Nouvel insigne local Spahis de la France libre ou arnaque ?

Bonjour à tous,

J'ai suivi avec intérêt la lutte qui a opposé 4 ou 5 collectionneurs sur un site d'enchères bien connu, afin d'acquérir un insigne pour le moins "étrange", attribué au 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains, circa 1940.

http://cgi.ebay.fr/ws/eBayISAPI.dll?ViewItem&item=300684968969&ssPageName=STRK:MEWAX:IT&_trksid=p3984.m1423.l2649

Le "vainqueur" aura déboursé 374,50 euros pour cette pièce, sans doute unique.

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Que faut-il en penser de cette pièce, sachant que les anciens du 1er RMSM n'en ont jamais entendu parler et que cet insigne (sauf erreur de ma part) n'avait jamais été observé ?

Cordialement,

Thierry Moné

Bonsoir

pour moi cet insigne a une base du local levant dont un ancien propriétaire a apporté quelques modifications (rajout de la croix de lorraine, montage de l'épingle à bascule a l'envers et peut-être aussi une couche de vernis).

voici un local Levant :









PS :

- Se n'est qu'un avis, je ne suis pas un professionnel des insignes.

- Un local Levant en état peu se vendre presque le double de prix.

Cordialement

Bonsoir Alain,

Oui, nous sommes tous d'accord sur l'insigne de base qui ne fait d'ailleurs pas problème. Par contre, cette croix mal dessinée jure un peu dans le paysage. Sur un autre forum, un collectionneur affirme qu'un vendeur connu n'arrivait pas à vendre l'insigne de fabrication locale et répétait sous forme de boutade "qu'un de ces jours il y graverait une petite croix de Lorraine"...

Serait il passé à l'acte ou aurait-il donné des idées à d'autres ? Mystère !

Personnellement, je trouve que cela sent l'arnaque, mais ce n'est que mon avis...

Cordialement,

Thierry Moné

Bonsoir à tous,
on trouve un autre exemple de cet insigne dans un article de M. Duflot:
«Les formations de Spahis au Levant (1917-1941).» Symboles & Traditions, CXCIX, juil.-sept. 2006, 17-28.

La photo est de piètre qualité, mais c'est tout ce dont je peux disposer pour l'instant. On peut quand même reconnaître qu'il ne s'agit pas du même exemplaire.
L'auteur indique simplement:
"Fabrication artisanale, hauteur 35 mm, peint, avec une Croix de Lorraine sur le flanc dextre."

Avant de disposer de son propre insigne (1941?), l'escadron Jourdier a pu utiliser l'insigne existant au 1er RSM, superficiellement modifié par l'addition d'une Croix de Lorraine. Si cet insigne est authentique, il n'aura donc pu servir que pour une assez courte période, en tout cas avant la création du 1er RMSM (1942).
Dans un cas du genre, on voit mal comment distinguer visuellement une altération d'époque d'un faux moderne.
Comme le suggère Thierry, il faudrait trouver un témoignage quelconque lié à l'escadron Jourdier.

Cordialement,
Jean-Guy Rathé

Bonjour à tous, bonjour Guy,

Il se trouve que l'acheteur du "dernier" insigne m'a contacté tout récemment et qu'il ne se fait pas trop d'illusions sur l'insigne en question... Je connais également monsieur Duflot et ses méthodes de "recherche" (comparez l'article de S&T de 1982, mon texte de 1998 des "Insignes des Spahis", l'article de S&T de 2006 et mon texte des "Burnous Bleus sur les Chemins du devoir" de 2007...). Sans vouloir entrer dans une quelconque polémique stérile, je crois qu'il faut toujours garder à l'esprit le fossé qui sépare la recherche véritable de la compilation.

