Bonjour à tous,
j'ai repris ce sujet et je vous soumets une nouvelle version pour un essai d'historique du 320° RACP.
C'est plus précis que la version initiale et quelques erreurs ont été corrigées.
Voici le nouveau texte :
FORMATIONLe 320° RACP (Régiment d’Artillerie Coloniale Porté) de réserve est formé à compter du 12 septembre 1939, à la suite du 310° RACP (formé le 10 septembre 1939), à partir d'éléments du 10° RACTTT (Régiment d'Artillerie Coloniale Tracté Tous Terrains). Les 310° et 320° RACP sont mis sur pied par le CMAC (Centre Mobilisateur d’Artillerie Coloniale) 321 du Rueil-Malmaison.
Il est constitué de 3 groupes numérotés VII à IX.
Avant la mobilisation, le 10° RACTT est affecté à la 3° DIC. A la mobilisation, il est mis à la disposition des réserves générales et sert de noyau à la formation des 310° et 320° RACP.
Le 10° RACTTT est une unité d’active, mise aussi sur pied par le CMAC 321 dont les groupes combattront au sein de plusieurs unités :
L'état-major et la BHR (batterie hors-rang) sont affectés en tant qu'éléments organiques au CEFS (corps expéditionnaire français en Scandinavie).
Le I° groupe est devenu 3° GAAC (Groupe Autonome d'Artillerie Coloniale) : 2° Division Légère de Chasseurs
Le II° groupe est devenu 2° GAAC : 1° Division Légère de Chasseurs
Le III° groupe est devenu 4° GAAC : 3° Division Légère d'Infanterie.
Le 10° RAC sera reconstitué en juin avec l'état-major, la BHR, les 3° et 4° GAAC dans le cadre de la 3° DLI.
Le 320° RACP est commandé par le lieutenant-colonel Dufour et il est constitué de 3 groupes :
VII/320° RACP : 19°, 20° et 21° batteries ;
VIII/320° RACP : commandé par le chef d'escadron Patier avec 22° (capitaine Beigbeder), 23° (capitaine Seraine) et 24° batteries (capitaine Carel);
IX/320° RACP : commandé par le chef d'escadron Besson avec 25°, 26° et 27° batteries.
A sa formation, le 320° RACP compte 12 officiers et 100 hommes d'active sur un effectif total de 1 531 hommes. C’est une unité de réserve A. Le régiment est doté de 36 canons de 75 mm à raison de 4 par batteries.
L’ARTILLERIE PORTEELors de la première guerre mondiale, le canon de 75 modèle 1897, conçu pour la traction hippomobile, s'avère inadapté à la traction automobile qui se généralise avec ses roues en bois à bandes de roulement métalliques et son absence de suspension, limitant la vitesse de déplacement à 8 km/h.
Pour palier ce problème, dès 1915, il est donc décidé de ne pas tracter le canon, mais de le porter sur un camion à plate-forme spécialement aménagée pour améliorer la mobilité de l’artillerie.
Ainsi, il est prévu de créer des unités d’artillerie armées du canon de 75 modèle 1897 et dotées de moyens de transport automobiles adéquats. Le but est de pouvoir concentrer rapidement de l’artillerie de campagne sur un point du front particulier, voire d’exploiter une percée éventuelle du front. Les véhicules utilisés sont principalement de provenance américaine avec des Jeffery type 4015 et des Nash Quad. Notons aussi des Panhard K 13 et des Latil TP. A la fin de la première guerre mondiale, l’armée française comprendra 32 RACP (régiment d’artillerie de campagne portée).
En 1929, il est dénombré 8 régiments d’artillerie portée : 301° (La Fère, 3° DI), 302° (Vernon, 5° DI), 305° (Besançon, 13° DI), 309° (Strasbourg, 43° DI), 353° (Clermont-Ferrand, 25° DI), 355° (Nantes, 21° DI), 361° (Commercy, 12° DI) et 363° (Draguignan).
Après mobilisation en septembre 1939, l’artillerie française met néanmoins sur pied 24 régiments d’artillerie portée. Un certain nombre seront modernisés en type tracté avant les combats de mai – juin 1940.
