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| Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 | |
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Auteur | Message |
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Math714 Caporal ADL
Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 29/01/2022
| Sujet: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mar 4 Avr 2023 - 17:57 | |
| Bonjour à tous ! Je suis en train de faire des recherches sur le combat de Héricourt du I/22e RIF face à la 1ère Panzerdivision et plus particulièrement (du moins au début) face à l'Aufklarüng Abteilung 4. J'ai donc plusieurs questions à poser à ceux qui pourront apporter plus de détails car les combats et pertes sont assez fous. Voici les sources que j'ai réussi à obtenir : https://wikimaginot.eu/V70_glossaire_detail.php?id=1000509 https://www.resistance-ain-jura.com/carte-1940-hericourt/ Dont le compte-rendu du commandant Babault disponible en ligne : http://souvenirfrhericourt.e-monsite.com/medias/files/journal-de-marche-du-22ieme-rif-2.pdf https://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2016/06/19/une-voix-symbole-de-liberte Scouts out Tip of the spear Plus quelques citations et le livre "Les combattants du 18 juin" de Roger Bruge. Les combats se sont déroulés à Héricourt, près de Belfort. Après quelques reconnaissances, une attaque début en début de matinée du 18 juin a lieu par le sud. Après une brève résistance, toute la compagnie cède par la traitrise de l'officier qui commandait la CM6. Après une contre-attaque qui a repris du terrain, les Allemands s'étant retirés, une autre attaque Allemande a lieu à partir de 15 h. A 20 h 10, le commandant Babault, presque à court de munitions, se rend avec les honneurs de la guerres. Mais voici les points incertains : - Quelles sont les pertes humaines ? Les Allemands indiquent qu'ils ont eu 2 morts et 10 blessés en tout, mais il me semble difficile de croire que 5 h de combats plus les escarmouches n'ont touché presque personne... Les Français parlent de 400 morts/blessés Allemands. Les Allemands indiquent vers 80 morts Français et autant de blessés et les français vers 80 tués (là ça concorde). - Quels sont les pertes matérielles ? Les Français disent que les Allemands leur auraient annoncé avoir perdu 23 automitrailleuses et 3 chars. Les Allemands, étonnement, n'en parlent pas. Qu'en pensez-vous ? Avez-vous des photographies qui pourraient donner des détails ? Avez-vous des sources qui parlent des pertes ? - Quelle a été la vie du commandant Babault après ? Il aurait été libéré en 1941. Il a ensuite été inspecteur départemental à l'éducation physique et aux sports à la préfecture de Nancy. Je pose cette question surtout pour savoir s'il n'a pas fait des actes de résistance ou s'il n'a pas participé aux combats de la libération après. Je me dis qu'un commandant qui a mis autant d'énergie dans cette défense et dans celle de son pays (grand blessé de 1917) est plus sujet aux actes de résistance et il serait intéressant de le savoir (même questions pour le lieutenant Richardin et l'adjudant Gaucher, mais ça commence à faire beaucoup de questions là... ) - Dernière question : Dans l'un des documents (troisième lien), Madame Veuve René Weber aurait reçue la croix de guerre le dimanche 16 mars 1941 pour sa belle conduite pendant cette journée. Savez pourquoi ? Quelle action a-t-elle fait ? Aurait-elle pu participer au combat en tant que combattante (non officielle) ou a-t-elle participé à soigner les blessés ? (je sais que les probabilités que vous ayiez des informations dessus est infime, mais on ne sais jamais.) Je ne vous demande bien-sûr pas de faire 84 heures de recherches pour absolument avoir toutes les informations. Toute contribution, même petite et modeste est le bienvenue. Ces questions me permettent d'ailleurs de vous partager le compte-rendu du commandant Babault ainsi que quelques autres sources. merci d'avance à vous ! |
| | | JARDIN DAVID Lieutenant-Colonel
Nombre de messages : 771 Date d'inscription : 30/09/2009
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mar 4 Avr 2023 - 22:12 | |
| Bonsoir, Pour vérifier si certains militaires de 1940 ont été homologués comme résistants (FFI, RIF, FFC), il vous suffit de vérifier dans le fichier GR16P du SHD Vincennes ! https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/ark/42089 Connaîtriez-vous les prénom de ces hommes ? JD |
| | | avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10678 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mer 5 Avr 2023 - 0:00 | |
| - Math714 a écrit:
- Bonjour à tous !
- Quelle a été la vie du commandant Babault après ? Il aurait été libéré en 1941. Il a ensuite été inspecteur départemental à l'éducation physique et aux sports à la préfecture de Nancy. Je pose cette question surtout pour savoir s'il n'a pas fait des actes de résistance ou s'il n'a pas participé aux combats de la libération après. Je me dis qu'un commandant qui a mis autant d'énergie dans cette défense et dans celle de son pays (grand blessé de 1917) est plus sujet aux actes de résistance et il serait intéressant de le savoir (même
merci d'avance à vous ! Bonsoir, voici un article avec la photo du Commandant Babault du 06 janvier 1941 dans l'Echo de Nancy En complément: BABAULT Robert, Jules, Modeste, né le 15-04-1897 à Janville. Date de rentrée au service le 23-08-1914, Officier provenant du rang. Croix de Guerre avec 1 citation, Chevalier de la Légion d'Honneur le 07-01-1918. Sous-Lieutenant le 20-09-1916; Lieutenant le 20-09-1918; Capitaine 25-03-1931. il sera père en le 04 septembre 1942 Cordialement |
| | | JARDIN DAVID Lieutenant-Colonel
Nombre de messages : 771 Date d'inscription : 30/09/2009
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mer 5 Avr 2023 - 4:01 | |
| Bonjour,
L'enquête continue : pas de BABAULT Robert Jules Modeste ou assimilé dans le fichier des homologations FFI, RIF, FFC. Mais ce n'est pas surprenant vu "l'hypothèque de Vichy" et la complexe décision d'insubordination de la part des anciens officiers. Par contre je trouve son dossier d'officier : GR 8YE 110456 BABAULT, Robert Modeste Arthur (a priori ce serait proche), chef de bataillon infanterie, radié le 15/10/1955. A vérifier toutefois sur place ! JD |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 7 Avr 2023 - 16:24 | |
