Régiment de Pionniers élément organique du XX
ème Corps d'Armée formé par le Centre de Mobilisation d'Infanterie 213 de Versailles
le quotidien de la drôle de guerre de ce régiment nous est restitué par deux Pionniers qui ont en commun d'être originaires d'Europe de l'Est (l'un Français d'origine Roumaine, et l'autre Juif Polonais) plutôt urbains, sachant parler allemand, et surtout endurant difficilement la promiscuité de la condition militaire avec des gens avec lesquels ils ont bien peu en commun, de rustres paysans Poitevins et Charentais au langage souvent fleuri voire ordurier aux standards de propreté assez rudimentaires éloignés de l'hygiène corporelle des citadins
le Colonel Rémy
Chronique d'une guerre perdue tome I & II reproduit le témoignage de Jean Rogan où il rapporte que son régiment part sans chaussures militaires et les bretelles des fusils remplacées souvent par des ficelles, un
fusil modèle 1887 (Lebel) pour l'un et
Lebel 1915 (erreur ou Berthier 07-15 peut être) pour l'autre de nos Pionniers
nous avions quelques Arméniens de Marseille n'ayant pas fait de service militaire (...) munis d'un fusil dont ils avaient peur et qu'ils ne savaient pas manier, ces malheureux prirent également la garde à Sarreguemines. Aucune instruction ne leur fut donnée malgré nos appels aux officiers qui ignoraient parfaitement ce faitc'est à quelques 13 km de Versailles que s'effectue la mise sur pied dans les fermes, étables et granges le 2 septembre, à
Guyancourt (2
ème Bataillon) ou
Troux (3
ème Bataillon)
peu de Parisiens beaucoup de Vendéens note Jean Rogan (à la
5ème Cie du 2
ème Bataillon)
Vladimir Malacki (Jean Malaquais 11
ème Cie du 3
ème Bataillon) s'interroge
c'est quoi au juste un Pionnier? Zouave, biffin, artilleur -d'accord on sait à quoi s'en tenir. Mais un Pionnier? Chacun y va de sa petite théorie qu'il essaie de faire prévaloir. Celui-ci estime que nous sommes vernis parce qu'il n'y a pas, c'est une chouette unité; cet autre opine, au contraire, que chouette mon oeil, vu que c'est nous qu'on nettoie les tranchées et achève les blessés. Il en est qui savent de science sûre et certaine que les pionniers font partie du génie, ou des sapeurs, ou de "ceusses" qui posent des fils barbelés.toujours est-il que les Pionniers appartiennent bien à l'Infanterie malgré tout et dans la compagnie de Jean Rogan l'un d'eux libelle l'adresse de son unité "620e R.i.Pionniers"
620e R.i.Pionniers 2e Bataillon 5e compagnie Secteur Postal 42http://www.ader-paris.fr/html/fiche.jsp?id=5127498&np=4&lng=fr&npp=20&ordre=&aff=5&r=
puis c'est le départ vers les confins de l'Alsace et de la Lorraine entre Moselle et Bas-Rhin
pour Jean Rogan au
2ème Bataillon
-le 9 septembre arrivée à
Bénestroff (Moselle) puis
Petit-Tenquin durant deux jours
-
Woustviller du 12 ou 14 : 3 jours d'abattage de sapins dans les environs de
Siltzheim-le 14 à
Woelfling(-lès-Sarreguemines)
-le 15 à
Bliesbruck à la frontière, creusement de fossés, incursions en territoire allemand à Gersheim les 21 et 22...mais pour récupérer du bois, on pousse même de 6 km à l'intérieur du Reich le 29
-le 1er octobre
Neunkirch-
Sarreguemines le 4 octobre qui sera le centre névralgique des activités du bataillon durant toute cette période, ville évacuée de ses habitants, investie par les soldats et qui offre le spectacle désolant d'habitations livrées aux pillages ou au manque d'égards des militaires
nos Pionniers vont se convertir en véritables déménageurs de Sarreguemines durant plusieurs mois où tout ce qui est récupérable doit être replié sur l'arrière : machines à coudre, lits de l'asile des fous, produits et denrées de la chemiserie, quincaillerie, pharmacie, papeterie, épicerie, corseterie, confiserie, faïencerie...la caserne (Quartier du 3
ème Hussards) les bibliothèques
-le 17 octobre l'unité va cantonner à
Keskastel (par Hambach et Sarralbe) mais ne cesse de faire des allers-retours dans la journée sur
Sarreguemines pour poursuivre le déménagement : moteurs, cuivre, wagons de charbon à charger
-le 7 novembre le cantonnement est à nouveau établi à
SarregueminesJean Rogan relate l'anecdote suivante, une section aux avants-postes aperçoit des Allemands et ouvre le feu sans les atteindre,
surgit un officier qui les interpelle en français
-"pourquoi tirez-vous? On ne vous fait pas de mal!"
-"alors, on est en guerre ou en manoeuvre?" répond l'adjudant Français
-"oui on est en guerre mais ça ne vous oblige pas à tirer!"
sur ce un officier Français accourt, recadre son adjudant et interdit de tirer sans autorisation, prohibition, note ironiquement Jean Rogan, qui ne s'étend pas aux canonniers puisque pendant ce temps les artilleries des deux camps ne cessent de se répondre
les semaines et les mois qui suivent la compagnie poursuit son déménagement ou ses tours de garde (par -28° le 19 janvier!)
le 17 juin son bataillon est capturé à Neuveville-aux-Bois
pour le misanthrope et acide Malacki au 3
ème Bataillon (11
ème Cie) c'est aussi le départ le 8 septembre,
-9 septembre
Bénestroff-11 septembre
Insming déchargement des trains de divers matériaux et fils barbelés pour aménager la défense
-2 octobre
domaine du château de Bonnefontaine (Harskirchen) P.C. du XX
ème Corps d'Armée du Général Hubert, travaux de terrassement, bétonnage, construction de la casemate du Q.G.
-28 novembre
Wiberswiller (Vibersviller) mise en place de poteaux télégraphiques
-du 13 au 16 décembre compagnie transférée progressivement à
Bassing-en février Malacki reste avec la 9
ème Cie (Capitaine Deudon) du même Bataillon (Commandant Rossignol) avec le P.C. du colonel à
Keskastel-1er juin départ pour un village nommé "
Suisse" (Wuisse sans doute)
-2 juin
Baronville travaux de défense anti-chars, évacué le 16
-17 juin
Château-Salins puis
Vic-sur-Seille-
Dombasle-sur-Meurthe le 18 et
Croixmare le 19
-20 juin bois de
Saint-Jean-d'Ormont encerclement
Journal de GuerreJean Malaquais