Pourquoi des immatriculations CJ « Chantiers de la Jeunesse » ?

Bonsoir à tous,

Le sujet des Chantiers de la Jeunesse n’est pas à proprement parler militaire mais il est connexe pour ce qui nous intéresse, dans la mesure où c’est l’armée qui a doté les Chantiers de véhicules d’usage général et d’ambulances. A partir du quatrième trimestre de 1940, on trouve bien la trace d’immatriculations civiles, attribuées à tel «  Groupement  n° x des Chantiers de la Jeunesse à A » ou tel « Chef du Groupement n° y de la Jeunesse à B», qui semblent intervenir dans les 2 mois suivant la création du Chantier.
La plupart du temps, le registre de préfecture ne cache pas que l’immatriculation précédente était une immatriculation de « Camouflage ».

Dans ces conditions, pourquoi les Chantiers de Jeunesse ont-ils mis en place au tout début de 1942 une série CJ rien que pour leur usage ?
Je ne vois pas de raison historique, de rupture dans le positionnement des CJ par rapport à l’armée ou aux autorités civiles à ce moment précis – et personne ne pouvait prévoir 10 mois à l’avance le débarquement en Afrique du Nord, encore moins ses multiples conséquences. Je vois seulement des raisons techniques :

• Bien sûr, l’immatriculation CJ, ce n’était que la partie visible de la gestion centralisée dont le bénéfice est évoqué dans la circulaire de 1942 ;
  
• Une gestion centralisée facilitait les désinvestissements ou les « dons » externes , je me suis rappelé le cas d’une moto revendue très vite – novembre 1943 – à l’Association des Anciens des Chantiers de la Jeunesse (sans que je sache l’objet exact de cette ADAC) ;
  
• Les immatriculations civiles étaient départementales et nominatives, le transfert d’un Chantier à un autre entrainait des formalités impliquant la préfecture ou celle d’un autre département, la reconfection des cartes grises ; avec une carte grise Chantiers, les transferts étaient invisibles en dehors de l’organisation ;
  
• Quand on crée une immatriculation spéciale, on met généralement en place un permis de conduire limité à l’usage des véhicules qui vont la porter, ce qui a été fait le même jour ; cela pouvait permettre de former les jeunes au permis Chantiers, et d’enlever la contrainte d’un permis ordinaire.
  

Tout ces raisons sont valables mais fort opérationnelles, si un forumeur a un autre avis...
Cordialement,
Thierry

P.S. La circulaire de création des immatriculations CJ est disponible sur le site qui recense toute la réglementation française dans ce domaine, https://docimmat.pagesperso-orange.fr/index2.html mais c’est plus pratique avec le document lui-même, je le joins plus bas.

P.P.S. GBM HS 7 présente des photos de véhicules des Chantiers avec des immatriculations soit civiles, soit « civilisées » – en plus bien sûr d’immatriculations CJ. Je propose l’hypothèse suivante : l’armée fournissait des véhicules à chaque Chantier au fur et à mesure des attributions, de la montée en puissance du Chantier pour accueillir ses 2000 (?) jeunes. Quand tout était cadré, on convertissait d’un coup les immatriculations de Camouflage en bonnes immatriculations ordinaires, une quarantaine à chaque fois. Pour étayer cela il faudrait que je cherche la dotation type d’un CJ, à  environnement agricole ou forestier constant. 

Bonjour Thierry, bonjour à tous,

Excellentissime.

Voilà une addition capitale  à GBM HS7, grand merci pour cela.

Je n'ai rien à ajouter, et pas d'observation à formuler devant vos hypothèses.

La recherche des photographies montrant des véhicules ex-armée française de la série CJ — dont je n'ai à l'heure actuelle que très peu de spécimens — va se révéler passionnante.

En chasse !

Bonne journée à tous

François

Bonsoir à tous,

Je commence bien sûr en remerciant François de ses commentaires et de ses encouragements.
Sur le plan des photos avec des immatriculations CJ, je dois en avoir deux, il faut que je les retrouve...

A la place, je propose pour l'instant cette moto trouvée sur Internet, qui porte une immatriculation civile émise en février 1941. La même photo montre aussi une seconde immatriculation de février 1941, et une autre de décembre 1940. Cela confirme mon hypothèse d'immatriculations civiles prises par les Chantiers sur fin 1940/début 1941.

Bon week-end,

Thierry