L'artillerie portée n'avait aucun avenir en 1940, sauf à la rigueur dans les TOE (théâtres d’opérations extérieurs). Pour la métropole, il s’agit d’utiliser le matériel existant en attendant une motorisation moderne avec des camions-tracteurs et des tracteurs tout-terrain.
Les véhicules porteurs sont équipés de deux rampes permettent de charger et de décharger les canons, à l'aide de cordages ou d'un treuil. Si cette solution améliore la mobilité des pièces par rapport à la traction hippomobile, elle complique néanmoins la tâche des artilleurs pour mettre la mise en œuvre des pièces car ces dernières doivent être ensuite amenées jusqu’à leurs emplacements avec des tracteurs de type agricole; eux aussi portés sur camions et qui doivent être déchargés comme les canons.
Ce concept, novateur et utile lors du premier conflit mondial, s’avère inadapté en 1939, avec le transport des pièces et des tracteurs s'effectuant sur des camions datant de la 1° guerre mondiale, dont la mobilité se limite aux voies carrossables et non à un emploi tout terrain.
Un groupe de 75 mm porté est composé de :
3 batteries de 4 pièces chacune ;
20 officiers, 62 sous-officiers, 459 hommes de troupes ;
13 voitures de liaison ;
16 tracteurs dont 13 de type agricole;
55 camions dont 24 camions porteurs et 19 camionnettes ;
5 remorques, 8 motocyclettes et 19 bicyclettes.
Une batterie est composée de :
2 lieutenants ou sous-lieutenants, 1 brigadier de tir, 1 chauffeur avec une voiture de liaison ;
4 pièces semblables comprenant chacune : 1 canon, 1 tracteur agricole, 1 camion porte canon avec accessoires, 1 camion porte tracteur avec munitions, 1 maréchal des logis chef de pièce, 5 servants, 2 chauffeurs haut-le pied, 1 brigadier chauffeur et 3 chauffeurs.
La 5° pièce comprend le service de l’entretien du matériel (un maréchal des logis mécanicien et 3 servants), l’équipe de dépannage (un sous-officier, 1 brigadier chauffeur, 2 servants, 1 chauffeur et 1 tracteur), la camionnette porte-mitrailleuse (1 brigadier, 2 servants et 1 chauffeur) et le transport du personnel, des accessoires et de l’encadrement (2 camions à personnel, 1 camion à accessoires, 3 brigadiers chauffeurs et 2 chauffeurs).
Il faut noter que les régiments d’artillerie portés sont mis à la disposition des corps d’armées en renforcement des moyens d’artillerie. Généralement, pendant les combats de mai – juin 1940, les RAP seront fractionnés par groupes au sein des troupes et donc combattront rarement regroupés.
LA DROLE DE GUERRELe 320° RACP est une unité de réserve générale, qui doit être rattachée à des corps d'armées, qui ensuite les affectent à telle ou telle grande unité en fonction des besoins.
Après sa formation à Rueil-Malmaison, le 320° RACP est affecté à la 5° armée. D’abord au 17° corps d’armée (du 14 octobre au 20 décembre, plus précisément au Secteur Fortifié du Bas-Rhin, près de Strasbourg. Le 17° corps d’armée comprend aussi la 62° DI.
Ensuite, du 20 décembre au 4 mai, le 320° RACP est affecté au 8° corps d'armée (5° armée), en renforcement de la 6° DIC, puis de la 4° DIC, et enfin de la 24° DI qui sont successivement positionnées au sous-secteur de Bining (SF Rohrbach). Le 12 mai 1940, il est remis en réserve du 8° corps d’armée.
Le VIII/320° RACP du Chef d'Escadron Patier stationne durant cette période à Illkirch-Graffenstaden, dans le Bas-Rhin, juste au sud de Strasbourg, puis à Bining et Lambach, à l’ouest de Bitche en Moselle.
Pendant cette période, il est à déplorer les décès des militaires suivants :
Meyer Alois : maréchal des logis (06 mars 1940) ;
Loin Georges Marcel : brigadier (22 mars 1940) à Phalsbourg (57) ;
Sonnier René : canonnier (27 avril 1940).
