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| La 3e DIM dans la bataille de Stonne | |
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avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10683 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Lun 17 Déc 2007 - 23:02 | |
| Le 10 mai 1940:
La 3àme D.I.M est, depuis le 26 janvier , installée dans une zone de déploiement entre VITRY-LE-FRANCOIS et SAINT-DIZIER. Son P.C. est à SERMAIZE-LES-BAINS. La division est placée en "Réserve Générale du Quartier Général", elle n'a pas encore reçu l'ensemble de ses dotations en matériels et ses trois Régiments d'Infanterie Motorisés n'ont toujours pas de véhicules organiques. A 10 heures la 3ème D.I.M. reçoit l'ordre d'alerte de la IIème Armée, mais la situation n'est pas jugée inquiétante. Aussitôt les éléments détachés sont rappelés, les unités se regroupent et se tiennent prêtes à faire mouvement. Toute la journée la zone de stationnement est bombardée par l'aviation allemande (De son côté la 3ème D.C.R. n'est pas alertée, il lui est seulement prescrit de continuer l'instruction et d'accélérer la réception des matériels manquants).
Le 11 mai 1940:
Les bombardements ennemis se poursuivent sur les cantonnements divisionnaires de MAURUPT-LE-MONTOIS, PARGNY-SUR-SAULT et VITRY-LE-FRANCOIS. L'intervention de la 3ème D.I.M. n'est pas envisagée. Dans la nuit la 702ème Batterie de Défense Antiaérienne (702ème B.D.A.A.) est affectée à la division. Elle prend immédiatement position près de PARGNY-SUR-SAULT où se trouve la principale gare de la zone.
Le 12 mai 1940:
Vers midi, à la suite d'un véritable duel, la 702ème B.D.A.A. abat 3 bombardiers moyens allemands Dornier Do 17 dont les équipages parachutés sont capturés. La Batterie a néanmoins deux tués et un blessé grave par mitraillage d'avion. Vers 14h30 la 3ème DIM reçoit l'ordre de se porter, au cours des deux prochaines nuits, dans la région ATTIGNY-VONCQ et d'être à la disposition de la IIème Armée. A 15 heures l'ordre est donné d'envoyer le 6ème G.R.D.I. à SENUC pour protéger le P.C. de l'Armée contre des éventuels parachutistes. A 17 heures la zone de destination est connue :sud de SEDAN, région de STONNE-SOMMAUTHE (a 18 heures la 3ème D.C.R. reçoit l'ordre de se porter aussi vite que possible à l'ouest de LECHESNE. Cette mise en place est prescrite à titre de précaution et l'instruction en cours pourra se poursuivre). Les mouvements de mise en place doivent s'effectuer à partir de 21 heures et au cours des deux prochaines nuits, sur deux itinéraires de part et d'autre de l'Argonne.
Dans la nuit du 12 au 13 mai 1940:
Sont acheminés : colonne Est le 67° R.I.; 3ème Groupe du 42° R.A.D.; Transmissions et Q.G., colonne Ouest le 91° R.I.; 1er Groupe du 42° R.A.D.; 14° C.D.A.C. Les mouvements s'effectuent sans incident sauf avec un sérieux retard lors de l'arrivée du transport de la colonne Ouest aux points d'embarquement. Au lever du jour les bombardements causent de sérieux dégats à BUZANCY, LA BERLIERE et au réseau routier. La queue de colonne du 91° R.I. à 11 blessés vers midi, mais les unités atteignent les emplacements fixés vers 16 heures. Le P.C. s'installe à BUZANCY. A 18 heures la 3ème D.I.M est informée que l'ennemi a forcé les résistances de SEDAN et que les 55° et 71° D.I. refluent en désordre. Elle reçoit l'ordre de se porter immédiatement :
d'abord sur la ligne L1 : TANNAY, UCHON-FERME, SY, OCHES; puis sur la ligne L2 : lisière nord du bois de MONTDIEU, STONNE, MONT-DAMION;
avec le dispositif suivant : le 91° R.I. à l'ouest et le 67° R.I. à l'est, renforcés chacun d'une section de la 14° C.D.A.C. et disposant chacun d'un groupe du 42° R.A.D. En tête la reconnaissance offensive sera effectuée par le 6° G.R.D.I. Dès la tombée de la nuit les troupes entreprennent leur marche d'approche et le deuxième échelon s'achemine vers l'avant. En début de nuit le P.C. de la IIème Armée est transféré à VERDUN, le 21ème C.A. reçoit un groupement composé des 3ème D.C.R., 3ème D.I.M. et 5ème D.L.C.
Le 14 mai 1940 matin:
Le 242° R.A.L.D.rejoint les bois sur les pentes ouest du Mort-Homme. Les reconnaissances partent près de SY, pour équiper des positions de mise en batterie. Vers 2 heures du matin, le 21ème C.A.décide de rétablir la situation en faisant contre-attaquer la 3ème D.C.R., en direction de BULSON puis de WADELINCOURT, avec des éléments de la 3ème D.I.M., à partir des bois de la Cassine et du Mont-Dieu. Cette action sera appuyée par toute l'artillerie de la 3ème D.I.M. qui sera renforcée par celle de la 3ème D.C.R. et se déploiera le plus au nord possible. Dès 7h30 les 67° et 91° R.I. sont sur L1. A 8h40 le 6° G.R.D.I. est en possition de couverture avancée sur L2.
En montant en ligne les unités croisent une marée humaine, composée de civils et de militaires sans arme, qui fuient avec toutes sortes de véhicules, plus souvent tirés par des chevaux et que les avions ennemis bombardent ou mitraillent pour semer la panique. Vers 11 heures des chars allemands tentent de déboucher de CHEMERY mais ils sont arrêtés par la défense antichar du 6° G.R.D.I. A midi le P.C. de la 3ème D.I.M. s'installe aux Petites Armoises, où il sera rejoint en cours d'après midi par le P?C? de la 3ème D.C.R. Vers 14 heures les premières unités d'Infanterie rejoignent à pied L2 sous un soleil éclatant. La défense s'organise aussitôt et l'Artillerie commence son déploiement en avant de SY et des Petites Armoises. La 10° B.D.A.C. du 42° R.A.D. établit un barrage antichar arrière sur la ligne Petites Armoises, Bois de Sy. Des élément légers ennemis sont faits prisonniers, ils appartiennent à des unités de la 1ère Panzer Division et du régiment "Grossdeutschland". Après un parcours difficile sur des itinéraires bombardés et disposant d'un approvisionnement limité en carburant, les chars de la 3ème D.C.R. apparaissent sur leur base de départ à l'ouest de STONNE. Contre toute attente l'ordre d'attaque est annulé par le 21ème C.A. Les bataillons de chars de la 3ème D.C.R. sont repartis en soutien des unités d'infanterie des 3ème D.I.M. et 5ème D.L.C. Ils vont constituer des bouchons défensifs sur un front de 20 kilomètres. Cependant tout au long de la journée les avions français et anglais essaient de détruire le pont de SEDAN. Ils affrontent une D.C.A. nombreuse et perdent 85 appareils. Dans la soirée le Général GEORGES est prévenu que la contre-attaque n'a pas été exécutée et il renouvelle l'ordre de reprendre l'offensive pour le lendemain. Les Allemands utilisent la nuit du 14 au 15 pour continuer à faire passer leurs blindés et leurs divisions motorisées sur la rive gauche de la Meuse, pendant que les batteries du 242° R.A.L.D. poursuivent leur progression vers le Nord et occupent les positions de tir à partir de minuit.
Le 15 mai 1940 :
A l'aube les Allemands attaquent dans la trouée de STONNE avec chars et infanterie. A 7 heures l'ennemi prend STONNE et le PAIN DE SUCRE. A 11 heures une contre-attaque française, menée par les chars B du 49° Bataillon et appuyée par toute l'artillerie, permet au I/67ème R.I. de se réinstaller dans le village. Mais 8 chars B sont mis hors de combat sur les 10 engagés. La mise en place du 51° R.I. est retardée par les bombardements aériens et la contre-attaque, des 3ème D.C.R. et 3ème D.I.M,. est reportée à 17h30. A 17 heures l'ennemi renouvelle une attaquesur STONNE et réoccupe le village. Le 21ème C.A. décide alors d'arrêter l'opération, mais une compagnie de chars B du 49° Bataillon qui n'a pas été prévenue débouche à l'heure fixée. Elle progresse de 2 km au nord du Bois du Mont-Dieu avant de se heurter à une forte défense antichar qui l'oblige à se replier et lui détruit 2 chars. Face au Bois du Mont-Dieu l'ennemi attaque massivement, mais les tirs d'artillerie et les feux du 91° R.I. lui interdisent d'arriver à la lisière et lui occasionnent de fortes pertes. Pour relever ses morts et ses blessés il fait demander par un aumonier une suspension d'armes de trois heures qui lui est accordée. Par ailleurs des interrogations de prisonniers allemands confirment que des tirs d'artillerie ont écrasé un groupe de char rassemblés au fond de LAVAUX et une partie du 2° Bataillon du Régiment Grossdeutschland dans MAISONCELLE. Ainsi au cours de la journée du 15 le 21ème C.A. n'a pas été en mesure de lancer la contre-attaque prescrite par le Général GEORGES. Mais attaqué sur tout son front par la 10ème Panzer Division et le Régiment Grossdeutschland il a réussi à contenir un adversaire qui espérait prendre à revers la ligne Maginot et s'ouvrir une brêche en direction de PARIS. |
| | | avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10683 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Lun 17 Déc 2007 - 23:03 | |
| Le 16 mai 1940 :
A 5 heures 55 STONNE est repris rapidement par le III/51° R.I. qui appuyé par 2 compagnie de chars B du 41° B.C.C. et 1 compagnie de chars H 39 du 45° B.C.C. L'ennemi surpris essuis des pertes sévères, en particulier une unité de Panzers est détruite sur la route encaissée qui mène à STONNE. Dans la journée la 702° Batterie antiaérienne est déployée en couverture du dispositif artillerie qui est constamment surveillé par un avion d'observation ennemi. Cet appareil cherche à déceler les P.C. et les batterie d'artillerie. A l'aide de son poste radio il déclenche des tirs qu'il régle en clair. Vers 15 heures l'ennemi lance sur STONNE une violente attaque à base d'infanterie et de chars, appuyée par des bombardements aériens très intenses. Le 51° R.I. essuie des pertes sévères et doit évacuer le village. Le repli vers l'ouest de la 5ème D.L.C. impose de déplacer vers le sud-est les P.C. de la 3ème D.I.M. et de la 3ème D.C.R. pour les installer à AUTHE. L'aviation adverse décelle le mouvement et s'acharne sur ce village. Très vite il y a des tués et des voitures détruites. Les P.C. s'installent alors dans la forêt à 1 km au nord de BELLEVILLE-SUR-BAR. Il est également donné l'ordre au II/42° R.A.D. de quitter SY et de prendre position dans cette zone. En fin de journée le front se stabilise sur une ligne jalonnée par : le canal des Ardennes, la lisère nord du Bois de Mont-Dieu, le ruisseau du Grand Etang, la côte 339, la lisière sud-ouest de STONNE et le nord-est du Mont-Damion. "STONNE, soumis depuis 2 jours aux feux de l'artillerie, des blindés et de l'infanterie des deux camps ainsi qu'aux bombardements de l'aviation allemande, est devenu un nid à bombes dont la conservation s'avère extrêmement meurtrière pour l'un ou l'autre des adversaires" écrira plus tard le Général Bertin-Boussu.
