Gamelin - la tragédie de l'ambition, de Max Schiavon

Bonjour,

A paraitre le 28 octobre :



Voici la présentation proposée par l'éditeur :

Gamelin, ou la quintessence du désastre militaire.
Maurice Gamelin (1872-1958), voilà définitivement une figure attachée à l’écrasante défaite de mai 1940. Il convient de dépasser ce lieu commun et s’interroger : comment cet officier considéré parmi les plus brillants de sa génération, à qui tout réussit depuis sa prime jeunesse, ayant la confiance des dirigeants politiques, a-t-il pu conduire les armées alliées au désastre ? Pour répondre à cette question centrale et objet du présent ouvrage, qui n’a reçu que des réponses partielles depuis 80 ans, l’auteur passe en revue les paramètres ayant influencé les choix tactiques et stratégiques du généralissime. Il étudie de près son comportement, ses failles ou ses fêlures. Il aborde également des questions essentielles, notamment les raisons pour lesquelles Gamelin a été choisi pour occuper le poste suprême, comme les motivations de ceux qui l’ont désigné. Enfin, il tente de cerner une personnalité particulièrement complexe, en racontant sa vie publique et privée, ses expériences, ses ressorts intimes, ce qui l’a motivé et poussé à agir. Il démêle les intrigues, les alliances, les ambitions des uns et des autres et apporte nombre de précisions sur des aspects laissés dans l’ombre jusqu’à aujourd’hui.

EAN : 9782262080013
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 520
Format : 154 x 240 mm
25 €

Bonne lecture

Evidemment, je vais me le procurer... Chacun connaît mon opinion : je n'en dirai pas plus !

A lire même si je pense déjà avoir fait le tour de la question... (ma première lecture des "Servir" remonte à mes 13 ans... pour comprendre de quoi mon père, mes oncles et cousins discutaient    quand ce n'était pas de la lamentable situation économique de ces années là, mais depuis on connaît bien pire...)

A lire aussi pour voir comment l'auteur va se dépêtrer de ce dossier au final plus complexe que les quelques lignes assassines consacrées le plus souvent à GAMELIN !
J'attends beaucoup de cet ouvrage ...
JD

Bonjour,

En voici les premières pages :

https://fr.calameo.com/read/004245550c98de5d80884

Difficile d'en rester à la lecture de ces quelques pages. Encore un achat en vue ...
JD

Bonjour,

Selon les retours de certains de mes contacts qui ont pu l'obtenir en avant-première, l'ouvrage serait l'un des meilleurs de cet auteur.

Je suis tombé de ma chaise en lisant que le mémorial de Sainte-Hélène avait été son ouvrage de prédilection pendant son séjour en Afrique du Nord. Manifestement, il en avait oublié les préceptes en 1940 ! 

Ceci étant, les 1ère pages de l'ouvrage sont très intéressantes et laissent augurer de sa qualité.

Le tableau qui s'en dégage après ces quelques pages correspond parfaitement à ce que j'en pensais,mais en encore plus cossu........

Je viens de terminer l'ouvrage de Max Schiavon. C'est un travail de qualité, très complet, très sourcé, même si on y trouve peu d'inédit (sauf le choix malheureux du général Béziers-Lafosse, comme commandant de l'infanterie divisionnaire de la 22ème DI, imposé par Gamelin). Il en résulte que je n'y ai rien trouvé qui contredise mon opinion bien connue sur Gamelin : tout en organisant méthodiquement son irresponsabilité, il n'en a pas moins assumé les décisions malheureuses qui ont été les causes principales du désastre. Notamment son refus opposé à Georges, de substituer à la VIIème armée le B.E.F pour l'aventure vers Breda, B.E.F simplement flanqué par un CA d'armée Français à sa gauche pour tenir le littoral (option que beaucoup d'amateurs, comme moi, ont envisagé, sans savoir que Georges l'avait effectivement proposée). Mais sur ce point, comme sur les autres, Georges n'osa pas déclencher un conflit avec le généralissime, au besoin en offrant sa démission !

