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 Marques de coque et anneaux de cheminée

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Capu Rossu
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Capu Rossu


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MessageSujet: Marques de coque et anneaux de cheminée   Marques de coque et anneaux de cheminée EmptyMar 21 Déc 2021 - 23:20

Bonsoir,

Pour différencier les navires appartenant à une même catégorie de bâtiments, les différentes marine ont utilisé deux moyens : des marques composées de lettres et/ou de chiffres peintes à l'étrave et des anneaux peints de couleur différente sur une ou plusieurs cheminées.
La Marine Française n'a pas échappé à cette pratique. L'examen des photos avec des navires présentant ces moyens d'identification peut sembler obscurs aux non-initiés. Mais, même avec les documents nécessaires, les spécialistes "marine" ont parfois des difficultés pour s'y retrouver.

Marques de coque er anneaux de cheminée
 
I - Avant 1939
La mise en place des marques de coque et des anneaux de cheminée remonte aux vingt dernières années du XIXe Siècle avec l’accroissement tant des flottilles de torpilleurs de haute mer et de torpilleurs d’escadre (ces derniers ayant eu un temps l’appellation de contre-torpilleurs) et des divisions de grands bâtiments, cuirassés et croiseurs-cuirassés.
Jusqu’à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, le système a connu deux périodes :
- 1) marques de coque composées d’une ou deux lettres prises dans le nom des torpilleurs et pour les grands bâtiments des anneaux de cheminées, un à trois, peints sur une des cheminées en fonction du rang du bâtiment dans la division pour tous les bâtiments construits avant la 1ère Guerre Mondiale, durant cette dernière ou livrés par les ex-Empires Centraux à son issue. Sur plusieurs sous-marins, la marque de coque, quand elle est présente, est peinte sur le gouvernail supérieur.

Marques de coque et anneaux de cheminée S-l16013

 
Le cuirassé de 15.000 tonnes Vérité en 1912-1913 appartenant à la 1ère Division de Cuirassés de la 2ème Escadre.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Balist10

Le torpilleur de 300 tonnes Baliste.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 1915_j10

En avril-mai 1915, le sous-marin Arago est accosté à couple du cuirassé Jauréguiberry. Sur son bâbord, on voit le sous-marin Topaze ou son sister-ship la Turquoise. En arrière-plan, le cuirassé Saint Louis et plus loin un monitor britannique.
 
- 2) avec la mise en service des bâtiments du programme naval, on passe, pour les torpilleurs et contre-torpilleurs, à un système composé d’un nombre à un, deux ou trois chiffres. Ce système relève des amiraux commandant les escadre et, du fait de la personnalité des amiraux va connaître deux variantes. Dans la première les contre-torpilleurs seront numérotés à courir en partant du chiffre « 1 ». De ce fait en 1935, le Gerfaut appartenant à la 7ème Division de Contre-Torpilleurs dans l’Escadre de la Méditerranée porte la marque de coque « 4 » tandis que le Bison, appartenant lui à la 6ème Division dans l’Escadre de l’Atlantique porte aussi la marque « 4 ». Pour permettre, lors de la concentration des escadres de différencier les contre-torpilleurs de Méditerranée de ceux de l’Atlantique, le vice-amiral Darlan, commandant l’Escadre de l’Atlantique, ordonne le 4 octobre 1934 de faire peindre un « - » en arrière du chiffre pour les contre-torpilleurs sous ses ordres. Une combinaison d’un ou deux anneaux blancs ou noir permet suivant la cheminée sur laquelle ils sont peints de connaître le rang du bâtiment dans sa division.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Img01410

Le contre-torpilleur de 2400 tonnes Gerfaut (7ème DCT) entrant dans le Vieux-Port de Marseille en 1935.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Img01310

Le torpilleur de 1500 tonnes Bourrasque (2ème DT) et le contre-torpilleur Bison de 2400 tonnes (6ème DCT) au mouillage en rade de Brest en 1935.
 
La deuxième variante apparait le 15 août 1936 dans l’Escadre de la Méditerranée. Sur ordre du vice-amiral Abrial, la marque de coque comprend désormais deux chiffres, le premier étant le numéro de la division et le second celui du rang du bâtiment dans celle-ci.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 193410

Le contre-torpilleur de 2100 tonnes Panthère (1ère DCT) en 1934.
 
