61e GRDI

Bonjour à tous,

je félicite d'abord Zouave9 pour cette recherche.

En consultant les listes de prisonniers, je suis tombé sur : Bigot Louis (né le 6 mars 1918) avec l'intitulé : 61°; Cav M (cavalier monté ?).

Je verrai si je trouve d'autres prisonniers susceptibles d'appartenir au 61° GRDI.

Cordialement.

Rémy SCHERER

Bonjour Rémy,

je vais rentrer dans la liste ce Louis BIGOT né le 06 mars 1918, une idée si du Nord ou Bourgogne? sans doute pas indiqué sur la liste?

encore merci pour ce rajout, cette unité me tient particulièrement à cœur,

amicalement

RV

Bonjour,

voici quelques hommes du 61ème GRDI en captivité au stalag IX A à Siegenheim, bauer kommando: debout à droite Louis GROS de Salornay (71), debout à gauche Roger MASSET de Massy (71)




amicalement

RV

Bonjour,

Voici un extrait du livre: Commandos et cinquième colonne en mai 1940_ la bataille de Longwy - par Pierre Ordioni, qui concerne un des fait important du 61ème GRDI.
 
chapitre III LONGWY (12-14 Mai 1940)
 
Le Régiment est en cantonnement d'alerte à Fillières et à Chenières. La pression allemande dans la région de Longwy s'accentue et l'ennemi s'est infiltré jusqu'au stade de Longwy. Les éléments de la Nième D.I. occupent Longwy (cette division est une division de réserve - pour ainsi dire, pas de cadres actifs). Son infanterie a un déplorable état d'esprit ; quand il y avait quartier libre les dimanches pendant la période de la " drôle de guerre " presque tous les hommes étaient ivres. Aussi, quand les Allemands se présentèrent devant Longwy, ils ne rencontrèrent qu'une faible résistance et bientôt, hélas, on eut sous les yeux le premier spectacle des troupes françaises en débandade.
Vers 15 heures, notre Général de Division reçoit de la 3e Armée, l'ordre de rétablir la situation. Comme elles le montreront toujours au cours de cette campagne, les unités sous les ordres du Général Petiet feront tout leur devoir.
Nous nous reportons à nouveau en avant de la ligne Maginot.
Dans ces journées des 13 et 14 Mai, les deux Bataillons n'étaient pas sous les ordres directs du Commandant L'Hotte.
En effet, la caractéristique de cette période Mai-Juin 1940 a été la formation presque continuelle de " Groupements tactiques ". Les bataillons du 2e R.D.P. étaient répartis dans ces groupements tactiques dont ils formaient l'élément principal renforcé par des éléments du 3e R.A.M., de l'Artillerie ou de la Brigade à cheval. Pendant les journées des 13-14, le P.C. du Régiment est transporté à Morfontaine où il assure les liaisons.
Nous étudierons donc les opérations effectuées respectivement par les 1er et 2e Bataillons.
1er Bataillon - Bataillon Henriet. - Arrivée à Chenières le 12, à 10 heures. Après deux jours de combat, deux nuits sans dormir, les hommes espèrent pouvoir souffler un peu, mais cet espoir sera de courte durée car déjà apparaissent quelques fuyards. A 23 heures, le Bataillon reçoit l'ordre suivant de la Nième D.I.
" Par ordre du Général commandant la 3e Armée, le Bataillon de D.P. de la 3e D.L.C. stationné en réserve d'armée à Chenières sera immédiatement mis en place en état d'alerte. "
Il en sera ainsi durant près d'un mois et demi où sans repos, sans sommeil, le régiment continuera à se battre, alerté et remontant en ligne chaque fois qu'après de dures journées il pouvait espérer prendre un repos bien gagné dans quelque tranquille ville.
A la fatigue du combat, il fallait ajouter celle que leur donnait un matériel automobile ancien et fatigué, matériel qu'ils arrivent, à force de patience, d'ingéniosité, de ténacité, à faire marcher quand même, mais au prix de quelles fatigues supplémentaires.
Et le plus admirable est que, chaque fois, ces hommes fourbus, harassés, repartent avec la même discipline, la même foi, le même courage que leurs aînés de la Grande Guerre.
Le 13, le matériel a été nettoyé, remis en état et tout le monde est sur le pont, prêt au branle-bas de combat.
A 11h30, le bataillon doit se porter sur une ligne de recueil entre Longwy et Haucourt. Départ à 12 heures.
L'élan magnifique des Dragons contraste avec l'aspect lamentable des fuyards que le Commandant Henriet et le Capitaine Goyet regroupent afin de les ramener au combat.
