ALVF et Maginot dans le sud Alsace

Bonjour,

Je cherche à savoir quels sont les unités d'ALVF stationnées dans les secteurs fortifiés de Colmar ( épis du Kastenwald), de Mulhouse (épis au sud de Régusiheim) et d'Altkirch (épis entre les communes de Roppentzwiller, Steinsoultz, Muespach).
Les informations concernant les caractéristiques techniques sont pléthores mais rien sur les unités et leurs stationnements successifs. La seule info que je possède est la présence du 3ème groupe du 373e RALVF dans le secteur fortifié d'Altkirch; sans dates (source « La Ligne Maginot en Alsace »
par Jean-Bernard Wahl). Je cherche précisément à savoir quels sont les groupes stationnées en ces lieux avec leurs dates. Cela nous permettrait d'étoffer nos informations sur nos secteurs fortifiés.
J'ai bien sur cherché à acquérir le livre de notre éminent collègue sur ce forum mais il est malheureusement épuisé. Merci par avance de votre aide.

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Bonjour,

Les unités d'A.L.V.F stationnées dans le secteur de la VIIIème Armée sont les suivantes:
-Etat-Major du 3ème Groupe du 373ème R.A.L.V.F: Saint-Vit puis Seppois-le-Haut.
-7ème batterie du 373ème: 4 canons de 320 Mle 70-30 en réserve à Seppois-le-Haut, construction des positions d'Hirtzbach.
-8ème batterie du 373ème: 4 canons de 320 Mle 70-30 en réserve à Seppois-le-Haut, construction des positions de Steinsoultz.
-Etat-Major du 4ème Groupe du 373ème R.A.L.V.F: Roche-les-Beaupré puis Colmar.
-10ème batterie du 373ème: 4 canons de 320 Mle 1917, garages de Roche-les-Beaupré puis Colmar, construction des positions de Reguisheim.
-11ème batterie du 373ème: 3 canons de 305 Mle 1906-10, construction des positions du Kastenwald.
Les pièces furent déployées à plusieurs reprises du 8 au 13 juin sur les épis de Steinsoultz, Reguisheim et du Kastenwald et ont tiré sur Fribourg, Mulheim, Riegel, Schliengen, Haltingen et Binzen, derniers tirs dans l'après-midi du 13 juin 1940.
A noter que toutes les pièces et personnels de ces batteries ont pu être repliés dans le sud de la France dans des condition parfois dramatiques.
D'autres pièces du 372ème R.A.L.V.F en cours de repli depuis la Lorraine furent aussi dirigées sur les positions d'Alsace au moment où les allemands mirent en oeuvre leur propre A.L.V.F pour contrebattre les pièces du 373ème qui avaient tiré sur l'Allemagne mais qui étaient en fait en cours de repli depuis le 13 juin.Ces pièces du 372ème eurent un destin plus cruel dans la confusion des derniers jours.
Si François Vauvillier ouvre "GBM" à cette forme de motorisation bien particulière de l'A.L.V.F, qui peut être de surcroît illustrée par des photographies de mai et juin 1940, la matière d'un article sur les tirs de l'A.L.V.F sur la Sarre, l'Allemagne et l'Italie est toute trouvée.
Les lecteurs pourraient ainsi constater que la mobilité de l'A.L.V.F est remarquable, même dans le contexte de juin 1940.Il ne doit pas y avoir beaucoup d'unités de l'Armée de terre à avoir pu tirer sur les allemands jusqu'au 12 juin en Lorraine puis sur les italiens au col du Mongenèvre le 22 juin comme le firent les pièces de 194 mm de la 2ème batterie du 1er groupe du 374ème R.A.L.V.F...et il y a d'autres exemples!
Je précise que j'ai eu l'honneur de connaître beaucoup d'anciens de l'A.L.V.F, malheureusement maintenant disparus pour un grand nombre, je profite de ce sujet pour saluer la mémoire de ces anciens qui avaient conservé un magnifique esprit de corps jusqu'à l'aube des années 2000 et à qui je dois d'avoir pu faire paraître mon étude sur l'A.L.V.F de 1919 à 1945.Si l'un d'entre eux lit ces lignes, je lui adresse un cordial salut.
Cordialement,
Guy François.

Bonjour

Sauf erreur, je n'ai pas vu sur le forum d'article sur le canon de 320 Mle 70-30 ... Est-il possible d'avoir quelques précisions sur ses caractéristiques, voire une photo ? ...
Merci !
Cordialement !

Bonsoir,
En 1940 seuls étaient conservés les 320 mm Mle 70 de 30 calibres avec bouches à feu Mle 70/84 et Mle 70/93 d'une portée de 21 600 m. Ces matériels étaient "à glissement". Huit étaient disponibles en mai 1940. Je ne doute pas que notre ami Guy François va se faire un plaisir de développer le sujet.
Cordialement
SF

Bonsoir

Merci pour cette réponse ...

... Bien volontiers ! ...

Cordialement !

bonsoir,
Superbe!!!Merci beaucoup à tous pour ces renseignements. Merci à ALVF et à Clausewitz pour leur aide.
J'adhère totalement à l'idée de que GBM parle de l'ALVF.
Les dates sont très intéressantes, car à ce moment les ordres vont arriver dans les différents secteurs fortifiés cités pour entamer leur repli sur les Vosges.
Ces informations complètent le panorama des unités stationnées en sud Alsace et plus particulièrement dans le secteur fortifié d'Altkirch où se situe notre casemate.
Lors du repli certains artilleurs sont restés en arrière et ont été fait prisonniers comme en témoignent les listes disponibles sur le site de la BNF.

