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| Presse - L'ILLUSTRATION n° 5072 du 18-05-1940 | |
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avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10678 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Presse - L'ILLUSTRATION n° 5072 du 18-05-1940 Ven 17 Déc 2010 - 21:01 | |
| bonjour Voici un article sur l'agression allemande contre les pays neutres. - L'ILLUSTRATION n° 5072 a écrit:
L'agression allemande contre les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg :
La violation des frontières hollandaise, belge et luxembourgeoise par le Reich a été annoncée en ces termes par le
communiqué officiel français du 10 mai (matin) :
"Aux premières heures du jour, les troupes allemandes ont commencé à pénétrer en Hollande, en Belgique et en
Luxembourg. Les armées françaises avaient été alertées pendant la nuit. Les gouvernements intéressés ont fait
appel aux gouvernements alliés"
M. L.-O. Frossard, ministre de l'Information, avait lui-même donné lecture, à la radio, des premières dépêches
parvenues à Paris. Il avait terminé sa communication par ces paroles : " L'heure est venue pour chaque Français de
l'accomplissement silencieux et résolu des plus grands devoirs." Cette agression monstrueuse porte à cinq le nombre des pays neutres que l'Allemagne a attaqués depuis un mois. Il
s'agit, bien entendu, de pays dont elle a à maintes reprises solennellement reconnu et garanti la neutralité et
l'indépendance territoriale. En ce qui concerne particulièrement la Belgique, l'ambassadeur du Reich était chargé
de lui réitérer, à la veille de l'invasion de la Pologne, qu'en aucune façon les Allemands ne violeraient son
territoire. Le 13 octobre une note de von Neurath au gouvernement belge affirmait qu'en aucun cas l'Allemagne ne
porterait atteinte à l'inviolabilité du pays, sauf si la Belgique prenait part à une action militaire dirigée
contre elle. Dans un discours public, à la fin de septembre, M. Goebbels avait tenu à l'égard de la Hollande un
langage identique, déclarant que les Allemands n'avaient jamais eu et n'auraient jamais la moindre intention de
violer son territoire, et l'on ne saurait compter le nombre de fois où le chancelier Hitler lui-même a engagé dans
le même sens sa "parole d'honneur" dans ses divers discours devant le Reichstag. On aura d'ailleurs un exemple
typique de la mauvaise foi et du cynisme éhonté de l'Allemagne par un communiqué officiel que les principaux
journaux allemands ont reproduit, le 9 mai, sous le titre : "Manoeuvre de diversion". Ils disaient :
"La découverte des plans anglais dans le sud-est européen a produit une telle impression sur les peuples
intéressés que les excitateurs de guerre britanniques sont amenés à tenter une manoeuvre de diversion aussi
maladroite que stupide. Ils se servent d'agences de presse américaines pour annoncer que la Hollande serait très
gravement menacée. C'est la répétition de la vieille méthode qui consiste à crier au voleur ! pour pouvoir
soi-même s'échapper. Ainsi l'Associated Press annonce qu'elle tient de source particulièrement bien informée que
deux armées allemandes se sont mises en mouvement en direction de la Hollande, l'une partant de Brême et l'autre
de Dusseldorf, et que, par leur marche rapide, elles vont prochainement atteindre la frontière des Pays-Bas. Nous
sommes en mesure d'affirmer que la source soi-disant bien informée qui communique ce renseignement absurde n'est
autre que le ministère anglais de l'Information". Quelques heures plus tard, l'invasion commençait... Elle s'est produite sans aucun avertissement préalable. Une démarche a bien été faite à Bruxelles et à La Haye par
le représentant diplomatique du Reich, mais seulement dans la matinée du 10 mai, après que les troupes avaient
franchi la frontière et que la bataille était engagée, sur terre et dans les airs. L'objet de cette démarche était
la remise d'une très longue note qui, après un préambule sur la politique de guerre britannique et française,
ajoutait :
"Une attaque soigneusement préparée est actuellement imminente contre l'Allemagne à l'est, pour pénétrer à travers
les territoires belges et néerlandais dans la région de la Ruhr. L'Allemagne a reconnu et respecté l'intégrité de
la Belgique et de la Hollande, sous la condition naturelle que ces deux pays, en cas d'une guerre entre
l'Angleterre et la France, d'un côté, et l'Allemagne, de l'autre, maintiendraient la neutralité la plus stricte. La Belgique et la Hollande n'ont pas rempli ces conditions".