C'est donc bien volontiers que j'en recommande vivement l'achat et la lecture.

Je lis actuellement la biographie de Max Schiavon sur Gamelin. En débutant la lecture j'avais des a prioris extraordinairement négatifs sur le personnage et on ne peut pas dire que cette biographie ne m'ait fait changer d'avis. 

Pour résumé Gamelin est un fat et un falot, une personne très intelligente, brillante mais qui refuse d'associer intelligence supérieure à force de caractère. Il souhaite bien le confort du pouvoir mais sans les inconvénients. 

Il alterne rares moments de lucidité avec des moments où il est totalement à côté de la plaque que ce soit l'importance de l'aviation ou la situation géopolitique en Europe. 

Il multiplie les promesses qu'il sait irréalistes, il trompe la classe politique (qui est tout aussi responsable du désastre de 1940) en surestimant la puissance militaire allemande. 

Il réclame toujours plus d'armes mais refuse de suivre les demandes. Il écarte les officiers brillants et surtout refuse de se mettre en question. 

En fait par certains côtés Gamelin à un côté autistique. Il est dans son monde, il voit la guerre comme une chorégraphie bien orchestrée, millimétrée, un enchainement de phases où l'ennemi doit opérer comme on pense qu'il doit opérer, un enchainement de phases où l'accident, l'inattendu n'à pas sa place. 

Autant dire que dès le début les germes du cataclysme étaient semés. 

Pour autant Est-ce qu'un Georges, un Corap, un Billote ou un Weygand présent le 10 mai 1940 aurait fait mieux j'ai comme un doute. 

J'en suis au tiers de cette biographie et je la recommande. Je n'ai qu'une hâte me plonger dans les autres livres de l'auteur (sauf sa bio de Corap que j'ai adoré).

J'ai terminé hier soir. Je n'avais pas beaucoup d'estime pour Gamelin mais après la lecture il est tombé encore bien bas. Le pire je crois c'est d'avoir demandé le statut de déporté alors certes il à été "déporté" en Allemagne mais ces conditions de détention n'était pas celle d'un de ces camps de sinistre mémoire. 

Et bien après guerre toujours cette incapacité à se remettre en question et à dire "oui je me suis trompé". 

Certains voulaient réhabiliter Gamelin mais pour moi il mérite ce que les romains faisaient à leurs traitres, à leurs félons à savoir la damnatio memoriae.

Bonsoir,

La biographie de Gamelin par Max Schiavon est à mon sens un livre important.

On est bien loin, évidemment, du Gamelin stupide, seul et unique responsable, même si le format "biographie" n'est pas le plus propice à développer les autres responsabilités. On regrette d'ailleurs que certaines allusions ne soient pas l'occasion de développements plus amples (à propos de l'action du Front populaire, à propos des accusés du procès de Riom par exemple).

Pour qui est attentif, il y a beaucoup de neuf dans ce livre, la confrontation des Mémoires de Gamelin aux pièces d'archives permettant notamment de pointer de nombreux accommodements, petites déformations ou gros mensonges, parfois repris sans trop de scrupules par beaucoup d'auteurs.

On apprend par exemple que Reynaud a fait corriger par Gamelin ses propres Mémoires !!!

A lire, donc !

Cordialement,
DH

dhouliez a écrit:

Bonsoir,

La biographie de Gamelin par Max Schiavon est à mon sens un livre important.

On est bien loin, évidemment, du Gamelin stupide, seul et unique responsable, même si le format "biographie" n'est pas le plus propice à développer les autres responsabilités. On regrette d'ailleurs que certaines allusions ne soient pas l'occasion de développements plus amples (à propos de l'action du Front populaire, à propos des accusés du procès de Riom par exemple).

