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| Evacuation de Brest | |
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+3Capu Rossu RSCHERER agrignon 7 participants | Auteur | Message |
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agrignon Aspirant
Nombre de messages : 277 Date d'inscription : 21/11/2007
| Sujet: Evacuation de Brest Mar 21 Juil 2015 - 6:31 | |
| Bonjour à tous, Le 19 juin 1940 les Allemands entraient dans Brest. Je suis à la recherche d’informations sur l’évacuation de Brest avant sa chute : - Quels sont les navires qui ont participé à cette évacuation ? - Quelles sont les unités évacuées ? - Combien de militaires et de civils ont été embarqué ? Cordialement Armel |
| | | RSCHERER Colonel
Nombre de messages : 1198 Age : 61 Localisation : PERPIGNAN (NEFIACH) Date d'inscription : 05/01/2013
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mar 21 Juil 2015 - 10:42 | |
| Bonjour,
je n'ai pas beaucoup d'informations sur cette évacuation mais des sources indiquent que 32 584 militaires ont été évacués de Brest.
L'évacuation de Brest a été réalisée par une grosse flotte de navires comprenant les transports de troupes Arandora Star, Otranto et Strathaird. Environ 28 145 Britanniques et 4 439 soldats alliés, principalement des équipes au sol de la Royal Air Force, ont été emmenés le 16 et 17 juin, sans aucune intervention importante de la Luftwaffe. Ils ont été débarqués à Plymouth.
Si j'ai d'autres indications sur les unités, je vous en ferai part.
Cordialement
Rémy SCHERER |
| | | Capu Rossu Colonel
Nombre de messages : 1093 Age : 75 Localisation : Martigues Date d'inscription : 09/10/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mar 21 Juil 2015 - 13:33 | |
| Bonjour,
L'évacuation de Brest ayant été totalement improvisée par l'amiral de Laborde et son état-major assisté par la Préfecture de la 2ème Région Maritime, on employa les divers bâtiments de commerce ou militaires présent à ce moment là à Brest Le livre "Les Forces Maritimes de l'Ouest" du SHM consacre quarante quatre ou quarante cinq pages à cette évacuation. S'il est assez précis sur le nom des navires évacués, il l'est moins sur les unités embarquées à leurs bords faute d'avoir trouvé des documents les mentionnant car beaucoup de commandants avaient porté dans leurs rapports le nombre d'hommes embarqués et non leurs unités d'appartenance. Si vous m'adressez par MP, une adresse mai perso, je peux vous envoyer les scans correspondant à cette évacuation.
@+ Alain |
| | | Eric Denis Admin
Nombre de messages : 7234 Age : 58 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mar 21 Juil 2015 - 13:46 | |
| Bonjour,
Pour l'identification des bâtiments ayant participé à cette évacuation, il pourrait être pertinent de poser la question dans la section "marine" du forum. _________________ Cordialement Eric Denis
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| | | RSCHERER Colonel
Nombre de messages : 1198 Age : 61 Localisation : PERPIGNAN (NEFIACH) Date d'inscription : 05/01/2013
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mar 21 Juil 2015 - 16:19 | |
| Bonjour,
voici un lien sur le naufrage du Vauquois pendant l'évacuation de Brest.
Lien : http://recherches.historiques-leconquet.over-blog.com/article-28131713.html
Mais effectivement, le récit proposé serait plus adéquat dans la section Marine du forum.
Bonne lecture, cordialement
Rémy SCHERER |
| | | agrignon Aspirant
Nombre de messages : 277 Date d'inscription : 21/11/2007
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 22 Juil 2015 - 6:38 | |
| Bonjour à tous,
Merci pour vos réponses. En effet il s'agit d'une opération plus maritime que terrestre. Le sujet mériterai d'être déplacé dans les combats de la marine. Cordialement Armel |
| | | Loïc M. Commandant
Nombre de messages : 619 Date d'inscription : 12/01/2009
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 22 Juil 2015 - 9:00 | |
| Bonjour,
Il faut ajouter l'évacuation de l'or de la banque de France, qui comporte un volet terrestre (au départ et à l'arrivée).
