Bonsoir,
un petit sujet sur la reddition de
Cherbourg, le 19 Juin 1940
Reddition officielle de
Cherbourg Nous nous rendîmes ensuite à la base aéronavale, qui n’avait pas été touchée par le bombardement, puis revînmes à la Préfecture, où nous trouvâmes les chefs de corps de la 7ème division de Panzers, rangés sur un côté de la cour, et les officiers de la garnison de
Cherbourg, y compris les commandants des différents forts, sur l’autre côté. Après un rapide échange de saluts avec mes officiers, je m’adressai, par l’intermédiaire d’un interprète, à l’officier français le plus élevé en grade, dans les termes approximatifs que voici :
“En qualité de commandant des troupes allemandes à
Cherbourg, je prends note du fait que la forteresse a effectué sa reddition et je désire exprimer mon plaisir que celle-ci ait eu lieu sans effusion de sang pour la population civile.”
Le chef d’état major français me fit alors savoir, au nom des officiers, que la forteresse ne se serait pas rendue si elle avait eu des munitions en quantité suffisante.
L’Amiral Abrial ne donne pas son agrément à la reddition. Nous découvrîmes aussi que le gouverneur de
Cherbourg était absent et, ce qui était plus grave, l’officier le plus élevé en grade de la place, c’est-à-dire l’amiral commandant la flotte française de la Manche Mer du Nord. En conséquence, le capitaine von Platen, chargé des liaisons de la division, fut envoyé chercher ces officiers à leur quartier général, qui était installé dans un château fortement protégé au moyen de canons antichars et de barricades. Lorsqu’ils arrivèrent, je leurs fis répéter par l’interprète les paroles que j’avais précédemment adressées au chef d’état-major.
L’Amiral Abrial dit que la reddition de la forteresse s’était faite sans son agrément, à quoi je répondis que je prenais acte de sa déclaration. Ainsi se termina la capitulation de
Cherbourg.
REMARQUE DE JACQUES MORDAL : Il faut préciser les attributions respectives de l’amiral Abrial commandant en chef les Forces Maritimes du Nord, et du vice-amiral Le Bigot, Préfet Maritime de la 1ere Région, gouverneur de
Cherbourg. Après avoir assurer la défense de Dunkerque et l’évacuation des armées du Nord, l’amiral Abrial avait transféré son P.C. au château de Tourlaville près de
Cherbourg pour diriger les opérations dans ce qui restait de son théâtre d’opérations. Mais la défense rapprochée de la place de
Cherbourg restait dans les attributions du Secteur Maritime de Défense, dépendant directement de l’amiral Le Bigot, qui n’accepta de déposer les armes qu’après avoir atteint ses trois objectifs essentiels :
- le rapatriement intégral des forces anglaises (il n’y eut pratiquement pas un prisonnier anglais à
Cherbourg) ;
- l’utilisation de tous les moyens flottants disponibles pour l’évacuation des combattants ;
- la destruction de tout le matériel pouvant servir à l’ennemi.
C’est l’amiral Le Bigot lui-même et non son chef d’état-major qui déclara au général Rommel : “Je n’aurais pas rendu la place si j’avais encore eu des munitions et des armes.”
(extrait de "La guerre sans haine du Maréchal Rommel" Carnets présentés par Liddell-Hart volume I )
avec l'aimable autorisation de la Préfecture Maritime de la Manche Mer du Nord
cordialement
Mathieu