Le P.C. du Bataillon s'installe à Haucourt où le Bataillon essuie un violent tir de barrage. Liaison est prise avec le 61e G.R.D.I. La Nième D.I. ayant donné par erreur à ce G.R.D.I. l'ordre de repli, les Dragons avaient évacué le mont du bois de Châ ; ayant reçu des nouvelles instructions de l'Armée de tenir à outrance, ordre est donné au G.R.D.I. 61 de réoccuper son ancienne position.
Malheureusement quelques éléments légers allemands s'y étaient glissés. Il a fallu attaquer ce mont du bois de Châ aux pentes très abruptes et boisées. Après une courte préparation de notre artillerie le G.R.D.I. donna l'assaut. Il enleva brillamment le mont du bois de Châ et s'y réinstalla. La réaction allemande fut sévère et le valeureux Capitaine Thénard qui commandait l'Escadron hippo et qui avait eu une brillante conduite deux jours auparavant sur le Kirchberg au Luxembourg, fut tué d'un éclat d'obus au ventre.
Pendant que le 61e G.R.D.I. s'emparait du mont du bois de Châ le Bataillon Henriet recevait, à 14 heures, l'ordre de contre-attaquer avec comme objectif le ravin boisé qui borde au Sud le bois du Klop et le Mont du bois de Châ. La progression s'effectua sous un violent tir de barrage. A 15 heures, les objectifs sont atteints.
Aucun ennemi ne s'est manifesté dans les bois. Seulement quelques traces de combat : sépultures fraîches hâtivement faites, armes et équipements épars.
Vers 16 heures, ce qui reste de l'Escadron Dodelier, du 4e Spahis venant de la sortie Est de Longwy vers Herserange, vient remplacer le groupement Van Aertselaer et permet de resserrer un dispositif beaucoup trop étendu pour le bataillon.
Malgré un violent bombardement par l'artillerie ennemie, le Bataillon se maintient sur ses positions.
Il passe successivement sous les ordres du Commandant de l'I.D., de la D.I., du Colonel commandant le 22e, dont le P.C. est prés de la ferme Larrimond et qui paraît ne plus disposer d'aucun élément de son régiment, enfin du Général Petiet.
A 20 heures, les Spahis décrochent.
A 21 heures, progressant par le ravin à la lisière Est du bois de Longwy, un corps franc ennemi attaque, et se glissant entre le groupement Farnier et le G.R.D.I. 61, arrive jusqu'au P.C. du Bataillon.
Le Capitaine Goyet rassemble rapidement quelques hommes et gradés des transmissions et contre-attaque, en même temps que le peloton Weber, installé à la ferme Saint-Charles, ouvre le feu sur le flanc gauche de l'assaillant (l'officier allemand reste d'ailleurs sur le terrain, tué devant la ferme).
L'ennemi n'insiste pas et les fusées qu'il lance montrent qu'il glisse en direction Est-Sud-Est.
A 22 heures, un ordre de repli arrive et le 14 à 2 heures, le Bataillon repasse à Haucourt et se dirige sur Fillières où il doit cantonner et se reposer. Il y arrive vers 5 heures. A 8 heures, ordre de départ pour aller cantonner à Bertrameix. Arrivée à ce village vers 10 heures. Bertrameix étant occupé par des unités du train et de l'artillerie, le Bataillon doit attendre six heures avant de pouvoir s'y installer en cantonnement d'alerte.
2e Bataillon - Bataillon Larger. - Ce bataillon est à Fillières.
Le P.C. du Bataillon, parti de Fillières à 18h30 arrive à Laix vers 19h30.
L'Escadron Royère reste à Laix.
A 21 heures, le P.C. du Bataillon s'établit à Mexy où il relève le Capitaine Weygand qui l'attendait avec ses A.M.D.
A 20h30, l'Escadron Clavel s'avance sur l'axe Chenières-Haucourt pour se diriger ensuite sur Mexy.
Ce qui dépeint, hélas, la mentalité de trop nombreux combattants de cette guerre est la phrase qui accueillit le Lieutenant Clavel, s'approchant des lignes allemandes : " N'avancez pas, mon Lieutenant, les Allemands sont à 200 mètres ! "
Courir sus à l'ennemi, ou même l'attendre simplement de pied ferme et lui résister, semblait une chose extraordinaire...
A la même heure, l'escadron Montille va prendre position en lisière du bois de Rehon.
Son Escadron se trouve mélangé à des éléments de Spahis qui sont dans ce bois.
Vers 22h30, le Capitaine Hachette apporte un ordre mettant le bataillon aux ordres du Commandant de Spahis.


