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 Le 2e RIC en 1939-1940

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RSCHERER
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MessageSujet: Le 2e RIC en 1939-1940   Le 2e RIC en 1939-1940 EmptyMer 1 Avr 2015 - 19:31

Bonjour,

je me permets de poster un essai d'historique concernant le 2° RIC en 1939-1940.

Bien sûr, toute observation, correction ou ajout seront les bienvenus pour enrichir la connaissance sur cette unité.


ESSAI D’HISTORIQUE DU 2e RIC EN 1939-1940


Le 2e RIC en 1939-1940 01insi10


PRESENTATION DU 2e RIC

Le 2e RIC est une unité de la 4e DIC (Division d'Infanterie Coloniale). C’est une division d’active, commandée par le général De Bazelaire de Ruppiere, composée des unités suivantes à la mobilisation :
 2e RIC (Brest) : il est implanté à la caserne Fautras qui a été détruite à la libération de Brest en 1944.

Le 2e RIC en 1939-1940 02case10

   Compagnie divisionnaire de pionniers (13e compagnie du 2e RIC)
 16e RTS (Montauban) ;
 24e RTS (Perpignan) ;
 12e RAC (Agen) et 212e RALC ; 10e BDAC du 12e RAC; Parc d'artillerie divisionnaire 74
 74e GRDI (Tarbes) ;
 Santé : 74e GSD (groupe sanitaire divisionnaire) ;
 Train : compagnie hippomobile de QG 74/17 ; compagnie auto de QG n° 174/17
 Génie : bataillon de sapeurs-mineurs n° 74, qui donnera les compagnies de sapeurs mineurs 74/1 et 74/2 ; compagnie fil n° 74 puis 74/81, compagnie radio n° 74 puis 74/82
 Intendance : Service des subsistances n° 74 puis GEDIC (groupe d’exploitation divisionnaire d’infanterie coloniale) n° 74/17.
Le général Quilichini est le commandant de l'infanterie divisionnaire. Il sera remplacé par le colonel Pripux.
L’encadrement du 2e RIC est le suivant :
 2e RIC : Lieutenant-colonel De Negreval ;
 I/2e RIC : chef de bataillon Pons ;
 II/2e RIC : chef de bataillon Bloin puis capitaine Aballain au 7 juin ;
 III/2e RIC : chef de bataillon Delory.
En annexe est détaillé l’encadrement du 2e RIC.
L’effectif théorique est le suivant :
 3076 hommes dont 81 officiers, 342 sous-officiers, 317 caporaux, 2 359 soldats ;
 48 mitrailleuses, 113 fusils-mitrailleurs, 9 mortiers de 60, 8 mortiers de 81, 12 canons de 25 anti-chars, 146 lance-grenades VB ;
 287 chevaux, 140 bicyclettes, 42 motos ;
 9 chenillettes UE, 6 véhicules de liaison, 39 camionnettes, 5 camions ;
 105 voiturettes, 12 avant-trains, 73 voitures hippomobiles.

La division ne recevra que le 9 mai sa Compagnie divisionnaire antichars (14e Cie du 2e RIC)

LA DROLE DE GUERRE

L’opération Sarre

En septembre 1939, le 2e RIC, avec la 4e DIC, unité d’active, est engagé dans l’opération Sarre.
En cas d’invasion de la Pologne par l’Allemagne, un plan établi en 1938 par l’état-major prévoit de lancer une offensive entre le Luxembourg et le Rhin pour soulager l’armée polonaise.
Le plan a été suspendu après les accords de Munich. Il est remis à l'ordre du jour en septembre 1939. Dès le 24 juillet, des instructions sont envoyées par anticipation au groupe d'armées n° 2 composé des 3e, 4e et 5e armées.
Une semaine après le début de la Seconde Guerre mondiale, l'Etat-major français lance l'opération Sarre sous le commandement du général Faury. Les 3e, 4e et 5e armées avancent vers l'Allemagne dont les troupes sont engagées en Pologne.
L’essentiel de l’effort est fourni par la 4e armée du général Requin. Elle doit progresser de Rohrbach-lès-Bitche (à l'est de Sarreguemines) à Homburg (en Allemagne, au nord de Deux-Ponts ou Zweibrücken). Elle est couverte à l’ouest par la 3e armée qui doit réduire le saillant de la forêt de la Warndt. A l’est, elle est couverte par la 5e armée pour éviter tout débordement allemand.
Pour la 5e armée, seul le 8e corps d’armée commandé par le général Frère est concerné avec la 15e DIM et la 4e DIC.
La ligne Siegfried et la ligne Maginot sont distantes d’environ de 20 kilomètres. Les troupes allemandes, du Rhin à la Moselle, sont encadrées par la 1. Armee du général Erwin von Witzleben.
Les opérations de concentration se déroulent jusqu’au 8 septembre. La 21e DI prend en charge le secteur de Bliesbruck et de Frauenberg. Les 9e DIM (Division d’Infanterie Motorisée), 23e DI et 15e DIM prennent position entre Gros-Réderching et Bitche. Le 2e RIC débarque dans le pays de Bitche le 31 août 1939. La 4e DIC qui sera complètement rassemblée au camp de Bitche le 15, prendra en charge le secteur de Liederschiedt (Moselle), situé dans le pays de Bitche.
C'est le 9 septembre que les troupes françaises entrent en Allemagne. A 4h30 du matin, la 11e division d'infanterie, couverte sur  ses flancs par deux autres divisions du 20e corps d’armée, commence son avance et progresse malgré les mines et les résistances allemandes, bien faibles au demeurant. A leur grand étonnement, l'Allemagne ne montre aucune résistance face à l'envahisseur français.
En traversant les villages allemands, les Français ne rencontrent aucune forme de résistance, mais certains secteurs sont minés par les allemands, ce qui retarde parfois les troupes françaises durant deux jours. La lente offensive française atteint son sommet le 12 septembre avec une pénétration de 8 kilomètres en Allemagne. Dans un village, une seule mitrailleuse allemande contint l'avance française pendant plus d'un jour.
Tandis que la 4e armée poursuit son avance, les 3e et 5e armées ne sont qu'en opérations préliminaires, consistant en reconnaissances et coups de main. L'offensive est stoppée le 14 septembre, le jour où Varsovie est encerclée. L’attaque que devait lancer la 3e armée en direction de Dillingen à partir de Bouzonville est annulée suite à l’effondrement de l'armée polonaise.
Le 21 septembre, le Généralissime Gamelin donne l'ordre de retraite en direction de la Ligne Maginot. Certains généraux comme Giraud ne sont pas d'accord car ils voient une occasion incroyable à saisir  pour les forces françaises dans la Sarre. Le 17 octobre, les dernières forces françaises de couverture quittent le territoire allemand.
Le but de cette opération en Sarre était d'attirer sur le front des forces allemandes importantes pour soulager l'armée polonaise. La Pologne étant battue, les divisions allemandes sont transférées du front de l'Est vers le front Ouest. L'artillerie allemande est maintenant à portée des éléments avancés de la Ligne Maginot, et les avions de chasse de la Luftwaffe reviennent dans le ciel occidental.
La première armée allemande d’Erwin von Witzleben mène du 16 au 24 octobre une contre-offensive. La Wehrmacht entre en France mais n'occupe que quelques kilomètres carrés et ne progressera pas jusqu'au 10 mai 1940, date du début de l’offensive allemande. Cette contre-offensive fait 196 tués dans les troupes allemandes. Cet épisode est le seul combat d'une certaine envergure sur la frontière durant la drôle de guerre.

Le 2e RIC en 1939-1940 03sarr10
Opération Sarre (Association Historique de Kalhausen)

Même si cette opération ne s’est pas soldée par des combats proprement dits, les escarmouches, les mines et les tirs d’artillerie ont occasionné des pertes. Pour le 2e RIC, il est à déplorer les tués suivants :
 Caugant Jean Marie (6e compagnie) : le 12 septembre 1939 ;
 Duplenne Robert : le 13 septembre 1939 ;
 Leport Prosper : le 08 septembre 1939 ;
 Michel Gaston : le 23 septembre 1939 ;  
 Nevez Christophe (caporal) : le 13 septembre 1939.

