Fusil Lebel modèle 1886-93 et lunette de tir APX L 718 1935

Bonsoir,

Tout est dans le titre!
Un lecteur aurait-il des précisions techniques sur la lunette de tir APX L 718 1935 destinée au bon vieux fusil Lebel modèle 1886-93 et sur sa diffusion ?
Je pense bien sûr en priorité à "Professeur" et à "Alamas", spécialistes de ces questions, qui fréquentent de temps en temps ce Forum.
Je n'ai en effet nulle envie de m'inscrire sur certains "sites" spécialisés où la jactance, la suffisance et l'humour douteux gâtent les meilleurs sujets.
Cordialement,
Guy François.

J' ai eu le modèle de 14/18 entre les mains en Algérie en 1962 quand nous avons eu ordre de les casser et enterrer les restes dans une tranchée de 2m de profondeur....très belle lunette APX  tout laiton un peu longue......Il y a eu des tonnes de matériels immergés au large  des établissements du matériel de Rouiba.......Personnellement j'étais vers Bou Merdés (ex Rocher Noir) la BA146....Des dizaines de half tracks y ont été stockés puis détruits,les Sionistes sont venus pour les acheter puis les ont refusés car ces modèles étaient de fabrication française et ils les prétendaient irréparables avec leurs stocks de rechanges américains et leurs pas de vis US......La Marine a aussi détruit par immersion en mer au large de Toulon des stocks de Carabines Winchester et Remington...remontant à 1870 m'avaient dit des gens de la "Royale" faisant partie de ma Cie interarmes........

Bonjour,
J’avoue humblement n’avoir jamais croisé un document mentionnant cette optique.
Elle ne figurait pas dans les archives de Tulle de 1932 à 1938, pourtant spécialisée dans le Lebel, consultables il y a quelques années à Châtellerault (série 2H4, cartons 29 à 41).
Elles sont (étaient?) il est vrai, visiblement lacunaires, puisque Yves CAYRE cite dans son livre des chiffres précis pour les productions de 1938 à 1940, introuvables dans les archives versées au CAA et consultables en novembre 2013.

Bonsoir,

L'affaire se complique donc!
Il ne s'agit pas d'une lunette ancienne des types APX 1916, APX 1917 ou APX 1921 qui sont certainement les lunettes évoquées par "Alfred" dans son message concernant les destructions de 1962 en Algérie.
Le montage de l'APX L 718 1935 est très différent d'après la photographie jointe plus bas.
Eric Denis avait fait allusion dans un message au "Bulletin d'information sur les études de matériels" n° 2 de janvier 1940 affirmant que "La mise au point d'un fusil à lunette n'a pu aboutir avec le fusil 86 M 93, dont le réglage varie constamment par suite des déformations du canon occasionnées par le fût".
Je trouve cette justification technique un peu "étrange"? Des déformations du canon occasionnées par le fût, je demande à voir ou du moins à comprendre.
Je déduis de tout ceci que la lunette APX L 718 peut être une lunette essayée (avec d'autres?) vers 1935-1936 et qu'elle n'a pas donné satisfaction.
S'agit-il d'un prototype unique ou la lunette a-t-elle fait l'objet d'essais "en grand" tel était l'objet de ma question initiale.
Voici une photographie montrant le montage de cette lunette "mystère":


Cordialement,
Guy François.

Bonsoir,
Le corps de la lunette n’est pas sans évoquer celui des lunettes APX 1921 et APX 1934, mais effectivement le pied diffère totalement.

Quant à l’influence du fût sur la précision du canon, elle vient du fait que le fût et le canon, sur une arme comme le Lebel, sont étroitement attachés.

La cause d’imprécision liée au fût la plus souvent citée est qu’il contrarie le régime vibratoire du canon. Après un certain nombre de tirs, certains coups vont partir un peu n’importe où. En général, plus la monture est enveloppante et le canon fin et plus le phénomène est important.
Le fusil Lee-Enfield Mk III était particulièrement sujet à la chose (ou les britanniques y accordaient une grande importance) et un gros travail a été fait dans l’entre-deux-guerres qui aboutira sur le fusil No 4.
Il a existé diverses solutions, appliquées par certaines armées (Finlande, Suisse) ou les tireurs en compétition (Lee-Enfield préparés par Fulton), consistant à limiter les points de contacts entre la monture et le canon, à placer des cales bien précises sur ces points et/ou décrire par le menu la façon de serrer les vis des grenadières et des embouchoirs pour ne pas trop contrarier le canon.
Sans parler d’un éventuel épaississement du canon.