amicalement


RV

Bonjour à tous,

juste une précision concernant Clerbaut Paul :  né le 6 mars 1910 à Paris (15°), maréchal des logis (fait prisonnier).

Cordialement.

Rémy SCHERER

Bonjour,

Nouvelle information du jour, un descendant du cavalier de 2ème classe François Bouillé, m'indique qu'il fut blessé le 21 juin 1940 et interné au stalag XII, ce cavalier était originaire du département de la Loire,

amicalement
RV

Bonjour à tous,

juste une précision concernant Seguenot Fernand Alxis : né(e) le/en 24-01-1908 à St Pierre en Vaux (21 - Côte-d'Or, France) et tué par balle le 10-05-1940 (Soleuvre, Luxembourg).


Source : mémoire des hommes.


Cordialement.


Rémy SCHERER

Rebonjour,

j'ai oublié de préciser qu'il se pourrait que Seguenau et Seguenot soit la même personne.

Cordialement.

Rémy SCHERER

Merci Remy pour ces informations,

amicalement

RV

Voici un extrait d'une lettre envoyée par le capitaine Rouget, commandant l'escadron de mitrailleuses et d'engins au lieutenant Colonel de Longuemar qui venait de quitter le commandement du GR au moment de l'attaque du bois du Châ le 10 mai 1940, après la mort du capitaine Jacques Thénard.

Mon Colonel,
je suis profondément ému, mon camarade, mon ami de toujours, le brave Jacques a trouvé une mort glorieuse au bois du Châ, le 13 mai, vers 11heures. S'il est une consolation pour ceux qui restent, c'est de savoir qu'il n'a pas souffert et qu'il a rendu le dernier soupir dans les bras du père Derkenne (infirmier du GR) qui l'a administré. Il est enterré à Morfontaine, à coté de Voindrot, le cavalier qui l'accompagnait. Pendant ces journées des 10,11,12 et 13 mai, nous avons également perdu Segueneau, des motos, que vous veniez de nommer sous officier, tué d'une balle dans la tête à Soleuvre; Benninger, le chef des motos, que vous veniez de nommer chef.
En bléssés, une dizaine environ assez légers, dont Corcol, balle avec éclat d'obus dans la cuisse.
Nous n'étions pas arrivés dans le bois de Sélomont que l'ordre nous parvenait d'occuper immédiatement le bois du châ. Le 12, à 6 heures du matin, c'était chose faite pour les motorisés, les hippos n'étant venus en position qu'aux environs de 10 heures.
Journée relativement calme, mais bombardement très violent de tous les points d'appui. Une attaque ennemie refoule de la ferme Mercy au pied du mont, le bataillon Pfister; Mont Saint Martin tient, mais a perdu le contact avec les éléments de gauche. A 19 heures le peloton Rousseau et un G.M. partent reprendre le contact de l'ennemi et essayer de trouver une liaison. Le régiment de gauche tient toujours la citadelle mais a beaucoup d'éléments qui se replient.
Le 13 au matin, le bombardement est violent, partout à la fois, Mont Saint Martin ne tient plus, les destructions sautent, l'ennemi s'infiltre par les usines et progresse en direction de Longwy. Le bois du Châ (partie de l'escadron motos) et Herserange sont particulièrement marmités.
Des infiltrations sont signalées entre Verdier (escadron à cheval) et Thénard (escadron moto), on se mitraille de tous cotés, devant, à droite, à gauche, derrière.
Le G.R. est rattaché au 334. Langlaville est débordé, l'ennemi habite au bois de Keft (Est du Châ). Thénard se replie à flanc de coteau. Verdier ne souffre pas trop, mais est entouré. Le 334 donne l'ordre de décrocher; l'escadron Verdier garde la route Moulaine Herserange. Les motorisés sont rassemblés en point d'appui à Hautcourt.
Les Spahis renforcés de B.D.P. occupent les plateaux sud de Longwy.