| - Math714 a écrit:
(...) Mais voici les points incertains : - Quelles sont les pertes humaines ? Les Allemands indiquent qu'ils ont eu 2 morts et 10 blessés en tout, mais il me semble difficile de croire que 5 h de combats plus les escarmouches n'ont touché presque personne... Les Français parlent de 400 morts/blessés Allemands. Les Allemands indiquent vers 80 morts Français et autant de blessés et les français vers 80 tués (là ça concorde). Bonjour, Selon les liens qui sont fournis ci-dessus, le bilan des pertes françaises semble relativement clair : a) Le lien "Carte 1940 Invasion Héricourt" : "Les morts furent relevés le lendemain. Il y eut 11 victimes françaises et une trentaine de blessés. Les Allemands prirent des otages (30 personnes) car ils estimaient que des civils avaient tiré des coups de feu sur la troupe. Ils furent libérés au bout de 15 jours.b) à la fin du rapport du Commandant Babault se trouve aussi le bilan des combats : à noter qu'il s'agit là de neuf soldats du 22e RIF plus deux pertes civiles et que les noms de ces trois otages (détenus 15 jours selon a) ?) semblent avoir été ajoutés pour gonfler la liste. Pour finir, dans la base de données "Mémoire des Hommes", malgré quelques confusions entre le 22e RIF et le 22e RIC, on retrouve exactement les mêmes noms, plus un (Lang Joseph, Alphonse) que le Cdt Babault semble avoir ignoré : AC/21/P/045923 | | CLAUSE | | Pierre Edouard | 1904-05-02 | Ham-sous-Varsberg (57) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/199408 | | GRIGNON | | René Louis | 1918-08-02 | Paris (75) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/048629 | | HAETTEL | | Eugène | 1907-05-30 | Sainte-Marie-aux-Mines (68) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/054198 | | HEMMERLE | | Hubert | 1912-05-24 | Niederhaslach (67) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/060422 | | KIEFFER | | René | 1911-09-25 | Strasbourg (67) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/067152 | | LANG | | Joseph Alphonse | 1906-07-15 | Ergensheim (67) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/071793 | | LEDUC | | Robert Ernest Clément | 1917-06-21 | Alençon (61) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/080007 | | LISKA | | Jozef | 1907-09-18 | Baczyn (Pologne) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/098547 | | MULLER | | Paul Michel | 1911-09-15 | Kircheim (67) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) | AC/21/P/143522 | | REPP | | Michel Victor François | 1914-11-23 | Niederschaeffolsheim (67) | 22e RIF | 1940-06-18 | Héricourt (70) |
En conclusion, l'estimation du nombre des tués français faite par les Allemands (80) est très largement exagérée et ne concorde pas avec les sources citées. De la même manière, celles subies par les Allemands, aussi bien en hommes qu'en matériel, sont probablement à réduire d'un facteur similaire.
Dernière édition par Commando-Crapaud le Ven 7 Avr 2023 - 16:27, édité 3 fois (Raison : formatage) |
| | | Math714 Caporal ADL
Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 29/01/2022
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Sam 8 Avr 2023 - 22:49 | |
| Bonsoir, Je vous remercie de vos réponses. J'avoue que j'aurais aimé avoir une confirmation des pertes Allemandes mais j'ai l'impression que les Allemands n'aiment pas du tout donner leurs pertes.
Quant aux pertes, 80 morts semble effectivement être exagéré mais il ne s'agit là que des morts. Le chiffre des blessés est peut-être lui-aussi exagéré ? |
| | | JARDIN DAVID Lieutenant-Colonel
Nombre de messages : 771 Date d'inscription : 30/09/2009
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Dim 9 Avr 2023 - 15:34 | |
| Bonjour Math, Le sujet de ses propres pertes n'est jamais simple à aborder. Pourtant, je constate pour 1940, au nord du massif vosgien, que des tableaux très précis (morts, blessés, disparus, précision du nb d'officiers) sont fournis au niveau de la division. Sources : archives divisionnaires consultables via la NARA. On trouve aussi des détails concernant les prises de guerre, petits matériels et quincaillerie inclus. Je ne peux pas donner d'indications plus précises au sujet d'autres secteurs. JD |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mar 11 Avr 2023 - 1:11 | |
| - Math714 a écrit:
- Bonsoir,
Je vous remercie de vos réponses. J'avoue que j'aurais aimé avoir une confirmation des pertes Allemandes mais j'ai l'impression que les Allemands n'aiment pas du tout donner leurs pertes.
Quant aux pertes, 80 morts semble effectivement être exagéré mais il ne s'agit là que des morts. Le chiffre des blessés est peut-être lui-aussi exagéré ? Bonjour, Il n'y a aucune raison de penser que le chiffre des blessés (80) de source allemande soit plus exact que celui avancé pour les tués (80). Généralement, au niveau des archives, seules les pertes concernant sa propre unité ont quelques chances d'être correctes. La "trentaine de blessés" rapportée dans le second lien semble au moins correcte d'un point de vue purement statistique (le ratio des blessés / tués au combat est globalement proche de 3). On trouve cette mention de "80 soldats français tués et autant de blessés" à la fin du rapport de deux pages rédigé par l'officier (Hauptmann Steph[an]?) commandant l'escadron d'avant-garde du Pz.A.A.4 (archives de la 1.Pz-D.) qui s'empara d'Héricourt le 18 juin. Ce rapport, sans date ni signature, décrit la prise de la localité entraînant la capture du 1er bataillon du 22e RIF au prix d'un seul officier tué, un sous-officier et quatre soldats blessés. Il semblerait aussi qu'un seul blindé de reconnaissance ait été mis hors de combat par les tirs de 25 mm. |
| | | Math714 Caporal ADL
Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 29/01/2022
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mar 11 Avr 2023 - 12:03 | |
| Bonjour à vous,
