Bonjour,
je me permets de poster un essai d'historique concernant le 2° RIC en 1939-1940.
Bien sûr, toute observation, correction ou ajout seront les bienvenus pour enrichir la connaissance sur cette unité.
ESSAI D’HISTORIQUE DU 2e RIC EN 1939-1940
PRESENTATION DU 2e RICLe 2e RIC est une unité de la 4e DIC (Division d'Infanterie Coloniale). C’est une division d’active, commandée par le général De Bazelaire de Ruppiere, composée des unités suivantes à la mobilisation :
2e RIC (Brest) : il est implanté à la caserne Fautras qui a été détruite à la libération de Brest en 1944.
Compagnie divisionnaire de pionniers (13e compagnie du 2e RIC)
16e RTS (Montauban) ;
24e RTS (Perpignan) ;
12e RAC (Agen) et 212e RALC ; 10e BDAC du 12e RAC; Parc d'artillerie divisionnaire 74
74e GRDI (Tarbes) ;
Santé : 74e GSD (groupe sanitaire divisionnaire) ;
Train : compagnie hippomobile de QG 74/17 ; compagnie auto de QG n° 174/17
Génie : bataillon de sapeurs-mineurs n° 74, qui donnera les compagnies de sapeurs mineurs 74/1 et 74/2 ; compagnie fil n° 74 puis 74/81, compagnie radio n° 74 puis 74/82
Intendance : Service des subsistances n° 74 puis GEDIC (groupe d’exploitation divisionnaire d’infanterie coloniale) n° 74/17.
Le général Quilichini est le commandant de l'infanterie divisionnaire. Il sera remplacé par le colonel Pripux.
L’encadrement du 2e RIC est le suivant :
2e RIC : Lieutenant-colonel De Negreval ;
I/2e RIC : chef de bataillon Pons ;
II/2e RIC : chef de bataillon Bloin puis capitaine Aballain au 7 juin ;
III/2e RIC : chef de bataillon Delory.
En annexe est détaillé l’encadrement du 2e RIC.
L’effectif théorique est le suivant :
3076 hommes dont 81 officiers, 342 sous-officiers, 317 caporaux, 2 359 soldats ;
48 mitrailleuses, 113 fusils-mitrailleurs, 9 mortiers de 60, 8 mortiers de 81, 12 canons de 25 anti-chars, 146 lance-grenades VB ;
287 chevaux, 140 bicyclettes, 42 motos ;
9 chenillettes UE, 6 véhicules de liaison, 39 camionnettes, 5 camions ;
105 voiturettes, 12 avant-trains, 73 voitures hippomobiles.
La division ne recevra que le 9 mai sa Compagnie divisionnaire antichars (14e Cie du 2e RIC)
LA DROLE DE GUERREL’opération SarreEn septembre 1939, le 2e RIC, avec la 4e DIC, unité d’active, est engagé dans l’opération Sarre.
En cas d’invasion de la Pologne par l’Allemagne, un plan établi en 1938 par l’état-major prévoit de lancer une offensive entre le Luxembourg et le Rhin pour soulager l’armée polonaise.
Le plan a été suspendu après les accords de Munich. Il est remis à l'ordre du jour en septembre 1939. Dès le 24 juillet, des instructions sont envoyées par anticipation au groupe d'armées n° 2 composé des 3e, 4e et 5e armées.
Une semaine après le début de la Seconde Guerre mondiale, l'Etat-major français lance l'opération Sarre sous le commandement du général Faury. Les 3e, 4e et 5e armées avancent vers l'Allemagne dont les troupes sont engagées en Pologne.
L’essentiel de l’effort est fourni par la 4e armée du général Requin. Elle doit progresser de Rohrbach-lès-Bitche (à l'est de Sarreguemines) à Homburg (en Allemagne, au nord de Deux-Ponts ou Zweibrücken). Elle est couverte à l’ouest par la 3e armée qui doit réduire le saillant de la forêt de la Warndt. A l’est, elle est couverte par la 5e armée pour éviter tout débordement allemand.
Pour la 5e armée, seul le 8e corps d’armée commandé par le général Frère est concerné avec la 15e DIM et la 4e DIC.
