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 la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940

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Frédéric
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MessageSujet: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyMer 17 Mar 2010 - 13:46

Bonjour,

je cherche des infos concernants la 19ème DI concernant sa présence, ses combats sur la ligne Chauvineau aux alentours de Chantilly, gouvieux Précy-sur-Oise, Boran entre le 8 et 13 juin (livre, photos, récits, ...)

ainsi que sur la constitution de cette division : 41ème R.I, ... ?

Merci

Fred
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyMer 17 Mar 2010 - 21:21

Frédéric a écrit:
Bonjour,


ainsi que sur la constitution de cette division : 41ème R.I, ... ?

Merci

Fred

Bonsoir

voici pour la constitution de la division :

la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 19ame_10

(voir la partie Unités du site, icône sur le bando du haut de la page)

Cordialement


Dernière édition par avz94 le Lun 29 Mar 2010 - 23:43, édité 1 fois
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Frédéric
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyMer 17 Mar 2010 - 22:51

j'avais exploré certaines parties du site, mais celle-là j'étais passé au travers, voilà le pourquoi de ma question.

Merci beaucoup d'avoir pris la peine d'y répondre et de m'aiguiller.

cordialement
Fred
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyVen 26 Mar 2010 - 23:13

Bonsoir,

la 19ème D.I. était commandée à la mobilisation par le Général d'Arbonneau, qui fut remplacé en janvier 1940 par le Général Toussaint.
L'infanterie divisionnaire était commandée à la mobilisation par le Général de Girval qui fut remplacé le 1er mai par le Colonel Paillas.
Le 41ème R.I. était commandé à la mobilisation par le Colonel de Lorme, qui fut remplacé le 12 avril par le Lieutenant-Colonel Loichot.
Le 2ème bataillon du 41ème RI fut commandé par le Chef de Bataillon Courtel jusqu'au 1er avril 1940.

Jusqu'à mai 1940 les trois régiment d'infanterie de la 19ème D.I. étaient le 41° RI (Rennes et Saint-Malo); le 117° RI (Le Mans et Laval); le 71° RI (St Brieux et Dinan). Le 22° Régiment de Marche de Volontaires Etrangers remplacera le 71 après le 1er mai 1940.

Les deux régiments d'artillerie étaient de Rennes (10° RAD canons de 75 et 210° RALD cannons de 155).

Le GRD était formé par le 21ème Dragons de Limoges.

Les compagnies du Génie formées par le 6° Génie d'Angers.

Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptySam 27 Mar 2010 - 16:18

Bonjour,


Voici le récit du repli sur l’Oise du 41ème RI pour la période du 8 juin 1940 jusqu’au 13 juin 1940 :

8 juin :

tous les hommes sont tombés, harassés, dans les granges ou même sur le bord des routes. Une partie des habitants était encore là lors de notre arrivée, mais tous s’en vont dans la nuit. Nous nous croyons tous en sécurité. Et puis la fatigue est tellement grande ;;; Il n’y aura pas grande surveillance cette nuit-là au 41e.

Le soleil s’est levé à nouveau dans un ciel sans nuages. Matinée splendide. Des avions sillonnent le ciel. Dans nos villages situé sur de petites routes, tout semble calme. On entend bien gronder le canon, mais cela semble loin. Quelle détente après ces jours de combat. Plus d’obus à tomber. Non, le calme, le calme … Nous attendons les ordres. Nous ne savons pas grand chose sur la 7e D.I.N.A. que nous avons laissée la veille sur l’Avre et qui doit nous couvrir. On parle de bataille à Roye, et en effet, à la fin de la matinée, le bruit du canon s’amplifie et semble se rapprocher. A plusieurs reprises des groupes d’avions nous survolent, mais nous sommes bien camouflés.

Vers 14h30 grande agitation à Quinquempoix. Le bruit court que des éléments ennemis seraient proches. En effet, des colonnes d’artillerie viennent de passer, venant de la route nationale Amiens-Paris. Les artilleurs ont aperçu plusieurs autos-mitrailleuses allemandes, mais nous restons sceptiques devant ces gens affolés et nous les envoyons se faire pendre ailleurs. 15h30, des voitures hippomobiles du train qui viennent de passer il y a 20 minutes vers la route nationale reviennent au galop et leurs conducteurs disent aussi avoir aperçu des engins blindés allemands se dirigeant vers Saint-Just-en-Chaussée. Certains affirment même avoir vu des motocyclistes, mais ils ne sont pas d’accord sur le nombre des engins qui varierait entre 7 et 100. Aussitôt les motocyclistes du régiments partent avertir les différents éléments du 41e de se tenir en éveil et de renforcer au maximum la défense anti-chars.

A 16h00, les éléments du régiment qui occupent Ansauvillers, non loin de la route nationale, signalent avoir aperçu quelques autos-mitrailleuses circulant au loin.

A 16h30, parvient un ordre de la division prescrivant au régiment de se porter le soir même légèrement en arrière pour tenir une position défensive intermédiaire à Erquinvillers et Lieuvillers. P.C.R.I. à la ferme de la Folie, au sud-est de Saint-Just. Un bouchon solide sera installé sur la route nationale Amiens-Paris au carrefour de la route de Valescourt (4 km au sud de Saint-Just-en-Chaussée). Le départ aura lieu à 20h00. Itinéraire : Brunvillers, Ravenel, Angivillers. Les bataillons envoient aussitôt des reconnaissances.

A 17h00, le Lieutenant Magnan quitte le P.C.R.I. avec trois officiers pour reconnaître la ferme de la Folie et l’emplacement prévu pour le bouchon.

A 17h10, une auto-mitrailleuse est signalée embusquée dans un bois entre Ansauvillers et Quinquempoix. Depuis 16h00 environ des éléments en désordre se replient venant du nord et du nord-est.