Le 17 mai 1940 :
A 5 heures 40 l'ennemi lance une forte attaque dans la trouée de STONNE et entre STONNE et LE VIVIER. Les troupes d'assaut sont maintenant appuyées par une artillerieimportante et des actions incessantes de Stukas. Le III/51° R.I. débordé ne peut se maintenir sur la crête de STONNE et ses unités doivent se replier sur une nouvelle ligne d'arrêt. A l'est de LE VIVIER au MONT-DAMION le 67° R.I. parvient à contenir l'adversaire tout en lui infligeant des pertes sérieuses. Le III Bataillon du 5° R.T.S. vient à sa rescousse sur la route des GRANDES ARMOISES à LA BERLIERE. Tout au long de la journée l'ennemi poursuit ses assauts en engageant de nouvelles unités, mais des contre-attaques immédiates les repoussent violemment. La ligne de front est fluctuante mais elle résiste. A 17 heures la 3ème D.I.M. contre-attaque en direction de STONNE, avec les III/51° R.I. et III/67° R.I., appuyés par une compagnie du 42° B.C.C. Elle reprend le GROS-BOUT et la lisière sud-ouest du bois de la côte 339 en faisant une centaine de prisonniers. Pendant toute ces actions la 702° B.D.A.A. ne cesse de s'opposer seule aux nombreuses missions des bombardiers et des avions d'observations allemands (au cours de la bataille de STONNE elle réussira à abattre 14 appareils dont seulement 2 avions d'observation Henschel 126). A la fin de la journée il ne reste que 2 bataillons de chars à la 3ème D.C.R. Ceux-ci sont engagés dans des actions de sections isolées près de STONNE pour le 49° B.C.C. et à proximité du bois du Fay-Grandes Armoises pour le 45° B.C.C.
Le 18 mai 1940 :
Après une nuit calme, l'ennemi reprend ses attaques. Partout il est repoussé avec des pertes importantes. A 14 heures une nouvelle contre-attaque française est lancée vers STONNE avec les chars restant des 45° et 49° B.C.C., le III/51° et des éléments du 67° R.I. Chars et fantassins arrivent aux lisières sud de STONNE et prennent le PAIN DE SUCRE. Mais soumis aux tirs incessants des allemands la crête doit être de nouveau abandonnée en fin de journée. Les chars restant de la 3° D.C.R. se retirent du front et font mouvement vers le sud-ouest.
Le 19 mai 1940 :
C'est une journée exceptionnellement calme, marquée essentiellement par des duels d'artillerie et des bombardements aériens de nuit. Dans le secteur entrent en action deux groupes d'artillerie hippomobile du 21ème C.A. stationnés à l'est de VOUZIERS (le I/109° R.A.L.H. équipé de 105L 1913 et le III/109° R.A.L.H. avec des 155 L 1917). Dans la soirée le III/5° R.T.S. rejoint la 6° D.I.C. La 3ème D.C.R. regroupe des restes des 42°, 45° et 49° B.C.C. dans les bois sud-ouest de BELLEVILLE-SUR-BAR.
Les 20, 21, et 22 mai 1940 :
Au cours des journées la situation reste inchangée. Seule l'artillerie demeure active, elle contrebat les batteries ennemies avec efficacité. Néanmoins l'aviation allemande intensifie ses bombardements. La 3° D.C.R. remet ses chars en état, il lui reste 20 chars H 39 au 42° B.C.C.; 25 chars H 39 au 45° B.C.C. et 15 chars B1 bis au 49° B.C.C.
Le 23 mai 1940 :
A 4 heures du matin, l'ennemi attaque sur l'ensemble du front. Les bataillons d'infanterie s'accrochent solidement au terrain mais sont trop dispersés pour constituer un front défensif continu. A 9 heures 30 le 21ème C.A. met à la disposition de la 3° D.I.M. la 1ère Brigade de Spahis, constituée des 6° Spahis Algériens et 4° Spahis Marocains. Cette brigade est déployée sur la ligne : Ferme Uchon, corne sud du bois de Fay, Oches. Elle constitue un barrage de sureté en arrière de l'infanterie de la 3ème D.I.M. et en protection du dispositif artillerie. A 12 heures l'ennemi s'empare des bois du Bontemps. Prè Naudin et TANNAY, il est arrêté à La Raillère mais progresse jusqu'à la Grange-au-Mont. A gauche le dispositif artillerie est menacé et le I/42° R.A.D. est pris à partie par des armes automatiques. A 15 heures la 3ème D.I.M. contre-attaque, après une courte mais violente préparation d'artillerie, avec le 45° B.C.C., le 6° G.R.D.I. et la 1ère Brigade de Spahis. Les Cavaliers ont du mal à suivre la progresseion des chars et ne peuvent occuper le terrain conquis par les blindés. L'ennemi surpris se replie en hâte, laissant de nombreux tués et blessés, mais il n'abandonne pas totalement la poche de TANNAY et, à 16 heures, il déclenche des tirs extrêmement violents qui obligent le G.R.D.I. à abandonner la crête 276. Aussitôt une nouvelle contre-attaque est relancée à 18 heures. Lennemi est rejeté au delà de la côte 276 mais ses armes antichars ont causé de lourdes pertes aux chars du 45° B.C.C. et aux automitrailleuses du 6° G.R.D.I. A 19 heures, le 42° B.C.C. attaque entre la Berlière et les Grandes Armoises. Il réussit à atteindre la côte 269, à 1 km à l'est des Grandes Armoises, il chasse l'ennemi de la Berlière mais le Mont-Damion ne peut être dégagé. A la nuit les deux bataillons de chars se regroupent un peu plus au sud et le 21ème C.A. fait connaître que la 35° D.I. s'établira demain sur la ligne : Canal des Ardennes, les Petites Armoises, le bois du Sy, Oches. Cependant le II/36° R.I. vient renforcer la 3ème D.I.M. au cours de la nuit.
Le 24 mai 1940 :
En début d'après-midi une violente attaque allemande est lancée au sud de STONNE en direction de LA BERLIERE et OCHES. Infanterie et Spahis, appuyés par l'artillerie de la 3ème D.I.M., elle-même soutenue par l'artillerie de la 6° D.I.C., arrêtent sur place les assaillants. A 15 heures des contre-attaques sont lancées comme la veille et obtiennent des résultats équivalents. A l'ouest les 45° B.C.C. et II/36° R.I. réduisent la poche de TANNAY. A l'est le 42° B.C.C. attaque sur les Grandes Armoises et vers 18 heures une compagnie de chars H 39 pénètre dans la clairière de la Grange-au-Mont sur les arrières ennemi. Les autres compagnies du 42° Bataillon nettoient rapidement la poche de TANNAY. Le II/36° R.I. progresse lui aussi, mais comme ses positions sont les cibles des tirs de l'artillerie allemande, il est contraint de se replier sur la crête après avoir subi des pertes sévères. Dans la soirée l'ennemi est repoussé sur les positions qu'il occupait la veille. Très éprouvé il ne manifeste plus de velléités offensives et la bataille de STONNE est pratiquement terminée. A 21 heures, malgré les objections des commandants des 3ème D.I.M. et 3ème D.C.R., le 21ème C.A. donne un ordre de repli vers le sud pour la nuit à venir.
Le 25 mai 1940 :
Entre 0 heures 30 et 8 heures 30, les unités de la 3ème D.I.M. se replient derrière la ligne tenue par la 35° D.I. Les chars restants de la 3ème D.C.R. se regroupent dans les bois sud-ouest de BOULT-AUX-BOIS, avant de rejoindre la zone de GRANDPRE le 31 mai, pour remise en état du matériel.
Du 26 mai au 7 juin 1940 :
La 3ème D.I.M. passe en réserve d'armée et installe son P.C. à OLIZY (à enciron 7 km de VOUZIERS). Cependant son artillerie organique (42° R.A.D., 242° R.A.L.D., toujours renforcée du 319° R.A.T.T.) est maintenue en ligne jusqu'au 7 juin, à la disposition de la 35° D.I. dont l'artillerie hippomobile ne peut rejoindre le secteur que le 27 mai. Cette dernière est composée des 14° R.A.D. (à 3 groupes de 75) et 214° R.A.L.D. (à 2 groupes de 155C) qui prennent position à l'est de VOUZIERS et y demeurent jusqu'au 12 juin. Dans la journée du 26 mai l'ennemi lance des attaques, entre les Bois de Sy et Oches, mais elles sont écrasées par l'artillerie de la 3ème D.I.M.
Depuis le 14 mai les belligérants se sont affrontés dans des combats d'une extrême violence et les unités engagées ont subi de très lourdes pertes. Du côte français le total dépasse 3 000 hommes dont plus de 1 000 tués; ces pertes peuvent être imputées à l'aviation ennemie, pour la plupart des tués. Du côté allemand 1 800 morts vont être dénombrés après l'armistice de 1940. Les victimes sont le plus souvent causées par les tirs acharnés de l'artillerie française qui prennent à partie les unités pendant les déplacements, endommagent le réseau routier et font sauter les véhicules cahrgés de munitions ou de carburants. |
| | | Eric Denis Admin
Nombre de messages : 7234 Age : 57 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 22:52 | |
| Bonjour,
Merci pour ce beau résumé, qui diffère un peu du livre écrit par Bertin Boussu sur sa division. Pouvez vous citer la source de vos écrits?
Cordialement Eric DENIS _________________ Cordialement Eric Denis
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| | | avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10683 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:05 | |
| Bonsoir,
Bulletin du musée de l'artillerie n° 23 de juin 1999.
Cdt |
| | | avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10683 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:08 | |
| voici d'autres extraits
SOUVENIR DE Georges L. (artificier à la 1ère pièce de la 3ème batterie du 42° R.A.D.)
Nous étions en position au bois UCHON, en bout de bois à 150 mètres de la route qui mène aux Grandes Armoises et STONNE. Nous avons vécu les 22, 23 et 24 mai un enfer sous un déluge d'obus pendant 48 heures. Malgré tout nous ripostions par des tirs très fournis. C'est au cours d'un de ces tirs que notre pièce a été anéantie, tuant le tireur PEINGHERUT et l'Adjudant-Chef TABARY, blessant très grièvement le chef de pièce et les autres servants. Une autre rafale est arrivée à l'emplacement du caisson. Un obus est tombé sur le bord de la petite tranchée où je m'étais accroupi. Je fus aveuglé par la flamme de l'obus et m'en tirais avec un oeil au beurre noir, les sourcils brulés et un petit éclat dans l'épaule. La flamme avait aussi mis le feu à la boite de graisse, la brosse et les chiffons. Entre les tirs nous avons évacué nos blessés et enterré nos deux camarades.
