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| la fin du torpilleur ORAGE (23 mai 1940) | |
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avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10676 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: la fin du torpilleur ORAGE (23 mai 1940) Lun 5 Juil 2010 - 22:51 | |
| Bonsoir,
Le 23 mai 1940, le torpilleur ORAGE, appartenant à la 4ème Division de la 3ème Flotille de Torpilleurs, appareille de Cherbourg pour Dunkerque, où il doit transporter des approvisionnements et collaborer à l'évacuation des armées du nord. Utilisé jusqu'à présent pour l'escorte des convois au Maroc et dans la mer d'Irlande, il vient d'être rattaché aux forces maritimes du nord, commandées par l'Amiral Abrial. Après le dur métier un peu monotone qu'il vient de faire, l'équipage est heureux d'entrer cette fois dans la vraie bataille. La mer est calme. L'ORAGE file à toute vitesse vers la mission qui lui est assignée. Son commandant, le Capitaine de Corvette VIENNOT de VAUBLANC, est sur la passerelle. Son regard parcourt avec fierté le beau navire qui lui est confié et dont il a su entraîner l'équipage à la perfection. Soudain, dans le poste de TSF, les radios de quart interceptent des messages importants : Boulogne attaqué par de puissantes forces motorisées, a appelé pour sa défense les contre-torpilleurs. Ces forces navales, accompagnées des chasseurs de sous-marins 5 et 42 sont engagées dans la bataille. Le tir de leurs canons soutient les défenseurs de Boulogne en prenant à partie sur le rivage les colonnes blindées allemandes. D'après la teneur des ordres qu'on vient d'intercepter, le commandant VIENNOT de VAUBLANC comprend que la situation est sérieuse. Il estime que la présence de L'ORAGE peut apporter à ses camarades engagés une aide utile. Sans hésiter, il fait modifier la route et met le cap sur Boulogne. De toute la vitesse de ses turbines, L'ORAGE marche au canon. A 17h00, il arrive en vue du CYCLONE, bâtiment du chef de la deuxième flotille, le commandant URVOY de PORPZAMPARC, qui lui signale de se joindre immédiatement à la deuxième division. L'ORAGE prend son poste de combat en queue de ligne derrière le FRONDEUR. La deuxième Division se rapproche de la côte, prête à bombarder les positions ennemies dès que la sixième actuellement engagée aura épuisée ses munitions. Vers 18h00, 34 avions allemands attaquent 3 torpilleurs anglais qui sortent de Boulogne. Ils sont repoussés par la chasse alliée. Mais pendant ce temps, un autre groupe d'une trentaine d'avions surgit au-dessus de la deuxième division et fonce à la verticale en piquant à mort. Immédiatement les torpilleurs tirent à toute vitesse, augmentant leur allure au maximum, zigzaguant pour éviter les bombes au milieu des gerbes d'eau soulevées par les projectiles allemands. L'ORAGE, dont la position en serre-file rend l'attaque moins dangereuse pour l'ennemi, voit se concentrer sur lui le plus gros de l'offensive. En quelques secondes, il reçoit 4 bombes sur la passerelle. Une cinquième éclatant dans la mer contre la coque, provoque une voie d'eau, le bâtiment donne immédiatement de la bande. Le poste de TSF et le poste central sont éventrés. La passerelle s'effondre en partie. Les transmetteurs d'ordre sont brisés. Des incendies éclatent simultanément près de la pièce de 130 avant et dans les parcs renfermant les explosifs. Le feu atteint rapidement les soutes à mazout et la chaufferie avant. Les munitions du parc explosent, projetant dans toutes les directions de multiples débris. Au milieu de ce cataclysme, l'équipage réagit splendidement, le canon de 37 de tribord canonne à toute vitesse les avions ennemis. Au quinzième coup, l'armement est submergé par les gerbes d'eau provoquées par des bombes qui éclatent le long du bord. Des cadavres jonchent le pont. Chassés par l'incendie, les survivants refluent vers l'avant. Le capitaine d'armes, qui est parmi eux, prend le commandement. On essaie d'arracher aux flammes les blessés tombés dans le roof avant. Sans hâte, ce qui reste de l'équipage assure les brassières de sauvetage et s'apprête à sauter à l'eau quand le bâtiment aura perdu sa vitesse. Bientôt les machines ralentissent, les pompes stoppent faute de pression. L'ORAGE n'est plus qu'un brasier flottant à la dérive. Le bâtiment va sauter. Aucune embarcation n'est plus utilisable. Le Capitaine de Corvette VIENNOT de VAUBLANC, qui porte de multiples blessures, n'a pas de ceinture de sauvetage, le quartier-maître infirmier le force à prendre la sienne. Le commandant refuse et la donne à un marin. Cependant les autres torpilleurs sous une nouvelle avalanche de bombes s'élancent au secours du navire blessé. La BOURRASQUE veut accoster pour hâter le sauvetage. On lui crie de s'éloigner, car les soutes vont sauter. Le chasseur 42, plus petit et plus maniable, n'hésite pas à se ranger quand même le long du bord et embarque les survivants. Quant tout le monde est transbordé, les officiers demandent au commandant VIENNOT de VAUBLANC, grièvement blessé, de quitter le bâtiment, il refuse. Il faut que le chef de flottille donne l'ordre aux officiers de l'emmener de force. Ceux-ci le transbordent malgré lui. Le chasseur 42 démarre à toute vitesse, tout en mitraillant les avions qui reviennent à l'attaque. A peine s'est-il éloigné, que sur L'ORAGE, la soute avant saute; L'ORAGE flotte encore un moment pavillon haut. Il disparaîtra dans la nuit. Les survivants sont recueillis par les autres navires de la flottille. Ainsi périt L'ORAGE, quatrième du nom, en défendant la côte de France. Il emportait avec lui 28 braves. Cordialement |
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