A quoi sert la SRS ?

Bonjour,

Je cite un passage d'un journal d'officier qui était chef du service de SRA de la RFB : le lieutenant Pierre THIERRY-MIEG.
SRA : service des renseignements de l'artillerie (me semble-t-il)
RFB ; région fortifiée de Belfort

"Le 26 septembre 1939 a eu lieu les premières interventions sérieuses de la DCA allemande vers 14h00. Environ 150 coups tirés sur des avions anglais, dit-on. Les observatoires d'artillerie situent les batteries vars Thannenkirchen et Binzen. La S.R.S. fonctionnait depuis 15 minutes !!! et elle a tout enregistré, coups de départ et éclatements !!"



Je n'ai pas trouvé de Thannenkirchen en Allemagne. il y a un Thannenkirch dans le Haut-Rhin mais le 26/09/1939 les allemands n'y étaient pas encore...

Je suppose que ce S.R.S. est un système radio de surveillance... mais quelqu'un pourrait-il nous en dire beaucoup plus ?

Bonjour à tous,
Bonjour Philippe

les S.R.S (section de repérage par le Son) font partie des S.R.A (service de Renseignement de l'Artillerie)
durant la Grande Guerre.
A vérifier l'évolution durant la IIe guerre mondiale :

article généawiki : https://fr.geneawiki.com/index.php?title=Service_des_Renseignements_de_l%27Artillerie_-_1914-1918

Cordialement,
Frédéric

édition pour la mise à jour en 1938:
règlement de manœuvre de l'artillerie
titre VII SRS
unité de repérage
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9612791d/f1.item.texteImage#

Bonjour Frédéric,

j'ai lu l'article de GénéaWiki. De ce que je lis on retrouve la même organisation entre 14-18 et 39-40.
Merci beaucoup de cette indication, cela éclaire bien mieux ma compréhension de ce journal.

Si quelqu'un à des vues du matériel utilisé (de préférence en 1939-1940) ce serait encore plus parlant...

Bonsoir,
Je pense que c'est ce type de matériel, sauf erreur.
JD

Bonjour David,

Et bien dit donc... C'est énorme !!!! Ce n'est guère discret...

Mais cela m'interpelle un peu...Sur l'organisation d'un Etat-major...

Mon lieutenant d'artillerie est affecté au commandement de l'artillerie de la RFB (puis 44e CAF). Donc il ne dépend d'aucun corps de troupe d'artillerie, il est même rattaché pour solde et vivres à la Cie du Train Auto de QG qui soutient cet E-M avec les troupes de QG. Les quelques sous-officiers qui sont avec lui et qu'il nomme font partie du détachement de QG de la dite Cie.

Mais ce type de matériel doit être utilisé par des spécialistes ! Non ?

Donc ces spécialistes ne font pas partie du QG et encore moins de l'E-M (qui ne comprend que les officiers). Si je compare avec les transmissions il y a des Cies de transmetteurs qui servent pour l'E-M mais ils ne font pas partie du QG... ces Cies Radios et Télégraphiques sont des EOCA

Donc pour ce type d'équipement utilisé par la Section de Reconnaissance Sonore il appartiendrait à quelle unité ?

Il y a bien un EOCA concernant l'artillerie... Enfin quand je dis élément organique c'est un peu triché... Mais il y a deux groupes qui sont rattachés à la RFB (puis 44e CAF) Ce sont les :
- V/159e RAP
- VI/159e RAP
Pour ces deux groupes je n'ai trouvés que des descriptions sur l'implantations des pièces :
-  dans les forts autours de Belfort (Giromagny, Roppe, Bessoncourt, Chèvremont, Vézelois, Meroux, Fougerais, Bois d'Oye, Haut-Bois et la STH N°5) pour le V/159e RAP
- AU Willerhof, Breitenberg déplacées à Hagenthal et Wentzwiller et aussi Eichwald et Strengwald avec la STH N°6 pour le VI/159e RAP...

Par contre il y a une batterie un peu particulière dans le coin... c'est la 8e batterie du 6e GAA voir le fil particulier qui lui est dédié.


Je pense donc que ce type de matériel est manipulé par les spécialistes de cette batterie. Cette batterie est rattachée à la 8e armée et sert donc aux corps d'armée qui en dépendent à savoir le 7e , 13e et la RFB (futur 44e CAF)
D'après son fil de discussion elle est installée à Sigolsheim... Sans doute son PC... Mais peut-être est-elle répartie sur différents sites le long du Rhin (pas au bord bien évidemment), car mon lieutenant ne parle pas de Sigolsheim, le plus haut qu'il monte au nord étant Bantzenheim...

Merci de vos commentaires.