A 17h30, le Sous-Lieutenant Simonneaux, commandant le point d’appui d’Ansauvillers, fait savoir qu’il est attaqué par plusieurs autos-mitrailleuses et chars légers. Les soldats en désordre continuent à passer. Un petit groupe d’artilleurs interrogé déclare tenir depuis 7 heures du matin sous les bombes, les balles et les obus, et ne plus pouvoir résister (fort accent du Midi), même l’infanterie doit se replier, alors…

18h00, cette fois ce sont des troupes en ordre qui passent, se dirigent vers le sud. Nous apprenons que la 47e D.I. qui se battait sur l’Avre depuis la veille a perdu Roye et s’est repliée sur une ligne Montdidier-Lassigny. Mais les troupes qui se replient, venant du nord-ouest, n’appartenaient pas à cette division. Nous apprendront plus tard qu’elles appartenaient à la Xe Armée qui défendait Amiens.

18h15, le Capitaine Dunand et le Sous-Lieutenant Vaillant du 3 bataillon arrivent au P.C.R.I. et font savoir que, se portant en reconnaissance sur Saint-Just-en-Chaussée, ils ont trouvé la ville occupée par les Allemands. Abandonnant leur auto, ils ont pu s’esquiver à travers champs, profitant de l’occupation que donnait à l’ennemi la capture d’une longue colonne hippomobile. Nous apprendrons plus tard que quelques batteries restant du 10e R.A.D., notre artillerie divisionnaire, on dû se frayer un passage à coups de canon dans Saint-Just-en-Chaussée, à la fin de l’après-midi pour aller occuper leurs positions.

18h30,, le Sous-Lieutenant Simonneaux, qui commande les éléments d’Ansauvillers, composés de la section de mitrailleuses de 20 mm, et de la section de l’Adjudant Le Moal de la 9e Cie, fait savoir que l’attaque commence à devenir sérieuse. Plusieurs engins blindés ont attaqué le village, mais les défenseurs font merveille ; déjà les mitrailleuses de 20 mm ont détruit deux chars légers et les hommes de la section Le Moal se multiplient.

A 20h00, le 41e R.I. se met en marche pour aller occuper ses nouvelles positions. Chaque bataillon part isolément suivant l’itinéraire fixé : Compagnie Régimentaires, 2e Bataillon, les sections restantes et le P.C. du 3e Bataillon. Le Sous-Lieutenant Simonneaux pourra rejoindre plus tard avec quelques hommes, mais ses pièces et les trois quarts de son effectif sont restés à Ansauvillers, tué ou blessés. Sa défense héroïque permet au régiment et à beaucoup d’autres éléments de se retirer sans difficultés. Quatre engins blindés ennemis détruits et deux autres immobilisés, tel a été le résultat obtenu en quelques heures.

Le régiment entraînant avec lui une colonne d’artillerie qui tournoyait, affolée, rejoint à la sortie de Maignelay la route descendant vers le sud, vers Ravenel. Il y trouve une cohue indescriptible, un enchevêtrement d’infanterie, d’artillerie légère et lourde, de cavalerie, des voitures, des autos, des camions et des canons de tous calibres, des motos, des cyclistes, des civils en charrette , à pied, poussant des brouettes, des voitures d’enfants, même des tracteurs agricoles. Une pagaïe inouie, invraisemblable. Et tout ce flot fondu en plusieurs colonnes dans la nuit, la poussière et au milieu d’embouteillages continuels. Les fantassins s’intègrent dans cette masse d’hommes, de chevaux et de véhicules de toutes sortes ; marche pénible, toujours menacés d’être écrasés, isolés ou coupés du gros de l’unité. Et dans la nuit, à droite, vers le sud, les fusées blanches jalonnent, vers la grand’route voisine, l’avance allemande.

Partie en avant pour reconnaître les positions à occuper, le commandant Pigeon et le Lieutenant Lucas arrivent aux abords de Lieuvillers. Plusieurs maisons flambent, éclairant la nuit devenue fort sombre. Plus loin Erquinvillers, autre village que doit occuper le 41e flamboie aussi des lueurs de l’incendie. Le Lieutenant Austruy, officier mécanicien du régiment, a été reçu à Lieuvillers par des coups de feu : le village est manifestement occupé par l’ennemi. Revenus à Angivillers, le commandant Pigeon et le Lieutenant Lucas trouvent par miracle un officier de l’état-major du corps d’Armée , porteur de nouveaux ordres pour la 19e D.I. et en particulier pour le 41e R.I. qu’il recherchait dans la nuit. Ces ordres sont courts et nets. L’ennemi occupe Clermont depuis 19h00. Ordres est donné à tous les éléments de la 19e D.I. comme à tous ceux du corps d’armée de se replier aussi vite que possible en direction du sud-est pour atteindre l’Oise qu’ils franchiront à pont-Saint-Maxence. Tous les éléments qui n’auront pas franchi la rivière le 9 juin à 16h00 seront considérés comme perdus, car il n’est pas prévu que la résistance puisse être prolongée au-delà de ce délai. La 7e D.I.N.A. aura une mission retardatrice.

Pénible nouvelle. L’ennemi est donc depuis quelques heures déjà à 15 km au sud d’Angivillers. Il va falloir demander un nouvel effort à des hommes harassés de fatigue et abrutis par le manque de sommeil. Plus de 35 km vont s’ajouter aux 15 km déjà fiats depuis Gannes, Sains ou Quinquempoix, 50 km à ajouter aux 60 km de la veille. Et pourtant il faut. Après avoir échappé providentiellement à l’encerclement dans la Somme, il faut atteindre l’Oise. C’est une nécessité vitale. Et, dans la nuit, nous transmettons les nouveaux ordres aux éléments du corps d’armée, qui arrivent , emmêlés, venant de Ravenel. Plus tard nous apprendrons que l’ennemi qui nous déborde à gauche venait de la région d’Amiens où la poussée allemande avait scindé en deux la Xe Armée, celle-ci descendant vers le sud-est venait couper le chemin de repli de notre corps d’armée qui se dirigeait vers le sud-ouest tout en contenant l’avance allemande sur son propre front.