Suivait l'énumération des manquements belges et hollandais à la neutralité. On peut les résumer ainsi : La presse - belge et hollandaise - a constamment été favorable aux ennemis de l'Allemagne. Les gouvernements des deux pays ont aidé l'Intelligence Service britannique dans le complot qu'il avait ourdi pour
renverser ou supprimer Hitler. C'est ainsi que la Belgique a fortifié exclusivement sa frontière allemande alors que, du côté français, elle n'a
pris aucune précaution. De même, la Hollande laisse sans protester les avions britanniques survoler son territoire. Alors qu'au début de septembre la Hollande et la Belgique, en prenant des précautions militaires, avaient réparti
leurs troupes à peu près régulièrement sur leurs frontières, quelque temps plus tard, parallèlement avec la
collaboration de plus en plus étroite qui se développait entre leurs états-majors et ceux des Alliés elles ont
dégarni leurs frontières occidentales et concentré face à l'Allemagne la totalité de leurs forces. Cette concentration a eu lieu au moment où l'Allemagne n'avait opéré aucun rassemblement de troupes dans la région
rhénane tandis que des troupes franco-anglaises de choc étaient massées tout le long de la frontière franco-belge. D'après des documents irréfutables, le Reich a acquis la certitude que les préparatifs anglo-français entrepris
sur le territoire belge et hollandais en vue d'une attaque contre l'Allemagne sont fort avancés (terrains
d'atterrissage, matériel de transport, coopération militaire, etc.)
Ces points posés, le mémorandum allemand ajoutait :
"Le gouvernement du reich, dans cette lutte pour son existence qui a été imposée au peuple allemand par la France
et par l'Angleterre, n'est pas en mesure d'attendre sans réagir que les attaques de la France et de l'Angleterre
se produisent. Par conséquent, il vient de donner l'ordre aux troupes allemandes d'assurer, par tous les moyens
militaires dont dispose le Reich, la neutralité de ces deux pays. Les troupes allemandes ne viennent pas en ennemies des peuples belge et hollandais, car le gouvernement allemand
n'a pas voulu cette évolution et il n'en est pas responsable. La responsabilité en incombe à la France et à
l'Angleterre, qui ont préparé, en territoire belge et néerlandais, l'attaque contre l'Allemagne dans tous ses détails. Elle incombe aux autorités belgo-néerlandaises, qui ont toléré et favorisé ces préparatifs. Le gouvernement du Reich déclare en outre que l'Allemagne, en prenant ces mesures, n'a pas l'intention de porter
atteinte ni à la souveraineté du royaume de Belgique ou du royaume des Pays-Bas, ni aux possessions européennes ou
extra-européennes de ces pays, et cela, ni dans le présent ni dans l'avenir. Le gouvernement royal belge et le gouvernement royal hollandais ont encore aujourd'hui la possibilité d'assurer en
dernière heure le bien-être de leurs peuple en faisant le nécessaire pour qu'aucune résistance ne soit opposée aux
troupes allemandes. Le gouvernement du Reich demande aux deux gouvernements de donner sans délai les ordres nécessaires. Si les
troupes allemandes rencontraient de la résistance en Belgique ou dans les pays-Bas, celle-ci serait brisée par
tous les moyens. Le gouvernement royal belge et le gouvernement royal hollandais seraient seuls responsables des conséquences qui
en résulteraient et de l'effusion du sang, dans ce cas, inévitable."
Ce document en évoque un autre : le mémorandum que le Reich avait adressé à la Belgique le 2 août 1914. Le rapprochement des deux textes est significatif. Il montre qu'à vingt-six ans de distance l'Allemagne
hitlérienne marche dans les traces de l'Allemagne impériale, sans même se donner la peine d'innover. Le mémorandum
de 1940 reprend presque textuellement l'argumentation et les formules de celui de 1914. Dans le même temps le gouvernement du Luxembourg - le territoire ayant déjà été envahi - recevait un mémorandum
analogue à celui de la Belgique et de la Hollande. Il y était dit en substance que le Reich avait la preuve qu'une
imminente offensive franco-britannique allait être déclenchée contre lui, en complicité avec la Belgique et les
Pays-Bas, et qu'elle emprunterait aussi le territoire du Luxembourg; qu'en conséquence les troupes allemandes
avaient reçu l'ordre de sauvegarder par tous les moyens à leur disposition la neutralité de la Belgique et de la
Hollande et que les opérations militaires qu'elles avaient entreprises pour parer à l'attaque devaient
nécessairement s'étendre au Luxembourg.