FIN MAI : TRANSFERT SUR LA LIGNE WEYGANDFin mai, la situation des armées françaises est désespérée. Elles sont seules à poursuivre le combat. Les Hollandais ont capitulé le 15 mai et les Belges le 28. Dunkerque tombe le 4 juin avec le rembarquement de la majeure partie des troupes anglaises.
L’armée française a perdu l’équivalent d’environ 30 divisions, dont les plus modernes. De plus, une dizaine d’unités doivent être totalement refondues suite aux précédents combats.
Le commandement français tente de créer un nouveau front sur les rives sud de la Somme et de l'Aisne à partir du 15 mai. Le front est reconstitué avec des unités provenant des réserves, retirées des armées tenant la ligne Maginot ou reconstituées tant bien que mal dans l’urgence.
Pour tenir ce front, Weygand prescrit une défense en profondeur, où les villages ou les points remarquables seront organisés en hérissons, où sera répartie l’artillerie divisionnaire, qui prendra sous ses feux croisés les pénétrations blindées. Le moral des combattants, ébranlés par les événements de mai, retrouve ses qualités de mordant et de ténacité, dés lors que ceux-ci se sentent commandés dans la bonne direction.
Dans ce cadre, le 320° RACP, retiré du front nord-est, est engagé sur le front du canal de l’Ailette et du canal Crozat à partir du 28 mai. Dans la nuit du 26 au 27 mai et la journée du 27, il embarque par voie ferrée (9 trains) à Saverne et Wasselonne et débarque le 28 à Noyon (VII/320° à priori), Ribécourt (IX/320° à priori), Compiègne (VIII/320° à priori), à la disposition de la 7° armée en cours de réorganisation.
Le 27 mai 1940, il faut noter le décès de Le Guen Robert.
Le 28 mai, le 320° RACP est mis à la disposition du 24° corps d’armée (7° armée). Le 29, le VIII/320° RACP est en soutien de la 29° DI (1° corps d’armée, 7° armée).
Jusqu’au 1° juin, les moyens du régiment sont repartis en renforcement entre le 1° corps d’armée (29° DI) sur la Somme (sud de Péronne) et le 24° corps d’armée (23° DI) sur le canal Crozat. A partir du 1° juin, la totalité du régiment appuie le 24° corps d’armée, en appui des 23° DI et 87° DIA.
Le VI/320° RACP et le IX/320° RACP sont en soutien de la 23° DI au nord de l’Oise, le VIII/320° RACP est en soutien de la 87° DIA, au sud de l’Oise, et plus particulièrement du 18° RTA (régiment de tirailleurs algériens). Le 24° corps d’armée est aussi renforcé par le 124° RAL et le I/195° RAL. La 11° DI est en second échelon. Les 23° DI et 87° DIA sont séparées par le canal Saint Quentin et l’Oise.
LES COMBATS SUR L’OISE ET LE CANAL DE L’AILETTELes 5 et 6 juin : la résistance française
Les 4 et 5 juin, les 3 groupes du 320° RACP exécutent de nombreux tirs d’arrêt sur l’Ailette et des tirs à vue sur des colonnes ennemies aux passages du canal de l’Oise à l’Aisne.
L'attaque allemande débute le 5 juin 1940 (opération Fall Rot) par de violents bombardements terrestres et aériens.
Puis quatre corps d'armée allemands, V AK et XXXXIV AK (6° armée du général von Reichenau) et XVIII AK et XXXXII AK (9° armée du général Strauß) du Heeresgruppe B (général von Bock), se lancent à l'assaut des positions françaises établies derrière le canal de l’Aisne et de l’Ailette. Les unités françaises concernées sont les 87° DIA, 7° DI et 28° DI Alpine.
La 87° DIA appartient au 24° corps d’armée (7° armée du général Frère) et les 7° DI et 28° DI Alpine sont affectées au 17° corps d’armée (6° armée du général Touchon).