JARDIN DAVID a écrit:

Bonsoir,
Je pense que c'est ce type de matériel, sauf erreur.
JD

Bonjour,
Ce type de matériel est bien un appareil de repérage par le son, mais il est utilisé par la DCA (la DAT, plus précisément)pour repérer les avions en vol, surtout pendant la nuit. En 1940, ils sont toujours opérationnels, mais de plus en plus obsolètes, à cause de la vitesse des avions, leur nombre...
Les SRS n'utilisent pas ces appareils. Ils sont équipés de microphones placés à distances les uns des autres et reliés à un central qui enregistre le décalage de perception des coups dans le temps et peut ainsi, par calculs de "triangulation" à partir de plusieurs postes, localiser le départ des coups (le règlement de manœuvre dit qu'il faut au minimum 4 postes pour une localisation correcte).
Non seulement il faut de bons techniciens, mais en plus, des forts en maths (même s'ils utilisent des abaques et autres aides de calcul).
 Les SRS doivent être discrets, car ils opèrent assez près de la zone de combat (le règlement dit: "au niveau des gros des divisions"). Les appareils de repérage par le son de la photo sont beaucoup trop gros dans ce cas.
J'espère que mes informations sont claires (et que j'ai bien compris ce que j'ai pu lire sur la question).
Cordialement.

Merci Nominoë,

J'ai reçu 5 sur 5 le message fort et clair et en plus très compréhensible         

Merci beaucoup pour ces explications technique mais très utile pour comprendre le travail de cette SRS. 

Pensez-vous que ce soit du personnel du 6e GAA comme je l'ai écrit un peu plus haut ?

Encore merci.

TringlotTunis a écrit:

Merci Nominoë,

J'ai reçu 5 sur 5 le message fort et clair et en plus très compréhensible         

Merci beaucoup pour ces explications technique mais très utile pour comprendre le travail de cette SRS. 

Pensez-vous que ce soit du personnel du 6e GAA comme je l'ai écrit un peu plus haut ?

Encore merci.

Bonjour,
Je ne peux pas apporter de réponse précise à votre question.
D'après le Règlement de manœuvre de l'artillerie, titre VI SR (édition 1938) sur les batteries de repérage (chaque batterie comprend notamment une section SROT et une section SRS), ces unités sont les organes de recherche du SRA (Service de Renseignement de l'Artillerie) et appartiennent à la réserve générale de l'artillerie. Elles sont mises à disposition des EM de corps d'armée par le général commandant l'artillerie de l'armée (qui dirige le SRA).
Je n'ai pas d'info actuellement sur ce GAA.
En espérant avoir fait avancer un petit peu le sujet.
Cordialement.

Merci beaucoup Nominoë pour ce complément. Je vais essayer d'en savoir plus sur ce 6e GAA.

Merci à tous pour ces précisions !
JD

Bonjour à tous,


Complément à la lecture du journal de mon lieutenant d'artillerie qui continue de donner des détails intéressants...

Citation :

Lundi 18/12
Je suis allé à Sigolsheim avec deux lieutenants voir la batterie de repérage.

Mercredi 20/12

Reconnaissance d’un observatoire bétonné au Glaserberg. -3° C givre, vent du nord, très pénible montée sur les pentes glacées. 

Mercredi 27/12

Je suis allé avec le colonel GUICHARD donner un croquis panoramique du sommet de la tour de l’église au curé de Dannemarie qui est mal avec tous les militaires

Jeudi 04/01

Verglas effroyable qui augmente toute la journée. Certaines routes sont si glacées que les arbres se mirent dedans. Malgré cela je suis allé à Altkirch voir le curé doyen et l’aumônier pour arriver à mettre à la raison le curé de Jettingen, autonomiste, qui cherche à mettre la central SROT à la porte du Presbytère alors qu’il a encore neuf chambres à sa disposition.

Mardi 09/01 (130e jour de mobilisation)

Je vais à Jettingen avec le curé doyen d’Altkirch MÜLLER pour régler avec le curé JODER la question de l’occupation du presbytère de Jettingen. Ce curé de Jettingen est autonomiste et il ne fait que des embêtements aux soldats ; de la politique (député puis sénateur Joseph BROM originaire de Blotzheim (68)) mais je l’ai mis à la raison ; notre poste restera dans le presbytère. 

On espérait que le temps viendrait plus doux, mais depuis ce matin il gèle.

Bonjour,

Je prends ce fil avec un peu de retard.

Je me permets quelques précisions, même si l'essentiel a déjà été dit ou suggéré.