...amicalement
RV

Voici un extrait d'une lettre envoyée par le cavalier Robert Cahen, au lieutenant Colonel de Longuemar qui venait de quitter le commandement du GR au moment de l'attaque du bois du Châ le 10 mai 1940, après la mort du capitaine Jacques Thénard.


Mon Colonel,
...le soir venu, on se prépare pour la nuit, puis l'on vient installer le téléphone qui nous relie au P.C. du régiment. La bataille n'arrête pas, tout le temps les mitrailleuses et F.M. tirent et je pense que le gros de la bataille est toujours sur la citadelle. La nuit venue on peut un peu se reposer; bien qu'il ne fasse pas chaud.
Maintenant les obus sont sur nous. Le jour n'est pas encore levé, le téléphone marche sans arrêt demandant divers renseignements. Entre autres, faire faire une reconnaissance dans les docks de la gare de marchandises qui se trouve à nos pieds en dessous. C'est l'aspirant de Breuil qui s'en charge. L'on tire des coups de feu quand il passe dans un des bâtiments. Le capitaine me donne l'ordre de me mettre en communication téléphonique avec le P.C. J'essaye de le joindre mais en vain. La ligne doit être coupée par les bombardements. Il me donne alors un pli pour porte au P.C. du régiment. Mais, il a déménagé, et personne ne sait ou il est. Je reviens vers le capitaine qui me dit d'essayer de me mettre en rapport téléphoniquement, l'on doit maintenant être relié. On subit un bombardement plus sérieux encore que jusqu'à présent. Un avion observateur est au dessus de nous, nos mitrailleuses anti-aériennes tirent dessus, il n'est pourtant pas très haut et l'on ne parvient pas à l'atteindre.
La sonnerie du téléphone retentit, je me précipite dessus, le M.D.L. Binninger est à mon coté couché près de l'appareil. Je ne comprends pas bien ce que l'on me demande. Lorsqu'un obus tombe en plein sur nous. J'ai l'impression d'être soulevé de terre et d'être dans un nuage de poussière. Lorsque j'ouvre les yeux l'appareil est hors d'usage, le micro coupé dans ma main. J'entends crier au secours c'est le M.D.L. Binninger qui a de nombreuses blessures, le capitaine est étendu au dessus du trou. j'ai l'impression d'avoir reçu un coup de fouet dans le dos et soudain je perds connaissance. Je sens que l'on me porte et pourtant je n'ai pas l'impression d'être touché. On me laisse tomber brutalement, je reprends connaissance. Les obus tombent de tous cotés et j'essaye de me cacher, je ne peux plus bouger. On me transporte dans la voiture sanitaire. Je m'aperçois alors que j'ai une plaie au ventre, à la jambe, au bras et à la tête. Binninger agonise, il est sérieusement touché par tout le corps. J'apprends que le capitaine Thénard a été tué.

Renseignements recueillis par le R.P. Derkenne (bénédictin) le 10 mai 1940:


Le lundi 13 mai, vers 10h15, je venais de porter le maréchal des logis Binninger à une ambulance. Au carrefour d'Herserange, le commandant de Poret me dit de porter au capitaine Thénard l'ordre de se replier. Je rencontre dans Herserange des hommes de l'escadron moto et je leur fais transmettre les ordres, tandis que je trouve mon auto. C'est à ce moment que passe l'agent de liaison Vilette, porteur de cet ordre au lieutenant Desbrosses. Je place l'auto dans la rue principale d'Herserange, de façon à recueillir éventuellement les blessés. J'attends un temps qui m'a paru très long, mais qui a dû être assez court, un quart d'heure.
Des hommes débouchent en me criant: "le capitaine Thénard est tué..." Je les renvoie chercher leurs motos et je monte dans le bois. Très vite le bas du radillon pierreux, le capitaine Thénard étendu, un homme près de lui.
Quand je le vis, je le jugeai perdu. Cependant, le buste intact, les traits pâles, il semblait conserver tout son calme, toute sa vie. Il respirait encore très régulièrement.
Je lui donbnai l'absolution et, ne pouvant l'emporter seul, je pris quelques papiers qu'il avait sur lui. Le cavalier Voindrot qui était à ses cotés était tué. Je pris son mousqueton, rejoignis l'autro et partis chercher une ambulance.
Je rencontrai le commandant auquel je fis part de l'affreuse nouvelle. Quand je revins quelques instants après, je trouvai Ledoux et quelques hommes qui avaient transporté le capiatine dans les maisons d'Herserange bordant la route.
Le capitaine respirait encore. J'essayai d'attirer son attention, mais en vain.
Sa tête, très belle, conservait son attitude noble et un peu majestueuse. Il rendit ainsi son âme à Dieu, sans aucune souffrance. Nous le mîmes dans la sanitaire et le transportâmes à Mortfontaine.
Le décès a été constaté par le G.S.O.58 qui s'est occupé de toutes les formalités.
J'ai pu, en compagnie des lieutenants Desbrosses et de Suremain, le saluer le 14 à 13 heures, étendu sur un suaire, à Mortfontaine, entre Voindrot et le capitaine de Scervat.
Il devait être enterré, après la cérémonie religieuse, en présence du Lieutenant Gagnerot, officier du détail, et du lieutenant Rousseau, toute autre présence ayant été interdite.
Le plan du cimetière de Mortfontaine permettra de retrouver sa tombe.

Extraits de lettres du Maréchal des Logis Besson (de Saint Loup de Varenne, 71) 

à sa mère, le 21 mai 1940, Besson a fait la relève du peloton, resté en avant le 17 octobre 1939, avec le capitaine Thénard, opération qui a valu la citation à l'ordre de la division de Thénard.

"Le coup du Luxembourg qui a été très pénible, parce que cinq nuits consécutives sans pouvoir fermer l'œil une seule seconde et dans la bagarre épouvantable est ce qu'il y aura de plus dur dans cette région. Je n'ai pas eu à le connaître, mais je me doute bien que le coup a tété dur en voyant à mon arrivée la tête de tout le monde. L'expédition était très dangereuse... Malgré cela, le G.R. ne compte que quatre morts et deux blessés. Le nombre est infime; quand à la valeur des morts, il n'en est pas de même. Une surtout m'a été très pénible et notre escadron motos en est très affecté; retrouver un tel capitaine, c'est bien difficile."

MDL Besson

Extraits de lettres du Maréchal des Logis Besson (de Saint Loup de Varenne, 71) 

à sa mère, le 25 mai 1940


"La mort de notre charmant capitaine vous a beaucoup boulversés aussi; le peu de temps qu'il avait passé à Saint Loup (de Varenne 71) vous avait cependant permis d'apprécier combien il pouvait être agréable de vivre avec un homme ayant autant de tact et de noblesse de vie. A la Ferté (71), sa mort doit être un véritable désastre.
"Je m'aperçois que maintenant, autant qu'avant, on brode beaucoup les histoires.
Vous m'avez souvent entendu dire au sujet de certains racontars : l'avez vous vu ? Qui prouve que c'est vrai. 
Quoique dans ce cas il n'y avait rein de méchant; au contraire.
Le capitaine a été blessé mortellement par un éclat d'obus le lundi 13 mai, entre 1h30 et 2 heures de l'après midi. Si vous vous rappelez bien, c'est à ce moment que je suis parti à la Ferté prendre les amitiés de sa famille pour les lui transmettre toutes fraîches à mon arrivée. Pendant ce même temps, le capitaine passait de vie à trépas. Blessé au bas-ventre d'un gros éclat, il est tombé inanimé, ayant cependant pu dire: "je suis touché au ventre" Et il n'a cessé de vivre qu'une heure après environ.
Le même jour, dans la matinée, deux petits éclats l'avaient déjà égratigné, l'un à la main, l'autre à la tête, mais sans aucune gravité.
Ce jour là avait été le plus terrible; les bombardements avaient été d'une intensité inouïe. Le départ de nos obus et l'arrivée des leurs marchaient, parait il, à la cadence de un à la seconde. Il est inimaginable que le G.R. ne s'en soit sorti qu'avec quatre morts et trois blessés, sans danger, du reste.
Comme je vous le disais, à mon arrivée, ces tristes nouvelles m'avaient mis dans un état d'infériorité assez poussé. Mais ça n'a pas duré; du reste, il ne s'agit pas de prendre maintenant une tête d'enterrement. Et puis mourir au champ d'honneur est la plus belle mort qui puisse existe. Les familles doivent y trouver là la plus belle consolation"