La ligne Siegfried et la ligne Maginot sont distantes d’environ de 20 kilomètres. Les troupes allemandes, du Rhin à la Moselle, sont encadrées par la 1. Armee du général Erwin von Witzleben.
Les opérations de concentration se déroulent jusqu’au 8 septembre. La 21e DI prend en charge le secteur de Bliesbruck et de Frauenberg. Les 9e DIM (Division d’Infanterie Motorisée), 23e DI et 15e DIM prennent position entre Gros-Réderching et Bitche. Le 2e RIC débarque dans le pays de Bitche le 31 août 1939. La 4e DIC qui sera complètement rassemblée au camp de Bitche le 15, prendra en charge le secteur de Liederschiedt (Moselle), situé dans le pays de Bitche.
C'est le 9 septembre que les troupes françaises entrent en Allemagne. A 4h30 du matin, la 11e division d'infanterie, couverte sur ses flancs par deux autres divisions du 20e corps d’armée, commence son avance et progresse malgré les mines et les résistances allemandes, bien faibles au demeurant. A leur grand étonnement, l'Allemagne ne montre aucune résistance face à l'envahisseur français.
En traversant les villages allemands, les Français ne rencontrent aucune forme de résistance, mais certains secteurs sont minés par les allemands, ce qui retarde parfois les troupes françaises durant deux jours. La lente offensive française atteint son sommet le 12 septembre avec une pénétration de 8 kilomètres en Allemagne. Dans un village, une seule mitrailleuse allemande contint l'avance française pendant plus d'un jour.
Tandis que la 4e armée poursuit son avance, les 3e et 5e armées ne sont qu'en opérations préliminaires, consistant en reconnaissances et coups de main. L'offensive est stoppée le 14 septembre, le jour où Varsovie est encerclée. L’attaque que devait lancer la 3e armée en direction de Dillingen à partir de Bouzonville est annulée suite à l’effondrement de l'armée polonaise.
Le 21 septembre, le Généralissime Gamelin donne l'ordre de retraite en direction de la Ligne Maginot. Certains généraux comme Giraud ne sont pas d'accord car ils voient une occasion incroyable à saisir pour les forces françaises dans la Sarre. Le 17 octobre, les dernières forces françaises de couverture quittent le territoire allemand.
Le but de cette opération en Sarre était d'attirer sur le front des forces allemandes importantes pour soulager l'armée polonaise. La Pologne étant battue, les divisions allemandes sont transférées du front de l'Est vers le front Ouest. L'artillerie allemande est maintenant à portée des éléments avancés de la Ligne Maginot, et les avions de chasse de la Luftwaffe reviennent dans le ciel occidental.
La première armée allemande d’Erwin von Witzleben mène du 16 au 24 octobre une contre-offensive. La Wehrmacht entre en France mais n'occupe que quelques kilomètres carrés et ne progressera pas jusqu'au 10 mai 1940, date du début de l’offensive allemande. Cette contre-offensive fait 196 tués dans les troupes allemandes. Cet épisode est le seul combat d'une certaine envergure sur la frontière durant la drôle de guerre.
Opération Sarre (Association Historique de Kalhausen)
Même si cette opération ne s’est pas soldée par des combats proprement dits, les escarmouches, les mines et les tirs d’artillerie ont occasionné des pertes. Pour le 2e RIC, il est à déplorer les tués suivants :
Caugant Jean Marie (6e compagnie) : le 12 septembre 1939 ;
Duplenne Robert : le 13 septembre 1939 ;
Leport Prosper : le 08 septembre 1939 ;
Michel Gaston : le 23 septembre 1939 ;
Nevez Christophe (caporal) : le 13 septembre 1939.
Le secteur fortifié du Bas-RhinAprès la participation à « l’opération Sarre », la 4e DIC est affectée au 17e corps d’armée du général Noël, toujours dans le cadre de la 5e armée commandée par le général Bourret. Ce corps d’armée est en renforcement de la ligne Maginot au niveau du secteur fortifié du Bas-Rhin.
De la mi-novembre au début février, la division et le 2e RIC ont pour mission d’occuper la 2e ligne du secteur d’Erstein (environ 20 km au Sud de Strasbourg).
La mission est d'organiser et d'occuper les intervalles de la ligne Maginot en superposition des unités de forteresse qui occupent les ouvrages.
