Compagnie auto routière de la Banque de France 24

Bonjour,

voici un petit "topo" sur cette unité.

L’A.R.B.F. 24 ou plus précisément compagnie Auto Routière de la Banque de France n° 24 a joué un rôle essentiel dans l’évacuation des fonds de la Banque de France.

Il s’agit d’une compagnie militaire de transports automobiles. Elle est créée après négociation avec les autorités militaires le 16 septembre 1938. Cette unité est était formée par des véhicules appartenant à une société de transports de la région parisienne « L’Auto-Routière » dont il était prévu que le matériel et le personnel soient mobilisés sur place dès le décret de mobilisation.

On trouvera ci-dessous les détails de l’accord et les instructions complémentaires du 23 septembre 1938 :

« Les négociations avec les autorités militaires ont abouti à la constitution, dès le 1er jour de la mobilisation, (jour J c’est-à-dire le lendemain du jour où le décret de mobilisation générale a été signé), d’une compagnie du train automobile dénommée A.R.B.F. 24 (cette dénomination a été formée par les initiales de la compagnie civile « Auto-Routière » qui fournit les voitures, de la Banque de France et du Centre Mobilisateur du Train 24 de Paris).

Cette compagnie sera formée par les voitures appartenant à une Société de transports de la Région parisienne, « L’Auto-Routière », 208 avenue de Versailles, dont le matériel et le personnel seront mobilisés sur place. Les voitures seront donc conduites par leurs chauffeurs habituels.

La Compagnie sera commandée par le Directeur de « L’Auto-Routière », M. Vallat, mobilisé comme Lieutenant de Réserve du Train des Équipages. La désignation comme officier en second de M. Malabre a été demandée. Elle sera vraisemblablement obtenue dans un court délai.

La Compagnie comprendra 4 sections :

– 1° section : 20 camions de 3 tonnes 5 à 4 tonnes et 1 camion de 5 tonnes ;

– 2° section : 20 camions de 2 tonnes ;

– 3° section : 20 camions de 2 tonnes ;

- 4° section : 20 camionnettes de 1 tonne 2 à 1 tonne 8.

Au total : 81 camions pour un tonnage global de 150 tonnes environ.

L’unité disposera, en outre, de 5 voitures de liaison et vraisemblablement d’une motocyclette par section. Vingt conducteurs de remplacement, provenant du Centre mobilisateur de Bicêtre, seront prêts à remplacer les conducteurs habituels qui seraient indisponibles.

Chacune des sections décrites ci-dessus pourra agir isolément. Elle sera dotée d’un détachement de sécurité comprenant : 1 gradé et 12 gardes mobiles (2 gardes sur motocyclettes – 10 gardes répartis sur les camions).

Ce détachement de sécurité sera armé de mousquetons, de pistolets et d’un fusil mitrailleur.

La Compagnie, en son entier, a reçu ordre de se présenter aux portes de la Banque, le 2° jour de la mobilisation (jour J2, c’est-à-dire le surlendemain du décret de mobilisation générale). Elle sera disponible dès 4 heures du matin de façon à pouvoir prendre la route à 6 h ½ au plus tard.

Le Secrétariat Général prépare un plan de chargement qui permettra d’utiliser concurremment

les 4 sections pour le transport de l’encaisse métallique et des titres.

Les destinations ont été indiquées à l’Etat-major de la Région de Paris qui se charge de fixer les itinéraires et d’organiser le ravitaillement en essence.

Le 29 septembre, la compagnie a terminé les transports pour la Banque de France et elle est remise à disposition des autorités militaires.

Par contre, je ne sais pas si cette unité a conservé sa dénomination ou si elle a reçu une dénomination « plus militaire ».

Pour de plus amples informations, je vous conseille la lecture du texte suivant :
http://www.banque-france.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/La_Banque_de_France/cahier-anecdotique-27.pdf

Toute autre information sur cette unité sera la bienvenue.

Cordialement

Rémy SCHERER

Bonjour,

je reviens sur mon précédent message.

Je pense que cette unité a été renumérotée. Je fais appel aux spécialistes : serait-il possible que cette unité fasse partie d'un GT ( groupement de transport) suivant : GT 120 ou 121 ou 122 ou 124 ou 125/24 de réserve générale ?