Bonjour,

voici un extrait du livre de Gilles GRANGER: Flash-Back, date de publication originale 1977, il fut  réalisateur de cinéma et aussi cavalier au 61ème GRDI:

« La guerre mondiale n’a commencé, vraiment commencé qu’après la trahison italienne, le virage du petit père Staline, les atrocités hitlériennes contre les juifs. Elle s’est épanouie avec l’arrivée tardive des Américains.
On les avait déjà vus en 1917. Clemenceau les accusait d’avoir saboté la paix. C’était un ami de mon père, Clemenceau. Dès 1919, il lui avait résumé son point de vue à sa façon -Foch est un âne. Wilson nous a roulé dans la farine. Dans vingt ans, ton fils ira à la riflette.
Le Tigre avait vu juste, et je me suis rappelé sa prédiction le jour où, nanti du célèbre fascicule bleu, j’allai rejoindre mon corps, un groupe de reconnaissance, le 61^e GRDI.
Cette prédiction me revint également le jour où j’ai été blessé…
Le 61^e GRDI a été cité à l’ordre de l’armée pour sa belle conduite en Belgique et au Luxembourg. Ce qui signifie qu’on a perdu le tiers de l’effectif et que depuis cette période, je me sens très nettement en sursis…
Me voilà prisonnier au camp de Limbourg, marqué dans le dos tel un bovin, avec mes compagnons de misère. (Les Français sont des veaux, devait dire plus tard Qui vous savez…) En déambulant sans but dans la cour du Stalag, je me récitais la litanie ironique des phrases ronflantes qui nous avaient conduits dans ce KG Corral… » nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts. » »la route du fer est coupée » »la ligne Maginot est là, plus forte que jamais, intacte, robuste, infranchissable. L’Allemagne se casserait toutes les dents sur cette ligne sans réussir à l’ébrécher… »
Bobards, propagande, bourrage de crâne…


amicalement


RV

Merci de ces différents témoignages,

DH

Merci pour votre commentaire,

je vais continuer d'alimenter ce post avec d'autres témoignages, des croquis du combat du bois du Châ dans la PAL de Longwy et aussi quelques photos fournies par les familles et la mienne. En revanche certaines photos ne seront pas libres de droit,

amicalement
RV

Bonjour,

voici un extrait d'une lettre du Lieutenant De Suremain, suite à la mort du capitaine Jacques Thénard:

13 mai 1940,
Monsieur,
maintenant que la mort de Jacques a paru dans les journaux, je tiens à vous dire toute la part que je prends à votre chagrin.
Jacques et moi avions passé la nuit côte à côte, sous la même couverture, et je venais de le quitter depuis dix minutes à peine lorsqu'il a été tué.
Il avait été blessé à la tête peu d'instants auparavant, et il s'en allait soutenu par un homme, le cavalier Voindrot, lorsqu'ils ont été tués tous deux par un obus tombé entre eux.
Bien que dans le coma presque tout de suite, notre infirmier, le R.P. Derkenne (bénédictin) a pu lui donner l'absolution. Il a respiré encore plus d'heure et demie après.
J'ai ramassé son chapelet, tombé de sa poche, je le garde, espérant vous le remettre un jour en mains propres si Dieu me prête vie.
Tous mes camarades savent que ce chapelet vous appartient, et si je venais à disparaître avant d'avoir pu vous le rendre, il vous serait remis.
Ne pouvant vous prévenir moi même, j'avais chargé (le capitaine) Bellescise de vous informer de tous les détails qui, je l'espère, seront une consolation pour vous.
Tous ses hommes pleurent lorsqu'on parle de lui. Vous ne pouvez imaginer le vide qu'il laisse parmi nous. Il venait de vous donner un petit fils qui comblera le vide qui vient de se creuser dans votre famille. J'ai eu la consolation de le revoir sur son brancard avant qu'il ne fût mis en bière. Il avait les traits détendus d'un homme qui se repose, le devoir accompli.
Croyez bien, cher Monsieur, à mes sentiments respectueux.

