Division(s) d'Artillerie

Bonjour

l'Armée Française n'a jamais eu de "Division d'Artillerie" au contraire d'autres Armées sinon au mieux des Brigades créées dissoutes puis recréées au grés des époques depuis un siècle et demi (dont on a annoncé d'ailleurs une nouvelle résurrection pour 2024) et ce type de Grande Unité à l'échelon Divisionnaire apparaît quelque peu assez déroutant voire étranger à notre culture militaire et historique française

pourtant au détour des Papiers Secrets du Général Doumenc il est question d'un projet de 

Division d'Equipage d'Artillerie d'Attaque

cette Division devait comprendre 6 Régiments d'Artillerie et des éléments de soutien

- 4 Régiments d'Artillerie Lourde à 3 Groupes de 220 ... (sur 7 Régiments de 220C et 2 RALT de 220L mis sur pied en 1939-1940)
- 1 Régiment d'Artillerie Lourde à 3 Groupes de 3 batteries de 4 pièces de 280 ... (sur les 3 RALT de 280)
- 1 RALVF à 3 Groupes de 370 ... (un Groupe au 371^ème RALVF)  
en outre
- un Parc de Transport et Ravitaillement avec 10 Sections de Munitions d'Artillerie
- 10 Sections de Caterpillars (...c'est à dire la totalité des Sections mises sur pied à cette époque...)
- Equipages de Camouflage

pour octobre 1940 une première Division et la partie d'une autre devraient être constituées
au printemps 1941 il y'aurait 3 Divisions




---------------------------épilogue--------------------------------

en 1984 il fut question de réunir nos 5 Régiments d'Artillerie nucléaire qui étaient des EOCA en une Grande Unité Nucléaire vers 1990 lors du remplacement des missiles Pluton

cette autre première Division d'Artillerie avortée fit les frais, ou plutôt le fruit des dividendes de la fin de la Guerre Froide, réduite à un seul régiment d'artillerie associé avec un régiment de transmissions au sein de la Brigade Hadès (plus des régiments de réserve)

Salutations
Loïc

Bonjour Loïc,

Je n'en trouve aucune trace dans le Programme d’armement 1940 - 1943 mais celui-ci a été établi quelques mois avant la déclaration de guerre.

Mais, je trouve un projet similaire dans une note datée du 2 mai 1940 du général Boris, alors inspecteur général de l'artillerie aux armées dont voici la teneur (les 2 premières pages, voir le point B). Il propose la mise sur pied d'un "équipage de siège" en précisant qu'il s'agit d'un programme pour un avenir assez éloigné :





Il ne s'agit que d'une proposition de projet. Il semble ne concerner qu'une seule unité.

Bonjour,

J'ai (légèrement) sursauté à la lecture de l'affirmation " l'Armée française n'a jamais eu de Division d'Artillerie".
En effet, elle a compté plusieurs Divisions d'Artillerie durant la Grande Guerre.
On croit trop souvent que les Divisions de la "Réserve Générale d"Artillerie Lourde" (RGAL), créée le 11 janvier 1917 transformée au début de 1918 en "Réserve Générale d'Artillerie" (RGA), ne sont que des structures "administratives".
Il n'en est rien dans l'esprit du créateur et commandant de la RGAL, le général Buat et des généralissimes Nivelle puis Pétain.
La RGAL est formée au début de 1917 dans l'idée que ses divisions (au nombre de trois initialement) formeront le dispositif de rupture du front alors continu.
La 1ère Division de la RGAL rassemble 5 régiments d'ALGP et d'ALVF. Les régiments d'ALVF sont prévus pour être des "régiments complets" assez homogènes rassemblant des matériels de destruction, de contre-batterie et d'action lointaine.
La 2e Division de la RGAL rassemble les 10 Régiments d'Artillerie Lourde à Tracteurs (RALT) alors existants (dédoublés en 20 régiments à la fin de 1917), organes majeurs de la manoeuvre dans l'esprit des créateurs.
La 3e Division rassemble les unités de canonniers-marins, le rôle de cette division est là surtout administratif afin de gérer les unités de la Marine et de ventiler les batteries en fonction des ordres du GQG.
Je ne peux développer davantage et invite les lecteurs à consulter le volumineux "Journal" du Général Buat, notamment aux pages 343 à 501.
Le schéma de la page 362 et les commentaires des pages 361 à 363 résument la doctrine et le rôle des Divisions de la RGAL.
Les échecs des offensives du printemps 1917 ne permettront pas l'application de cette doctrine sauf dans le cadre des offensives à objectifs limités où la conception initiale est faussée par les buts à atteindre.
Le concept de la RGA de 1918 est différent, les Divisions gèrent alors plutôt les moyens à accorder en fonction de la situation du moment (défensive face aux offensives allemandes du printemps 1918, contre-offensives à partir de juillet 1918). La RGA compte 6 Divisions à la fin de la Guerre, rassemble alors 40% des moyens de l'Artillerie française et sera dissoute dès 1919.
Je ne développe pas ces points qui figurent avec quelques détails dans mes deux livres relatifs à l'ALVF, paru en 2022 et à l'Artillerie automobile, récemment paru.
Cordialement,
Guy François.

Merci de ce partage de documentation et rappel Eric et ALVF dans ce qui s'inscrit pourrait-on dire comme dans une généalogie contrariée de la Division d'Artillerie comme Grande Unité dans l'Armée Française
Je suis soulagé que le sursaut ne fut que léger   j'ai pensé à un impair
la terminologie fut employée aussi à diverses époques antérieures pour désigner des petites unités, des batteries ce qui peut conduire là aussi à des malentendus

Salutations
Loïc