Bonsoir,
Pour différencier les navires appartenant à une même catégorie de bâtiments, les différentes marine ont utilisé deux moyens : des marques composées de lettres et/ou de chiffres peintes à l'étrave et des anneaux peints de couleur différente sur une ou plusieurs cheminées.
La Marine Française n'a pas échappé à cette pratique. L'examen des photos avec des navires présentant ces moyens d'identification peut sembler obscurs aux non-initiés. Mais, même avec les documents nécessaires, les spécialistes "marine" ont parfois des difficultés pour s'y retrouver.
Marques de coque er anneaux de cheminée I - Avant 1939La mise en place des marques de coque et des anneaux de cheminée remonte aux vingt dernières années du XIXe Siècle avec l’accroissement tant des flottilles de torpilleurs de haute mer et de torpilleurs d’escadre (ces derniers ayant eu un temps l’appellation de contre-torpilleurs) et des divisions de grands bâtiments, cuirassés et croiseurs-cuirassés.
Jusqu’à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, le système a connu deux périodes :
- 1) marques de coque composées d’une ou deux lettres prises dans le nom des torpilleurs et pour les grands bâtiments des anneaux de cheminées, un à trois, peints sur une des cheminées en fonction du rang du bâtiment dans la division pour tous les bâtiments construits avant la 1
ère Guerre Mondiale, durant cette dernière ou livrés par les ex-Empires Centraux à son issue. Sur plusieurs sous-marins, la marque de coque, quand elle est présente, est peinte sur le gouvernail supérieur.
Le cuirassé de 15.000 tonnes
Vérité en 1912-1913 appartenant à la 1
ère Division de Cuirassés de la 2
ème Escadre.
Le torpilleur de 300 tonnes
Baliste.
En avril-mai 1915, le sous-marin
Arago est accosté à couple du cuirassé
Jauréguiberry. Sur son bâbord, on voit le sous-marin
Topaze ou son sister-ship la
Turquoise. En arrière-plan, le cuirassé
Saint Louis et plus loin un monitor britannique.
- 2) avec la mise en service des bâtiments du programme naval, on passe, pour les torpilleurs et contre-torpilleurs, à un système composé d’un nombre à un, deux ou trois chiffres. Ce système relève des amiraux commandant les escadre et, du fait de la personnalité des amiraux va connaître deux variantes. Dans la première les contre-torpilleurs seront numérotés à courir en partant du chiffre « 1 ». De ce fait en 1935, le
Gerfaut appartenant à la 7
ème Division de Contre-Torpilleurs dans l’Escadre de la Méditerranée porte la marque de coque « 4 » tandis que le Bison, appartenant lui à la 6
ème Division dans l’Escadre de l’Atlantique porte aussi la marque « 4 ». Pour permettre, lors de la concentration des escadres de différencier les contre-torpilleurs de Méditerranée de ceux de l’Atlantique, le vice-amiral Darlan, commandant l’Escadre de l’Atlantique, ordonne le 4 octobre 1934 de faire peindre un « - » en arrière du chiffre pour les contre-torpilleurs sous ses ordres. Une combinaison d’un ou deux anneaux blancs ou noir permet suivant la cheminée sur laquelle ils sont peints de connaître le rang du bâtiment dans sa division.
Le contre-torpilleur de 2400 tonnes
Gerfaut (7
ème DCT) entrant dans le Vieux-Port de Marseille en 1935.
Le torpilleur de 1500 tonnes
Bourrasque (2
ème DT) et le contre-torpilleur
Bison de 2400 tonnes (6
ème DCT) au mouillage en rade de Brest en 1935.
La deuxième variante apparait le 15 août 1936 dans l’Escadre de la Méditerranée. Sur ordre du vice-amiral Abrial, la marque de coque comprend désormais deux chiffres, le premier étant le numéro de la division et le second celui du rang du bâtiment dans celle-ci.
Le contre-torpilleur de 2100 tonnes
Panthère (1
ère DCT) en 1934.