A suivre, le 9 juin :

Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyDim 28 Mar 2010 - 22:44

Bonsoir

voici la journée du 9 juin :


9 juin :



Véhicule et colonnes à pied passent sans arrêt. Vers 1h30 des éléments de la 7e D.I.N.A. arrivent et aussitôt prennent position pour couvrir l’ouest et le nord du village d’Angivillers. Les diverses unités du 41e R.I. prises dans cet immense enchevêtrement d’hommes atteignent ce village à de longs intervalles.

A 2h45 ; les restes du 3e bataillon arrivent enfin, suivant de loin les compagnies régimentaires passées vers 22h00 et le 2e bataillon vers 00h30. Tous sont dirigés par le même itinéraire : Pronleroy, Cernoy, Fouilleuse, Epineuse, Sacy-le-Grand, Tourteaucourt et Pont-Sainte-Maxence. Tous sont malgrés la fatigue, ont continué avec courage cette marche harassante au milieu des colonnes de camions et des véhicules hippomobiles qu’il faut à chaque moment éviter. Sans arrêt, de 22h00 à 03h00 du matin les officiers de l’état-major aiguillent dans la nouvelle direction et informent de la nécessité de franchir au plus vite l’Oise les éléments de quatre divisions différentes appartenant au 1er C.A. ou à la Xe Armée qui passent à Angivillers dans une cohue indescriptible.

La marche , lente et pénible jusqu’à Pronleroy, par suite de l’encombrement, devient plus aisée et plus rapide ensuite grâce aux petitesroutes empruntées. Et c’est dans un ordre aussi parfait que possible dans les conditions présentes que les éléments du 41e R.I. passent à Sacy-le-Grand, à 10 km de Pont-Sainte-Maxence, entre 7 et 09h00. C’est une retraite, et non une débâcle : ne voit-on pas, encadrés par une de nos sections, défiler plusieurs des prisonniers allemands du Bois du Satyre que l’on n’avait pu faire conduire au P.C.D.I. et qui traînent leurs bottes sur la route poudreuse. La matinée, d’abord brumeuse, est devenue splendide. Le ciel est bleu éclatant et on s’attend avec appréhension à voir arriver les escadrilles ennemies. Mais rien dans le ciel et chacun se hâte pour franchir l’Oise. Cette absence d’avion ennemis semble invraisemblable, mais c’est un fait. Il faut en profiter et passer le pont au plus vite.

Pont-Sainte-Maxence, rive nord de l’Oise. Partout des traces de bombardements aériens ; maisons et usines éventrées, mais le pont est intact et , affluant par trois routes différentes, les colonnes françaises y défilent de front. Malgré le nombre considérable des troupes et convois, l’embouteillage est faible et le passage se fait en ordre et sans difficultés sur trois lignes ; une colonne auto, une colonne hippo et une colonne à pied. L’attente n’est pas trop longue. Chacun a compris le péril qui le menace et obéit aux consignes.

A 12h30 ; le 3e bataillon, dernier élément du 41e R.I., avait franchi le pont. Seuls restaient encore en arrière quelques traînards, ceux qui, à bout de forces, n’avaient pu suivre durant cette longue étape s’ajoutant à d’autres et à tant de fatigues.

A 15h30 ; dans un vrombissement de moteurs, les avions allemands surviennent ; ils passent, lâchent leurs bombes et le pont s’écroule dans la rivière. Nous apprendrons plus tard que tous les avions de chasse du secteur 70, a-t-on dit, avaient eu pour mission de se sacrifier pour maintenir les avions ennemis à distance des ponts de Creil et de Sainte-Maxence aussi longtemps que possible.

La chaleur est forte, le soleil brûle. Après un pareil effort physique, soutenus jusque-là par leur volonté et leurs nerfs, les hommes s’effondrent dans la forêt de Halatte, sur la route de Saint-Maxence à Creil. Il faut reprendre des forces avant d’atteindre à 10 km encore de Pont-Sainte-Maxence, Mont-la-Ville, lieu de regroupement du régiment. On peut enfin prendre le temps de manger les dernières boites de conserves restantes ; piètre ravitaillement. Mais c’est ainsi. Depuis trois jours nous avons été nourris surtout de kilomètres. Peu à peu, cependant, les unités atteignent Verneuil. Les habitants sont tous là et ne semblent pas réaliser ce qui leur arrive. Ils hésitent à croire que l’ennemi est tout proche et que , cette nuit, demain au plus tard, il sera sur la rive nord de l’Oise, à quelques centaines de mètres.

La nuit tombe. On a retrouvé la C.H.R. et on tape fortement dans les réserves de conserves et les boules de pain. Des retardataires ont rejoint en traversant l’Oise à cheval sur les débris du pont. Chacun se détend, couché dans le bois. On se sent en sécurité. L’Oise nous protège, et derrière l’Oise, des divisions fraîches doivent être prêtes à recevoir l’ennemi. On parle de repos, de refonte du régiment et de la division, quelque part, à des centaines de kilomètres d’ici : certains auraient même entendu dire qu’il était question de Coëtquidan. C’est que le 41e R.I. est réduit au tiers de son effectif : un millier d’hommes à peine. Outre les tués et blessés des combats des 19 mai au 7 juin, tout le 1er bataillon et deux compagnies du 3e bataillon sont restées dans la Somme ; une section de mitrailleurs et une section de voltigeurs sont restées presque entières à Ansauvillers. Enfin une centaine d’hommes égarés durant le repli n’ont pas rejoint. Quand à la division, elle serait encore plus réduite. Un régiment, le 22e R.M.V.E. a disparu en entier sur la Somme. Le 117e R.I. serait, paraît-il , réduit à deux ou trois cents hommes, et si une partie du 10e d’artillerie a pu se replier avec quelques pièces, le 210 serait presque disparu et aucun canon de 155 n’aurait pu franchir l’Oise.