Loïc |
| | | verfighter Capitaine
Nombre de messages : 552 Age : 44 Localisation : ARLES Date d'inscription : 06/04/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 22 Juil 2015 - 10:15 | |
| Bonjour,
Mon grand père faisait ses études à Navale à Brest au moment de l'évacuation et a d'ailleurs été évacué avec ses copains vers le Sud dans un cargo, vers Bordeaux il me semble ? Heureusement pour moi, mon grand père a écrit ses mémoires de son vivant avec toutes les informations "nom de bateaux", "équipages", "dates" ... Je regarderai donc ce soir ses mémoires et compléterai ce post.
Cordialement
Silvère |
| | | Capu Rossu Colonel
Nombre de messages : 1093 Age : 75 Localisation : Martigues Date d'inscription : 09/10/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Ven 24 Juil 2015 - 15:08 | |
| Bonjour,
Pour les personnes intéressées par l'évacuation de Brest les 18 et 19 juin 194, voici un extrait du livre sur les Forces Maritimes de l'Ouest édité dans les années soixante par le SHM et introuvable en dehors des SHD.
https://www.transfernow.net/fr/20h9e4v8wb4p
@+ Alain
PS : cette mise en ligne expire dans la soirée du 31 juillet. |
| | | agrignon Aspirant
Nombre de messages : 277 Date d'inscription : 21/11/2007
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Sam 25 Juil 2015 - 6:17 | |
| Bonjour à tous,
Je suis en train de lire l'envoi d'Alain, j'en ferai une petite synthèse que posterai ici.
Cordialement Armel |
| | | agrignon Aspirant
Nombre de messages : 277 Date d'inscription : 21/11/2007
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 29 Juil 2015 - 13:23 | |
| Bonjour à tous,
Voila une tentative de synthèse :
1- Bâtiments guerre présents 18/06/40 à 12 H 00 : - Cuirassés Richelieu et Paris - Croiseurs auxiliaires : El Djeair, El Kantara, El Mansour, Ville d’Alger et Ville d’Oran - Contre torpilleur : Epervier et Milan - Torpilleurs : Fougueux, Frondeur, Mistral, Le Hardi, Ouragan avec Cyclone (hors d’état de prendre la mer) - Avisos : Commandant Rivière, Commandant Duboc, Elan, Coucy, Amiral Mouchez, Suippe, Vauquois, Somme, Belfort, Conquérante avec Etourdi (hors d’état de prendre la mer) - Patrouilleurs auxiliaires : P25 Pomerol, P28 Heureux, P29 Groenland, P47 Notre Dame d’Espérance, P95 Notre Dame de France, P24 Médoc, P65 Jean Frédéric Théodore Tissier, X78 Goumier , P49 Mouette avec X26 Alexis de Tocqueville (hors d’état de prendre la mer) - Sous Marins : Sfax, Casabianca, Persée, Poncelet, Ajax, Circé, Thétis, Calypso, Sibylle, Amazone, Antiope, Orphée, Méduse, Amphitrite, Surcouf avec Agosta, Ouessant, Achille et Pasteur (hors d’état de prendre la mer). - Dragueurs : AD 116 Elle, AD287 Kérolay, AD 405 Florentine, AD 406 Cap au Large, AD 100 Beaulne Verneuil, AD 285 Antioche Frêne, AD 109 Monique Andrée avec AD Roche Noire hors d’état de prendre la mer. - Divers : Jules Verne, Canada, Austral, Rhone, Tarn, Faisan, Jeanne et Geneviève, Etoile, Belle Poule, Poulnic, VTB 11, VP 16 Enelsun, VP18 Dinan. - Remorqueurs : Infatigable, Mastodonte, Penfeld, Plougastel, Portzic et Pen Hir. 2- Bâtiments de commerce présents 18/06/40 : Etaient Présents 48 bâtiments Français, 10 Anglais, 5 Norvégiens, 12 Belges et 1 Hollandais. - 21 Bâtiments français rallièrent les ports d’Afrique du Nord. - 7 les ports du golfe de Gasconne. - 17 les ports Anglais. 