Culasse 155 Schneider Mle 1917

Bonjour à tous
Je fais appel aux spécialistes artillerie pour m’éclairer quelque peu:
1- pouvez vous me confirmer que la "culasse" de la pièce est bien l'objet cerclé de rouge?
2- le démontage de cette pièce peut-il être effectué en retirant l'axe (flèche noire) et cela très aisément?
Ces  réponses me permettraient de comprendre une opération de sabotage simple et efficace (décrite dans un rapport).
Merci de votre attention.
sergeH

Salut

La culasse est bien la pièce entourée de rouge.
Plus précisément c'est la partie ronde.
Elle est verrouillée ou déverrouillée, en pivotant d'un quart de tour.
La culasse est fixée sur un volet, la partie rectangulaire, qui pivote sur un axe.

En principe, la culasse verrouillée, même si en enlève l'axe, le coup part normalement
sans dommage.
Si elle n'est pas verrouillée ou mal, il doit y avoir un dispositif de sécurité ne permettant 
pas la mise à feux.

Je ne vois pas le rôle de cet axe dans le sabotage d'une pièce ?

Vous pourriez nous présenter ce rapport de sabotage ?

Cordialement

Bonjour Serge,

Je pense que cet axe est une manière de "pièce de sécurité" du Schneider 155 C17, au même titre que le percuteur du FAMAS.

Sans cet axe, on ne peut plus manœuvrer la culasse. L'avantage, c'est qu'en cas de retour sur la position, l'arme peut être remise en service rapidement par celui qui a conservé l'axe en question, ou par l'atelier régimentaire. Il existe peut-être même un axe de rechange dans le lot de cet obusier.

Cordialement,

Bonjour Thierry
Merci de vous intéresser à mon petit problème.
J'ai régulièrement cherché des infos sur le 361 RALCP, petite unité engagée tardivement en appui du 8e RI aux côtés du 211 RA sur la Meuse belge. Las de ne rien trouver, je me suis rendu à Vincennes (avec Olivier!! )et ma lanterne s'est enfin éclairée. Vous lirez en pièce jointe un extrait du rapport évoqué.
Le contexte est clair: ayant reçu l'avis de repli le 14 mai vers midi, le 361 rassemble son matériel. Un Cletrac ne démarre pas et les 4 pièces doivent être abandonnées. Précaution: les culasses sont retirées et balancées dans un étang proche.
Arrivent les questions subsidiaires: facile à démonter, pièces lourdes et volumineuses ou pas..? etc.
Merci de votre attention.
Cordialement
Serge

Serge,

Il semble que les liens n'apparaissent pas correctement dans mon post. Je corrige mais cela ne sera pas fort élégant...

Voici quelques références dans Gallica sur la mise hors de service du matériel d'artillerie :
Si besoin faire une recherche dans les document avec "mise hors de service" (formule officielle pour un sabordage)


https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96128035.r=%22mise%20hors%20de%20service%22%20%22mise%20hors%20de
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6556258j/f160.image.r=%22mise%20hors%20de
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6577379x/f180.item.r=obusier%20155%20schneider
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96165998/f268.image.r=%22mise%20hors%20de
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9624931q/f24.image.r=%22mise%20hors%20de
]https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6581414b/f137.image.r=%22mise%20hors%20de
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65605513/f180.item.r=%22mise%20hors%20de%20service%22
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6558931x/f113.image.r=%22mise%20hors%20de
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96118100/f91.image.r=%22mise%20hors%20de
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6469352c/f151.image.r=%22mise%20hors%20de


Il y en a encore d'autres! Bonne lecture

Bonsoir,

Il semble bien que les officiers ayant procédé à la mise hors-service des canons de cette batterie aient adopté la moins bonne solution, peut-être faute de pétards d'explosif immédiatement disponibles?
En effet, la culasse d'un 155 C modèle 1917 pèse 85 kg, on imagine que ces culasses ont été jetées à moins d'un mètre du bord de l'étang. Résultat probable: récupération en quelques heures par les allemands qui ne manquaient jamais de visiter les abords d'une batterie et de sonder les rivières et puits à proximité.
Pendant la Grande Guerre, la pratique d'enterrer la culasse a été employée par les canonniers marins à Verdun en février 1916 car leurs pétards étaient défectueux avec comme résultat la récupération de la culasse par les allemands.
Il vaut mieux boucher le canon avec tout ce que l'on peut trouver et tirer un obus à fusée instantanée mais il faut un minimum de temps.
On peut aussi vider les liquides des freins et tirer le matériel.
La grenade incendiaire est une excellente solution faisant fondre le métal et soudant la culasse.
Seul le canon de 75 possède vraiment la solution idéale avec le "déclavetage" de la pièce qui n'exige que peu de temps et n'abîme pas la pièce tout en la rendant complétement impossible à utiliser par l'ennemi. La "clavette" est très petite et de forme compliquée, elle peut être soustraite à la vue et aux recherches de l'ennemi même en cas d'encerclement. De surcroît, en cas de reprise de la pièce, celle-ci devient immédiatement opérationnelle si on dispose de clavette de rechange (il y en a dans les Parcs mais pas dans les batteries afin de ne pas donner à l'ennemi la possibilité de réutiliser le canon).
Les pièces de gros calibre n'ont pas de pièce de sécurité équivalente. On peut essayer de démonter quelques organes délicats mais tout ceci prend du temps.
En résumé, il vaut mieux avoir sous la main quelques pétards de mélinite et des détonateurs immédiatement disponibles si les affaires tournent mal.
Cordialement,
Guy François.

Salut

Comme le précise ALVF, le moyen le plus rapide et le plus sûr de neutraliser un pièce c'est la grenade au phosphore, 
mais faut il en avoir.

La difficulté de démontage des culasses est essentiellement son poids, difficile à manipuler.

Cordialement

Merci Mr François pour la précision de poids.
Merci aussi à TDM-PF.
On aura tous compris que ce "sabotage" était du a une situation d'urgence et en l'absence des moyens que vous décrivez. Il faut aussi se souvenir que l'action a été réalisée par le Capitaine de Tailly, commandant du groupe.
Bien cordialement.
sergeH

Bonjour,

Sans mettre en doute la réalité de cette mise hors de service des pièces par le commandant de groupe, il faut savoir que le procédé d'enlèvement de la culasse est un "classique" de la rédaction des JMO de la Grande Guerre.
Cette pratique permet d'expliquer, le cas échéant, une remise en œuvre de nos pièces par l'ennemi. La logique est imparable: nous avons fait ce que nous avons pu mais l'ennemi a récupéré nos culasses pourtant enlevées et cachées!
En effet, abandonner ses pièces engage l'honneur des unités avec toutes les conséquences induites pour les chefs, au moins pendant la Grande Guerre.
On peut trouver, en complément du démontage de la culasse, le matage des filets à coups de masse, qui empêche au moins le réemploi immédiat de la pièce mais là aussi il faut un peu de temps.
La tendance actuelle de nombreux auteurs d'articles, voire de livres, est de tout rédiger à partir des JMO, autant écrire l'histoire contemporaine en s'appuyant sur les dépêches de l'agence France-Presse ou des journalistes "engagés".
Cordialement,
Guy François.