Pour les torpilleurs, le principe de l’association numéro de la division – rang du bâtiment est acquis dès 1926, y compris pour les torpilleurs issus de la 1
ère Guerre Mondiale, mais peut, à partir du 1
er octobre 1930, comporter trois chiffres avec la création des 11
ème, 12
ème et 13
ème Division de Torpilleurs, la 10
ème Division de Torpilleurs n’étant pas constituée, et pour ces trois divisions, les deux premiers chiffres désignent le numéro de la division. Comme les contre-torpilleurs, les torpilleurs ont des années de cheminée mais ceux-ci servent à désigner la division et pour ce faire sont de sept couleurs différentes et portés à raison d’un à chaque cheminée car ils ne désignent pas le rang du bâtiment dans la division. Ce principe de marques de coque est rationnel si on excepte le fait qu’entre le 1
er novembre 1930 et le 1
er octobre 1934, les 9
ème et 11
ème Divisions de Torpilleurs ne verront pas leurs bâtiments numérotés à partir du « 91 » et du « 111 » mais à partir du « 96 » et du « 112 ».
Le torpilleur de 1500 tonnes
Fougueux (11
ème DT) en 1931.
Au 1
er octobre 1936, la majorité des torpilleurs de 1500 tonnes se trouvant dans l’Atlantique, la 1
ère Flottille de Torpilleurs ne comprend que sept bâtiments de ce type, un détaché à Marine Maroc et les six autres regroupés en deux divisions, les 1
ère et 3
ème. Les torpilleurs de la 1
ère Division prennent les marques « 1 » à « 3 » tandis que ceux de la 3
ème Division portent les marques « 4 » à « 6 ». Mais le 1
er octobre 1938, les bâtiments des deux divisions ont les marques « 1 » à « 3 » ! La division d’appartenance n’est alors plus désignée que par la couleur des anneaux de cheminée : blancs pour la 1
ère et rouges pour la 3
ème.
Le torpilleur de 1500 tonnes
La Palme (1
ère DT) à Port Vendres le 16 mars 1939. On voit en sus le pavillon peint sur le masque de la pièce II durant la Guerre d’Espagne, marque de neutralité portées par les bâtiments non espagnols entre le 1
er avril 1937 et le 1
er avril 1939.
Que ce soit pour les contre-torpilleurs ou les torpilleurs, la numérotation n’est pas permanente comme elle l’est actuellement depuis 1951 mais tactique et dépend de l’endivisionnement des bâtiments. Un bâtiment qui change de division voit sa marque de coque et ses anneaux de cheminée changer. Un bâtiment qui passe en réserve, entre en réparations ou est placé hors-rang car il devient chef de flottille ou d’escadrille perd marque de coque et anneaux de cheminée.
Pour les sous-marins, il n’y a aucune idée directrice. Les sous-marins survivants de la guerre ou livrés par l’Allemagne ont des marques de coque formées de lettres tirées de leur nom peintes sur le kiosque.
Le sous-marin
Curie a été entièrement refondu dans un arsenal autrichien après sa capture à Pula. il est vu ici, revenu sous pavillon français, après 1919 en rade des Vignettes à Toulon.
Les sous-marins issus du programme naval portent la lettre « S » suivies d’un chiffre pour les 1100 tonnes mais avec la mise en service des premiers 1500 tonnes, ceux-ci reprennent les marques « S 1 » à « S 9 » ce qui fait que si une division de 1100 tonnes prend les marques « S 10 » à « S 12 », une seconde revient au principe des lettres tandis que le troisième prend les marques « Z 1 » à « Z 3 » avec en complément le
Saphir qui troque son « SH » contre le « Z 4 » puis rejoint les autres mouilleurs de mines dans la série des « H 1 » à « H 5 » avec l’exception de la Perle qui entre en service quand tous les mouilleurs de mines ne portent plus des marques de coque. Les sous-marins de 1500 tonnes entrés en service à partir de 1931 ne portent d’abord aucune marque de coque avant de prendre une marque composée d’un chiffre et d’un tiret à compter du 1
er octobre 1934 avec une exception,
Le Glorieux qui aura une marque en « S » en 1934 – 1935.
Le sous-marin de 1500 tonnes
Actéon (8
ème ESM) à Toulon en 1933.
Le sous-marin de 1100 tonnes
Requin (5
ème ESM) en 1933 dans la calanque d’En Vau entre Marseille et Cassis.
Le sous-marin mouilleur de mines
Turquoise (5
ème ESM) en 1934 avec sa marque « H 2 ».
