L'Ecole d'application du service vétérinaire de l'Armée de Saumur

Bonsoir,

Voici l'historique de cette école jusqu'en 1935.

L'appellation École d'application du service vétérinaire de l'Armée n'est pas officielle, mais elle est communément employée car le caractère de l'enseignement qui y est donné la justifie.

A l'origine, les vétérinaires ne passaient par par Saumur.

Jusqu'en 1813, ils provenaient de "sujets détachés à l’École d'ALFORT (fondée en 1766) pendant quatre ans, par les colonels de cavalerie, pour y être instruits dans l'art vétérinaire afin d'exercer cet art dans les corps de troupe montés". Ces militaires avaient le grade de maréchal des logis, ils eurent ensuite le titre de maître-maréchal, puis celui d'artiste vétérinaire.

De 1813 à 1854, ils se recrutèrent parmi les élèves sortis des écoles vétérinaires où vingt places étaient réservées "aux fils des vétérinaires en activité ou pensionnés, aux fils de cavaliers et de maréchaux-ferrants, aux enfants de troupe à cheval". A leur sortie de l’École ces élèves-militaires étaient versés dans les régiments avec le titre de maréchal-vétérinaire, puis celui de maréchal-expert, puis celui de vétérinaire et enfin avec le grade de sous-officier, puis celui d'officier (décret impérial de 1852).

L'ordonnance du 10 mars 1825 affecta à l’École royale de cavalerie un vétérinaire en premier et un vétérinaire en second pour y assurer, "y professer un cours d'hippiatrique et y diriger l’École de maréchalerie".

Le premier chef de service fut le vétérinaire en premier HAVOUX (1827-1848).

L’École vétérinaire de SAUMUR fut fondée par le décret impérial du 17 octobre 1853.

L'année suivante, l’École recevait la première promotion régulière de vétérinaires destinés à la carrière militaire.

Ces jeunes élèves provenaient de l’École civile d'ALFORT où ils avaient fait quatre ans d'études; ils éraient envoyés à SAUMUR avec le titre d'aide-vétérinaires stagiaires pour "y être initiés à la médecine vétérinaire militaire, au service régimentaire sous les ordres du vétérinaires chef de service de l’École at acquérir les principes de l'équitation sous la direction des écuyers".

Le premier directeur de l’École vétérinaire de SAUMUR fut le vétérinaire en premier VALLON.

Sorti de l’École vétérinaire de LYON en 1841 (elle avait été fondée sous le règne de Louis XV en 1762), ilavait été directeur du Haras de MOSTAGANEM, puis chargé d'une mission en SYRIE et enfin envoyé à SAUMUR où il remplissait les doubles fonctions de professeur d'hippologie et de directeur du Haras d'étude.

Cet éminent professeur instruisit dix promotions de vétérinaires et mourut en 1864.

l’École vétérinaire fut installée dans le petit domaine du Haras d'étude où elle subsiste encore en 1935 après s'être notablement agrandie.

L'enseignement vétérinaire était établi sur des bases solides, il ne fera que se développer et se préciser.

Le décret du 30 août 1876 décida que l’École de SAUMUR recruterait ses élèves dans les trois écoles vétérinaires civiles de LYON, TOULOUSE et ALFORT où des bourses militaires furent instituées.

Les cours furent d'une année, ils eurent pour objet "de compléter l'instruction techniques des aides-vétérinaires stagiaires nouvellement promus, de leur enseigner l'équitation et de les initier au service régimentaire".

A partir de 1894, l'installation du service vétérinaire subit de nombreuses transformations :
- Construction de bureaux, d'une pharmacie, d'une salle de cours et d'un bibliothèque dans l'ancien pavillon d'ARBOVAL (1894).
- Aménagement d'une salle de chirurgie dans les anciennes écuries des PYRAMIDES (1895).
- Aménagement de boxes d'hospitalisation, d'un laboratoire et de salles de collections sur l'emplacement des écuries SOMO-SIERRA (1901).

La loi du 15 mars 1901 remplaça le titre de "chef de service vétérinaire de l’École de cavalerie" par celui de "directeur du service et chef de la division des aides-vétérinaires stagiaires" et une décision ministérielle de la même année porta à quatre le nombre des vétérinaires professeurs :
- Un vétérinaire principal directeur.
- Un vétérinaire en premier chef de clinique.
- Un vétérinaire en second chef adjoint de clinique.
- Un vétérinaire en premier (détaché d'un régiment) professeur de maréchalerie.

Le programme de l'enseignement donné aux aides-vétérinaires stagiaires était complété. Il devait désormais comprendre :

A - Une instruction technique :
- Inspection des viandes, des animaux de boucherie et des conserves.
- Cours de pathologie militaire et d'épizooties.
- Extérieur du cheval.
- Zootechnie, hygiène hippique militaire.
- Maréchalerie.
- Clinique et pharmacologie.
- Ophtalmoscopie, microbologie.

B - Un instruction militaire :
- Équitation.
- Maniement et emploi du sabre et du révolver.
- Notion de topographie.
- Escrime.

La loi des cadres du 13 juin 1913 donna au vétérinaire directeur le titre définitif de "Directeur du service et de l'enseignement vétérinaires".