Le secteur fortifié du Bas-Rhin est une partie de la ligne Maginot, situé entre le secteur fortifié de Haguenau au nord et le secteur fortifié de Colmar au sud. Il forme une ligne le long de la rive gauche du Rhin, protégeant la ville de Strasbourg, entre Drusenheim et Diebolsheim. Les fortifications du secteur sont composées essentiellement de casemates d'infanterie le long du fleuve.
Le secteur, commandé par le général Vallée, est divisé en trois sous-secteurs fortifiés, avec les unités suivantes comme équipages des casemates ainsi que comme troupes d'intervalle stationnées entre ceux-ci après la mobilisation :
sous-secteur d'Herrlisheim : confié au 70e RIF (Régiment d'Infanterie de Forteresse) ;
sous-secteur de Strasbourg : confié au 172e RIF ;
sous-secteur d'Erstein : confié au 34e RIF et renforcé par la 4e DIC et le 2e RIC.
L'artillerie du secteur est composée du 155e régiment d'artillerie de position. A ces moyens se rajoutent le 237e RI (régiment d'infanterie de secteur fortifié), le 226e RI et le 205e RR (Régiment Régional), ces deux derniers régiments étant affectés à la place de Strasbourg.
Après avoir suivi le sort de leur division pendant les premiers mois de la guerre, les régiments sénégalais de la 4e DIC sont au début de l'hiver progressivement ramenés dans le midi de la France, afin d'épargner aux Africains les rigueurs de la mauvaise saison.
De même, les conducteurs sénégalais et malgaches en service dans certains RAC sont remplacés par du personnel métropolitain.
Pendant leur absence de la 4e DIC, les 16e et 24e RTS sont temporairement remplacés dans les rangs de celle-ci par la 52e DBMC (Demi-Brigade de Mitrailleurs Coloniaux), le 4e RIC et le RICM (Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc).
Le 5 mars 1940, le secteur change de nom, devenant la 103e DIF (Division d'Infanterie de Forteresse), perdant à cette occasion le sous-secteur d'Herrlisheim qui passe sous les ordres du secteur d’Haguenau.
Les ouvrages du secteur fortifié, en nombre fort restreint, consistent en des casemates d'importance modeste. L'organisation à réaliser par la 4e DIC comporte l'implantation, dans les intervalles, d'ouvrages légers en béton, ouvrages allant du béton pour canons de 25 mm ou 47 mm à celui pour fusils-mitrailleurs suivant un plan de feux émanant directement du commandement du corps d'armée.
Durant cette période le régiment eut à subir des froids rigoureux qui allèrent jusqu'à – 27° C et interrompirent presque complètement les travaux, le sol étant gelé jusqu'à 40 centimètres.
Il est à déplorer le décès de Stephan Auguste le 05 janvier 1940 à Matzenheim (67).
Le secteur fortifié de RohrbachA partir du début février, toujours dans le cadre de la 5e armée, la 4e DIC et le 2e RIC sont affectés en soutien du SF Rohrbach. Ce secteur est sous la responsabilité du 8e corps d’armée. Le secteur, commandé par le général Chastenet, est divisé en trois sous-secteurs fortifiés, avec les unités suivantes comme équipages des ouvrages et casemates ainsi que comme troupes d'intervalle stationnées entre ceux-ci après la mobilisation :
sous-secteur de Bining : confié au 166e RIF ;
sous-secteur du Légeret : confié au 153e RIF et renforcé par la 4e DIC et le 2e RIC;
sous-secteur de Bitche : confié au 37e RIF.
L'artillerie du secteur est composée des :
150e régiment d'artillerie de position (fournissant les artilleurs des ouvrages, ainsi que deux groupes de position ;
59e régiment d'artillerie mobile de forteresse (trois groupes tractés).
Le 2e RIC n’a pas été engagé durant cette période mais il est à noter le décès de Neybecker Pierre le 29 mars 1940.
La 4e DIC à Sarre-Union
A partir du 1e avril, la 4e DIC dont le poste de commandement est à Drulingen, est placée en réserve du Groupe d’Armée n° 2 aux environs de Sarre-Union dans le Nord-Ouest du Bas-Rhin.
Le 1er avril 1940, le 2e RIC est relevé par le 78e RI de la 24e DI.