Pour les sous-marins de 600 et 630 tonnes, c’est le principe des lettres qui est adopté mais certains d’entre eux vont avoir une marque commençant par la lettre « N » de février à octobre 1932 avant d’adopter comme les 1100 tonnes une marque commençant par la lettre « Z ». Mais après octobre 1934, les marques disparaissent pour les 600 tonnes ainsi que pour les mouilleurs de mines, et sont remplacées par une numérotation à courir commençant par le numéro « 1 » pour les 630 tonnes.
Les sous-marins de 600 tonnes
Galatée avec la marque « GL » (6
ème ESM) et
Calypso sans marque car en complément en 1932 à Oran. Pour les sous-marins de 600 et 630 tonnes, la Marine définissait les caractéristiques générales et laissait chaque chantier libre pour dessiner les plans, d’où les silhouettes différentes. Il faudra attendre la tranche complémentaire de 1930 pour qu’elle impose son propre plan d’où le surnom de type « Amirauté » pour les six « Minerve ».
Le sous-marin de 630 tonnes
Argonaute (5
ème ESM) en 1932.
Le sous-marin de 600 tonnes
Thétis (5
ème ESM) entre le 1
er octobre1932 et le 1
er juin 1933.
Par opposition aux bâtiments de surface, les marques de coque des sous-marins sont rationalisées dès le 1
er octobre 1937 par adoption d’une marque à deux ou trois chiffres, le premier ou les deux premiers pour désigner la division et le dernier pour le rang du bâtiment dans la division.
Le sous-marin de 1100 tonnes
Marsouin (9
ème DSM) peu avant la guerre.
Enfin, les avisos ont soit une marque de coque avec des lettres soit n’en ont pas.
L’aviso de 2
ème classe
Aisne en cale sèche.
II – En 1939Devant cette situation des plus chaotique, le nouveau Chef d’Etat-major Général de la Marine, l’amiral Darlan fait promulguer le 2 février 1939 la Circulaire Ministérielle 244 EMG 3 qui attribue l’attribution des marques de coque au Ministre, en fait à l’EMG, et les rationalise :
- 1) pour les bâtiments de ligne, ils porteront à la cheminée arrière ou à l’unique cheminée : un ou deux anneaux blancs pour ceux appartenant à la 1
ère Division de Ligne (
Dunkerque -
Strasbourg), un, deux ou trois anneaux noirs pour ceux appartenant à la 2
ème Division de Ligne (
Lorraine -
Bretagne -
Provence), et un ou deux anneaux jaunes pour ceux appartenant à la 3
ème Division de Ligne (
Paris -
Courbet).
Le cuirassé Bretagne (2
ème DL) à Toulon en 1939.
- 2) pour les croiseurs, ils porteront à la cheminée avant ou à l’unique cheminée : un, deux, trois ou quatre anneaux blancs pour ceux appartenant à la 1
ère Division de Croiseurs (
Algérie –
Dupleix –
Foch –
Colbert), un, deux ou trois anneaux noirs pour ceux appartenant à la 2
ème Division de Croiseurs (
Duquesne –
Tourville – le
Suffren ne portera pas ses trois anneaux car il est en réparations puis est affecté à la 5
ème Division), un, deux ou trois anneaux jaunes pour ceux appartenant à la 3
ème Division de Croiseurs (
Marseillaise –
Jean de Vienne –
La Galissonnière), un deux ou trois anneaux verts pour ceux appartenant à la 4
ème Division de Croiseurs (
Georges Leygues –
Montcalm –
Gloire) et un, deux ou trois anneaux rouges pour ceux appartenant à la 5
ème Division de Croiseurs (
Lamotte Picquet –
Primauguet –
Suffren).
Le croiseur de 10.000 tonnes
Suffren portant les trois bandes rouges de la 5
ème DC peu avant son départ pour l’Indochine le 26 juin 1939.
