Lanterne Le Grain - Détachement de Circulation Routière

Bonsoir,

En mai 1940, lors de la montée en Belgique (manoeuvre Dyle) dont le début s'éxécuta de nuit, les itinéraires étaient balisés par la "Re re" à l'aide de petites lanternes. Je suppose que leur nom : Le Grain, est celui de leur inventeur ou du fabricant.
Est-ce que l'un ou l'autre d'entre nous en saurait d'avantage ?
Je n'ai rien trouvé sur le net jusqu'à présent.

A bientôt,
Gérard

Bonjour,

Nous savons maintenant que :

Citation :

(10 mai 1940)… par nuit noire et sans difficulté aucune, grâce au balisage des bas-côtés avec les lanternes du commandant Legrain, chef du D.C.R. (Détachement de Circulation Routière) au quartier général de la division.(Delater, 1946)

Si quelqu'un possède des renseignements sur les DCR qui permettraient d'en savoir plus, son aide sera la bienvenue.

Lescure40

Bonsoir Jean-François,

Merci pour ces renseignement et pour la source. Des lumignons comme pour les retraites aux flambeaux.
J'avais l'idée de regarder dans un manuel d'instruction du train des années 30, mais je viens d'en rater un à l'achat.
La confection en toile me paraît tout à fait indiquée pour leur transport qui, vu leur nombre, devait demander un certain volume dans les camionnettes. La toile et le pliage réduisait le volume. Le matériau expliquerait pourquoi elles étaient traitées sans pitié par les chauffeurs.

Citation :

… - Vous me faites souvenir, dit Bellanger, que c’est un planton routier qui, à la frontière belge, m’a donné ma première émotion de guerre…, de cette guerre-ci, s’entend. « Sale route, » me confiait-il, lorsque j’allais bavarder avec lui, sur le coup d’un heure du matin, en attendant que nous pussions nous engager en direction de Jeumont, après le passage d’une autre colonne qui, venant d’Avesnes, nous interdisait Maubeuge et menaçait de retarder de deux bonnes heures le groupe que j’avais alors la charge de conduire vers Dinant. « Ah ! » répondis-je, d’avance résigné, en tirant sur ma pipe. « Oui, poursuivit-il, sâle route ! Beaucoup trop étroite. Les fossés sont déjà pleins de cadavres. » Je sursautais : « Hein ? Que dites-vous ? » « C’est emmerdant, poursuivit-il. Surtout qu’il faut que nous ramassions tout ça. Vous parlez d’un sâle boulot. J’en ai déjà trois pleines caisses ! » Le brave garçon parlait des petites lanternes de balisage qu’il avait mission de déposer le long des routes et que nos gros camions écrasaient sans pitié, surtout dans les virages . … (Betz, 1940)

Betz (Maurice).- Dialogues des prisonniers – 1940. – Romainville : Emile-Paul Frères, 1940.PP. 36-37.

Par contre je me demande comment la lumière pouvait être cachée pour les avions ? une toile épaisse sur le dessus peut-être ?

Citation :

(…)tous feux éteints, sur des routes balisées avec soin par des lanternes Le Grain dont les lueurs dessinent la route tout en restant invisibles du ciel : une piste parsemée de vers luisants sur plus de cent kilomètres, alors que le firmament resplendit d’étoiles. Nous gagnons la frontière dans l’obscurité, les bois semblent touffus et impénétrables, une délicieuse odeur de printemps monte du sol. (Albert-Sorel, 1943)

Albert-Sorel (Jean).- Carnet d’un officier de liaison (1940), I - Namur pp.273-285, II - De Charleroi à Dunkerque pp. 425-435 in Revue des Deux Mondes, cent douzième année, huitième période, T.69, n° du 1er juin 1942. P. 276.

j'espère, un jour, en trouver pour ma collection.

En tout cas merci pour ta contribution à l'histoire de ce modeste matériel.
Gérard

Salut !

Désolé, pas d'info historique mais plus récente... les lots de balisage existaient toujours il y a peu... (années 2000 ); la fragilité n'est pas liée, comme tu l'imagines, au matériel de fabrication (ici supposé en toile) mais simplement pour la nature de l'emploi... de petite boite "lumineuse" au bord de route où circule du convoi militaire sans éclairage... le taux de perte a toujours été extraordinaire... Ensuite il m'a semblé voir arriver des tubes incandescent à réaction chimique... mais là le matos est consommable est très honéreux avec les repercutions que cela dans la restriction d'utilisation en exercice...

Mais j'espère comme toi avoir l'info historique ?? qui sait... pour sculpter des figurines de circulateur en train de baliser en 1940 ?!!

Stéf.

On peut voir quelques lanternes Legrain au petit musee de HAUT LE WASTIA a cote de DINANT en belgique .
Fort sympathique d'ailleurs ce musee est consacre au franchissement de la Meuse et a la resistance des troupes franco belges en 1940

Bonsoir FB59,

Merci pour ces renseignements. Je vais voir du côté de mes amis Belges si l'un d'eux peut se rendre là-bas et nous ramener une photo.

