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 La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940

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avz94
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MessageSujet: La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940   La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940 EmptySam 11 Déc 2010 - 15:52

bonjour

Voici un article décrivant la bataille à Longwy et parlant aussi des difficultés pour les correspondants de guerre à faire leur travail.

L'ILLUSTRATION n° 5075 a écrit:


Reflets de le bataille : CHARS 1940 par Paul-Emile CADILUAC

"La première partie de l'article ci-dessous avait été consacrée par notre collaborateur à décrire une petite ville

française sauvagement bombardée par les Allemands et dont le nom a d'ailleurs figuré officiellement au communiqué.

Cette description, qui comportait cinquante-huit lignes, a été entièrement coupé par la censure".

Le spetacle que nous venons de voir est poignant. Il engendre les indignations fécondes, la volonté de tenir et de

ne pas oublier.
Les correspondants de guerre n'ont pas été admis jusqu'ici à vivre la bataille. On leur permet cependant

d'approcher ceux qui en reviennent d'en recueillir les reflets. Ainsi au delà des communiqués officiels un peu

neutres, est-il permis d'entrevoir quelques lueurs sur la route où se battent les nôtres.
Depuis des heures nous roulons, croisant des convois, franchissant des barrages. nous suivons à présent un chemin

étroit jeté comme une digue entre terre vertes et jaunes où des fleurs s'allument en coulées de lumière. Cet

insolent printemps qui, depuis des semaines, s'épanouit avec indifférence cruelle. Mais la guerre ne se fait pas

oublier. Une redoute soudain barre le sentier, des mitrailleuses passent leur col noir entre les branches, des

hommes casqués nous arrêtent. Nous sommes arrivés, et ce paisible villagede Lorraine, dont chaque issue est

gardée, abrite un bataillon de chars légers qui s'illustra devant Longwy aux premières heures de l'offensive.
Il est midi, l'heure de la halte frugale où l'on se détend, où l'on bavarde. Et dès les premiers instant, dans ce

carré de fortune où le colonel devient l'égal du plus jeune aspirant, j'ai l'impression de vivre dans une

atmosphère neuve et vibrante. Comme on est loin de Paris et comme cela fait du bien ! Ici , plus de stratèges

improvisés, plus de ratiocineurs, de "renseignés" dangereux, de "pessimards", d'anxieux et d'éternels tourmentés

dont chaque parole brûle comme unegoutte de poison. Au contraire : un bon sens lucide, un courage ferme, une

confiance invincible. On ne discute même pas la victoire finale. On y croit !
Il y a là des chevronnés de t'"autre", qui furent dans les A.S. et des jeunes dont la Croix de guerre luit toute

fraîche sur la tunique kaki. Et, cependant, ce sont tous des spécialistes d'une arme où tout est technique, ordre,

précision. Ils reviennent de la bataille. hommes et matériel ont tenu splendidement. Ils ont confiance et calmes

repartiront demain.
Ins ont été engagés devant Longwy. Cette place, situé en bordure de la frontière luxembourgeoise, dans une manière

de cuvette, paraît difficilement défendable. mais il fallaissoulager ceux qui se battaient autour de Sedan et

tenter de fixer le maximum de forces ennemies. Longwy, avec sa citadelle, se divise en deux parties :

Longwy-le-haut et Longwy-le-bas. En partie investi, il résiste cependant, défendu par deux bataillon contre

lesquels s'acharnent des forces quatre ou cinq fois supérieures. Le 12 au soir, à 19h30, on lance les chars à

l'assaut pour rejeter les Allemands en dehors de la citadelle et des lisières des bois. Mais ceux-ci se sont

infiltrés et, en coopération avec des civils et des parachutistes de la cinquième colonne, terrés dans les

fourrés, perchés dans les arbres, tirent de tous côtés avec leurs mitraillettes. La mêlée devient confuse et le

combat semble être partout à la fois. Les chars cependant s'acharnent à nettoyer le terrain.
A l'aube, le tir ennemi semble se ralentir. En face on relève vraisemblablement une division. Mais, dans

l'après-midi, l'artillerie adverse se ranime, bombardant les pentes, les bois, les arrières avec une violence qui

rappelle aux anciens les heures de Verdun. De nouvelles colonnes d'assaut apparaissent. Au lieu de l'ordre

dispersé adopté la veille, elles attaquent en masse, les hommes avançant dix par dix, coude à coude pour forcer le

passage - tactique, me dit un vieux capitaine, renouvelée de 1918 et qui atteste une baisse de courage et de

l'action individuelle. Un char flambe, mais l'équipage refuse de l'abandonner avant d'avoir enlevé la mitrailleuse

et les épiscopes, ces merveilleux appareils d'optique qui sont les yeux de ces forteresses roulantes.
La lutte continue ainsi jusqu'à la nuit moire, jusqu'à 11h00 du soir. Pas un tué. un seul char détruit et d'autres

qui portent des traces du combat.
Dans les granges, les cours, sous les hangars nous allons visiter ces "blessés" dont on achève de guérir les