Pour les torpilleurs, le principe de l’association numéro de la division – rang du bâtiment est acquis dès 1926, y compris pour les torpilleurs issus de la 1ère Guerre Mondiale, mais peut, à partir du 1er octobre 1930, comporter trois chiffres avec la création des 11ème, 12ème et 13ème Division de Torpilleurs, la 10ème Division de Torpilleurs n’étant pas constituée, et pour ces trois divisions, les deux premiers chiffres désignent le numéro de la division. Comme les contre-torpilleurs, les torpilleurs ont des années de cheminée mais ceux-ci servent à désigner la division et pour ce faire sont de sept couleurs différentes et portés à raison d’un à chaque cheminée car ils ne désignent pas le rang du bâtiment dans la division. Ce principe de marques de coque est rationnel si on excepte le fait qu’entre le 1er novembre 1930 et le 1er octobre 1934, les 9ème et 11ème Divisions de Torpilleurs ne verront pas leurs bâtiments numérotés à partir du « 91 » et du « 111 » mais à partir du « 96 » et du « 112 ».
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 024_0010

Le torpilleur de 1500 tonnes Fougueux (11ème DT) en 1931.
 
Au 1er octobre 1936, la majorité des torpilleurs de 1500 tonnes se trouvant dans l’Atlantique, la 1ère Flottille de Torpilleurs ne comprend que sept bâtiments de ce type, un détaché à Marine Maroc et les six autres regroupés en deux divisions, les 1ère et 3ème. Les torpilleurs de la 1ère Division prennent les marques « 1 » à « 3 » tandis que ceux de la 3ème Division portent les marques « 4 » à « 6 ». Mais le 1er octobre 1938, les bâtiments des deux divisions ont les marques « 1 » à « 3 » ! La division d’appartenance n’est alors plus désignée que par la couleur des anneaux de cheminée : blancs pour la 1ère et rouges pour la 3ème.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 16-03-10

Le torpilleur de 1500 tonnes La Palme (1ère DT) à Port Vendres le 16 mars 1939. On voit en sus le pavillon peint sur le masque de la pièce II durant la Guerre d’Espagne, marque de neutralité portées par les bâtiments non espagnols entre le 1er avril 1937 et le 1er avril 1939.
 
Que ce soit pour les contre-torpilleurs ou les torpilleurs, la numérotation n’est pas permanente comme elle l’est actuellement depuis 1951 mais tactique et dépend de l’endivisionnement des bâtiments. Un bâtiment qui change de division voit sa marque de coque et ses anneaux de cheminée changer. Un bâtiment qui passe en réserve, entre en réparations ou est placé hors-rang car il devient chef de flottille ou d’escadrille perd marque de coque et anneaux de cheminée.
Pour les sous-marins, il n’y a aucune idée directrice. Les sous-marins survivants de la guerre ou livrés par l’Allemagne ont des marques de coque formées de lettres tirées de leur nom peintes sur le kiosque.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Wkurna10

Le sous-marin Curie a été entièrement refondu dans un arsenal autrichien après sa capture à Pula. il est vu ici, revenu sous pavillon français, après 1919 en rade des Vignettes à Toulon.
 
Les sous-marins issus du programme naval portent la lettre « S » suivies d’un chiffre pour les 1100 tonnes mais avec la mise en service des premiers 1500 tonnes, ceux-ci reprennent les marques « S 1 » à « S 9 » ce qui fait que si une division de 1100 tonnes prend les marques « S 10 » à « S 12 », une seconde revient au principe des lettres tandis que le troisième prend les marques « Z 1 » à « Z 3 » avec en complément le Saphir qui troque son « SH » contre le « Z 4 » puis rejoint les autres mouilleurs de mines dans la série des « H 1 » à « H 5 » avec l’exception de la Perle qui entre en service quand tous les mouilleurs de mines ne portent plus des marques de coque. Les sous-marins de 1500 tonnes entrés en service à partir de 1931 ne portent d’abord aucune marque de coque avant de prendre une marque composée d’un chiffre et d’un tiret à compter du 1er octobre 1934 avec une exception, Le Glorieux qui aura une marque en « S » en 1934 – 1935.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 10p8up10

Le sous-marin de 1500 tonnes Actéon (8ème ESM) à Toulon en 1933.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Sous-m10

Le sous-marin de 1100 tonnes Requin (5ème ESM) en 1933 dans la calanque d’En Vau entre Marseille et Cassis.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Turquo10

Le sous-marin mouilleur de mines Turquoise (5ème ESM) en 1934 avec sa marque « H 2 ».
 