Au fil des heures et des tirs il nous fallait toujours raccourcir la hausse, cequi devenait très inquiètant. L'après-midi du 23 un Stuka fit son apparition et nous survola. Nous venions d'effectuer un tir et je remettais un peu d'ordre dans mon matériel. Le Stuka fit un piqué sur la pièce et balança une bombe avec un bruit impressionnant émis par sa sirène. Je fis un bond pour regagner ma tranchée abri. N'ayant pas le temps et sentant la bombe sur moi, je fis un plat ventre forcé à 3 mètres de la pièce, attendant la mort. J'entendis alors un bruit sourd : la bombe s'enfonça dans le sol sans éclater, entre la pièce et moi. Ouf ! j'ai eu chaud !
Les tirs continuaient de temps en temps et en fin de soirée notre position était critique. L'ordre était qu'il fallait tenir coûte que coûte. Entre temps l'Infanterie était descendue pour se repositionner derrière nous. Il fallais tenirpour protéger le repli.
Au matin du 24 nous étions attaqués sur notre gauche par les Allemands. Les balles nous sifflaient aux oreilles. Comme notre réserve d'obus était dissimulée dans les buissons à une dizaine de mètre derrière notre petit bois, nous avons ramené nos munitions à la pièce sous les balles et les obus. Nous avons alors pu accueillir les assaillants par des tirs fusants en débouchant à zéro. Cela a dû faire du dégât, car nous avons été tranquilles pour le reste de la matinée.
L'ordre étant venu de se replier, nous avons employé notre temps à faire sauter la pièce, en la déclavetant et en faisant glisser le tube hors de son berceau. C'est dur pour un artilleur de rendre inutilisable les obus et le matéreil qu'il fallait abandonner sur place. A l'échelon qui était installé en contrebas, près de la fontaine UCHON, plusieurs tracteurs P.107 dont le mien avaient été rendus inutilisables après le pilonnage des 48 heures.
Vers 14 heures nous quittions le bois UCHON pour nous replier dans un autre bois à quelques kilomètres de là. Avec une autre pièce de 75 et des munitions, nous montions le soir en première ligne pour effectuer, pendant la nuit, des tirs sur des objectifs repérés dans la journée par l'observateur. Avant le lever du jour nous rentrions les caissons vides et chaque nuit nous remettions ça.
TEMOIGNAGE DE LUCIEN B... (radiographiste au 42° R.A.D.T.)
J'avais été rappelé à Givet, le 26 août 1939, au 42° R.A.D.T. de la 3ème D.I.M. Comme réservistes, nous étions appelé à boucher les espaces vides dans ce régiment d'active, qui s'équipait pour le temps de guerre, sans tenir compte de la formation spécialisée reçue durant nos deux années d'active. Je fus affecté à la colonne de ravitaillement du 42°, à Rocroi. En septembre, je suis recherché comme radio, par le Lieutenant-Colonel MORILLE, commandant le 42° R.A.D.T. Il me trouve au milieu d'une grange où je cantonnais, à Bazincourt près de Ligny-en-Barrois. J'avais fait une demande officielle, en réponse au recrutement de rodios effectué par l'Aviation Française de Bombardement. Il vint me demander pourquoi j'avais répondu à cet appel. Je lui répondis que pendant mes deux années de service militaire, j'avais été radio au 42° de LAON, et qu'après un coucours des meilleurs radios du régiment, j'avais été envoyé travailler avec les avions, comme radio et pendant 3 semaines au terrain d'aviation de Reims. Il me répondit : "Au premier voyage que vous ferez au dessus de l'Allemagne dans un bombardier, vous serez descendu". En mettant en pièces sur le foin de la grange, le papier de la demande, il prit sa décision ... "Moi j'ai besoin de vous comme radio. Je vais vous fournir une chenillette P-107 avec un chauffeur et deux radios. Tenez vous prêt, dès aujourd'hui, vous êtes à ma disposition". Et rapidement, je fus affecté à l'état-major du 3° Groupe d'artillerie du 42, avec le Commandant MATHON. Et ce groupe d'artillerie accompagnait l'infanterie du 67°, dans l'essentiel de ses actions militaires de guerre.
JEUDI 9 MAI
Je pars de mon cantonnement, près de Sermaize, pour aller, avec ma chenillette et mon poste de radio, à 25 km de là, au camp de Mailly, où devait se réaliser, durant 8 jours, devant le Général Georges, du G.Q.G., adjoint au Général Gamelin, et avec nombreux Généraux des char, de l'artillerie et de l'infanterie, une grande manoeuvre où, pour la première fois on devait présenter au travail, ce que l'on appelait alors un AUTO-GIRE. Cet engin portait, son pilote, un officier-observateur, un radio et un chiffreur. A l'altitude de 100 m, dans le ciel, il devait diriger une attaque fictive, d'une batterie de 75 du camp bleu, contre une même organisation d'un camp rouge. Cet avion était le seul spécimen français qui devait concurrencer le coucou allemand. Ce premier-né sera un espoir déçu. Le Colonel MORILLE qui partait à cette présentation, s'était souvenu de mes stages dans l'aviation. Il m'avait confié les relations-radio entre l'auto-gire et les officiers supérieurs commandant les troupes engagées dans la manoeuvre... Notre auto-gire, au dessus du camp de Mailly, n'ayant pas à se méfier, ni d'une D.C.A. ni de l'aviation allemande, fit merveille.
VENDREDI 10 MAI
Ce 10 mai, très tôt, nous apprenons l'attaque et les bombardements de la Hollande et de la Belgique, par l'aviation allemande, et simultanément , chez nous, la destruction massive de notre aviation, au sol ... Alors, au Camp de Mailly, cessation immédiate des expériences avec l'auto-gire. Je rentre à Sermaize, pour constater les résultats des bombardements massifs effectués sur notre aviation restée au sol, particulièrement dans Vitry-le-François, et sur toutes les voies ferrées de la région où notre 3 ème Division cantonnait. Dans les émissions de radio, en Français et sur nos longueurs d'ondes, le "traitre de Stuttgart" nous disait toujours, avec mépris, mais avec exactitude où étaient nos cantonnements.
DIMANCHE 12 MAI
C'est la fête de la Pentecôte. Nos préparatifs de départ de toute la Division sont vite faits. Dans la nuit du 12 au 13 mai, ce lundi de la Pentecôte, je pars pour les Ardennes. Je laisse ma chenillette partir dans la colonne de marche du 3° Groupe d'Artillerie. Je suis destiné, avec d'autres célibataires, à partir au danger, à un observatoire avancé d'artillerie, à STONNE. Je monte dans le command-car du Lieutenant-Observateur, avec mon poste radio et deux hommes. Nous devons arriver, au plus vite à STONNE, pour y installer notre poste-observatoire avancé. Nous ne restons pas dans la file de notre Groupe d'artillerie. Nous dépassons les derniers éléments du 67° R.I.M. qui utilisent les camions d'une organisation militaire de transport qui doit les acheminer, mais les débarquer à 20 km des lieux de combat. Curieusement en effet dans notre Division motorisée et moderne seuls les trois régiment d'infanterie ne sont pas motorisés dans des véhicules leur appartenant. Cette colonne de camions roulant lentement dans la nuit, nous la dépassons, et ainsi jusqu'aux Ardennes. |
| | | avz94 Membre ATF40
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| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:10 | |
| LUNDI 13 MAI
Au lever du jour, nous sommes déjà arrivés à VOUZIERS. Mais, à partir de là, et venant à contre-courant, commence l'arrivée massive des civils qui ont évacué la Belgique, le Luxembourg, SEDAN et les villages que notre Division va occuper pour le combat. Quantité de soldats épuisés, sans arme, ceux des Divisions qui combattaient depuis trois jours à la frontière, nous croisent aussi. Ils tentent de nous démoraliser. Ils sont encore effrayés de la puissance des bombardements d'avions qu'ils ont subis, et des charges des divisions de blindés qui les ont basculés vers la retraite. On voit qu'ils ont beaucoup souffert. Nous arrivons à BUZANCY, où l'état-major de la IIème ARMEE est déjà installé. Dans la forêt toute proche, nous trouvons les premiers éléments de la colonne du 67° qui débarquent des camions. Il leur reste 20 km à parcourir à pied pour aller s'installer, leur a-t-on dit, entre SEDAN et STONNE, sur le plateau de BULSON ... Vers 8 heures, ce 13 mai, les Stukas viennent bombarder ces premiers éléments du 67, en plein débarquement. Nous sommes au milieu d'eux. Les camions qui ont débarqués doivent repartir jusque dans l'Aube chercher d'autres régiments. Les camions qui ne sont pas détruits, ont du mal à faire demi-tour et à chevaucher les trous de bombes et les bosses de cette petite route, maintenant défoncée. On s'occupe des blessés. Je vois un de mes amis du 67 qui part en ambulance. Notre command-car passe sans difficulté, il est tout-terrain. Nous atteignons OCHES, puis nous allons vers LA BERLIERE, où s'installeront les batteries de notre 3° Groupe. Dans le château, se trouve l'Etat-Major de la 71° Division qui combat encore à SEDAN. Des restes de cette division refluent par ce chemin étroit où nous arrivons. Nous garons dans le bois, pour nous orienter à pied, notre command-car. Nous devons vérifier si notre approche de STONNE est possible. Un autre command-car se range auprès du nôtre. C'est mon ancien Colonel Thomas du 242° R.A.L. de Laon, et son capitaine-adjoint. Je les ai connus durant mes deux années d'active. Eux aussi viennent à pied pour escalader la colline rocheuse et repérer le village de SY autour duquel presque toute notre artillerie, celle du 42 et du 242, trouvera ses positions de batterie Mais les Stukas ont repéré les régiments qui décrochent de SEDAN et qui passent sur la route. Deuxième plat ventre de la matinée, si on pouvait s'enfoncer dans la roche de cette colline, on le ferait. Quelques minutes de bombardement paraissent durer un siècle. Notre petit groupe se relève, nous sommes étonnés qu'il n'y ait aucun blessé, parmi nous. Nous allons reprendre notre voiture, elle aussi indemne, pour grimper, jusqu'à STONNE. Mes trois premiers jours de guerre se passeront, à STONNE. Il est 10 heures, environ. Notre Lieutenant-observateur évite d'aller s'installer dans le clocher de l'église. Nous cherchons le lieu le plus élevé sur la butte qui domine STONNE. Nous sommes à la côte 336. Nous cherchons le lieu