Bonsoir,
Un ami a rédigé il y a quelques années une biographie du commandant Ferry. Il m'a autorisé à la publier, ce qui est fait ci-dessous.
Cordialement.
A
Désiré-François Ferry est né le 25 octobre 1886 à Metz, alors allemande, de Ernest-Étienne et de Honorine-Flavie-Blanche Marcel.
Il fait ses études au collège de Pont-à-Mousson, au lycée puis à l'université de Nancy ; il y suit les cours de la faculté de droit et de celle des lettres et de celle des sciences. Il répond déjà à l'appel d'une vocation de publiciste en donnant des essais à des revues et en collaborant à la presse régionale. Mais c'est à Paris qu'il achève ses études : licence en droit et doctorat. Son activité dans les mouvements littéraires parisiens ne l'empêche nullement de suivre l'enseignement du Collège des hautes études sociales, non plus que celui de l'École des sciences politiques. Il s'est fait inscrire au barreau de Paris mais n'exerce pas.
Concurremment, il voyage en Italie, en Allemagne et en Europe centrale. Sa collaboration journalistique s'étend non seulement à la presse de la capitale, Le Matin, L'Écho de Paris, mais à celle de l'Est avec Le Messager d'Alsace et de Lorraine et Les Marches de l'Est.
L'action patriotique qui l'a amené à défendre dans la presse la loi du service militaire de trois ans en 1913 lui fait ouvrir, en 1914, par Déroulède, les portes du comité directeur de la Ligue des patriotes, à la vice-présidence de laquelle il accédera par la suite. En janvier 1914, il épouse Marguerite Beaupère.
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Ayant obtenu le bénéfice de l’envoi en congé après une année de services, conformément aux dispositions de la loi du 15 juillet 1889, il s’engage pour trois ans le 6 octobre 1905. Incorporé au 69e régiment d'infanterie le lendemain en qualité de soldat de deuxième classe, il est promu caporal et envoyé dans la disponibilité le 18 septembre 1906, avec un certificat de bonne conduite.
Affecté au régiment d’infanterie de réserve de Toul-Nancy, stationné à Domgermain, il est nommé sergent le 18 mars 1907, classé dans la réserve de l’armée d’active le 6 octobre 1908 et affecté au 149e régiment d'infanterie.
Nommé sous-lieutenant de réserve le 12 décembre 1910, il passe au 165e régiment d'infanterie le 15 avril 1913 puis au 26e bataillon de chasseurs à pied le 26 février 1914.
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Rappelé à l’activité par la mobilisation générale, le 2 août 1914, il rejoint le 26e bataillon de chasseurs à pied avec lequel il prend part aux combats de Dun-sur-Meuse les 26-28 août, des Jumelles d’Ornes le 30, de Cierges le 2 septembre, de Montfaucon le 4, du bois d’Ahaye le 6, de La Vaux-Marie les 8-9, d’Érize-la-Petite le 10, de Lamorville les 22-23 septembre. De novembre 1914 à avril 1915, il sert dans les tranchées du bois Bougny, dans les Hauts-de-Meuse, où il est promu lieutenant de réserve le 12 décembre 1914.
D’avril à mai, toujours dans les Hauts de Meuse, il prend part à l’occupation des tranchées du bois Bouchot et du bois des Chevaliers. Le 25 mai 1915, il est cité à l’ordre de la division : « S’est brillamment conduit dans les différents combats livrés au cours de la campagne, notamment à ceux livrés en septembre et octobre 1914 ; continue à déployer après neuf mois de campagne les plus belles qualités de courage, d’énergie et d’entrain. »
Engagé le 6 juillet 1915 dans l’attaque du ravin de Souveaux, aux Éparges, il est commotionné par un éclat de torpille et évacué. Rentré au dépôt le 21 août, il rejoint son bataillon le 31 août.
Le 25 septembre 1915, pendant l’attaque de Champagne, il est deux fois blessé, par balle et par éclat d’obus, à la ferme de Navarin, évacué puis longuement hospitalisé. Le 13 octobre 1915, il est cité à l’ordre de la division : « Blessé de trois éclats d’obus le 25 septembre au moment où il portait un ordre à soin chef de corps sous un bombardement formidable. »
Désigné le 14 septembre 1916, après son congé de convalescence, pour le centre d'instruction d'état-major de l’armée, à Mirecourt, il rejoint le 18 septembre le centre d’instruction de la 7e armée. Le 25 octobre, il y prend le commandement de la 25e compagnie, compagnie d’instruction du 27e bataillon de chasseurs à pied. Le 24 avril 1917, il est fait chevalier de la Légion d'honneur avec la citation suivante : « Excellent officier, d’une grande bravoure et d’une rare énergie, trois fois blessé depuis le début des hostilités, a toujours rejoint le front dès guérison, donnant ainsi un bel exemple d’attachement à ses devoirs. » Il est promu capitaine de réserve à titre définitif le 1er mai 1917.
