La Cavalerie coloniale italienne de 1940

Bonjour,

Un certain nombre de billets ayant été consacrés aux matériels chenillés italiens, je propose ici quelques éclairages limités sur la

Cavalerie coloniale italienne.

Je dis bien "limités" car peu d'auteurs français se sont intéressés à ce sujet. Par contre, si d'aventure nos amis transalpins voulaient intervenir dans la langue de Molière, nous aurions certainement un intéressant apport sur ce fil...

Ce fil sera également l'occasion d'évoquer le travail et la mémoire d'un officier italien - écrivain et dessinateur - que connaît toute l'Italie mais pas forcément nos compatriotes : Paolo Caccia Dominioni.

à suivre...

Cordialement,

Thierry Moné

Pour commencer, il faut juger la Cavalerie coloniale italienne sur ses engagements récents dans le cadre de la conquête tardive de l'Empire colonial italien. A cet effet, je recommande la lecture de cet ouvrage récent qui donne une bonne idée de cette cavalerie et de ses chefs (facile à commander sur e-Bay par exemple).

TM

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voilà un procés en droit d'auteur ou de la propriété intellectuelle qui pourrait être intenté par les plus intransigeants, on me repondra que les Turcs Ottomans pourraient en faire un autre aux Français : nos cousins Italiens ont créé eux-aussi des "Spahis"

chose que j'avais apprise au detour du forum Commando Supremo à ma grande surprise
The "Gruppo Squadroni, Savari, Spahis e Meharisti" was created on 1912 in Tripolitania, and was composed by 4 squadrons
On 1935, in Lybia, assumed the name of " Gruppo Squadroni Spahis" on:
"Gruppo Squadroni Spahis della Lybia Occidentale";
"Gruppo Squadroni Savari della Cirenaica";
"Gruppo Squadroni Indigeno dell'Eritrea";
"Gruppo Squadroni Spahis Libici"


en plus de nos Spahis Algériens Tunisiens Marocains Sénégalais Soudanais et Sahariens il faudra ajouter les Spahis de Libye

Salutations
Loïc

Bonsoir Loïc,

Je constate que vous savez déjà presque tout !

Cordialement,

Thierry Moné

Bonsoir,

Voici la couverture d'un ouvrage, difficile à trouver, qui traite de la Cavalerie coloniale italienne en 1936, lors des opérations d'Erytrrée et d'Ethiopie. L'ouvrage a été écrit en français et illustré, par le capitaine Caccia Dominioni. Il s'agit ici de l'un des 50 exemplaires numérotés tirés sur papier d'alfa.

Cordialement,

Thierry Moné

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Loïc Lilian a écrit:

voilà un procés en droit d'auteur ou de la propriété intellectuelle qui pourrait être intenter par les plus intransigeants, on me repondra que les Turcs Ottomans pourraient en faire un autre aux Français : nos cousins Italiens ont créé eux-aussi des "Spahis"

chose que j'avais apprise au detour du forum Commando Supremo à ma grande surprise
The "Gruppo Squadroni, Savari, Spahis e Meharisti" was created on 1912 in Tripolitania, and was composed by 4 squadrons
On 1935, in Lybia, assumed the name of " Gruppo Squadroni Spahis" on:
"Gruppo Squadroni Spahis della Lybia Occidentale";
"Gruppo Squadroni Savari della Cirenaica";
"Gruppo Squadroni Indigeno dell'Eritrea";
"Gruppo Squadroni Spahis Libici"


en plus de nos Spahis Algériens Tunisiens Marocains Sénégalais Soudanais et Sahariens il faudra ajouter les Spahis de Libye

Salutations
Loïc

Loic , si spahis était un terme français , pourquoi ne pas dire cavalier ... C'est donc que forcement c'est repris d'unités ou de groupes constitutifs existants avant . La Libye se situant en Afrique du nord , pourquoi n'y aurait il pas eu de spahis ?
Prenons l'exemple des lanciers de cavalerie , sous napoléon , ils existaient , mais seuls les polonais furent vraiment connus , par nous français .
C'est pareil pour les spahis , a mon avis .

