5 Pz Division

Bonsoir

voici la fiche historique de la 5ème Pz Div tel qu'elle a été éditée par le 2ème bureau de l'EMA :








Cordialement

Composition de la 5e pz Division mi avril 1940 :

La véritable dépendance hiérarchique de la 5. Panzerdivision au début de Fall GELB est le XV Armeekorps de HOTH. Cet Armeekorps avait été modifié pour faciliter l'entrée en Belgique (en parallèle avec le II Armeekorps) à savoir :
- la 7 Panzerdivision était placée sous le commandement du II Armeekorps et suivait la 32. ID dont l'infanterie devait ouvrir la route par la destruction d'éventuelles résistances belges et la neutralisation des obstacles.
- le XV Armeekorps avait, quant à lui, reçu la 62. ID pour remplir la même mission au profit de la 5. Panzerdivision.
L'idée était aussi d'essayer d'élargir le dispositif pour permettre une progression plus rapide des Panzers jusqu'au moment où ils passeraient en tête dans leurs couloirs respectifs.
Dès le 11 mai 40, le XV Armeekorps reprenait sa structure normale  en commandant les deux seules 5. Panzerdivision et 7. Panzerdivision.
D'une part, les Belges ne défendaient pas la frontière et d'autre part, le mélange des colonnes des ID et des Panzers provoquait des embouteillages sans fin.

Evidemment, la section 2 de l'EMA ne pouvait pas tout savoir au moment de la rédaction de cette fiche.

Une division à laquelle je me sens un peu lié car c'est elle qui a combattu dans mon village (Jolimetz).

Je m'interroge sur le pourquoi du relèvement de Hartlieb (peu après le 20). Lui reproche-t-on les retards de sa division sur sa voisine, la 7. PzD ? Mais pouvait elle faire mieux ? 

En Ardenne, sa Panzer-Brigade a du assurer la flanc-garde face au nord (corps de cavalerie Prioux), arrive de fait en retard sur la Meuse, les moyens de franchissements pour les chars ont du coup été passés à la 7. PzD, d'où de nouveaux retards. Lorsque sa voisine prend contact avec la 1re DCR, on laisse la 5. PzD faire le gros du boulot. Puis après elle doit effectuer le nettoyage à l'ouest de la position frontière... Si Rommel est passé au moment où les GU de la 7e armée sont en cours d'arrivée et surprend les autres unités par sa hardiesse, la division de Hartlieb doit nettoyer derrière avec en plus les renforts qui arrivent, le secteur fortifié de Maubeuge, la Sambre la forêt de Mormal et ses débouchés, Le Quesnoy, la route Le Quesnoy – Cambrai… Aurait-il pu faire mieux face aux 1re DINA, 5e DINA, 1re DLM et autres ?

Donc si quelqu'un avait une idée de ce qui a poussé Harlieb vers la porte…

Effectivement le limogeage du commandant de la 5. Panzerdivision reste empreint de zones d’ombre.


Probablement von Hartlieb n'était-il pas un leader charismatique et aussi carriériste que Rommel mais je suis totalement d'accord sur le rôle ingrat de flanc-garde au Nord donné à sa division.