Le secteur fortifié du Bas-Rhin

Après la participation à « l’opération Sarre », la 4e DIC est affectée au 17e corps d’armée du général Noël, toujours dans le cadre de la 5e armée commandée par le général Bourret. Ce corps d’armée est en renforcement de la ligne Maginot au niveau du secteur fortifié du Bas-Rhin.
De la mi-novembre au début février, la division et le 2e RIC ont pour mission d’occuper la 2e ligne du secteur d’Erstein (environ 20 km au Sud de Strasbourg).
La mission est d'organiser et d'occuper les intervalles de la ligne Maginot en superposition des unités de forteresse qui occupent les ouvrages.
Le secteur fortifié du Bas-Rhin est une partie de la ligne Maginot, situé entre le secteur fortifié de Haguenau au nord et le secteur fortifié de Colmar au sud. Il forme une ligne le long de la rive gauche du Rhin, protégeant la ville de Strasbourg, entre Drusenheim et Diebolsheim. Les fortifications du secteur sont composées essentiellement de casemates d'infanterie le long du fleuve.
Le secteur, commandé par le général Vallée, est divisé en trois sous-secteurs fortifiés, avec les unités suivantes comme équipages des casemates ainsi que comme troupes d'intervalle stationnées entre ceux-ci après la mobilisation :
 sous-secteur d'Herrlisheim : confié au 70e RIF (Régiment d'Infanterie de Forteresse) ;
 sous-secteur de Strasbourg : confié au 172e RIF ;
 sous-secteur d'Erstein : confié au 34e RIF et renforcé par la 4e DIC et le 2e RIC.
L'artillerie du secteur est composée du 155e régiment d'artillerie de position. A ces moyens se rajoutent le 237e RI (régiment d'infanterie de secteur fortifié), le 226e RI et le 205e RR (Régiment Régional), ces deux derniers régiments étant affectés à la place de Strasbourg.
Après avoir suivi le sort de leur division pendant les premiers mois de la guerre, les régiments sénégalais de la 4e DIC sont au début de l'hiver progressivement ramenés dans le midi de la France, afin d'épargner aux Africains les rigueurs de la mauvaise saison.
De même, les conducteurs sénégalais et malgaches en service dans certains RAC sont remplacés par du personnel métropolitain.
Pendant leur absence de la 4e DIC, les 16e et 24e RTS sont temporairement remplacés dans les rangs de celle-ci par la 52e DBMC (Demi-Brigade de Mitrailleurs Coloniaux), le 4e RIC et le RICM (Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc).
Le 5 mars 1940, le secteur change de nom, devenant la 103e DIF (Division d'Infanterie de Forteresse), perdant à cette occasion le sous-secteur d'Herrlisheim qui passe sous les ordres du secteur d’Haguenau.
Les ouvrages du secteur fortifié, en nombre fort restreint, consistent en des casemates d'importance modeste. L'organisation à réaliser par la 4e DIC comporte l'implantation, dans les intervalles, d'ouvrages légers en béton, ouvrages allant du béton pour canons de 25 mm ou 47 mm à celui pour fusils-mitrailleurs suivant un plan de feux émanant directement du commandement du corps d'armée.
Durant cette période le régiment eut à subir des froids rigoureux qui allèrent jusqu'à – 27° C et interrompirent presque complètement les travaux, le sol étant gelé jusqu'à 40 centimètres.
Il est à déplorer le décès de Stephan Auguste le 05 janvier 1940 à Matzenheim (67).

Le secteur fortifié de Rohrbach

A partir du début février, toujours dans le cadre de la 5e armée, la 4e DIC et le 2e RIC sont affectés en soutien du SF Rohrbach. Ce secteur est sous la responsabilité du 8e corps d’armée. Le secteur, commandé par le général Chastenet, est divisé en trois sous-secteurs fortifiés, avec les unités suivantes comme équipages des ouvrages et casemates ainsi que comme troupes d'intervalle stationnées entre ceux-ci après la mobilisation :
 sous-secteur de Bining : confié au 166e RIF ;
 sous-secteur du Légeret : confié au 153e RIF et renforcé par la 4e DIC et le 2e RIC;
 sous-secteur de Bitche : confié au 37e RIF.
L'artillerie du secteur est composée des :
 150e régiment d'artillerie de position (fournissant les artilleurs des ouvrages, ainsi que deux groupes de position ;
 59e régiment d'artillerie mobile de forteresse (trois groupes tractés).
Le 2e RIC n’a pas été engagé durant cette période mais il est à noter le décès de Neybecker Pierre le 29 mars 1940.
La 4e DIC à Sarre-Union
A partir du 1e avril, la 4e DIC dont le poste de commandement est à Drulingen, est placée en réserve du Groupe d’Armée n° 2 aux environs de Sarre-Union dans le Nord-Ouest du Bas-Rhin.
Le 1er avril 1940, le 2e RIC est relevé par le 78e RI de la 24e DI.
En avril et début mai, les 1re, 4e, 5e, 6e et 7e DIC, qui sont toutes en réserve dans la zone des armées, sont réorganisées en opérant au sein de leur infanterie et de leur artillerie l'amalgame des unités mobilisées en métropole le 2 septembre 1939 et des renforts amenés, depuis, des colonies.
Pour la 4e DIC, les Régiments de Tirailleurs Sénégalais remontent du midi et sont réintégrés. Ces unités, créées à l’origine sur le type "Montagne", ont été transformées sur le type "Nord-Est". Les unités d’artillerie reçoivent aussi des contingents sénégalais. Le 24e RTS rejoint la division le 5 avril 1940.
Les unités de 4e DIC dont le 2e RIC sont encore utilisées pour améliorer les défenses de la ligne Maginot avec l'organisation des positions de combat, la construction de blockhaus et le creusement de fossés antichars.
Il faut noter le décès de Pleibier Yves le 8 avril 1940.

LA SITUATION FIN MAI

Fin mai, la situation des armées françaises est désespérée. Elles sont seules à poursuivre le combat. Les Hollandais ont capitulé le 15 mai et les Belges le 28. Dunkerque est tombée le 4 juin avec le rembarquement de la majeure partie des troupes anglaises.

L’armée française a perdu l’équivalent d’environ 30 divisions, dont les plus modernes. De plus, une dizaine d’unités doivent être totalement refondues suite aux précédents combats.

Le commandement français tente de créer un nouveau front sur les rives sud de la Somme et de l'Aisne à partir du 15 mai. Le front est constitué par des unités provenant des réserves, retirées des armées tenant la ligne Maginot ou reconstituées tant bien que mal dans l’urgence.

LES COMBATS SUR LA SOMME

Du 15 au 22 mai : le transfert sur le front de la Somme

La 4e DIC, placée en réserve, est désignée pour participer à la défense de la Somme. Elle est alertée le 15 mai et transférée à l’ouest à partir du 17 mai. La 4e DIC est mise à la disposition du 1e corps d’armée commandé par le général Sicard, lui-même subordonné à la 7e armée qui a pour mission de reconstituer un front sur la Somme.
La 7e armée est soutenu par les groupes de chasse I/4 (Curtiss H-75), et I/8 (Bloch 152). L’observation est réalisée par le GR I/35 (Potez 63.11).
Le 20 mai, Amiens est la cible de bombardements aériens menés par la Luftwaffe. Le même jour, le XIXe corps motorisé du général Heinz Guderian occupe Amiens et progresse vers Abbeville, sur la Somme. La 7. Panzer Division du général Erwin Rommel atteint les hauteurs stratégiques autour d'Arras.
Le XIXe corps motorisé de Guderian poursuit sa progression vers la mer. La 1. Panzer Division du général Friedrich Kirchner occupe Amiens. La ville d’Amiens était faiblement défendue, principalement par le 28e Régiment Régional qui est une troupe de territoriaux renforcée par deux sections de FT (8 engins). L’armée allemande crée dans la foulée une tête de pont au sud de la Somme au niveau d’Amiens. La ville d’Amiens était aussi défendue par des troupes anglaises, en l’occurrence un bataillon territorial, le 7e bataillon du Royal Sussex Régiment. Sur 581 hommes, 132 sont morts et 165 ont été faits prisonniers lors de ces combats.
A 19h00, la 2. Panzer Division occupe Abbeville. A 20 h, de ses escadrons atteint la côte de la Manche à Noyelles-sur-Mer, à environ 13 km au nord-ouest d'Abbeville.
Dans la nuit du 20 au 21 mai 1940, sur la rive droite de la Somme, les Allemands créent ainsi dans les lignes alliées un couloir d'une trentaine de kilomètres de large.
A la suite du XIXe corps, c’est le XIVe corps qui organise le front de la Somme, avec les 2., 29. et 13. ID (Infanterie Division), toutes motorisées.
L’armée allemande constitue six têtes de pont sur la rive sud de la Somme, à Péronne, Amiens, Corbie, Picquigny, Abbeville et Saint-Valéry-sur-Somme.
Les éléments motorisés de la 4e DIC parviennent à Ailly-sur-Noye le 18 mai sans incidents. Malheureusement, les convois ferroviaires de la division subissent des retards et des pertes à cause de l’activité de la Luftwaffe. Il est à noter les attaques aériennes à Vitry-le-François le 19 mai et à Breteuil le 21 mai. Avant son engagement, la 4e DIC a perdu 30 officiers et environ 200 hommes. Pour le 2e RIC, il est à noter le décès du sergent-chef Van Loren Louis et du soldat Guillou Yves le  20 mai.