- 3) pour les torpilleurs et les contre torpilleurs, la marque de coque est composée d’un nombre à deux ou trois chiffres, le premier ou les deux premiers identifient la division et le dernier le rang du bâtiment dans le division. Ce nombre est précédé de la lettre « T » pour les torpilleurs et de la lettre « X » pour les contre-torpilleurs. Cette marque de coque est peinte en blanc de chaque bord dans la partie avant de la coque et sur toute la hauteur de la teugue. Tous ont un anneau ou deux de couleur peints à la deuxième cheminée pour les contre-torpilleurs ou à la première pour les torpilleurs suivant les dispositions suivantes : un anneau blanc pour la 1
ère Division, 1 anneau noir pour la 2
ème Division, un anneau jaune pour la 3
ème Division, un anneau vert pour la 4
ème Division, un anneau rouge pour la 5
ème Division, un anneau bleu pour la 6
ème Division, deux anneaux blancs pour la 7
ème Division, deux anneaux noirs pour la 8
ème Division, deux anneaux jaunes pour la 9
ème Division, deux anneaux verts pour la 10
ème Division, deux anneaux bleus pour la 11
ème Division, deux anneaux rouges pour la 12
ème Division, trois anneaux blancs pour la 13
ème Division, etc…
Le contre-torpilleur
Mogador (6
ème DCT) sur coffre en rade de Brest en 1939.
Le torpilleur de 600 tonnes
Branlebas (11
ème DT).
- 4) pour les sous-marins, le principe est le même que pour les torpilleurs ou contre-torpilleurs mais il n’y a pas de lettre avec le nombre et la marque de coque est peinte en rouge sur le kiosque. Dans les faits, les seuls changements pour ces bâtiments vont concerner des changements éventuels de division afin qu’à l’intérieur d’une division on ait des sous-marins ayant les mêmes moteurs diesels et électriques pour harmoniser les périodes de grands carénages.
- 5) pour les bâtiments de surface dont le nom est dans un cartouche, le fond du cartouche est de la couleur des anneaux. Pour les sous-marins, la peinture du cartouche est la même que celle de la coque.
- 6) les croiseurs
Emile Bertin (hors rang dans l’Escadre de l’Atlantique),
Duguay Trouin et
Pluton (affectés à l’Escadre d’Instruction) ne portent pas d’anneaux de cheminée.
- 7) les contre-torpilleurs
Vauban et
Lion affectés à l’Escadre d’Instruction et l’Aigle qui porte le pavillon du contre-amiral commandant la 1
ère Flottille de Sous-Marins prennent les marques de la 1
ère Division de Contre-Torpilleurs (respectivement X 11, X 12 et X 13) qui sera reformé à la Mobilisation. De la même manière, les
Bison (en grandes réparations après son abordage avec le
Georges Leygues le 7 février 1939),
Epervier et
Milan détachés à la Division Navale du Levant constitueront la 11
ème Division de Contre-Torpilleurs avec, respectivement, les marques de coques X 111, X 112 et X 113.
-
les avisos anciens qui possédaient une marque de coque en lettre la conservent. Les avisos de campagne lointaine ou avisos coloniaux de 2000 tonnes (classe Bougainville) et les avisos-dragueurs qui entreront en service durant l’hiver 39-40 n’en auront pas à l’exception du
Bougainville qui arborera d’octobre 1939 à janvier 1940 la marque « BL » peinte en noir, une initiative de son commandant, le capitaine de frégate Fabre de la Ripelle.
L’aviso de 2000 tonnes
Bougainville à Toulon le 14 décembre 1939 débarquant ses munitions sur un bugalet avant son carénage. Depuis la catastrophe de l'Iéna en 1907, tous les bâtiments entrant en réparations dans l'arsenal doivent débarquer toutes leurs munitions.
III – En 1940 Lors des missions d’escorte entre les ports de la façade atlantique et Casablanca ou inverse, les personnels de veille, officiers de quart et commandants ont remarqué que, même par visibilité médiocre, les marques blanches sont trop visibles. Aussi, en réaction aux rapports d’opération, l’Amirauté prescrit, le 6 janvier 1940, avec la Circulaire Ministérielle 22683 CN de repeindre les marques de coque en rouge brique. Cette circulaire est reprise le 19 mai par l’Ordre 1165 FMF 3 qui prescrit en sus la suppression des anneaux de cheminée de couleur blanche dans le même souci de discrétion.
Le torpilleur de 1500 tonnes
Le Mars avec sa marque peinte en rouge brique et sans l’anneau blanc à la première cheminée.
