Mers el-Kébir, appel aux spécialistes

Bonjour,

L'un de mes correspondants m'a transmis quatre photos prises à l'époque des combats, ou peu de temps avant ou après, par son père. Celui-ci fut mécanicien aéro sur le Commandant Teste du 01/01/1937 au 16/03/1939.

Ces photos, jamais diffusées, restent bien mystérieuses quant à l'identification des bâtiments et pour certaines de l'époque, pour un néophyte de la Marine comme moi.

Aussi, je fais appel aux spécialistes qui parcourent régulièrement nos pages pour pouvoir fournir tous renseignements ou commentaires sur ces clichés.

En vous remerciant par avance.

Voici les clichés :

Bonsoir Éric,

La dernière photo représente les 4 navires avant l'attaque, dans l'ordre Bretagne, Strasbourg, Provence, Dunkerque.

Là deuxième montre au premier plan la coque du cuirassé Bretagne, et au second plan, à confirmer, le cuirassé Provence. Le Strasbourg est parti...

Pour les autres, je laisse la place aux marins...

Amitiés,

D

Bonsoir,

1ère photo : du fond vers le premier plan, Strasbourg, Bretagne avec le nuage de fumée de l'explosion des soutes arrières et Commandant Teste.

2ème photo : Le Provence et l'épave de la Bretagne avec une embarcation qui recueille des survivants.

3ème photo : le Strasbourg appareille, la Bretagne est touchée et le Commandant Teste

4ème photo : la ligne des cuirassés vue depuis le Commandant Teste, du fond vers le premier plan le Dunkerque portant la marque du vice-amiral d'escadre Gensoul, commandant la 1re Escadre et la 1ère Division de Ligne, la Provence portant la marque du contre-amiral Bouxin, commandant la 2ème Escadre et la 2ème Division de Ligne, le Strasbourg et la Bretagne.

Il est à noter que le Commandant Teste qui n'a pas bougé durant toute l'attaque n'a pas été atteint par le tir britannique.
@+
Alain

Les photos 1 et 3 ont probablement été prises depuis un des contre-torpilleurs, les 2 et 4 depuis le Commandant-Teste.

DH

Bonjour...

... et merci à vous deux pour ces réponses précises.

La quatrième photo est prise avant le début de l'attaque; tous les navires ont encore leurs tauds, on dirait presque une photo du temps de paix, visiblement on ne s'attends pas à ce moment là à une attaque imminente.

Alain

dhouliez a écrit:

Les photos 1 et 3 ont probablement été prises depuis un des contre-torpilleurs
DH

Voir une embarcation plus légère, genre vedette, elle semble assez basse sur l'eau.

Bonjour,

Alain a écrit:

La quatrième photo est prise avant le début de l'attaque; tous les navires ont encore leurs tauds, on dirait presque une photo du temps de paix, visiblement on ne s'attends pas à ce moment là à une attaque imminente.

C'est exact, au moment de l'arrivée de la Force H, les bâtiments étaient à six heures d'appareillage et une partie d personnel avait été envoyé en sorties de détente (excursions à terre, baignade et voile).

Titus a écrit:

dhouliez a écrit:Les photos 1 et 3 ont probablement été prises depuis un des contre-torpilleurs
DHVoir une embarcation plus légère, genre vedette, elle semble assez basse sur l'eau.

Je plussoie.

@+
Alain

Il y a 80 ans aujourd'hui Mers el Kebir:

 
Le cuirassé Bretagne chavire


Le contre torpilleur Mogador est atteint par un obus de 380 mm qui lui détruit complètement la partie arrière.

Alain

Il convient de ne pas oublier que Mers el Kébir s'inscrit dans une opération plus importante; l'opération Catapult devant se dérouler simultanément pour bénéficier de l'effet de surprise.

L'opération catapult se déroule du 2 au 8 juillet 1940.

Le cabinet de guerre britannique sous la direction de Winston Churchill, Premier ministre, décide de s'emparer ou de détruire tous les bâtiments français où qu'ils soient stationnés.
L'opération baptisée Catapult est déclenchée le 2 juillet 1940 ; elle ne suscite pas l'adhésion unanime des chefs d'escadre britanniques.
Elle se déroule en plusieurs phases quasiment simultanées, pour garantir l'effet de surprise :
- dans les ports britanniques contre les navires français réfugiés, suite à l’invasion allemande.
- à Mers el Kébir, contre la principale force française.
- à Alexandrie, base britannique en Egypte, contre la force X.
- à Dakar, où se trouve le cuirassé Richelieu.

