213e RI : le 14 mai 1940, renseignements sur ce régiment ?

Bonjour,

Je viens de m'inscrire sur votre forum, et je cherche à avoir des précisions sur le 213ème RI, régiment auquel appartenait mon oncle Raymond VIGNERON décédé à Chemery sur Bar le 14 mai 1940.

J'ai lu avec intérêts les articles suivants :

https://atf40.1fr1.net/t2973-213e-ri-faisant-partie-de-la-55eme-di

https://atf40.1fr1.net/t296-7-heures-pour-une-contre-attaque-bulson-14-mai-1940

Or, chronologiquement, ces 2 articles s'arrêtent au matin du 14 mai, et j'aimerais connaître le déroulé du 14 mai, et ce, plus spécifiquement pour le 213ème RI.

Merci d'avance pour vos réponses.

Raymond49

Bonjour

Si je comprends bien votre question, vous demandez ce qu'il est advenu aux unités de la 55ème DI après l'échec de la contre-attaque et, en particulier, le 213ème RI?

La réponse est simple, les forces engagées se sont repliées sous la pression des attaques allemandes et se disloquent. Elles ne n'ont pas pu s'arrêter et reconstituer un dispositif cohérent sur la ligne de départ obligeant le commandement à ordonner le repli sur la 2ème position d'armée (Stonne etc).
Des éléments du 213ème se sont repliés en combattants, d'autres se sont débandés. Le régiment cesse d'être une unité constituée dans la seconde moitié de la matinée et disparait de l'ordre de bataille. Ses éléments seront regroupés puis après complément des effectifs avec les reliquats des 295ème et 331ème RI et rééquipement, le régiment reconstitué entre dans la 17ème DI qui devient la 59ème DLI. Le 213ème prends alors le numéro 83 (de mémoire, à vérifier).
Les unités de la 55ème DI encore cohérentes vont continuer à combattre dans les rangs d'autres grandes unités.

Cordialement

Bonsoir,

Je vous remercie de votre réponse.

J'aurais aimé avoir d'autres détails, mais malheureusement sans le JMO (je ne crois pas qu'il existe), ou  le récit fait après-guerre par un survivant, cela va être compliqué.

Encore merci

Bien cordialement

Bonsoir,
Je fais partie du club "Histoire et patrimoine" de Chemery-sur-Bar. Nous organisons régulièrement des expositions, des conférences sur l’histoire de notre petite commune. Ainsi, l'année dernière à l'occasion du centenaire de la fin de la 1ère guerre mondiale, nous avons cherché des documents sur chaque soldat et avons pu mettre un visage sur chaque combattant, de notre ville, mort sur le front.  
Egalement, chaque année, la ville organise des commémorations en souvenir des combats du 14 mai 1940 et rend ainsi hommage aux hommes tombés à Chemery-sur-Bar. Cette année, ces commémorations se dérouleront le samedi 18 mai où chaque stèle recevra un dépôt de gerbes (Le Mont Dieu, Tannay, Sy, La Besace, Stonne...). A L'occasion de l'année 2020, nous recherchons les descendants des hommes du 213e RI et du 7è BCL morts à Chemery.
Nous possédons le journal de marche du 213e RI et les explications du Général Lafontaine. 
Nous recherchons également des informations sur un jumelage entre la ville de Nevers, Hannogne-St-Martin et Chemery-sur-Bar.
Nous serions très heureux de vous rencontrer et sommes impatients que vous nous contactiez. Je peux vous faire parvenir les coordonnées de notre président.
A bientôt

Bonjour,
Je suis ok pour que vous me mettiez en rapport avec votre président.
Eventuellement, je pourrai me déplacer en 2020 pour la commémoration , dès lors que j'aurai connaissance de la date suffisamment tôt.
Cet oncle, décédé à Chemery le 16 mai, m'est cher à double titre : il était le parrain de mon papa, et il avait une fiancée avec qui le mariage était projetée, fiancée qui après son décès, aura une histoire d'amour avec un autre de ses frères. Ils se marieront tous les 2 en 1945.
A bientôt

Bonjour,

Cby08 a écrit:

Bonsoir,
Je fais partie du club "Histoire et patrimoine" de Chemery-sur-Bar. Nous organisons régulièrement des expositions, des conférences sur l’histoire de notre petite commune. Ainsi, l'année dernière à l'occasion du centenaire de la fin de la 1ère guerre mondiale, nous avons cherché des documents sur chaque soldat et avons pu mettre un visage sur chaque combattant, de notre ville, mort sur le front.  
Egalement, chaque année, la ville organise des commémorations en souvenir des combats du 14 mai 1940 et rend ainsi hommage aux hommes tombés à Chemery-sur-Bar. Cette année, ces commémorations se dérouleront le samedi 18 mai où chaque stèle recevra un dépôt de gerbes (Le Mont Dieu, Tannay, Sy, La Besace, Stonne...). A L'occasion de l'année 2020, nous recherchons les descendants des hommes du 213e RI et du 7è BCL morts à Chemery.
Nous possédons le journal de marche du 213e RI et les explications du Général Lafontaine. 
Nous recherchons également des informations sur un jumelage entre la ville de Nevers, Hannogne-St-Martin et Chemery-sur-Bar.
Nous serions très heureux de vous rencontrer et sommes impatients que vous nous contactiez. Je peux vous faire parvenir les coordonnées de notre président.
A bientôt

Tout cela est intéressant mais je rappelle que ce forum est un lieu de partage et qu'il aurait été préférable que vous répondiez à la question en mentionnant les événements du 14 mai concernant le 213e RI puisque vous en possédez le JMO.

Si votre intention n'est que de faire la publicité de vos manifestations (qui ne manque pas d'intérêt, du reste) sans aucune volonté d'apporter votre pierre à l'édifice, je pense que vous n'avez pas bien saisi la démarche que tous ici nous appliquons. En d'autres termes, votre intervention semble montrer que vous êtes intéressé pour recueillir des informations mais que vous n'êtes pas disposé à partager les vôtres. Je ne doute pas par ailleurs que vous ayez déjà utilisé nos pages pour compléter les éléments déjà en votre possession...

D'une façon plus générale et pour répondre à la question, les événements concernant (entre autres) le 213e RI le 14 à Chemery ont fait l'objet d'une polémique et il existe de nombreuses archives sur le sujet, et en particulier de différents officiers ayant joué un rôle dans la contre-attaque, certains d'entre eux visant à se dédouaner de leur responsabilités, voire en la rejetant sur d'autres. Aussi, il est incontournable de prendre du recul et d'analyser sérieusement les éléments disponibles de nos jours.

Je possède par exemple les archives du 10e CA, de la 55e DI et du 7e BCC qui sont parfois contradictoires. Rien qu'au sujet des journées du 13 au 15 et de la contre-attaque concernant les 205e et 213e RI et les 4e et 7e BCC, l'ensemble représente près d'une centaine de pages. Il est de plus fort intéressant d'étudier les archives allemandes sur ce sujet car elles apportent un autre angle de vision fort intéressant.

Mais revenons en en aux faits. Les hommes du 213e RI ont parcouru en deux nuits (du 10 au 11 et du 12 au 13) séparés par une journée de repos, les 20 km les séparant de leur zone de stationnement d'alerte, ils sont en réserve de CA et installés le 13 depuis 5h15 de la façon suivante :

- EM à Chémery
- 1er bataillon dans la région boisée de Raillère le Vivier
- 2e bataillon autour d'Artaise - le Vivier
- 3e bataillon à Chemery, Maisoncelle et Villiers

Notons que le 213e RI n'est pas a effectifs complets et qu'il est loin de disposer de ses dotation théoriques d'armements. A cette époque, de plus, il dispose de peu d'approvisionnements.

Mais en fonction de l'attaque allemande et de la contre-attaque envisagée, le 213e RI reçoit l'ordre à 16h30 de se redéployer sur la ligne La Minière - Bulson où il doit être rejoint par le 7e BCC. Vers 19h le RI est placé sous le commandement de la 55e DI (avec le 205e et les 4e et 7e BCC) pour d'abord établir une ligne de défense et être ensuite employé pour une contre-attaque.