Dès le 19 mai, le 74e GRDI et les pelotons motos des 2e RIC et 24e RTS tiennent les ponts sur l’Avre, puis ceux sur la Somme, de Camon à l’est des faubourgs d’Amiens à Chipilly à 25 kilomètres à l’est, après Corbie. A cette occasion, le contact est pris avec des unités de reconnaissance allemandes qui tentent de progresser vers le sud.

Le 2e RIC en 1939-1940 04camo10
CAMON : chemin de halage et pont vers Longueau

Le 19, les premiers éléments de la division sont en cours de débarquement au sud de la Somme (Remiencourt). Mais en raison de l’avance allemande et de l’encombrement des gares, certains se réalisent plus au sud comme à Chantilly et Liancourt. Le 2e RIC se positionne à l’aile gauche de la division, en contact avec le 57e RICMS de la 7e DIC qui s’installe au sud d’Amiens.

Le 20 mai, les troupes allemandes investissent Amiens mais ils sont bloqués par les unités de la 4e DIC et du 2e RIC.

Les 20, 21 et 22 mai, au fur et à mesure de leur arrivée, les bataillons et batteries sont dirigés au nord, pour atteindre la Somme.

 A gauche, le 2e RIC progresse en direction de Boves, Longueau et Glisy.
 Au centre, le 24e RTS progresse par Gentelles pour occuper une ligne de Blangy à Aubigny. Cette localité est occupée par les allemands.
 A l’est, le 16e RTS progresse par Villers-Bretonneux pour occuper une ligne de Corbie à Chipilly.
Les éléments de la division et du 2e RIC arrivent en ordre dispersé mais sont mis en ligne dès leur arrivée. Le 2e RIC occupe Boves, Cagny puis progresse vers la Somme en investissant Longueau et Glisy. Longueau jouxte Amiens mais en est séparé par la rivière Avre. Cagny est en rive gauche de l’Avre. C’est le point de jonction avec la 7e DIC (57e RICMS). Pendant ces 3 journées, les tentatives allemandes de progression sont toutes empêchées.

Le 21 mai, le GT 146/4 transporte la 14e CDAC du 2e RIC de Chantilly à Saint-Just-en-Chaussée.

Du 23 mai au 27 mai : les tentatives contre la tête de pont d’Amiens

La 4e DIC couvre à elle seule un front de près de 20 kilomètres, bordée à l'est par la 7e DINA. A l’ouest, devant Amiens, est positionnée la 7e DIC appartenant au 10e corps d’armée. Plus à l’ouest sont présentes les 5e DIC et 3e DLC.
D’autres unités d'infanterie (13e, 16e et 24e DI à l'ouest pour le 10e corps d’armée, 19e DI à l'est pour le 1er corps d’armée) viendront compléter ce dispositif.
La 4e DIC va être engagée dans deux opérations :
 à l’est : 16e et 24e RTS pour résorber la tête de pont de Corbie (reprise d’Aubigny) ;
 à l’ouest : 2e RIC engagé avec la 7e DIC pour résorber la tête de pont d’Amiens.


Le 2e RIC en 1939-1940 05fron11
Front le 25 mai 1940

Le 2e RIC est engagé en direction de Boves et de Longueau. Du 24 au 27 mai, le 2e RIC tente sans succès de progresser vers d’Amiens conjointement avec la 7e DIC. Malheureusement, les moyens français sont insuffisants face à un adversaire qui se renforce de jour en jour, possédant de surcroit la supériorité aérienne malgré le sacrifice de l’armée de l’Air. Les attaques sont montées hâtivement, les combats sont souvent décousus et au détriment des troupes françaises qui subissent de lourdes pertes.
Le 24 mai, le II/2e RIC est installé à Cagny et à Longueau, en lisière de la ville d’Amiens. A Cagny, il combat avec le 77e GRDI (7e DIC). Ce jour, la 7e DIC attaque sans succès en direction d’Amiens. Le 2e RIC subit aussi des pertes, les accrochages avec les troupes allemandes, agressives, sont meurtriers.  
Les unités du régiment, en particulier le II/2e RIC sont durement éprouvées. La 7e compagnie, cantonnée à Cagny du 24 au 26 mai 1940, est installée dans les locaux de la Maison St Joseph. Une cinquantaine d’hommes couchent au réfectoire, à la cuisine et dans la cave. Le 25 mai, en réaction à la contre-attaque française de la veille, les allemands réagissent et bombardent le village de Cagny. Dès les premiers obus, le capitaine Gardebois, commandant la 7e compagnie est tué devant le château, le lieutenant Huet du 77e GRDI est gravement blessé, et c'est dans la poussière et la fumée des éclatements de 105 que le médecin-lieutenant Bernard, venant de Saint-Fuscien, arrive à Cagny pour soigner et évacuer les blessés.
Ce même jour, le II/2e RIC, engagé aussi avec la 7e DIC, subit d’importantes pertes face à la résistance des troupes allemandes.
Au bout de ces quelques journées de combats, sans succès notable, le 2e RIC a perdu environ un tiers des effectifs. Ce constat démontre néanmoins l’ardeur des troupes engagées.
Pendant les combats, le dispositif était le suivant :
 I/2e RIC : derrière la Somme de Glisy à Blangy exclu ;
 II/2e RIC : Cagny et Longueau en lisière est d’Amiens avec le 77e GRDI de la 7e DIC ;
 III/2e RIC : Boves (en seconde ligne).
La ville de Longueau a souffert de ces combats avec de nombreux tirs d’artillerie. Le 25 mai, le 74e GRDI se regroupe à Gentelles
Il est à déplorer les tués suivants :
 Massy Jean : le 24 mai à Boves ;
 Plassart Emile : le 25 mai ;
 Gendrot Maurice : le 25 mai à Longueau ;
 capitaine Le Saout : commandant la 5e compagnie : le 25 mai ;
 lieutenant Massy : chef de section à la 6e compagnie : le 25 mai ;
 capitaine Gardebois : commandant la 7e compagnie : le 25 mai à Cagny ;
 lieutenant Leblanc : chef de section à la 7e compagnie : le 25 mai ;
 Vincent Lucien : le 26 mai ;
 capitaine Kervalla du I/2e RIC : le 26 mai ;
 Bourgeois Jules : le 26 mai.
Cette liste est loin d’être complète. Les blessés sont encore plus nombreux.

Il faut noter l’attaque de la 7e DIC dans la matinée du 27 mai, avec l’ensemble de la division, pour s’emparer des faubourgs sud de la ville d’Amiens de Salouel à la Boutillerie. Cette attaque  échoue à cause d’une importante résistance allemande. Le 2e RIC n’a été directement impliqué dans cette attaque.
Il faut aussi relater les combats du 24e RTS, voisin du 2e RIC. Le 24e RTS occupe la position centrale du système défensif de la 4e DIC, encadré à l'est par le 16e RTS, et à l'ouest par le 2e RIC. C'est à partir de Bois-l'Abbé, que le I/24e RTS reçoit pour mission de reprendre le village d'Aubigny, tête de pont de l'avancée allemande sur la Somme. Le village d'Aubigny sera pris après de violents combats au corps à corps le 24 mai, abandonné sous un déluge de bombes pour être en partie reconquis le 28 mai. L'attaque échouera faute d'un appui sérieux de l'artillerie et de la compagnie de chars mise à la disposition des tirailleurs. Au cours des combats du 24 mai, les soldats allemands, rendus furieux par leurs très lourdes pertes, achevèrent les sénégalais blessés qui n'avaient pu être évacués, ou qui n'avaient pu regagner leurs lignes. Au soir du 24 mai, le I/24e RTS comptait 4 officiers tués, 6 blessés, 40% des tirailleurs qui formaient le I/24e RTS ont été tués ou portés disparus, 50% des gradés sont hors de combat. Les pertes étaient telles que lors de l'attaque du 28 mai un bataillon mixte dut être constitué avec une compagnie prise sur l'effectif de chaque bataillon, 3e compagnie du I/24e RTS, 5e compagnie  du II/24e RTS et 10e compagnie du III/24e RTS.
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Du 28 mai au 3 juin : l’organisation défensive de la position

