extrait de "vaincre ou mourir sous le soleil des ardennes" édition de la société philatélique et cartophile du canton de Raucourt. 1995.
"extrait du discours du Gal Torquet de la coulerie, lieutenant du 4e Esc le 23 mai 40.
[...] l'attaque d'envergure que la 24e I.D renforcée de moyens de la 26e I.D est lancée avec 5 bataillons appuyés par 3 bataillons en soutien sur la direction Sauville - les grandes armoises, afin de faire tomber le môle de résistance du Mont-Dieu, dont la réduction conditionne la poursuite de la manoeuvre du VIe A.K.
tandis que l'effort principal est prononcé par 3 Bons du 102e I.R sur le cours boisé de la Bar tenu par le 2e groupe d'escadrons dont les pelotons sont de suite, assaillis de toutes parts, isolés et submergés, les deux commandants d'unités sont blessés ou tués et un peloton disparait corps et biens, le 1er groupe d'escadrons installé aux lisières du Mont-Dieu arrête sur les prairies qui les bordent l'adversaire qui laisse près de 130 cadavres sur le terrain.
A la faveur du crépuscule, une dernière relève est effectuée en avant du Mont Dieu, à la cote 161, l'un des 3 ponts qui franchit la Bar. masqué par le brouillard qui rampe sur 400m de prés, le 1er peloton du 1er Esc progresse jusqu'à l'objectif: un humble buisson d'épines, abri précaire qui ne peut cacher un homme debout.[
NDLR: erreur tactique du choix de position défensive] la relève est faite rapidement: 35 hommes et 5 FM qui s'en vont, 18 hommes et 3 FM qui les remplacent."
voici ci dessous la carte des implantations des escadrons et pelotons du 1er Hussard avant l'attaque d'envergure de la 24e I.D:
"Cinq coups d'horloge au clocher de Tannay, sonnant l'heure de l'attaque allemande, et pour beaucoup la dernière.
soudain, les salves de l'artillerie ennemie déchaînent leur vacarme. tout bouge sur les deux fronts démasqués. le contact est pris sur toute la ligne. les ordres allemands s'entendent tout proches. mais rien n'est visible. nos armes automatiques ripostent au juger. les chefs de sections reprennent les hommes, règlent les cadences de tir, répètent les consignes et rassurent la troupe surprise.
c'est à la gauche du front que l'assaut est le plus violent. les 3e et 4e Esc, aveuglés par par le masque de végétation qui borde la Bar, ne voient l'ennemi que l'orsqu'il surgit sur eux. ils ripostent à bout portant, sans arrêter l'assaut
[NDLR: trés mauvais choix de position de la part du commandant de compagnie qui commet une faute tactique en ne profitant pas du glacis entre la bar et le canal]. chacun dans leur escadron, les 2 lieutenants-commandants ont le même réflexe: voir, reconnaitre. ils se portent en avant. le Lt de la Simone est tout de suite pris à partie. on le voit tomber, la tête ensanglantée. il sera fait prisonnier. le Lt Camus de son côté, est lui aussi encerclé. il couvre la retraite de son agent de liaison et seul, fait face à l'ennemi. il se bat en gants blancs. champion du régiment au tir au pistolet, il abat plusieurs ennemis avant de tomber à son tour, criblé par une rafale. en quelques instants, le 2e groupe d'escadrons est submergé par le nombre. les corps qui jonchent le sol marquent la ligne qu'ils tenaient et où ils se sont fait passer dessus à 1 contre 10 dans ce secteur. le Cne de Maupéou, dont les pelotons de mitrailleuses et d'engins sont réparties dans les escadrons où ils font merveille, et qui se trouve disponible, récupère des combattants et organise un point d'appui au carrefour de la forge. la marque et la trempe de ce chef se retrouvent dans ses officiers et dans les hommes de l'EME: une troupe d'élite.
Au Nord, l'escadron Landrevie [
NDLR: 2e Esc] repusse une violente attaque au lance-flammes d'une compagnie ennemie. il décomptera devant son front plus de 150 allemands abattus par les mitrailleuses. Sur la Bar, le poste de la côte 161 tient toujours et interdit le franchissement du pont. 3 blessés dont 2 sont à évacuer tant que c'est encore possible. une escouade d'éclaireurs couvrira leur retraite: 400m de rase prairie, à travers les champs de tir ennemis, avant d'atteindre le bois. A 08h30, le petit poste reçoit l'ordre de se replier crié à 3 reprises depuis le bois où les premiers blessés ne sont encore arrivés. pour couvrir le décrochage, seul un brigadier-chef est maintenu au pont avec un FM et un sac de grenades. lorsque l'officier vient le rejoindre pour l'aider à se replier à son tour, il trouve ce jeune basque, un bouton d'or au lèvres, le doigt sur la détente et qui demande en souriant avant de dégoupiller une grenade: "alors, mon lieutenant, on reste?" L'esprit de sacrifice, c'est aussi simple que cela. Ainsi, tout le régiment, retranché maintenant aux lisières du Mont-Dieu, défendra le massif forestier pendant 3 jours et 3 nuits."
Analyse du rédacteur: les choix d'implantation des 3e et 4e escadrons ont été faits ( comme pour les autres escadrons) lors de la relève de nuit du 22 au 23 mai du 93e GRDI. Or, à la lecture d'une carte issue du même ouvrage, le 93e n'occupait pas les même positions car plus en avant. mais ces positions présentaient l'avantage de pouvoir exploiter directement la coupure humide du canal pour un premier coup d'arrêt et le 93e GRDI avait la Bar dans le dos pour un second coup d'arrêt potentiel (manoeuvre de freinage). notons que le 1er Hussard n'aurait jamais pu et eu le temps de réaménager ses positions, effectuer une reconnaissance des lieux (ce qui coûta la vie à deux lieutenants, commandants de compagnie).
notons aussi que le poste de la cote 161 a tenu 4 heures durant car il n'était pas situé sur l'axe d'effort principal de l'ennemi. si on rassemble les 3e et 4e escadrons, ils avaient face à eux 4 des 5 bataillons ennemis, rapport de force de 2/20 donc 1 contre 10. il était donc inéluctable que la percée se face et que la côte 276 soit atteinte. cette dernière était l'objectif à atteindre par l'ennemi.
la question de la relève du 93e GRDI par le 1er HUSSARD pose question. avec une puissance de feu mentionnée moins puissante, que pouvait faire de mieux le 1er Hussard? pourquoi le commandement a fait une relève tardive alors que l'attaque était imminente, sans reconnaissance.
En juin 2015, lors du rassemblement France 40 à Stonne sous la direction de l'association le miroir, les troupes et véhicules de reconstitutions stationnaient la nuit à l'endroit même où les allemands avaient franchit la Bar sur une passerelle face au peloton le plus au nord du 3e escadron. globalement, le terrain est effectivement un billard, une horreur à défendre car les couverts sont peu nombreux et donc aspirateurs à obus et horreur à attaquer car le grand découvert d'ouest en est en franchissant le canal est un champ de tir plat et dépourvu d'abri. j'aurais certainement l'occasion d'y retourner dans les mois qui arrivent, si d'aucuns veulent y aller, prévenez moi, je vous replongerai dans les combats à la lecture de cet ouvrage sur les lieux mêmes du buisson de la cote 161 et ailleurs. d'autant plus que beaucoup de traces y sont encore visibles.