Mais le 213e RI ne s'est pas porté sur la nouvelle ligne qui lui était assigné. Prêt à partir vers 19h, il semble que ses hommes aient été fortement influencés par les nouvelles catastrophiques et exagérées colportées par des unités fuyant le front. La CHR du régiment décide par exemple de retraiter et sera retrouvée au cours de la nuit sur la route de Tannay.

En conséquence, de cette piteuse ambiance, le colonel commandant le 213e RI semblant lui aussi être influencé par ce qu'il entend décide de surseoir à ses ordres et il se contente d'installer ses troupes sur la ligne Chemery - Maisoncelle et Villiers - Maisoncelle. Le régiment n'a donc pratiquement pas bougé de ses positions précédentes.

Vers 19h30, le général Lafontaine (55e DI) arrive sur le secteur. Il semble qu'il ait rencontré sur sa route des compagnies du 213e RI fortement éprouvées par l'ambiance générale. Visiblement le RI est bien loin d'avoir un moral suffisant pour progresser dans l'immédiat et il est convenu qu'il se contenterait d'organiser un barrage s'étendant sur la ligne Chemery - lisière nord des bois entre Chemery et Maisoncelle - lisière nord de Maisoncelle et Villiers-Maisoncelle.

Cette décision sera lourde de conséquences car le 213e RI sera donc incapable d'exécuter les ordres initiaux de contre-attaque prescrits par le Xe CA, mais il est possible de comprendre que la confusion régnait et que l'on ne savait finalement qu'assez peu de choses sur les positions exactes des Allemands. L'on sait aujourd'hui qu'ils étaient bien loin d'être aussi menaçants et avancés qu'on ne pouvait le craindre et le 213e RI aurait pu parvenir à la ligne La Minière - Bulson bien avant les Allemands.

Initialement retardée pour laisser le temps nécessaire au 213e RI de se ravitailler en munitions, l'offensive est lancée le 14. Vers 6h30 du matin, les chars du 7e BCC dépassent les positions du 213e RI et s'élancent à l'attaque sur un front de 5 km de large, avec sa 3e Cie à gauche, sa 1re au centre et 2e à droite. Les bataillons du 213e RI doivent suivre les chars.

Le début de l'action se passe plutôt bien et les blindés détruisent quelques canons antichars et des armes automatiques ennemies mais après 2 km de progression, en arrivant au niveau de la route Cornage - Bulson ils tombent sur des Panzer. Mal armés pour la lutte antichar, les FCM 36 tombent les uns après les autres sous les coups des PzKpfw III et IV. Les échanges de tirs durent néanmoins jusqu'à 10H30 avant que le BCC ne se retire, non sans avoir perdu 70 % de ses chars (29 FCM 36) et 50 % de ses effectifs (tués et disparus).

Force est alors de constater que le 213e RI n'a pas suivi les chars, à l'exception de la partie ouest du secteur d'attaque ou quelques éléments ont progressé jusqu'au bois de Naumont, où ils seront d'ailleurs capturés par les Allemands. Mais tout porte à croire que le secteur est battu par un tir soutenu de mitrailleuses et de pièces de 3,7 cm allemandes clouant l'infanterie sur ses positions. Or, pris à partie par les Panzer, les FCM 36 doivent se défendre et ils ne peuvent jouer leur rôle d'accompagnement en engageant les armes ennemies.

Les restes de la 3e Cie du 7e BCC restent à Chémery pour barrer la route aux Allemands, qui progressent et atteignent la ville à leur tour. La Cie résiste avant d'être presque anéantie. Le dernier FCM 36 à combattre (celui du capitaine commandant la Cie) est immobilisé par une chenille arrachée, et l'équipage l'abandonne. Les pertes sont très lourdes avec 60% des officiers, 40% des sous-officiers et 38% des hommes de troupe pour la seule journée du 14.

Pour en revenir à votre oncle, décédé le 14, et en fonction de ces événements, il devait faire partie des éléments défendant la commune, qui sera prise dans la foulée quand les chars français auront cessé le feu.