Les assaillants parviennent à franchir le canal en plusieurs points au prix de lourdes pertes puis à contourner les premières lignes de défenses françaises qui résistent (Guny, Trosly-Loire…), ralentissant considérablement la progression allemande. Les combats sont particulièrement violents au nord dans le secteur de la 87° DIA, à la jonction avec la 23° DI, et au sud dans le secteur de la 28° DI Alpine, à la jonction avec la 7° DI.
Les allemands attaquent la 87° DIA à 4h00. Au nord de l'Oise, l'attaque ennemie est stoppée vers Tergnier par le 32° RI de la 23° DI, puis repoussée au soir. Au sud de l'Oise, les allemands ayant franchi le canal de l'Ailette à Bichancourt attaquent vers Varesnes et occupent la rive gauche de l'Oise face à Noyon.
Le 5 juin au soir, l'avancée allemande reste limitée. En certains points les Allemands ont été rejetés derrière le canal mais la 25. ID du XVIII AK est parvenue à progresser par Chavignon vers le Chemin des Dames et La Malmaison.
Dans la journée, les bombardements allemands sont nombreux sur Noyon et les environs. Vers 20h00, l’ennemi atteint les abords immédiats de Sempigny, du canal de l’Oise et de Noyon. La pression se relâche à partir de 21h00. Au sud de l'Oise, les allemands ayant franchi le canal de l'Ailette à Bichancourt attaquent vers Varesnes et occupent la rive gauche de l'Oise face à Noyon.
L’engagement et la destruction du VIII/320° RACP
Le 1° juin 1940, le VIII/320° RACP groupe est rattaché à la 87° DIA (Division d'Infanterie d'Afrique) et fait mouvement dans la nuit. Il s’installe le 2 juin dans la région de Bourguignon sous Coucy avec un observatoire à Saint Paul aux Bois et une liaison avec l’infanterie installée à Manicamp. Le poste de commandement est installé à Bourguignon, plus précisément au carrefour près de l'église. Le groupe est plus particulièrement dédié au 18° RTA.
Le VIII/320° RACP est intégré au secteur ouest de la 87° DIA avec le III/87° RAA (doté aussi de 75) aux ordres du lieutenant-colonel Mathieu, commandant du 87° RAA. Le poste de commandement avancé du lieutenant-colonel Mathieu est à la Rue de Noyon, à Saint-Paul-aux-Bois.
La 22° batterie, à l’extrême gauche du front, est positionnée au sud de Quierzy, à 300 m au nord de la ferme Du Monjet, à Quierzy, derrière le bois des Gravières. Elle se trouve à environ 4 km du pont de Bichancourt sur le canal de l’Ailette. Les deux autres batteries sont plus au sud, vers Bourguignon sous Coucy et Besmé.
Le 5 juin au matin, au nord, la 263 ID (463 IR, 483 IR et 485 IR) attaque en direction du nord-ouest, face à 23° DI avec les 463 et 483 IR, au niveau de Liez et de Tergnier.
Le 485 IR attaque en même temps le III/18° RTA. Il a pour mission de franchir le canal puis de traverser l’Oise, pour pénétrer les arrières de la 23° DI, en direction de Noyon.
Au sud, la 72 ID (105 IR, 124 IR et 266 IR) attaque les autres positions de la 87° DIA, le 266. IR à gauche, le 124. IR au centre, tous deux devant le I/18° RTA du commandant Delattre installé au quartier de Saint-Paul-aux-Bois. Le 105. IR est à droite devant le 9° Zouaves avec pour objectif les hauteurs de Blérancourt, Camelin-Le Fresne, Saint-Aubin.
La défense du 18° RTA est acharnée et les points d’appui résistent. Mais les assaillants contournent les points d’appui et s’infiltrent dans les positions françaises. Les pelotons de l’escadron monté du 87° GRDI, dirigés par le capitaine de Balincourt, sont envoyés en renfort entre le pont de Bichancourt et l’Oise. Après des pertes conséquentes, ils se replient sur Cuts et Mont de Choisy. Le 485 IR, confronté au III/18° RTA, franchit l’Oise au niveau de Bichancourt et de Manicamp, à la jonction de la 23° DI et de la 87° DIA.