Bonjour,

Je développe donc la question des canons de 32 cm de côte montés sur affûts-trucks:

-en 1916, 44 affûts à glissement Schneider sont construits pour porter des canons de 32 cm de côte, initialement, on recense 30 canons de 32 cm Mle 1870-84, 6 de 32 cm Mle 1870-93 et 8 de 32 cm Mle 1870-81 (rappelons qu'en 1914-1918, les canons dont le calibre est exprimé en cm correspondent à des pièces dont les corps des tubes sont construits en fonte mais dont les tube intérieurs sont en acier).
-fin 1918, en fonction des changements de tubes consécutifs à l'usure les bouches à feu, les 44 affûts se répartissent ainsi: 22 de 32 cm Mle 1870-84, 6 de 32 cm Mle 1870-93 et 16 de 32 cm Mle 1870-81.
-dans les années 1920, les 16 affûts portant les canons courts de 32 cm Mle 1870-81 sont modernisés et reçoivent 16 canons neufs de 274 mm Mle 1917 (en cours d'achèvement à la fin de la guerre).
-en 1930, une modification des bouches à feu de 32 cm Mle 1870-84 et 1870-93 est approuvée, elle consiste à "rajeunir" les rayures des tubes existants et surtout à procéder à un agrandissement de la chambre.Cette augmentation du volume de la chambre à poudre permet une modification des charges et la portée du meilleur projectile (obus FAD) passe de 21600 m à 24500 m.
-cette modification est effectuée sur 8 matériels (7 anciens Mle 70-84 et 1 Mle 70-93) qui prennent l'appellation de 320 mm Mle 70-30 (car désormais les calibres sont exprimés en mm, quelque soit le mode de construction des tubes).
-en 1940 les 8 canons de 320 Mle 70-30 équipaient le 3ème Groupe du 373ème R.A.L.V.F (7ème et 8ème batteries).
-en 1940, des travaux de mise aux normes 70-30 étaient entrepris sur tous les tubes Mle 70-84 et 70-93 existants, 12 affûts modernisés et rééquipés de ces tubes devaient être prêts à l'été 1940 et constituer l'armement de nouvelles batteries.
Notons qu'en 1944-45, les allemands armeront plusieurs batteries d'Eisenbahnartillerie avec des 320 Mle 70-30 pour remplacer les matériels allemands perdus à l'été 1944 sur tous les fronts!
Cordialement,
Guy François.

Bonsoir !

Merci pour ces explications, ces détails extrêmement précis et complets ... !
Cordialement

Bonjour,
Je rentre du CAPM de Pau où j'ai regardé les archives collectives du 373e RALVF. SUr les CCC Cahier de Comptabilité en Campagne les itinéraires des unités est assez bien détaillés. Et même certains tirs évoqués plus haut dans ce sujet.
Par contre, j'ai l'impression que les 7e et 8e batteries (le groupe 3) n'a pas dû s'échapper à temps car ces CCC du Trimestre 2 de 1940 ont disparus... Mais ce n'est qu'une impression... Malheureusement, on n'y trouve pas les lieux d'implantation en Sud Alsace... Désolé Jean-François...

Ci-dessous les informations venant des CCC disponibles après le récapitulatif que j'en ai fait :

2e Batterie 3e trimestre 1939




2e Batterie 4e trimestre 1939 pas très précis...



2e Batterie 1er trimestre 1940 (j'ai loupé la page signalétique donc je mets la page de garde...)

Je m'aperçois d'ailleurs que j'ai oublié de mettre ce CCC dans le tableau précédemment envoyé, Mais de toute façon il n'est guère détaillé... Certains autres sont beaucoup plus intéressants...

4e Batterie Trimestre 3 1939




4e Batterie Trimestre 4 1939



4e Batterie Trimestre 1 1940




La suite demain...

Bonsoir,

Merci pour ces intéressants documents qui complètent les JMO conservés au SHD.
Concernant votre interrogation sur le sort du 3e groupe (7e et 8e batteries) du 373e RALVF, malgré l'absence des carnets de comptabilité, ces batteries ont pu s'échapper après leurs tirs des 11 et 12 juin 1940 sur l'Allemagne.
Les deux batteries se replient via Dole, Bourg, Mâcon, Lyon, Nîmes, Bayonne et Biarritz où elles se trouvent à la date de signature de l'armistice (il y a bien des péripéties pendant le repli!).
Malheureusement, ces efforts sont vains car la Division "Das Reich" capture tous les canons d'ALVF stationnant entre Bayonne et Biarritz après l'armistice, ce qui n'empêche pas le journal de marche de cette division d'indiquer la prise au combat de ces matériels sans doute pour faire mousser l'unité auprès de leur bien-aimé Führer...
Heureusement, pour la grande majorité des personnels, le colonel Leroy, bon juge de la haute conscience du respect des traités par les allemands, avait donné l'ordre de replier sans délai les personnels dans les départements de l'intérieur permettant ainsi à ces artilleurs d'échapper à la captivité.
Il serait intéressant de publier les pages décrivant les tirs effectués en juin 1940 car il y a quelques confusions dans les chiffres d'obus tirés dans les JMO (que j'ai consultés il y a plus de 40 ans!).
Cordialement,
Guy François.

Bonsoir,

Merci pour les précisions données. Par contre dans les CCC il n'est pas indiqué de détail concernant le nombre de tirs effectués. Même pas au niveau comptabilité entrée Sortie les munitions des canons ne sont pas comptabilisés dans le CCC.
Désolé.