Quelques compléments pour la période du 10 au 15 mai :
-Les 10 et 11 mai, la 5. PzD démarre très lentement sa progression suite à un manque de contrôle de la circulation au sein du XV AK. Les responsabilités ne sont pas claires et le phénomène est généralisé dans les Ardennes.
- La protection du flanc n'est pas pénalisante pour la progression dans les Ardennes car il n'y a pas de véritable menace.
-En revanche la 5. PzD rencontre des zones de destruction créées par les Belges plus profondes et hermétiques que la 7. PzD.
-Côté résistance belge, la 7. PzD a des combats avec de petits éléments de Chasseurs Ardennais, pas von Hartlieb.
-Les dispositifs respectifs de progression entre les 2 divisions sont différents. La 5. PzD a opté pour une avant-garde puissante et polyvalente sous les ordres du colonel Werner (un Rommel en puissance) alors que la 7. PzD progresse sur 2 véritables axes. Ce dispositif est probablement plus souple et permet de mieux exploiter toute opportunité "d'infiltration" entre obstacles et résistances.
-La 7. PzD progresse sur la limite entre 1e et 4e DLC, également un avantage, d'autant que la 1e DLC suit le décrochage rapide de son voisin du Sud. La 4e DLC offre plus de résistance (essentiellement face à la 5. PzD) mais se retire avec de lourdes pertes au final.
-La 7. PzD arrive le 12 mai la 1ère sur la Meuse (Leffe au Nord de Dinant) avec tous ses moyens pour attaquer le 13 mai.
-La 5. PzD arrive sur la Meuse avec qq minutes de retard mais ne disposera que de +/- 1/3 de ses moyens pour attaquer le 13 mai. L'infanterie sera cependant disponible le 13 au matin. Rommel reçoit vers midi le 12 mai le commandement sur le détachement Werner et ce jusqu'après le franchissement. Paradoxalement on ne trouve aucune trace d'ordres de Rommel à Werner... Le XV AK est alors en avance sur la Gruppe von Kleist!
- A noter : Werner est le seul commandant de Panzers a presque prendre un pont intact sur la Meuse (Yvoir) et ses soldats sont les 1ers à créer à Houx une (petite) tête-de-pont à l'Ouest de la Meuse le 12 mai en soirée.
-Pour la répartition des moyens de franchissement, la XV AK fait le choix suivant : la zone Nord "cuvette d'Anhée (face à Yvoir et Houx) offrant de meilleures possibilités est désignée comme zone d'effort principal. Les actions des 2 divisions peuvent y converger (le régiment Nord de Rommel renforcé par le bataillon moto et des chars et le régiment Sud de von Hartlieb renforcé par son bataillon de reconnaissance). Plus de radeaux y sont aussi disponibles. Néanmoins dans le 2nd temps de la manœuvre, Rommel reçoit clairement l'effort principal du XV AK avec une priorité sur les moyens de pontage (la maîtrise sur la mise en œuvre des portières et un pont 16t disponible le 14 mai en soirée), de l'artillerie lourde en appui et l'intervention de la LW en soutien direct (essentiellement à partir du 15 mai). En effet, le terrain face à Rommel est plus adapté à une exploitation : dès que les débouchés de la vallée mosane sont conquis (bord Est du plateau), s'ouvre un véritable couloir pour Panzers menant jusqu'en France. La 5. PzD a, quant à elle, un terrain plus compartimenté pour s’extraire de la vallée mosane et passer en mode d’exploitation : vallée encaissée de la Molignée, vallée du Flavion, bois nombreux, relief accidenté, réseau routier moins favorable et villages (Salet, Warnant, Haut-le-Wastia) difficilement accessibles. Elle ne recevra qu’un droit de passage sur les moyens de franchissement de Rommel (qui détournera au passage des chars lourds de son voisin à son profit ou donnera priorité à ses propres moyens) et un pont 8t à partir du 15 mai midi.
-Pour les flancs, il faut noter que Rommel s'inquiète de son flanc Sud pendant la préparation du franchissement et le franchissement et y déploie son bataillon de reconnaissance. L’arrivée rapide de la 32. ID (un véritable exploit en soi) va vite sécuriser ce flanc, rendant toute liberté à la 7. PzD. Pour la 5. PzD, la situation est plus complexe. Sa position dans le dispositif allemand l’oblige à garder un œil et des moyens au Nord. Le XV AK place le 8. Bataillon de mitrailleuses sur le flanc Nord pour soulager von Hartlieb. Néanmoins celui-ci doit se garder au Nord dans le compartiment juste avant la Meuse parce que les ponts de Namur (protégés par les forts) vont rester intacts plus longtemps et pourront constituer une possibilité de franchissement à des éléments de la 1e Armée lançant une possible contre-attaque vers le Sud. Von Hartlieb y consacrera des moyens. L’arrivée de la 8. ID sur son flanc Nord le libérera cependant assez rapidement.
- A nouveau, les dispositifs respectifs des 2 PzDiv vont peut-être jouer en faveur de Rommel. Il attaque encore sur 2 axes (Bouvignes/Dinant et Sud de Houx avec un régiment par axe) alors que von Hartlieb se limite à franchir via la passerelle de Houx (pas de franchissement en radeaux) et ne peut donc déployer facilement un 2nd régiment à l’Ouest de la Meuse dans une tête-de-pont assez étroite.
- En ce qui concerne l’opposition française, la 7. PzD est avantagée aussi. Elle devra affronter une 18e DI incomplète (au 66e RI très accrocheur cependant) soutenue par des éléments de la 1e DLC, avec au Sud une 22e DI encore plus faible (et très vite bousculée par la 32. ID). von Hartlieb affronte de son côté essentiellement la 5e DIM (elle offrira une solide résistance) et une partie du 66e RI (18e DI) soutenus principalement par les restes de la 4e DLC (également très combattive). A noter aussi que la 5. PzD fera face à plusieurs contre-attaques françaises dans la tête-de-pont : II/129e RI, une Cie du 6 BCC, un bataillon du 39e RI, les II/14e RDP et 1e GRDI. Sans compter sur la présence du 4e RAM et du I/14e RDP. La 7e PzD n’est menacée que par la même Cie du 6 BCC et quelques moyens du 1e RAM dans des attaques mal montées.
- De surcroît, Rommel n’arrêtera pas de se plaindre de la lenteur de la 5. PzD auprès de Hoth et ne donnera pas tous les appuis prévus au profit de la 5. PzD (le 14 mai, il n’attaque pas Sommière avec son 6. SR pour dégager l’aile gauche de von Hartlieb).
- A Flavion, Rommel peut reprendre rapidement sa progression vers l’Ouest grâce à l’immobilisme de la 1e DCr et à la mission de destruction de celle-ci par la 5. PzD (pourtant encore incomplète). Werner avec son 31. PzR se chargera quasi seul de cette mission. La 5. PzD atteindra pourtant ses objectifs de progression pour la journée du 15 mai ! Le combat de Flavion se traduira dans les ordres allemands par un renforcement de la mission de flanc-garde au Nord pour la 5. PzD dans les jours suivants…
- Bref von Hartlieb (parfois grâce à Werner !) ne démérite pas jusqu’au 15 mai mais c’est Rommel que tout le monde regarde (avec raison souvent) !
Pour le changement de commandant de la 5. PzD, il faut donc plutôt regarder les actions après le 15 mai en France et je pense particulièrement au retard de von Hartlieb sur Rommel lors des attaques britanniques et françaises à Arras le 21 mai. Rommel avait imprudemment étendu son dispositif et fut un moment bousculé (avec la SS T). La 5. PzD ne put intervenir (pour une fois elle ne protégeait pas le flanc de Rommel…). Rommel s’en plaint une fois de plus… et quelques jours plus tard…
A noter que ni le KTB et ni l’historique très détaillé de la 5. PzD ne donnent d’explications, pas plus le KTB du XV AK. Les livres allemands édités pendant la guerre et racontant les exploits de la 5. PzD restent naturellement muets sur le sujet.
Pourtant la 5. PzD fut une division très efficace tout au long de la guerre (détruite à l’Est en avril 45).

Merci Olivier pour ce post fort riche