Vers 8h00, les troupes allemandes ont atteint la ligne d’arrêt (Manicamp, Saint-Paul-aux-Bois). Les points d’appui résistent mais les allemands s’emparent d’une partie de Saint-Paul-aux-Bois. Les batteries des VIII/320° et III/87° tirent à vue. Les communications avec l’observatoire du clocher de Saint-Paul-aux-Bois sont interrompues. L’aspirant Liaux, du poste de commandement avancé du 87° RAA est porté disparu. Une liaison par moyen auto est réalisée vers 15h00 mais les allemands progressent entre les points d’appui.
Après plusieurs heures de combats, les allemands investissent Saint Paul aux Bois vers 14h00 et Manicamp vers 15h00. Vers 1600, la ferme Neuve, tenue par le I/18° RTA, est capturée.
Les premiers éléments ennemis arrivent alors au niveau du bois des Gravières. La 22° batterie assure dès lors sa propre défense avec une section du II/624° RP (Régiment de Pionniers) commandée par le sous lieutenant Evrard, mise à disposition du groupe le 3 juin, et quelques tirailleurs du 18° RTA rescapés des premières lignes. Les allemands cherchent à encercler la 22° batterie tandis que le bois des Gravières, situé immédiatement en avant de la batterie est occupé par les troupes allemandes.
Néanmoins, les communications téléphoniques entre les batteries et le poste de commandement avancé fonctionnent toute la journée grâce à quelques réparations.
Vers 16h00, le chef d'escadron Patier rejoint la 22° batterie et organise deux patrouilles de reconnaissance des positions ennemies en direction du nord-est, au niveau du bois des Gravières. Il prend la tête de la première, l'autre est commandée par le sous-lieutenant Evrard. Les patrouilles sont contraintes de se replier devant le feu ennemi. Le chef d'Escadron Patier (né en 1893 à Pont-du-Château, Puy-de-Dôme) et le sous-lieutenant Evrard sont portés disparus. Le canonnier Marcel Leviel (né en 1916 à La Faloise, Somme) de la 22° batterie est tué. Deux autres tués sont à déplorer à Bourguignon sous Coucy dont Euzen Jean-Marie, 33 ans, né à Rostégoff (Finistère). Le capitaine Carel, commandant la 24° batterie prend alors le commandement du groupe.
Vers 19h00, des avions ennemis attaquent en piqué neutralisant un moment les batteries. Aucun renfort n'arrive malgré les demandes. Seuls quelques hommes du 87° GRDI sont présents. A Blérancourt, les postes de commandement du 18° RTA et du 87° RA sont mis en état de défense car les allemands sont déjà au contact. Le 266 IR est à la ferme Neuve et le 124 IR à Saint Paul aux Bois.
Vers 20h30, la 22° batterie encerclée doit faire sauter ses tubes et abandonner sa position. Vers 21h00, l'ennemi attaque en direction de Besmé. L’encerclement se précisant, le personnel de la batterie se replie sur la batterie voisine, la 23°.
Les munitions commencent à manquer et l'encerclement par la droite se précise. Entre 21h45 et 22h30, les autres batteries du VIII/320° (23° et 24°) et du III/87° utilisent leurs dernières munitions. Le ravitaillement est impossible. De 6h30 à 22h30, le groupe a consommé 3800 coups. Les batteries sont obligées de se défendre avec les mitrailleuses.
Encerclées à leur tour en fin de soirée, les 23° et 24° batteries font sauter les tubes avec les derniers obus et le personnel rejoint les unités voisines. Le personnel en état de combattre, sous les ordres du capitaine Carel, se replie avec le II/17° RTA à Camelin Le Fresne. Les rescapés du groupe sont chargés de participer à la défense de la route de Cuts tenue par le 87° GRDI et des pionniers. Vers 3h00 du matin, les rescapés retraitent vers le sud en direction de Moulin-sous-Touvent.
