Bonjour,
par hasard, je suis tombé sur cette recherche concernant cette unité. Or, je me suis aussi intéressé à cette unité. Je me permets donc de vous en envoyer une synthèse de ma part.
Bien sur, je suis preneur de toute information complémentaire car cet historique est succinct et doit certainement comporter des erreurs et des inexactitudes. Mais c'est pour faire avancer les recherches sur les unités de l'armée française.
Historique du 608e régiment de pionniersCompositionLe 608° Régiment de Pionniers est une unité organique du 8° corps d’armée, plus spécifiquement désignée par EOCA (élément organique de corps d’armée) comme le 10° GRCA (groupe de reconnaissance de corps d’armée) et le 108° RAL (Régiment d’artillerie lourde de corps d’armée).
Les unités rattachées au 8° corps d’armée sont principalement la 24° DI, la 31 DIAlpine, le secteur fortifié de Rohrbach et les 21° et 34 Bataillons de Chars de Combat.
Le 608
e régiment de pionniers est formé le 06 septembre 1939 à Autun (71) par le CMI 81.
Ce n'est pas une unité combattante et il est essentiellement composé de soldats âgés (environ 35 ans) et faiblement armés.
Le régiment est composé de 3 bataillons ayant chacun 4 compagnies, et d'une section de commandement, soit environ 2500 hommes.
La composition théorique est la suivante :
· 50 officiers, 160 sous-officiers, 236 caporaux, 2175 hommes de troupes ;
· 133 chevaux ou mules, 61 remorques hippomobiles, 1 véhicule de liaison, 16 camionnettes, 10 motocyclettes, 32 bicyclettes ;
· 2 fusils mitrailleurs modèle 1915 par compagnie comme seul armement de soutien. (pas de mortiers, pas de canons, pas de mitrailleuses lourdes).
CommandantsColonel Herique du 6 septembre 1939 au 14 juin 1940 ;
Capitaines Tainturier et Rousseau du 14 juin au 17 juin 1940.
De septembre 1939 au 2 juin 1940Le 608° RP est donc un élément organique du 8° corps d'armée et il lui est affecté.
Le 8
e corps d’armée, commandé par le général Frère, est rattaché à la 5
e Armée du général Bourret.
Cette armée est alignée sur la ligne Maginot avec les 8°, 12°, 17° corps d’armée ainsi que le 43° corps d’armée de forteresse (CAF).
Après sa formation, le régiment rejoint son corps d’affectation. Sa mission est d'effectuer des travaux de construction (baraquements, fossés anti-char…), et de réparation (routes bombardées…).
En particulier, les travaux des unités du corps et particulièrement du 608° Régiment de Pionniers, concernent le renforcement du SF de Rohrbach et la mise en défense des intervalles entre les ouvrages fortifiés de la ligne Maginot comme l’édification de fossés antichars.
8 septembre 1939
Départ d'Autun (71) à 21h30 pour le front en train.
10 septembre 1939
Arrivée en gare de Ingwiller (Bas-Rhin).
Lors de la drôle de guerre (du 3 septembre 1939 au 9 mai 1940), Ingwiller abritait l'état-major de la région dite de la Lauter, secteur de la ligne Maginot à l'arrière de la zone évacuée de la Lauter et le long du Rhin au nord de Seltz.
11 - 13 septembre 1939
Marche et stationnement à Bitche (Moselle).
14 - 29 septembre 1939
Marche et stationnement à Eschwiller (Bas-Rhin).
Divers travaux sur les ouvrages du front devant la ligne Maginot. Le 26 septembre 1939, un bombardement d'artillerie allemand a occasionné quelques blessés.
30 septembre - 1
er octobre 1939
Stationnement à Rimling (pays de Bitche).
2 octobre 1939
Stationnement à Glasenberg (pays de Bitche).