Le compte-rendu que vous fournissez est intéressant. Il y a un témoignage similaire d'un officier Allemand dans l'un des liens que j'ai fourni. Le problème est que ce compte-rendu ne tiens pas compte de l'attaque par surprise de 00h15 où deux blindés ont été mis hors de combat. Mais il y a un second problème. L'attaque de la ville se déroule en deux temps : 1 - l'attaque de Héricourt par le sud sur la CM 6 puis quelques temps après 2 - l'attaque de la localité en elle-même. Si la première attaque a été menée par l'avant-garde Pz AA 4, rien n'indique que la seconde ait aussi été faite uniquement par cette même unité (dispose-t-elle de chars canons ?). J'ai surtout l'impression que les compte-rendus Allemands ne concernent que la première attaque, surtout qu'il s'arrêtent au repli de la mi-journée. Cela me semble d'autant plus juste que le très faible nombre de morts/blessés correspond au fait que la compagnie entière (CM6) se soit rendue quasi sans combattre à l'exception des canons antichars et de quelques hommes. J'ai l'impression que les Allemands, de manière générale, évoquent très peu leurs pertes matérielles et humaines sur les combats. Ils n'évoquent peut-être que les véhicules irrécupérables mais jamais les endommagés et les immobilisés, quant aux pertes humaines... Le chiffre de 80 est peut-être exagéré mais il me semblait juste car c'est un chiffre qui était repris coté Français et Allemand. Coté Français, il semble effectivement être plus bas... Ce que dit jardin David est intéressant. Avez vous une idée de comment je pourrais accéder à de tels documents ? Je vous remercie par avance... |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mar 11 Avr 2023 - 18:11 | |
| - Math714 a écrit:
- Bonjour à vous,
Le compte-rendu que vous fournissez est intéressant. Il y a un témoignage similaire d'un officier Allemand dans l'un des liens que j'ai fourni. Bonjour, Pour plus de clarté, il s'agit-là de la traduction mot pour mot du document de deux pages tiré des archives de la 1. PzD. dont j'ai posté un extrait ci-dessus. Cette traduction est publiée dans le livre "Tip of the Spear: German Armored Reconnaissance in Action in World War II - Robert J. Edwards". Dans cette traduction, ils parlent de 2 tués chez les Allemands alors que le texte dactylographié indique d'abord 1 sous-officier tué plus 1 officier et 4 hommes blessés. Une bifure manuscrite inverse la nature de ces pertes en 1 officier tué plus 1 sous-officier et 4 hommes blessés, sans rien ajouter au décompte. Il y a aussi une erreur sur les trois voitures blindées françaises (armored car) abondonnées sans combattre par leur équipage alors que le texte les indique comme étant trois chars légers. Les fonds d'archives divisionnaires allemands qui ont survécu, comme David Jardin l'a indiqué, sont consultables via le NARA ou les archives Fédérales d'Allemagne: bundesarchiv.de. Cependant, ne vous réjouissez pas trop vite car il ne semble pas y avoir d'autres références au sujet de la prise d'Héricourt dans ces archives de la 1re division Panzer. |
| | | JARDIN DAVID Lieutenant-Colonel
Nombre de messages : 771 Date d'inscription : 30/09/2009
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mar 11 Avr 2023 - 22:29 | |
| Effectivement les archives des unités allemandes de 1940 sont consultables aux Bundesarchiv mais très souvent dans des conditions plus faciles via les Rolls de la NARA. On en trouve en revente par des marchands spécialisés sur internet. Je pourrais éventuellement chercher celui avec qui j'avais traité, il propose des Rolls divisionnaires et pour les GU. A mon avis cette source est trop souvent négligée des auteurs français pour des raisons diverses mais qui ne permettent pas de sonder "l'autre côté de la colline", pour paraphraser qui vous savez ! JD |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mer 12 Avr 2023 - 14:14 | |
| - Math714 a écrit:
- Le problème est que ce compte-rendu ne tiens pas compte de l'attaque par surprise de 00h15 où deux blindés ont été mis hors de combat.
Bonjour à tous, Ce qui manque, dans le rapport Stephan, c'est simplement la mention d'un accrochage dans la nuit du 17 au 18 mais il est bien précisé qu'une section d'éclaireurs, commandée par l'adjudant-chef Dölling, a été envoyée dans la soirée du 17 pour reconnaître l'entrée sud d'Héricourt pendant que le gros du bataillon se regroupait à Aire. C'est d'ailleurs Dölling qui l'alerte, le matin du 18, de la présence d'une pièce antichar à l'entrée sud et de l'importance du dispositif français. Quant aux supposées pertes subies au cours de la nuit, nous rencontrons-là le problème classique quand l'information est rapportée par les témoins d'un même évènement mais selon des points de vue différents. Certains détails peuvent sembler contradictoires mais on ne doit pas perdre de vue qu'aucun des deux acteurs (Cdt Babault et Hpt Stephan) n'a été le témoin direct de tous les "faits" présentés dans leurs rapports respectifs, ce qui laisse une large part à l'erreur, l'oubli ou la déformation (intentionnelle ou pas) lors de l'interprétation des informations reçues. Il faut aussi prendre en compte l'intentionnalité des acteurs derrière ces rapports : Babault tourne le sien comme un extrait du "journal de marche" de son bataillon. Or, la lecture de ce document laisse transparaîte chez l'auteur un sérieux besoin de se justifier (témoignages recueillis, certificat de sauvetage des blessés, etc.) mais aussi d'imputer tout le blame de son échec à l'un de ses subordonnés. De la même manière, on peut aussi s'interroger sur la finalité du rapport Stephan (presse/propagande ?) car bien que le document soit rédigé sur un ton assez neutre et plutôt technique, il n'a pas la forme d'un rapport interne ou d'un extrait du journal de marche de son unité. De ce fait, il vaudrait mieux éviter de lire le rapport Stephan en le confrontant uniquement aux "vérités" qui seraient contenues dans le rapport Babault, et inversement, sauf à renoncer à tout sens critique (il serait d'ailleurs intéressant de connaître le point de vue du capitaine Pierron sur cette même affaire). - Math714 a écrit:
- Mais il y a un second problème. L'attaque de la ville se déroule en deux temps : 1 - l'attaque de Héricourt par le sud sur la CM 6 puis quelques temps après 2 - l'attaque de la localité en elle-même. Si la première attaque a été menée par l'avant-garde Pz AA 4, rien n'indique que la seconde ait aussi été faite uniquement par cette même unité (dispose-t-elle de chars canons ?). J'ai surtout l'impression que les compte-rendus Allemands ne concernent que la première attaque, surtout qu'il s'arrêtent au repli de la mi-journée. Cela me semble d'autant plus juste que le très faible nombre de morts/blessés correspond au fait que la compagnie entière (CM6) se soit rendue quasi sans combattre à l'exception des canons antichars et de quelques hommes.
