Recrutement de soldats coloniaux avant la Seconde Guerre mondiale

J'ai entendu dire que de nombreux soldats coloniaux étaient forcés de servir. Cependant, il y avait aussi des bénévoles. Surtout de la région Man en Côte d'ivoire. Combien de temps a duré le service? En quelles anneées recrutait-on? Qu'en est-il des soldats dont le service aurait pris fin en 1939? Avaient-ils dû prolonger leur service à cause de la guerre?

Quelle récompense les soldats (comme la Côte d'ivoire) ont-ils recu s'ils ont survécu et ont pu prouver leur service poendant plusieurs mois?

Merci Beaucoup

Bonsoir,

La majorité des indigènes coloniaux (AOF, AEF, Indochine) est soumise au service militaire de 3 ans, après visite médicale, puis tirage au sort ou désignation "selon les coutumes locales", pour obtenir un contingent dont les effectifs sont fixés par circonscription, compte tenu des engagements et rengagements.

Ces appelés forment la première portion du contingent, les individus aptes et non dispensés formant la deuxième portion du contingent, à disposition de l'autorité militaire pendant 3 ans.

Il me semble que l'incorporation se faisait à 21 ans. A confirmer néanmoins.

Concernant la Côte d'Ivoire en particulier, il existe un ouvrage : "Soldats d'infortune, les tirailleurs ivoiriens de la deuxième guerre mondiale", de Nancy Lawler.

Cordialement,

DH

Merci, dhouliez, pour votre réponse. Merci aussi pour la recommandation de livre

Ne peuvent être astreints au service militaire que les hommes ayant la citoyenneté française. Dans les territoires coloniaux français les indigènes sont réputés "sujets français" et non citoyens. Pour devenir soldat français, il faut un engagement, qui par la suite favorisera l'accès à la citoyenneté. Le minimum est de trois ans, les engagés deviennent des soldats de métier, ils perçoivent une prime à la signature et au départ, pendant leur temps d'engagement, ils perçoivent leur solde (en principe car parfois la solde est en retard ou payée seulement en partie)... Les "autorités locales" chefs tribaux ou coutumiers et administrateurs coloniaux forcent souvent la main après la première guerre mondiale (avec commissions financières à l'appui)... Même avec ce système, on ne recrute pas le nombre d'engagés espéré . Alors que la population s'est globalement accrue, en 1939 on recrute moins qu'en 1914.

Bonjour à tous,

Une petite particularité est à noter pour le Sénégal; à la veille de la seconde guerre mondiale les habitants indigènes des communes de Dakar, St Louis, Gorée et Rufisque étaient citoyens français et soumis aux mêmes droits et devoirs que tous nos compatriotes.
J'ignore si c'était aussi le cas dans certaines de nos autres anciennes colonies.

Bonjour,

Je maintiens ce que j'ai écrit. Les indigènes sont soumis à des obligations qui diffèrent des obligations des citoyens français, mais ils peuvent être recrutés par voie d'appel, que ce soit les indigènes coloniaux ou les indigènes nord-africains.

Le recrutement par appel est modulé en fonction du nombre d'engagements, mais il est erroné de penser que seuls des engagés plus ou moins volontaires restent sous les drapeaux.

Voici ce que j'ai mis en ligne il y a quelques temps pour faire le point sur le sujet :

1° Il faut distinguer des territoires dont les indigènes ne sont pas assujettis au service militaire :

- les comptoirs des Indes et les îles du Pacifique, y compris la Nouvelle-Calédonie ;
- les territoires sous mandat (Togo, Cameroun) ;
- la Côte française des Somalis ;
- le territoire à bail du Kouang-Tcheou-Wan.

- par coutume, tous les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon, au moins en temps de paix ;

- de fait, les nomades des confins sahariens appartenant à l'AOF ;
- les indiens guyanais.