plaies. Puissants, trapus, avec leur canon de 37 et leur mitrailleuse qui pointent, ils semblent prêts à bondir de

nouveau. Cà et là, ils ont creusé des ornières, broyé des seuils, éraflé des murs. ils sont répartis en trois

compagnies. L'un d'eux, que les hommes ont baptisé le "Guépard", porte cinq blessures : Trois patins soudés

ensemble, une vitre brisée sur un épiscope, le tourelleau touché et, à l'arrière, la trace d'une balle et, sur un

panneau, celle d'un obus qui n'a pu pénétrer.
Comme les chars, les hommes ont tenu avec calme et décision. On nous présente un des motocyclistes d'une compagnie

qui, tout le jour, malgré le feu violent des adversaires, a assuré des liaisons périlleuses. " Il lui semblait, me

dit en souriant son capitaine, qu'il chevauchait une machine blindée et il passait à travers tous les obstacles

!".
A-t-on le droit de douter devant de tels hommes, devant un matériel qui s'affirme très supérieur à celui que

l'ennemi nous oppose en masse ? Ce matériel, il faut à présent le multiplier, le construire nuit et jour à la

chaîne, le faire sortir des usines en longues théories, et le reste, c'est-à-dire la mise hors de France de

l'envahisseur en sera favilitée...

Peut-être s'étonnera-t-on de ne pas trouver ici une vision vécue des batailles livrées ces dernières semaines. Ne

semble-t-il pas que le devoir d'un correspondant de guerre serait de s'y trouver au premier rang ?
En réalité, à la demande du haut commandemant, aucun correspondant n'a été jusqu'ici autorisé à suivre directement

et de près les opérations. Inclinon-nous : les décisions de nos grands chefs sont inspirées certainement par de

sages et hautes préoccuoations. Cependant, me sra-t-il permis de formuler un voeu ? jadis, les rois, malgré leur

absolutisme, permettaient au tiers état de présenter des cahiers où s'exprimaient ses désirs. A son exemple, je

voudrais présenter ici non des revendications, mais un voeu.

La guerre immobile que nous avons connue avait permis de visiter largement les arrières et les lignes avancées de

nos positions. Avec une courtoisie parfaite, tout nous avait été montré. La guerre totale, la guerre de mouvement

a changé cela. Les observateurs, les yeux et les oreilles de l'immense multitude que constituent les

correspondants de guerre, n'ont plus eu la facilité d'informer.
A une situation nouvelle, un statut nouveau ne devrait-il pas répondre ? pourquoi, à l'image des aumôniers, les

journalistes détachés dans l'état-major des divisions en action ? De ce poste de choix ils pourraient, sous

certaines conditions à fixer, voir, juger et rendre compte.
Pouvons-nous, à l'heure actuelle, négliger la plus utile des propagandes ? Cette question n'est pas valable que

pour l'étranger, elle vaut pour tous les français de l'arrière et de l'avant, pour ceux qui veulent savoir, par

des récit vécus, ce qui se passe là-bas et pour ceux qui, vivant des heures tragiques, trouveront une légitime

fierté à constater que leurs exploits ne sont pas passés sous silence.
je suis sûr que notre haut commandement est trop averti, trop attentif à tout ce qui touche au moral de ce pays

pour ne pas comprendre le voeu si légitime de ceux dont c'est le devoir et la raison d'être d'informer et

d'écrire.

(quinze lignes ont été coupées par la censure dans la partie de cet article consacrée aux chars).

La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940 Numar392

La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940 Numar393

Cordialement
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Laurent Deneu
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Laurent Deneu


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MessageSujet: Re: La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940   La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940 EmptySam 11 Déc 2010 - 17:07

Saisissante prose !

Merci pour ce morceau d'Histoire.

Les 2 photos, si elles accompagnaient l'article ne sont pas bien choisies, en tout cas pour la première qui montre un B1 bis égratigné.

La seconde est plus plausible, qui montre un H39 dont l'immat n'est hélas, pas visible (censure ?) en train d'être entretenu.

Je me demande si le mécano accroupi n'a pas la main dans un orifice causé par un obus. Ses camarades semblent évaluer les dégâts provoqués à la transmission, et le "char" qui est peut être le pilote, doit se dire qu'il s'en tire drôlement bien !

Cet obus là est passé bien près de ses jambes !

Mais peut être le char a-t-il subi plus de dégâts que cela, car je ne vois pas son tourelleau !
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Claude Girod
Général de Brigade
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Claude Girod


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MessageSujet: Re: La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940   La presse - L'ILLUSTRATION n° 5075 du 08-06-1940 EmptySam 11 Déc 2010 - 18:26

Tout à fait d'accord avec Laurent ...

L'article, critique ("aucun correspondant n'a été jusqu'ici autorisé à suivre les opérations ..") est également très élogieux pour les hommes, le matériel ... A noter le passage sur la 5ème colonne ... (sujet évoqué par ailleurs sur le forum ) ...
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