Je ne partage pas votre analyse car toutes les phases de la prise d'Héricourt me semblent correspondre assez bien dans les deux rapports ; Stephan déplace son PC de la lisière sud d'Héricourt vers le grand carrefour pour la seconde phase. En fait, toutes ces actions sont relatées de manière différente selon l'importance qu'elles ont revêtu aux yeux des leurs auteurs respectifs. Stephan omet par exemple de parler de la contre-attaque française (ce qui ne veut pas dire qu'elle n'a pas eu lieu) mais l'action décrite couvre l'intégralité du combat jusqu'au nettoyage final d'Héricourt. Dès que la ville est prise (sans aucune mention des "honneurs de la guerre", du nom de l'unité française, du comportement des défenseurs, etc.) son groupement tactique reçoit une nouvelle mission et se remet immédiatement en marche. Tout dépend aussi de ce que l'on entend par "chars-canon" au PC du Cdt Babault ? Il y a bien une section d'engins (obusiers d'infanterie) et une autre d'antichars côté Allemand et les seuls renforts reçus, selon Stephan, se résument à un peloton motocycliste supplémentaire. Quant au reste de la division, qui fonctionnait en deux groupements tactiques, un à droite et l'autre à gauche d'Héricourt, ceux-ci s'emparaient respectivement de Montbéliard et Belfort le même jour ; je n'ai rien trouvé de leur côté concernant Héricourt et il est plus que probable que les seules unités de la 1. Pz.-Div. qui ont pu fournir des éléments à ce groupement soient le Kradsch.Btl.1 (Bataillon motocycliste) et le Pz-.A.A. 4 qui n'ont pas de "chars-canon" dans leur dotation. De la même manière, on peut douter de la présence des trois blindés légers français rapportés par Stephan (ceux "abandonnés par leur équipage sans combattre"). Mais un point concernant ces matériels reste étonnant : il aurait envoyé son groupe de pionniers les faire sauter et l'on ne peut que repenser aux trois pièces antichars récupérées lors de la contre-attaque, selon Babault, mais qui avaient été mises hors combat à l'explosif par les Allemands. Donc peut-être que les "chars-canons" rapportés à Babault par ses hommes étaient en fait des obusiers d'infanterie (que Stephan indique avoir utilisé à la fin en tir direct sur les défenseurs) alors que les trois "le.Panzerkampfwagen" rapportés à Stephan par ses hommes étaient en fait les canons antichars de 25mm, abandonnés, et que les pionniers allemands ont fait sauter à l'explosif. |
| | | Math714 Caporal ADL
Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 29/01/2022
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 14 Avr 2023 - 23:51 | |
| Bonjour,
Je vous remercie de vos réponses. Pour répondre à Commando-Crapaud, je n'ai pas trouvé que le rapport de Babault montrait un besoin de se justifier de manière générale. Cependant, je rejoins votre analyse en ce qui concerne le fait de porter le blâme de son échec à son subordonné, ce qui peut se comprendre lorsqu'on est à la limite de le traiter de traitre. Il faut avoir à l'esprit que ce subordonné a, à de multiples reprises, essayé de se replier sans avoir l'ordre du commandant de l'unité qui a même du le rappeler à l'ordre. Qu'après ces échecs il a essayé de monter une sorte de tentative de se replier en transmettant à Babault un faux ordre provenant de l'Etat-Major. Après ces échecs, il a dit à ses camarades, dès la nuit vers 4h du matin, de ranger toutes les mitrailleuses, d'abandonner les chenillettes, les positions de combat et tout autre matériel. Il aurait été vu juste après sa capture, entouré partant dans une voiture en compagnie d'officiers Allemands. Enfin, ce serait vraiment une forte coïncidence qu'après tous ces éléments, on découvre qu'il ait combattu dans l'armée Allemande en 14-18 avant de passer dans l'armée françaises en 1918. Les rapports, les témoignages, les sources, les faits... tout amène à une même conclusion qu'il est difficile d'ignorer.
De plus, sur les rapports Allemands, il n'est fait mention que très peu de fois d'actions qui ont un rapport avec les Français. Leur rapport est très "Tel groupe est allé là, il a contourné par là on a engagé des renforts..." Mais pas "Nous sommes tombés sur des Français, une mitrailleuse nous a bloquée..." Toutes difficultés liées aux Français semblent avoir disparues.
Stephan omet de parler de la contre-attaque Française, je l'accorde. Mais il termine son rapport sur le fait qu'il ait reçu une autre mission et qu'il doit s'en aller. Ceci ajouté au fait que juste après la contre-attaque des camions allemands auraient été vus (et c'est de l'hypothétique, c'est très incertain) et que la contre-attaque semble avoir précipité le repli des Allemands, fait que la fin de son rapport pourrait concorder avec le moment où les Français font justement leur contre-attaque. Dès lors, Stephan analyse peut-être ce repli Allemand comme une nouvelle mission reçue (ou alors il transforme volontairement cette sorte d'échec en non-échec car c'est en fait une nouvelle mission reçue, et ça ne serait pas la première fois). Le fait qu'il n'en parle pas s'explique donc dans ce cas-là. Le problème que là où Babault semble avoir organisé l'attaque sur le papier avec des horaires pour donner une idée, ce n'est pas du tout le cas des Allemands, ce qui rend la lecture et la concordance très difficile et incertaine.
Sur le plan purement tactique et combat, il est possible de dire plusieurs choses à mes yeux. La première est que les trois "automitrailleuses" que les Allemands détruisent semblent en réalité être trois tracteurs de ravitaillement chenillés. Ces derniers se retrouvent aussi dans la rapport de Babault lorsqu'il est indiqué que le commandant P voulait saboter les trois chenillettes de ravitaillement. C'est, de plus, très probable aussi car les Allemands confondent ce véhicule avec une automitrailleuse du fait de son aspect chenillé et de sa ressemblance avec un blindé. Ensuite, concernant les "chars-canons", votre commentaire m'a donné une piste. Le commandant Babault, qui rédige le rapport, a fait la première guerre mondiale. Comment appelait-on le Renault FT à canon de 37mm et celui à mitrailleuse 8mm ? L’appellation de "char-canon" et de "char-mitrailleuse" apparait souvent. De fait, avec cette explication, il me semble très peu probable qu'il ait confondu un char comme nous l'entendons, avec une automitrailleuse à roues, et encore moins avec un obusier d'infanterie. S'il a bien vu un char au sens "un char avec un canon" comme il serait logique de le penser, d'où pourrait-il provenir ? L'AA1 n'a pas de chars effectivement, mais gardons à l'esprit que cette unité est rattachée à la 1ère Panzerdivision qui a donc pu fournir quelques chars pour aller plus vite, et que vers 12 h, le gros des combats de Belfort est déjà terminé (forts tombés, généraux et tous les points importants capturés...). Si les combats étaient bien terminés, ils ont pu distraire quelques blindés pour attaquer Héricourt vers 15 h ou 16 h, voire un peu plus tard, c'est possible.
C'est très intéressant de débattre sur ce combat ! Merci de vos réponses. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Lun 1 Mai 2023 - 20:53 | |
| - Math714 a écrit:
- Bonjour,
Je vous remercie de vos réponses. (...) C'est très intéressant de débattre sur ce combat ! Merci de vos réponses. Bonsoir, Je vous en remercie aussi. J'ai supprimé mon message précédent mais, à la place, j'ai fait une (mauvaise) traduction du rapport de combat d'Héricourt issu des archives de la 1. Pz.-Division afin qu'on puisse suivre de quoi il s'agit plus facilement [errata :... et ce document indique bien 2 tués, contrairement à ce que j'ai dit plus haut]: - Hptm Stephan a écrit:
- Rapport de combat au sujet de l'attaque d'Héricourt du 18 juin 1940.
Pour la journée du 18 juin, le Panzer-Aufklärungs-Abteilung 4 avait reçu pour mission d'avancer sur Belfort via Héricourt. Par les reconnaissances entreprises dans la soirée du 17 juin, nous savions que la ville était occupée par des troupes ennemies et que des colonnes ennemies se déplaçaient entre Héricourt et Belfort. En outre, nous savions que l'entrée sud d'Héricourt était défendue par une pièce antichar.