Gérard

Bonsoir FB59,

Le "tuyau" était bon.
Mes amis ont visité ce superbe musée de Haut-le-Wastia que je recommande à tous ceux qui auraient l'occasion de passer en Belgique (1h30 de visite).

Musée du souvenir Mai 40

Il y avait bien une lanterne Legrain ou Picard.
Lanterne LEGRAIN (voir ce lien)


(avec l'autorisation du modérateur)

Merci à tous ceux qui se sont "passioné" pour ce modeste objet.
J'espère que l'on en trouvera d'autres.
Gérard

Bonjour,

voici ce qu'on peut trouver dans les cartons du SHD de Vincennes





Cordialement
Yann

Bonsoir,

Merci à Yann pour ces précieux renseignements.

Citation :

Ce balisage, auquel il est fait fréquemment allusion dans ce récit, était réalisé au moyen des lanternes DUTERTRE-LEGRAIN.
Pour les diverses raisons, dont certaines complètement étrangères au sujet, il semble que ce système de balisage n’ait pas toujours été pris au sérieux, non seulement au niveau des autres armes, mais même parfois dans les diverses instances du train.
Souvent, dans les « popotes », l’allusion au balisage déclenchait des sourires ironiques. Pourtant, en ce qui concerne notre D.C.R., nous avons fait un usage quasi constant des balises pour la plupart des mouvements de nuit et aussi pour une signalisation fixe. Nos hommes devinrent rapidement fort habiles, tant pour la pose que pour le ramassage des petites boîtes cubiques. Les unités de notre Division s’accoutumèrent elles aussi, rapidement à cette signalisation et en tirèrent profit, en manifestant en maintes occasions leur contentement et leur satisfaction .

(Palvassier, 1980).

Je recommande son ouvrage :

Palvassier (Jean-Baptiste).- Brassard vert et blanc.- Paris : La pensée Universelle, 1980.p.52.

Bonjour,
je viens de découvrir ce sujet (bien tardivement, je l'avoue) et je me dois de vous féliciter tous pour ce très bel exemple de recherche collective. C'est fascinant!

Je ne connaissais rien aux lanternes de balisage (là je me sens moins idiot ), mais voici toujours un peu sur les Détachements de Circulation Routière. J'ai essentiellement consulté l'Aide-mémoire pour les travaux d'EM, 1939 et l'ouvrage de Carbonneaux, Jean et alii. De 1807 à nos jours: L'Arme du Train. Paris, 1989, Lavauzelle.
Ces Détachements de CR sont évidemment des unités du Train, mises sur pied à la mobilisation, et qui font partie de certaines Compagies automobiles de QG, en principe celles affectées aux GU à composante motorisée. On trouverait ainsi des Dt de CR à 3 (ou 4) pelotons dans les Compagnies automobiles de QG de CA, de CAM/CC, de DIM, de DCR, de DC/DLC et de DLM. Voir aussi les OdB de ces GU sur le site ATF40.
Ainsi, le S/Lt Palvassier du 2e Peloton du DCR 148/20 mentionné ci-dessus appartenait au 2e peloton du Dt de CR de la Cie automobile de QG de DLC 148/20, organiquement affectée à la 2e DLC.
Le peloton de CR était motocycliste (sauf dans les CA, ou il y avait aussi des pelotons sur voitures de liaison), avec 1 off., 40 h., 5 voitures, 30 motos.
Dans les GU de cavalerie, les Dt de CR comptaient 4 pelotons.

Cordialement,
Jean-Guy Rathé

Billet effacé

TM

Bonjour,

Pour Lescure40, ces documents viennent du carton 29N159 qui concerne le Génie de la IIIe Armée. Un dossier de ce carton contient toute une série de documents relatifs aux matériels du Génie. C'est en voyant ces pages que je me suis souvenu de ce fil.

Cordialement
Yann

Bonsoir,

Merci pour la cote.

J'espère que, contrairement à Thierry et à d'autres, les soldats de 40 ne pratiquaient ce jeux de la "chasse à la lanterne". Cela expliquerait en tout cas la disparition de ces milliers petits témoins (lumineux). J'en cherche toujours pour ma collection.
Je note aussi que c'est dans les archives du génie que l'on trouve des explications sur ce matériel du train.

Gérard MUT

Bonjour,





Gérard Mut

Bonsoir,

Citation :

J'en cherche toujours pour ma collection.

Hé bien, j'en ai trouvé. Encore dans son emballage d'origine.
Je m'interroge sur la durée de la production de ces "Lucioles".
Peut-être certains auront-ils croisé l'une d'entre elle après guerre ?



Si cela intéresse l'un d'entre vous, je peux vous communiquer une adresse.

Gérard