3- Les évacuations : - Le Rhône, le Guilvinec, le Cap Pinède et le Grand-Quevilly avec 3000 militaires (dont 400 hommes des 1ères et 3e Cies du 2e dépôt) vont à Casablanca.. -Le Tarn embarque 613 hommes (recrues et disponibles du 2e dépôt) destination ? - L’AD 116 Elle et l’AD 287 Kerolay embarque du personnel de la défense du littoral (35 et 22 hommes) pour le Verdon. - L’AD 100 Beaulne Verneuil embarque quelques passagers. - L’AD 405 Florentine et l’AD 406 embarque 60 réfugiés pour La Palice. - Le Paris embarque 2800 hommes (dont 1600 de l’Armorique) à destination de l’Angleterre. - Le Vauquois est coulé par mine avec 7 officiers, 21 officiers mariniers et 107 marins. - Le Belfort embarque 4 officiers et une soixantaine d’hommes destination ? - Le remorqueur mouilleur de mine Infatigable avec l’équipage de l’Alexis Tocqueville, l’école de télémétrie et 43 h du Pasteur (en tout 225 hommes) appareille pour la G.B. - Le chalutier Antioche avec tout le personnel de la commission pratique de dragage part pour la G.B. -Le Goumier embarque les personnels du C.I.F.C. du C.A.M.B.C. et 200 fusiliers-marins pour la Falmouth. - Le Richelieu embarque les élèves de l’école Navales (238 élèves) ainsi que le personnel pour Dakar. - Le Théodore Tissier emporte 110 passagers pour la G.B. - Le Jean Frédéric embarque 100 hommes pour la G.B. - L’Etoile et la Belle Poule font route vers la G.B. avec 40 passagers. - La Conquérante rallie Falmouth avec 119 passagers. - LE PLM 13 embarque le personnel non volant des unités aériennes et le personnel administratif de la BAN (500 hommes environ) pour l’AFN. - Le PLM 17 embarque les personnels du parc et des services généraux de la B.A.N (550 hommes et 19 officiers) pour la G.B. - Le Mistral embarque 50 officiers et 200 hommes pour la G.B. - Le Mutin embarque à Camaret les troupes repliées ? - Une vedette des Ponts et Chaussées quitte l’île de Sein avec 29 marins et 21 marins pêcheurs pour Penzance. - Le P47 embarque l’équipage du P49. - L’heureux prend une partie du personnel des patrouilleurs ? - Le personnel des sous marins et du centre des sous-marins embarque sur le Jules Verne et sur les sous –marins en état de marche. - La Suippes embarque 60 hommes de la défense du littoral pour la G.B. - Le Cap Pinède embarque 412 passagers, dont 300 de l’artillerie de côte, pour Casablanca. - Le Gravelines embarque 17 officiers et 550 hommes (dont 273 de la DCA) pour Plymouth. - Le Penchateau embarque 470 hommes des batteries de côte pour Plymouth. - Le Djurdjura embarque 350 hommes des projecteurs de la côte nord pour Falmouth. - Le Meknès et divers cargo embarquent 6000 hommes de la division Bethouart pour la GB. - Le Hardi embarque l’Amiral Ouest et son état-major. - 2500 hommes provenant de Camaret ou du Conquet arrivèrent à Ouessant par divers moyens puis furent dirigés sur la GB. - La garnison de l’île d’Ouessant (7 officiers et 210 hommes, une Cie de mitrailleuses de position et 2 bie de 75G) débarque au Conquet et fut démobilisée à Brest les 6 et 8 Juillet. 4- Bilan : Total : 14 248 homes sont évacués dont 9 169 pour la grande Bretagne. Ces chiffres sont des minimas. La majorité de ces hommes sont des marins. Les navires hors d’état de prendre la mer sont sabordés. Tous les autres peuvent partir, sauf le Vauquois coulé par mine.