Alain

Bonsoir,
C'est en effet un sujet passionnant dont je ferai dès que le temps me le permettra un post.
Le commandant Guillet, fut un protagoniste dont le destin est hors du commun. Sur un autre forum, j'avais raconté son histoire :
D'une famille noble, c'est tout naturellement qu'il rejoint la cavalerie, il aurait pu représenter l'Italie aux JO de Berlin en 1936 mais le devoir l'appelle en Abyssinie puis en Espagne.
Envoyé en Erythrée, il est à la tête d'un escadron de cavalerie Amhara, composé d'indigènes et encadrés par des officiers italiens. Il s'intègre parfaitement avec la population locale, apprenant l'arabe et prend une compagne locale, malgré les lois raciales promulguées en 1938 (promulguées au départ dans ce but, éviter que les colons italiens se mélangent avec la population locale afin d'affirmant le rôle colonisateur italien, ces lois aboutiront aux lois antisémites-ce n'est pas le sujet dans ce post)
Après la chute de Asmara et d'Addis Abeba, il prend la tête d'un escadron, se faisant appeler commandant es Shaitan, commandant Diable, il tient tête aux anglais, s'habillant en tenue locale, et mène une guerilla après la chute de l'Empire Africain italien.
S'ensuit une chasse à l'homme, le commandant es Shaitan attaquant voies ferrées, postes isolés...
Ayant contracté la malaria, il se cache dans des fermes d'italiens ou chez des indigènes.
Il retourne en Italie en 1943, se faisant rapatrier dans un navire de la Croix-Rouge.
Il reprend du service après l'armistice de 1943 mais avec l'armée italienne de Libération, menant des coups de mains derrière les lignes.
Après la guerre , fidèle au roi, il démissione de l'armée après la proclamation de la république italienne et endosse l'habit diplomatique qui l'emmènera tout naturellement en Egypte ou en Jordanie.
Pour ceux qui veulent en savoir plus voilà un lien -en français- sur le destin hors du commun de Guillet.

ALEX

Interessant. Il y a aussi des illustrations et données sur la cavalerie coloniale dans une ....BD.
dans une des éditions de je ne sais plus quel tome des "scorpions du desert" de Hugo Pratt. Avec des dessins de soldats coloniaux italiens fait par un officier italien du génie de l'époque
concernant le terme "spahis", c'est assez logique qu'on le retrouve aussi dans les unités italiennes de Lybie : à la base c'est un terme perse, "cipahi", que les Turcs ont adopté pour désigner leur propre cavalerie. Terme perse qui a aussi eu un autre destin de l'autre coté de leur aire culturelle (ce qui est fréquent avec la culture perse), c'est à dire en Inde, et qui a donné "Cipayes", nom donné aux troupes à pied de l'armée britannique des Indes.
Une rectification sur une des affirmations dans la présentation de ce livre :
"he led what was to be the last cavalry charge of the war".
En fait non, la dernière charge de cavalerie de l'Histoire (et donc de la guerre) a été effectuée le 23 aout 1942, dans la boucle du Don, par des Italiens aussi : 600 hommes du régiment "Savoia Cavalleria" ont chargé au cri de "Savoia !" une unité soviétique de 2000 hommes armés de mitrailleuses et de mortiers....victoire italienne, mais purement tactique.

CBS a écrit:

[...] Avec des dessins de soldats coloniaux italiens fait par un officier italien du génie de l'époque [...]

Hugo Pratt, les scorpions du désert, ah bon... super !
Je me demande bien qui pouvait être cet officier italien dessinateur...
Peut-être même qu'il signait ses œuvres "PCD", qui sait ?

25 mars 2013

Bonjour CBS,

L'officier en question est celui qui a écrit et illustré l'ouvrage présenté plus haut : Paolo Caccia Dominioni. Il signait souvent "PCD". Il participera en 1942 aux deux batailles d'el Alamein et sera fort connu et reconnu au niveau de l'armée italienne moderne, en qualité d'illustrateur. Voir ci-après l'extrait d'une planche du livre Les Burnous bleus sur les chemins du devoir 1939 - 1947. On y trouve un portrait de "PCD jeune officier de cavalerie" que m'avait envoyé l'une de ses filles ainsi qu'un dessin qu'elle m'avait autorisé à publier.

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Cordialement,

Thierry Moné

'

Au temps pour moi, c'est effectivement lui, après vérif' (superbes dessins au passage)
le même tome où se trouve dans l'avant propos aussi le tableau de différentes unités de cavalerie de Libye et AOI (spahis, savari, sahariano, meharisti...), avec le détail d'escadrons (et un "symbole" (???) pour chaque). (Ainsi que les insignes de diverses unités françaises en Afrique, mais d'après guerre, ce qui sort du sujet).
Mais vous avez raison, mon colonel, ce genre d'infos n'a aucun interêt.
pardonnez moi de m'être immiscé, j'recommencerai plus, promis !
edit : en fait concernant les insignes des unités françaises, il y a de tout : avant guerre, après guerre... faut faire le tri