le mieux dégagé qui favorisera l'observation. Nous sommes plus haut placés que le coq de l'église, à notre droite. Le temps est merveilleusement beau et clair jusqu'au bout de l'horizon. Au milieu des buissons épineux, nous cherchons ceux qui nous camoufleront le mieux aux regards de l'ennemi. Nous dominons absolument tout le plateau de BULSON. Nous avons, à gauche, le bois du Mont-Dieu et le canal des Ardennes jusqu'à son débouché dans la Meuse. A notre droite est le village de STONNE, et au loin la partie est de la Meuse vers STENAY. Enfin, à 20 km en face, la ville de SEDAN. Nous sommes dans un site d'observation incomparable. Et que s'est-il donc passé, depuis le 10 mai ? Tout au fond, en face de nous, les divisions française gardaient la frontière belge, à 14 km au nord de SEDAN. Elles ont subi l'attaque massive des armées conventionnelles allemandes, celle qui sont chargées de conquérir SEDAN et d'y aménager une tête de pont solide. Nos soldat de la frontière, agés de 41 ans, ont bien combattu, mais des avions ennemis, innombrables et qui sont maîtres du ciel, les ont obligés à abandonner la rive droite de la Meuse. Dans SEDAN, la ville est tombée en ruines au dessus d'eux. Elle est sur la rive droite de la Meuse. A midi, au moment où nous arrivons, le premier spectacle effrayant c'et le bombardement allemand des emplacements de combat qu'ils ont soigneusement repérés. Les 71° et 55° Division françaises se mettent à l'abri. Mais ce bombardement va durer trois heures. Il est opéré par 600 bombardiers, dont 120 Stukas, et 500 avions de chasse qui attaque tout ce qui bouge. Trois heures de suite, les soldats français sont écrasés dans leurs abris, aucun d'eux ne peut quitter les lieux où ils se sont abrités, ni mettre le nez dehors. Durant ces trois heures, des centaines de canots pneumatiques chargés de troupes, traversent la Meuse. Des radeaux acheminent à travers la Meuse quantités de chars légers. Le Génie a commencé la construction de trois ponts, un en amont de SEDAN, l'autre en aval, et le plus important entre DONCHERY et PONT-SUR-BAR, à 8 km à l'ouest de SEDAN ... Les deux divisions françaises qui n'étaient pas dans SEDAN, se retirent en combattant jusqu'à 10 kilomètres au sud de SEDAN. Quand nous avions croisé tant de débris de l'Armée Française nous pensions que rien ne se passait plus entre SEDAN et STONNE. Mais, de notre observatoire, nous allons jusqu'au soir, et deux jours encore, voir la défense française aller constamment au combat. En face, des forces blindées en quantités inimaginables, sur cette rive droite de la Meuse, se préparent à passer. Ils parachèvent la construction de leurs ponts. Nous voyons, à la binoculaire, que les troupes allemandes qui sont sur la tête de pont préparent fiévreusement quelque chose, mais nous ne comprenons pas encore quoi ... L'ennemi, depuis 11 heures ce matin, a déjà pu conquérir au sud de SEDAN, un espace de 6 km de largeur sur 3 km de profondeur, jusqu'à la butte de BULSON, sur notre gauche avec des troupes ordinaires. Des nuages de poussières multiples, s'élevant sous les chenilles des chars, montent haut sur ce panorama ... Plus tard, en fin d'après-midi, les lignes allemandes se sont avancées à 13 km de SEDAN. Le P.C. du Général BAUDET, de la 71° Division, est à RAUCOURT, à 6 km de nous. MAis il doit vite quitter RAUCOURT et se replier à la BERLIERE. Le 5° Groupe de 155 Court de la 71° D.I. se déplace autour de RAUCOURT et s'oppose au maximum aux blindés qui sont chargés de préparer l'arriver des Panzers-Divisions de GUDERIAN. Après un long combat, il détruit ses munitions et abandonne tout le matériel détruit. Ses canonniers partent à pied vers STONNE ... A al nuit tombante de ce jour, les combat continuent. A 10 heures du soir, un canon de 88 allemand, en deux tirs tendus, met des obus incendiaires dans le clocher de l'église de STONNE, si proche de nous. Le clocher prend feu et s'écroule en feu sur la nef de l'église. Le Lieutenant nous regarde, sans rien dire, mais pensant sûrement : "voyez, si nous nous étions mis dans le clocher, ce que nous serions devenus." Dans les lueurs de cet incendie, nous voyons les artilleurs du 5° Groupe de 155 de la 71° D.I. passer à pied dans STONNE. Ces soldats, comme tous ceux qui tentèrent de protéger SEDAN, comme leurs officiers, étaient tous des réservistes rappelés, d'environ 41 ans. Durant la drôle de guerre, on les appelait : les vieux crocodiles. Tout l'après-midi, et encore toute la nuit du 13 au 14 mai, j'ai essayé d'appeler, à la radio, mon Groupe d'artillerie... Aucune réponse. Pourtant si les batterie avaient été installées, quel carnage aurait été ppéré sur ces installations. Il est maintenant évident que nos Régiments d'Infanterie ou d'Artillerie, ne pourront plus s'installer entre STONNE et SEDAN aux lieux prévus ce soir-même par les décisions de l'Etat-Major de la 3ème D.I.M. Toute la nuit, j'essaye encore d'appeler notre 3° Groupe d'Artillerie... Mais en vain... |
| | | avz94 Membre ATF40
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| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:11 | |
| MARDI 14 MAI
D'abord, c'est la grande bataille aérienne au dessus de SEDAN. ...Dès 5 heures du matin, pendant que les troupes allemandes passent les trois ponts auprès de SEDAN, des avions français, de 5 heures à 17 heures, puis des avions anglais, de 17 heures à minuit, tentent de perturber le passage des ponts de la MEUSE, ou de détruire ces ponts. L'aviation alliée mène 27 attaques comprenant de 10 à 20 avions chacune. Quand la très nombreuse défense antiaérienne allemande interdit l'approche de SEDAN, la petite quantité d'avion alliés facilite la tâche de cette artillerie anti-aérienne surpuissante. Au contraire, quand les canons, à terre se taisent lorsque des nuées de chasseurs Messerschmitt attaquent, nos avions se révélent plus performants que la chasse allemande... Dès l'aube de cette journée du 14 mai, j'ai enfin l'Etat-Major du 3° Groupe d'Artillerie du 42, qui répond à mon appel. Alors l'observateur va envoyer message sur message, son dossier d'observation est abondant, bien fourni en cibles possibles. La portée de nos canons est insuffisante pour atteindre des ponts de SEDAN, ou surtout les plaines au nord de SEDAN qui grouillent des unités de Panzers qui attendent leur tour pour passer la Meuse. Le jour se lève, avec un temps aussi beau que la veille. Les messages que j'ai envoyés, sont bien arrivés, j'en ai reçu accusé de réception. Comment se fait-il que pas un seul coup de canon ne sera tiré, jusqu'à 14 heures ? Que se passe-t-il donc ? Le Lieutenant-observateur s'énerve. En attendant une réponse à cette question, nous regardons en face... On voit bientôt les char allemands, venir s'installer dans et autour de RAUCOURT, dans les bois. Ils utilisent les carcasses des canons français et le matériel des trois batteries de 155 sautés. Ils s'en font un barrage protecteur, au cas d'un contre-attaque française... Nous n'en sommes encore qu'à la moitié de cette journée du 14 mai. Vers 13 heures, c'est le Commandant Mathon qui arrive en personne, à l'observatoire avancé d'artillerie, en moto. Il a deviné qu'il y avait un malentendu entre ordres de tir demandés par notre observateur, et les responsables des batteries des 42 et 242. Les cause c'était le fait que, sur les indications du Q.G. des Petites Armoises, les artilleurs avaient marqué sur leurs cartes les villages où devaient s'installe, sur le plateau de Bulson, les trois régiments de notre division. Et selon eux, les tirs demandés par l'observateur devaient tomber sur nos amis de l'infanterie. Quand le Commandant est monté à STONNE, il a bien vu qu'en bas, dans les villages, il n'y avait que des Allemands. Alors, ce qui n'a pas dû arriver souvent, c'est le Commandant lui-même, qui va diriger, de son observatoire, le tir de ses 12 canons de 75. Enfin, les messages qui passent de mon poste-radio vers l'Etat-Major du 3° Groupe, sont immédiatement suivis d'un bombardement foudroyant, sur des Panzer légers. Et le Commandant redescend de STONNE (après avoir noté des cibles encore possibles) assis sur le tan-sad de son estafette jusqu'au Bois du Fay où, à ce moment, était installé son P.C. du 3° Groupe. Peu de temps après son départ, des tir de plusieurs batteries détruisent complètement, des blindés allemands, cantonnés à MAISONCELLE.
(Un allemand des Panzers légers de RAUCOURT, que j'ai rencontré après guerre à STONNE, m'a dit qu'il était cet après-midi là au milieu du bombardement par nos 75, à l'instant du ravitallement de ses chars. Il m'a dit quel effroi fut le sien en constatant la précision, la rapidité des tirs et leur puissance de destruction. Et comment les incendies, à cause de l'essence, surgissaient de partout. Ils se savaient en terrain conquis, sans coup férir. Ils ne seméfiaient pas qu'on put les voir si bien des hauteurs, au-dessus de STONNE. Ils durent faire appel à une autre Compagnie, des Panzers IV, pour assurer à leur place l'attaque du lendemain, à l'aurore. Il m'expliqué aussi comment les éléments détruits de la 10° Panzer, comme ceux du GROSSDEUTSCHLAND étaient en priorité remplacés, matériels et hommes, en allant chercher à SEDAN près de la masse des hommes et des engins qui passaient, arrivant d'Allemagne. C'est pourquoi, malgré leurs lourdes pertes des 14, 15 et 16 mai, ils s'étaient quotidiennement parfaitement reconstitués. Dans la nuit du 16 au 17 mai ils repartirent en parfait état vers MONTCORNET et GUISE. Pendant les trois jours qu'ils passèrent auprès de nous, STONNE avait changé 17 fois de mains. Sur 90 chars, ils en eurent 60 détruits, en plus du grand nombre de blessés et de morts laissés à RAUCOURT et à MAISONCELLE (540 hommes tués). Pour la première fois, écrira l'un des gradés de ce Régiment, et contrairement aux prévisions, nous sommes arrêtés par l'ennemi, quoi que nous ayons mis en oeuvre tous nos moyens. A STONNE, 24 carcasses de leurs chars de la 10° Panzer restèrent dans les ruines du village, tenant compagnie à 33 carcasses de chars français.)