Cordialement Armel |
| | | ALAIN Colonel
Nombre de messages : 1143 Localisation : menton Date d'inscription : 23/09/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 29 Juil 2015 - 17:47 | |
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| | | ALAIN Colonel
Nombre de messages : 1143 Localisation : menton Date d'inscription : 23/09/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 29 Juil 2015 - 18:23 | |
| Une photo symbolique de cette période le cuirassé Richelieu à droite quitte Brest le 18 juin 1940, il croise dans la rade le vieux croiseur-cuirassé Waldeck Rousseau désarmé depuis 1936 reconnaissable à ses six cheminées, qui après avoir été abandonné près de 4 ans dans le cimetière de bateaux de Landevennec a été ramené en rade de Brest. Alain |
| | | Capu Rossu Colonel
Nombre de messages : 1093 Age : 75 Localisation : Martigues Date d'inscription : 09/10/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 29 Juil 2015 - 20:07 | |
| Bonsoir,
En complément à la synthèse d'Armel :
Le Hardi va assurer l'escorte du Jean Bart en compagnie du Mameluk venu de Lorient, les trois bâtiments rallient Casablanca.
Le Tarn va dans un premier temps ravitailler le Jean Bart qui s'échappe de Saint Nazaire le 19 au matin. Il vient ensuite mouiller devant le Verdon le 20, en repart le 23 et arrive à Casablanca le 26 juin.
Le Belfort et l'AD 100 Beaune Verneuil, le Mutin, le P 47 Notre Dame d'Espérance rallient la GB.
Le P 28 L'Heureux, le Jules Verne et les sous-marins rallient Casablanca.
Le Richelieu est escorté par les Fougueux et Frondeur dans un premier temps par le Fleuret jusqu'à Dakar. Les deux torpilleurs rallient alors Casablanca
Pour les navires marchands, le cargo Capitaine Maurice Eugène coule à la sortie du Goulet suite à une voie d'eau tandis que la cargo Saint Palais est sabordé.
La photo du Richelieu et du Waldeck Rousseau est prise le 18 juin entre 16h00 et 16h30. Le Waldeck Rousseau, vieille coque inutilisée, avait besoin d'un pompage périodique des fonds pour combattre les entrées d'eau dues à une coque non entretenue et donc non étanche. Ce travail étai effectué à date régulière par les marins de la DP. Dès leur arrivée, les premières autorités allemandes, des officiers de la Heer, interdirent les mouvements d'embarcation sur la rade. La corvée de la DP ne put donc poursuivre ce pompage périodique et le Waldeck Rousseau vint se poser sur le fond à l’endroit où on l'aperçoit. La Marine Française le retrouvera, toujours coulé au même endroit.
@+ Alain |
| | | ALAIN Colonel
Nombre de messages : 1143 Localisation : menton Date d'inscription : 23/09/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 29 Juil 2015 - 21:09 | |
| Ce que je ne m'explique pas à propos du Waldeck Rousseau, c'est quand et dans quel but, a t'il été ramené de Landevennec à la rade de Brest. |
| | | Capu Rossu Colonel
Nombre de messages : 1093 Age : 75 Localisation : Martigues Date d'inscription : 09/10/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Mer 29 Juil 2015 - 22:24 | |
| Bonsoir Alain,
La seule certitude que j'ai, c'est que le 8 mai 1940, alors que le Pasteur va quitter Landevennec, le Waldeck est toujours embossé sur son avant.
@+ Alain |
| | | verfighter Capitaine
Nombre de messages : 552 Age : 44 Localisation : ARLES Date d'inscription : 06/04/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Jeu 30 Juil 2015 - 10:24 | |
| Bonjour,
Excusez-moi pour le délai dans ma réponse.