Il fait nuit. Le canon commence à gronder vers Creil. Les avions ennemis nous survolent sans arrêt depuis 18h00. A deux reprises on entend le sourd éclatement des bombes sur la ville de Creil, à 1 500 mètres de nous. Le bruit court que la partie nord de cette ville, sur l’autre rive de l’Oise, serait occupée par les allemands depuis 19h00. mais tous s’endorment, abrutis de fatigue. Nulle inquiétude ne vient troubler notre sommeil. L’Oise n’est-elle pas là, telle une barrière, bordée de troupes fraîches ?
Vers 23h00 un lourd convoi traverse la forêt. Ce sont les compagnies de ponts lourds du Génie qui doivent lancer leurs ponts sur l’Oise pour s’efforcer de faire franchir la rivière aux éléments que la rupture des ponts a laissés sur l’autre rive. Un pont de bateaux sera bien lancé pendant la nuit et permettra à certains élément de se replier, mais dès le matin, il faudra le faire sauter à coups de canon pour éviter qu’il ne tombe aux main de l’ennemi, et des milliers d’hommes ne pourront franchir l’Oise


A suivre le 10 juin

Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyLun 29 Mar 2010 - 23:32

Bonsoir,

voici la journée du 10 juin :


10 juin :


00h30 ; Réveil. Un officier de la division est là qui apporte l’ordre de s’embarquer au petit jour en camion pour aller défendre les passages de l’oise, à l’ouest de Chantilly. Adieu, veau, vache, cochon, couvée ! Adieu repos si désiré et si mérité ! et les interrogations fusent ! Alors, il n’y a pas de troupe fraîches pour défendre l’Oise ? il n’y a pas de position organisées ? Ce sont les troupes qui marchent et combattent sans arrêt depuis près de un mois et qui, par miracle, ont pu traverser les lignes ennemies en perdant les deux tiers de leur effectif et de leur matériel, ce sont elles qui doivent encore combattre ? Oui , mais que font les autres ? Il n’y a donc plus de troupe en France ? Non, il n’y a personne. Ce sont en effet les mêmes, ceux qui ont tenu sur la brèche depuis trois semaine, qui vont défendre l’Oise comme ils défendaient la Somme, avec cette différence qu’ils sont terriblement réduits en nombre, qu’ils sont abrutis de fatigue, qu’il n’y a presque plus d’artillerie, et qu’aucune position n’a été sérieusement préparée. C’est donc vrai. Les larmes viennent au yeux. Jusqu’ici, dans l’ardeur des combats, dans l’action, on espérait, on croyait vaincre. Maintenant on comprend que c’est fini, que la victoire est impossible. Nos peines, nos fatigue n’ont servi à rien, et c’est

inutilement que tant de nos camarades se sont sacrifiés. La France est perdue. Certains envisagent déjà l’Armistice comme solution la meilleure. Que c’est dur !

Le régiment s’embarque entre 4h30 et 5h30 dans des autobus de la T.C.R.P. qui, au fur et à mesure de l’embarquement de chaque unité, filent à plein gaz pour éviter les avions qui depuis le début du jour ronronnent dans le ciel. Senlis, durement touché par les bombardements, Chantilly et son château. Le débarquement s’effectue dans la forêt de Chantilly, aux abords de Lys-Chantilly. La 19e D.I. a en effet pour mission de tenir les passages de l’Oise du sud de Boran, abbaye de Royaumont, jusqu’à Saint-Maximin. Placée à la jonction de deux corps d’Armée, elle a le périlleux honneur de défendre une boucle de la rivière, ce qui comme dans la Somme, l’oblige à se défendre de face et de flanc et lui fait courir le risque d’être coupée par derrière si l’Oise était franchie dans la région d’Asnière-Viarmes. Or la 19e D.I. ne compte plus comme effectifs que les restes de fantassins du 41e R.I. des cavaliers du G.R.D. et des artilleurs du 10e R.A.D. et 210e R.A.L. avec quelque pièces. Ces éléments sont ainsi disposés : à l’ouset le 2 bataillon du 41e a pour mission d’interdire le passage dans la région du pont de Boran. Au nord le

3e bataillon du 41e R.I. a pour mission d’interdire le passage du pont de Précy-sur_Oise, avec, à sa droite, les cavaliers du G.R.D. 21 chargés de défendre le passage dans la région du pont de Saint-Leu-d’Esserent. L’artillerie prend position dans le bois de Bonnet derrière les marais, au sud de Lys-Chantilly. La 19e D.I. est renforcée par une compagnie du 257e R.I. régiment du Midi dont deux sections sont installées au pont de Précy et deux autres sections au pont de Boran. Une batterie de 75, récupérée, vient étoffer l’artillerie divisionnaire.

Le 3e bataillon s’installe sur ses position dans l’après-midi. Il ne comprend plus d’ailleurs que trois sections de la 9e compagnie, la 4e (section Le Moal) étant restée à Ansauvillers, la 10e compagnie ayant été laissée encerclée à Fay et la 11e compagnie à Soyécourt. La section Payen s’installe face à l’ouest , moulin de Précy, la section Le Denmat avec le P.C. bataillon dans la ferme de Précy, face au pont, et la section Mauduit à Toutevoie, en liaison avec les cavaliers qui occupent le camp Romain.