Avant 16 heures, changement inespéré, au-dessus de STONNE. Nous voyons apparaître, sur toute la ligne des crêtes, entre la forêt du MONT-DIEU et le MONT-DAMION, 75 chars légers Hotchkiss de la 3ème D.C.R. Ils se sont installés, comme pour une revue du 14 juillet, les canons orientés vers SEDAN. Il sont en plein découvert, un char tous les 50 mètres, et sur 4 kilomètres. Quelle chance, les coucous des Panzer sont partis accompagner toutes les colonnes des Panzerdivisions vers l'ouest... Nos chars lourds de 32 tonnes, les B1 bis, s'installent en retrait dans les villages où sont nos troupe de la 3° Division. Cette vue nous redonne à tous chaud au coeur. Mais quelle déception, après 19 heures, tous ces chars, montés vers STONNE, repartent d'où ils sont venus ! Cette présentation spectaculaire était-elle une mise en scène ? Heureusement dès le lendemain après-midi, les chars de cette 3° D.C.R. combattent valeureusement avec nous. Mais, en 5 jours, pour notre défense sous les attaques ennemies, ils auront perdu la moitié de leur matériel, et beaucoup d'hommes. Le 19 mai ils partiront se reconstituer autour de SAVIGNY-SUR-AISNE. Trois jours de vrais combats, pour des chars, c'est usant ... Ce même jour, du 14 mai 1940, après 19 heures, nous fignolons nos abris creusés depuis la veille. Nous perfectionnons surtout le camouflage de l'observatoire et de l'antenne du poste-radio. Nous sommes placé, depuis deux jours au milieu de buissons épineux, quelques rares arbres jusqu'au bas de la descente sur le plateau de BULSON. Mais notre vue vers le nord est parfaitement dégagée. A la tombée de la nuit, après 22 heures, il y a des combats qui reprennent au dessous de nous... Les allemands sortent de leurs engins pour donner la chasse à pied. Des automitrailleuses du 6° G.R.D.I. sont de la partie pendant deux heures. On ne retrouvera que les cadavres des Français, dans le terrain labouré par les chenilles des Panzers ou les roues des automitrailleuses... Puis un étrange silence se fit sur tout le plateau entre SEDAN et nous, soudain interrompu par l'arrivée des fantassins du 67°, ier Btn. Ils s'échelonnent, en contre-bas de nous sur toute la pente abrupte avec leurs mitrailleuses et quelques canons antichars, jusqu'au contact avec le G.R.D.I. qui a gardé SEDAN jusqu'au pied de STONNE. Nous entendons les fantassins se communiquer l'ordre d'attaque contre l'ennemi : ce sera à l'aube de demain, mercredi 15 mai. Je ne dormirai pas encore cette troisième nuit... Du P.C. du 3° Groupe d'Artillerie, je reçois, en morse, comme des interrogations de Police, sur les noms, prénom, dates de naissance ou mariage de mes parents, puis des familles de ceux qui sont près de moi. En morse, je réponds exactement aux questions posées, sans plus. Je ne saurai que le lendemain, en rentrant à l'Etat-Major du Groupe, qu'on nous croyait, avec mon poste et l'officier-observateur, déjà faits prisonniers des allemands, et que ceux-ci nous obligeaient, par la force, de demander des tirs sur les positions françaises. Les copains d'en bas, au P.C., avaient dû lire des romans d'espionnage, pour se désennuyer, durant la drôle de guerre... |
| | | avz94 Membre ATF40
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| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:12 | |
| MERCREDI 15 MAI
J'ai déjà repris, avant l'aube, la transcription des messages du Lieutenant-observataur, qui voit les préparatifs d'attaque allemande dans les villages d'en-dessous de nous. Nous étions persuadés qu'elle se déclencherait avant celle prévue pour le 67°. Tout-à-coup, en passant de notre trou-radio à celui de l'observateur, j'aperçois, à 50 mètres derrière nous, un grand char allemand, un Panzer IV, avec son canon de 75 mm sous tourelle, et ses deux mitrailleuses. Je fais signe au lieutenant, qui se blottit dans son trou. En cette fin de nuit, ce char était en terrain conquis. Il avait gravi la pente du Mont-Dieu, sur notre gauche, précédant l'offensive de l'infanterie. A bord de ce genre de char, Panzer III et Panzer IV, il y a cinq hommes. Orientée vers STONNE, l'attention de ces hommes est attirée sur la rue de STONNE qui passe devant l'église incendiée, au moment où y arrive toute une colonne bien tassée de side-cars du 6° G.R.D.I. qui a décroché dès le commencement de l'attaque allemande, au bas de cette rue. Aussitôt, le char, avec ses 20 tonnes s'oriente vers cette rue pour prendre en enfilade cette colonne française, qui roule 150 mètres plus bas. Il tire de son canon de 75 et de ses mitrailleuses. De notre poste, nous voyons tout le début de cette colonne de motards, avec leurs chauffeurs couchés morts sur le guidon de leur side-car, et leurs mitrailleurs sont affalés, mort aussi au fond de leurs coquilles des side-cars. L'offensive allemande avait fait remonter les soldats du 67° installés la veille au dessous de nous. Subitement, j'entends les mitrailleuses du 67° tirer de derrière nous et elles ont pris position à l'orée du bois, où est planqué notre command-car. Les fantassins allemands les ont suivis à travers les buissons épineux et bientôt s'installe le combat meurtrier des tirs croisés entre les deux infanteries. L'observateur n'a pas conscience du danger qui nous menace, tout occupé qu'il est de son travail d'observateur, sur ce qui se passe au loin. Je viens lui dire que, sans nous prévenir, les lignes françaises ont reculé derrière nous, tandis que l'infanterie allemande monte vers nous. Le Lieutenant nous donne l'ordre de plier bagage et de rejoindre le commande-car dans la forêt. Démontage qui s'accomplit si vite que, jamais je pense, dans les exercices de décrochage suivants, notre record du jour ne sera battu. Sous les feux croisés des mitrailleuses, le Maréchal-des-Logis MARTIN, de ROUEN, qui aide le Lieutenant à porter ses bagages et sa lunette, est gravement blessé et porté jusqu'au command-car. Moi, je ne puis rejoindre la voiture, contraint par le mitraillage croissant, de prendre à pied, avec mon poste-radio la direction de STONNE. A cause d'une bosse de terrain, c'est un peu protégé des mitrailleuses. Les abords de STONNE sont pleins de cadavres, je vois de tout près les soldats du G.R.D.I. morts dans leurs side-car, et beaucoup de matériel militaire détruit autour de l'église ruinée. J'évite d'aller plus loin dans STONNE, fais demi-tour et m'engage sur la route qui mène aux GRANDES-ARMOISES, avançant cependant dans le seul fossé, au bord gauche de la route. Je ne puis ramper facilement dans ce creux protecteur à cause de l'emcombrement de mon poste-radio. Les allemands qui progressent lentement, en montant la rue, tirent sur moi. Les plus dangereux sont ceux qui occupent déjà le sommet du PAIN DE SUCRE. Un avertissement, sans frais, me parvient d'un de ces bon tireurs... à quelque centimètres de mon visage, une balle allemande se plante dans un poteau téléphonique, à l'instant précis où je passe tout contre ce poteau. Quelques dizaines de mètres plus loin, un officier français, de haute taille surgit devant moi. C'est le Commandant PIGALLE du 1er Bataillon du 67°. Après quelques mots sur le peu que j'ai vu à l'entrée de STONNE, il espère me faire transmettre un message urgent à l'artillerie grâce à mon poste-radio. Mais je lui dis que la magnéto et l'antenne de mon poste sont parties dans une autre direction. Il m'ordonne de planquer mon poste dans les blés, il veillera sur lui, et de courir au plus vite jusqu'au bas de la côte, j'y trouverai le P.C. du Colonel DUPRET, du 67°. Dans un marathon de 4 kilomètres, je suis chargé de porter au plus vite l'ordre oral de déclencher immédiatement les tirs d'artillerie sur STONNE, où l'ennemi s'installe. A mon arrivée au P.C., c'est le Commandant MARTHON qui me reçoit. Il a tout de suite l'accord du Colonel DUPRET pour le tir demandé. Et bientôt le tonnerre des 12 canons du groupe situé très près, au sud-ouest de la BERLIERE atteste que le message du Commandant PIGALLE est bien arrivé. Et bientôt les autres canons des 42° et 242° se joignent pour pilonner STONNE.
Mon Commandant me fait ramener en moto par son estafette au BOIS-DU-FAY, où se trouve le P.C. de l'état-major de mon 3° Groupe d'Artillerie du 42°. J'apprècie la beauté et le calme de cette forêt, c'est la pointe sud de la forêt du MONT-DIEU. Il y a 82 heures que je n'ai pas mangé, je commence cela. Il y a trois nuits que je n'ai pas fermé l'oeil, je m'allonge sur la mousse et je vais dormir tant que je ne vais rien entendre de la violence des combats qui se livrent à STONNE. Mes trois premiers jours de guerre à STONNE se sont bien noyés dans un sommeil profond. Le capitaine-adjoint donne l'ordre aux copains de me laisser dormir. A 9 heures, j'avais fait jaillir comme une préparation d'artillerie. A 10 heures les grands chars de 32 tonnes de la 3 ème D.C.R. précèdèrent les 67 et 51° d'infanterie qui attaquèrent STONNE et qui en chassèrent l'ennemi. A midi, le Régiment allemand, après un sévère bombardement de 3 escadrilles de Stukas, réattaquera sur STONNE, les Français décrochèrent à midi 30 minutes. A 15h30, les Chars B1 bis attaquent à nouveau avec le 67° et le soir quand les chars sont repartis se ravitailler en essence et en munitions, on laissera les allemands se réinstaller dans le village. Voyer, pendant que de 10 heures à 20 heures je dormais, STONNE fut prise et reprise cinq fois. On m'a dit, au réveil, que ce fut le Colonel Buisson qui commandait les régiments d'infanterie, allant à pied avec les combattants. C'est lui qui nous dit : "Dans STONNE, on s'y tire à la grenade, on s'y égorge à la baïonnette, ou au couteau". |
| | | avz94 Membre ATF40
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| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:12 | |
| JEUDI 16 MAI
Ce quatrième jour, je ne suis plus à STONNE, mais plus loin. Au réveil, j'apprends que l'état-major de mon 3° Groupe du 42 quitte le BOIS-DU-FAY, pour aller s'installer au nord du village de SY, avec les trois batteries du groupe qui sont implantées depuis le 13 mai au sud-ouest de LA BERLIERE. Le groupe réuni va occuper, dès le 18 mai au nord de SY, des positions de tir qui vont lui permettre de couvrir un plus large secteur du champ de bataille. Je reste sur place, au BOIS-DE-FAY, car c'est le P.C. du 67° d'Infanterie qui va venir s'installer, plus confortablement que là où je l'ai rencontré la première fois, au bas de la côte de STONNE, aux GRANDES-ARMOISES. Mon Colonel du 42° me laisse auprès du Colonel DUPRET du 67° pour assurer les transmissions radio entre toute l'artillerie et toute l'infanterie, pour moi c'est un autre style d'observation : celui des relations humaines. C'est ce matin là que je fais connaissance avec un officier de police. Il avait été envoyé entre STONNE et SEDAN, dès le 10 mai, pour enquêter sur les officiers de tous grades qui avaient abandonné leurs troupes, pour s'enfuir et tout simplement rentrer chez eux. Il va maintenant rester au P.C. du 67° pour interroger les nombreux prisonniers qui nous seront envoyés des premières lignes où nos trois régiments d'Infanterie combattent. Il parle parfaitement la langue allemande. Le Commandant PIGALLE m'a fait remettre mon poste-radio par l'estafette-moto du Commandant MATHON. Pendant que le P.C. du 67° s'installe, je m'exerce avec mon poste radio, émetteur-recepteur. Et voilà que par hasard j'accroche la longueur d'onde d'émission du coucou d'aujourd'hui qui nous survole au ras des arbres de BOIS-DE-FAY. Il a remarqué déjà les changements d'emplacements des P.C. et des batteries. Le morse, il ne l'utilise jamais, comme les Panzers et tous les engins qui possèdent un émetteur-récepteur et que j'entends souvent, mais sans comprendre. J'entends le pilote du coucou aussi fort que si j'étais assis à côté de lui. Et je le suis avec la même facilité sur son parcours que lorsqu'il me survole. J'appelle l'officier de police. Il prend les écouteurs et me traduit simultanément tout ce que l'aviateur dit, et ce que ceux qu'il a appelés lui répondent. Nous sommes étonnés et sûrs maintenant que ce pilote, très habile pour piloter son avion, en venant fouiner partout où on préfèrerait ne pas le voir, a en même temps tout pouvoir pour ordonner et diriger sur leur cible ou leurs objectifs, les attaques des Panzers en plein combat, ou pour déclencher les tirs des batteries de tous calibres en assurant l'efficacité parfaite de leurs tirs, ou encore pour appeler et guider les Stukas ou les avions de chasse. Incroyable cette capacité de pouvoir faire tant de choses à la fois et avec cette précision diabolique. Et il y a des caméras qu'il possède sous le fuselage de son avion, et qui filment en permanence ce que le pilote n'a pas vu. Le soir, les films développés indiquent avec précision les objectifs du pilote dès le matin. Je demande alors à l'officier de police : Pouvons-nous tirer profit de cette découverte de la longueur d'onde du coucou, comme celles des chars ou des régiments allemands que j'entendais si je les cherchais. Il me répond : si nous voulons faire la causette avec le pilote, il nous entendrait comme si nous étions assis à côté de lui. Mais avec son radio-goniomètre, après un petit tour autour de nous, il nous ferait détruire avec précision que vous savez. D'autre part, il est impossible de prévenir ceux qui sont donnés pour objectif, car les obus, vous avez vu, ou les bombes d'avion, ou les chars ennemis sont sur l'objectif, quelque brèves minutes après l'appel fait par l'aviateur. Il n'y a qu'une chose à faire : le descendre. Les moyens en étaient prévus, mais nous n'en possédions pas. Durant les trois premiers jours que j'ai passés à STONNE, je n'ai pas spécialement remarqué ce type d'avion, parmi les centaines qui nous survolaient. Je venais de faire connaissance avec lui. J'apprends que le Général HUNTZIGER de notre 2ème Armée, a quitté SENUC pour le FORT DE LANDRECOURT, le 14 mai, à 50 kilomètres de SEDAN.