J'ai enfin mis la main sur les mémoires de mon grand-père, qui était dans un lycée à Brest préparant NAVALE, et qui a été évacué cherchant à rejoindre l’Angleterre avec tous les élèves de sa promotion, mais qui est arrivé à Bayonne ... Je cite donc ses mémoires. « Une Tranche de Vie, André BASTIEN 1922-1945 » […] « Il ne nous restait plus qu’à retourner au Lycée pour voir ou en étaient les autres. Là nous attendait enfin une bonne nouvelle. L’équipe Douphy qui avait fait le tour des bateaux de commerce, avait trouvé un commandant qui acceptait de nous accueillir. C’était celui de l’Arnold Maersk qui de la rade était venu se mettre à quai, chargé d’évacuer du personnel. Il ne nous restait plus qu’à faire nos valises en vitesse et à prendre congé de l’administration du Lycée. Ils étaient tous là, le Proviseur avec sa femme, faisant table rase de toutes les incongruités que nous avions pu faire au cours de l’année et nous fîmes des adieux émouvant. Le Proviseur avait raclé les fonds de tiroir pour nous trouver quelques centaines de francs et comme il fallait qu’il y eut un dépositaire, ce fût bien entendu sur moi, que se porta le choix de mes condisciples. On verra que plus tard la même situation allait se présenter. Je suppose que l’on devait m’apprécier pour que l’on me fasse si facilement confiance. Et ensuite, valises sur le dos, en route vers le port de commerce ou la situation avait bien évolué depuis le matin. Il y avait maintenant une agitation considérable et encore n’était-ce que le début. Un Anglais qui jeta son fusil à la mer avant d’embarquer eut bien du mal à ne pas se faire écharper par la foule qui l’entourait menaçante. Mais il ne fallait pas nous attarder et sans plus attendre mettre les pieds sur notre sauveur. L’Arnold Maersk était un charbonnier Danois qui avait été saisi après l’invasion du Danemark par les Allemands. Il était lège. Il nous fallait d’abord nous installer, on nous indiqua une cale : la IV. Un coup d’œil par le panneau ouvert de celle-ci nous montra un immense parallélépipède au fond duquel on accédait par une étroite échelle verticale. La première chose à faire était de descendre nos bagages. A l’aide de cordages ce fut chose facile. Le fond de la cale était couvert d’une fine couche de charbon ce qui n’avait rien de surprenant. On nous donna même quelques bâches pour couvrir par places celui-ci. Nous allions vite prendre l’allure de charbonniers. Evidemment ce n’était pas le grand luxe, mais il n’y en avait pas pour longtemps à atteindre l’Angleterre. Nous étions montés à bord juste avant qu’un vent de panique ne commença à souffler sur Brest. Au milieu de l’après-midi la flotte avait commencé à partir, le Richelieu un des premiers, emmenant à son bord les élèves de l’Ecole Navale, tandis qu’entre-temps avaient commencé les destructions de tout ce qui aurait pu servir à l’ennemi et l’incendie des réservoirs de produits pétroliers. Aussi se pressaient sur le quai des gens qui cherchaient à fuir plutôt les Nazis que les Allemands, en particuliers des républicains espagnols qui s’’étaient fixés à Brest après la guerre d’Espagne et des Juifs. Et notre bateau qui n’était pas venu à quai à cet effet fut submergé par cette vague d’émigrants avant que le commandant et les matelots de la Marine Nationale embarqués à bord puissent y mettre un semblant d’ordre. Nous nous trouvions maintenant avec toutes sortes de gens à bord y compris femmes et enfants qui prenaient la place des soldats de Béthouart qui ne devaient arriver à Brest que bien plus tard. Une préoccupation avait assailli le Commandant, qui nous tracassait aussi. Il faudrait bien nourrir tout ce monde, même pour une courte traversée, et les provisions de bord n’étaient suffisantes que pour l’équipage. C’est alors qu’en fouillant dans les magasins du port proches du