L’ennemi n’est encore signalé nulle part sur l’autre rive , et de nombreuses reconnaissances y sont envoyées, tant pour reconnaître les lieux que pour remplir différentes autres missions : défoncer les vastes réservoirs d’essence de Précy, récupérer des vivres dans un train de l’intendance stationné en gare de Percy afin de suppléer au ravitaillement normal, inconnu depuis déjà longtemps. Il est curieux de constater que c’est à Percy-sur-Oise que débarquait le 20 mai le 3e bataillon : que de chemin parcouru depuis !
La fin de l’après-midi se passe dans le calme.
A 22h00 ; le 2e bataillon, dont le commandant Pigeon, chef d’état-major du R.I., vient de prendre le commandement, s’installe sur les positions reconnues dans l’après-midi : la 7e compagnie à la plage de Boran, la 6e compagnie au Pont, la 5e compagnie au nord, en liaison avec le 3e bataillon. Le P.C.R.I. est installé à Lys-Chantilly, au carrefour des routes Précy-Viarmes et Boran- la-Morlaye. La journée s’est écoulée sans difficultés, mais il est à prévoir que la situation deviendra vite critique dès que l’ennemi se présentera et cherchera à franchir l’Oise, ce qui ne tardera sûrement pas. En effet, 800 hommes fourbus, à bout de forces, avec peu de munitions, appuyés par une artillerie réduite et disparate, avec des liaisons téléphoniques presque inexistantes, c’est vraiment inquiétant. D’autant que l’ennemi va occuper les rives dominantes de l’Oise. Mais les ordres du général de division sont formels : il faut tenir, le sort de Paris en dépend. Comme nous avons tenu sur la Somme nous tiendrons sur l’Oise, avec des moyens infiniment plus réduits.

A suivre le 11 juin.

Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyMar 30 Mar 2010 - 22:16

Bonsoir,

voici la journée du 11 juin.


11 juin :

Au réveil, un brouillard noir, bas et lourd, recouvre la vallée. Vers 08h00 il s’épaissit singulièrement, semble glisser lentement, par vagues… On parle de gaz ? Mais on saura plus tard que c’étaient les grands réservoirs des raffineries d’essence de Rouen qui brûlaient et dont la fumée noire avait été poussée jusqu’à nous par le vent. Vers 11h00 tout se dissipe et le ciel redevient bleu, éternellement.

Vers 10h00 des éléments allemands sont signalés au sud-ouest de Creil et à 11h15 nous recevons l’ordre de faire sauter les ponts de l’Oise. Celui de Boran s’écroule d’abord, puis , à 11h50, c’est le pont suspendu de Percy qui s’abîme dans l’Oise avec fracas. Son explosion met le feu aux nappes d’essence qui s’écoulaient des réservoirs détruits la veille et durant une heure la surface de l’eau sera couverte de grandes flammes rouges.
N’ayant plus de nouvelles de la section du 257e R.I. installée en tête de pont sur l’autre rive, à Percy, pour signaler l’approche de l’ennemi avant de se replier en barques, le commandant Jan envoie l’adjudant-chef Le Denmat avec une patrouille de 6 hommes de l’autre côté de la rivière, à 13h00. Elle est de retour vers 14h00. Il ramène 6 prisonniers allemands, dont un sous-officier, ce sont des cavaliers qu’il a astucieusement surpris dans une ferme, et le gros regret des nôtres est d’avoir dû laisser de l’autre côté de l’eau, faute de moyens de transport, leurs jolis chevaux. Par contre, aucune trace de la section du 257e R.I. qu’on soupçonne fort de s’être volatilisée sans crier gare. Le lieutenant commandant la compagnie du 257e n’est pas fier de ses Méridionaux qui, bien que 40, se sont éclipsés sans tirer un coup de fusil alors que 6 hommes du 41e trouvent moyen, en une heure, de ramener 6 prisonniers. Gloire aux Bretons !

Vers 14h30 le 2e bataillon signale des éléments ennemis sur les hauteurs bordant l’Oise. Soudain, vers 15h15, un violent bombardement de minen et de 105 s’abat sur Boran plage et les abords du pont. Cela tombe dru, puis le tir s’allonge jusqu’aux lisières ouest du bois de Lys et des éléments ennemis tentent de franchir l’Oise sur de petits bateaux de caoutchouc, mais nos tirs nourris de fusil et d’armes automatiques les repoussent. Tentative manquée. Cependant l’ennemi a profité de cet essai pour repérer avec précision nos emplacements de mitrailleuses et de fusils-mitrailleurs qui ne sont pas assez enterrés faute de temps et de moyens, et cela d’autant plus que ces armes se trouvent sur des pentes gazonnées dominées par les hauteurs de l’autre rive où se masse l’ennemi.

Vers 17h00, les tirs d’artillerie qui avaient fortement diminué reprennent avec une grande violence. Chacun de nos emplacements d’armes est soigneusement arrosé de minen. Cela dure près d’une demi-heure à forte cadence. Puis, soudain, de nombreux éléments ennemis tentent le passage. Ils sont repoussés presque partout, sauf à Boran-plage où le bombardement a rendu inutilisable plus de la moitié des armes automatiques. Notre faible artillerie, sans observatoires, sans liaisons téléphoniques, tire quelque peu au hasard sur les sorties de Boran et sur la route de Boran à Précy. A 17h45 l’ennemi a pris pied sur la rive gauche de la rivière et lancé en avant ses éléments légers armés de nombreuses mitraillettes et appuyés par des tirs nourris d’artillerie. La confusion est à son comble. Une trentaine de permissionnaires du 2e bataillon qui, après avoir erré depuis le 12 mai, venaient de retrouver (par quel hasard !) le régiment et avaient été dirigés vers 17h00 sur leur unité, accueillis sans armes par le violent tir d’artillerie, se sont repliés en désordre sur Lys-Chantilly, surpris de ce premier contact avec les réalités de la guerre. Des groupes isolés d’ennemis s’avancent dans la partie sud du bois de Lys. Le P.C.R.I. augmente rapidement ses moyens de défense. Les barricades sont renforcées. Un canon de 25 du 2e bataillon qui s’est replié sur le P.C. vient s’ajouter aux 2 canons de la C.R.E. déjà en batterie. Les maisons et les jardins de la partie est du P.C. sont aménagés rapidement. Vers 18h15 des rafales de mitraillettes sifflent dans les rues. On s’attend, d’un moment à l’autre, à voir déboucher l’ennemi des bois qui enserrent les quelques maisons du carrefour.

