Replier Maginot dès le 5 juin?

Dans sa "tragédie de l'Armée française"*, le général Bourret, qui dirigeait la Ve armée, estime que les troupes de la ligne Maginot n'ont pas été repliée à temps. L'ordre a été donné le 12 juin, or quand elles se mettent en marche, les Allemands arrivent sur leur flanc. Selon le général Bourret: 

"Si le front ne pouvait se consolider au moins sur la Basse-Seine et la Marne, les trois armées de l'Est étaient fatalement et à brève échéance, vouée à l'encerclement. Si l'on voulait, en vu de prolonger la résistance plus au Sud, les retirer de la forteresse en laissant seulement en place les garnisons des ouvrages, il fallait prendre la décision, quelque pénible qu'elle parût, le 5 juin au plus tard. 
Il faut savoir que ces armées étaient lourdes à mouvoir parce que leurs régiments de forteresse (troupes d'intervalles) qui allaient former des divisions de marche improvisées étaient composées de bataillons de mitrailleurs peu manœuvriers; d'autre part, ces troupes destinées à combattre presque sur place avaient des équipages et des moyens de transport très réduits."


Imaginons que l'Etat major entende le général Bourret dès le 5 juin. Que faut-il faire? Que deviennent les troupes des ouvrages? Et les autres? Qu'en pensez-vous? 

* Général d'armée Bourret, "la tragédie de l'Armée française", la Table ronde

Bonsoir,

J'ai lu quelque part qu'il restait 17 divisions sur la ligne Maginot mais il me semble que ce chiffre ne comprenait pas les troupes des secteurs fortifiés dont la valeur divisionnaire n'était qu'estimée.

Pourrait-on bien distinguer les équipages et les troupes "statiques" (de couverture ou d'intervalle, je crains de me méprendre sur le sens de ces termes), des grandes unités qui sont en tout point comparables à des unités ordinaires ?

Quelles forces un repli rapide aurait-il pu sauver pour couvrir le sud de la France ?
Est-ce qu'un résistance autre que symbolique de la ligne Maginot eut été possible sans elles et est-ce qu'un tel mouvement ne serait pas nécessairement perçu comme l'aveu que les forces sur la Somme devaient être défaites à brève échéance ? (implicitement il me semble que si l'on abandonne l'Alsace et la Lorraine on reconnaît que la guerre est perdue...)

Pour l'instant, je me contenterai de rappeler les termes :

Les équipages d'ouvrage sont rattachés aux RIF et aux RAP (régiments d'artillerie de position).
Ces RIF sont constitués pour la plupart, mais pas tous, en régiments de mitrailleurs.
Les RAP, eux, sont équipés pour partie de canons de modèle anciens (De Bange...) sans réelle mobilité. Les RAF, plus exactement RAMF (mixtes) constituent une réserve d'artillerie hippo ou tractée.

Les RIF (hors équipages) occupent les intervalles.

A l'origine, la constitution de ces régiments répond à une double nécessité : armer les intervalles, et disposer de troupes facilement mobilisables, qui constituent l'essentiel du dispositif de sûreté nord-est.

Mais, les RIF ne constituent pas l'intégralité des troupes d'intervalle. Les DI affectées "à la Ligne Maginot" envoient en effet des troupes occuper des points d'appui en avant de la Ligne, et leurs unités s'imbriquent parfois plus ou moins étroitement avec les troupes de forteresse. Dans certains cas, ce sont ces unités qui resteront pour former la "croûte", par exemple dans le secteur de la 70e DI.

Donc, parler des "troupes d'intervalle" n'est en fait pas très précis quant à la nature de ces troupes.

Pour ce qui est de la liste des unités, elle a déjà été proposée, par exemple sur le fil "la faute (?) de Weygand et la colère de Prételat", qui traite peu ou prou du même sujet.

Cordialement,

DH

Merci beaucoup, du coup je suis gêné, je n'avais pas vu ce fil. Faut-il les rapprocher/réunir? 
Ma question porte surtout sur les conséquences d'un tel choix. Que peut-il se passer si dès le 5 juin, certaines unités sont repliées de la ligne Maginot? Peut-on éviter la perte des armées parties en Suisse après Maîches? Que deviennent les autres? Continuent-elles de maintenir des poches de résistance comme elles l'ont fait parfois jusqu'au mois de juillet?

Replier les régiments de forteresse le 5 juin aurait été une erreur : la ligne Maginot constituait une position solide qui couvrait tout l'Est du pays. Par contre, retirer la moitié des divisions (huit divisions environ) encore laissées à la disposition de Prételat aurait permis de renforcer notablement le front sur la Somme et l'Aisne, à condition d'opérer ce retrait avant le 1er juin.

C'était la seule manoeuvre possible, mais elle n'a pas été imposée, si toutefois elle a été envisagée...

Sur la possibilité de retrait, la valeur très relative des divisions qui auraient été concernées, etc. voir le fil indiqué...

Bien sûr.

dhouliez a écrit:

Sur la possibilité de retrait, la valeur très relative des divisions qui auraient été concernées, etc. voir le fil indiqué...

Bonsoir,

J'en prends bonne note. Merci bien.

Cordialement,

Curieusement, j'ai reçu un avis m'indiquant qu'une nouvelle réponse avait été faite à ce sujet. Je constate qu'il n'en est rien. Message disparu, effacé ?

ATF40
jeudi 25 juillet 2019 à 21:50

BRH

[ltr]Bonjour BRH, Vous recevez cet email parce que vous surveillez le sujet, "Replier Maginot dès le 5 juin? " sur "ATF40", qui a reçu une réponse depuis votre dernière visite. Vous pouvez utiliser le lien suivant pour voir les réponses qui ont été faites. Aucune autre notification ne vous sera envoyée jusqu'à ce que vous visitiez le sujet. https://atf40.1fr1.net/t7886-replier-maginot-des-le-5-juin#99989 [/ltr]

Non, simplement un message posté à la suite mais qui n'avait aucun rapport.
Mais merci pour votre intervention, j'avais renoncé à rechercher ce fil-ci pour poster un lien.

Donc :
Un message a été déplacé ici :
https://atf40.1fr1.net/t13787-20-au-24-juin-quelles-troupes-au-sud-de-st-etienne

Cdt,
DH

Bonjour Messieurs,
1) Le général Prételat avait souhaité transformer les troupes d'intervalles en divisions normales . Ce projet n'a pu aboutir faute de moyens .
2) Le 5 juin la ligne Maginot constitue le pivot de manoeuvre pour les armées attaquées .
3) Le général Roton dans " Années cruciales" indique que la question a été évoquée , et qu'il aurait été difficile de faire admettre à l'opinion un abandon de la ligne Maginot.
4) Le général Weygand avait autorisé dans son ordre de du 12 juin la réquisition des véhicules pour le repli des divisions de marche ; cela n'a pas été suivi d'effet .
Cordialement .
J.B.