VENDREDI 17 MAI
Le Colonel du 67° fait appeler l'observateur d'artillerie du 3° Groupe du 42. Celui-ci vient me chercher et nous installe à la côte 276 au-dessus de TANNAY, et face aux Allemands qui sont sur l'autre rive du canal des Ardennes. En-dessous de nous, il y a le 51° et le 91° d'infanterie, et la 6° Division Coloniale qui vient d'arriver. Nous surveillons et ordonnons des tirs d'artillerie sur les Allemands qui ont réussi à passer le pont sur le canal. Le Génie l'avait pourtant fait sauter la veille, mais si le tablier du pont s'est élevé, il est retombé intact, exactement comme il n'aurait pas fallu, sur ses deux piles. La bataille se déroule comme à STONNE, et l'ennemi prend l'avantage. Nos chars qui viennent du CHESNE repoussent une première fois les attaquants de l'autre côté du canal et démolissent complètement ce pont à coup de 75. Un second assaut allemand revient sut TANNAY et vers l'ouest du MONT-DIEU. Très aidés par leur artillerie, les Allemands s'installent dans TANNAY même, et cesera définitif. Ils poussent des pointes vers nous, à cette côte 276 où nous sommes et qu'ils voudraient bien conquérir. Vers 18 heures, nous abandonnons notre site d'observation. Même départ précipité que deux jours plus tôt, à notre départ des hauteurs de STONNE. Au soir de ce vendredi 17 mai, on m'a ramené au bois du Fay. Au P.C., on m'informe que, durant la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 mai, les chars de la Xème Panzer et le Gross-Deutschland ont été rappelés pour rejoindre GUDERIAN, dans la "Ruée vers la mer". D'autre divisions fraîchement arrivées d'Allemagne, ont pris leur place, elles se montrent aussi combatives. De l'autre côté du canal, l'ennemi a pris des péniches abandonnées sur le canal pour les couler et en faire des ponts. Les Allemands ont fait baisser l'eau pour que leurs ponts soient plus stables sur le fond du canal. Les autres nouvelles que je glane, c'est que personne, chez les français comme chez les Allemands, ne veut plus séjourner dans STONNE. C'est maintenant un village maudit, complètement en ruines, où la hauteur des ruines elles-mêmes s'amenuise chaque jour. Avec des ruines, on pourrait encore s'improviser un petit abri. Mais STONNE est devenu un cimetière d'engins modernes, résidus des inventions guerrières de tous pays. des morts aussi, très nombreux, des deux Armées qui s'y sont combattues avec tant d'acharnement, y pourrissent. Cette odeur est insupportable. Maintenant, chaque armée ne fait plus que prendre ce passage obligé... pour aller combattre ailleurs son ennemi. STONNE est devenu le déversoir d'obus de toute les batteries d'artillerie du secteur, qui se combattent. Les attaques constantes de STONNE par les Stukas, en font un Enfer. A aprtir de ce jour, je ne reverrai plus l'observateur. |
| | | avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10683 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:13 | |
| DIMANCHE 19 MAI
Tout ce qui reste de la 3ème D.C.R., se retire peu à peu des combats. On remorque ou on dépanne les engins qui sont sur notre secteur. Quand, dans quelques jours, le jeudi 23 mai, le choc voulu comme définitif par les allemands contre nos positions, le Colonel BUISSON nous enverra ceux des chars qui à cette date seront en état de combattre... Les vrais motorisés de la division, se serrèrent pour accueillir le plus de fantassins possible. Puis ils ont combattu jusqu'au Camp de Mourmelon, 30 kilomètres, et puis encore toute la retraite, jusqu'où ils ont encore pu marcher. Courageux fantassins de notre 3ème D.I.M, les plus mal lotis de notre Division "motorisée"...
LUNDI 20 MAI
Pour cette date , unsérieux ralenti se remarque dans les attaques allemandes (ils préparent leur grande attaque du 23 mai). D'ailleurs un officier Allemand qui sera fait prisonnier ce jour là, portera sur lui, le plan de l'attaque qui devait les mener, par dessus-nous, vers VOUZIERS, VERDUN, jusqu'à PARIS.
MERCREDI 22 MAI
Vers 9 heures, l'officier des Transmissions du Colonel MORILLE du 42°, vient me chercher et m'amène au centre de SY, au P.C. du 242°, pour assurer une liaison radio directe entre les deux P.C., en prévision des combats du lendemain. Nous construisons d'abord, à 30 mètres de ce nouveau P.C., notre abri-couvert. Puis, je vais revoir, dans leur P.C. mes camarades radios et téléphonistes que j'avais connus, en 1936 et 1937, à laon. Le Colonel THOMAS et le Capitaine DUGRAVOT me font venir dans leur P.C. On reparle tout de suite du bombardement des Stukas que nous avion subi, le 13 mai, à LA BERLIERE. Apprenant que j'étais ordonné Prêtre depuis Pâques, le Colonel me fit remarquer que, demain jeudi 23 mai, c'était la Fête du Saint-Sacrement : "Voulez-vous venir dire la messe, ici, demain, dans mon P.C. ?". C'est d'accord pour 11 heures.
JEUDI 23 MAI
Ce sera la date de la Grande attaque allemande, annoncée par le Capitaine de HAUTECLOQUE qui venait de traverser le 20 mai leurs préparatifs, et il avait entendu qu'elle devrait avoir lieu à 3 heures du matin, ce 23 mai. A 2h30 du matin, c'est notre artillerie toute entière, qui se trouve autour de SY, et l'artillerie de la 3ème D.C.R. des PETITES-ARMOISES, où elle est positionnée, qui pilonnent ensemble, pendant trois quarts d'heure les positions de départ connues de l'attaque allemande, pour désorganiser et mettre leur moral à bas. En réponse, l'artillerie allemande envoie sur nos positions les 30 000 obus qu'elle avait préparés pour l'attaque. Ce 23 mai, c'était justement le jour prévu depuis longtemps, de la relève (pour qu'ils partent enfin au repos) de nos trois Régiments d'Infanterie. Mais tous, prévenus de l'offensive préparée par les allemands pour cette date-là, ceux de la 6ème Division Coloniale, ceux de la 3ème D.I.M. et les éléments de la 35ème D.I. qui étaient déjà arrivés, avaient convenu de supporter tous ensemble cette attaque. Dommage pour ceux qui devaient partir au repos, et qui peut-être allaient mourir ou être blessés au cours de ces 24 heures. Moi, auprès du P.C. du 242 à SY, j'étais debout près de mon abri-couvert, préparant mes affaires pour la messe de 11 heures. Arrive alors, tiré de la direction de TANNAY, un obus de gros calibre. C'est son souffle qui me fait précipiter vers notre abri. L'obus explose à quelque mètres derrière moi. Le souffle de l'explosion m'étale à plat-ventre au fond du gourbi, près du poste de radio et aux pieds de mon copain. Mon casque qui s'est envolé à été transpercé par un éclat, un autre éclat m'a volé le bas de ma capote. Revenu de mon émotion, je me demande si, sous la bataille déchaînée on va dire la messe quand-même. Je pars vers le P.C. du Colonel Thomas... Mais arrivé à 10 mètres sur le trottoir d'en face, deux Stukas passent au ras du sol et de 4 bombes rasent la ferme qui servait de P.C. au 242°. D'un plat ventre dans le ruisseau, je me relève sain et sauf. Dans le P.C. complètement détruit, mes camarades qu'hier j'étais venu revoir sont tous morts et les décombres de la ferme les recouvrent. Le Colonel THOMAS et le Capitaine DUGRAVOT étaient, heureusement pour eux, absents de leur P.C., étant partis vers leurs batteries pour voir comment elles se comportaient après ce déluge d'obus allemands.
Je fais quelques centaines de mètres, vers les batteries du 2° Groupe du 42°, et un peu plus loin vers le 5° groupe du 242°, pour tenter de rencontrer le Colonel THOMAS, et lui annoncer la totale destruction de son P.C. Mais je vois que les chars et les Allemands sont entrés par la forêt du MONT-DIEU jusqu'au bois du FAY. Ils ont attaqué les GRANDES-ARMOISES et se sont avancés jusqu'à la BERLIERE, OCHES et SOMMEHAUTE. Je vois les 75 du 2° Groupe du 42° tirer en anti-char. Même attaque contre les 105 du 5° Groupe du 242°. Je savais que le P.C. du 67° avait quitté ce bois du FAY depuis l'arrivée ce ceux qui venaient pour relever notre infanterie de la 3ème Division. Repoussés, les combattants ennemis rentrèrent vers leurs positions de départ. Ils ne s'attendaient pas à une pareille résistance, à une telle pugnacité des divisions qui s'étaient donné la main pour combattre ensemble. La liaison 242-42 que je réalisait n'a plus de but. Dans la soirée de ce jour du 23 mai, la grande déception des allemands, fut marquée par un gros coup de colère; il rasèrent, en une heure la belle forêt du FAY, là où j'étais encore deux jours plus tôt.