Nous avons vu que les avisos étaient les grands absents lors de l’adoption des marques de coque « normalisées » en février 1939. Cette lacune est en partie comblée le 2 février 1940 par l’Instruction Générale 266 FMF 3 qui généralise à ce type de bâtiments les prescriptions de la Circulaire Ministérielle 244 EMG 3 du 2 février 1939. Pour ce type de bâtiments, les chiffres sont précédés de la lettre « A ».
L’aviso-dragueur colonial
La Surprise avec sa marque de coque A 56 en 1940.
Cette instruction concerne les avisos anciens des 1
ère Escadrille d’Avisos (Forces Maritimes du Nord), 3
ème et 4
ème Escadrilles (Forces Maritimes du Sud) et les avisos-dragueurs des 2
ème et 5
ème Escadrilles (Forces Maritimes de l’Ouest). A ces avisos vient s’ajouter le bâtiment hydrographe Amiral Mouchez qui avait été étudié de manière à recevoir II x 100 Mle 32, II x 37 Mle 25 et deux grenadeurs de sillage à la mobilisation. La marque qui lui est attribué est le « A 15 » mais aucune photo avec cette marque n’est connue.
L’aviso
Epinal (1
ère EA) est vu ici le 6 septembre 1945 alors qu’un remorqueur britannique va le ramener en France. Sa marque « A 11 » est défraichi car la peinture n’a pas été refaite depuis son désarmement fin 1940.
Les avisos anciens qui composaient les 2
ème et 5
ème Escadrilles à la mobilisation, ayant été relevés durant le dernier trimestre de 1939 par les nouveaux avisos-dragueurs et reversés aux forces de région, sont non endivisionnés et ne portent pas de marques de coque.
Les avisos de campagne lointaine ne sont toujours pas concernés, car non endivisionnés, ils sont éparpillés aux quatre coins de l’Empire tout comme l’aviso ancien
Ville d’Ys qui depuis Fort de France assure la sécurité des morutiers sur les Grands Bancs de Terre Neuve.
Ce changement de couleur des marques de coque sera étalé dans le temps car contre-torpilleurs, torpilleurs et avisos sont engagés principalement dans les missions d’escorte des convois et que les phases d’entretien avec passage au bassin sont moins courantes qu’en temps de paix. Aussi, lors de l’attaque allemande à compter du 10 mai et même au moment de Mers El Kebir, certains ont encore leur marque de conque peintes en blanc ! Par contre la suppression des anneaux de couleurs blanches est rapidement actée car c’est une opération rapide et qu’on trouve dans les magasins du bosco des pots de peinture grises.
IV - De l’armistice au sabordageLors de la période juillet 1940 – octobre 1940, la composition de la flotte va faire l’objet de nombreux marchandages avec les commissions d’armistice. Si les Italiens sont arcboutés sur la diminution drastique de la flotte maintenue armée, les Allemands sont moins rigides et les nombreux incidents avec la Royal Navy avec le drame de Mers El Kebir et les combats de Dakar et Madagascar permettent à l’Amirauté de négocier pied à pied une composante navale de l’Armée d’Armistice supérieure aux effectifs initialement prévus.
Pour les contre-torpilleurs et torpilleurs, tous porteront leurs marques de coque rouges-brique et éventuellement leurs anneaux de cheminée qu’ils soient maintenus armés ou placés en gardiennage d’armistice.
La seule modification au principe ne concerne que trois contre-torpilleurs, les
Albatros,
Le Malin et
L’Indomptable, qui, en changeant de division conservent leurs marques de coque initiale, X 73, X 82 et X 81. Le seul signe tangible de ce changement est l’adoption des anneaux de cheminée concernant leur nouvel endivisionnement.
12 novembre 1942 : les épaves des contre-torpilleurs
Albatros (X 73) et
Epervier (X 111) de la 11ème DCT devant celle du croiseur de 8000 tonnes
Primauguet.
Pour les avisos-dragueurs, la période sera marquée par de nombreuses modifications dans la composition des Escadrilles qui seront finalement réduites à trois : la 3
ème à Toulon, la 6
ème à Casablanca et la 7
ème à Dakar. De nombreux changement d’affectation en résulteront. Il faudra plusieurs mois avant que marques de coque et anneaux de cheminée soient conformes à l’endivisionnement de tous ces bâtiments.
