Canon de 120 mm Saint-Chamond modèle 1923

Bonjour!

J'ai trouvé une photo d'un canon signé comme "St. Chamond 120 mm horse-drawn heavy field gun".
Dites-moi s'il vous plaît c'est le même canon dont la photographie est publiée dans l'article de M. François Vauvillier "1917-1918 155 Long" (GBM № 89 p. 37 photo des canones Saint-Chamond de 120L et 155C)?
Cordialement!

Bonjour kapitan, bonjour à tous,

Il semble bien en effet qu'il s'agisse d'un modèle tout à fait similaire — bien que non identique, quelques aménagements sont différents — au 120 L Saint-Chamond présenté dans GBM 89.

Il ne faut pas perdre de vue que ce canon est resté au stade de prototypes (au pluriel). Ainsi, outre la photo publiée, j'en possède une autre montrant, vers 1920-1922, un 120 L Saint-Chamond assez différent, avec petit bouclier (type du 155C Saint-Chamond 1915) et avec bandages caoutchoutés sur les roues en bois.

Malheureusement, je n'en sais pas plus.

Excellent dimanche à tous

François

Merci pour votre réponse!

Bonsoir,

Le canon illustré dans le sujet de "kapitan" montre un canon lourd hippomobile de campagne de 120 mm, Saint-Chamond, modèle 1923.
Il s'agit d'un prototype d'une famille de matériels lourds de 105, 120, 155, 220 dits de "modèle 1923", dernier système proposé par Saint-Chamond juste avant la fusion du département "artillerie" des Forges et Aciéries de la Marine et d'Homécourt à Saint-Chamond avec la Société Schneider du Creusot.

Pendant la Grande Guerre, le lieutenant-colonel Rimailho, Directeur des ateliers d'artillerie de Saint-Chamond, a étudié un "120 LGP" (à Grande Puissance) dont l'illustration jointe est tirée d'une conférence du lt-cl Rimailho prononcée devant des ingénieurs des Arts et Métiers en 1920:

 
En 1923, le prototype du 120 lourd hippomobile de campagne modèle 1923 est proposé mais reste à l'état de prototype.
Caractéristiques:
Poids en batterie: 3.500 kg.
Transport en deux voitures de 2.600 kg chacune.
Champ de tir: horizontal 5°, vertical 40°.
Poids de l'obus: 22 kg.
V°: 685 m/s.
Portée: 16.200 m.
Les deux illustrations ci-dessous montrent ce matériel et sont tirées du livre du lt-cl Rimailho "Artillerie de Campagne"-Paris-1924-éditions Gauthier-Villars.


Cordialement,
Guy François.

Merci beaucoup!

On sait pourquoi il n'a pas été adopté ? Surplus de la Grande Guerre ? Problèmes techniques ? Aucune plus-value ?

Bonsoir,

Toute la gamme Saint-Chamond "modèle 1923" ne manquait pas de qualités. Rimailho défendait l'emploi des pièces lourdes décomposables en 2 voitures par opposition aux très lourds matériels en une voiture (genre 155 GPF), difficiles à mettre en œuvre en dehors des routes. Il faisait remarquer que lors du repli des allemands de septembre à novembre 1918, ceux-ci ont toujours pu nous harceler à grande distance par des pièces lourdes mais maniables (jusqu'au 15 cm K 16 tirant à plus de 20.000 mètres) alors que les alliés peinaient à suivre avec des matériels trop lourds sur des routes et chemins rendus impraticables par l'ennemi.
La gamme 1923 de Saint-Chamond visait surtout l'export car de nombreux pays n'avaient pu moderniser leur artillerie depuis 1914 (Brésil, Norvège, etc...). En l'absence des concurrents allemands et autrichiens, l'industrie française avait des possibilités de production et Schneider ne s'en est pas privé (d'autant que Schneider a pris le contrôle de Skoda après la Grande Guerre). Le gouvernement français a par ailleurs poussé Schneider et Saint-Chamond à fusionner pour ne constituer qu'une seule grande firme de production de matériels d'artillerie, ce qui est réalisé en 1925 au bénéfice de Schneider jusqu'à la nationalisation de 1936-1937 pour arrêter le scandale des "marchands de canons" (un bel exemple de la largeur de vues et de la clairvoyance de certains milieux politiques).
Il n'y avait aucun espoir de construire des canons pour la France après 1919, compte-tenu des stocks hérités de la Grande Guerre et de la situation catastrophique de nos finances après 1918.
Il ne faut pas oublier que la première commande de matériels neufs d'artillerie pour l'Armée française concernera l'artillerie de montagne au moment de la guerre du Rif lorsque les guerriers marocains nous narguaient au fond des vallées alors que nos 65 de montagne étaient impuissants à fouiller le terrain, faute de charges décomposables. Il ne s'agit donc que d'un achat de circonstance (75 de montagne Schneider), notre artillerie de montagne étant trop périmée.
De même, la première commande d'un matériel moderne d'artillerie de campagne n'a lieu qu'en 1934 (après l'arrivée au pouvoir d'Hitler) sous le 1er ministère de la guerre du général Maurin (ancien Inspecteur général de l'artillerie) et il s'agit d'une commande modeste de canons de 105 C modèle 1934 achetés "sur étagère" à Schneider en attendant une commande de matériels mis au point par les établissements de l'Etat.
Toute ressemblance à une situation contemporaine ne serait que pure coïncidence...
Cordialement,
Guy François.

Merci de la précision