Le colonel fait brûler le drapeau…

Mais les heures passent. A part quelques rafales de mitraillettes, rien ne bouge. Deux patrouilles sont envoyées, l’une en direction de l’abbaye de Royaumont, et ne signale rien, l’autre, en parcourant le bois de Lys, en direction de Boran-plage, reçoit des coups de feu.

Vers 21h00, le lieutenant Lucas reprend la liaison avec le 2e bataillon. La situation, bien que confuse, ne semble pas très bonne. La 5e compagnie, au nord, se dit submergée par l’ennemi ; la 6e, au centre, résiste encore avec peine ; la 7e compagnie, au sud s’est repliée dans le bois de Lys où elle résiste. Mais le brutal bombardement si précis n’a pas causé que des pertes ; il a aussi atteint le moral des hommes dont l’état de fatigue est extrême. Une section de ma 7e compagnie qui était chargée de la garde du P.C.R.I ; est envoyée en renfort.

Avec la nuit, tout se calme. Quelques rafales sifflent encore entre les arbres. La dispersion de tous les éléments du bataillon dans les bois assez touffus permet difficilement de se rendre compte de la situation. A 23h00, le colonel donne l’ordre au 2e bataillon de se replier sur la route de Précy-sur-Oise à Viarmes. Pendant cette fin de journée, le 3e bataillon n’avait eu à subir aucune action de la part de l’ennemi.

A suivre le 12 juin

Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyMer 31 Mar 2010 - 0:00

Merci baucoup Avz pour ces apports documentaires. Quelles sont vos sources ? J'ai raté il ya très peu de jours, un vieux livre sur la 19 DI. Je suppose que l'on y trouvait ces éléments ?
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyMer 31 Mar 2010 - 21:07

Bonsoir Frédéric,

les informations viennent du journal des opérations de guerre du 41ème RI.

voici la journée du 12 juin :

12 juin :

A 01h00, le 2ème bataillon est installé sur ses nouvelles positions, face à l’ouest. Le décrochage s’est fait sans grandes difficultés, et une fois le regroupement terminé, on s’aperçoit que les pertes sont moins fortes qu’on ne l’avait craint. L’ennemi ne semble pas vouloir exploiter cette nuit son avantage, mais il est indispensable de le repousser au plus tôt de l’autre côté de l’Oise. En effet, cette percée menace dangereusement les arrière du 3ème bataillon et du G.R.D. qui bordent l’Oise, face au nord.

Dès 03h30, cinq chars d’assaut et un peloton de cavaliers portés sont mis à la disposition du régiment. A 03h45, le 2ème bataillon repart en avant appuyé par ce nouveau renfort. Surpris, les Allemands n’offrent que quelques résistances isolées. En peu de temps l’ennemi est rejeté dans l’Oise et le 2ème bataillon s’installe aux lisières ouest du bois du Lys. Il semble qu’inquiet de la résistance qu’on lui a opposée, l’ennemi ne s’est pas trouvé assez en force pour se maintenir sur la rive gauche, ce qui expliquerait le manque d’énergie qu’il a montré pour conserver une position qu’il avait mis tant d’acharnement à conquérir. Cependant quelques isolés parcourent encore les bois et le commandant Pigeon est blessé vers 06h30 par une rafale de mitraillette, alors qu’il allait en auto prendre la liaison avec le 3ème bataillon. Le lieutenant Le Guiner, officier le plus ancien du 2ème bataillon, en prend le commandement.

Matinée assez calme. Notre artillerie tire sans arrêt, mais d’une façon un peu désordonnée ; une batterie arrose même la section du lieutenant Payen, sans dommages heureusement, car ses hommes sont bien enterrés.

Au début de l’après-midi, le 3ème bataillon signale des éléments ennemis sur l’autre rive de l’Oise ; des coups de feu s’échangent de part et d’autre sans grands résultats.
A 17h00 débarque au P.C.R.I. un bataillon du 107ème R.I. qui, ayant perdu contact avec son régiment, a été récupéré par notre division. Il reçoit l’ordre d’occuper la rive de l’Oise dans l’intervalle entre le 2ème et le 3ème bataillon, ce qui permettra ainsi une défense un peu plus étoffée. Le régiment commence à devenir un peu disparate, puisque maintenant il compte en plus de ses unités propre trois sections de la 4ème compagnie du 257ème, un bataillon du 107èmeR.I., une section du 34ème cycliste et même deux marins chargés de servir une pièce de 47 de marine montée sur une plate-forme fixe en ciment et incorporée, paraît-il, dans la « Défense de Paris ».

Vers 18h00, bombardement par minen des maisons proches du Pont de Précy. A 18h15, la situation devient mauvaise. La division nous apprend en effet que l’ennemi a franchi l’Oise en amont de Creil et qu’il se trouve dans la forêt de Halatte. Il faut envisager un repli probable pour la nuit.

A 18h25 le G.R.D. nous signale que, vivement pressé par l’ennemi et menacé de débordement par sa droite, par suite du repli des éléments de la division voisine occupant Saint-Maximin, il a dû se replier lui-même sur Nonette et à Gouvieux. Le 3ème bataillon et surtout la section de Toutevoie et celle de Précy sont en mauvaise posture. Cependant le moral est bon. Le soir descend. On s’attend à une rude attaque pour le lendemain, attaque par le nord et par l’ouest. On tiendra, mais vraiment la position était meilleure dans la somme, et puis on avait réussi à maintenir intacts nos points d’appui malgré deux jours d’attaque, tandis que maintenant…

20h10 ; un ordre arrive de la division : repli à partir de 21h00. Mission : atteindre la région de Noisy-le-Grand pour défendre les passages de la Marne. Itinéraire : Viarmes, Belloy, le Mesnil-Aubry, Ecouen, Gonesse, le Bourget, Bondy, Rosny, Neuilly/Marne : encore 56 km !