bateau on découvrit un stock d’approvisionnements, des pains de munition et des conserves de toutes sortes. Une chaîne de manutentionnaires fut rapidement organisée pour en ramener à bord le plus possible. Et tout ceci vint atterrir au pied de l’échelle dans notre cale ou je me chargeais du stockage, car c’était à nous que le commandant, qui nous avait pris en amitiés, faisait confiance. Même plus, comme il y avait maintenant à bord nombre de gens dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils étaient douteux et qu’on pouvait craindre des débordements sur le chapitre de la nourriture, le commandant nous confia la garde de celle-ci. On reçut à cet effet des fusils Lebel que nous voyions pour la première fois de notre vie, ce qui était d’ailleurs sans importance puisque nous n’avions pas de cartouches. Nous dûmes donc organiser un tour de garde jour et nuit et il aurait fallu nous voir devant le tas de « boustifaille » avec nos fusils. Nous avions pris notre rôle très au sérieux et nous n’avions pas tort, on le verra. […] A l’extérieur c’était devenu de moins en moins drôle. Sur les quais il y avait encore du monde qui, sans grand espoir, cherchait à embarquer, mais il s’y étalait surtout l’effroyable désordre qui accompagne les déroutes. Matériel abandonné, détruit ou non, épaves de toutes sortes, demi-muids éventrés, approvisionnements gâchés, gaspillés. Tout cela dans une atmosphère oppressante car, avec les destructions qui avaient commencés éclataient des explosions par-ci, s’élevaient des brasiers par-là et surtout un épais nuage noir commençait à envahir le ciel et retombait en suies grasses qui recouvraient tout depuis que les réservoirs de mazout étaient en feu. Puis on commença à sentir des vibrations dans le bateau. C’était bon signe, on balançait les machines, nous allions bientôt partir. Effectivement bientôt on décolla du quai. A Dieu vat !! Finalement tout se passa bien, l’aviation Allemande n’intervint pratiquement pas. Les mines ne prélevèrent qu’un maigre tribut. Pourtant à un moment donné alors que nous avancions très lentement vers le goulet, les navires se suivant à la queue-leu-leu, nous eûmes un problème de machines et nous mîmes à dériver sans hâte vers un champ de mines. Finalement nous fûmes quittes pour la peur. Puis apparut remontant la file des cargos ahanant vers le large un de nos tous récents torpilleurs Le Hardi. Il portait la marque de l’Amiral Ouest et quittait Brest le dernier. Pas tout à fait cependant car il restait encore quelques navires qui attendaient les soldats de Béthouart. Il y avait le Meknès, le Monconsu et un ferry, le Twickhenham, qui partiront bien plus tard, vers les 22 heures. Il y avait à Brest 83 bâtiments de guerre, 74 purent partir, un seul sauta sur une mine l’aviso Vauquois, les autres furent sabotés et rendus inutilisables pendant la nuit et la journée du lendemain, car la ville ne fut contrainte de se rendre que le 19 Juin au soir. 76 navires de commerce de toutes nationalités dont 48 Français se trouvaient à Brest et purent quitter la rade. Pendant ce temps j’étais parti rejoindre mon poste au fond de cale pour garder Lebel à la main nos réserves de nourriture. En montant ma garde devant le spectacle affligeant de tout ce monde, hommes, femmes, enfants s’apprêtant à passer la nuit couché à même le plancher à fond de cale d’un charbonnier, j’eus tout loisir de méditer. Nous avions tous le cœur serré de quitter ainsi notre pays pour un avenir inconnu. Nous n’en avions pas pour longtemps, pensais-je, à atteindre l’Angleterre, même avec notre vieux rafiot qui n’avançait pas vite, et là on verrait bien. Mais on allait voir autre chose et c’est une nouvelle page que je tournais. » Au final, le cargo ne s’est pas rendu en Angleterre, mais se dirigea vers le Sud de la France. Le Vendredi 21 Juin