Pour les sous-marins de 600 et 630 tonnes, c’est le principe des lettres qui est adopté mais certains d’entre eux vont avoir une marque commençant par la lettre « N » de février à octobre 1932 avant d’adopter comme les 1100 tonnes une marque commençant par la lettre « Z ». Mais après octobre 1934, les marques disparaissent pour les 600 tonnes ainsi que pour les mouilleurs de mines, et sont remplacées par une numérotation à courir commençant par le numéro « 1 » pour les 630 tonnes.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 1932_o10

Les sous-marins de 600 tonnes Galatée avec la marque « GL » (6ème ESM) et Calypso sans marque car en complément en 1932 à Oran. Pour les sous-marins de 600 et 630 tonnes, la Marine définissait les caractéristiques générales et laissait chaque chantier libre pour dessiner les plans, d’où les silhouettes différentes. Il faudra attendre la tranche complémentaire de 1930 pour qu’elle impose son propre plan d’où le surnom de type « Amirauté » pour les six « Minerve ».
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 44742010

Le sous-marin de 630 tonnes Argonaute (5ème ESM) en 1932.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Thzoti10

Le sous-marin de 600 tonnes Thétis (5ème ESM) entre le 1er octobre1932 et le 1er juin 1933.
 
Par opposition aux bâtiments de surface, les marques de coque des sous-marins sont rationalisées dès le 1er octobre 1937 par adoption d’une marque à deux ou trois chiffres, le premier ou les deux premiers pour désigner la division et le dernier pour le rang du bâtiment dans la division.

 Marques de coque et anneaux de cheminée Marsou10

Le sous-marin de 1100 tonnes Marsouin (9ème DSM) peu avant la guerre.
 
Enfin, les avisos ont soit une marque de coque avec des lettres soit n’en ont pas.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 4c9f0a10

L’aviso de 2ème classe Aisne en cale sèche.
 
II – En 1939
Devant cette situation des plus chaotique, le nouveau Chef d’Etat-major Général de la Marine, l’amiral Darlan fait promulguer le 2 février 1939 la Circulaire Ministérielle 244 EMG 3 qui attribue l’attribution des marques de coque au Ministre, en fait à l’EMG, et les rationalise :  
- 1) pour les bâtiments de ligne, ils porteront à la cheminée arrière ou à l’unique cheminée : un ou deux anneaux blancs pour ceux appartenant à la 1ère Division de Ligne (Dunkerque - Strasbourg), un, deux ou trois anneaux noirs pour ceux appartenant à la 2ème Division de Ligne (Lorraine - Bretagne - Provence), et un ou deux anneaux jaunes pour ceux appartenant à la 3ème Division de Ligne (Paris - Courbet).
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Ieq9o910
   
Le cuirassé Bretagne (2ème DL) à Toulon en 1939.
 
- 2) pour les croiseurs, ils porteront à la cheminée avant ou à l’unique cheminée : un, deux, trois ou quatre anneaux blancs pour ceux appartenant à la 1ère Division de Croiseurs (AlgérieDupleixFochColbert), un, deux ou trois anneaux noirs pour ceux appartenant à la 2ème Division de Croiseurs (DuquesneTourville – le Suffren ne portera pas ses trois anneaux car il est en réparations puis est affecté à la 5ème Division), un, deux ou trois anneaux jaunes pour ceux appartenant à la 3ème Division de Croiseurs (MarseillaiseJean de VienneLa Galissonnière), un deux ou trois anneaux verts pour ceux appartenant à la 4ème Division de Croiseurs (Georges LeyguesMontcalmGloire) et un, deux ou trois anneaux rouges pour ceux appartenant à la 5ème Division de Croiseurs (Lamotte PicquetPrimauguetSuffren).
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 193911

Le croiseur de 10.000 tonnes Suffren portant les trois bandes rouges de la 5ème DC peu avant son départ pour l’Indochine le 26 juin 1939.
 