DIMANCHE 26 MAI
Je passe la nuit à VERRIERE, dans la boue, après l'orage. Dans la nuit du 25 au 26 mai, les régiments d'infanterie de la 3ème Division partent à pied pour le repos dans la forêt d'ARGONNE, en portant leur bardas, sur 50 kilomètres. Toute l'artillerie de la 3ème division restera dans le secteur de SY pour aider les divisions de la relève. Elle restera sous le regard indiscret du coucou qui ne manque aucune occasion de nous nuire. Les trois divisions de relève ont tous leurs moyen de transmissions; les radio de notre division, nous nous retrouverons à BRIEULLES-SUR-BAR. Notre vilain coucou réussira à faire sauter, à 30 mètre derrière nous, un dépot de dynamite de 40 kilogrammes, avec les sapeurs du Génie qui y fabriquaient des mines antichars. Un seul obus l'avait touché. Le coucou était là. Notre artillerie nous reprendra en passant, le 19 juin, appelée à faire face aux PanzerDivision de GUDERIAN qui reviennent du Nord Pas-de-Calais et vont passer l'Aisne à RETHEL. l'ennemi possède maintenant les hauteurs du MONT-DIEU, de STONNE, et du MONT-DAMION. C'était leur but premier ! |
| | | avz94 Membre ATF40
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| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:16 | |
| TEMOIGNAGE DE JEAN-PIERRE L... (brigadier de tir de la 15° Batterie du 242° R.A.L.D)
Le groupe lourd part le 13 mai (lundi de Pentecôte) dans l'après-midi. Le 14 à 4 heures, il est au nord de GRAND-PRE au MORTHOMME. Vers 9 heures partent les reconnaissances pour équiper les positions des batteries dans les bois situés au nord d'ARTAISE-LE-VIVIER, bien au delà de notre infanterie.
La montée vers le nord est très compliquée, car nous croisons des réfugiés et militaires en débandade (même des artilleurs avec les chevaux et les avants train, mais pas les canons). Au village de SY, nous rencontrons les premiers éléments avancés du 67° R.I. Alors que nous devons prendre position à 7 kilomètres au nord de SY, nous sommes interceptés peu de temps après par notre Commandant, car la situation du front est des plus floue et nous repartons en sens inverse. Nous avons déjà subi les mitraillages et le bombardement de l'aviation ennemie. Ce n'est qu'au soir du 14 mai que nous prenons position dans le village de SY. L'artillerie est opérationnelle à l'aube du 15 et les premiers tirs sont exécutés vers 6 heures.
Notre position d'artillerie, équipée de pièces de 105 mm, est la batterie la plus à l'est, en bordure de la route d'OCHES, les canons dans une haie de ronces. Assez à découvert, elle est vite repérée par le "Mouchard", très tôt dans la matinée du 15 mai lors d'un tir d'arrêt demandé par notre infanterie, ce qui nous vaut une demi-heure plus tard de subir un ballet de Stukas. A chaque piqué nous subissons le bruit impressionnant des sirènes. C'est notre "Baptême du feu", très abrutissant, heureusement nous sommes encadrés mais sans casse ! Ne changeant pas de position, nous sommes une belle cible pour l'artillerie allemande qui possède nos coordonnées. De ce fait, les contre-batteries sont fréquentes et le 23 mai nous avons droit à un déluge d'obus.
Le jeudi 23 mai, me trouvant au poste de commandemant, je sais que les troupes allemandes doivent attaquer. Nous ouvrons le feu 10 à 15 minutes avant notre adversaire. Du P.C. je me souviens avoir vu les pièces continuer à exécuter les tirs demandés sous la pluie d'obus que l'artillerie allemande nous destinait. Vers 8 heures, le Colonel du 242° R.A.L.D. donne l'ordre aux commandants des groupes de 105 et 155 de tirer et de faire sauter les pièces. Ces derniers après accord, refusent ce commandement. En fin de matinée, nous recevons l'ordre de quitter notre position de barrerie. A 11 heures les tracteurs arrivent pour accrocher les canons, mais le Laffly de commandement, n'est pas au rendez-vous. Notre P.C. est implanté à la côte 188 dans l'herbage légèrement en contre-bas au sud de la route d'OCHES. Malgré la chaleur torride, j'avais ma capote, le goniomètre, les jumelles, mon étui à révolver (sans arme) qui sert à mettre crayons, punaises, gomme et cigarettes. En compagnie du Lieutenant OBERLIN, nous montons à travers la prairie, où se trouvent des cadavres de chevaux et de vaches. L'odeur de tous ces animaux en putréfaction est devenue insupportable. Nous rejoignons le chemin de terre, partant du sud-est de SY, et arrivons au bois de SY à l'est de la côte 238. Nous longeons celui-ci, lorsque le Laffly nous rejoint. Je me débarrasse de ma capote et du goniomètre dans le véhicule. Je continue la marche, me trouvant plus en sécurité, malgré le vacarne de tous les obus fusants qui éclatent. L'aviation allemande est aussi de la partie. Derrière moi, à peu près à 50 mètres de la corne du bois où le chemin descend vers le fond du vallon du bois de SY, j'entends arriver un avion qui longe le bois et mitraille. Je me jette à plat ventre dans le sillon du labour de la parcelle de terre cultivée en bordure du bois de SY, (on nous avait appris que, lors d'un mitraillage par avion, une balle touchait le sol tous les 35 mètres). Celui-ci volant assez bas laisse tomber une bombe à la corne du bois. Je lève la tête pour regarder devant moi, il n'y a plus une feuille aux arbres dans un rayon de 15 mètres. Voyant un soldat debout, la tête soutenue par la fourche d'un arbuste, je me précipite pour lui porter secours, mais hélas il est trop tard. Projeté dans l'arbre par la déflagration, il a dans le dos un trou de 20 cm. Je ne peux plus rien pour lui. Par ce chemin dont l'entrée est marquée par la bombe comme une borne, je rejoins le Laffly et nous descendons vers la partie sud du bois de SY jusqu'au ruisseau l'ECOGNE à la côte 195. Celui-ci est canalisé avec des briques rouges à cet endroit. Le bruit du bombardement est infernal dans ce vallon, j'ai les pieds dans le ruisseau avec de l'eau à mi-jambe. Dans un moment d'accalmie, nous reçevons l'ordre de réintégrer la position de batterie où nous sommes arrivés vers 14 heures. Nous ignorons exactement les positions de notre infanterie. Nous reprenons le tir. Le commandement que j'ai adressé aux 3 pièces est resté dans ma mémoire :"Hausse minima...Fauchez à droite, à gauche, à volonté, Feu !" (je regrette de ne pas me souvenir des chiffres de la hausse, ni de la cadence). Les chefs de pièce, s'interrogent sur ce commandement. Mais nous n'avons plus aucun élément sur la situation de notre infanterie et des pointes des percées allemandes. Nous arrosons le terrain tous azimuts. Aux pièces c'est la folie des volants de hausse et de direction, les tubes rougissent. A coté de la 2° pièce, il y a une toute petite source et il y a la queue pour récupérer un peu d'eau dans les seaux en toile et la jeter sur les tubes. C'est ainsi que nous bloquons l'attaque allemande avec nos 3 pièces de 105, la 4ème est H.S., un obus l'ayant percutée sur la bouche à feu. Vers 16 heures, nous entendons appeler "Au secours" à la 4ème pièce, un canonnier est blessé, cette pièce est à 20 mètres du P.C. Le premier brancardier va prodiguer les soins, les obus tombent toujours. Le brancardier n'est pas revenu au P.C. qu'un nouveau "Au secours" retentit, vingt minutes plus tard à la 2ème pièce, où six hommes sont enterrés! Le Lieutenant OBERLIN dit au second brancardier : " DONSKOY, c'est à votre tour, il faut y aller". Depuis notre arrivée à SY, il vit avec la peur... L'ordonnance BADOUREAUX part vers la 2ème pièce suivi de DONSKOY avec son brancard et je suis mes deux camarades. Je n'ai pas parcouru 20 mètres que j'entends l'arrivée d'un 77 qui percute à mes côtés. Le réflexe au plat ventre m'a sûrement sauvé, car à 5 mètres de moi, DONSKOY est à terre blessé, le haut de la cuisse droite déchiqueté, le bas ventre ouvert, on voit ses intestins. Avec BADOUREAUX, nous le mettons sur le brancard et direction le poste de secours à 400 mètres. Parcours inimaginable sous les obus, c'est peut-être la trentième fois que nous avons laissé le brancard pour parvenir au poste de secours, DONSKOY décédera peu de temps après. Au retour, le déluge d'obus s'est arrêté et nous rencontrons le commandant LUNEL, venu en père de famille voir les dégâts à notre batterie. Il nous dit : "Regagnez le P.C. en rampant, car le caisson qui se trouve près du PC saute". Cest un véritable feu d'artifice qui dure un bon moment. Nos obus tombent tous azimuts et vers 17 heures la bataille se calme. Mais à quel prix pour nos fantassins. Avec nos trois pièces nous avons expédié 1 500 obus de 105, soit 24 tonnes. Certainement que ce tir exceptionnel a permis de bloquer les pointes avancées de l'adversaire. Lors d'une accalmie dans l'après midi, en allant un peu au delà de notre position de batterie, en direction d'OCHES où la route s'élève sur un peu plus de 2 km, presque à notre hauteur, je distingue à l'oeil nu deux chars face à face faisant feu l'un contre l'autre. En regardant les cartes d'état-major et la topographie du nivellement, ceux-ci doivent se trouver sur le chemin des crêtes entre les GRANDES-ARMOISES et la BERLIERE. Ce qui prouve qu'il y a bien des éléments avancés allemands aux TERRES NOIRES, soit à 1 200 mètres de la pièce directrice de notre position de batterie. Ce sont les différences de nivellement qui nous les ont masqués. Vers 18 heures, alors que le front se calme, un officier de Spahis, qui vient de la direction d'OCHES et se replie, dit à DE WOYNA (chef de la pièce directrice) : "Qu'est ce que vous faites là ? Il n'y a personne derrière moi !". La ligne de front est inconnue et celle-ci doit être en dents de scie. Les pointes avancées de l'adversaire doivent se replier sur de nouvelles bases. Le 1er groupe de 75 a dû tirer à zéro, avec des obus à balles pour défendre les positions au bois UCHON près de la côte 276. Les blindés du 6° G.R.D.I. sont parmi les canons, pour défendre cette crête, enjeu à l'ouest du front.
Le 24 mai, l'ennemi attaque de nouveau, la 3ème D.I.M. résiste très bien mais son effectif est très réduit. A ma batterie il manque 23% de son effectif. En fin d'après-midi du 24, la 3ème D.I.M. est relevée par la 35ème D.I. L'artillerie quittera ses positions de SY en fin de soirée, pour de nouvelles positions, en appui de la 35ème D.I. jusqu'au 7 juin.
Nos adversaires appellent la bataille de STONNE le VERDUN de 40 et comparent ces combats, par leurs violences, à l'égal de ceux de MONTE-CASSINO et de STALINGRAD.
LA 18ème BATTERIE DE 155 DU VI/242ème R.A.L.D.
Le 22 mai dans la soirée nous sommes avertis que le lendemain matin nous tentons une grande offensive avec un puissant pilonnage d'artillerie. Ainsi, tandis que nos officiers et nos chefs de pièce mettent la dernière main aux ordres de tir, nous prenons un repos de quelques heures.
Le 23 mai à 3h30 nous avrons le feu à raison de deux coups pièces minute, pour l'instant ils doivent encore dormir en face car il n'y a aucune réaction, le tir se poursuit, dans un bruit étourdissant si l'on songe que douze pièces de 155 tirent les unes à la suite des autres, accompagnées dans ce formidable concert par les pièces de plus petit calibre que sont les 105 et 75 en position à quelques kilomètres de là.