Érythrée, janvier 1941. : la dernière charge en Afrique
Le commandant Amedeo Guillet, cavalier émérite, vétéran de la guerre d'Ethiopie et d'Espagne commande une unité hétéroclite d’irréguliers érythréens et yéménites :le Gruppo Bande a Cavallo Amhara. Forte de 1700 cavaliers, Guillet les surnomme ses Prussiens d'Afrique. Les Anglais le compare à Lawrence d'Arabie, ses hommes l'appellent commandant diable ( Cummandar es Sciaitan).
L'unité est chargée de mener des reconnaissances au Soudan, des chevauchées fatigantes. Le général Platt décide de reprendre Kassala à la frontière de l’Érythrée et du Soudan. Enhardi par la reprise de la ville, une colonne anglo-indienne : la Gazelle force risque de couper la retraite aux Italiens dans le secteur de Keren.
Le général commandant le secteur : Ugo Fongoli demande à Guillet d'effectuer des combats retardateurs afin d'éviter la capture de 10000 Italiens battant en retraite.
Le 21 janvier 1941, à l'aube, Guillet fait charger ses escadrons, armés de fusil, cimeterres et grenades, contre les troupes de la Gazelle force qui se prépare à investir Keru.
Après une première charge,son second, le lieutenant Renato Togni décide de lancer les cavaliers de son escadron qu'il appelle ses "maréchaux" en référence à eux de Napoléon contre la colonne anglaise. Trois Mathilda constituent un danger pour le Gruppo Banda et il faut les détruire, du moins les retarder.
Les 31 maréchaux s'élancent face aux chars, balançant des grenades qui ne provoquent aucun dégât. Togni est tué sur le coup, seuls deux cavaliers pourront rejoindre les lignes italiennes.
C'était la dernière charge de la cavalerie italienne en Afrique. Le Gruppo se replie sur Keren abandonnant 200 morts.
Guillet, après la capitulation de l'Afrique Orientale Italienne, mènera une guerre privée, déguisé en yéménite, puis rejoindra le Yemen avant de revenir en Italie, mettant son épée au service du roi EN 1943;
Après la guerre, il prend le poste d'ambassadeur au Maroc. En 2000, il retourne en Erythrée avec son biographe Sebastian O'Kelly (Amedeo, the true story of an Italian's war in Abyssinia) où il rencontrera quelques vétérans de ses campagnes.
Guillet est "andato avanti" le 16 juin 2010, à l'age vénérable de 101 ans.
ALEX
Source : Sebastian O'Kelly (Amedeo, the true story of an Italian's war in Abyssinia)
Mais la dernière charge italienne a été faite en Yougoslvie, je fais un post à la suite (c'est hors-sujet, juste à titre indicatif)

A titre d'info :
Le 17 octobre 1942, le régiment Cavalleggeri d'Alessandria mène
la dernière charge de l'histoire de la cavalerie italienne contre des
formations partisanes à Poloj, en Croatie. Le colonel Antonio Ajmone Cat
qui commande le régiment lance son unité en entier, soit 5 escadrons,
étendard déployé avec son chef de corps en tête au cri de "viva
Alessandria !". Les cavalleggeri réussissent à passer trois
positions consécutives pour rejoindre la localité de Perjasica. 67
cavaliers perdent la vie dont le capitaine Petroni, commandant le 1er
escadron. Mais les cavalleggeri ont évité l'encerclement et la destruction de la division "Lombardia" et du 81e bat. CCNN.
ALEX

3 derniers messages modérés. Merci de rester sur le sujet.

DH

Bonsoir
la charge des cavallegerie en Croatie illustre la dernière charge de la cavalerie italienne, oubliée et effacée par celle d'Iuschenkij qui eut lieue 3 mois avant lors de la 1ere bataille défensive du Don. C'est uniquement pour info, si cela intéresse les amateurs de charges.
ALEX

Bonsoir Alex,
et merci pour ces infos, tant sur Guillet que sur cette dernière charge.

Bonjour à tous,

Suite à la modération de Didier, que je remercie au passage, j'ai modifié le billet "déclencheur" (voir un peu plus haut) et apporté une illustration du fameux Paolo Caccia Dominioni (PCD).

Cordialement,

Thierry Moné

Bonjour Mr Moné,
Merci pour votre rectif, délicate attention. J'ai fait de même, surtout que j'ai eu le tort de ne pas percuter, avec le dessin de la couverture que vous aviez posté (et qui me faisait furieusement penser justement, et pour cause, à ceux du tome de Pratt !). Bref merci aussi à Mr Houliez pour nous avoir recadré, comme quoi la modé c'est salutaire.
J'aurais voulu poster ce "tableau" des unités de cavalerie coloniale italienne, me paraissant interessant pour ses informations sur le nom des escadrons et groupes, mais aussi pour les "symboles" attachés à chacun.(en fait de symboles, il semble s'agir d'éléments d'ornements...de selles peut être ?).
Ainsi que la reproduction de deux cartes régimentaires d'époque représentant des sahariens ou méharistes "italiens".
Seulement, un gros doute sur le droit à la reproduction, d'instinct je dirais que c'est interdit.
Pour revenir sur ces troupes à cheval, sait on si elles ont joué un rôle dans la campagne de Libye ? j'imagine qu'elles étaient seulement limitées à un rôle de garnison, mais auraient elles combattu par exemple contre les Français de la colonne Leclerc, ou des groupes sahariens venant d'Algérie ?

Cordialement