Pour ma part, lorsque j'ai écrit "Les Insignes des Spahis", j'ai eu l'occasion de rencontrer et d'interroger quelques figures du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains dont certains issus du 1er Escadron du capitaine Jourdier. A mon humble avis, si cette pratique avait existé (port de l'ancien insigne du 1er RSM, qui plus est en version locale), un ancien en aurait parlé et l'on l'aurait observée sur un cliché d'époque. Or, les seuls insignes observés sur les clichés sont ceux fabriqués au Soudan et à Damas puis ceux fabriqués à Témara au Maroc (tôle fine d'argent découpée et bombée).

Par contre, si l'on veut absolument y croire, le seul "créneau" possible pour l'utilisation d'un tel insigne me semble être la fin des opérations de la "guerre de Syrie", juste après la Convention de Saint-Jean d'Acre du 14 juillet 1941.

Mais ce n'est, bien entendu, qu'un avis...

Cordialement,

Thierry Moné

PS. Les insignes régimentaires des Spahis du 1er Marocains tiennent une bonne place dans l'ouvrage édité en 2007 "Les Burnous bleus sur les chemins du devoir" puisque lon y dénombre 10 pages. Voici, de surcroît, la carte de dédicace qui accompagnait alors les ouvrages des souscripteurs de ce tirage numéroté de 500 exemplaires. Seuls les deux premiers insignes en partant du haut peuvent être qualifiés -à mon avis - de tirages de 1940 "en nombre significatif".

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En fond, cliché pris à Alexandrie lors de la reconnaissance terrain préparatoire à l'écriture de l'ouvrage, entre Alexandrie d'Egypte et Tripoli de Libye.

En complément, quelques pages illustrées tirées des 10 pages en question.

TM

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Suite des planches et extrait de la partie texte relative à la période concernée.
Cordialement,

Thierry Moné
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C’est généralement dans les années trente que les régiments de l’armée de Terre française se sont dotés d’un insigne métallique. Il s’agit donc d’un phénomène relativement récent auquel n’ont pas échappé les Spahis du 1^er Marocains.

Dans cette partie consacrée aux insignes métalliques régimentaires des Spahis du 1^er Marocains, le lecteur trouvera les neuf insignes adoptés officiellement par le régiment entre 1939 et nos jours[1]. Le collectionneur se reportera aux publications spécialisées pour trouver le détail des diverses fabrications, copies et autres refrappes qui n’ont pas été déclinées ici. En effet, le propos a été délibérément centré sur les circonstances de la mise en service de ces insignes et sur les polémiques afférentes. Les éléments présentés proviennent de l’étude minutieuse des archives officielles et de la correspondance des protagonistes, ainsi que du recueil de quelques témoignages[2].

L’insigne « Bastien » du 1^er Régiment de Spahis Marocains (1^er RSM)

C’est en 1939 que le colonel Bastien crée le premier insigne métallique du Régiment. Son officier adjoint, le capitaine Robert de Kersauson de Pennendreff, avait été chargé d’obtenir l’autorisation de reproduire un dessin de l’illustrateur Pierre Brissaud (1885-1964). Ce dessin ornait la couverture de l’ouvrage Récits marocains de la plaine et des monts, écrit par Maurice Leglay vers 1920 et réédité plusieurs fois dans l’entre-deux-guerres (C2.02). Kersauson précise que sa correspondance fut établie en mars ou avril et que les insignes furent livrés à Alep vers le mois d’août 1939. Il s’agit d’un insigne métallique, argenté et émaillé (C2.06), dont le modèle initial a été réalisé par Drago : cavalier berbère et cheval noirs, nuage blanc, montagnes de l’Atlas aux sommets blancs, sol brun translucide, touffes d’herbes noir opaque et rouge translucide. La matrice ayant servi à la frappe de cet insigne est conservée par le Département de la symbolique militaire au Service historique de la Défense à Vincennes. Cet insigne n’a pas été homologué.

