"Les français ne se sont pas battus"

Vu dans une émission sur la conférence de Yalta : Staline refuse d'ajouter les français dans le rang des vainqueurs car "les français ne se sont pas battus". Comment lire cette phrase ?. Il fait référence à la bataille de 1940. On ne parle pas des combats qui viendront après (CEF? 1ere Armée, France Libre).
Le sens russe et soviétique du combat est le sacrifice suprême des hommes et du territoire.
Comment répondre et plus généralement quel part de sacrifice, un pays peut il consentir ? Malgré la percée des Ardennes les combats se poursuivent jusqu'au cessez le feu. A cette date il y aura x millions de prisonniers ; du jamais vu dans notre histoire. Staline veut il dire que ces prisonniers sont le fait d'un pays qui a capitulé trop vite.?
merci de vos avis

Bonsoir,

Il me semble avoir lu que les Soviétiques ont toujours reproché à la France d'avoir jeté l'éponge trop vite, permettant ainsi à l'Allemagne de se retourner très vite contre elle (avec en plus le renfort de matériels français) et la faisant passer à un cheveu du désastre (prise de Moscou manquée de peu fin 1941).
Les prisonniers de guerre français libérés par les Soviétiques ne sont d'ailleurs pas tous rentrés tout de suite, ils ont été bien employés par ces derniers pour rebâtir.

Tandis que les Français devraient probablement parfaitement accepter que les Soviétiques aient signé un Pacte de non agression avec les nazis, permettant à l'Allemagne d'avoir les mains libres à l'est et nous faisant passer "à un cheveu" du désastre ?

Bref, les Soviétiques étaient très mal placés pour reprocher quoique ce soit à la France en 40, mais ils avaient tout intérêt à faire retomber l'opprobre sur un autre pays, de préférence en éliminant du jeu diplomatique une puissance continentale et coloniale... pour cela, tout argument était bon, et la bonne foi n'avait pas sa place.

Cordialement,
DH

Bonjour.

En effet. En 1939, l'URSS était très consciente de la faiblesse de son armée (suite aux purges des années précédentes) face à une hypothétique attaque allemande (ou même une attaque occidentale plus générale) et elle a cherché à gagner du temps ... aux dépends des autres.
Bienvenue dans le Grand Jeu de la diplomatie (et de la folie de Staline).

Oui, le grand jeu de la diplomatie, c'est précisément ce dont je parle.
Mais ses déclarations de Yalta ne doivent être comprises que dans le cadre de ce Grand Jeu, il me semble important de le préciser.

Ne pas non plus oublier que fin novembre 39, l'URSS a attaqué la Finlande, et que cela a été dénoncé avec force par les démocraties, que l'URSS a approvisionné le Reich, rendant inopérante la stratégie du blocus, etc.

Bref, Staline s'est appuyé sur la campagne de 40 pour essayer d'évincer une puissance du jeu diplomatique. C'est plus pratique de dire "la France ne s'est pas battue", que dire "la France a succombé à l'avant-garde des démocraties" dont l'URSS ne faisait pas partie.

Conclusion entièrement partagée ! Le cynisme de Staline rencontrait la francophobie de Rosvelt pour écarter la France du partage du monde. Seul, Churchill prit notre parti. Ce qui nous permit d'avoir une zone d'occupation en Allemagne, à Berlin et en Autriche.