A la Rue de Noyon, le poste de commandement des 18° RTA et 87° RAA, dans la ferme voisine, est mis en état de défense. Il est attaqué par les allemands dès 17h00. Toute la nuit, ce point d’appui, à Saint-Paul-aux-Bois, se défend. Pendant la nuit, les allemands attaquent Besmé vers 23h00, qui est totalement occupé vers 1h30 du matin.
Le 6 juin, l’attaque continue. Les éléments ennemis atteignent la route Besmé - Rue de Noyon. Une contre-attaque du 17° RTA fait 15 prisonniers. Vers 17h00, la 9° batterie du III/87° RAA, après avoir épuisé ses munitions et subi une attaque par avion. Encerclée, elle fait sauter ses pièces et se replie sur Blérancourt. Le 485 IR (263 ID) longe le canal latéral de l’Oise et progresse en direction de Noyon, entre la 23° DI et la 87° DIA.
Malgré la résistance, à 18h00 arrive l’ordre de repli général sur Blérancourt. Une contre-attaque est menée vers le sud de la Rue de Noyon pour se frayer un passage. A 22h30, le poste de commandement du 18° RTA se déplace vers Blérancourt, Saint-Paul-aux-Bois est en feu. Au soir, le 266 IR est au sud-est de Blérancourt et le 124 IR au sud de Saint Aubin. A21h00, l’ordre de décrocher parvient à la 87° DIA.
Le 7 à 1h00 du matin, le gros du détachement du 18° RTA arrive à Blérancourt. Le régiment est réduit à la valeur d’un bataillon. Il est reçu par des rafales de mitrailleuse et des tirs de canon. A Blérancourt, ordre est reçu de rejoindre la Croisette. Puis un officier du GRDI transmet l’ordre de passer l’Aisne au pont de Berneuil sur Aisne. Les rescapés sont bombardés en cours de route et l’Aisne est franchie vers 9h00. Le capitaine Carel, 24° batterie, se présente au poste de commandement régimentaire vers 14h00.
Le régiment était sans nouvelle du VIII/320° RACP depuis le 5 au soir. Le groupe est quasiment détruit au bout de deux jours de combats. Les rescapés rejoignent le centre de rassemblement d’artillerie d’Arcis sur Aube. Puis ils suivront la retraite du régiment vers le sud de la France.
Les VII et IX groupes soutiennent la 23° DI
La 23° DI est face à la 263. ID du V AK. L’attaque allemande se déclenche à la jonction des 23° DI et 87° DIA. Pour la 23° DI, c’est le 32° RI, positionné derrière le canal Crozat (dénommé aussi canal de Saint Quentin) qui est concerné, soutenu par le VII/320° RACP.
Le 32° RI est assailli par les 463 IR et 483 IR de la 263. ID du général Karl. Le 5 juin 1940, le 463. IR s’infiltre au nord entre Mennessis et Tergnier et le 483. IR au sud entre Vouël (commune de Tergnier) et Viry-Noureuil. Les combats durent toute la journée. Après de violentes contre-attaques, le 32° RI se rétablit sur le canal en fin de journée, verrouillant la route de Noyon par la rive nord de l'Oise. Les pertes ont été lourdes, une centaine de tués, le double chez les allemands.
Durant la journée, le VII/320° RACP intervient au niveau du canal de Saint Quentin et du pont de Condren, en soutien du 32° RI. Le canonnier Ayoul Emile est tué ce jour à Villequier-Aumont et à Morlincourt sont tués les canonniers Sevin René et Bonhomme Raymond.
Sur l'autre rive de l'Oise, le troisième régiment de la 263. ID, le 485. IR, a réussi à passer le canal de l'Ailette au pont de Bichancourt, tenu par le 18° RTA. Les assaillants s’infiltrent entre la 23° DI et la 87° DIA et ils atteignent en fin de journée Varesnes, sur la rive gauche de l’Oise, face à Noyon.
Le 6 juin, le 485. IR de la 263. ID franchit l'Oise entre Varesnes et Noyon. A 17h00, une contre-attaque du 25° GRCA et du 52° BMM (Bataillon de Mitrailleurs Motorisée), renforcés par la 2° compagnie du 1° BCC (bataillon de chars de combat) stoppe la progression allemande devant Morlincourt et permet la réoccupation des points de passages. Le poste de commandement de la 23° DI se replie à Beaurains lès Noyon, au nord-ouest de Noyon.