P.S. Le sous lieutenant Corcol, fils du négociant en vins de Beaune, blessé à la cuisse, en traitement dans un hôpital de Chaumont, était à deux mètres de lui lorsqu'il a été tué.

amicalement

RV

Bonjour,
voici une lettre envoyée par le capitaine ROUGET commandant l'escadron de mitrailleuses du GR, suite à la mort du capitaine Jacques Thénard:

14 mai 1940
Cher Monsieur,
Depuis le 13 mai mon émotion est grande. Aujourd'hui qu'il m'est permis de vous écrire, laissez moi vous exprimer toute ma sympathie et la part que nous prenons à votre chagrin.
Jacques n'était pas seulement un camarade de combat que je n'avais pas quitté un seul instant depuis septembre dernier, il était aussi un ami très cher dont j'avais pu apprécier tous les sentiments élevés et qui, en toute confiance, m'avait ouvert son cœur. 
Pour respecter les devoirs sacrés imposés aux militaires, je fais tenir au capitaine d'Armaillé toutes les circonstances de sa mort glorieuse.
Pour vous, son père, pour tous les siens, devant qui nous nous inclinons profondément, Jacques est mort en héros; ses derniers instants ont été dignes de sa vie. Il a rendu le dernier soupir paisiblement et sans souffrance dans les bras du R.P. Derkenne (Dom Grégoire) qui lui a donné l'absolution.
Jacques est mort pour que nous vivions, pour que vive la France; de le venger nous en faisons le serment.
Au nom de tous mes camarades, qui avec moi le pleurent, je vous présente ainsi qu'à toute votre famille, mes sentiments empreints de la plus grande tristesse, mais de confiance et de foi dans l'avenir.
P. ROUGET

Notes personnelles du capitaine ROUGET, commandant l'escadron de mitrailleuses et de canons antichars du G.R.D.I. commandant les éléments motorisés (escadrons moto et mitrailleurs) le 10 et 11 mai 1940.
Faisant fonction d'adjoint tactique au commandant de Poret (1), nouveau commandant du G.R., pendant les opérations des 12 et 13 mai 1940:

(1) le lieutenant colonel de Longuemarre commandait le GR depuis sa formation et avait été nommé au commandement d'un régiment de Dragons portés. Le capitaine Thénard avait retardé son départ pour présenter son escadron à la dernière revue passée par le colonel de Longuemarre.

le 10 mai, à 4 heures du matin, le capitaine Thénard est parti en permission à la gare de Longwy pour Paris. A 5 heures, nous sommes alertés; à 8 heures, nous franchissons la frontière du Luxembourg, à Hussigny. L'opération au Luxembourg est commencée.
(Le capitaine Thénard arrivé dans la matinée du 10 à Paris, avait appris par son père, l'attaque Allemande du Luxembourg. Lui et ses camarades repartirent par le premier train en direction de Longwy, à 17 heures le même jour, tous navrés de ne pas avoir été arrêtés à leur passage à Reims, mais pleins d'entrain et désir de combattre).
Le capitaine Thénard rejoint son escadron le 11 mai, au petit jour, et participe aux opérations d'Oberkorn, de Differdange, Buchental, Maison Scheiber. Nous nous retrouvons dans le bois de Sélomont pour aller occuper les positions reconnues du bois de Châ, laissant les véhicules au crassier de Longwy. Les pelotons s'acheminent à pied et sont en place à 8 heures, retrouvant les pelotons de mitrailleurs qui les avaient précédés.
La journée est assez calme. L'ennemis s'infiltre au nord et à l'ouest.
Nous avons eu un bon marmitage en fin de journée.
Le 13 mai, à 8 heures, après un violent bombardement de la position occupée par les pelotons de Breuille et Corcol, le peloton de Surmain et le PC Thénard, l'ennemi s'infiltre dans le bois de Châ, entre Thénard et Verdier. Le maréchal des Logis chef Binninger est mortellement blessé.
A 10h10, je reçois un premier message du capitaine Thénard.
A 10h20, je suis avisé que violemment pris à partie et devant les infiltrations qui se produisent à sa droite, il s'est replié au carrefour que j'avais solidement fait occuper.
Il demande des ordres: un de ses pelotons (Rousseau) tient toujours le pont de Longwy avec le capitaine de Saint Quentin (4ème Spahis).
L'escadron Verdier tient toujours la croupe nord du bois de Châ (1).
Thénard est tenu au courant de cette situation par le commandant de Poret qui lui demande de se cramponner au bois de Châ.
A la tête de ses pelotons de Breuille et Corcol, il remonte au réservoir soumis à un violent bombardement.
Légèrement blessé à la tête (2), il fait replier ses hommes, tandis que soutenu par Riolot, il descend le layon en bordure du bois en direction de Longwy. C'est à ce moment que Riolot, tireur du fusil mitrailleur, dit à Voindrot: "Prends soin du capitaine, je vais reprendre mon fusil pour arrêter l'ennemi qui progresse."
Le capitaine soutenu par Voindrot, précédait de quelques mètres le sous lieutenant Corcol et quelques hommes, Branci, Dautun, Berthelon et le chef Ledoux.
Il était à environ 100 mètres des premières maisons, à mi pente, quand un obus est venu éclater à ses pieds, foudroyant Voindrot et le blessant mortellement. Thénard blessé au ventre est tombé à gauche. Il était 10h40.

