Bonjour,
je me permet de poster quelques informations sur cette unité que l'on qualifiait "de dernière chance".
Le 8 juin, l’état-major du 16° corps d’armée, rescapé de Dunkerque, reçoit l’ordre de reconstituer 4 divisions sur le type DLI (division légère d’infanterie) dont la 1° DLINA avec les éléments justement rescapés de Dunkerque.
Les éléments devant constituer cette division sont rassemblés dans la région de Bernay dans l’Eure. Le 9 juin, la 1° DLINA entame sa formation en Normandie, dans la région de Condé sur Noireau (ouest de l’Orne) et Trun sur la Dives avec les reliquats des 1° DMarocaine, 1°, 2°, 4° et 5° DINA, rapatriés de Dunkerque ou venus de la Belgique et du Nord par voie terrestre.
Cette division, sous les ordres du général Tarrit, ex commandant de la 1° DINA, comporte deux régiments d’infanterie : le 1° RMTM (régiment de marche de tirailleurs marocains) à deux bataillons et le 27° RTA à deux bataillons.
Le I/1° RMTM est formé avec les restes des 1° et 7° RTM. Le II/1° RMTM avec ceux des 2° et 3° RTM. Le régiment est sous les ordres du commandant Flamant issu du 1° RTM.
Le 27° RTA, sous les ordres du commandant Adam, regroupe les reliquats des 1°, 2°, 4° et 5° DINA. Les éléments du 13° et du 22° RTA entrent dans la composition du I/27° RTA.
Le 13 juin, la division est mise à la disposition du 16° corps d’armée commandé par le général Fagalde. Elle doit être renforcée par le 54° RANA qui reçoit ce jour même l’ordre de se mettre d’urgence à la disposition de la 1° DLINA. Il est aussitôt envoyé au front pour défendre des ponts sur la Dive. Il se porte dans cette direction à marche forcée mais ne dépasse pas l’Orne, au nord-est de Condé-sur-Noireau.
À partir du 8 juin 1940, le 54° RANA a été progressivement reconstitué à deux groupes de 75 hippomobiles. Il est reconstitué avec des éléments disparates provenant du 54° RANA, du 254° RANA et de la 4° Région Militaire qui ont été regroupés autour d’Auneuil. Son commandement reste confié au lieutenant-colonel Charles, le chef de corps du précédent 54° RANA.
Au 14 juin, la l° DLINA a mis sur pied 3 bataillons d'infanterie. Elle n’est pas encore dotée d’artillerie, ni de canons antichars ou antiaériens. En ce qui concerne le groupe de reconnaissance, le génie et les transmissions, elle possède à peu près les effectifs nécessaires mais pas de matériel adéquat.
Le 15 juin, le 95° GRDI est armé et apte au combat. La division est renforcée par un groupe de 75 mm du 54° RANA.
Dans la nuit du 15 au 16 juin, la division vient prendre position sur la Dives, à l’est de Falaise, entre Jort et Trun. Elle est encadrée au nord par la 43° DLI et au sud par la 17° DLI. Le 27° RTA tient le secteur nord du front de la division et le 1° RMTM le secteur sud. Le 54° RANA participe à la défense des points de passage de Jort et de Falaise ce jour.
En cas de repli, le 16° corps d’armée indique à la division l’axe suivant : Argentan- Ernée.
Le 16 dans l’après-midi, quelques contacts avec des éléments de reconnaissance allemands sont réalisés dans le secteur du 27° RTA. L’ordre de repli sur l’Orne est donné à minuit. La division doit venir s’installer entre Ménil-Hermei exclu et Argentan, le 27° RTA au nord jusqu’à Putanges inclus et le 1° RMTM au sud entre Ecouché et Argentan exclu, la ville devant être tenue par le 95° GRDI.
Lors du mouvement de repli, deux sections du 27° RTA sont sévèrement accrochées au nord de Putanges ; le reste du régiment vient occuper la position prévue.
Le 16 juin au soir, la 1° DLINA se compose de :
- 6 bataillons d’infanterie (dont deux en formation) ;
- 2 groupes d’artillerie de 75 du 54° RANA ;
- 9 canons antichars hippomobiles ;
- 95° groupe de reconnaissance divisionnaire (provenant de l’ex 5° DINA) ;
- une unité du Génie.
La division ne possède toujours pas de transmissions.
Le 17 à 4h00 du matin, le 54° RANA tient les ponts de Sainte-Croix à Argentan. A 14h00, la 1° DLINA apprend que l’ennemi est déjà à Carrouges, à 20 km en arrière de ses positions et que des éléments marchent sur Briouze et Flers, coupant toute retraite. Vers 18h30, des éléments du II/27° RTA ont des contacts à La Lande, les Yveteaux et Fromentel, à l’est de Briouze. Le dispositif de la 1° DLINA étant contourné par le sud, l’ordre de repli vers la forêt des Andaines est donné à 20h00. Le 27° RTA y est fait prisonnier le lendemain ; seuls quelques isolés parviendront à rejoindre la zone libre.
Le 54° RANA se replie sur ordre dans la soirée vers la forêt d’Andaines, puis se porte à l’ouest de la Mayenne, vers Andouillé et Mayenne.
Le 95° GRDI se replie sur Rennes mais une partie est faite prisonnière. Les rescapés seront faits prisonniers à leur tour à Alençon.
Le I/54° RANA est défait à Saint-Georges-Buttavent et Saint-Fraimbault dans la nuit du 18 au 19 juin. Le second groupe a été capturé en grande partie dans la région d’Ecouché le 17 au soir. Un petit détachement regroupant l’état-major du régiment (le chef de corps, 6 officiers, 5 sous-officiers et 13 hommes) échappe à l’encerclement le 19 juin. Ce détachement, par petites étapes, rejoint à pied le sud de la Loire et termine son repli à Le Blanc (Indre), à 450 km de là, le 7 juillet.
La dissolution officielle du 54° RANA est prononcée le 31 juillet 1940, à Draguignan.
Le 18 juin, la division a cessé d’exister comme unité constituée, comme les autres divisions du 16° corps d’armée, hâtivement reconstituées.
Je suis preneur de toute information, correction ou confirmation sur cette unité pour en améliorer la connaissance.
Merci d'avance, cordialement,
Rémy SCHERER