Pour les avisos de campagne lointaine, il ne reste en service sous les ordres de l’Amirauté que les
Amiral Charner,
D’Iberville,
D’Entrecasteaux,
Dumont d’Urville et
La Grandière, le
Rigault de Genouilly ayant été coulé devant Alger le 4 juillet 1940 et le
Bougainville devant Libreville le 9 novembre 1940 tandis que le
Savorgnan de Brazza est passé sous pavillon FNFL. Si on excepte
l’Amiral Charner qui reste à Saigon, les quatre autres vont se répartir entre Beyrouth, Casablanca, Dakar et Diego Saurez. Le
Dumont D’Urville, qui est dans un premier temps à Saigon, porte une marque « D » rouge en Indochine puis un « D » blanc à l’issue de son carénage à Diego Suarez avant d’être en conformité avec la nouvelle Instruction Générale 2028 FMF 3 du 20 juin 1941, en arborant à l’issue de son grand carénage à La Ciotat la marque « A 72 ». Pour se conformer à cette Instruction Générale, le
La Grandière qui a quitté la Division Navale du Levant pour rallier la 6
ème Escadrille d’Avisos à Casablanca porte désormais la marque « A 61 » dans une position peu réglementaire : très à l’avant de la teugue. Anomalie réparée en mai 1942 quand sa marque est repeinte à l’aplomb des deux pièces de 138,6 avant. Reste les
D’Iberville et
D’Entrecasteaux qui, entre carénage en France vont alterner affectation à la 7
ème Escadrille de Dakar et détachement à Madagascar. Ni l’un ni l’autre ne porteront la marque « A 71 » ou aucune autre correspondant à la 7
ème Escadrille. de 2000 tonnes
Dumont d’Urville accoste à Dakar le 20 septembre 1941. Sa marque « D » rouge en Indochine a été repeinte en blanc lors de son séjour à Madagascar.
L'aviso de 2000 tonnes
La Grandière a l'issue de son carénage à La Ciotat le 17 juin 1942.
La même Instruction Générale 2028 FMF 3 du 20 juin 1941 va concerner une nouvelle catégorie de bâtiments : les patrouilleurs. Pour eux, c’est la lettre « W » qui précèdera le nombre. Dans cette catégorie, un peu fourre-tout, on va répartir entre quatre escadrilles basée à Toulon, Alger, Oran, Casablanca et Dakar, soit les 3
ème, 4
ème, 5
ème, 6
ème et 7
ème Escadrilles, l’Amiral Mouchez (W 61), deux avisos classe « Amiens » (Les Eparges - W 31 et Calais – W 71), les avisos de seconde classe Engageante (W 41) et Tapageuse (W 42), un garde-pêche (L’Estafette – W 43), les quatre chasseurs de sous-marin de la tranche 1930 (CH 1 – W 34, CH 2 – W 65, CH 3 – W 35 puis W 44 et CH 4 – W 36) et les chalutiers ASM acquis en 1939 (La Havraise – W 32, La Bônoise – W 33, L’Ajaccienne – W 51, La Sétoise – W 53, L’Algéroise – W 66, La Toulonnaise – W 52 et La Servannaise – W 67). A ces bâtiments d’origine Marine Nationale viennent s’ajouter trois chalutiers de grande-pêche conservés sous réquisition (Victoria – W 62, Sergent Gouarne – W 63 et Aspirant Brun – W 64) ainsi que les trois avisos-postaux Air France I (W 72), Air France III (W 73) et Air France IV (W 74).
Le chalutier ASM
La Havraise avec sa marque d’appartenance à la 3
ème Escadrille de Patrouilleurs en 1942.
Quand j'écrivais en début de ce post que l'examen des photos pouvait être source de surprises et de perplexités, en voici un exemple avec un des quatre dernier torpilleurs de la classe "Bourrasque", Trombe, Tramontane et Tornade (le Typhon est éliminé car on ne voit pas le tuyau de cheminée sur le côté bâbord de la cheminée), qui semble porter la marque "38" ou "78". Le problème est que les documents en ma possession ne font jamais mention d'une de ces deux marques.
En espérant vous avoir éclairé sur ce sujet permettant l'identification des navires de notre Royale.
@+
Alain