Merci d'avance, cordialement

Rémy SCHERER

bonsoir

cette unité est tout à fait étrangère aux GT de Personnel de série 120 qui sont seulement des Groupes, les Groupements de Transport étant un échelon de commandement supérieur réunissant plusieurs GTP

ayant rencontré ce pdf je l'avais placé alors avec cette compagnie ARBF-24 dans le fil sur les compagnies auto-routières de série 880-890 mais je me suis résolu à effacer le post en révisant le fil car malgré la gémellité de la terminologie à défaut de la numérotation elle n'a pas grand-chose à voir avec ces compagnies non plus

c'est en fait une éphémère formation du territoire, à classer plutôt avec les Compagnies ou Groupes Régionaux de Transport de l'Intérieur semble t-il, Lee Sharp explique qu'elle fut dissoute dés début octobre 1939 après avoir été brièvement renumérotée 522/24

par une ironie de l'Histoire après le très gratifiant transport de la sensible cargaison des réserves d'or de la Banque de France ses éléments furent versés dans une autre compagnie chargée d'une mission spéciale mais beaucoup plus "terre-à-terre"
https://atf40.1fr1.net/t2965-compagnies-de-transport-de-betteraves

Salutations
Loïc L.

Bonjour,

je remercie Loïc Lilian de son intervention.

Grâce à lui, l'histoire de cette unité éphémère du Train est connue.

Merci encore

Cordialement

Rémy SCHERER

Bonjour,

Merci de nous (me) faire connaître cette unité, qui, on peut le dire, vaut son pesant d'or.

Bien cordialement,

Nicolas

Bonjour à tous,

voici quelques compléments au sujet de cette éphémère unité.

Compagnie A.R.B.F. 24 : modalités

Les modalités de création et d’utilisation de l’A.R.B.F. 24 ont été établies le 23 septembre 1938 :

1. auprès du Centre Mobilisateur du Train n° 24 à Bicêtre, auquel le plan d’évacuation de l’or en province a été remis.

2. auprès de la région militaire de Paris (Commandant Dumoncel).

La région militaire de Paris a donné ordre au centre mobilisateur n° 24 :

a. de mettre la Compagnie A.R.B.F., le 2° jour de la mobilisation, à 3 heures du matin, à la disposition de la Banque de France.

Les lieux de ralliement des 4 sections de la compagnie seront envoyés au Colonel Dutertre.

b. D’établir immédiatement le journal de mobilisation de la Compagnie et de fixer, en particulier, les lieux de ravitaillement en essence.

Le centre mobilisateur devra demander à l’Auto-Routière toutes précisions utiles sur l’importance des approvisionnements en essence et en huile qui peuvent être emportés par les divers camions composant le convoi.

c. De communiquer à la Banque de France ce journal de mobilisation.

Il est prévu, à l’heure actuelle, qu’un garde mobile par deux camions sera chargé de la défense du convoi. Ce chiffre paraît faible au colonel Dutertre qui a signalé qu’à son avis il conviendrait d’intervenir auprès de la garde mobile pour obtenir une augmentation de l’effectif actuellement prévu qui devrait être porté à un garde mobile par camion.

Durée d'existence de l'unité :

Il avait été prévu initialement que l’A.R.B.F. 24 demeurerait à la disposition de la Banque seulement pendant les 20 premiers jours de la mobilisation.

Au terme de ces 20 premiers jours, l’armée a fait une démarche pour récupérer ses camions.

En réponse, M. Belin (chef du service administratif du Secrétariat général de la Banque de France), en date du 21 septembre 1939, fait la note suivante :

« Le lieutenant Hanseler, de la Direction du train au Ministère de la Guerre, a fait une démarche auprès du Secrétariat Général pour signaler que l’Etat-major Général réclamait la disposition de la Compagnie militaire de transports automobiles A.R.B.F. 24, mise à la disposition de la Banque pour l’évacuation de l’encaisse et des valeurs.

Il a fait valoir qu’au mois de septembre 1938, quand cette Compagnie a été constituée, il avait été prévu qu’elle demeurerait à la disposition de la Banque pendant les 20 premiers jours de la mobilisation.

Il a été répondu au lieutenant Hanseler que le journal de mobilisation de la Compagnie A.R.B.F. 24, de même que celui du peloton de la garde mobile affecté à sa protection comportait l’indication que ces unités devaient demeurer à la disposition de la Banque jusqu’à l’achèvement des transports, le délai de 20 jours n’étant mentionné qu’à titre indicatif.

Or, il reste actuellement à évacuer 200 tonnes d’or environ et 50 tonnes de titres. En conséquence, il a été demandé au Lieutenant Hanseler :

1° de maintenir la Compagnie A.R.B.F. 24 à la disposition de la Banque jusqu’au 30^e jour de la mobilisation, date fixée par le lieutenant commandant cette unité pour l’achèvement des transports d’or ;

2° de maintenir, après le 30^e jour, à la disposition de la Banque, une section de cette Compagnie, composée de camions de faible tonnage et de camionnettes, pour faire face aux autres évacuations que la Banque devrait organiser, et notamment aux transports de nickel demandés par la Direction des fabrications d’armement.