Durant la nuit du 17 au 18 juin, les éclaireurs du Lieutenant Miltitz ont assuré la sécurité à la lisière sud d'Héricourt, tandis que le gros du bataillon se rassemblait à Aibre-sur-Ruhe.
Au matin du 18 juin, le bataillon commença sa progression vers Héricourt. L'Oberfeldwebel Dölling avait été envoyé en éclaireur devant les éléments de tête. L'avant-garde du bataillon, placée sous le commandement du capitaine Stephan, était composée des unités suivantes (selon l'ordre de marche) : section de pointe de véhicules de reconnaissance blindés, chef de l'avant-garde, 1ère section de fusiliers motocyclistes, section d'obusiers d'infanterie, section de canons antichars, 2ème section de fusiliers motocyclistes, 1er groupe de pionniers.
Peu avant d'atteindre le bois au sud d'Héricourt, le groupe d'éclaireurs nous signala des tirs de mitrailleuse depuis la lisière du bois près de la route. J'ai alors indiqué au chef de la 1ère section de fusiliers la position approximative de la mitrailleuse ennemie pour qu'ils la neutralise. Entre-temps, cette mitrailleuse s'était déjà repliée. L'avant-garde se lança donc à l'assaut d'Héricourt.
La section d'obusiers reçut l'ordre de se mettre en position et d'ouvrir le feu sur la périphérie sud du village, tandis que les deux sections de motocyclistes avançaient à droite et à gauche de la route et que la section de blindés de reconnaissance prenait l'axe de la route. Quant à la section antichar et au groupe de pionniers, je les gardais à ma disposition derrière une petite butte le long de la route. C'est à cet emplacement que j'installais le PC de l'avant-garde, au sud de la localité, et que se trouvait la position de tir de la section d'obusiers.
Le sous-officier Lampert, de la section blindée Miltitz, se présenta au rapport pour m'avertir que le véhicule de reconnaissance du lieutenant von Miltitz avait été touché par une pièce antichar. J'ordonnais alors à la section d'obusiers de concentrer son feu sur la position de la pièce antichar, qui était censée se trouver derrière une courbe de la route à l'entrée du village. L'observation directe des fusiliers révéla que, pendant le tir des obusiers, les servants de la pièce se réfugiaient dans les maisons pour venir réoccuper la position dès qu'il s'arrêtait.
Sous le couvert d'autres tirs d'obusiers sur la localité, les deux sections de fusiliers pénétrèrent dans le village. Dans un parc situé à l'ouest de la rue, la section de fusiliers engagée à gauche trouva trois chars légers français dont les équipages s'étaient enfui. La résistance dans le parc fut alors neutralisée par l'emploi de grenades à main. Entre-temps, le peloton de fusiliers engagé à droite pénétrait dans la partie du village à l'est de la route. L'annonce qu'ils rencontraient une résistance ennemie et subissaient des tirs de flancs provenant des jardins et des maisons m'incita à engager le groupe de Pionniers derrière eux.
Pendant ce temps, une centaine de prisonniers, dont deux officiers, étaient capturés dans le village. La pièce antichar ennemie qui bloquait l'entrée du village avait été abandonnée lors de l'attaque des fusiliers. De ce fait, nos blindés (lieutenant Lienau) pouvaient maintenant pénétrer dans le village. Le groupe d'éclaireurs de Dölling assurait quant-à lui la sécurité contre une éventuelle action de l'ennemi sur nos flancs à la périphérie sud du village avec le soutien de la section antichar qui prenait position à l'entrée sud de Héricourt.
Le lieutenant Lienau restait au contact de l'ennemi dans la localité et m'informait en permanence de la progression de l'attaque et de la résistance rencontrée. On trouva, dans la cour d'une usine, environ 150 soldats Français armés qui furent poussés dans la rue et désarmés par l'action énergique de nos hommes. Entre-temps, je déplaçais le poste de commandement de la périphérie sud du village vers le grand carrefour routier de la localité où la section d'obusiers avait également pris position. Suite à l'annonce de la présence de blindés ennemis, qui ne se matérialisa pas, la section antichar prit aussi position pour couvrir ce carrefour.
Une reconnaissance supplémentaire entreprise par le lieutenant Lienau permit de découvrir que, de l'autre côté du pont, derrière un virage de la route, quatre mitrailleuses ennemies avaient pris position dans des maisons, deux de chaque côté de la route. Deux pièces antichar, positionnées côte à côte sur une petite place, couvraient également le prolongement de la route. Le lieutenant Lienau ouvrit immédiatement le feu sur les pièces antichars et les mitrailleuses mais dû finalement abandonner son véhicule après que celui-ci fut rendu inutilisable.
Nous avons donc poussé un de nos obusiers vers l'avant de manière à pouvoir neutraliser la position antichar par des tirs directs. Les premiers tirs de la pièce furent dirigés dans les maisons où les mitrailleuses s'étaient retranchées et celles-ci furent également réduites au silence. Puis, alors que les tirs se concentraient sur les pièces antichar, la section de fusiliers attaqua la place et la nettoya entièrement. Le village était pris.
Peu de temps après, la 3e section de fusiliers motocyclistes arriva à mon poste de commandement et je la gardais à ma disposition. Dès que la localité d'Héricourt fut prise, l'ordre du bataillon arriva de rompre le contact pour remplir une nouvelle mission. Les véhicules blindés ennemis abandonnés dans le parc furent détruits par le groupe de Pionniers.
Bilan : on a pu constater, après coup, qu'il y avait eu environ 400 prisonniers et 80 Français tués avec autant de blessés. On compta 8 mitrailleuses ennemies et 10 pièces antichar, dont toutes n'avaient pas été engagées. Nos propres pertes s'élevèrent à deux tués (1 officier & 1 sous-officier) plus 1 officier et 4 hommes blessés.