3 octobre 1939 au 3 juin 1940
Le régiment se trouve dans le secteur de Bitche durant toute la drôle de guerre. Les travaux réalisés par le régiment concernent tout le pays de Bitche (Lichtenberg, Bitche, Scheweyen, Rimling, Glasenberg, Reyersviller…).
Bitche et ses environsBitche (Bitsch en allemand) est une commune du département français de la Moselle, à proximité de la frontière allemande. La ville, serrée autour de son imposante citadelle, est le chef-lieu du canton de Bitche et du Pays de Bitche.
La ville de Bitche est située à l'extrême nord-est du département de la Moselle, sur la Horn, dans une pittoresque dépression, bordée de collines boisées. Au centre de la cuvette se dresse un énorme piton rocheux en grès, sur lequel se dresse la citadelle.
Le 1er septembre 1939, deux jours avant la déclaration officielle de la guerre de la France à l’Allemagne, les Bitchois sont évacués vers la Charente. Ils y resteront durant toute la durée de la drôle de guerre jusqu'en juin 1940. Peu de temps après l’arrivée des Allemands en Charente durant l’été 1940, les Bitchois sont autorisés à regagner leur ville, à l'exception des juifs.
Le secteur fortifié de Rohrbach est construit dès 1930. En effet, dès cette époque, on creuse les deux gros ouvrages d’artillerie ainsi qu’un petit ouvrage (l'Otterbiel) autour de la ville de Bitche. Le dispositif est renforcé par 20 casemates CORF. L’aile ouest du secteur, devant le bourg de Rorhbach n'est réellement fortifiée qu'en 1934. On y construira deux petits ouvrages ainsi que cinq puissantes casemates
4.
Le SF de Rorhbach comprend :
- l’ouvrage du Welschhof ;
- l’ouvrage de Rohrbach ;
- l’ouvrage du Simserhof ;
- l’ouvrage du Schiesseck ;
- l’ouvrage de l'Otterbiel.
A 8 km à l'Ouest de Bitche, sur le ban de la commune de Siersthal dans le département de la Moselle (Lorraine), est localisé l’ouvrage du Simserhof. Avec ses 5 kilomètres de galeries (dont 1 700 mètres de réseau ferré), ses 2 entrées (l'une pour les hommes, l'autre pour les munitions) et ses 8 blocs de combat, cet ouvrage est l’un des plus importants de la ligne Maginot.
Construit entre 1929 et 1935, l'ouvrage, intégré au secteur fortifié de Bitche, possède une grande puissance de feu.
En outre, un équipage de 876 hommes, des canonniers des 150° et 155° RAP, des soldats du 152e RIF ainsi que des sapeurs mineurs, électromécaniciens, sapeurs de chemin de fer et transmissions du Génie vivaient de façon permanente dans cette gigantesque forteresse souterraine.
Du 3 juin à juillet 19402 - 10 juin 1940
Suite à l’effondrement du front dans le Nord-Est, les armées alignées devant la ligne Maginot sont mises à contribution pour rétablir un front sur l’Aisne et la Somme.
Dans ce cadre, le 8° corps d’armée est mis à disposition de la 4° Armée déplacée de la ligne Maginot à l’Aisne. Le 8° corps d’armée a été transféré avec les EOCA, les unités précédemment sous son affectation ont été affectées à d’autres corps. Le dispositif tenu par le 8° corps d’armée a été repris par le 43° CAF.
Début juin, le 8
e corps d’armée part renforcer les armées du nord pour constituer un front sur l'Aisne (ordre général du 31 mai). Le 2 juin, le 608
e RP est emmené en train vers ses nouvelles positions, au sud-est de Rethel (Ardennes).
Le 8° corps d’armée, en plus des EOCA précédemment nommés, a initialement encadré la 14° Division d’infanterie et le 60°GRDI (au 6 juin).
Au 10 juin, le groupement cuirassé Buisson lui a été rattaché (3° DIM, 7° DLM, 3° DCR, 41° DI, 3° Brigade de Spahis et 1° Brigade de Cavalerie).