Une batterie d’artillerie tirera sans interruption jusqu’à 24h00 pour couvrir le repli et faire illusion. L’ordre de repli est aussitôt transmis aux divers éléments avec l’ordre de marche suivant : 4ème compagnie du 257ème, 2ème bataillon, compagnie de Commandement, 107ème R.I., 3ème bataillon du 41ème R.I.

Ainsi il faut encore replier, parce que l’ennemi est passé… autre part. Peu après nous apprîmes que l’ennemi avait occupé la partie nord de Chantilly, atteint Gouvieux, et que les autos-mitrailleuses avaient même poussé jusqu’à la Morlaye, à 5 km au sud du 3ème bataillon. Pour la troisième fois en cinq jours le régiment est très sérieusement menacé d’encerclement.

Le décrochage se fait à l’heure dite, sans difficultés, contrairement à ce qu’on craignait. La batterie laissé en arrière-garde tire à pleins tubes et fait du bruit pour quatre. La division coloniale qui devait nous relever un jour prochain et qui était la veille à viarmes et à Luzarches couvre notre marche et s’installe derrière le marais de Goye et le ruisseau de Royaumont. La marche est longue et pénible. Depuis trois semaines, nourris au hasard du ravitaillement trouvé sur place, privés de sommeil, les hommes et leurs cadres sont profondément harassés. Et l’on va encore couvrir 56 km durant cette nuit.
Viarmes. Près de Saint-Martin-du-Tertre des batteries de 75 tirent sans arrêt et les obus allemands qui les cherchent ne tombent pas loin de la route. Jusqu’à Belloy, pas d’embouteillage, bien que deux divisions empruntent le même itinéraire. Par contre la petite route de Belloy à Mareuil est encombrée. Fort heureusement c’est peu après la grande route nationale jusqu’à Ecouen. De Villiers-le-Bel on aperçoit Saint-Denis et Paris dans le jour qui se lève. Çà et là des grosses fumées, résultat des bombardements des jours précédents.


A suivre pour le 13 juin.

Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptySam 3 Avr 2010 - 16:00

Bonjour

voici pour la journée du 13 juin.


13 juin :

La division nous fait prévenir que des camions seront à la disposition du régiment entre Ecouen et Gonesse, mais ce n’est pas sans peine qu’après de longues recherches on les découvre alignés dans une petite rue d’Arnouville, tous les conducteurs endormis : eux aussi manquent de sommeil. Le régiment sera chargé en trois échelons à Gonesse : compagnie de Commandement, 2ème bataillon, 3ème bataillon. Embarquement rapide : les voitures hippomobiles, les mitrailleuses, les mortiers, les canons de 25 et 47 continuent directement sur Neuilly-sur-Marne. Nous traversons le Bourget. Les grands bâtiments de l’aérogare ne sont plus que des carcasses noircies. Nous laissons à droite la porte Saint-Denis et Parisque nous comptions pas revoir dans de pareilles conditions. Nous traversons Bobigny, où les habitants distribuent boissons, nourriture et cigarettes aux tirailleurs de la 7ème D.I.N.A. Voici Bondy, Noisy-le-Sec, Rosny, Neuilly-Plaisance. Quelle foule dans les rues ! Quelle agitation ! Nous sommes abasourdis par ce mouvement de civils, de femmes et d’enfants habillés d’une façon qui nous étonne, tant nous en avons perdu l’habitude.

Au P.C.D.I. l’ordre suivant est donné : le 41ème occupera Noisy-le-Grand et le plateau de la Grenouillière, le G.R.D. occupant Gournay, le bataillon du 107ème R.I. et la compagnie du 257ème R.I. s’établissant sur les bords de la Marne, de Gournay à Neuilly-sur Marne. Le pont sur la Marne entre Noisy-le-Grand et Neuilly-sur Marne est tenu par une compagnie d’un régiment Régional. Les habitants du lotissement de la Grenouillère, voyant les officiers rechercher des zones de stationnement pour les diverses unités, offrent, qui un lit, qui une chambre, pour loger les soldats. Ils se figurent que le régiment vient au repos et le soir même les Allemands seront peut-être sur la Marne. Que d’illusions ! Mensonges des journaux, fausses nouvelles de la T.S.F. A quoi bon leur exposer la terrible réalité ?

Le 2ème bataillon débarque à 10h00 à Neuilly-sur-Marne. A 15h00 il rejoindra Noisy-le-Grand où il s’établira en cantonnement d’alerte. Le 3ème bataillon débarque à Noisy-le-Grand à midi et s’installe à 13h00 à la Grenouillère. Il fait une chaleur torride. Tout le monde est à bout. Abrutissement total. Bientôt ceux que l’excès de fatigue n’empêche pas de dormir tombent dans un sommeil de mort. Et cependant, dans Noisy, les civils s’agitent, en proie au plus grand affolement, chargeant leurs véhicules : autos, voitures d’enfants, chariots de tous gabarits au milieu de la confusion générale.

Ce qui reste d’artillerie s’est mis en batterie sur le plateau de la Grenouillère. La mission du régiment est bien confuse et les liaisons font complètement, tant avec les artilleurs qu’avec le P.C.D.I. Bientôt le bruit court que Paris a été déclaré ville ouverte et qu’on n’aura pas à défendre le passage de la Marne. Il paraîtrait que les Allemands sont à Rouen. Il parît même qu’ils auraient franchi la basse Seine, ce qui nous semble invraisemblable. Nos unités sont bien réduites. Dans cette marche de l’Oise à la Marne de petits groupes de traînards se sont égarés dans la banlieue et sont rentrés dans Paris. On saura plus tard que les gardes mobiles les ont désarmés et rassemblés avec beaucoup d’autres dans des camps qu’ils se sont empressés de quitter. C’est ce qu’on appelle défendre la France !