- 23 ou 24 batteries de repérage ont été mises sur pied en métropole, les 19 premières par le CMA 61 de Saint-Cloud, 4 par le CMA 6 (21 et 22 à Metz, 23 et 24 à Sarrebourg), lieu inconnu pour la 20e (existence douteuse). Toutes sont rattachées au DGA 61 de Saint-Cloud, ce qui correspond à la garnison du 6e GAA.
- le 6e GAA n'existe plus en temps de guerre. C'est le même principe que pour les RADCA : il contribue à la mise sur pied des unités, mais disparaît en tant qu'unité. Je soupçonne une confusion entre le 6e GAA et le Groupement de batteries de repérage pour ce qui est des unités combattantes.

Pour le SRA :
- il ne s'agit pas d'une unité constituée au sein des régiments ou EM, comme une section, par exemple : aux niveaux groupement d'artillerie, ALCA, CA, armée... est mis en place un SRA avec quelques hommes qui ne sont pas désignés dans les TEG et dont le nombre n'est qu'indicatif dans le règlement de manœuvre de l'artillerie.
- les batteries de repérage et leurs SRS et SROT ne font pas partie d'un STA en particulier mais travaillent au profit des différents SRA "rattachés" à la Grande unité.

On trouve en ligne sur Gallica les fascicules du Règlement de manœuvre de l'artillerie consacrés aux batteries de repérage. Pour les différents matériels, les fascicules sont répartis en 3 titres de la 1re partie du Règlement :
- titre V : description du matériel ;
- titre VI : organisation des unités sur pied de guerre ;
- titre VII : service des matériels.
Par exemple les Va, VIa, VIa-bis, VIa-ter et VIIa correspondent au 75.
Sont en ligne au moins les fascicules : Vsrot, Vsrs, VIsr, VIIsrs

Le Vsrs est ici :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9612125b

Cordialement,
DH

Bonsoir;

Didier toujours dans l'excellence... Merci beaucoup. Je vais essayer de me renseigner à ma prochaine visite au CAPM (cela devient de plus en plus dur d'y aller !) s'ils ont des archives sur ces batteries...

Superbes informations qui n'ont, je pense guère changées entre 1926 et 1939...

Je découvre également un peu tardivement ce fil.

Pour ce qui est du matériel, celui présenté par Jardin David est un paraboloïde Baillaud sur remorque, probablement un type D. Les détecteurs acoustiques Baillaud datent de la fin de la première guerre mondiale. De mémoire, ils avaient été commandés à 400 exemplaires en 1917, mais moins d'une centaine a été livrée avant l'armistice. Les types A et B étaient fixes, les types C et D, mobiles sur remorque.


          

Il existait un matériel concurrent, le détecteur à myriaphones Perrin. Il a été lui aussi conçu à la fin de la 1ère GM. J'ignore s'il a fait l'objet d'une commande à ce moment là, mais il a connu des développements ultérieurs.

          


A partir des années 30, des matériels plus sophistiqués ont été mis au point, notamment les matériels BBT et Sautter Harlé, beaucoup plus caractéristiques de la période 39/40 que les engins Baillaud et Perrin, même si ceux-ci étaient toujours en service en petit nombre.

Bonjour et merci pour ces précisions,

Pour éviter toute erreur à ceux qui prendraient le fil en cours :
Les derniers matériels évoqués sont des matériels de DCA et non les matériels des SRS.

En termes d'organisation, ils sont mis en oeuvre par les équipes d'écoute des sections de commandement des groupes de DCA/DAT, et non par les Sections de repérage par le son. Ce sont donc des matériels d'écoute.

Cordialement,
DH

dhouliez a écrit:

Bonjour et merci pour ces précisions,

Pour éviter toute erreur à ceux qui prendraient le fil en cours :
Les derniers matériels évoqués sont des matériels de DCA et non les matériels des SRS.

En termes d'organisation, ils sont mis en oeuvre par les équipes d'écoute des sections de commandement des groupes de DCA/DAT, et non par les Sections de repérage par le son. Ce sont donc des matériels d'écoute.

Cordialement,
DH

En effet.

Les matériels mis en œuvre par les SRS sont sans doute moins spectaculaires, mais d'une certaine manière plus "mystérieux".

Un petit aperçu à travers six clichés d'une SRS de la 3ème armée à l'automne 1939.

https://imagesdefense.gouv.fr/fr/srs-section-de-reperage-par-le-son-d-une-unite-d-artillerie-a-raville-moselle-dans-le-secteur-de-la-3e-armee-l-oscillographe-et-le-poste-d-ecoute-18-22-octobre-1939-2.html

Bonne journée à tous.

Merci beaucoup Chapska,
De bien jolies photos qui représentent bien tant le matériel que le travail effectué par une SRS.
Superbe !