Du 28 au 30 mai, le 2e RIC s’organise défensivement sur les positions atteintes les jours précédents.
Le 30 mai, trois Breguet 693 du GBA I/51 décollent du terrain de Pithiviers - Bléville, vers 15h30. Ils se joignent à cinq autres appareils du GBA II/51 (4 Breguet 693 et 1 Potez 633). Leur mission est de bombarder au nord de la Somme les sorties d’Abbeville, d’Amiens et de Corbie. Cette mission est interceptée par la chasse ennemie. Le Breguet 693 n° 74 du GBA I/51 est abattu en flammes par 5 Me 109.
L’appareil s’écrase à Rollot (9 km au sud-est de Montdidier) et le pilote, le capitaine Allopeau meurt carbonisé aux commandes de son avion alors que le mitrailleur, le sergent-chef Eugène est grièvement blessé.
Deux appareils du GBA II/51 seront descendus dans cette opération : un Breguet 693 à Dury et le Potez 633 à Sacy-le-Grand (Oise).
Le 31 mai, la 7e DIC, positionnée devant Amiens, sur la gauche de la 4e DIC, est relevée par la 16e DI. C’est le 89e RI de cette division qui sera voisin du 2e RIC. Les relèves prévues entre la 7e DIC et la 16e DI sont effectuées dans les nuits du 1er au 2 juin et du 2 au 3 juin.
Le 31 mai, la 4e DIC est rattachée au 10e CA avec les 13e et 16e DI, et la 5e DIC positionnée en seconde ligne. Ce corps d’armée est sous les ordres de la 10e armée, nouvellement constituée pour tenir le front de la Somme d’Amiens jusqu’à la Manche. La 13e DI sera sous les ordres du 9e corps d’armée le 1e juin. A partir du 2 juin, la 24e DI renforce en seconde ligne le 10e corps d’armée, tandis que la 5e DIC sera transférée à l’ouest en renfort du 9e corps d’armée.
Il faut noter qu’à Glisy se trouve l’aérodrome d’Amiens-Glisy. Le 1er juin, un Junkers 88 (code F6+DK) de la 2.(F)/122 (escadrille de reconnaissance), en difficulté suite à une avarie du moteur gauche, se pose sur l’aérodrome.
L’équipage est fait prisonnier :
 Hey Rudolf : sous-lieutenant - chef de bord ;
 Kiess Erwin : adjudant - mécanicien de bord ;
 Lance - Glascher Erich : pilote ;  
 Giesa Wilhem : sergent – Radio.
L’avion volait en direction du nord. Il avait pris l'air à Gutersloh (Westphalie) et avait une mission de reconnaissance sur Dunkerque. Il a été probablement touché au-dessus de la Manche par le F/O Moberley du 616 Squadron à 10 h 00 du matin.
Le 3 juin, la Luftwaffe réalise l’opération Paula qui vise la région parisienne. Elle engage 500 avions qui bombardent 13 bases de l’Armée de l’Air, 22 centres ferroviaires et 15 usines de la région parisienne. Les avions allemands passent en trois vagues successives. La chasse française abat 26 avions, mais perd 33 appareils dont 16 au sol. Le résultat des bombardements est faible car les cibles ferroviaires ne sont gênées que 24 heures au maximum, et les usines n’accusent que des dégâts mineurs. C’est le moral des parisiens qui est le plus touché avec 906 blessés et 254 tués.
Le I/89e RI de la 16e DI doit aussi occuper une partie du secteur du 2e RIC, en l’occurrence Cagny et Longueau tenus par le II/2e RIC. Le I/2e RIC étend son front vers l’est en occupant Blangy (1re compagnie).  Le poste de commandement du bataillon est au sud de la route Amiens – Villers-Bretonneux.
La relève est la suivante :
 1re  compagnie du 89e RI  à Longueau derrière l’Avre ;
 2e compagnie (capitaine Bouzou) du 89e RI à Cagny ;
 3e compagnie du 89e RI au nord de Longueau derrière la Somme.
Le III/2e RIC est en seconde position avec le maintien de la 10e compagnie à Boves. Il porte la 11e compagnie à l’est du bois de Gentelles. La 9e compagnie occupe Fouencamp (2 sections), la ferme du Paraclet (1 section) et Cottenchy (1 section). Le poste de commandement du bataillon est à Fouencamp.
Le II/2e RIC est remplacé par les unités du I/89e RI et retiré en arrière.
Les relèves prévues sont effectuées dans les nuits du 1er au 2 juin et du 2 au 3 juin. Le groupement du lieutenant-colonel Fage (12e RAC) quitte Fouencamp. Il est remplacé par le groupement du commandant Galbert (306e RAL).
Il faut noter des tués dont Couriot Pierre le 29 mai, Houée Georges le 1er juin à Ailly-sur-Noye et Boschet Clément le 2 juin.
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MessageSujet: Re: Le 2e RIC en 1939-1940   Le 2e RIC en 1939-1940 EmptyMer 1 Avr 2015 - 19:32

L’OPERATION FALL ROT

Le 5 juin 1940 : l’attaque allemande

Au matin, l’armée allemande attaque sur l’ensemble du front dans le cadre du plan Fall Rot qui est la seconde phase de la campagne de mai-juin 1940 en France. Un des axes d’attaque débouche d’Amiens et frappe principalement la 16e DI française autour du village de Saint-Fuscien, appuyée par la 24e DI et le 12e Bataillon de Chars de Combat (BCC). Pendant 2 jours, les troupes françaises résistent héroïquement face aux assauts allemands constitués du XIVe corps blindé allemand constitué pour l’occasion des 9. et 10. Panzerdivisionen, de la 13. ID Motorisée, de la 9. ID et du IRGD (régiment motorisé Gross Deutschland). Cette résistance sera payée chèrement par les unités françaises.
L’ennemi attaque en force les positions de la 16e DI et du 89e RI, dont le poste de commandement au Chalet reste en liaison avec celui du 2e RIC toute la journée. L’artillerie du sous-secteur du 2e RIC effectue de nombreux tirs au profit du 89e RI.  L’attaque ennemie progresse, mais éprouve de sérieuses résistances à Saint-Fuscien et à Sains.
Le commandement français renforce les positions avec la 24e DI maintenue jusqu’alors en seconde ligne. Elle s’intercale entre la 16e DI et la 4e DIC. C’est le 78e RI, plus particulièrement le 1er bataillon, qui doit prendre contact avec le 2e RIC.
La 16e DI doit reculer et découvre la gauche du 2e RIC qui est encore en contact avec le 89e RI. Le 2e RIC doit aussi relever le 24e RTS au niveau de Blangy. Le sous-lieutenant Vasseur, de la 1re compagnie s’y porte avec sa section.
Ils sont attaqués le soir et le sous-lieutenant Vasseur est blessé ainsi que 2 hommes de sa section. Ils se replient ensuite à l’est de Blangy où doit se faire la liaison avec le 24e RTS.
Cette journée, le 2e RIC est impliqué dans les combats, même si l’effort allemand se porte sur la 16e DI. Le 2e RIC reçoit l’ordre de recueillir et de ravitailler les éléments du 89e RI qui sont coupés de leur division. La 4e DIC est au contact au nord avec les unités de la 9. ID allemande. Des chars ennemis se présentent devant Cottenchy. Le commandant du 89e RI, avec ses éléments régimentaires et la 9e compagnie du 2e RIC, assure la défense de la Noye au niveau de Paraclet-Cottenchy où se trouvent des éléments du IRGD et de la 9. ID allemande. La Noye est une rivière traversant le nord de l'Oise et le sud de la Somme. Elle coule Nord-Nord-Est avant de se jeter dans l'Avre à Boves.
Le commandant Delory du III/2e RIC se porte à Boves, dont il assure la défense face à l’ouest et au nord. Il prend sous ses ordres le I/89e RI, isolé de sa division à Longueau. La liaison étant rompue en fin de journée avec le 89e RI, le lieutenant Lemordant (10e compagnie) effectue, avec son groupe franc, une patrouille pour reprendre contact.

Le 2e RIC en 1939-1940 06styl10
Stèle commémorative des affrontements de juin 1940 installée à Glisy.

La situation du I/2e RIC derrière la Somme est inchangée même si des infiltrations ennemies sont signalées au cimetière de Glisy
Le soir, la 4e DIC est découverte à l’ouest suite au repli de la 16e DI. La 24e DI est engagée dans les combats. Le 2e RIC se retrouve en première ligne et il doit couvrir l’aile gauche de la 4e DIC.

