75 mm Mle 97 secteur Amiens 1940

Bonjour,

D'après l'annonce du vendeur sur eBay, cet émouvant document iconographique faisait partie de l'album d'un artilleur allemand appartenant au 73e Régiment d'Artillerie de la 1re Panzer-Division.

Au dos du document, la mention serait "Amiens".

La pièce est visiblement disposée pour effectuer du tir direct en pleine rue. Deux servants de l'équipe de pièce ont été tués à leur poste et les douilles montrent qu'il y a eu combat.

Il n'est malheureusement pas possible de distinguer clairement les chiffres qui figurent sur la patte de col visible sur l'un des servants.

Quelqu'un aurait-il une idée de l'unité d'appartenance de ces deux soldats tombés au feu ?

Merci d'avance,

Cordialement,

Thierry Moné

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Bonsoir

les Allemands sont rentrés dans Amiens, le 20 mai vers 09h00, défendu par des éléments régionaux.

Le 23 mai l'offensive est effectuée par le 10ème CA. Il disposera de la 7ème DIC, de la 21 DI, d'un élément du 21ème RATT (7 canons de 75), d'un élément du 25ème RATT (9 pièces de 75).

Cordialement

Bonsoir avz94,

Merci beaucoup pour ces précisions !

Artillerie organique des DI, 21e ou 25e RATT, encore une preuve que ces combattants de 40 sont allés jusqu'au bout...

Cordialement,

Thierry Moné

Un habitué d'Amiens reconnaîtra peut-être la rue.

Bonjour,

Cette photo est publiée dans "Le Corridor des Panzers" Tome 2 de Jean-Yves Mary page 334.

Seuls sont indiqués les noms des servants tués : maître-pointeur Ballon et maréchal-des-logis Camus et la rue : boulevard d'Alsace-Lorraine.

Le site Mémoire des Hommes donne les résultats suivants :
Ballon Maurice René Albert, Parc d'Artillerie Divisionnaire (de quelle unité ?), tué le 20 mai 40 à Amiens.
Camus Marcel, 42e RA, tué à Amiens le 12 juillet 40. Ce dernier est le seul de tous les Camus répertoriés sur le site à être mort à Amiens ce qui suppose que la date de décès est erronée.

En espérant que cela vous aide, Thierry.

Cordialement
Yann

Bonjour Yann,

Un grand merci pour ces informations très précises !

Je pensais naïvement avoir acquis (chèrement) un document unique mais je constate que ce n'est pas le cas puisque l'un des ouvrages de Monsieur Jean-Yves Mary l'a déjà publié et commenté...

J'ai eu récemment la même désillusion avec deux clichés de "Mouchards" adaptés à la 1. Panzer-Division : le même vendeur allemand a remis en vente les deux mêmes tirages deux semaines après me les avoir vendus !

Comme l'on avait usage de dire dans la Reco, "il faut payer pour avoir le renseignement"... Reste à savoir combien de fois le même renseignement a déjà été "vendu" à d'autres !

Merci encore Yann pour ces éléments,

Cordialement,

Thierry Moné

Effectivement, en examinant cette photo pathétique, j'avais l'impression de lire "42" sur l'écusson de l'artilleur à droite.

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Mais est il explicable qu'un artilleur du 42e se retrouve à Amiens ?

Bonjour

Je cherchais depuis hier. Je viens de retrouver l'endroit, mais j'arrive trop tard puisque Yann l'a mentionné dans son post.

Voici malgré tout le même endroit aujourd'hui..... Cela n'a pas beaucoup changé depuis...

La pièce était donc positionnée à environ 250 mètres du bord de la Somme, pointée vers le pont qui l'enjambe à cet endroit.



P.E.

Merci beaucoup Pierre-Emmanuel !

Et merci pour les précisions relatives à l'orientation de cette pièce qui interdisait donc le pont en question.

Cordialement,

Thierry Moné

Bonjour,

Je peux te rassurer !
Ta photo n'est pas la même que celle du livre publiée dans "Le Corridor des Panzers" Tome 2 de Jean-Yves Mary page 334.
En effet, si elle montre le même sujet, ce n'est pas le même angle de vue !
Le photographe a due faire plusieurs clichés de ces pauvres artilleurs ... en se déplaçant légèrement sur la droite entre chaque clichés ! Je suis presque sur, qu'il doit y en avoir d'autres ?

Bien cordialement

Bonjour,

Je confirme qu'il en existe d'autres.

J'en ai trouvé sur le net, mais elles sont moins précises que celle que j'ai publiée ici.