Les recrutements se font donc sur la base du volontariat, par engagement et rengagements, dans des unités qui appartiennent aux troupes coloniales (compagnie de cipayes de l'Inde, compagnie mixte d'infanterie coloniale de Nouvelle-Calédonie...), sont rattachées à des unités coloniales (goumiers dans les Groupes Nomades) ou encadrées par des personnels des troupes coloniales (milice et gendarmerie indigènes au Cameroun, milice du Togo, milice des Nouvelles-Hébrides...)


2° Certains habitants sont citoyens français et donc soumis aux mêmes obligations que les français des colonies :
- les indigènes naturalisés ;
- les hindous renonçants ;
- les "originaires", sénégalais originaires des 4 communes de plein exercice du Sénégal : Dakar, Gorée, Rufisque et Saint-Louis ;
- les "créoles" (Martinique, Guadeloupe et dépendances, Guyane, La Réunion)

Ils sont donc astreints à la même durée de service que les "métro", et sont affectés dans des unités d'infanterie coloniale, ou dans des unités de tirailleurs, mais comptabilisés comme personnel "européen". En pratique, comme ils ne peuvent être envoyés en dehors de leur colonie d'origine que sous conditions, certains (créoles essentiellement) sont "détachés à la terre", c'est-à-dire en détachement agricole, ou renvoyés en disponibilité dans leurs foyers pour dépassement d'effectifs.


3° La majorité des indigènes coloniaux (AOF, AEF, Indochine) est soumise au service militaire de 3 ans, après visite médicale, puis tirage au sort ou désignation "selon les coutumes locales", pour obtenir un contingent dont les effectifs sont fixés par circonscription, compte tenu des engagements et rengagements. Ces appelés forment la première portion du contingent, les individus aptes et non dispensés formant la deuxième portion du contingent, à disposition de l'autorité militaire pendant 3 ans.


4° Lors de la mobilisation, on procédera à l'intensification du recrutement par voie d'appel, et au rappel des réservistes. L'intensité du recours aux colonies est d'ailleurs controversée dans les colonies mêmes et au sein du haut-commandement. Néanmoins, cela aboutira à la transformation de certains RIC en RICMS.

Décret du 29 mars 1933

TITRE Ier

Dispositions générales - Recensement

Art. 1er. — Le recrutement des indigènes de l’Afrique occidentale française et de l'Afrique équatoriale française s'opère par voie d'appel, d'engagements volontaires et de rengagements.

Art. 2. — Le territoire de ces deux groupes de colonies est divisé en circonscriptions de recrutement et de réserves.
Des bureaux de recrutement et des réserves peuvent être créés pour assurer le fonctionnement régulier du recrutement et l'administration des réserves.

Art. 3. — Tous les ans, aux dates fixées par les gouverneurs généraux, les autorités civiles procèdent à l'établissement des tableaux de recensement. Les dispositions transitoires (art. 34) fixent le mode d'appel dans les circonscriptions où le dénombrement nominatif de la population n'a pu encore être effectué.

Art. 4. — Doivent être inscrits sur les tableaux de recensement :
1° Tous les jeunes gens nés dans le cercle (1) qui, d'après les listes de recensement arrêtées chaque année dans le cercle pour la perception de l'impôt, et tous autres documents et renseignements, y compris la notoriété publique, auront atteint l’âge de dix-neuf ans dans le courant de l'année où a lieu le recensement;
2° Tous les jeunes gens nés dans le cercle qui, par suite d'omission, n'ont pas été inscrits les années précédentes, à moins qu'ils n'aient atteint l'âge de vingt-huit ans accomplis à l'époque de la clôture des tableaux;
3° Les indigènes âgés de dix-neuf ans qui, n'étant pas nés dans le cercle, y résident cependant depuis plus d'un an;
4° Les indigènes non citoyens français résidant depuis plus d'un an dans des communes de plein exercice du Sénégal, âgés de dix-neuf ans, et ceux qui, âgés de plus de dix-neuf ans, n'ont pas, par suite d'omission, été inscrits les années précédentes, à moins qu’ils n'aient atteint l'âge de vingt-huit ans accomplis à l'époque de la clôture des tableaux.