Du fait de l'avance des Panzers depuis Péronne en direction de Roye, la ville de Noyon est menacée par le nord. De plus, la 87° DIA se replie derrière l’Aisne, découvrant le flanc est de la 23° DI. Ainsi, au cours de la nuit du 6 au 7 juin, la 23° DI reçoit l'ordre de se replier sur la ligne Guiscard, Beaugies sous Bois, Mondescourt, Apilly avec le poste de commandement à Cuy, à l'ouest de Noyon.
Le repli de la division est contrarié par des infiltrations allemandes. Sur l'autre rive de l'Oise, le V AK qui attaque depuis La Fère est tenu un temps en échec devant Noyon par des contre-attaques françaises mais à l'aube du 7 juin, les 62. ID et 94. ID venant du nord et la 263. ID du sud-est resserrent l'étau sur Noyon. Les combats de rues opposent les fantassins allemands aux fantassins français jusqu'en début d'après-midi. La plupart des unités françaises parviennent à se replier, dont les VII et IX groupes du 320° RACP. En soirée, la 23° DI reçoit l’ordre de dégager le front de la 7° DIC pour atteindre dans la journée du 8 la région Thiescourt – Cannectancourt – massif de l’Ecouvillon et relever dans la nuit du 8 au 9 les élements de la 7° DIC qui tiennent l’Oise entre le Mont Renaud et Ribécourt. Noyon tombe aux mains du 5° AK le 7 juin au soir.
Le 8 juin, sous le couvert de la 7° DIC, la 23° DI effectue son mouvement de repli au sud. En journée, Soissons est pris par la 290. ID allemande.
Le 9 juin, le repli est prescrit vers le sud-ouest avec mission de passer l’Oise au sud de Compiègne, aux ponts de Lacroix Saint Ouen et de La Verberie, pour gagner ensuite la forêt de Compiègne. La ville de Compiègne est à la confluence de l’Oise et de l’Aisne. Si, au premier de ces deux ponts, le VII/320° RACP peut franchir la rivière, il n’en est pas de même au second. Là, le IX/320° RACP trouvant l’ouvrage routier détruit et l’itinéraire barré par l’ennemi, remonte vers le nord pour utiliser le pont de la voie ferrée, encore intact, sauvant son personnel (220 hommes) mais seulement une partie du matériel (5 canons et 16 véhicules). Lors du mouvement, Le Gall Jacques décède à Canly, localité en rive nord de l’Oise, proche de La Croix Saint Ouen ainsi que Guillaume René, lors de la retraite.
Une fois l’Oise franchie, Les VII/320° et IX/320° RACP, avec le II/124° RALCA, participent à la défense des passages de la rivière et du canal latéral, au niveau de la forêt de Laigue, entre Ribécourt et Compiègne.
LA RETRAITE DES VII ET IX GROUPESA partir du 10 juin, avec des moyens très réduits, le 320° RACP va entamer, avec le 24° corps d’armée, une longue et difficile retraite vers le sud de la France.
Malgré l’engagement de nouvelles unités comme la 7° DIC, le front français est contraint au recul. La 7° armée, débordée à l’est comme à l’ouest, est contrainte au recul. Elle va tenter de se rétablir au niveau de la ligne Chauvineau qu’elle atteint à partir du 10 juin.
La ligne Chauvineau est un ensemble de fortifications dont la construction a débuté juste avant la Seconde Guerre mondiale, destiné à la défense de Paris. Cette ligne se déploie en arc de cercle autour de Paris, sur une longueur de 130 km. Étudiée dès 1931 mais commencée qu'en 1939, sa réalisation fut trop tardive et trop sommaire pour avoir un rôle important en 1940.
Le 11 juin, la 23° DI cède à la 57° DI (24° corps d’armée), la 656° batterie antichars et le VII/320° RACP.