Aussitôt les trois pays attaqués faisaient appel à l'aide de l'Angleterre et de la France, à la fois par les
démarches personnelles de leurs représentant diplomatiques et par la remise de notes officielles. L'appel de la
Belgique à la France était ainsi rédigé :
"Le gouvernement du roi a le regret de porter à la connaissance du gouvernement de la république française que les
troupes allemandes viennent d'envahir le territoire belge, au mépris des engagements souscrits par le Reich le 13
octobre 1937, engagements qui avaient été renouvelés au début du conflit actuel. Le gouvernement belge est décidé à résister avec toutes ses forces à l'agression dont le pays est à nouveau
l'objet. il fait appel aux gouvernements de la République et du Royaume-Uni pour que l'assistance prévue par les traités et
confirmée par la déclaration commune du 24 avril 1937 lui soit accordée dans le délai le plus court. Il est convaincu également que la France et l'Angleterre voudront bien lui renouveler les engagements souscrits
précédemment à Sainte-Adresse le 14 février 1916, engagements s'étendant au Congo ainsi résulte des lettres de
l'ambassadeur britannique du 19 septembre 1914 et du 29 avril 1916 et de la déclaration du gouvernement de la
République en date du 19 avril 1916. Le gouvernement du roi a la ferme confiance que, comme par le passé, les efforts conjugués de la France, de
l'Angleterre et de la Belgique assureront le triomphe du droit. Le gouvernement belge serait heureux d'obtenir du gouvernement de la République française une réponse aussi
prompte que possible."
L'appel de la Belgique à la Grande-Bretagne était identique. La Hollande n'avait pas à invoquer des engagements de
garantie souscrits à son égard, car elle avait toujours estimé que sa neutralité traditionnelle n'avait pas besoin
de cette confirmation. Quant au Luxembourg, il s'est référé aux traités de Londres de 1839 et de 1867, en
rappelant que,ce dernier l'ayant dépourvu de moyens propres à sa défense, il n'avait d'autre recours contre
l'agression allemande qu'auprès de ses garants. L'Angleterre et la France se sont empressées de faire connaître aux trois pays attaqués qu'elles se portaient
immédiatement à leur secours, avec la totalité de leurs forces disponibles. Le roi Léopold III a pris aussitôt le commandement de ses troupes. Il adressait en même temps à son peuple une
proclamation ainsi conçue :
"Belges, Pour la deuxième fois en un quart de siècle, la Belgique loyale et neutre est attaquée par l'Empire allemand, au
mépris des engagements les plus solennels. Jusqu'au dernier moment nous avons rempli notre devoir de neutralité. A
la vaillance armée belge et à nos courageux soldats j'envoie mon salut fraternel. ils luttent pied à pied pour
arrêter la ruée de l'ennemi à travers nos provinces. Grâce à l'effort consenti par la nation tout entière, la
puissance de notre pays est aujourd'hui infiniment plus grande qu'en 1914. Déjà la France et la Grande-Bretagne
ont promis de nous soutenir et déjà leurs premières troupes sont en route pour venir à la rencontre des nôtres. La
lutte sera dure, mais nul ne peut douter de son résultat final. Comme mon père en 1914, je me suis mis à la tête
de l'armée avec la même foi et la même confiance.La cause de la Belgique est pure et, avec l'aide de Dieu, elle
triomphera."
De son côté, le général Gamelin adressait aux troupes alliées placées sous ses ordres l'ordre du jour suivant :
"L'attaque que nous avons prévue depuis octobre dernier s'est déclenchée ce matin. L'Allemagne engage contre nous
une lutte à mort. Les mots d'ordre sont pour la France et tous ses alliés : courage, energie, confiance.