En avril et début mai, les 1re, 4e, 5e, 6e et 7e DIC, qui sont toutes en réserve dans la zone des armées, sont réorganisées en opérant au sein de leur infanterie et de leur artillerie l'amalgame des unités mobilisées en métropole le 2 septembre 1939 et des renforts amenés, depuis, des colonies.
Pour la 4e DIC, les Régiments de Tirailleurs Sénégalais remontent du midi et sont réintégrés. Ces unités, créées à l’origine sur le type "Montagne", ont été transformées sur le type "Nord-Est". Les unités d’artillerie reçoivent aussi des contingents sénégalais. Le 24e RTS rejoint la division le 5 avril 1940.
Les unités de 4e DIC dont le 2e RIC sont encore utilisées pour améliorer les défenses de la ligne Maginot avec l'organisation des positions de combat, la construction de blockhaus et le creusement de fossés antichars.
Il faut noter le décès de Pleibier Yves le 8 avril 1940.
LA SITUATION FIN MAIFin mai, la situation des armées françaises est désespérée. Elles sont seules à poursuivre le combat. Les Hollandais ont capitulé le 15 mai et les Belges le 28. Dunkerque est tombée le 4 juin avec le rembarquement de la majeure partie des troupes anglaises.
L’armée française a perdu l’équivalent d’environ 30 divisions, dont les plus modernes. De plus, une dizaine d’unités doivent être totalement refondues suite aux précédents combats.
Le commandement français tente de créer un nouveau front sur les rives sud de la Somme et de l'Aisne à partir du 15 mai. Le front est constitué par des unités provenant des réserves, retirées des armées tenant la ligne Maginot ou reconstituées tant bien que mal dans l’urgence.
LES COMBATS SUR LA SOMMEDu 15 au 22 mai : le transfert sur le front de la SommeLa 4e DIC, placée en réserve, est désignée pour participer à la défense de la Somme. Elle est alertée le 15 mai et transférée à l’ouest à partir du 17 mai. La 4e DIC est mise à la disposition du 1e corps d’armée commandé par le général Sicard, lui-même subordonné à la 7e armée qui a pour mission de reconstituer un front sur la Somme.
La 7e armée est soutenu par les groupes de chasse I/4 (Curtiss H-75), et I/8 (Bloch 152). L’observation est réalisée par le GR I/35 (Potez 63.11).
Le 20 mai, Amiens est la cible de bombardements aériens menés par la Luftwaffe. Le même jour, le XIXe corps motorisé du général Heinz Guderian occupe Amiens et progresse vers Abbeville, sur la Somme. La 7. Panzer Division du général Erwin Rommel atteint les hauteurs stratégiques autour d'Arras.
Le XIXe corps motorisé de Guderian poursuit sa progression vers la mer. La 1. Panzer Division du général Friedrich Kirchner occupe Amiens. La ville d’Amiens était faiblement défendue, principalement par le 28e Régiment Régional qui est une troupe de territoriaux renforcée par deux sections de FT (8 engins). L’armée allemande crée dans la foulée une tête de pont au sud de la Somme au niveau d’Amiens. La ville d’Amiens était aussi défendue par des troupes anglaises, en l’occurrence un bataillon territorial, le 7e bataillon du Royal Sussex Régiment. Sur 581 hommes, 132 sont morts et 165 ont été faits prisonniers lors de ces combats.
A 19h00, la 2. Panzer Division occupe Abbeville. A 20 h, de ses escadrons atteint la côte de la Manche à Noyelles-sur-Mer, à environ 13 km au nord-ouest d'Abbeville.
Dans la nuit du 20 au 21 mai 1940, sur la rive droite de la Somme, les Allemands créent ainsi dans les lignes alliées un couloir d'une trentaine de kilomètres de large.
A la suite du XIXe corps, c’est le XIVe corps qui organise le front de la Somme, avec les 2., 29. et 13. ID (Infanterie Division), toutes motorisées.
L’armée allemande constitue six têtes de pont sur la rive sud de la Somme, à Péronne, Amiens, Corbie, Picquigny, Abbeville et Saint-Valéry-sur-Somme.