Le Lieutenant Hanseler a pris note de ces demandes, a promis de les soumettre à l’Etat-major

général et de prévenir la Banque si une difficulté était soulevée à cet égard. ».

La Banque obtiendra du président du Conseil, ministre de la Défense nationale et de la Guerre que l’A.R.B.F. 24 soit laissée à sa disposition jusqu’au 29 septembre inclus.

Merci pour tout renseignement complémentaire sur le devenir du personnel et du matériel de cette unité "spéciale".

Cordialement.

Rémy SCHERER

Bonjour,

Pas de trace de cette compagnie dans les archives du 24e Train au CAPM de Pau.

Par contre, je m'aperçois que dans ma copie du Kauffer, je n'ai pas la page N° 54 où l'éventuelle Cie 522/24 pourrait être citée... Quelqu'un pourrait-il me fournir cette page SVP ?
Sinon cette Cie (sans N° particulier) apparait en page 98 du Kauffer juste au dessus de la Cie de transport des départements ministériels N° 24 (elle aussi) même dépôt du train... les deux sont classées dans les formations de l'intérieur en unités régionales, mais aucunes informations de création, dissolution ou quoique ce soit d'autres... Le mystère

Pour information il n'y a pas de 522/24 dans le répertoire des formations mobilisées pour le Train. Il y a une 522/8 mais c'est une autre unité bien évidemment.
Mais il faut être méfiant car ce répertoire ne cite pas la 1500/24 qui dispose d'archives au CAPM de Pau (Cie de transport de betteraves, Si ! Si !...) il y a un CCC 4/39 et 1/40 et un RMI.

Désolé de ne pouvoir faire mieux...

A prendre avec des pincettes voici ce que je lis sur Wikipédia... Qu'en pensez-vous ?

Transfert des réserves d'or outre-mer en 1940

Afin de mettre les réserves d'or (1) à l'abri des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale (quatre officiers se présentent à la Banque de France le 15 juin 1940 pour faire ouvrir les coffres, mais ils sont vides), celles-ci ont été transférées hors du siège : dès 1933 quelques tonnes sont envoyées vers des succursales situées à proximité des côtes, vers Brest et vers Toulon, puis en 1938, 600 tonnes sont transportées par des croiseurs de la Marine nationale vers la Réserve fédérale des États-Unis. Enfin, entre le 17 mai et le 23 juin 1940, le ministre des Finances Lucien Lamoureux accélère le transfert de l'or restant qui est acheminé par 35 convois de 300 camions puis par navires dans plus de 20 000 colis et caisses, principalement vers Dakar, les Antilles et les Amériques (2). Ainsi soixante convois arrivent à Brest par chemin de fer, et au fur et à mesure des arrivées, déchargés à dos d'homme. Immédiatement les colis sont mis dans des camions et prennent la direction du fort de Portzic.
Le transfert de 400 tonnes vers le Canada est effectué à bord du paquebot SS Pasteur de la Compagnie de navigation Sud Atlantique construit en 1939 à Saint-Nazaire et immobilisé pour faits de guerre. Du 1er au 9 juin 1940, le navire transporte, jusqu'à Halifax au Canada, 213 tonnes des réserves de la Banque de France qui sont mises à l'abri à la Banque royale du Canada à Ottawa (3). Le porte-avions Béarn et le croiseur Émile-Bertin sont également utilisés pour transporter de l'or depuis Brest vers Halifax puis à la Martinique, où ils séjourneront avec leur cargaison jusqu'à la fin de la guerre.
Le 18 juin 1940, 736 tonnes des réserves d'or de la Banque de France partent de Brest en direction de Dakar en AOF. 275 tonnes d'or de la Banque nationale de Belgique et de la Banque de Pologne se joindront au voyage à bord du croiseur auxiliaire Victor-Schœlcher (4). À la suite du drame de Mers-el-Kébir, il est décidé d'évacuer sous surveillance militaire l'or stationné dans le port de Dakar, vers l'intérieur du pays par la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako. D'abord transféré vers le camp militaire de Thiès, à 70 km de Dakar, l'or est enfin conservé, sous la surveillance du personnel de la Banque de France et de façon durable à Kayes, ville située à 500 km sur le même tronçon, actuelle frontière entre le Mali et le Sénégal.
Le gouvernement de Vichy se dit prêt à céder ces réserves aux allemands afin d’adoucir l’Occupation mais la Banque de France, qui à cette époque a toujours un statut privé, s'y refuse. Les réserves d'or seront rapatriées (5) en France en 1946 (2).
Au total, 16 201 colis en caisses et sacoches, soit 736 tonnes d'or, ont été transférés à travers la France vers Brest et entreposés dans le magasin à poudre du fort du Portzic à Brest ; seul une caisse de 50 kg n’a officiellement jamais été retrouvée : elle est effet tombée à l'eau, entre le fort et le quai de Laninon.