Un autre insigne apparaît brièvement au Levant où il est observé à l’été 1941 (C2.10). Au moment de la mise sur pied de guerre des 191^e et 192^e divisions d’infanterie, le 1^er RSM était coupé en deux pour fournir les groupes de reconnaissance divisionnaires (GRD) de ces deux grandes unités. C’est vraisemblablement dans ce cadre que l’insigne a été fabriqué artisanalement, en laiton peint. Un spahi en fantasia porte un burnous double (blanc et bleu), une vareuse rouge, un saroual bleu ; le cheval est gris sur un fond d’étoile verte et de croissant doré portant le sigle rouge 1^er RSM. Le créateur semble s’être inspiré d’un projet d’insigne du 191^e GRD, retrouvé dans les archives du général Sarrade (C2.09). Très peu porté, cet insigne n’a pas été homologué.


L’insigne « Kersauson » du 1^er Régiment de Marche de Spahis Marocains (1^er RMSM)

La genèse de cet insigne est directement liée au passage en Palestine d’une partie de l’escadron du capitaine Paul Jourdier à l’été 1940. Rejoignant les Forces françaises libres du général de Gaulle, le détachement est envoyé fin juillet en Egypte, au camp de Moaskar. C’est là que Jourdier obtient de monsieur Homry, haut fonctionnaire du canal de Suez, la fabrication par ses ateliers d’un insigne en gros fil de cuivre représentant l’étoile chérifienne (C2.13). Mais le résultat n’est pas concluant et le projet est abandonné.

Il faudra attendre décembre 1940 pour qu’un officier de liaison auprès de l’armée britannique à Khartoum fasse réaliser un insigne digne de ce nom, au profit de l’escadron Jourdier. Par un curieux concours de circonstances, cet officier de liaison n’était autre que le chef d’escadrons de Kersauson qui s’était occupé de l’insigne du 1^er RSM en 1939. Ayant conçu et dessiné un insigne combinant une étoile à cinq branches et la croix de Lorraine, Kersauson en confie la réalisation à un artisan hindou d’Omdurman, ville proche de Khartoum, alors au Soudan anglo-égyptien. Kersauson offre cet insigne aux officiers et aux sous-officiers de l’escadron Jourdier. Après la campagne de Syrie de l’été 1941, Jourdier en fera réaliser d’autres exemplaires par un bijoutier des souks de Damas.

L’insigne initial est très finement réalisé en argent, s’apparentant à un véritable bijou. L’étoile à cinq branches est filigranée, c’est à dire composée de fils de métal entrelacés et soudés. La croix de Lorraine découpée est soudée sur l’étoile (C2.12). Ces insignes initiaux, fabriqués à Omdurman et à Damas, présentent d’harmonieuses proportions et un minutieux travail d’assemblage[3]. Cet insigne n’a pas été homologué.


L’insigne « Willing » du 1^er Régiment de Marche de Spahis Marocains (1^er RMSM)

Alors que la 2^e Division Blindée est en cours de constitution au Maroc, un insigne du 1^er RMSM est fabriqué en tôle d’argent. Reprenant l’étoile chérifienne à cinq branches, ce modèle artisanal aux lignes très épurées est réalisé par découpage à la scie d’horloger. Les exemplaires connus sont plus ou moins bombés (C2.15). En septembre 1943, en forêt de Témara, près de Rabat, se déroule un cours d’élèves officiers de la 2^e DB. Des représentants du 1^er RMSM portent cet insigne sur leur calot et parmi les futurs aspirants se trouve Paul Willing, fidèle parmi les fidèles, blessé à trois reprises au sein du 1^er RMSM. En l’absence d’initiateur connu, c’est le nom de ce bel officier de Spahis qui a été attribué à cet insigne qui n’a pas été homologué mais qui servira de modèle à l’insigne suivant.


