Des barrages et écluses mal gardés par la 5e DIM ?

Le franchissement allemand par le barrage et l'écluse de Houx dans la soirée du 12 mai et la nuit est bien connu, avec la fameuse relève inachevée en bord de Meuse par le II/39 du Cdt Cadennes.
Un passage du rapport du capitaine Chopin de la 4e Brigade de Cavalerie (4e DLC) laisse sous-entendre que dans la nuit du 12 au 13 mai, d'autres écluses et barrages en amont de Namur étaient aussi assez peu surveillés par les fantassins de la 5e Division d'Infanterie Motorisée.

Voici le texte exact : 

12 Mai : ... Le gros du personnel peut néanmoins repasser la Meuse.


Certains éléments qui n'avaient pu passer les ponts avant leur destruction en raison de la rapidité de l'avance des engins blindés ennemis, arrivent à repasser la MEUSE au cours de la nuit par des moyens de fortune. La plupart ont passé sur des barrages sans être interpellé par les postes d'infanterie de la 5° D.I.M. qui tenaient la MEUSE. Dans plusieurs cas ils ont du rechercher ces postes pour prendre liaison avec eux.
 
Ce paragraphe est le seul souligné des 3 pages du rapport...

Discrétion assumée des fantassins ne voulant pas révéler leurs positions, mauvaise appréciation de la menace ennemie ou négligences dans le dispositif et le travail des guetteurs et sentinelles...

Aucune importance, dans la mesure où cela n'a pas eu de fâcheuses conséquences... 

En théorie, 2 à 3 km au nord de Houx, les passages étaient sous le feu d'un fort de Namur.

Pas eu d'importance certes mais cela pourrait montrer un manque de sérieux, une très mauvaise appréciation de la menace ou tout simplement une mauvaise répercussion du renseignement vers les sections au (presque) contact.

Mais puisque l'on avait érigé en certitude que le franchissement d'une telle coupure(la Meuse) demanderait un délai d'au moins cinq à six jours,où était le problème ??

Cela peut être une partie de l'explication en effet. Il est vrai qu'au 8e RI (le régiment le plus au Nord de la 5e DIM), il n' y a pas de présence marquée des forces allemandes avant le 13 mai.

Bonjour,

Cette info reste néanmoins assez surprenante, à une époque où sévissait la crainte exagérée d'infiltrations d'espions de la 5e colonne.

La 5e DIM, unité d'active, devait pourtant bien connaître les impératifs de surveillance d'une LPR. Il serait intéressant d'avoir la vision de cette division sur le sujet, dont je ne dispose malheureusement pas.

SiVielSto a écrit:

Cela peut être une partie de l'explication en effet. Il est vrai qu'au 8e RI (le régiment le plus au Nord de la 5e DIM), il n' y a pas de présence marquée des forces allemandes avant le 13 mai.

Et même le 13, non ? N'est-ce pas le fort de Dave qui tenait sous son feu les rives de la Meuse dans cette zone ?

Les forts de Namur sont sur les crêtes... Ils ne voient pas la vallée, a fortiori la nuit, et ils n'ont aucun poste de guet ou de sécurité sur les barrages. C'est une mission pour les troupes de campagnes, ici l'infanterie française.

Bien entendu. Ce que je veux dire, c'est que la présence des forts était de nature à dissuader les Allemands d'attaquer dans ce secteur. En tout cas, avec des blindés. Pour le reste, j'ignore si au 39ème, il y avait la même quiétude qu'au 8ème RI...

Bonjour,
Je m'insinue humblement dans un débat de spécialistes pour faire observer que la portée des pièces de Saint Héribert ne met pas Yvoir/Evrehaille à l'abri de tirs (dissuasifs?) qui sont d'ailleurs effectués dans ces directions. C'est pourtant le trajet suivit par l'avant garde la Ve PZ et à la suite le IR84 de la ID 8. Gasquet du II/ 8.RI signale le 12 mai des "éclaireurs" ennemis vers 17H00 et des échanges de tirs (sur le front du III/8)durant la nuit et des bombardements intempestifs. Une certaine quiétude par rapport a Bouvignes ... mais quand même.
sergeH

Salut Serge,

Je te rejoins. De surcroît, l'infanterie allemande attaquera le 14 mai et franchira la Meuse dans des secteurs couverts par les forts et encore tenus par le 8e RI.
Malgré des pertes, le franchissement réussira. Serge en sait plus que moi sur ce sujet!

Bref, il ne faut pas surestimer la valeur défensive des forts de Namur en matière de défense du fleuve.
Leur mission première est de protéger la ville de Namur par un appui mutuel et une couverture de 360° autour de la ville. Le dispositif d'observation mis en place est principalement orienté en ce sens. 

Du reste, il ne faut pas non plus surestimer la puissance de leur artillerie; il ne s'agit jamais que de quelques pièces par fort (75 à 120 mm).

Hors secteur 5e DIM, la 18e DI avait bien compris que les barrages et écluses sur la Meuse belge constituaient des points sensibles dont il fallait tenir compte. 
Les note 334/3S de la 18e DI adressée au XIe CA, et 335/3S destinée au Détachement de Givet, à la date du 7 mars 1940, donnent un relevé de ces sites dans les secteurs de Givet et de Dinant. La première rappelle l'utilité de ces infrastructures (maintien du niveau des eaux à au moins 2.30 m) et souligne la difficulté à manipuler les barrages à aiguilles et les vannes (au moins 3 personnes formées par site), d'où un appel à trouver au sein du Corps et de la Division, du personnel apte à ces manoeuvres pour leur donner une formation préalable.
L'hypothèse d'un maintien contraint des éclusiers et barragistes français et belges est aussi évoquée.
La 18e DI semble partisane d'une destruction anticipée des sites avec :
- mise en place, au plus tôt, d'obstacles fixés dans le cours du fleuve sur les lieux pouvant se transformer en gués.
- attention particulière quant à la défense de ces gués.