Pour qui est attentif, il y a beaucoup de neuf dans ce livre, la confrontation des Mémoires de Gamelin aux pièces d'archives permettant notamment de pointer de nombreux accommodements, petites déformations ou gros mensonges, parfois repris sans trop de scrupules par beaucoup d'auteurs.

On apprend par exemple que Reynaud a fait corriger par Gamelin ses propres Mémoires !!!

A lire, donc !

Cordialement,
DH

Je sais pas ce que tu en pense mais l'épisode Reynaud/Gamelin me fait penser au jeu du "je te tiens tu me tiens". Allez on s'accorde sur une version commune pour ne pas assumer toutes nos responsabilités.

Oui, et pour charger un troisième...

dhouliez a écrit:

Bonsoir,

La biographie de Gamelin par Max Schiavon est à mon sens un livre important.

On est bien loin, évidemment, du Gamelin stupide, seul et unique responsable,

Gamelin n'était pas stupide, bien entendu. Il a pris néanmoins des décisions stupides dont il est bien sûr, le seul responsable. 

Notamment pour le positionnement de la IXème Armée et les forces insuffisantes qui lui furent allouées. Dans la biographie, j'y ai lu la confirmation de ce qu'en pensait le général de Castelneau (et que certains mettaient en doute), de mémoire : "vous manoeuvrez comme des pompiers et vous serez coupés !" Excellent jugement et avertissement d'un de nos grands chefs de la Grande Guerre que Gamelin s'ingénia à ne pas entendre...

La responsabilité de la décision revient à Gamelin.

Mais la responsabilité de l'exécution est partagée par ceux qui ont laissé faire, ou ont baissé les bras un peu rapidement. Georges et Billotte dans le cas particulier.

On pourrait y ajouter Daladier qui a couvert Gamelin alors même qu'il connaissait ses limites.

Bruno Roy-Henry a écrit:

dhouliez a écrit:

Bonsoir,

La biographie de Gamelin par Max Schiavon est à mon sens un livre important.

On est bien loin, évidemment, du Gamelin stupide, seul et unique responsable,

Gamelin n'était pas stupide, bien entendu. Il a pris néanmoins des décisions stupides dont il est bien sûr, le seul responsable. 

Notamment pour le positionnement de la IXème Armée et les forces insuffisantes qui lui furent allouées. Dans la biographie, j'y ai lu la confirmation de ce qu'en pensait le général de Castelneau (et que certains mettaient en doute), de mémoire : "vous manoeuvrez comme des pompiers et vous serez coupés !" Excellent jugement et avertissement d'un de nos grands chefs de la Grande Guerre que Gamelin s'ingénia à ne pas entendre...

Ce qui est sidérant c'est que Gamelin à été toujours prudent, méthodique, voyant la bataille comme un enchainement de phase en oubliant cette maxime de Clausewitz "A la guerre la première victime c'est le plan" et là il fait tapis en se lançant dans une tactique insensée en disposant ses moyens en deux puissants groupes avec une charnière très faible et SURTOUT SANS AUCUNE RESERVE AU CAS OU...... . 

Ayant survécu à la guerre il savait que sa carrière était terminée et aurait pu tenter un examen de conscience mais non. 

L'épisode le plus sidérant ce sont les manœuvres sur carte en 1935 où un colonel dont j'ai oublié le nom décrit exactement comment les allemands vont opérer et cela ne perturbe pas Gamelin. 

Ce qui est rassurant c'est que les autres généraux savaient parfaitement les qualités et surtout les défauts de Gamelin. 

Néanmoins même si cela peut être tentant de le penser je pense qu'un  Georges, un Billotte ou un Weygand n'auraient pas fait mieux.

Le général qui le met en échec pour la manœuvre sur cartes de 1938 pour une percée à Sedan est le général Prételat, non "spécialiste" des blindés, il était quand même sorti premier en 1905 et il avait pris connaissance du dossier du 2ème bureau... mais j'ai aussi vu qu'en 1936 toujours à propos d'une manœuvre pour la défense de la région de Sedan Georges avait souligné la faiblesse de ce qui était proposé par Gamelin car aucune réserve prévue...