Mais à quatre heures changement de programme, nos adversaires se fâchent sérieusement et nous le font savoir par une grêle d'obus fusant qui s'abat autour de nous. Il est bientôt ompossible de rester aux pièces devant la violance des coups et l'ordre est donné de gagner les abris. Le tir adverse ne se ralentit pas et c'est ainsi qu'un éclat d'obus traverse un des abris, ricoche sur je ne sais quel objet et vient se loger dans la boite à vivres d'un camarade. Cette rafale dure une heure un quart, puis nous sortons de nos terriers pour réparer les dégâts et remettre les pièces en état de tir. Deux pièces sont hors d'usage ce qui revient à dire que nous ne possédons plus que la moitié de nos moyens. Vers 9h30 nous reprenons le tir mais cela ne dure pas longtemps car "MICKEY" nous survole maintenant et régle d'une façon précise le tir de l'artillerie ennemie. Pour comble de malheur aucune trace d'avions anglais ou français à l'horizon, où peuvent-ils être ? Peut-être sont-ils dans le nord ? Quelques mois plus tard un rescapé de Dunkerque me fera la même réflexion mais en sens inverse !
La situation s'aggrave de minute en minute et l'ordre vient de se préparer à faire sauter les pièces. Soudain l'espoir renaît car nous apercevons des chars entre notre infanterie et nous, mais que se passe-t-il ? Les chars nous tirent dessus ! Ce que nous avions pris pour nos chars sont en réalité des chars allemands et nous voici coupés de notre infanterie. Cette fois la situation est de plus en plus critique, à ce moment les Allemands craignent-ils un piège ou se méprennent-ils sur notre situation ? Toujours est-il qu'ils rebroussent chemin et l'ordre de reprendre le tir est de nouveau donné. Malheureusement seule la première pièce est en état de tirer, les trois autres ayant été touchées, mais après quinze coups la pièce est déréglée et il est impossible de se servir des appareils de pointage aussi nous tirons avec la pièce sans direction précise. Cette fois c'est l'enfer, les obus tombent de tous les côtés à la fois mais nous tirons sans arrêt comme des forcenés, un obus pousse l'autre à une vitesse insensée, le tube est rouge nous le refroidissons à grands coups de seaux d'eau. En effectuant cette corvée un camarade a le pied coupé par un éclat d'obus, il est aussitôt évacué vers le bois de SY. Et nous tirons toujours bravant tout :MICKEY et ses ordres précis et l'artillerie ennemie. Il faut que nous tenions jusqu'au bout. Le Lieutenant de tir DEPREZ sort de son P.C. pour donner ses ordres à la pièce, un éclat lui traverse les deux cuisses faisant deux énormes trous, on l'emporte, hurlant de douleur, sur un e porte qui lui sert de brancard. Il est dit que dans cette journée le Dieu des Armées est contre nous car à son tour la 1ère pièce ne peut plus tirer. Cette fois nous sommes complètement désarmés; du moins avant son agonie la 1ère pièce a accompli un exploit sans précédent en envoyant 140 obus en une vingtaine de minutes dans le camp adverse, ce qui constitue un record pour une pièce de 155.
Mon ami Georges MARTIN qui s'était mis dans un trou d'obus quelques instants, le temps de laisser passer une violente rafale, voit son casque enlevé par un éclat qui lui fait ensuite une large entaille au bras et va couper la main d'un camarade à côté de lui, ce dernier est à son tour évacué tandis que Georges refuse les soins. Désormais nous n'avons plus qu'à attendre l'ordre de repli, nos mousquetons en main, prêts à toute éventualité, c'est à dire à soutenir l'infanterie en cas de recul et les heures tombent une à une sans pour cela ralentir la violence du tir de l'artillerie ennemie. Dans l'après-midi, MANOUVRIER et SCHAEFFLE sont couchés à quelques mètres l'un de l'autre par des éclats, le premier avec une jambe emportée, le second une jambe et un bras; à ce moment la rafale ennemie s'accentue ce qui rend encore plus difficile l'évacuation de nos deux malheureux camarades. Après bien des efforts ils sont dirigés sur une ambulence, ils mourront quelques jours plus tard des suites de leurs blessures, inséparables dans la mort comme ils l'avaient été depuis la mobilisation.
Enfin le soir arriva, apportant avec lui un calme relatif et malgré cette bataille sauvage nous n'avions pas cédé un pouce de terrain à l'ennemi, hélas nos pièces étaient inutilisables et notre infanterie bien décimée. Pendant la nuit nous accrochons nos pièces aux tracteurs et au petit jour nous atteignons les bois de BRIQUENAY où nous prenons tous un repos bien gagné. Après les rudes épreuves de ces derniers jours et en bons Français nous faisons un brin de toilette pour redevenir des gosses à peu près présentables, bien que nous n'ayons personne à qui plaire dans ces bois à quelques kilomètres de la bagarre. Le soir nous retournons sur les positions de SY pour enlever le reste des munitions, le calme règne, un calme surprenant, troublé simplement par le bruit régulier de nos tracteurs, le ciel qui est sombre ce soir est balayé par les phares des postes de D.C.A. ennemie. A peine sommes-nous sur nos positions de la veille qu'un chapelet d'obus salue notre arrivée mais cette fois le tir est trop long et cela ne dérange pas notre corvée, nous portons toutes les munitions aux 16ème et 17ème batteries qui sont maintenant en position dans le village de VERRIERES, mais décidément ce soir l'ennemi est bien renseigné sur notre marche car arrivant dans le village c'est à nouveau la canonnade, les obus sont échangés rapidement. |
| | | avz94 Membre ATF40
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| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mer 16 Jan 2008 - 23:23 | |
| TEMOIGNAGE DE KARL KOCH (tankiste à la 10ème Panzer Division)
J'appartenais à la 10ème Panzerdivision, 7ème Compagnie du 8ème Panzer Régiment. Mon char était un Pz IV, armé d'un canon de 75 et de 2 mitrailleuses. nous communiquions par radio avec les autres chars. Des camions nous avaient livré des munitions et des bidons d'essence. Nous sommes arrivés le 15 mai, venant de BULSON-FLABA et nous allions vers STONNE avec 5 Pz IV et une section de 5 char légers Pz II. Juste avant l'entrée de la localité, nous avons été surpris par une pièce antichar; les trois premiers Pz IV ont été détruits. J'étais dans le 2ème char; notre pilote fut atteint mais il parvint tout de même à faire virer notre blindé. En tant que plus jeune de l'équipage, je reçus la mission d'aller voir le conducteur. Je descendis de ma lucarne, j'allais voir le conducteur mais ne pus lui être d'aucun secours car il était grièvement atteint. Je retournai à la tourelle qui avait été abandonnée entre-temps par l'équipage. Jetant un regard à l'intérieur du char, je découvris que le radio y était encore; mais il était très choqué de sorte qu'il ne me donna aucune réponse. En quittant le char, je decouvris l'antichar, juste devant le premier char, camouflé en tas de fumier. Il faut beaucoup de courage pour laisser approcher des char aussi près! Ils nous ont tirés de très près! Les volets des chars qui se trouvaient en face du nôtre étaient ouverts aussi; le troisième char, en feu put encore virer. Je retournai en rampant dans le fossé, les balles sifflant au-dessus de ma tête et dus passer près des chars qui brûlaient et explosaient. Arrivé au virage, il y avait les 2 chars Pz Iv restant et la section de chars légers de Pz II, prêts à poursuivre leur avance. Notre chef se trouvait debout sur le premier char avec plusieurs membres des équipages. Soudain, nous reçumes des tirs de fusil venant des boqueteaux bordant la route. Poussant un "HURRAH", notre chef sauta du char dans les bois; les fantassins qui s'y trouvaient prirent aussitôt la fuite vers STONNE. Nous courûmes derrière eux jusqu'à l'entrée de STONNE; c'est alors que nous réalisâmes que nous n'étions qur trois. D'ailleurs je remarquai que je n'avais tiré aucun coup de feu, car mon pistolet était encore à la sécurité. C'est alors que les deux Pz IV et la section de char légers de Pz II entrent dans STONNE. La pièce antichar française avait déjà changé de position. Nous retournâmes à nos chars détruits. Mon radio était sorti entre temps et gisait mort contre le char, une balle dans la tête; le pilote, à demi dans la tourelle, à demi sur son siège, était mort aussi. Nous étions trois survivants et comme tous les trois, nous formions une équipe de tourelle, l'idée nous vint que nous pourions encore utiliser ce char comme engin de tir. Nous tirâmes le pilote entièrement hors de la tourelle afin que celle-ci puisse pivoter. La section de char légers arriva alors à toute vitesse de STONNE et passa devant nous en criant :" attaque de char ennemis"! Nous étions avertis; mais d'où venaient-ils ? De STONNE ou des champs ? Presque aussitôt le premier char arriva à travers les vergers, à gauche de STONNE. A environ 600 mètres, nous ouvrîmes le feu. Après deux impacts, plus rien ne bougeait. Environ 10 minutes après arriva le deuxième char près du premier, il subit le même sort; il el alla de même pour le troisième char qui arriva environ 20 minutes plus tard. Entre les tirs, nous allions chercher des munitions dans mon char en face. Entre temps, un groupe d'infanterie française apparût sortant de STONNE et courant tranquillement. Nous pensions qu'ils voulaient se rendre; mais quand ils nous reconnurent, ils se mirent à tirer, alors un coup à tir tendu ramena le calme dans le secteur. Après un long moment, un quatrième char arriva à travers les vergers; c'étais un monstre, nous n'avions aucune idée de ce que la France possédait comme chars. Nous tirâmes environ 20 coups sur lui, sans le moindre succès. Cependant quelques coup supplémentaires parvinrent à le décheniller. Longtemps après arriva le cinquième char français, un char B1 aussi, faisant feu de partout. Mais il ne nous avait pas découverts. Nous tirâmes, mais ne pûmes l'endommager jusqu'à ce qu'un coup abîme son canon de tourelle. De ce fait, au tir suivant, la charge éclata en arrière. Le calme s'établit. Nous avions épuisé nos munitions et quittèrent notre Panzer. L'après-midi était déjà bien avancée; nous repartîmes vers l'arrière. Après le virage connu de l'entrée de STONNE, beaucoup de troupe attendaient mais personne n'avait osé avancer. Le jour suivant, nous retrouvâmes notre unité. Nous apprîmes alors que les deux chars Pz IV avaient aussi été détruits derrière STONNE. |
| | | visaval Colonel
Nombre de messages : 1855 Age : 62 Localisation : colmar ALSACE Date d'inscription : 03/04/2009
| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Jeu 18 Fév 2010 - 13:38 | |
| bonjour à tous, à propos de la bataille de stonne une saine lecture : Jean Paul AUTANT "la bataille de Stonne" éd Bénévent 2009 cordialement vincent |
| | | 36DI Sergent
Nombre de messages : 90 Age : 77 Localisation : ATTIGNY 08 Date d'inscription : 24/02/2011
| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne Mar 28 Fév 2017 - 11:11 | |
| Bonjour Je viens d'acheter le livre le regard des autres il y a une photo dont la légende me dit Bataille de Stonne camion tout-terrain Laffly S15 immatriculation 36743 Peut- on savoir quelle unité ? Merci |
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| Sujet: Re: La 3e DIM dans la bataille de Stonne | |
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| | | | La 3e DIM dans la bataille de Stonne | |
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