- 3) pour les torpilleurs et les contre torpilleurs, la marque de coque est composée d’un nombre à deux ou trois chiffres, le premier ou les deux premiers identifient la division et le dernier le rang du bâtiment dans le division. Ce nombre est précédé de la lettre « T » pour les torpilleurs et de la lettre « X » pour les contre-torpilleurs. Cette marque de coque est peinte en blanc de chaque bord dans la partie avant de la coque et sur toute la hauteur de la teugue. Tous ont un anneau ou deux de couleur peints à la deuxième cheminée pour les contre-torpilleurs ou à la première pour les torpilleurs suivant les dispositions suivantes : un anneau blanc pour la 1ère Division, 1 anneau noir pour la 2ème Division, un anneau jaune pour la 3ème Division, un anneau vert pour la 4ème Division, un anneau rouge pour la 5ème Division, un anneau bleu pour la 6ème Division, deux anneaux blancs pour la 7ème Division, deux anneaux noirs pour la 8ème Division, deux anneaux jaunes pour la 9ème Division, deux anneaux verts pour la 10ème Division, deux anneaux bleus pour la 11ème Division, deux anneaux rouges pour la 12ème Division, trois anneaux blancs pour la 13ème Division, etc…
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 193912

Le contre-torpilleur Mogador (6ème DCT) sur coffre en rade de Brest en 1939.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 193913

Le torpilleur de 600 tonnes Branlebas (11ème DT).
 
- 4) pour les sous-marins, le principe est le même que pour les torpilleurs ou contre-torpilleurs mais il n’y a pas de lettre avec le nombre et la marque de coque est peinte en rouge sur le kiosque. Dans les faits, les seuls changements pour ces bâtiments vont concerner des changements éventuels de division afin qu’à l’intérieur d’une division on ait des sous-marins ayant les mêmes moteurs diesels et électriques pour harmoniser les périodes de grands carénages.
- 5) pour les bâtiments de surface dont le nom est dans un cartouche, le fond du cartouche est de la couleur des anneaux. Pour les sous-marins, la peinture du cartouche est la même que celle de la coque.
- 6) les croiseurs Emile Bertin (hors rang dans l’Escadre de l’Atlantique), Duguay Trouin et Pluton (affectés à l’Escadre d’Instruction) ne portent pas d’anneaux de cheminée.
- 7) les contre-torpilleurs Vauban et Lion affectés à l’Escadre d’Instruction et l’Aigle qui porte le pavillon du contre-amiral commandant la 1ère Flottille de Sous-Marins prennent les marques de la 1ère Division de Contre-Torpilleurs (respectivement X 11, X 12 et X 13) qui sera reformé à la Mobilisation. De la même manière, les Bison (en grandes réparations après son abordage avec le Georges Leygues le 7 février 1939), Epervier et Milan détachés à la Division Navale du Levant constitueront la 11ème Division de Contre-Torpilleurs avec, respectivement, les marques de coques X 111, X 112 et X 113.
- Cool les avisos anciens qui possédaient une marque de coque en lettre la conservent. Les avisos de campagne lointaine ou avisos coloniaux de 2000 tonnes (classe Bougainville) et les avisos-dragueurs qui entreront en service durant l’hiver 39-40 n’en auront pas à l’exception du Bougainville qui arborera d’octobre 1939 à janvier 1940 la marque « BL » peinte en noir, une initiative de son commandant, le capitaine de frégate Fabre de la Ripelle.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée S-l16014

L’aviso de 2000 tonnes Bougainville à Toulon le 14 décembre 1939 débarquant ses munitions sur un bugalet avant son carénage. Depuis la catastrophe de l'Iéna en 1907, tous les bâtiments entrant en réparations dans l'arsenal doivent débarquer toutes leurs munitions.
 
 
III – En 1940
Lors des missions d’escorte entre les ports de la façade atlantique et Casablanca ou inverse, les personnels de veille, officiers de quart et commandants ont remarqué que, même par visibilité médiocre, les marques blanches sont trop visibles. Aussi, en réaction aux rapports d’opération, l’Amirauté  prescrit, le 6 janvier 1940, avec la Circulaire Ministérielle 22683 CN de repeindre les marques de coque en rouge brique. Cette circulaire est reprise le 19 mai par l’Ordre 1165 FMF 3 qui prescrit en sus la suppression des anneaux de cheminée de couleur blanche dans le même souci de discrétion.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée 443_0010

Le torpilleur de 1500 tonnes Le Mars avec sa marque peinte en rouge brique et sans l’anneau blanc à la première cheminée.
 
