Étoile verte sur bonnet de police

Bonjour,

Dans des fiches d'exhumation de soldats français tombés en mai 1940 à Dinant (et environs), il est stipulé pour 2 artilleurs de BDAC du 75e RADLC (1re DLC) qu'une étoile verte était portée au côté gauche de leur bonnet de police.

Je n'en trouve pas la signification?

Bonsoir Olivier, bonsoir à tous,

L'étoile est le signe distinctif des "volants" (artilleurs de divisions de cavalerie).

Sur les pattes de collet, elle apparaît en petit, en bleu foncé, sous le numéro du régiment.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'une disposition règlementaire, la voir en plus grande taille sur le bonnet de police n'a rien d'étonnant, 

En revanche, la couleur verte interpelle.

La règle dans l'artillerie est de distinguer, au sein d'un régiment, les groupes par la couleur bleue (Ier groupe), rouge (IIe groupe) ou jaune (IIIe groupe). Le vert, non employé, pourrait avoir été réservé à la BDAC.

Pure supposition cependant...

Excellente soirée à tous

François

Bonsoir François,

Merci pour ces éléments que j'ignorais. 
Le vert pourrait peut-être s'expliquer par une altération des pigments due à la 1re inhumation des corps. Les exhumations des corps inhumés sur le champ de bataille en vue de les regrouper au cimetière français de 1914 à la Citadelle de Dinant ont eu lieu en octobre 1940. 5 à 6 mois sous terre peuvent-ils modifier la couleur? Trop court probablement.

Au passage, je soulignerai le travail respectueux et minutieux des autorités communales dinantaises et des équipes constituées pour ces exhumations/ré-inhumations. Au travers de multiples listes, courriers, factures... tous  ces services ont effectué un travail pénible certainement mais indispensable pour les familles des disparus.
Au travers des traces administratives disponibles aujourd'hui et de leur langage impersonnel et froid, on perçoit l'importance donnée à un traitement adéquat des corps (les fiches d'exhumation détaillent e.a. les caractéristiques physiques des corps et les blessures), à l'établissement difficile (pas de tableaux excel!) de listes de noms aussi exactes que possibles, aux soins mis au relevé et à la préservation des objets personnels trouvés avec les corps, et aux échanges respectueux et pertinents avec les familles françaises ou leurs intermédiaires (exemple : pas de simples réponses négatives mais des pistes pour poursuivre les recheches ailleurs).

Notons que :
- Plusieurs corps avaient été inhumés sur le champ de bataille par des soldats allemands (pose d'une croix allemande sur la tombe).
- Un hôpital de campagne allemand (château de Melin à Onhaye - hôpital de la 7.Panzer-Division le 15 mai) a accueilli des blessés français comme le prouvent des corps de Français portant des traces de soins, enterrés à proximité immédiate par les Allemands.
- Plusieurs fois après juin 40, des demandes de renseignements de familles françaises ont transité par la Croix rouge allemande.
- En 1941, 1943 et 1946, au moins 3 victimes françaises de mai 1940, inhumées à Dinant ont encore pu être identifiées a posteriori grâce aux description des corps et à leurs objets conservés et inventoriés (parfois après avoir à nouveau exhumé le corps).
- Enfin certaines fiches d'exhumation permettent d'imaginer les derniers instants de certains de ces soldats. Je citerai Pierre Buan de la 7e Cie du 77e RI, gravement blessé à la jambe droite et à la main gauche, probablement laissé seul, il semble être mort après avoir tenté de se panser lui-même. Le lieu où il est tombé et son unité pourraient faire penser qu'il fut blessé lors de l'infiltration de nuit du Schützen-Regiment.7 dans la nuit du 13 au 14 mai 1940. Une fin tragique similaire à celle de Gilbert, personnage principal des Croix de bois de Roland Dorgelès...