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| 70e anniversaire du Fait d'armes de La Horgne 15 mai 1940 | |
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Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6494 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: 70e anniversaire du Fait d'armes de La Horgne 15 mai 1940 Dim 16 Mai 2010 - 14:31 | |
| Pour en finir avec la légende du « massacre inutile de 700 Indigènes chargeant à cheval les chars allemands le 15 mai 1940 à La Horgne »
Il y a aujourd’hui 70 ans, la 3e Brigade de Spahis (à cheval), composée du 2e Régiment de Spahis Algériens et du 2e Régiment de Spahis Marocains, s’illustrait en combat à pied face à des éléments de la 1re Panzer-Division, la meilleure division blindée allemande du moment. Retranchée dans le petit village ardennais de La Horgne, la 3e Brigade de Spahis du colonel Marc allait tenir tête, huit heures durant, au bataillon de Fusiliers motorisés du Major Richter. Le courage des Spahis n’aurait sans doute pas suffi pour arrêter aussi longtemps un tel adversaire. Mais au combat, le simple rapport des forces ne fait pas tout, il faut également avoir de la chance, avoir la « Baraka » diraient les Spahis. En ce 15 mai 1940 au matin, Guderian veut appliquer le « Coup de faucille » du plan Manstein qui va permettre d’encercler le cœur du corps de bataille franco-britannique engagé en Belgique. Simultanément, il veut se couvrir face à une possible contre-attaque française dans le secteur de Stonne. Fin tacticien, Guderian consacre à cette couverture une division blindée entière (la 10e Panzer-Division) et la renforce même avec des unités prélevées temporairement dans ses deux autres divisions (la 1re et la 2e Panzer-Division).
Au moment où la 1re Panzer-Division doit reprendre sa progression vers l’ouest, le 15 mai au matin, son bataillon de reconnaissance est toujours détaché à la 10e Panzer-Division. Son artillerie et ses chars sont encore en position face au sud, prêts à briser une éventuelle contre-attaque française, et les ravitaillements en carburant et en munitions sont en cours. Voilà pourquoi, de 10 heures à 14 heures le 15 mai 1940, la 3e Brigade de Spahis affronte un ennemi « à sa pointure » : le 3e Bataillon du Schützen-Regiment 1 de la fameuse 1re Panzer-Division. Ce bataillon va engager successivement ses trois compagnies d’infanterie portée sur semi-chenillés et ses deux compagnies d’appui comprenant des obusiers d’appui d’infanterie, des canons antichars, des mortiers lourds et des mitrailleuses lourdes… Rien n'y fera ! Avec un canon de 37 mm, deux canons de 25 mm antichars, quelques mortiers légers, des mitrailleuses et des fusils-mitrailleurs, les Spahis tiendront ferme sur leurs positions.
La bascule du rapport des forces coïncide avec l’arrivée sur zone de l’artillerie de campagne allemande. Encore convient-il de modérer cette affirmation en tenant compte de l’imbrication des combattants sur la face avant du village. Ni la 3e Brigade ni le 3e Bataillon allemand ne peuvent vraiment manœuvrer, l’un fixant l’autre. Pour avancer, les Allemands ont besoin d’artillerie et de chars… justement, ces moyens arrivent. Pour continuer de résister ou pour décrocher, les Spahis ont besoin d’artillerie… mais ils n’en ont pas et n’en auront pas !
L’imbrication des combattants empêche l’artillerie allemande de traiter la face avant du village, ce qui explique le bon état de conservation du secteur de l’église et de la mairie-école. Par contre, l’artillerie se déchaîne sur l’arrière du village et sur les lisières boisées de la seconde ligne de défense. Une trentaine de chars interviennent ensuite, débordant les défenseurs et les prenant à revers. Un escadron de Spahis tentera bien une tardive contre-attaque à pied, mais ne pourra même pas déboucher du fait de la densité du feu. Le décrochage des Spahis s’opère alors dans les plus mauvaises conditions, sans artillerie amie et sous le feu des « chars qui partout auront le dernier mot » (colonel Marc).
En fin d’après-midi du 15 mai 1940, la 3e Brigade de Spahis a perdu une cinquantaine de tués dans le secteur de La Horgne et sans doute deux à trois fois plus de blessés. Après leur avoir rendu les honneurs de la guerre, les Allemands ont capturé 86 prisonniers dont un bon nombre étaient blessés. Les deux chefs de corps des Spahis ont été tués au combat : le colonel Burnol du 2e Algériens et le colonel Geoffroy du 2e Marocains. L’adversaire a perdu 31 tués et 102 blessés, et une dizaine de ses engins blindés ont été neutralisés.
Malgré ces pertes sensibles, la 3e Brigade de Spahis réussira à s’exfiltrer et se regroupera près de Reims. Engagée durement sur l’Aisne, les 9 et 10 juin 1940, elle ne déposera les armes que le 23 juin, sur ordre, et après s’être battue jusqu’au bout de ses forces et de ses munitions. Entre le 10 mai et le 23 juin 1940, la 3e Brigade de Spahis aura perdu 148 tués : 12 officiers, 15 sous-officiers et 121 gradés et Spahis.
Souvenons-nous, en ce 15 mai 2010, de ces soldats français, algériens, marocains et allemands tombés à La Horgne le 15 mai 1940…
Thierry Moné
Le texte ci-dessus est le résultat de plus d'une année de recherches effectuées dans les archives françaises et allemandes pour obtenir une relation du fait d'armes de La Horgne qui s'appuie sur des faits et non sur l'inconscient collectif.
Dernière édition par Thierry Moné le Lun 26 Juil 2010 - 8:06, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: 70e anniversaire du Fait d'armes de La Horgne 15 mai 1940 Dim 16 Mai 2010 - 20:45 | |
| Thierry , permettez moi de vous precommander un ouvrage .
Alain |
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