Pour contrôle (T315-R015-1242/3)
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mar 2 Mai 2023 - 14:12 | |
| ["Affaire Héricourt"... suite] En ce qui concerne les pertes en hommes du Pz.A.A. 4, trois morts et neuf blessés (dont quatre ne seront pas évacués) semblent donc représenter la limite haute de ce qui s'est réellement passé. En effet, il n'y a aucune raison de penser que les rapports de pertes reproduits ci-dessus, qui sont destinés au commandement, ne soient pas corrects. C'est d'ailleurs précisément ce même jour, de tout le mois juin, qui lui coûtera le plus de pertes. On peut noter aussi que le Pz.A.A. 4 n'aura finalement perdu en juin que 38 hommes au combat (8 tués + 30 blessés hospitalisés), qui viennent s'ajouter aux 53 (16 + 37) de la période précédente, depuis le 10 mai, selon un rapport du chef du service de santé de la 1.Pz.-Div, soit un grand total de 91 hommes (24 + 67). Alors, effectivement, il reste aussi à envisager la possibilité que d'autres unités de la division aient pu participer aux combats d'Héricourt mais je ne l'ai vu mentionné absolument nulle part (après lecture de tout ce qui se rapporte à la période du 17 au 18 juin). Evidemment, les archives sont fragmentaires, certaines sont en partie brûlée, d'autres illisibles, et il n'y a pas de journal pour toutes les unités de la division (dont le Pz.A.A. 4). Les pages des journées à partir du 17-18 juin pour le journal de la division (KTB) ont brûlé au point qu'il ne subsiste que quelques lignes pour certaines pages (Il y a eu en grand incendie en 1942 touchant les archives militaires du début de la guerre. Entre autre, le KTB pour la campagne de Pologne de la 1ère PzD est perdu et celui de fin juin très endommagé). Cependant, tout ce qui subsiste se recoupe assez bien. Il est donc possible de se faire une idée assez précise de qui faisait quoi et où. Les rapports de combat des deux "Kampfgruppe", ou plutôt à cet époque "Gefechtsgruppe" Krüger et Nedtwig (dont ne faisait pas partie le Pz.A.A. 4), donnent les itinéraires de marche suivis par chacun des deux Pz.Rgt qui leurs étaient assignés, et décrivent leur mission et combats. Idem pour les trois bataillons de fusiliers, le bataillon motocycliste, le bataillon antichar, l'artillerie, la Flak et les pionniers. Tout ceci avait été réparti entre les deux groupements tactiques. Je pourrai en faire la description plus tard en le rapportant sur une carte. Reste la question des pertes matérielles. Il n'existe pas, au niveau des archives de la division, de situation détaillée concernant le matériel roulant et, en particulier, les infos sur les blindés de reconnaissances du Pz.A.A. 4 sont plutôt rares, alors qu'elles le sont moins pour les panzers des régiments. Il existe une situation très précise au 26 mai à minuit (ci-dessous). Il y a dans cette table 4 catégories allant de a) véhicules disponibles à d) véhicules détruits (irréparables) où c) et d) sont des niveaux intermédiaires de réparation à effectuer ; les deux types de véhicules sont les (légères) le.Pz.Sp.Wg - 15 dispo - et les (lourdes) s.Pz.Sp.Wg - 2 dispo, soit 17 dispo en tout. Une note indique que parmi le stock de le.Pz.Sp.Wg, trois appartiennent au XIX Korps (Guderian). Ce qui est interessant, c'est que le total fait seulement 32 véhicules (moins les 3 en prêt) pour les deux compagnies qui en sont dotées théoriquement de 25 chacune. Il faut ensuite chercher dans les journaux des compagnies de réparation pour trouver des informations supplémentaires pour le mois de juin, avant et après les combats d'Héricourt. [à suivre...] Une petite remarque au sujet du document ci-dessus : La dernière ligne, écrite en cunéiforme, se déchiffre "I.R. Grossdeutschland". Elle indique qu'il est doté de 6 Panzer III (5 dispo et 1 en réparation). Or, il ne peut s'agir que des premiers Sturmgeschütze III mis en service. |
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Jeu 4 Mai 2023 - 14:32 | |
| Retour donc sur le bilan, très optimiste, de "la bataille d'Héricourt." - Chef de bataillon Babault a écrit:
Nos canons de 25 et nos mortiers ont anéanti : - 23 autos-mitrailleuses, qui gisent sur place, - 2 chars-canon - 2 motocyclettes C'est-à-dire tout ce qui s'est présenté. " Pour ma part, j'ai maintes et maintes fois vérifié que les erreurs d'identification, à une époque où le matériel en service chez l'ennemi (et même dans son propre camp) est pratiquement inconnu, sont la norme et pas du tout l'exception. On va donc ignorer ces "chars-canons" (comment appellerait-on une automitrailleuse armée d'un canon ?) et les ajouter aux autres, soit 25 blindés "anéantis", selon Babault. Le document précédent montre que le taux de disponibilité en blindés de reconnaissance était tombé à 17 véhicules disponibles, dont 3 en prêt, au bataillon de reconnaissance dans la nuit du 26 au 27 mai. La période suivante, jusqu'au réengagement de la division le 10 juin, fut mise à profit pour réparer tout ce qui pouvait l'être. Selon un document daté du 6 juin, de nouveaux véhicules furent affectés en provenance du XXXIX. A.K., afin de remonter le potentiel du bataillon : 3 x Sd.Kfz 221, 3 x Sd.Kfz 223 (comprenant ceux mentionnés en prêt dans l'état du 26 juin) plus 4 autres Sd.Kfz 223, soit 7 véhicules max en plus par rapport au 26 mai. En outre, il y avait 17 blindés dans les case "en réparation b)", soit, si tous avaient été réparés, un total max possible de 17 + 7 + 17 = 41 véhicules en stock au 10 juin. Cependant, le rapport de fin de campagne ne mentionne la réparation que de seulement 9 blindés de reco. en tout et pour tout, ce qui au final donnerait : 17 + 7 + 9 = 33 véhicules en stock au 10 juin, si toutes les réparations ont eu lieu entre les deux phases. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Jeu 4 Mai 2023 - 14:41 | |
| Ce chiffre de 33 véhicules blindés max colle assez bien avec un état du 13 juin (30 "einsatzfähige" = 30 blindés opérationnels) que l'on trouve dans le journal du Quartiermeisterabt. de la division, suivi d'un autre (28 "einsatzbereit" = 28 prêt à l'emploi) pour l'entrée du 21 juin en dessous : |
| | | Commando-Crapaud Caporal
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Jeu 4 Mai 2023 - 15:13 | |