Il faut savoir par exemple que démonter le devant et le garde-main d’un MAS 49 et les remonter lui fait souvent perdre son zéro. C’est pour ça que les vis de ces pièces sont d’un type qui ne peut être démonté par le premier tournevis venu.
Cela peut paraître bizarre, le bois est doté d’une certaine souplesse et on se dit que cela ne peut guère avoir d’influence sur un barreau en acier qui semble infiniment plus rigide, et pourtant…

Aujourd’hui, on a résolu le problème sur les armes de précision en laissant, entre autres, le canon libre. C’était déjà la solution adoptée sur le FR-F1, qui a un canon relativement léger pour ce type d’arme : le devant entoure le canon sans le toucher.

Les phénomènes vibratoires déclenchés par chaque départ s'additionnent si les départs sont rapides, ils sont aussi modifiés par la température du tube qui monte et détermine des caractéristiques différentes du métal... il y a aussi les circonstances atmosphériques, l'humidité par exemple si vous utilisez de la poudre noire à l'ancienne... je suis tireur depuis plus de 50 ans... chaque tir est une nouvelle aventure.

   Cela a commencé avec un 49/56 tout neuf .... quand je me suis rendu compte que je parvenais à grouper mes balles dans le 10 de la C50 à 200m... J'étais parmi les 5 meilleurs de ma Compagnie... Revenu dans le monde civil, j'ai continué dans un club et comme je suis un passionné doté de diplômes en histoire      je suis devenu un spécialiste des armes anciennes, on finit par se rendre compte de tous les nombreux aléas pour un tir parfait, plein but à grande distance comptez aussi avec le vent, sa direction, sa force, le poids de votre balle...

     La vieille lunette APX que j'avais récupérée en Algérie  devait être maintenue et fixée par deux bagues ou colliers dans mon souvenir mais l'une était absente... avant mon départ je l'avais donnée à un sous off, peut être ce dernier qui a du repartir sur un chaland depuis des plages avec nos véhicules l'a-t-il gardée en souvenir....

Bonjour,

Merci pour vos réponses!
Je connaissais bien sûr les problèmes liés au régime vibratoire du canon, c'est le terme "déformations" qui me causait un souci d’interprétation.
Voici une photographie de la lunette APX L 718, dont le pied n'est pas la seule originalité, sa finition est aussi intéressante:

Cordialement,
Guy François.

Bonjour,
Merci pour cette vue rapprochée qui permet de noter que :
- la bonnette est en cuir et non en caoutchouc,
- que le corps de la lunette (difficile à voir pour le pied) est revêtu d’une peinture texturée comme on en trouve sur l’optique scientifique de précision des années 1930 à 1960. C’est une peinture résistante aux chocs et aux rayures, avec un rendu mat, mais difficile à nettoyer à fond. Et elle est aussi épaisse, raison pour laquelle on n’en voit jamais sur les bagues de réglage.

Je vais par ailleurs examiner de plus près sur le Lebel le mode d’attache du fût à l’avant du boîtier de culasse. S’il y a du jeu, cela veut dire que les appuis sur le canon changent en permanence. C’est aussi une cause connue d’imprécision sur les armes à la monture construite en deux parties.

Sur d’autres armes construites en deux parties (MAS 36) , l’arrière du fût est étroitement fixé dans des pièces en métal vissées sur le bois, qui viennent ensuite s’emboîter en haut et en bas, métal sur métal, dans la partie avant du boîtier de culasse.
Pour le Lebel le tenon métallique qui relie le boîtier au fût n’est qu’en bas et fixé sur le tube arrêt du magasin, qui n’est engagé dans le fût que sur environ 5 cm, bloqué par une goupille transversale.

Ce problème d’imprécision due au fût sur le Lebel est une totale découverte pour moi. Le Lebel a une excellente réputation en la matière, en tous cas avec les balles D et 32N. J’ai par exemple trouvé trace d’un certain nombre de ventes par la MAT dans les années 30 à des tireurs civils ou à la mise à disposition gratuite pour des militaires compétiteurs.
Sa canonnerie et la cartouche 8mm 32 N servira de base juste après la 2e guerre mondiale pour la fabrication d’une carabine de tir de compétition, avec un boîtier de MAS 36, il est vrai.

Mais à chaque fois, c’est de la visée métallique, et pas un tir avec lunette susceptible de révéler des défauts passant inaperçus.

Oui, on a dit que les Allemands eux mêmes avaient testé la précision du Lebel comparée au Mauser et l'avaient jugée au moins équivalente , si ce n'était même légèrement supérieure...

Bonjour,

Ce sujet n'ayant pas beaucoup évolué, je publie la photo de la lunette APX 716 dans son étui de transport:

Cordialement,
Guy François.