Le 6 juin 1940 : le maintien des positions et repli vers Ailly-sur-Noye en soirée

Au lever du jour, l'offensive reprend sur Cagny. Les français n'ont presque plus de munitions. Le poste de commandement du 89e RI tombe vers 7h30, après une attaque allemande à la grenade. La section Lartigue, positionnée dans l'usine, isolée, tient jusqu'au soir. Il lui est ordonné de se replier vers Longueau.
Une patrouille ennemie est signalée sur Boves et des infiltrations allemandes sont signalées à Blangy dans l’après-midi. Ce jour, le général de Bazelaire de Ruppiere (commandant la division) et le général Quilichini (commandant de l'infanterie divisionnaire) visitent le front du 2e RIC.
Ce jour, l’avance allemande est laborieuse, la percée attendue n’est pas réalisée mais Estrées-sur-Noye est pris par l’IRGD. Aussi, la 7e DINA, à droite de la 4e DIC est contrainte au recul en fin de journée.
En cours de journée, suite au repli des unités françaises sur la gauche comme sur la droite de la 4e DIC, celle-ci se retrouve en pointe, en cours de débordement par les troupes allemandes.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, le régiment reçoit l’ordre de se replier au sud de la route Ailly Moreuil, à une vingtaine de kilomètres au sud d’Amiens. Le II/2e R.I.C. doit assurer la protection du repli en occupant la Noye du pont se trouvant au nord de Fouencamp jusqu’à Remiencourt, et en faisant sauter les ponts une fois le mouvement terminé.
Toute la journée, les hommes du 2e RIC n’ont rien cédé aux troupes allemandes de la 9e ID.

Le 7 juin 1940 : la destruction du II/2e RIC

Ce jour, les troupes allemandes du XIVe corps blindé ont percé devant Amiens et les 16e et 24e DI françaises sont contraintes au recul. Ce succès allemand oblige la 4e DIC et le 2e RIC à subir un recul jusqu’à l’Oise pendant lequel leurs forces vont inexorablement s’amenuiser devant la pression allemande.
Cette première phase des combats est déjà très meurtrière puisqu’elle a coûté près de 600 tués pour l’ensemble de la division. Ces lourdes pertes traduisent la violence des combats et la vaillance des coloniaux. On peut estimes les pertes pour le 2e RIC à environ 200 hommes pour les 5 et 6 juin.
Le 2e RIC va assumer la protection du recul en retardant l'avance ennemie, ou en se portant au secours d'unités amies, puis sera au tour du 24e RTS d'assurer le repli à pied de la 4e DIC. La progression s'effectue à travers champs, par unités constituées, par groupes, sous-groupes, ou colonnes hétéroclites. Les routes quant à elles sont encombrées de toutes sortes de véhicules, de convois hippomobiles de cinq divisions, ainsi que de nombreux civils  en fuite.
C'est une mission d'arrière-garde et de sacrifice, qui mènera le régiment des bords de la Somme à ceux de l'Oise.
La première étape est Ailly-sur-Noye à environ 18 km au Sud d’Amiens.
Les mouvements des I/2e RIC et III/2e RIC ainsi que d’éléments du 89e R.I. s’effectuent sans incidents sous la protection du II/2e RIC.

I/2e RIC
Le I/2e RIC se rassemble au bois d’Ailly, en liaison à gauche avec le 78e RI à Ailly-sur-Noye. A  sa droite, occupation de la Briqueterie en liaison avec le III/2e RIC. La 2e compagnie est à Louvrechy.
En cours de journée, le I/2e RIC a la 1re compagnie au Nord de Bigny , la 2e compagnie et le poste de commandement du bataillon à la Carrière de Corcelle, et la 3e compagnie à La Faloise. Cette localité jouxte le Nord du département de l’Oise.

II/2e RIC
Il couvre le repli du régiment mais la 5e compagnie est accrochée, vers 8 heures au Sud-est de Louvrechy. Le lieutenant Robert, blessé, est évacué par le 24e RTS.
A la fin de la matinée, le II/2e RIC est entièrement aux prises avec l’ennemi. Vers 14 heures, le commandant Bloin rend compte par T.S.F. que le cercle se resserre autour de Remiencourt. Le sous-lieutenant Fetis, de la 7e compagnie, est tué. La 7e compagnie et la CA 2 (compagnie d’accompagnement du II/2e RIC), par leur résistance acharnée, obligent les Allemands à conquérir le village de Remiencourt, maison par maison. Le combat prend fin au pont sud où le peloton Capèle, après une belle défense sera anéanti.
Le sous-lieutenant Paul Fetis est né le 28 mars 1917 à St-Leu, avant-guerre il était instituteur. Grâce à son niveau d'étude et après avoir suivi une formation à Saint-Maixent durant son service militaire, il est nommé sous-lieutenant à la déclaration de guerre. Chef de section à la 7e compagnie du 2e RIC, décède ce jour à Remiencourt. Il recevra à titre posthume la Croix de guerre 39/40 avec une citation à l'ordre de l'Armée.
La 6e compagnie du lieutenant Benoît, dans le bois de Bucail, après une résistance héroïque, subit le même sort que la 7e compagnie.
Une partie de la 5e compagnie atteint Rouvrel, occupé par le 74e GRDI. Une section est faite prisonnière au bois de Manhoutlin. Vers 18 heures, le 74e GRDI abandonne Rouvrel, enlevant ainsi toute possibilité aux éléments de Remiencourt de se replier. Néanmoins, deux sections de la 5e compagnie rejoignent Louvrechy, où se trouve le poste de commandement du régiment.
Du II/2e RIC ne reviendront qu'une centaine d'hommes. Le capitaine Aballain arrive au régiment et prend le commandement des éléments restants du II/2e RIC qui ont rejoint, encadrés par les lieutenants Vandenschrick de la 5e compagnie et Dubois de la CA 2. Le II/2e RIC a combattu les troupes de la 9e ID allemande.

III/2e RIC
Il occupe Merville au Bois avec les 9e, 10e compagnies et le poste de commandement du bataillon.

Les autres unités
Le Lieutenant Lebaudy, de la CRE (Compagnie Régimentaire d’Engins) est blessé par un éclat d’obus à Merville-au-Bois. La division demande d’occuper le cours de la Noye, de Ailly jusqu’à La Falloise, face à l’Ouest, en liaison avec le 78e RI. Le 24e RTS occupe Merville-au-Bois. Le poste de commandement du régiment est à Chirmont.
Ce jour, il faut noter que la 1e compagnie du 12e BCC, mis à la disposition de la 4e DIC, est localisé au Bois de Mougival , à 2 km au sud-ouest de Sauvillers, à l’arrière du 2e RIC.

Le 8 juin 1940 : le repli par La Faloise

Ce jour, la 4e DIC est de nouveau débordée à l’ouest sur sa gauche à cause du recul des unités voisines qui ont décroché au sud. Néanmoins, au matin, la liaison est rétablie avec le 78e RI.
Les troupes allemandes percent sur l’axe Breteuil, Saint-Just-en-Chaussée et Clermont qu’elles atteignent dans l’après-midi. La 4e DIC risque l’encerclement par le sud, d’autant qu’à l’est, sur sa droite, une colonne ennemie progresse de Péronne vers Estrées-Saint-Denis.
Le repli commence. Mais il relève bientôt da la mission impossible. On demande à ce qui reste du régiment, au combat depuis trois semaines, sans renfort ni relève, d’aller à pied plus vite que les colonnes motorisées allemandes.
A 11h, le commandement de la division prescrit de faire occuper Paillard, pour éviter un débordement par le sud. Deux sections de la 2e compagnie et 1 section de mitrailleuses de la CA 1 sont envoyées sur ce point qui est occupé par l’ennemi avant leur arrivée. A 14h00, le commandant de la CHR (Compagnie Hors Rang) rend compte que l’état-major du 10e corps d’armée signale la présence de l’ennemi à Breteuil et sa progression vers le Sud-Est.
A 13h15, le colonel commandant le 78e RI, se rend compte que son régiment est complètement isolé et découvert sur sa gauche. N'ayant plus aucune liaison avec ses chefs hiérarchiques, il décide de constituer un groupement autonome auquel il rattache les éléments isolés se trouvant dans son rayon d'action. Ce groupement comprend le 78e RI, des éléments du 63e RI, la 3e compagnie de chars du 12e BCC et un groupe d'artillerie de la 24e DI (II/21e RAD).
Sa liaison étant assurée avec le général commandant la 4e DIC, il se porte auprès de ce dernier et lui rend compte que, malgré plusieurs attaques par chars et infanterie, le 78e RI tient fermement ses positions et que ses efforts pour entrer en liaison avec la 24e DI demeurent vains. Il se met donc à la disposition de la 4e DIC.
Depuis les premières heures de la matinée, le 78e RI est, à l'est, en contact très étroit avec le 2e RIC. A l'ouest, on aperçoit très nettement depuis midi les colonnes motorisées ennemies qui poussent en avant et débordent les positions françaises.