Dans les ports britanniques :
A Portsmouth se trouve le vieux cuirassé Courbet, 1 contre-torpilleur, 5 torpilleurs, 2 sous-marins, 6 avisos.
A Plymouth : le vieux cuirassé Paris,1 contre-torpilleur, 3 torpilleurs, 3 sous-marins, dont le croiseur sous-marins Surcouf, 2 avisos.
Les cuirassés Courbet et Paris ne servent plus qu'aux écoles.
Dans divers autres ports britanniques, quelques avisos, patrouilleurs et bâtiments divers.

Les marins français ont fait l'objet d'un véritable guet-apens pour s'emparer des navires ; ils ont été attirés sur les navires britanniques pour les faire boire et les éloigner de leurs bords. Le 3 juillet à 4 heures du matin, ceux qui sont restés à bord sont surpris au saut du lit ; la plupart du temps le scénario est le suivant : un officier britannique annonce un plis urgent pour le commandant, il s'introduit à bord pendant que le planton de service va prévenir le commandant, et d'autres à sa suite ; ils profitent des bonnes relations passées pour endormir la méfiance des marins.
En dépit de ces ruses,il y eut quelques coups de revolver qui firent 4 morts dont 3 anglais.
Les anglais essayèrent de convaincre les marins de continuer le combat avec le Général de Gaulle, mais sans résultats, ceux-ci ayant été humiliés, restèrent pour la grande majorité fidèles au gouvernement du maréchal Pétain, et furent rapatriés.

Alain

Bonjour,

Voici l'article de la convention d'armistice concernant la flotte de guerre, qui est rarement cité correctement :

Citation :

Article 8.
La flotte de guerre française - à l'exception de la partie qui est laissée à la disposition du Gouvernement français pour la sauvegarde des intérêts français dans son empire colonial - sera rassemblée dans des ports à déterminer et devra être démobilisée et désarmée sous le contrôle de l'Allemagne ou respectivement de l'Italie.
La désignation de ces ports sera faite d'après les ports d'attache des navires en temps de paix. Le gouvernement allemand déclare solennellement au Gouvernement français qu'il n'a pas l'intention d'utiliser pendant la guerre, à ses propres fins, la flotte de guerre française stationnée dans les ports sous contrôle allemand, sauf les unités nécessaires à la surveillance des côtes et au dragage des mines.
Il déclare, en outre, solennellement et formellement, qu'il n'a pas l'intention de formuler de revendications à l'égard de la flotte de guerre française lors de la conclusion de la paix ; exception faite de la partie de la flotte de guerre française à déterminer qui sera affectée à la sauvegarde des intérêts français dans l'empire colonial, toutes les unités de guerre se trouvant en dehors des eaux territoriales françaises devront être rappelées en France.

Il est à noter qu'il n'est pas écrit que les navires seront désarmés dans leur port d'attache du temps de paix, mais que les ports à déterminer seront désignés d'après les ports d'attache du temps de paix.

Cordialement,
DH

Salut.
Depuis la date anniversaire des 80ans un documentaire d’une heure de 1983 est dispo sur la chaîne de l’ina histoire. Alain Decaux en narrateur.

Des images intéressantes; malheureusement je n'ai pas de son; je regrette d'autant qu'Alain Decaux  était un excellent narrateur.

Alain

Salut

Ah nos bons amis du Royaume Uni, avec eux pas besoin ennemis ... ce depuis des siècles !
A noter que les Etats Unis d'Amérique sont à peine moins mauvais !
On n'est jamais trahis que par ses "amis".

Cordialement

Du pur Alain Decaux, merci pour ce partage, Fabi1. Alain, c'est bizarre, moi j'ai bien le son.

Quel plaisir de retrouver ce fabuleux narrateur. À écouter et voir sans modération.

Frédéric

ALAIN a écrit:

Des images intéressantes; malheureusement je n'ai pas de son; je regrette d'autant qu'Alain Decaux  était un excellent narrateur.

Alain

Retrouvez Alain Decaux sur Youtube avec :1940 Mers El-Kébir ou la fatalité / archive INA

https://www.youtube.com/watch?v=bZ01MBR9PnU&t=2216s

Merci, enfin j'ai entendu Mers el Kébir raconté par Alain Decaux ce qui donne toute sa saveur à ce film.

Cordialement

Alain

Salut.
Les péripéties de cette funeste journée, positions et mouvements des navires , en animation sur une chaîne qui vaut le détour… même si en anglais 

Bonjour,

Hasard, je regardais hier soir le Dossier de l'Ecran autour du thème. Un débat pour le moins animé...



Cordialement,

Cherbourg

Salut.
Sur la chaîne cap-hornier : 

C'est bien fait mais cela ne m'a rien appris de nouveau, j'ai relevé deux choses qui m'apparaissent intéressantes, le détails de l'appareillage en urgence, purement technique, et les atermoiements de Gensoul bien compréhensibles, mais qui en définitives ont bénéficié aux britanniques.


Alain