Passé à la tête de la 25e compagnie du 11e bataillon de chasseurs à pied le 24 juillet 1917, il est désigné le 25 août pour être adjoint au colonel commandant le groupement des bataillons d’instruction de la 7e armée. L'armistice signé, le 1er décembre 1918, il rejoint le service général d’Alsace-Lorraine, à Paris.
Démobilisé par le dépôt du 94e régiment d'infanterie le 3 septembre 1919, il termine la guerre avec le grade de capitaine, trois blessures, trois citations et la croix de chevalier de la Légion d'honneur. Il se retire à Pont-à-Mousson.
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Rendu à la vie civile, il est chargé de la direction d'un service d'études juridiques et administratives à la présidence du Conseil ; il y prépare le régime transitoire des provinces libérées.
Possédant des propriétés à Pont-à-Mousson, il songe à la députation et entre pour la première fois au Palais Bourbon à l'occasion des élections générales du 16 novembre 1919. Il occupe, dans la Chambre bleu horizon, le siège du colonel Driant. Il est réélu aux élections du 11 mai 1924, du 22 avril 1928 et du 1er mai 1932.
Élu sur un programme de respect des droits de la France, d'union entre les citoyens, de progrès social et de reconstitution des régions dévastées, il propose aux électeurs lorrains de suivre la politique d'union nationale et de relèvement du pays préconisée par Poincaré, au programme de qui il reste fidèle au gré des législatures. Il siège avec les membres de l'URD, puis du centre républicain.
Le 9 juin 1924 il accepte le portefeuille de la Marine dans l’éphémère cabinet de Frédéric François-Marsal, tombé le 14 juin. Après cet épisode ministériel, retrouvant son siège de député, il montre un intérêt particulier pour la politique orientale de la France (traité de Lausanne 1923).
La Chambre de 1928 lui permet de connaître réellement des affaires de l'État. II rapporte la question de l'organisation de la défense des frontières et a l'honneur d’être, du 2 mars au 13 décembre 1930, le premier titulaire du ministère de la Santé publique, dont la création préconisée par son ancien collègue Pierre Even, a mis neuf années pour être réalisée. Il défend devant le Sénat le budget de son ministère ainsi qu'un projet de loi qui permet aux invalides de guerre d'accéder à la petite propriété et qui devient la loi du 8 juin 1930.
Au début de l'année 1934, au cours d'une interpellation, il intervient sur le scandale des bons du crédit municipal de Bayonne, plus connu sous le nom de l'affaire Stavisky. Il est en effet, depuis le 27 avril 1933 directeur du grand quotidien du soir La Liberté, dont le précédent directeur, Camille Aymard, se trouve alors compromis dans le scandale de Bayonne ; mis en cause au cours de l'interpellation, Ferry justifie sa position en précisant que depuis avril 1933 Camille Aymard n'est plus qu'un collaborateur occasionnel, dont il s'est d'ailleurs définitivement séparé. Désormais, il ne montera plus à la tribune de la Chambre.
Les élections de tendance front populaire des 26 avril et 3 mai 1936 ne lui ayant pas été favorables, il se consacre alors à la direction de son journal La Liberté. Il est en outre président de l’union nationale des officiers de réserve (UNOR).
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Dans cette période, comme capitaine de réserve, il est affecté au 21e bataillon de chasseurs à pied le 8 octobre 1920, puis au 26e le 9 avril 1921.
Maintenu dans les cadres de réserve jusqu’à la limite d’âge de son grade et affecté au centre de mobilisation n°61 à Metz en 1925, il est promu chef de bataillon de réserve le 25 juin 1934 et fait officier de la Légion d'honneur le 25 décembre 1935 ; il reçoit cette décoration des mains du général Weygand. Le 19 janvier 1938, il est affecté au centre de mobilisation d’infanterie (CMI) n°63 à Étain. Il accomplit deux périodes d’instruction au 149e régiment d'infanterie de forteresse (RIF) à Longuyon.
Du 25 septembre au 2 octobre 1938, pendant la période de tension internationale, malgré ses blessures de la Première Guerre mondiale, il est mobilisé à l’état-major du 128e RIF, mis sur pied par le CMI63.
Le 25 août 1939, à la mobilisation, il est mobilisé à l’état-major du même régiment qui occupe sur la ligne Maginot le sous-secteur d’Aumetz, dans le secteur fortifié de la Crusnes. Le 11 janvier 1940, par un froid de -25°, il est frappé de congestion pulmonaire et transporté à l'ambulance du corps d'armée.
Le chef de bataillon Ferry est décédé d’un ictus cérébral avec hémiparésie droit le 11 janvier 1940 à l'ambulance médicale de corps d'armée n°21 à Piennes (Meurthe-et-Moselle).
Il était officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 1914-1918 (3 citations), croix du Combattant, médaille interalliée de la Victoire, médaille commémorative de la Grande guerre.
Son nom est gravé au Panthéon sur la plaque des écrivains morts sous les drapeaux.
Sources : SHD 8YE 35155 – LH/964/10 – Dictionnaire des parlementaires français .