurs points lui sont consacrés, notamment en comparaison avec le général Weygand.

Rémy Porte distille son analyse parmi ces points, partageant les responsabilités et les erreurs des errements de 40 sur les différentes personnalités sans jamais chercher de bouc émissaire. Il était bien évidement nécessaire d’aborder la question des chars, sujet particulièrement propice à véhiculer des clichés : les chars français étaient mauvais, mal organisés, mal pensés, mal conduits… et la question de la ligne Maginot, devenue quasiment l’emblème de l’impréparation et de la défaite française. Il est intéressant de souligner l’abondance bibliographie sur ces deux dernières questions qui poussent le lecteur à creuser par lui-même.

Malgré beaucoup d’informations condensées et synthétisées, l’ouvrage de Rémy Porte est agréable à lire, accessible et s’adapte à tous les publics. Si l’on doit formuler une critique, on peut regretter l’absence d’un point particulier sur la marine française ou un point précis sur l’héritage de la Grande Guerre tel que « L’armée française était-elle traumatisée par l’expérience des tranchées ? ».

Il va de soi que l’ouvrage de Rémy Porte est d’utilité publique en ce temps de commémoration. Cette analyse tout en nuance permettra, on l’espère, d’aborder le débat de la campagne de 1940 plus sereinement.

Cordialement,

Bonjour à tous, Very Happy

A présent, on peut consulter l'introduction et les deux premiers chapitres sur Calaméo :

https://fr.calameo.com/read/0042455509051947f958f

Cordialement,

Admin Nombre de messages : 9004 Date d'inscription : 21/11/2006

Bonjour Thierry,

Ces chapitres ont été mis en ligne presque au moment de la sortie du livre.

dhouliez, 15 juin, a écrit:: Pour ceux qui veulent se faire une première idée, les deux premiers (courts) chapitres, sont disponibles sur calameo.

https://fr.calameo.com/books/0042455509051947f958f

D.

dhouliez a écrit:

Bonjour Thierry,

Ces chapitres ont été mis en ligne presque au moment de la sortie du livre.

dhouliez, 15 juin, a écrit:: Pour ceux qui veulent se faire une première idée, les deux premiers (courts) chapitres, sont disponibles sur calameo.

https://fr.calameo.com/books/0042455509051947f958f

D.

Bonjour Didier, Very Happy

Au temps pour moi !

J'ai retransmis ce que Rémi Porte a écrit ce matin sur son blog, sans vérifier effectivement la date de mise en ligne... Embarassed

Thierry

Bonjour Messieurs,
La photo de la couverture du livre me fait penser au film de propagande tourné en studio par les allemands. Quelle est l'origine de ce cliché?
Cordialement .
J.B.

jacques BRISSART a écrit:: Bonjour Messieurs,
La photo de la couverture du livre me fait penser au film de propagande tourné en studio par les allemands. Quelle est l'origine de ce cliché?
Cordialement .
J.B.

Bonjour Jacques, Very Happy

L'ouvrage ne mentionne que les droits d'une agence distribuant des photographies : SZ Photo / Bridgeman images.
Je suis allé sur leur site mais je n'y ai pas trouvé ledit cliché...

Cordialement,

Bonjour à tous,

Oui, cette photo est tirée d'un film de propagande réalisé par les officines du bon docteur Goebbels, le même que celui où l'on voit — séquence célébrissime — un attelage hippomobile de 75 Mle 97 subir un bombardement, les chevaux affolés.
Le même également qui montre une très rare VLTT Laffly V15R avec des " civils" (en fait des figurants allemands, probablement de jeunes Landser) agglutinés dessus et/ou courant à côté.
Je n'ai pas la référence exacte du film en question et je propose deux pistes :
— " Stuka "
— " Sieg im Westen ".

Question à approfondir.

Excellente journée à tous

François

» 2024, Rémy Porte, Dictionnaire d'histoire militaire de la France.
» Rémi Porte, mai 2020. Livres d'Histoire... Conseils de lecture
» D. Lormier, "Mai-juin 1940 : les causes de la défaite", mai 2020
» Chrispophe Dubois, Les réfugiés des Ardennes en Vendée 1940, 2020
» 2015 Les officiers face à la défaite de juin 1940. Rémi Porte.