au matin ils se trouvèrent vers l’embouchure de la Gironde, en rade du Verdon, ou ils ont jeté l’Ancre, attendant des ordres. L’endroit était surveillé par les Anglais et un gros croiseur, le York tournait autour du cargo, puis le cargo leva l’ancre et se remit en route vers le Sud. Ils se dirigèrent vers l’embouchure de l’Adour, ou un pilote monta à bord et les conduisirent au Boucau, ou ils accostèrent. Là, l’armistice se sentant proche et ne sachant pas où ils allaient finir, ils prirent la décision de quitter ce cargo et de gagner Bayonne à pied pour partir de nouveau. A Bayonne, ils se présentèrent à l’inscription Maritime, puis au Transit Maritime pour chercher à embarquer, et ils eurent une autorisation d’embarquer … Sur l’Arnold Maersk qu’ils venaient de quitter … La météo n’était pas de la partie et aucun bateau ne quitta la rade, sauf le « Kilisi » le mardi 25 Juin, bateau Polonais, embarquant des unités Polonaises qui combattaient en France à destination de Casablanca. Au final ils passèrent de l’Arnold Maersk à un autre charbonnier le SNA 9 cherchant à prendre le large avec le premier départ, mais aucun ne partirent et résolus ils prirent la route à pied et en train pour Pau ou l’administration du Lycée les avait retrouvé. Alors que les Allemands rentraient dans Bayonne ... Voilà les conditions de l’embarquement de mon grand-père à Brest le 17 Juin 1940. Cordialement
Silvère |
| | | Capu Rossu Colonel
Nombre de messages : 1093 Age : 75 Localisation : Martigues Date d'inscription : 09/10/2011
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Jeu 30 Juil 2015 - 13:14 | |
| Bonjour, ce cargo de l'Armement Moller a été sais par les Britanniques à Kirkwall et rétrocédé à la France le 22 mai à son arrivée à Brest avec une cargaison de charbon. Il est placé en gérance chez Maurel & Prom. Il est requis par la Marine pour l'évacuation du Havre le 9 juin mais suite à une succession d'ordres et de contre-ordres, il ne quitte pas Brest. Le 18 juin, il appareille vers un port de la Côte Atlantique avec 450 réfugiés à bord et après avoir tenté de venir mouiller à La Pallice puis au Verdon vient se mettre à quai à Bayonne. Au moment de l'armistice, comme les autres navires réfugiés à Bayonne, il ne peut appareiller car une forte houle d'ouest interdit le franchissement de la barre. Les Allemands le considèrent dès juin 1940 comme butin de guerre et le récupèrent pour assurer à compter du 18 mai 1941 le ravitaillement des Iles Anglo-Normandes au départ de Granville ou Saint Malo. Le 23 mai 1943 en se rendant à St Hellier avec un chargement de munitions, il se met au sec près des Brunes aux Dardes (côte su de Jersey) et se casse en deux. Comme pour tous les navires saisis ou angariés, il aurait du recevoir un nom français, en l'occurrence celui de Saint Irène, mais son court passage sous pavillon français, quatre à cinq semaines, ne permit pas l'achèvement des formalités. @+ Alain PS : si tous les navires saisis ou angariés ont reçu des noms commençant par "Saint" ou "Sainte", il y avait déjà dans la Marine Marchande des navires dans le même cas car ils portaient des noms géographiques, Saint Nazaire ou Sainte Maxime par exemple, ou bien appartenaient à la Société Navale de l'Ouest dont tous les navires portaient un nom de Saint. De ce fait, la SNO était surnommée par les marins de la génération de mon Père "La Compagnie des Curés" |
| | | Eric Denis Admin
Nombre de messages : 7234 Age : 58 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: Evacuation de Brest Jeu 30 Juil 2015 - 14:20 | |
| Bonjour,
Cette dernière anecdote m'a fait sourire. Plus généralement, voici une question rondement menée avec détails et témoignages, parfait! Merci pour le temps passé. _________________ Cordialement Eric Denis
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