Pour ce qui est des apports de la biographie, deux points qui ne sont pas nécessairement neufs mais qui sont reprécisés et affirmés, ce qui est bien nécessaire tant la répétition des mêmes erreurs semble parfois tenir lieu de vérité :

- Weygand n'a pas du tout annulé la contre-offensive "prévue" par Gamelin
- Gamelin ne s'est en rien ressaisi, et son "projet" de contre-offensive n'est en rien un ordre, bien au contraire. Alors qu'il écrit dans son IPS que "le tout est une question d'heure", il donne le pli sous enveloppe à Georges, après le repas, en lui disant, "vous lirez ça quand je serai parti".

Dans les derniers moments de son commandement, il semble bien que Gamelin songeait beaucoup plus à sa propre défense qu'à la bataille en cours...

Cordialement,
DH

Bonjour,

A toutes fins utiles, un autre point de vue, celui de Simon Catros :

Gamelin : chef malheureux ou responsable de la débâcle ? - Nonfiction.fr le portail des livres et des idées

Cordialement,

Intéressant, évidemment. Cela dit, le "mythe consolateur forgé dès 1940 au sein des cadres de l’armée française, et qui affleure dans l’ouvrage : la responsabilité militaire de la défaite repose sur les seules épaules du général Gamelin ; l’armée française, si elle avait été commandée par le général Weygand ou le général Georges, aurait fait bien meilleure figure." me semble largement véridique : ce n'est donc pas un mythe...

Bonjour,

Et merci Thierry pour cette très intéressante recension.

J'y relève des points que j'avais noté in petto, notamment le recours fréquent aux citations d'autres auteurs ou mémorialistes quand on aimerait des analyses plus directes des archives. J'avais trouvé également que la biographie de Georges était assez indulgente, par contre S Catros semble épouser, à propos de Gérodias, les accusations du général Bourret, alors que les explications, certes succinctes, de M Schiavon semblent recevables.

Concernant la sévérité croissante de M Schiavon sur Gamelin, je trouve dommage que S Catros la mentionne comme un reproche sans chercher à l'expliquer : j'ai la nette impression que la sévérité augmente au fur et à mesure que l'auteur relève les distorsions entre les faits et la manière dont Gamelin les a relatés dans ses mémoires, et surtout au fur et à mesure qu'est mise en évidence la manière souvent choquante dont Gamelin s'est défaussé sur ses subordonnés.

D'autre part, la contradiction que commettrait in fine M Schiavon ne me paraît pas évidente... 

Par ailleurs, M Schiavon ne montre pas un Gamelin "s'aplatissant" à la moindre objection : il relate par exemple la manière définitive dont il refusa que le général Bourret soit nommé au poste de directeur de l'infanterie.

Pour ce qui est du "mythe consolateur", je n'ai pas eu l'impression, je l'ai déjà dit je pense, que M Schiavon présentait Gamelin comme le seul et unique responsable militaire de la défaite (en notant que l'armée française aurait pu faire meilleure figure sans pour autant éviter la défaite), tant les épisodes sont nombreux qui mettent en scène des officiers de très haut rang renonçant à faire valoir leurs idées même quand ils étaient persuadés que les ordres étaient catastrophiques, ou n'anticipant guère la réaction nécessaire à ce qu'ils sentaient venir ou encore privilégiant "leur" front au détriment de l'équilibre d'ensemble.

La recension reste à lire et à méditer néanmoins...

Cordialement,
DH

Bonsoir Didier,

J'ai transmis le lien du présent fil à Simon Catros, camarade de banc de Fac à Paris IV La Sorbonne... 

Cordialement,

Merci de ce "recrutement", en espérant qu'il se concrétise.
Mais alors, il faut que je me dépêche de lire "La Guerre inéluctable"... car le passage sur 1936 mérite vraiment un approfondissement.

D