19h00 ; On tâche d’avoir des ordres au milieu de toute cette confusion, mais l’état-major de la division est déjà parti sur Corbeil. Il nous a laissé heureusement des instructions : le régiment se repliera derrière la Seine, près de Corbeil. Des camions seront à sa disposition entre 20 et 21h00. P.C.D.I. à Mennecy, à 6 km sud-ouest de Corbeil.

21h30 ; Pas de camions. La nuit tombe. L’ennemi serait proche, paraît-il, et la compagnie du régiment régional chargée de garder le pont de la Marne s’inquiète en apprenant notre départ. Le train hippomobile est parti à 21h00, mais les mitrailleuses sont restées avec les hommes ; il est imprudent de s’en séparer. On pense les charger sur les camions.

23h00 ; Toujours pas de camions. Les recherches effectuées de toutes parts pour les trouver sont restées infructueuses. Il faut, une fois de plus, envisager le repli à pied. Le colonel envoie des officiers voir ce qui se passe le long de la Marne et reconnaître l’itinéraire.

23h15 ; Des fusées blanches s’élèvent à plusieurs reprises sur la rive nord de la Marne, devant Gournay. Nous les connaissons, ces fusées qui jalonnent notre marche depuis la Somme, marquant l’avance extrême des éléments ennemis. On apprend que la D.I. chargée de l’arrière-garde est en train de franchir la Marne. L’ennemi la suit. On dit que les Allemands sont entrés à Paris. On assure aussi qu’ils sont à Meaux. Notre situation, sans liaisons, sans moyens de transports, devient inquiétante. Nous risquons d’être coupés par les colonnes ennemies ayant traversé Paris, et cela sans pouvoir nous défendre efficacement. Il nous faut aller occuper sans retard la place qui nous est assignée dans le dispositif prévu derrière la Seine. Un conseil de guerre a lieu au P.C.R.I. dans une salle, à la lueur de bougies, l’électricité étant coupée. Les hommes seront-ils capables de faire en 24 heures les 60 km qu’il faudrait parcourir ? On en doute quand on voit leur état de fatigue. Cela fera trois nuits de suite de marche sans sommeil. Mais il faut tout tenter même l’impossible, pour ne pas se laisser encercler, et rapidement la décision est prise : départ immédiat. Première étape jusqu’à Rouvres, dans la commune de Draveil, 40 km à l’abri de la Seine et de l’Yerres, aves la forêt de Senart comme couverts. De là on cherchera des moyens de transport pour atteindre Corbeil. Le 2ème bataillon transportera ses mitrailleuses à l’aide d’une voiture hippomobile « récupérée » avec son cheval dansNoisy. Le 3ème bataillon camouflera les siennes : elles seront récupérées par une camionnette du bataillon avant la fin de la journée. L’ordre de départ est aussitôt donné. Itinéraire : Chennevières, Ormesson, Boissy-Saint-Léger, Brunoy, Rouvres. Il est minuit 30. Nous apprenons que l’ennemi est depuis 20h00 à Lagny et depuis 23h00 à Gagny, sur l’autre rive de la Marne.

En espérant avoir pu vous aider.

Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyDim 4 Avr 2010 - 20:41

Citation :
En espérant avoir pu vous aider.

Cordialement


Oui ! Merci bcp pour la saisie du texte. En plein ce que je cherchais. Cela ne pouvait être plus précis !

Merci bcp.
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptySam 24 Avr 2010 - 14:09

Ces récits sont vraiment très précis,

est-il possible d'avoir le 6 et 7 juin ?
Merci d'avance
Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyDim 25 Avr 2010 - 12:02

Bonjour Frédéric,

Citation :
un vieux livre sur la 19 DI. Je suppose que l'on y trouvait ces éléments ?

Le livre en question devait être celui-ci

la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 Bourda10

Je peux t'en scanner certains passages, mais il vaut mieux pour toi l'avoir en bibliothèque.

Bourdais (R.P. Louis) - Souvenirs et témoignages sur les opérations et les combats de la 19e Division pendant la guerre 1939-1940.- Rennes : Amicales des Anciens 1939-1940 du 41e R.I., 1947.

Gérard Mut
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyDim 25 Avr 2010 - 19:40

Lescure40 a écrit:
Bonjour Frédéric,

Citation :
un vieux livre sur la 19 DI. Je suppose que l'on y trouvait ces éléments ?

Le livre en question devait être celui-ci

Gérard Mut

Bonsoir à vous tous,

non Frédéric parle plutôt de celui-ci :

la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 Numar215

Pour ce qui est des deux journées, effectivement un scan est plus judicieux car elles représentent une quinzaine de pages.

Cordialement
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyDim 25 Avr 2010 - 20:38

Merci messieurs,

en effet, je cherche les deux. Mais pour le moment c'est celui des Lt Lucas et Hervé qui m'intéresse pour faire suite aux premiers chapitres qui m'ont été amicalement reproduits sur ce forum.

J'ai d'ailleurs raté celui-ci sur ebay, il n'y a pas longtemps.

S'il est possible d'avoir un scan pour la suite du récit, ej suis évidemment preneur et d'ores et déjà reconnaissant.

Pour les deux livres, s'il y a des vendeurs ... :-)
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MessageSujet: Re: la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940   la 19ème DI aux environs du 8-13 juin 1940 EmptyMer 18 Aoû 2010 - 13:21

Bonjour
Est il fait mention de la 4 DIC et des éléments qui la composaient puisque le 41 RI était en élement précurseur de la 19 DI et la 4 DIC en élément retardateur. Il est Surprenant à la lecture de ces lignes que dès le 9 il était absolument certain qu'aucune troupe ne pouvait franchir l'Oise. La 4 DIC était de ce fait sacrifiée sans qu'elle le sache.
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