Sur le nouveau front qui, de la mer du Nord au sud du Luxembourg, prolonge désormais le front franco-allemand du
Luxembourg à la Suisse, l'offensive allemande s'est produite par des attaques massives d'unités blindées, mais
aussi - selon le précédent de la campagne de Pologne - par une action intensive de l'aviation de bombardement
contre les aérodromes, les voies ferrées, les noeuds de communication et les points stratégiques, hollandais,
belges, ou franco-britanniques. Jamais encore l'aviation allemande n'avait déployé un tel effort. Son champ
d'action s'est étendu sur tout le territoire hollandais et belge ainsi que sur une très grande partie de la
France, puisque des bombardements ont été signalés non seulement dans le nord, l'est et le nord-ouest, dans la
région parisienne, à Orléans, mais encore dans la région lyonnaise, notamment contre l'aérodrome de Bron, et dans
le Centre, près de Clermont-Ferrand. Ces bombardements, dirigés en principe contre des objectifs militaires, n'ont
pas épargné les populations civiles, où l'on comptait déjà, à la fin de la semaine dernière, plusieurs centaines
de victimes innocentes. Mais les Allemands ont aussi inauguré, sur une très large échelle, une nouvelle tactique : celle de l'occupation
par des parachutistes, en liaison étroite avec ce qu'on a appelé la "cinquième colonne", c'est-à-dire avec des
sujets germaniques qui se trouvaient en Hollande ou en Belgique comme réfugiés, comme touristes, ou à tout autre
titre, et qui ont soudainement pris les armes contre la population. C'est là un procédé en opposition flagrante
avec toutes les lois de la guerre. Les parachutistes, le plus souvent, étaient revêtus de fallacieux uniformes
hollandais ou belges, ou même habillés en civil. Ce sont également des "civils" de la cinquième collonne quileur
ont prêté main-forte. Leur but principal était de s'emparer, particulièrement en Hollande, de tous les terrains
d'aviation, des casernes, des bâtiments officiels. Les hollandais et les Belges, d'abord surpris par cette ruse
traîtresse, ont vigoureusement réagi. Ils y ont été puissamment aidés par l'intervention de la Royal Air Forces
britannique. C'est ainsi que tous les aérodromes hollandais dont des détachements allemands étaient parvenus à
s'emparer ont été repris. Le dernier qui était encore entre leurs mains - celui de Rotterdam - n'a pu tenir contre
le bombardement décisif des avions anglais. De même, la plupart des parachutistes qui avaient atteri en diverses
parties du territoire ont été ou exterminés ou faits prisonniers. Cette leçon a servi à l'Angleterre et à la
France, qui ont pris les mesures les plus rigoureuses pour l'internement de tous les réfugiés allemands, quelle
que soit leur origine, et fait connaître que tous les parachutistes qui ne porteraient pas l'uniforme allemand
seraient sur-le-champ passés par les armes. La Hollande a mis en oeuvre contre l'envahisseir son moyen habituel de protestion : les inondations. Elle a
également procédé à la destruction méthodique de tous ses ouvrages d'art pour retarder l'avance ennemie. Sa
défense contre avions s'est également révélée d'une grande efficacité. Pendant les trois premiers jours de combat
elle a abattu au moins une centaine d'appareils ennemis. Les pertes de l'aviation allemande ont été, du reste,
considérables, non seulement en Hollande, mais encore en Belgique et en France. De son côté, l'aviation des alliés
a bombardé et mitraillé avec succès tous les arrières de l'ennemi, ses colonnes en marche, ses trains blindés et
les ont lourdement éprouvés. Bien que les troupe franco-britanniques aient, dès le premier moment, franchi la frontière pour leur venir en
aide, les Hollandais et les Belges n'étaient pas en mesure de contenir par leurs propres forces le premier choc
d'un adversaire très supérieur par le nombre et par le matériel, et ils ont dû se contenter de lui disputer le
terrain pied à pied, en se repliant sur des positions organisées. Sur le front hollandais les Allemands ont percé
la ligne de défense constituée par l'Ijssel et par les marais de Peel. En Belgique, après avoir traversé la bande
du Limbourg hollandais, qui se trouve en bordure de la Meuse et que les troupes néerlandaises ne défendaient
point, ils ont occupé Maastricht et attaqué à l'ouest de cette ville le canal Albert. Ils ont ainsi franchi la
Meuse, forcé le canal et poussé leurs éléments avancés sur la route de Maastricht à Tongres, jusque dans la région
de Tirlemont. Ils se sont alors heurtés aux troupes françaises parvenues à pied d'oeuvre et de très rudes combats
se sont engagés. Il en a été de même dans tout le secteur des Ardennes belges, où les forts de Liège ont été
violemment attaqué. Le Luxembourg ayant été occupé à peu près complètement par l'ennemi - le gouvernement
luxembourgeois a d'ailleurs quitté le pays - la lutte s'est développée le long de la frontière française. L'ennemi
a également attaqué nos positions avancées entre la forêt de Warndt et la Sarre, sans que l'on puisse dire encore
s'il s'agit d'une opération de diversion ou d'une offensive montée contre la ligne Maginot. En définitive, une formidable bataille - la plus importante de toute la guerre - était en cours au début de cette
semaine. Dans l'ensemble, les Allemands n'avaient pas bénéficié de l'effet de surprise qu'ils escomptaient. Leurs pertes avaient été très fortes et leur avance retardée partout. Les Franco-Britanniques venaient seulement
d'entrer en action. Il serait vain de vouloir fixer ici la physionomie d'une lutte qui - au moment où ce numéro
paraîtra - aura sans doute été modifiée profondément. Les événements en cours seront en tout cas décisifs. Cordialement |
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