Au cours de la longue période qui s'étend depuis la fondation de l’École jusqu'à la grande guerre (1853-1914), trois grands noms se détachent :
- Celui du vétérinaire en premier VALLON (1854-1867), dont le Cours d'hippologie, en deux volumes (1863), est encore classique en 1935.
- Celui du vétérinaire principal JACOULET (1896-1899), dont l'habileté opératoire et les importants travaux sur l'ostéitisme ont eu une réputation mondiale.
- Celui du vétérinaire major de 1ère classe JOLY (1908-1913), qui fut le digne continuateur de son maître JACOULET.

Réorganisation de l'École après la guerre :

C'est au vétérinaire major de 1ère classe CARITTE (1919-1924) que revient la lourde tâche de réorganiser, après la guerre, le service vétérinaire de l’École de cavalerie.

Pour cette réorganisation, il prit comme base l'ancien cadre de ce service et renoua fidèlement les traditions.

En 1931, le laboratoire clinique fut entièrement modernisé et doté des appareils les plus perfectionnés, notamment en ce qui concerne l'équipement radiologique et l'emploi des rayon ultra-violets.

Une chambre a sulfuration modèle fut construite en remplacement de celle par trop rudimentaire du lazaret.

l’École moderne :

l’École de 1935 est parfaitement outillée pour remplir le rôle qui lui est assigné.

A) Le CADRE PROFESSEUR est constitué par :
- Un vétérinaire lieutenant-colonel (ou commandant) directeur du service et de l'enseignement, chargé de l'hygiène, de la zootechnie appliquée et de l'hippologie.
- Un vétérinaire commandant (ou capitaine) professeur de clinique, de pathologie et d'épidémiologie, chargé du laboratoire.
- Un vétérinaire capitaine chef de clinique, professeur de législation et d'administration vétérinaires militaires.
- Un vétérinaire capitaine professeur de maréchalerie, chargé en outre de l'inspection des animaux et des viandes destinées à la troupe.

Ce cadre est appelé à participer à l'instruction des brigades d'élèves de la cavalerie et du train (conférences et exercices pratiques concernant : l'hygiène générale; l'examen des denrées fourragères, des produits de substitution et des viandes; l'hippologie, etc...)

B) Les INSTALLATIONS comprennent :
- La salle d'honneur de l’École vétérinaire avec le mémorial qui porte les noms des 51 vétérinaires disparus au cours de la grande guerre et une riche bibliothèque technique.
- Les bâtiments administratifs (bureaux des professeurs; salle de garde du maréchal infirmier de service, etc...).
- L'hôpital d'instruction avec les boxes spacieux et aérés, transformable à volonté chacun en deux intervalles permettant d'abriter 72 sujets (malades ou accidentés) et dont une aile est spécialement affectée aux contagieux.
- La droguerie (médicaments, matériel de pansement, eau chaude, etc...).
- La salle de chirurgie, vaste et lumineuse, permettant au chirurgien d'intervenir de jour et de nuit dans d'excellentes conditions. Elle comporte un appareil de contention (système VINSOT) et un lit de paille baché avec appareil de levage.
- La pharmacie chirurgicale dotée de l'outillage le plus moderne (étuves de stérilisation, appareil radiographique, appareil producteur de rayons ultra-violets, etc...).
- Le laboratoire de chimie biologique et de microbiologie disposant d'une instrumentation perfectionné.
- Les salles de collection avec leurs herbiers et leurs pièces anatomiques.
- La Chambre de sulfuration aménagées d'après les principes les plus modernes.
- La salle d'autopsie aménagées d'après les principes les plus modernes.
- Le jardin botanique où sont cultivé des spécimens des principales plantes fourragères.
- Le pédiluve.
- Le lazaret (5 places), construit en bordure de la route du BRAY.

C) le RECRUTEMENT DES ÉLÈVES :
L’École reçoit deux catégorie d'élèves :
- Les vétérinaires qui se destinent à la carrière militaires (E.O.A.)
- Les vétérinaires de réserve (E.O.R.).

Les premiers (vétérinaires E.O.A.) se recrutent par voie de concours à la sortie d'une des trois écoles nationales vétérinaires (LYON, TOULOUSE, ALFORT).
Ils suivent à SAUMUR un cours de dix mois à l'issue duquel ils sont affectés à un corps de troupe monté avec le grade sous-lieutenant (effectif : 10 à 15).

Les seconds (vétérinaires E.O.R.) proviennent également des écoles nationales vétérinaires. Ils doivent être pourvus du certificat de fin d'études et du brevet de préparation militaire supérieure. Ils sont incorporés comme adjudants et, enfin de cours (trois mois) sont affectés à un corps de troupe monté. S'ils deviennent docteur dans les cinq mois qui suivent leur incorporation, ils sont promus vétérinaires sous-lieutenant au titre de la réserve et achèvent dans ce grade leur service militaire légal (effectif : 60 à 80).

Les uns et les autres reçoivent une instruction technique, militaire et équestre basée sur les mêmes principes mais suivant des programmes qui sont adaptés à la longueur des stage.

Cordialement.

sources : l’École de SAUMUR - édition de l'ouest 1935.

Article très intéressant, merci pour ce partage.

Frédéric

Bonjour Alain, 

Très intéressant et très instructif, merci !

Thierry