Le 2e RIC en 1939-1940 07beau10
Carte extraite du numéro 1/1970 de la Revue Historique des Armées, revue trimestrielle éditée par le Service Historique de la Défense (avec l’aimable autorisation du SHD)

A La Faloise, vers 6h, le chef du III/78e RI arrive à son poste de commandement de la Faloise et il prend contact avec le capitaine Le Guevel, de la 3e compagnie du 2e RIC, chef de la défense du village. Le chef du III/78e RI prend le commandement de cette défense. Les hommes du 2e RIC sont en train d’installer des barricades.
Les hommes de la 3e compagnie s’occupent de garder les issues du village et la 10e compagnie du III/78e RI assure la défense des hauteurs du village et du bois jouxtant La Faloise et la ferme du Bel Air. A 8h, un escadron du 28e GRDI de la 24e DI qui s’est replié du bois de Morienval s’installe dans le village.
A 13h15, un détachement motorisé ennemi tente d'aborder la lisière ouest. Il est arrêté par le capitaine Perrier du III/78e RI et repoussé par les chars français du 12e BCC. Ce détachement disparaît à partir de 14h45 pour ne plus reparaître.
Vers 15h, la 10e compagnie du III/78e RI va occuper le parc du château et les vergers à l'ouest du village.
A 16 heures, le lieutenant-colonel Rousseau va en liaison à la division.
A 17h, le 78e RI quitte la Noye et se replie dans le bois de la Faye. Revenant de l’état-major de la division vers 20h, le lieutenant-colonel Rousseau trouve le chemin barré par l’ennemi à l’entrée sud d’Esclainvillers. Il parvient à rejoindre Chirmont vers 22h, avec l’ordre de replier le régiment sur Quinquempoix (I/2e RIC) et Brunvillers (III/2e RIC et poste de commandement). Le mouvement commence aussitôt. L’ennemi a évacué Esclainvillers, mais occupe les environs. Le mouvement s’effectue sans difficulté jusqu’au sud de Coulemelle. Seule la 2e compagnie, qui voulait éviter Esclainvillers, s’est heurtée à des forces ennemies et a disparu.
A La Faloise, appuyé par un bombardement d'artillerie, un détachement ennemi tente, à partir de 17h, de s'emparer du parc du château ; repoussé par la 10e compagnie, il s'accroche au terrain aux abords de la ferme de Bel-Air. Le bombardement du village continue  jusqu'à 21h30.
Le décrochage des éléments du III/78e RI, prévu par ordre du colonel commence exactement à 21h45 par le poste de commandement du bataillon. Il se continue par celui de la compagnie du 2e RIC. A 22h30, l'ennemi s'empare de la partie nord-ouest du village et à 23h de la partie centrale. Cette nuit, la 4e DIC tente de gagner la région de Saint-Just. La marche est difficile et les routes encombrées avec les colonnes d’artillerie, les éléments du Train et les convois de ravitaillement de quatre divisions (4e DIC, 16e DI, 24e DI et 7e DINA).
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MessageSujet: Re: Le 2e RIC en 1939-1940   Le 2e RIC en 1939-1940 EmptyMer 1 Avr 2015 - 19:33

Le 9 juin 1940 : l’encerclement à Brunvillers et la percée vers l’Oise

Cette journée est très difficile avec des situations confuses. La 4e DIC sera cernée suite aux progressions allemandes venant d’Amiens et de Péronne.
Après Coulemelle, la seule route disponible est barrée par des convois d’artillerie lourde. Au petit jour, quelques voitures et motos réussissent à se frayer un passage et peuvent arriver au bois de la Merlière, où se trouvent le 16e RTS et des pionniers. Une partie des éléments de la compagnie de commandement et de la CRE atteint Brunvillers où elle ne tarde pas à être en contact avec l’ennemi. Le chef de bataillon Rezeau, chef d’Etat-major du régiment, assume le commandement du poste de commandement régimentaire à Brunvillers.
L’artillerie ennemie se montre très active sur la croupe du cimetière et les lisières sud de Sains. Le commandement de la 4e DIC demande aux 2e RIC et le 24e RTS de rejoindre Le Plessier sur St-Just. Les reconnaissances des éclaireurs motos indiquent que Crèvecoeur, Maignelay et Ravenel sont libres. Le colonel commandant le 16e RTS décide de profiter de l’occupation de Brunvillers par le 2e RIC pour faire écouler tout ce qui est possible par la route de Maignelay. Le mouvement commence aussitôt sous les feux de l’artillerie ennemie à la sortie de Sains.
Vers 14h00, il ne reste à Sains que les éléments régimentaires du 2e RIC. L’ordre leur est donné de se porte par Maignelay et Ravenel sur Le Plessier sur Saint-Just. Il en est de même pour les éléments se trouvant à Brunvillers.
Dans l’après-midi, la colonne allemande à l’ouest converge de Clermont vers Estrées-Saint-Denis. Elle réalise la jonction avec les troupes allemandes venant de l’est et l’encerclement de la 4e DIC ainsi que d’autres unités, principalement du 10e corps d’armée.
Le mouvement des éléments régimentaires s’effectue jusqu’à Ravenel où ils sont englobés dans la colonne du 24e RTS qui rejoint Angivillers. Le débouché du Plessier est interdit par l’ennemi. A l’arrivée à Angivillers, vers 15h00, le 24e RTS trouve le débouché de ce village également interdit vers le sud, l’est et l’ouest. Le I/2e RIC n’est plus en contact avec le régiment. Vers 19h, Angivillers commence à être bombardé et mitraillé. Il y a dans le village une grosse partie du 24e RTS, des éléments du 16e RTS et de nombreuses autres unités. D’accord avec le colonel commandant le 24e RTS, le 2e RIC décide d’attendre la nuit pour traverser les lignes allemandes à l’est d’Angivillers, le gros du 24e RTS agira ensuite en fonction des résultats. Angivillers se trouve à 20 km de l’Oise.
C'est ainsi que les débris des 24e, 16e RTS et du 2e RIC et d'autres formations n'appartenant pas à la division (10e RTM, 610e Pionniers, 78e RI) sont encerclés dans le secteur compris entre Angivillers et Erquinvillers (Oise).
Dans l’après-midi, les ponts de l’Oise sont détruits.
En cette fin d’après midi du 9 juin, ce qui reste des 2 bataillons encore existant du 2e RIC et du bataillon du 16e RTS sont bloqués dans les bois de Morlières et à Brunvillers, au nord de Saint-Just-en-Chaussée. Les survivants des autres bataillons du 16e RTS et le 24e RTS sont encerclés dans la région de Ravenel et Angivillers au nord d’Erquinvillers.
Les hommes sont à bout de force après 15 jours de combats incessants, et une difficile retraite à pied depuis la Somme. A 21h le commandant du 2e RIC, réunit tous les officiers des formations présentes dans le secteur et ordonne de forcer le passage vers le sud. Tout le matériel est détruit, les archives brûlées. Les bataillons doivent se fractionner en groupes de 30 à 50 hommes, avec pour chaque groupe un officier et un sous-officier. A 22h, les départs s'effectuent dans l'ordre suivant 2e RIC, 16e RTS, 24e RTS et éléments divers.
Le départ des éléments du 2e RIC s’effectue à 23h (une centaine d’hommes environ dont quelques isolés d’autres unités). Le lieutenant Hardoin de la CA 3 est tué par éclat d’obus vers 19h. Le médecin-chef du 2e RIC a de nombreux blessés à soigner. Les voitures demeurent à Angivillers. Le mouvement en direction du sud s’effectue à pied sans grande difficulté au travers des postes allemands même s’il faut noter une grande activité de fusées sur environ 10 km de profondeur.
Le III/2e RIC qui avait pu se décrocher vers 22h de Brunvillers tombe dans une forte troupe ennemie au passage de la voie ferrée Maignelay-Saint-Just. Le I/2e RIC qui s’était rassemblé dans le bois de la Morlière et n’avait pu en déboucher pour atteindre Quincampoix se trouve le soir du 9 juin encerclé dans le bois. Un certain nombre d’éléments aux ordres des capitaines Darcy, Le Guevel et Feyler, essaient de passer au travers. Les capitaines Darcy et Le Guevel sont capturés.
La nuit du 9 au 10 juin, rude, sera celle des derniers combats et de la fin du 4e DIC.