Et maintenant, voici le récit accompagnant la photo :


Bonne lecture,

Nicolas

La suite, bientôt...

Le bruit de la fusillade que l’on entendait depuis quelques instants dans la direction des routes d’Albert et de Corbies venait de s’apaiser, lorsque le capitaine Tassart aperçut à la jumelle les 1er engins blindés qui s’avançaient lentement dans le haut du boulevard de Beauvillé alors que le boulevard était encore encombré par des civils qui s’en allaient et que la colonne allemande semblait suivre pour s’en faire une protection.

Le tir dans ces conditions était difficile, aussi le capitaine Tassart pointant lui-même la pièce, tira quelques obus au dessus des évacués qui se dispersèrent aussitôt dans les rues adjacentes ou s’abritèrent dans les maisons. Ce résultat atteint, un chariot attelé de 2 chevaux, qui restait abandonné au milieu des branchages tombés sur le sol, formait un amas derrière lequel des chars ennemis avaient stoppé. Sur la hausse de 1000 m, un tir fut exécuté à cadence accélérée, le chariot fut rapidement bousculé.

Comme on n’avait que 100 coups par pièce, il fallait économiser les munitions, le tir fut arrêté et il y eut une accalmie assez longue. Rien ne bougeait plus chez l’adversaire. Puis des balles étant venues siffler proximité des artilleurs, ils répondirent par quelques obus. L’ennemi déclencha alors un feu très violent par obus de petit calibre et balles de mitrailleuse et presque aussitôt un char déboucha sur la droite du boulevard. Un tir sur la hausse de 700m le mis hors de combat. Un 2ème char qui s’avançait au milieu de la chaussée parut atteint lui aussi. Un 3ème char qui cherchait à gagner le pont par la gauche du boulevard, ouvrit le feu sur les servants du canon. Ils ripostèrent aussitôt, les occupants du char prirent la fuite laissant quelques cadavres sur le terrain.

C’était un succès dont le capitaine Tassart félicita le pointeur qui venait de faire preuve d’un grand sang-froid, mais quelques instants plus tard, un 4ème char apparut, à 400m près du pont, suivant de très près la rangée d’arbres. Il fallut pour la prendre en enfilade, déplacer légèrement la pièce puis quelques obus furent encore tirés et une nouvelle accalmie survint. On croyait l’objectif atteint lorsque l’ennemi reprenant son tir envoya un obus qui frappa de plein fouet l’appareil de pointage du 75 et tua le maître-pointeur Ballon et le maréchal des logis Camus.

Bonsoir à tous,
Voici la suite...

Extrait du livre de Mr VASSELLE : "La tragédie d'Amiens"


Est-ce la fin de la lutte ? Pas encore. Les capitaines se transforment en servants. Callers écarte les corps de ces 2 artilleurs qui viennent de tomber vaillamment à leur poste de combat, il recharge la pièce et avec l’aide de Tassart, il tire quelques coups de canon, mais c’est au jugé, sans appareil de pointage, et les chars, de plus en plus nombreux, descendent vers le pont. Balles et obus de petit calibre sifflent de tous côtés. Le capitaine de Franssu et l’ordonnance du capitaine Tassart qui sont sur la gauche du boulevard, voudraient se rapprocher de la pièce, ils en sont empêchés par la violence des tirs ennemi qui ne permet pas de traverser la chaussée. Toute résistance devient impossible.

Le capitaine Tassart rassemble les artilleurs restés autour de lui et ordonne le repli en se défendant au fusil. Le groupe que le capitaine Callers a rejoint, s’abrite quelques instants dans une tranchée puis s’éloigne sur la droite par les petites rues vers la passerelle qui franchit les voies ferrées près de la gare de la petite vitesse. A la caserne Dejean porte close. Il faut s’éloigner vers le Sud.

Le capitaine de Franssu est parti aussi vers le Sud en traversant le quartier qui borde le boulevard sur la gauche. Il est accompagné d’un sous-officier et d’un homme. Lorsqu’il franchit la rue de Noyon, venant de la rue Lamartine, un char allemand est arrêté au carrefour des boulevards devant la gare. Le chef de char émerge de la tourelle. Il est 11 heures. Rien ne peut plus empêcher l’ennemi de prendre pied dans Amiens au Sud de la Somme.

Bonjour à tous,

je remonte ce "vieux post", nous avions fait un sujet en juillet 2012 sur ces deux malheureux soldats.

http://www.picardie-1939-1945.org/article90.html

Cordialement

Bonjour Frédéric,
Merci pour ce lien avec ce site très intéressant, et l'article émouvant sur ces combats héroïques et tragiques ...
Bien cordialement !