TITRE II

Des appels.

CHAPITRE 1er

Première portion du contingent.

Art. 5. — La durée du service actif des appelés est de trois ans.
L'appel a lieu, au plus tard, dans l'année qui suit celle du recensement.

Art. 6. — Sur la proposition des généraux commandants supérieurs, les gouverneurs généraux de l'Afrique occidentale française et de l'Afrique équatoriale française fixent chaque année les effectifs à appeler ainsi que leur répartition entre les diverses circonscriptions de recrutement.
Ces effectifs constituent la première portion du contingent.
Pour la fixation du contingent appelé, les gouverneurs généraux tiennent compte des effectifs budgétaires des troupes indigènes stationnées dans ces colonies ou à l'extérieur et des effectifs des engagés et des rengagés.


La proportion des engagés et des rengagés est fixée, chaque année, d'après les nécessités d'encadrement, par le ministre des colonies, après entente avec le ministre de la guerre.

Art. 7. — Le recrutement par voie d'appel s'opère par l'incorporation de la première portion du contingent.
La désignation des appelés a lieu par tirage au sort, dans les circonscriptions où existent des tableaux de recensement.
Dans chaque circonscription, il est constitué une ou plusieurs commissions de recrutement, qui procèdent, après examen médical, au choix définitif" des recrues à incorporer.

(1) Circonscription en Afrique équatoriale française.

etc.

Dans le 3° ,pour ma part, la procédure de désignation est bien vague"la majorité est soumise au tirage au sort :majorité  ?? pourcentage ?? tiré au sort? 1 sur combien???....Ce qui est important :"Obtenir un contingent fixé" puis avoir en réserve,à disposition mais non en service un contingent de remplacement égal.....Mais si les "coutumes locales" savaient s'arranger pour obtenir le "contingent fixé" par des engagements ou des rengagements,il ne restait qu'une réserve à disposition ce qui arrangeait tout le monde..........Après tout, les Africains n'étaient pas responsables de la volonté persistante d'un grand nombre de   Françaises , depuis trop de générations,de ne pas avoir d'enfants..

Bonjour,

Si vous retirez les indigènes non assujettis au service militaire et ceux qui sont devenus citoyens français, vous obtenez la majorité des indigènes coloniaux, notamment ceux d'Indochine, d'AOF et d'AEF, et de Madagascar.

Citation :

pourcentage ?? tiré au sort? 1 sur combien?

Cela dépend de la circonscription, comme je l'ai expliqué.

Il existe plusieurs études qui démontrent que l'on faisait bien appel à la conscription. Par exemple : Colonial conscripts, Myron Echenberg.

Cordialement,

DH

Tiré de l'ouvrage précédemment cité :

Pour l'AOF en 1926

Hommes sur les listes de recrutement	188 455
Examinés	148 776
Inaptes ou exemptés	107 748
Absents	39 679
2e portion	28 391
1re portion	10 539
engagés	2 098
total des recrues	12 637

Bonjour à tous et meilleurs voeux pour 2019
Je confirme le propos de Dhoulier notre imparable administrateur
depuis le votre de la loi de la conscription universelle en 1919 tous les hommes en âge de porter les armes sont appelés pour un service en métropole dans les 6 régiments coloniaux en AFN ou au Levant à l'exclusion des originaires ou citoyens français des colonies d'Afrique qui eux sont versé comme soldats dans le "Coloniale Blanche" c'est le cas de Senghor affecté au 3e RIC. On note un grand nombre de soldats inaptes lors pour des causes divers malnutrition maladies diverses ou état psychologique défaillant. Les besoins par année étaient d'environ 12000 hommes par année.
Amicalement