| Tout ceci nous permettrait d'affirmer, qu'au maximum, 2 véhicules blindés de l'A.A. 4 aurait pu être "anéantis" par les canon de 25 mm du bataillon Babault. Mais, mais, mais... on trouve aussi deux états contradictoires, en date des 21 et 22 juin à 7h00, pour le stock de blindés de reconnaissance, qui sont issus des mêmes services qui rendent compte au XXXIX. Korps (Schmidt). Le stock des Pz.Kw. pour le 21 juin est pourtant identique à celui du journal mais il manquerait cette fois 9 blindés de reco (lourds) avec seulement deux opérationnels contre les 11 mentionnés dans le journal (le rapport du 23 confirme qu'il n'y a pas de faute de frappe dans le précédent). L'hypothèse la plus logique c'est que les entrées du journal sont erronées du fait qu'elles ne mentionnaient pas le stock "disponible", ce qui reste un point à vérifier dans les archives des échelons supérieurs (si d'autres états similaires antérieurs ont été conservés). Sans cela, il serait difficile d'affirmer l'ordre de grandeur des pertes matérielles allemandes lors du combat d'Héricourt. Cependant, l'ampleur des pertes en personnel (et en s'appuyant sur les narratifs des combats) peuvent déjà nous indiquer qu'elles n'ont pas été importantes : probablement le blindé de l'Oblt. von Miltitz, tué, a été détruit ; celui du Lt. Leinau, blessé légèrement, endommagé plus un autre du groupe d'éclaireurs, détruit ou endommagé, au cours de la nuit du 17 au 18. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Sam 6 Mai 2023 - 13:09 | |
| "L'enquête Héricourt" (suite) Comme on pu le constater plus haut, au sujet du bilan humain et matériel de ces combats, il ne sera pas aisé de produire un historique précis de "l'affaire d'Héricourt" compte tenu de toutes les contradictions, exagérations ou approximations qui parsèment bon nombre de témoignages conservés. Toutefois, on peut arriver à reconstruire l'évènement en les recoupant méthodiquement. Ainsi, on s'aperçoit, dès la mise en route, le 13 juin, du 1er bataillon de son secteur défensif, de contradictions entre ce que rapporte le Cdt Babault et d'autres sources (*), ci-après respectivement dénommées "BABAULT" et "DM REGARD". Si les deux s'accordent sur l'échange des compagnies, CM2 et CM6, entre les deux bataillons du 22e RIF (on se demande d'ailleurs pourquoi), "BABAULT" dit, après avoir marché 29 km, que son bataillon est embarqué au complet en gare d'Haguenau à 21h00 le 13 juin. Son train se dirige alors vers Chaumont, via Épinal (Port-d'Atelier). Or, voici ce que rapporte "DM REGARD" : - DM REGARD a écrit:
13 Juin 1940 : L'ordre d'évacuation de la ligne Maginot est émis. (...) Le I/22° RIF passe aux ordres de la Division de Marche REGARD incluant toutes les unités se repliant et qui doit se transporter vers Chaumont pour prendre position sur la future ligne de défense. (...) Dans l'après-midi le I/22° RIF décroche et se dirige vers Haguenau. Il passe la nuit dans la forêt de Haguenau en vue de son embarquement ferroviaire. Finalement, afin de mettre en parallèle ce qui se passe côté allemand, voir ci-dessous une carte de la situation du jour, issue de leurs archives, sur laquelle j'ai reporté la position du I/22e RIF. ___________________________________________________________________________________ (*) Cf. sur le très bon site wikimaginot.eu de Jean-Michel Jolas , les entrées concernant le 22ème RIF entre le 13 et le 18 juin. Elles ont été compilées à partir de la bibliographie suivante : - SHD 34 N 51 - La ligne Maginot en Alsace - 200 kilomètres de béton et d'acier ; WAHL Jean-Bernard (Klopp - 2013). - Hommes et ouvrages de la ligne Maginot - Tome 1 & 2 ; MARY Jean Yves, HOHNADEL Alain, SICARD Jacques (HISTOIRE & COLLECTIONS).
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| | | Commando-Crapaud Caporal
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Sam 6 Mai 2023 - 13:51 | |
| 14 juin 1940C'est ce jour que l'écart entre les deux rapports se confirme et que la raison transparaît : à qui faire porter le chapeau de ces 24h de retard ? Côté "BABAULT", on dit qu'on a traversé Laveline à 12h00 (voir carte) alors que "DM REGARD" dit que le train du bataillon se trouve toujours en gare d'Haguenau vers 19h00. - BABAULT a écrit:
Nuit calme, arrêts fréquents ; 12h00 : arrêt à Laveline ; changement d'itinéraire : Aillevillers, Lure, Vesoul, Langres, etc. - DM REGARD a écrit:
Le train affecté au I/22° RIF quitte la gare de Haguenau vers 19h. Les éléments automobiles du I/22° RIF prennent la route sans attendre, direction Chaumont. Une journée a été perdue, qui va sceller le sort du bataillon. Le début de voyage ferroviaire se passe sans ennuis.
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| | | Commando-Crapaud Caporal
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Sam 6 Mai 2023 - 17:46 | |
| 15 juin 1940Le narratif de cette journée est particulièrement confus dans le "journal" du Commandant Babault et il n'y a qu'une seule entrée pour le 15 et le 16 juin, ce qui complique encore plus la chronologie des évènements. - BABAULT a écrit:
Traversée d'Aillevillers détruite ; mouvement en direction de Lure. - DM REGARD a écrit:
Le train du I/22° RIF passe Molsheim puis Corcieux à 16h. La progression est très lente du fait des embouteillages, destructions et les arrêts sont prolongés.
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Dim 7 Mai 2023 - 12:04 | |
| 16 juin 1940 - DM REGARD a écrit:
Le train du I/22° RIF prend beaucoup de retard, bloqué par les destructions dues aux bombardements et les imprévus divers. A 14h, Arches est atteint. A 19h, le train arrive à Aillevillers (quelques kilomètres au nord de Luxeuil), où la voie détruite est en cours de réparation par le Génie. Là, les informations reçues précisent que Port-Atelier à l'Ouest et Vesoul, au sud-ouest, sont déjà pris et que donc il est inutile de continuer vers Chaumont. Le train change donc de direction et oblique dans la nuit vers Luxeuil puis Lure. Il est bloqué à minuit juste avant Lure par un train sanitaire arrêté par manque d'eau, qu'il faut débloquer par réalimentation avec une noria de seaux d'eau...
- BABAULT a écrit:
[...] Arrêt avant Lure où nous prenons des dispositions de combat, Vesoul et Gray étant, paraît-il, occupées par l'ennemi. Le renseignement est confirmé près d'un chef de train qui a vu un colonel à Tavernay. Le Chef de Bataillon se voyant dans l'impossibilité de filer sur Port-d'Atelier (aiguillages faussés, plus de personnel du chemin de fer) décide de débarquer à Lure et de s'y établir solidement face à toutes les directions. Impossible de débarquer sur le quai spécial, un médecin avec 400 blessés, dont 50 mourants, dans un train sanitaire et une machine ne pouvant plus avancer (manque d'eau, pompe vide à Lure) nous demande de lui prêter aide et secours. En queue de notre train, un convoi d'artillerie lourde nous bloque. Impossible d'avancer, le petit jour arrive. Les Allemands peuvent nous surprendre.
Le Chef de Bataillon prévoit donc qu'il sera obligé de débarquer en pleine voie; auparavant, il part en patrouille dans Lure avec le Sous-Lieutenant Paul, l'Adjudant Hamelet et 2 hommes.