Le 24° corps d’armée s’installe dans la partie est de la ligne Chauvineau. Mais, sous la pression des avancées allemandes à l’ouest comme à l’est de la région parisienne, dans la nuit du 12 au 13 juin, la ligne Chauvineau est abandonnée. Les unités du 24° corps d’armée doivent se replier sur le canal de l’Ourcq et la Marne.
La 7° armée se replie vers la Seine. Les élements du 320° RACP passent la Marne à Meaux pour rejoindre la Seine. Le 13 juin, en cours de journée, La 33 ID allemande occupe Meaux. Le 24° corps d’armée replie vers la Seine avec les 87° DIA, 57° DI et 23° DI pour constituer une ligne d’arrêt sous la protection de la 3° DLI et la 239° DLI.
Le 14 juin, les VII et IX groupes du 320° RACP font mouvement vers la région de Fontainebleau, tenue par la 87° DIA.
Le 15, en début d'après-midi, la 87° DIA reçoit pour mission de couvrir l'embarquement des 3° DLI, 57° DI, 23° DI et 239° DLI. L'artillerie de la 23° DI, dont le IX/320° RACP, part avec la 57° DI. Vers 17h00, l'ennemi est au contact sur la Seine et vers Samois aux lisières nord de la forêt de Fontainebleau. Le 320° RACP, lié maintenant à la 57° DI, fait mouvement, les 15 et 16 juin, vers la Loire, au niveau de Gien.
La 23° DI est chargée de la défense de la Loire à Gien. Les premiers éléments de la division atteignent la ville dans la matinée du 16 juin.
Sous la protection des 3° DLI et 23° DI qui tiennent les têtes de pont de Sully sur Loire et de Gien, les autres unités du 24° corps d’armée passent la Loire et tentent de se réorganiser comme la 2° DLIC et la 87° DIA.
Dans l'après-midi du 17 juin, Gien est investi, la route de Briare est aux mains de l'ennemi. Les troupes françaises, retardées par les convois interminables de réfugiés auxquels elles sont mêlées, subissent les premiers assauts des troupes allemandes venant du nord. Les premiers accrochages ont lieu au nord de Gien, au niveau de La Gâcherie, de la Prise d'Eau et de la Bosserie. A 18 h 30, les troupes allemandes sont aux portes de la ville.
Les dernières unités françaises tentent de traverser la Loire comme le 9° RAC, des éléments de la 4° DLM, le 5° BCP et les quatre derniers chars de la compagnie de marche du 34° BCC. Ce qui reste du 5° BCP franchit le pont routier à 19h00 heures. Le 17, à 20h00, le dernier convoi militaire, constitué d’éléments de la 87° DIA, l’emprunte.
La traversée de Gien est aussi très difficile pour le 320° RACP. Le 17 juin, il perd 7 pièces de 75 portés, 30 véhicules et 100 hommes.
Il est à noter les décès suivants les 17 et 18 juin :
Dhalluin André (17/06/1940) ;
Lieutenant Nogaro Jean Bertrand (17/06/1940) à Gien, route d'Orléans, lieu-dit Saint-Pierre ;
Debril André Cornil Louis (18/06/1940) à Gien ;
Warest Gustave (18/06/1940).
Ensuite, jusqu’à l’armistice, les rescapés retraitent avec la 57° DI sur le Cher, l’Indre (région de Châteauroux) et la Creuse. On peut estimer que le régiment a alors perdu plus des deux tiers de son potentiel.
EPILOGUELes VII et IX groupes font sauter leurs pièces restantes le jour de l’armistice.
Le VIII/320° RACP est démobilisé à Montagrier (Dordogne) et Semalens (Tarn). Le 320° RACP est dissout en juillet 1940.
Malgré son implication et sa résistance dans les combats des 5 et 6 juin sur le canal de l’Ailette, comme les autres unités françaises, le 320° RACP a du subir ensuite une longue retraite qui a amenuisé son potentiel jour après jour. A l’armistice, le régiment n’était plus que l’ombre de lui-même. Son cas est malheureusement commun à celui aux autres unités françaises qui ont subit la pression allemande lors de la campagne de France.
Surtout n'hésitez pas à faire part de toute remarque, merci d'avance.
Cordialement
Rémy SCHERER