Le parcours du 608° RP est le suivant :
- 3 et 4 juin : Vaubécourt (Meuse) ;
- 5 et 6 juin : Bar le Duc (Meuse) ;
- 7 juin à Beurey (Aube) ;
- 8, 9 et 10 juin à Auberive (Haute-Marne).
Entre l’arrivée sur le nouveau front à partir du 8 juin et les attaques allemandes initiées le 9 juin, le 608° RP n’a pratiquement pas eu le temps de s’organiser pour épauler les unités du 8° corps d’armée.
11 - 13 juin 1940
Le front sur l’Aisne est rompu et les divisions d’infanterie couvrant le front (14° et 2°) sont contraintes au recul. A partir de ce moment, le 608° RP va connaître le repli avec les restes de l’armée française avec comme parcours :
- 11 juin : Chalons-sur-Marne (Marne) ;
- 12 juin : Soudé Saint-Croix (Marne, à coté de Vitry Le François) ;
- 13 juin : St-Nabord (Vosges) : premières pertes du régiment dont le capitaine de Neuville. Ce jour là, une grande partie du 3° bataillon a été capturée.
14 juin 1940
· Alors que le régiment bivouaque dans un bois entre Nogent-sur-Aube et Avant-lès-Ramrupt, il est attaqué par l'aviation allemande et 39 soldats sont tués, dont le lieutenant Galopin, et une cinquantaine blessés. Une stèle a été érigée à Nogent-sur-Aube.
- Le colonel Herique commandant du régiment et son second le commandant Gautherot sont faits prisonniers par des avant-gardes allemandes alors qu'ils se rendent au PC du 8e corps d’armée. C’est le capitaine Tainturier qui prend le commandement de l’unité. A ce moment, on peut considérer que les liens avec le 8° corps d’armée sont quasiment inexistants.
15 juin 1940
- Le régiment se disloque et les différents éléments se replient en désordre. Il retraite avec une marche de 50 km ponctuée d’attaques aériennes et des débordements des avant-gardes allemandes. Le 2° bataillon ne parvient pas à rejoindre le régiment et une partie des soldats du 1° bataillon sont chargés sur 3 camions égarés de la 485° compagnie automobile.
16 juin 1940
· Localisation entre Imphy et Gannay dans la Nièvre. Le régiment aurait été mis à la disposition de la 3e DIM qui retraite elle aussi. Pour le 1° bataillon, le capitaine Doyen a donné l'ordre "Direction DIJON, par tous les moyens dont vous disposez" et est parti avec 2 camions d'hommes et des officiers". Le capitaine Rousseau se refuse à donner l'ordre de départ, désirant regrouper autour de la section de commandement le plus possible de ces isolés qui, sans chef, exténués, affamés, désorientés errent pitoyablement sur les routes".
· Vers 15h l'encerclement devenant effectif, la dernière unité susceptible d'être orientée ayant éclatée sur ordre du capitaine Doyen, le capitaine Rousseau considère que sa mission essentielle se restreint à orienter et à sauver la section de commandement avec les rescapés restants. Les archives secrètes sont détruites en fin de journée.
- Le 2° bataillon est à son tour capturé le 16 juin avec d’autres unités du 8° corps d’armée sur le Morvan vers Decize.
17 juin 1940
- La section de commandement est faite prisonnière.
21 juin 1940
- Le reliquat du 608° Régiment de Pionniers (essentiellement des éléments du 1° bataillon) est replié à Marvejols (en Lozère).
- Quelques hommes des 2e et 3e bataillons rejoignent en ordre dispersé. Les autres sont faits prisonniers à fur et à mesure de la retraite.
Juillet 1940
- Démobilisation de l’unité à Marvejols le 31 juillet 1940.
Bonne lecture, cordialement
R SCHERER