Churchill contre Hitler, Norvège 1940 : la victoire fatale

Il s'agit d'un ouvrage relativement ancien (1987 réed 2002) paru chez Tallandier de François Kersaudy (professeur à Oxford puis Paris I) qui m'avait particulièrement impressionné. Il est d'abord le fruit d'une longue recherche (thèse de doctorat) à partir de s archives diplomatiques et militaires déposées dans 10 pays différents et des entretiens avec des acteurs comme Bethouart ou Mountbatten. Pour autant le livre est relativement bref 350 pages tout en étant alerte dans le style sans doute car l'auteur n'hésite pas à reprendre les extraits des débats aux séances des Communes ou les enregistrements des communications téléphoniques… On se retrouve plongé au cœur du processus de décision, processus qui laisse souvent songeur quant à son amateurisme, ses enjeux de pouvoirs, ses rapports de force. Il y a un véritable souffle dans ce récit… comme quoi la rigueur de la documentation n'est pas incompatible avec le style. Je l'avais lu d'une traite en quelques heures, ce qui ne m'arrive presque jamais pour des ouvrages historiques.

Vous l'aurez compris, c'est une histoire vue d'en haut que propose Kersaudy. Les faits purement militaires et les combats proprement dits ne sont qu'évoqués, ce qui n'est pas forcément plus mal. Cela permet de mieux comprendre certaines décisions d'apparences surprenantes mais qui trouvent une logique quant on sait le peu d'informations qu'avaient les protagonistes.

Son autre atout est de nous permettre de saisir l'état d'esprit des gouvernements alliés à la veille de la défaite de 40, leurs hésitations, le décalage, parfois ubuesque, qui existait entre les velléités de ces civils et les moyens militaires disponibles. Enfin Kersaudy dresse un bilan d'une grande finesse d'analyse de la campagne tant pour les Allemands que pour les alliés.

Seul point négatif, bien que l'auteur soit français, il n'accorde qu'une place très secondaire aux Français et construit son propos principalement autour des documents britanniques et norvégiens… mais il est vrai que dans cette affaire, les britanniques étaient en première ligne ("pour une fois" diront les mauvaises langues).

Il est à mon avis incontournable pour comprendre cette opération périphérique et complète admirablement les récits purement militaires, les éclairant sous un jour nouveau.

Cordialement

Nicolas Aubin

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