Nous avons vu que les avisos étaient les grands absents lors de l’adoption des marques de coque « normalisées » en février 1939.  Cette lacune est en partie comblée le 2 février 1940 par l’Instruction Générale 266 FMF 3 qui généralise à ce type de bâtiments les prescriptions de la Circulaire Ministérielle 244 EMG 3 du 2 février 1939. Pour ce type de bâtiments, les chiffres sont précédés de la lettre « A ».
 
 Marques de coque et anneaux de cheminée 194011

L’aviso-dragueur colonial La Surprise avec sa marque de coque A 56 en 1940.
 
Cette instruction concerne les avisos anciens des 1ère Escadrille d’Avisos (Forces Maritimes du Nord), 3ème et 4ème Escadrilles (Forces Maritimes du Sud) et les avisos-dragueurs des 2ème et 5ème Escadrilles (Forces Maritimes de l’Ouest). A ces avisos vient s’ajouter le bâtiment hydrographe Amiral Mouchez qui avait été étudié de manière à recevoir II x 100 Mle 32, II x 37 Mle 25 et deux grenadeurs de sillage à la mobilisation. La marque qui lui est attribué est le « A 15 » mais aucune photo avec cette marque n’est connue.
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Img01010

L’aviso Epinal (1ère EA) est vu ici le 6 septembre 1945 alors qu’un remorqueur britannique va le ramener en France. Sa marque « A 11 » est défraichi car la peinture n’a pas été refaite depuis son désarmement fin 1940.
 
Les avisos anciens qui composaient les 2ème et 5ème Escadrilles à la mobilisation, ayant été relevés durant le dernier trimestre de 1939 par les nouveaux avisos-dragueurs  et reversés aux forces de région, sont non endivisionnés et ne portent pas de marques de coque.
Les avisos de campagne lointaine ne sont toujours pas concernés, car non endivisionnés, ils sont éparpillés aux quatre coins de l’Empire tout comme l’aviso ancien Ville d’Ys qui depuis Fort de France assure la sécurité des morutiers sur les Grands Bancs de Terre Neuve.
Ce changement de couleur des marques de coque sera étalé dans le temps car contre-torpilleurs, torpilleurs et avisos sont engagés principalement dans les missions d’escorte des convois et que les phases d’entretien avec passage au bassin sont moins courantes qu’en temps de paix. Aussi, lors de l’attaque allemande à compter du 10 mai et même au moment de Mers El Kebir, certains ont encore leur marque de conque peintes en blanc ! Par contre la suppression des anneaux de couleurs blanches est rapidement actée car c’est une opération rapide et qu’on trouve dans les magasins du bosco des pots de peinture grises.
 
IV - De l’armistice au sabordage
Lors de la période juillet 1940 – octobre 1940, la composition de la flotte va faire l’objet de nombreux marchandages avec les commissions d’armistice. Si les Italiens sont arcboutés sur la diminution drastique de la flotte maintenue armée, les Allemands sont moins rigides et les nombreux incidents avec la Royal Navy avec le drame de Mers El Kebir et les combats de Dakar et Madagascar permettent à l’Amirauté de négocier pied à pied une composante navale de l’Armée d’Armistice supérieure aux effectifs initialement prévus.
Pour les contre-torpilleurs et torpilleurs, tous porteront leurs marques de coque rouges-brique et éventuellement leurs anneaux de cheminée qu’ils soient maintenus armés ou placés en gardiennage d’armistice.
La seule modification au principe ne concerne que trois contre-torpilleurs, les Albatros, Le Malin et L’Indomptable, qui, en changeant de division conservent leurs marques de coque initiale, X 73, X 82 et X 81. Le seul signe tangible de ce changement est l’adoption des anneaux de cheminée concernant leur nouvel endivisionnement.

Marques de coque et anneaux de cheminée 1942_110
 
12 novembre 1942 : les épaves des contre-torpilleurs Albatros (X 73) et Epervier (X 111) de la 11ème DCT devant celle du croiseur de 8000 tonnes Primauguet.
 