9h50 Reçu 10h10,
Capitaine Thénard à commandant de Poret:
"Les mitrailleurs sont repliés. Mes trois pelotons gardent le réservoir d'eau qui se retrouve à coté de mon PC.
J'avais fait replier Desbrosses, mais apprenant que Rousseau et Saint Quentin sont au pont de Longwy, je fais descendre son peloton.
Il est extrêmement important que l'on nettoie l'usine en partant du pont de Longwy et que l'artillerie y exécute de sérieux tirs, car j'y ai vu entrer de forts détachements allemands."
Thénard, référence 43.

10h15 Reçu 10h20
"Suis replié, ayant été violemment pris à partie à mon PC même, au carrefour, route Herserange-Moulaine.
Que dois je faire?
Si repl, quel itinéraire?
Je compte me replier sur le crassier pour prendre mes voitures."
Thénard, référence 44.

(1) Le lieutenant Corcol indique: "à 10h30 n'ayant reçu aucun ordre et se rendant compte que l'escadron Verdier allait être tourné par l'ennemi, il prend sur son initiative personnelle, après un court entretien avec les lieutenants Corcol et de Breuille la décision de remonter à la tête de ces deux pelotons, au bois de Châ soumis à un violent bombardement."
(2) Blessé assez profondément à la tête au dessus de l'arcade sourcilière, alors qu'étant en compagnie du lieutenant Corcol et du brigadier chef Grangier, adossé au réservoir d'eau, un obus allemand de gros calibre a éclaté"
Lieutenant Corcol.

amicalement
RV

Bonjour,

voici une photo d'un groupe de cavalier du 61ème GR, attention cette photo n'est pas libre de droit (famille BOUILLER): Photo prise à Bertrichamps (54) le  vendredi 26 avril 1940.

le cavalier François BOUILLER en haut au milieu, d'un peloton de l'escadron Verdier, qui fut blessé le 20 juin 1940 et prisonnier le même jour. 
On notera le numéro 3 du bonnet de police du cavalier en bas qui tient la pancarte, probablement le 3ème hussard dont est issu une partie de ces cavaliers comme François BOUILLER, unité dont ils étaient affectés avant guerre, lors de leur service:



amicalement
RV

Bonjour,

voici quelques croquis de la position du bois du Châ tenue par les éléments du 61ème GRDI les 12 et 13 mai 1940:












amicalement
RV

Bonjour,

voici un lot que je viens de renter, ayant appartenu à Léon Clerc du 61ème GRDI, évadé 
mort pour la France le 11/11/44 à Dijon (21):




 
je remercie le membre qui m'a alerté,


amicalement


RV

Bonjour, 

Beau petit lot !

Cordialement.

Bonjour,

Un képi « attribué » de l’unité a été récemment présenté sur ce forum :

https://www.passionmilitaria.com/t270542-kepi-capitaine-thenard-61eme-grdi

Cordialement,

Cherbourg