Les éléments motorisés de la 4e DIC parviennent à Ailly-sur-Noye le 18 mai sans incidents. Malheureusement, les convois ferroviaires de la division subissent des retards et des pertes à cause de l’activité de la Luftwaffe. Il est à noter les attaques aériennes à Vitry-le-François le 19 mai et à Breteuil le 21 mai. Avant son engagement, la 4e DIC a perdu 30 officiers et environ 200 hommes. Pour le 2e RIC, il est à noter le décès du sergent-chef Van Loren Louis et du soldat Guillou Yves le 20 mai.
Dès le 19 mai, le 74e GRDI et les pelotons motos des 2e RIC et 24e RTS tiennent les ponts sur l’Avre, puis ceux sur la Somme, de Camon à l’est des faubourgs d’Amiens à Chipilly à 25 kilomètres à l’est, après Corbie. A cette occasion, le contact est pris avec des unités de reconnaissance allemandes qui tentent de progresser vers le sud.
CAMON : chemin de halage et pont vers Longueau
Le 19, les premiers éléments de la division sont en cours de débarquement au sud de la Somme (Remiencourt). Mais en raison de l’avance allemande et de l’encombrement des gares, certains se réalisent plus au sud comme à Chantilly et Liancourt. Le 2e RIC se positionne à l’aile gauche de la division, en contact avec le 57e RICMS de la 7e DIC qui s’installe au sud d’Amiens.
Le 20 mai, les troupes allemandes investissent Amiens mais ils sont bloqués par les unités de la 4e DIC et du 2e RIC.
Les 20, 21 et 22 mai, au fur et à mesure de leur arrivée, les bataillons et batteries sont dirigés au nord, pour atteindre la Somme.
A gauche, le 2e RIC progresse en direction de Boves, Longueau et Glisy.
Au centre, le 24e RTS progresse par Gentelles pour occuper une ligne de Blangy à Aubigny. Cette localité est occupée par les allemands.
A l’est, le 16e RTS progresse par Villers-Bretonneux pour occuper une ligne de Corbie à Chipilly.
Les éléments de la division et du 2e RIC arrivent en ordre dispersé mais sont mis en ligne dès leur arrivée. Le 2e RIC occupe Boves, Cagny puis progresse vers la Somme en investissant Longueau et Glisy. Longueau jouxte Amiens mais en est séparé par la rivière Avre. Cagny est en rive gauche de l’Avre. C’est le point de jonction avec la 7e DIC (57e RICMS). Pendant ces 3 journées, les tentatives allemandes de progression sont toutes empêchées.
Le 21 mai, le GT 146/4 transporte la 14e CDAC du 2e RIC de Chantilly à Saint-Just-en-Chaussée.
Du 23 mai au 27 mai : les tentatives contre la tête de pont d’AmiensLa 4e DIC couvre à elle seule un front de près de 20 kilomètres, bordée à l'est par la 7e DINA. A l’ouest, devant Amiens, est positionnée la 7e DIC appartenant au 10e corps d’armée. Plus à l’ouest sont présentes les 5e DIC et 3e DLC.
D’autres unités d'infanterie (13e, 16e et 24e DI à l'ouest pour le 10e corps d’armée, 19e DI à l'est pour le 1er corps d’armée) viendront compléter ce dispositif.
La 4e DIC va être engagée dans deux opérations :
à l’est : 16e et 24e RTS pour résorber la tête de pont de Corbie (reprise d’Aubigny) ;
à l’ouest : 2e RIC engagé avec la 7e DIC pour résorber la tête de pont d’Amiens.
Front le 25 mai 1940
Le 2e RIC est engagé en direction de Boves et de Longueau. Du 24 au 27 mai, le 2e RIC tente sans succès de progresser vers d’Amiens conjointement avec la 7e DIC. Malheureusement, les moyens français sont insuffisants face à un adversaire qui se renforce de jour en jour, possédant de surcroit la supériorité aérienne malgré le sacrifice de l’armée de l’Air. Les attaques sont montées hâtivement, les combats sont souvent décousus et au détriment des troupes françaises qui subissent de lourdes pertes.
Le 24 mai, le II/2e RIC est installé à Cagny et à Longueau, en lisière de la ville d’Amiens. A Cagny, il combat avec le 77e GRDI (7e DIC). Ce jour, la 7e DIC attaque sans succès en direction d’Amiens. Le 2e RIC subit aussi des pertes, les accrochages avec les troupes allemandes, agressives, sont meurtriers.