Pour les avisos-dragueurs, la période sera marquée par de nombreuses modifications dans la composition des Escadrilles qui seront finalement réduites à trois : la 3ème à Toulon, la 6ème à Casablanca et la 7ème à Dakar. De nombreux changement d’affectation en résulteront. Il faudra plusieurs mois avant que marques de coque et anneaux de cheminée soient conformes à l’endivisionnement de tous ces bâtiments.
Pour les avisos de campagne lointaine, il ne reste en service sous les ordres de l’Amirauté que les Amiral Charner, D’Iberville, D’Entrecasteaux, Dumont d’Urville et La Grandière, le Rigault de Genouilly ayant été coulé devant Alger le 4 juillet 1940 et le Bougainville devant Libreville le 9 novembre 1940 tandis que le Savorgnan de Brazza est passé sous pavillon FNFL. Si on excepte l’Amiral Charner qui reste à Saigon, les quatre autres vont se répartir entre Beyrouth, Casablanca, Dakar et Diego Saurez. Le Dumont D’Urville, qui est dans un premier temps à Saigon, porte une marque « D » rouge en Indochine puis un « D » blanc à l’issue de son carénage à Diego Suarez avant d’être en conformité avec la nouvelle Instruction Générale 2028 FMF 3 du 20 juin 1941, en arborant à l’issue de son grand carénage à La Ciotat la marque « A 72 ». Pour se conformer à cette Instruction Générale, le La Grandière qui a quitté la Division Navale du Levant pour rallier la 6ème Escadrille d’Avisos à Casablanca porte désormais la marque « A 61 » dans une position peu réglementaire : très à l’avant de la teugue. Anomalie réparée en mai 1942 quand sa marque est repeinte à l’aplomb des deux pièces de 138,6 avant. Reste les D’Iberville et D’Entrecasteaux qui, entre carénage en France vont alterner affectation à la 7ème Escadrille de Dakar et détachement à Madagascar. Ni l’un ni l’autre ne porteront la marque « A 71 » ou aucune autre correspondant à la 7ème Escadrille. de 2000 tonnes Dumont d’Urville accoste à Dakar le 20 septembre 1941. Sa marque « D » rouge en Indochine a été repeinte en blanc lors de son séjour à Madagascar.

Marques de coque et anneaux de cheminée La_cio10

L'aviso de 2000 tonnes La Grandière a l'issue de son carénage à La Ciotat le 17 juin 1942.
 
La même Instruction Générale 2028 FMF 3 du 20 juin 1941 va concerner une nouvelle catégorie de bâtiments : les patrouilleurs. Pour eux, c’est la lettre « W » qui précèdera le nombre. Dans cette catégorie, un peu fourre-tout, on va répartir entre quatre escadrilles basée à Toulon, Alger, Oran, Casablanca et Dakar, soit les 3ème, 4ème, 5ème, 6ème et 7ème Escadrilles, l’Amiral Mouchez (W 61), deux avisos classe « Amiens » (Les Eparges - W 31 et Calais – W 71), les avisos de seconde classe Engageante (W 41) et Tapageuse (W 42), un garde-pêche (L’Estafette – W 43), les quatre chasseurs de sous-marin de la tranche 1930 (CH 1 – W 34, CH 2 – W 65, CH 3 – W 35 puis W 44 et CH 4 – W 36) et les chalutiers ASM acquis en 1939 (La Havraise – W 32, La Bônoise – W 33, L’Ajaccienne – W 51, La Sétoise – W 53, L’Algéroise – W 66, La Toulonnaise – W 52 et La Servannaise – W 67). A ces bâtiments d’origine Marine Nationale viennent s’ajouter trois chalutiers de grande-pêche conservés sous réquisition (Victoria – W 62, Sergent Gouarne – W 63 et Aspirant Brun – W 64) ainsi que les trois avisos-postaux Air France I (W 72), Air France III (W 73) et Air France IV (W 74).
 
Marques de coque et anneaux de cheminée Pavill10

Le chalutier ASM  La Havraise avec sa marque d’appartenance à la 3ème Escadrille de Patrouilleurs en 1942.

Quand j'écrivais en début de ce post que l'examen  des photos pouvait être source de surprises et de perplexités, en voici un exemple avec un des quatre dernier torpilleurs de la classe "Bourrasque", Trombe, Tramontane et Tornade (le Typhon est éliminé car on ne voit pas le tuyau de cheminée sur le côté bâbord de la cheminée), qui semble porter la marque "38" ou "78". Le problème est que les documents en ma possession ne font jamais mention d'une de ces deux marques.

Marques de coque et anneaux de cheminée Img19010

En espérant vous avoir éclairé sur ce sujet permettant l'identification des navires de notre Royale.

@+
Alain
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