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| Guerres et Histoire Hors-série n°3, 20 uchronies militaires | |
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Louis Martel Commandant
Nombre de messages : 611 Localisation : Sud-ouest Date d'inscription : 13/06/2009
| Sujet: Guerres et Histoire Hors-série n°3, 20 uchronies militaires Sam 25 Nov 2017 - 13:39 | |
| Bonjour
Dix-huit uchronies et non vingt, un défaut bénin mais qui en annonce bien d'autres : - L'imprécision des termes et l'absence de définitions des notions (bataille, décisif, causalité en histoire) ou contestable puisqu'elle renvoie à l'idée fausse que l'histoire bascule (« bataille qui fait basculer l'Histoire » p113). Comment mener une réflexion sans en définir les bases ? - L'attribution de domaines et d'outils de l'Histoire, ou des sciences sociales, à l'uchronie : la cliométrie, (p29) « l'uchronie utilise d'abord son modèle de ressources »( p29, le « son »). - Le problème de la subjectivité et de l'anachronisme lié aux connaissances et à la compréhension du passé possédées par l'auteur. - La partialité du regard posé sur les autres discours sur le passé : l'histoire (mécaniste), le roman national, … . « L'Histoire est l'étude du changement. S'il ne se passait rien, il n'y aurait pas d'Histoire » (Jean Lopez, éditorial). Affirmation fausse : tant qu'il y a "passé", il y a matière pour l'historien. Affirmation aussi "légère" que celle de Francis Fukuyama annonçant en 1989 et 1991, l'arrivée d'une ère de paix globale et donc de la fin de l'histoire. - Problème du schéma explicatif : la causalité en Histoire. - Problème du point de vue « pousser les développements alternatifs, jusque loin dans le futur, et en fait jusqu'à notre présent » (p28). - Contradiction entre dénonciation d'une histoire « mécaniste »(p113) qui se veut scientifique, la volonté d'un retour à l'événementiel et aux Grands hommes et la revendication d'outils de modélisations statistiques issues de l'histoire économique (Cliométrie) ou le désir de « modéliser le comportement des acteurs »(p29). - Des affirmations historiquement fausses. Deux exemples parmi d'autres : « …, en 1940, Lord Gort, …, décide sans en avoir reçu l'ordre de se diriger vars la côte de la mer du Nord. Cette décision est absolument personnelle. » (p29). Le 24 mai, un message de Churchill autorise Lord Gort à se retirer vers la côte. Retrait demandé dès le 19. Sur Cannes : « l'armée romaine n'est pas seulement vaincue, mais détruite dans son intégralité : ... » et « … il ne reste pas un légionnaire à poursuivre ! ». Entre 12000 à 15000 soldats romains se replient sur Vénouse et Canusium. Seules huit des treize à dix-sept légions existantes en 216 av JC, participent à la bataille de Cannes. L'année suivant (215) il existe quatorze légions. La défaite Cannes ne met pas Rome à genoux.
Mais le défaut le plus incroyable pour une revue de vulgarisation historique et vu les signatures contenues, c'est la confusion entre le passé et l'histoire. Ce qui demande donc d'être démontré.
L'histoire peut se définir simplement par : le résultat du travail de l'historien (qui traditionnellement prends la forme d'un récit), et qu'il faut distinguer de l'Histoire : la discipline, le métier. Le passé est une notion plus complexe. Le passé est l'ensemble des vécus de l'homme ; individus, groupe, organisation ou communauté. (Il y a des passés individuels, des passés de groupe, communautaires ou d'organisation. Par exemple, l'Armée française, à un passé en temps qu'organisation mais aussi un passé en temps que communauté). Le passé est donc « une réalité révolue » qui contient aussi l'idée de résultat (le passé est la somme des vécus) et l'idée de déroulement temporel (agrégation de vécus qui ce succèdent) et celle d'un regard porté depuis le présent qui fait son unité et explique l'emploi du singulier J'ai relevé les traces explicites de cette confusion entre passé et histoire. J'invite tous les lecteurs à les vérifier en remplaçant le mot histoire par "résultat du travail de l'historien" puis par "réalité révolue" et conclure par lui-même laquelle convient le mieux. Dans l'article de Daniel Feldmann : - page 28, « Puisque l'uchronie explore une histoire virtuelle » (un passé virtuel) « l'uchronie doit débuter lorsque l'histoire diverge » (lorsque le passé diverge) « sont bel et bien des tournants de l'histoire » (tournants du passé) « qui viennent bouleverser absolument toute l'histoire » (bouleverser … le passé) - page 29, « Au lieu d'être celui qui comprend et raconte l'histoire » (comprend et raconte le passé) « et donc corriger les développements de l'histoire alternative » (d'un passé alternatif) « Et puis, l'histoire abonde d'auteurs prenant des décisions que l'on attends pas d'eux » (le passé abonde) dans l'article de Benoist Bihan : p113 « L'Histoire peut-elle basculer en une journée » ? (le passé peut-il basculer) p114 « L'Histoire peut, parfois, basculer (le passé peut, parfois, basculer) « Un succès français aurait changé l'Histoire » ( aurait changé le passé) p117 « mais aussi pour savoir si, en infléchissant l'Histoire, » (en infléchissant le passé)
Cette confusion entre passé et histoire montre le caractère erroné d'idées telles que "l'histoire bascule", "réécrire le passé", de "ce mettre dans la peau" ou "dans la tête", "d'effet papillon" ou de l'uchronie comme un outil pour l'historien. Il en découle aussi une difficulté à distinguer la limite entre l'Histoire et l'uchronie.
En conclusion, ce numéro peut impressionner le lecteur par les signatures qu'il comporte et les affirmations énoncées, pourtant il ne faut pas, car la vision de l'Histoire et du passé que ce numéro propose, montre un manque de rigueur et de recul.
Cordialement |
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