Le 10 juin 1940 : les rescapés traversent l’Oise

Bien qu’épuisés, les éléments encerclés à Saint-Just effectuent dans la nuit du 9 au 10 juin une attaque vers le sud pour sortir de la passe d’Angivillers et tenter de rejoindre les lignes françaises derrière l’Oise, au niveau de Pont-Sainte-Maxence. L’emplacement du front est d’ailleurs inconnu en raison de la rupture des contacts et des liaisons radio.
Les tentatives en direction de Lieuvillers par le 16e RTS et de Ravenel par le 2e RIC échouent. Les pertes sont très importantes. Les derniers éléments organisés des 2e RIC, 16e et 24e RTS se heurtent aux allemands qui tiennent les villages de Cressonsacq et d’Erquinvillers.
Les combats y sont âpres et les pertes sévères.
Les éléments qui ont obliqué vers l’est pendant l’attaque s’infiltrent entre Noroy et Erquinvillers. Pour cette action, la 4e DIC laisse un millier de morts, dont plus de six cents sénégalais. Les pertes pour le 2e RIC sont aussi importantes, de 200 à 300 hommes.
Vers 3h du matin, la colonne arrive à Mainbeville, au sud de Noroy, qui est seulement à 10 km de l’Oise. Mais l’ennemi occupe la partie est du village et se dirige vers le sud-est en direction de l’Oise. Le jour qui se lève et le terrain découvert ne permettent plus de continuer le mouvement. La colonne s’installe dans des boqueteaux au nord de Mainbeville. A partir de 5 à 6 heures et jusqu’au soir, les troupes allemandes défilent vers le sud à une dizaine de mètres de l’entrée du bois. Ces troupes n’ont pas l’air de se couvrir comme des éléments de premier échelon. Vers 19h, un soldat allemand d’une unité arrêtée sur le bas côté du chemin, pénètre dans le bois et tombe sur un de nos hommes et la colonne est faite prisonnière. Les troupes allemandes qui s’apprêtaient à cantonner dans le village, sont surprises de rencontrer un détachement français.
Des groupes isolés parviendront à rejoindre l’Oise pour rejoindre le 10e corps d’armée positionné sur la rive gauche de la rivière, au nord de Paris. En particulier la section de commandement de la 10e compagnie. Les pertes du 2e RIC sont très importantes.
Il faut narrer ce témoignage qui relativise la notion "Tué à l'ennemi ou au combat" lors de ces combats.
Ainsi Lucien Ropartz, caporal-chef au 2e Régiment d'Infanterie Coloniale, fait prisonnier à Angivillers au matin du 10 juin 1940, narre-t-il la marche vers la captivité au cours de cette journée : "Vers la fin de l'après-midi, son mouchoir sur la tête, notre camarade Dantan s'est trouvé mal. Il nous a suppliés de ne pas le laisser, craignant que les soldats l'achèvent. A plusieurs, à tour de rôle (les bonnes volontés ne manquaient heureusement pas), nous l'avons soutenu des deux côtés. A un moment donné, nous nous trouvions presqu'en fin de la colonne, Dantan a eu la force d'aller demander un peu d'eau à une sentinelle allemande qui lui a tendu son bidon et il s'est senti un peu mieux. Nous apercevions Montdidier sous un soleil déjà bas. Avant d'y arriver, il a fallu le porter et nous nous sommes trouvés tout à fait en queue de colonne. Le cœur gros, Barbédienne et moi avons dû laisser notre camarade au poste de la Croix-Rouge, juste à l'entrée de la ville. Nous avons dégrafé ses vêtements, il était sans connaissance. Nous avons essayé de nous faire comprendre aux soldats allemands de ce centre de secours, mais la sentinelle nous pressait. Il fallait que nous rejoignions nos camarades pour passer devant un groupe d'officiers allemands.
A mi-côte, une autre sentinelle menaçait de son fusil un de nos soldats debout, les bras en l'air, et qui, visiblement, ne pouvait plus marcher. Qu'est-il devenu ?
Nous avons passé notre première nuit de captivité dans un champ au haut de Montdidier. Le matin du 11 juin, de très bonne heure, à la sortie de ce campement, nous avons vu à notre droite une dizaine de corps de soldats français morts, allongés à plat ventre, la face contre terre. Ne les ayant pas vus la veille au soir, je pense qu'ils avaient été transportés là au cours de la nuit. Barbédienne, au risque de se faire attraper, est allé retourner la tête de l'un d'eux : c'était Dantan
."

Ce témoignage est cité dans « La drôle de guerre dans la Somme sept 39 / juin 1940, Remaugies - 6 juin 1940 - 9 juin 1996, Comité du Souvenir Français du canton de Montdidier, 1996, page 52 ».


EPILOGUE : LA RETRAITE

Au 10 juin, on peut considérer que le 2e RIC, comme la 4e DIC, suite aux combats précédent, ne présente plus de valeur combative. Les restes de la division sont rassemblés au sud de l’Oise (Persan-Beaumont à 25 km au sud-ouest de Senlis).
De la 4e DIC, il ne reste que la valeur d'un bataillon d'infanterie après l’échec de sa tentative de percée à Angivilliers qui se solda par de lourdes pertes et la capture de la plus grande partie de son infanterie. Malgré tout, quelques petits groupes parviennent à se regrouper entre Beaumont-sur-Oise et Boran, au niveau de la ligne Chauvineau. Elle se trouve confrontée à la 28. ID du VIIIe corps d’armée allemand.
La ligne Chauvineau est un ensemble de fortifications dont la construction a débuté juste avant la Seconde Guerre mondiale, destiné à la défense de Paris. Cette ligne se déploie en arc de cercle autour de Paris, sur une longueur de 130 km. Étudiée dès 1931 mais commencée qu'en 1939, sa réalisation fut trop tardive et trop sommaire pour avoir un rôle important en 1940.
La division, à part les éléments divisionnaires (parc d’artillerie, groupe sanitaire, état-major) peut encore compter sur le 2e RIC avec 200 hommes, le 16e RTS avec 260 hommes, le 24e RTS avec 400 hommes. Il reste aussi quelques éléments d’artillerie avec le II/12e RAC presque au complet, la 16e batterie du V/212e RAC, le VI/212e RAC, le III/351e RALP, le III/306e RAP ainsi que 3 à 4 pelotons du 74e GRDI.
Ces chiffres sont à nuancer car d'autres soldats rejoindront les jours suivants ou retrouveront la division, éléments épars du Groupe Sanitaire Divisionnaire, du Train, et du GRDI qui auront récupéré plusieurs soldats perdus.
Pour conserver à la division un reste d’efficacité, le chef de bataillon Seguin, chef d’état-major du 24e RTS, rassemble les débris de son régiment avec ceux du 2e RIC dans un groupement de circonstance. Ce groupement, dans le cadre de la 4e DIC, livre encore quelques combats en région parisienne avant de se replier sur l’Yerres le 13 juin.

Le 2e RIC en 1939-1940 08chau10
La ligne Chauvineau au 11 juin 1940

Le 12 juin, suite à l’offensive allemande et la percée sur la Somme, le 10e corps d’armée est détaché de la 10e armée. Avec le nouveau 25e corps d’armée, est constituée une nouvelle armée dite de « Paris » sous les ordres du général Héring. Cette armée doit tenir le front de l’Oise au nord de Paris (avec le 25e corps d’armée) et la Seine plus à l’ouest (avec le 10e corps d’armée). Les unités sous le commandement de l’ex 10e corps d’armée sont transférées au 1er corps d’armée (7e armée).
Le périple des rescapés du 2e RIC est lié à la retraite de la 4e DIC.
 Le 11 juin, le secteur compris entre L’Isle-Adam et Boran est tenu par les 16e DI, 4e DIC et 13e DI qui réalisent des travaux d’organisation sur la rive Sud de l’Oise. Les rescapés du 2e RIC tentent encore d’organiser une nouvelle ligne de défense. Le 74e GRDI combat au niveau de Viarmes, à côté de Beaumont sur Oise.
 Le 12 juin, la 4e DIC est en repli vers le sud en direction de Stains par Ecouen et Pierrefite, protégée par les 16e et 19e DI positionnées sur la ligne Chauvineau.
 Les 13 et 14 juin, passage de la Marne et repli vers la Seine à l’est de la région parisienne.
 Le 14 juin, la 4e DIC est au niveau de Villeneuve-Saint-Georges et de Montgeron, en rive droite de Seine. Elle retraite avec la 24e DI qui est au niveau de Brunoy.
 Le 15 juin, passage de la Seine au niveau de Ris-Orangis. La 4e DIC couvre le repli du 1e corps d’armée sur l’Yvette et Ris-Orangis. Ensuite, la 4e DIC retraite à pied par Courcouronnes, Mennecy, Chevannes et Boutigny-sur-Essonne.
 Le 16, passage de la Loire au niveau de Sully-sur-Loire défendu par la 3e DLI.
 Le 19 juin, les derniers éléments de la 4e DIC franchissent le Cher, et se retrouvent au niveau de Nouans-le-Fuzelier.
 A l’armistice, les derniers éléments de la division sont dans le Lot.