Renvois :
1. En 1940, il s'agit du deuxième plus gros stock mondial composé de 2 800 tonnes de lingots et de pièces correspondant aux réserves de la France mais aussi celles confiées à la Banque de France par la Belgique et la Pologne.
2. Tristan Gaston-Breton, Sauvez l'or de la Banque de France ! L'incroyable périple (1940-1945), Paris, Le Cherche Midi, 2002, 183 p. (ISBN 2-7491-0045-3).
3. Les Cahiers anecdotiques de la Banque de France, 2002 – La bataille de l'or 1932-1940, troisième partie : « L'évacuation : 10 mai 1940 au 23 juin 1940 ».
4. Les Cahiers anecdotiques de la Banque de France, 2002 – La bataille de l'or 1932-1940, troisième partie : « L'évacuation : 10 mai 1940 au 23 juin 1940 ».
5. À l'exception de 395 kilos d'or déclarés perdus dont une caisse de 50 kg ayant coulé dans le port de Brest.

A priori si les sources sont bonnes pas de transport début septembre 1939...

Admin Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006

Bonsoir,

Il y a très probablement une erreur.

Une partie des transferts ont eu lieu en 1939 :
12 milliards aux Etats-Unis
12 milliards au Royaume-Uni
6 milliards au Canada

Source :
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/wp-content/uploads/2016/11/1257b27436f0ac90cb1b642e43ef79e1.pdf

Cordialement,
DH

bonjour

https://atf40.1fr1.net/t2965-compagnies-de-transport-de-betteraves

Citation :: Mais il faut être méfiant car ce répertoire ne cite pas la 1500/24 qui dispose d'archives au CAPM de Pau (Cie de transport de betteraves, Si ! Si !...) il y a un CCC 4/39 et 1/40 et un RMI.

se trouve à la suite des unités du Train à 4 chiffres les Sections de Transport Magasin Coopératif de série 1000, les Compagnies 1100 et 1200 et enfin la 1500

formation provisoire pour le transport de betteraves du Nord
créée le 12 octobre 1939 dissoute 1er février 1940

avec bien des véhicules issus de la présente Cie ARBF 24 voir Lee Sharp Volume 6/3 page 50

d'ailleurs d'autres compagnies du Train ont partagé cette mission betteravière

c'est Lee Sharp qui trouve cette numérotation provisoire à la compagnie ARBF ainsi qu'à d'autres de la même veine

Cie Automobile de la Banque de France 522/24
Cie Automobile de Transport en Commun de Défense Nationale 524/24 devenu un Groupe à 3 compagnies en absorbant la suivante
Cie de Transport Automobile des Fonctionnaires Ministériels 526/24 dissoute un mois après la mobilisation

Salutations
Loïc Lilian

Bonjour à tous,

je remercie Loïc Lilian pour ses précisions concernant le devenir de la ARBF 24.

Pour les transferts d'or, en complément du message de dhouliez, voici un lien pour consulter le cahier anecdotique n° 27 de la Banque de France concernant ces transferts d'or :

https://docplayer.fr/69942458-De-la-banque-de-france.html

Bonne lecture, cordialement.

Rémy SCHERER

Admin Nombre de messages : 9112 Date d'inscription : 21/11/2006

Bonsoir,

Issu de ces Cahiers, merci Rémy, la confirmation des transports :

Extrait du PV du Conseil général du 14 septembre 1939
« À la date du 27 août, les 97 266 millions d’encaisse-or se trouvaient répartis comme suit :
En province
78 392 millions
À Paris
18 874 millions
Il y avait, en outre, à Paris, 826 millions d’or earmarked, 2 668 millions appartenant au
Fonds de Stabilisation et 20 millions de dépôts volontaires. Le total se trouvant dans les caves
de la Banque Centrale était donc de 22 588 millions représentant un poids de 620 tonnes.
Depuis le 28 août, il a été évacué 304 tonnes, d’une valeur de 11 551 millions. Il restait, par
conséquent, à la date du 13 septembre soir, à évacuer 316 tonnes, représentant une valeur de
12 006 millions.
Les évacuations continuent tous les jours, par camions. »

On trouve plus loin le détail des 35 convois jusqu'au 29 septembre (nature des transports, nombre et tonnage des camions...)

Cordialement,
DH