Les unités du régiment, en particulier le II/2e RIC sont durement éprouvées. La 7e compagnie, cantonnée à Cagny du 24 au 26 mai 1940, est installée dans les locaux de la Maison St Joseph. Une cinquantaine d’hommes couchent au réfectoire, à la cuisine et dans la cave. Le 25 mai, en réaction à la contre-attaque française de la veille, les allemands réagissent et bombardent le village de Cagny. Dès les premiers obus, le capitaine Gardebois, commandant la 7e compagnie est tué devant le château, le lieutenant Huet du 77e GRDI est gravement blessé, et c'est dans la poussière et la fumée des éclatements de 105 que le médecin-lieutenant Bernard, venant de Saint-Fuscien, arrive à Cagny pour soigner et évacuer les blessés.
Ce même jour, le II/2e RIC, engagé aussi avec la 7e DIC, subit d’importantes pertes face à la résistance des troupes allemandes.
Au bout de ces quelques journées de combats, sans succès notable, le 2e RIC a perdu environ un tiers des effectifs. Ce constat démontre néanmoins l’ardeur des troupes engagées.
Pendant les combats, le dispositif était le suivant :
I/2e RIC : derrière la Somme de Glisy à Blangy exclu ;
II/2e RIC : Cagny et Longueau en lisière est d’Amiens avec le 77e GRDI de la 7e DIC ;
III/2e RIC : Boves (en seconde ligne).
La ville de Longueau a souffert de ces combats avec de nombreux tirs d’artillerie. Le 25 mai, le 74e GRDI se regroupe à Gentelles
Il est à déplorer les tués suivants :
Massy Jean : le 24 mai à Boves ;
Plassart Emile : le 25 mai ;
Gendrot Maurice : le 25 mai à Longueau ;
capitaine Le Saout : commandant la 5e compagnie : le 25 mai ;
lieutenant Massy : chef de section à la 6e compagnie : le 25 mai ;
capitaine Gardebois : commandant la 7e compagnie : le 25 mai à Cagny ;
lieutenant Leblanc : chef de section à la 7e compagnie : le 25 mai ;
Vincent Lucien : le 26 mai ;
capitaine Kervalla du I/2e RIC : le 26 mai ;
Bourgeois Jules : le 26 mai.
Cette liste est loin d’être complète. Les blessés sont encore plus nombreux.
Il faut noter l’attaque de la 7e DIC dans la matinée du 27 mai, avec l’ensemble de la division, pour s’emparer des faubourgs sud de la ville d’Amiens de Salouel à la Boutillerie. Cette attaque échoue à cause d’une importante résistance allemande. Le 2e RIC n’a été directement impliqué dans cette attaque.
Il faut aussi relater les combats du 24e RTS, voisin du 2e RIC. Le 24e RTS occupe la position centrale du système défensif de la 4e DIC, encadré à l'est par le 16e RTS, et à l'ouest par le 2e RIC. C'est à partir de Bois-l'Abbé, que le I/24e RTS reçoit pour mission de reprendre le village d'Aubigny, tête de pont de l'avancée allemande sur la Somme. Le village d'Aubigny sera pris après de violents combats au corps à corps le 24 mai, abandonné sous un déluge de bombes pour être en partie reconquis le 28 mai. L'attaque échouera faute d'un appui sérieux de l'artillerie et de la compagnie de chars mise à la disposition des tirailleurs. Au cours des combats du 24 mai, les soldats allemands, rendus furieux par leurs très lourdes pertes, achevèrent les sénégalais blessés qui n'avaient pu être évacués, ou qui n'avaient pu regagner leurs lignes. Au soir du 24 mai, le I/24e RTS comptait 4 officiers tués, 6 blessés, 40% des tirailleurs qui formaient le I/24e RTS ont été tués ou portés disparus, 50% des gradés sont hors de combat. Les pertes étaient telles que lors de l'attaque du 28 mai un bataillon mixte dut être constitué avec une compagnie prise sur l'effectif de chaque bataillon, 3e compagnie du I/24e RTS, 5e compagnie du II/24e RTS et 10e compagnie du III/24e RTS.