L’insigne « Rémy » du 1^er Régiment de Marche de Spahis Marocains (1^er RMSM)

Profitant de son séjour à Paris à l’issue de la libération de la ville à l’été 1944, le 1^er RMSM fait fabriquer 2000 exemplaires de son insigne en prenant comme base le modèle « Willing ». Le façonnier, n’est autre que le célèbre bijoutier Mellerio, dit « Meller ». Une matrice est créée et la maison Mellerio produit un insigne aux proportions parfaites, très sobre et d’excellente facture, en laiton argenté et patiné (C2.16). Livré mi-septembre 1944 en Lorraine, l’insigne est souvent porté sur un fond de feutre rouge au contour variable : étoile, pentagone, etc. Cet insigne a été homologué H 173 en 1947.

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[1] Un fois homologué par le département responsable de la symbolique militaire, un insigne ne peut normalement plus être modifié tant que la formation conserve son appellation.

[2] Pour plus de commodité, chaque insigne a été baptisé du nom de son initiateur ou, quand celui-ci n’était pas connu, du nom d’une personne représentative de la période considérée.

[3] Ce qui ne sera pas toujours le cas des modèles fabriqués ultérieurement, soit au profit d’anciens spahis du 1^er RMSM, soit au profit de vendeurs peu scrupuleux.

Bonjour Thierry,

comme tout bon collectionneur je possède un insigne du type 8, fabrication DRAGO PARIS homologué G1627.

Et bien sur, il possède une particularité. Je vous la laisse découvrir.





Avez-vous trouvé ?

Cordialement

PS : désolé pour le hors sujet.

Bonjour Alain,

Les insignes de cette période, fabriqués par Drago (fils), sont une horreur : zamac mal moulé (d'où l'absence de "L" de Lyautey), croix épaisse mal proportionnée et mal ajustée... la totale ! Des milliers d'appelés de Spire ont porté ce que je n'ose même pas appeler un insigne ! Et ce n'est pas pour autant qu'il était spécialement bon marché...

J'avais rencontré monsieur Drago (fils) à Palaiseau, au moment où sa firme venait d'être absorbée par le groupe Arthus-Bertrand et nous avions parlé de la production Drago des années 70... no comment !

Cordialement,

Thierry Moné

Et oui, on dirait que lcertaines parties de l'étoile ont été coupées à la scie.

Sacré problème de fabrication.

avz94 a écrit:

Bonjour Thierry,

comme tout bon collectionneur je possède un insigne du type 8, fabrication DRAGO PARIS homologué G1627.

Je me dois de rajouter que cet insigne n'a jamais été homologué ! Le façonnier s'était contenté de reporter au dos le numéro d'homologation d'un insigne antérieur... C'est d'ailleurs ce qui m'a permis de remettre les choses à plat en 1997 et de faire disparaître l'inscription "Lyautey Cavalerie" adoptée en Algérie suite à une "combine" montée par le chef de corps et son officier supérieur adjoint.

Le support de cette supercherie était une photographie prétenduement dédicacée au 1er RSM par "son vieux patron" (Lyautey). Or, Lyautey n'avait jamais eu le 1er Marocains sous ses ordres. Il s'agissait en réalité d'une dédicace faite aux Spahis du 2e Marocains, bidouillée pour l'occasion par l'OSA (pas de noms à la radio !).

Certains avaient déjà vendu la mêche quand j'ai rédigé les insignes des Spahis en 1999 ; mais j'ai eu la plus belle des confirmations de l'auteur en personne, à quelques jours de sa mort... il m'a semblé que cela lui pesait sur la conscience et il m'a expliqué dans le détail comment et pourquoi cela avait été fait. Il m'a dit cela au téléphone alors qu'il m'appelait de son lit d'hôpital pour me dire qu'il venait de terminer la lecture des "Burnous bleus sur les chemins du devoir"...

Le Colonel Paul Willing, un grand Monsieur !

Cordialement,

Thierry Moné

Bonsoir Thierry

merci beaucoup pour ce complément d'informations

Cordialement