Il est encore à déplorer des pertes parmi les rares survivants comme Guichard Marcel le 16 juin dans le Loiret.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier le dépôt situé à Brest. Le 19 juin, Brest est investi par les troupes allemandes. La compagnie de commandement du dépôt  est mise sur pied de guerre ce jour mais se rend, ainsi que les autres unités françaises, le 20 juin.
L’effondrement du 2e RIC, comme de nombreuses autres unités, en quelques jours, montrent l’âpreté des combats sur la Somme. Ces combats n’ont fait que retarder brièvement l’avancée des armées allemandes en France. D’un effectif initial d’environ 3000 hommes, les pertes ont été supérieures à 90% en l’espace d’un mois. Ce terrible bilan prouve la combativité des troupes qui n’ont pas démérité face à un adversaire redoutable.
Après ces combats, 150 survivants reforment le régiment au sein de l’armée d’armistice le 1er septembre 1940, à Perpignan.
Une colonne de camion rejoindra Perpignan directement. La majeure partie du GRDI 74 rejoindra Tarbes où il est dissous le 1e juillet 1940. Il sera formé deux bataillons, l'un africain avec les restes des 16e et 24e RTS, le 623e Régiment de Pionniers Sénégalais; l'autre européen avec le demi-escadron du GRDI, les tringlots (arme du train) devenus fantassins, des soldats du dépôt 179 et les hommes rescapés du 2e RIC.


SOURCES PRINCIPALES

 JMO du 2e RIC : extraits
 Notice sur la 7e DIC dans la campagne de France (1939-1940)
 Mémorial des groupes de reconnaissance (1956) : historique du 74e GRDI
 REVUE HISTORIQUE DE L’ARMEE : La percée allemande au sud d’Amiens (1970 – n°1)
 Extrait de l’allocution prononcée le 24 mai 1992 par le Colonel (ER) Bougrat, Président de l’Amicale des Anciens des 2ème RIMA, 2ème RIC, 2ème BFL et des TDM de la Sarthe.
 Pour l’opération Sarre : Association Historique de Kalhausen.  
 Pour l’aviation : www.cieldegloire.com
 Pour l’armée allemande : Lexikon der Wehrmacht
 Pour l’armée française : www.atf40.fr
 Pour la ligne Chauvineau : http://lignechauvineau.free.fr/
 memorial-genweb.org ;
 Blitzkrieg à l’ouest : Jean-Paul Pallud (éditions Heimdal) ;
 La bataille au sud d'Amiens : Pierre Vasselle (1947).

Je tiens à remercier le Service Historique de la Défense pour son autorisation à la publication d’extrait de sa revue 1/1970.
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MessageSujet: Re: Le 2e RIC en 1939-1940   Le 2e RIC en 1939-1940 EmptyMer 1 Avr 2015 - 19:33

ANNEXE : encadrement du 2e RIC

Etat-major
 Lieutenant-colonel De Negreval : commandant du régiment (prisonnier) ;
 Lieutenant-colonel Rousseau : adjoint au commandant (prisonnier) ;
 Chef de Bataillon Rezeau : chef d’Etat-major (prisonnier) ;
 Médecin-chef Picot (prisonnier) ;
 Lieutenant Ricle : officier de renseignements (prisonnier) ;
 Lieutenant Colliot : officier de liaison, Z et Pionniers (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Hervier : officier de détails (prisonnier) ;
 Vétérinaire lieutenant Ollivier (libre).

Compagnie de Commandement (CDT)
 Capitaine Le Guen : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Lieutenant Landais : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Helias : chargé des transmissions (prisonnier).

Compagnie Régimentaire d’Engins (CRE)
 Capitaine Le Bihan : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Lieutenant Lebaudy : chef de section (blessé le 7 juin).

Compagnie Hors Rang (CHR)
 Lieutenant Voelkel : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Lieutenant Moinet : officier d’approvisionnement (libre) ;
 Lieutenant Luret : officier dépanneur (libre) ;
 Pharmacien Lieutenant Tomine (libre) ;
 Dentiste Lieutenant Trobas (libre).

I/2e RIC

 Chef de bataillon Pons : commandant du bataillon (prisonnier) ;
 Capitaine Kervalla : adjudant Major (tué le 26 mai) ;
 Lieutenant Guiot : officier adjoint (prisonnier) ;
 Médecin Lieutenant Quere (prisonnier).
1e compagnie
 Capitaine Darcy : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Lieutenant Bideau : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Macouin : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Vasseur : chef de section (blessé le 5 juin).
2e compagnie
 Lieutenant Coadou : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Lieutenant Cormier : chef de section (libre) ;
 Lieutenant Martineau : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Marsily : chef de section (prisonnier).
3e compagnie
 Capitaine Le Guevel : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Scherer : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Berthault : chef de section (prisonnier).
Compagnie d’Accompagnement 1 (CA1)
 Capitaine Feyler : commandant de compagnie (libre) ;
 Sous-lieutenant Volant : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Ravel : chef de section (libre).

II/2e RIC

 Chef de Bataillon Bloin : commandant du bataillon (prisonnier) ;
 Capitaine Gilbert : adjudant Major (prisonnier) ;
 Lieutenant Boucher : officier Adjoint (prisonnier) ;
 Médecin Lieutenant Le Hecho (prisonnier) ;
 Médecin Sous lieutenant Abghalle (libre).
5e compagnie
 Capitaine Le Saout : commandant de compagnie (tué le 25 mai) ;
 Lieutenant Vandenschrick : commandant la compagnie par intérim (libre) ;
 Lieutenant Robert : chef de section (blessé le 7 juin) ;
 Lieutenant Barc : chef de section (blessé le 25 mai) ;
 Sous-lieutenant Guillaume : chef de section (prisonnier).
6e compagnie
 Lieutenant Benoit : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Lieutenant Duclos : chef de section (prisonnier) ;
 Lieutenant Massy : chef de section (tué le 25/5).
7e compagnie
 Capitaine Gardebois : commandant de compagnie (tué le 25 mai) ;
 Lieutenant Gouriou : chef de section (prisonnier) ;
 Lieutenant Leblanc : chef de section (tué le 25 mai) ;
 Sous-lieutenant Fetis : chef de section (tué le 7 juin).
Compagnie d’Accompagnement 2 (CA2)
 Capitaine Mailloux : commandant de compagnie (prisonnier) ;
Lieutenant Dubois : chef de section (libre) ;
 Lieutenant Blanchet : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Le Saux : chef de section (prisonnier).

III/2e RIC

 Chef de Bataillon Delory : commandant du bataillon (prisonnier) ;
 Capitaine Cauret : adjudant Major (prisonnier) ;
 Lieutenant Gaignerot : officier-Adjoint (prisonnier) ;
 Médecin Lieutenant Daniel (prisonnier).
9e compagnie
 Lieutenant Lichou : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Lieutenant Labat : chef de section (libre) ;
 Sous-lieutenant Poulet : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Pape : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Le Lay : chef de section (prisonnier).
10e compagnie
 Capitaine Godec : commandant de compagnie (prisonnier) ;
Lieutenant Phipps : chef de section (prisonnier) ;
Lieutenant Lemordant : chef de section (libre) ;
 Aspirant Cessou : chef de section (prisonnier).
11e compagnie
Lieutenant Rougier : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Le Foulgoc : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Perrodo : chef de section (évacué le 28 mai).
Compagnie d’Accompagnement 3 (CA3)
 Capitaine Pont : commandant de compagnie (prisonnier) ;
 Lieutenant Hardouin : chef de section (tué le 9 juin) ;
 Sous-lieutenant Simon : chef de section (prisonnier) ;
 Sous-lieutenant Vandervinck : chef de section (libre) ;
 Capitaine Aballain : commandant le II/4e RIC au 7 juin.

Unités rattachées

13e compagnie de Pionniers
 Capitaine Michel : commandant de compagnie ;
 Lieutenant Verdier : chef de section ;
 Sous-lieutenant Le Doare : chef de section.

Compagnie divisionnaire antichars (14e compagnie depuis mai 1940)
 Lieutenant Cournot : chef de section (libre) ;
 Sous-lieutenant X : chef de section (prisonnier).
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