Laison avec un Commandant de chars dont le bataillon est entre Lure et Vesoul. Les officiers boivent le champagne et ne semblent pas se préoccuper de leurs équipages au combat à plus de 50 km d'eux. Triste tableau ! Liaison avec le SRD polonais impossible : les officiers sont partis. Aperçu une sentinelle sur une route - Pas de barrages.
Devant une telle situation, supplié par les deux médecins du train sanitaire, qui nous demandent notre machine pour les pousser, le Chef de Bataillon se décide, à contre-coeur, à quitter Lure et notre train, poussant le train sanitaire, file sur Belfort (bon aiguillage par bonheur). Plus de 400 blessés sont sauvés (voir certificat annexé).
Les deux versions convergent maintenant à partir de cet arrêt devant Lure. L'entrée du journal de Babault est pourtant datée du 15 juin, la suivante du 17 juin, mais c'est bien dans la soirée du 16 qu'ils ont atteint Lure. En effet, il existe un autre témoignage, celui du Médecin-Lieutenant Gautrelet (*), qui lève le doute sur ces dates. En fait, 24h se sont perdues dans la narration de Babault qui ne s'est visiblement pas souvenu de la première nuit, passée en forêt, avant d'embarquer son bataillon en gare d'Haguenau. Le témoignage du Lieutenant Gautrelet, médecin du 1er bataillon, est d'autant plus intéressant qu'il évoque certains aspects laissés dans l'ombre par le Commandant Babault. On comprend beaucoup mieux pourquoi Babault essaye de se justifier d'avoir abandonné le projet de défense de Lure après avoir lu, ci-dessous, qu'il en avait reçu l'ordre de ses supérieurs : - GAUTRELET a écrit:
Nous nous étions, la veille au soir, 16 juin, arrêtés à Lure, point désigné par le Q.G. comme de résistance avancée, mais le délai trop bref d'installation et surtout l'obstruation de la voie par notre convoi arrêtant 8 autres trains, nous décida à poursuivre vers la région de Belfort, poussant devant nous un train sanitaire immobilisé par manque d'eau. Devant nous se trouvait le train transportant le 79, qui fut mitraillé, et derrière un train de D.C.A., un convoi d'artillerie lourde sur voie ferrée venant de Thionville, un train de génie, etc. - à noter qu'aucun aiguillage, passage à niveau ou noeud ferroviaire n'était gardé et qu'immédiatement avant Lure, au passage à niveau coupant la route de Paris, nous croisâmes un long convoi blindé supposé français, mais qui était très probablement allemand. Pendant ce temps, l'étau allemand se ressere avec la prise de Besançon par la 1.Pz-Div : (*) RÉCIT DE LA BATAILLE D'HÉRICOURT PAR LE MÉDECIN-LIEUTENANT GAUTRELET - SHD - Carton 34 N 51 Dossier 10 (via wikimaginot.eu). |
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Dim 7 Mai 2023 - 18:20 | |
| 17 juin 1940 - I. L'arrivéePlusieures heures de train seront encore nécessaires pour couvrir les 30 derniers km, qui séparent Lure du point de débarquement (entre 3 h et 5 h selon les versions) et toute la journée, jusqu'à 22h00, pour que les dernières compagnies du bataillon atteignent Héricourt au bout d'une marche de 20 km. On se demande alors bien pourquoi le train n'a pas poursuivi directement jusqu'en gare d'Héricourt, via Belfort, pour y débarquer tout le bataillon, moins la compagnie destinée à défendre Frahier. C'est encore dans le rapport du du Lt Gautrelet qu'on nous livre les informations les plus intéressantes permettant de bien saisir le contexte. - DM REGARD a écrit:
Le CB BABAULT parvient à contacter le commandement de la région de Belfort qui oriente l'unité vers Bas-Evette. Le train du I/22° RIF arrive le matin à Champagney, puis vers 10h à Bas-Evette, où il s'arrête et débarque son chargement. Après échange avec le Général GIROL, commandant le secteur et installé à Giromagny [sic], ordre est donné au bataillon de défendre vers l'Ouest les villes de Frahier et Héricourt. La CM3 (Lt BARBOTIN) se place à Frahier. La CHR, reste à Bas-Evette avec le train qu'il faut finir de décharger, et le reste du bataillon se transporte - à pied pour l'essentiel - à Héricourt, atteint le soir du 17. - BABAULT a écrit:
à 05h00, départ de Lure, arrivée à Ronchamps - liaison téléphonique avec le général Lagerolles [sic?], citadelle de Belfort, qui approuve le Chef de Bataillon, lui donne l'ordre de débarquer à Bas-Évette et de se mettre à la disposition du général Parn, commandant la 63e CTFS, château de Giromagny ; débarquement à Bas-Évette à 8h00. Dispositions de DCA et de combat - liaison à Giromagny. Le bataillon Babault reçoit comme mission, moins une compagnie, de s'installer à Héricourt, à 11 km au S.S.O. de Belfort : bouchon à toutes les sorties d'Héricourt. La CM3, bouchon identique à Frahier. Perception de cartes d'état-major.
13h00 : Départ Cie Pierron (CM6) pour Héricourt (20 km) ; 14h20 : Départ Cie Chazelat (CM1) pour Héricourt ; 15h00 : Départ Cie Barbottin (CM3) pour Frahier ; 16h00 : Départ E.M. et Pionniers pour Héricourt ; Installation du PC au Château Schwob (1) ; la CHR et capitaine adjudant major partant à Bas-Évette. Ils doivent faire la route vers Héricourt le 18 juin à 3h00.
Le Chef de Bataillon réquisitionne 2 camionnettes et 1 touriste, se rend à la citadelle de Belfort. Liaison avec le général Girolles [sic] - confirmation de l'ordre de défendre Héricourt, village non encore occupé par l'ennemi. Des sentinelles sont placées au carrefour stratégique Montbéliard - Lure - Besançon - Belfort. Les compagnies arrivent successivement entre 18h00 et 22h00. (1) Il y a en fait deux "châteaux Schwob" à Héricourt ; celui dans lequel le PC du bataillon est installé est le château de la Roseraie, à la sortie est de la ville sur la route de Belfort - Faubourg de Belfort. L'autre "château Schwob" est le château des Fougères, Faubourg de Besançon, qui se situe au carrefour "stratégique" aux entrées ouest, sud-ouest de la ville où le Capitaine Pierron a installé le PC de la CM6. - GAUTRELET a écrit:
Arrivée : Le 1er bataillon du 22e R.I.F., commandé par le Chef de Bataillon Babault, ayant reçu l'ordre de combattre dans la région de Belfort, s'était installé à Bas-Évette le 17 juin, vers 8 heures du matin, venant du "réduit de Pfaffenschlick" région de Wissembourg. Le bataillon, débarqué de chemin de fer, était à ce moment complet et comprenait approximativement : 20 Officiers, un millier d'hommes, 12 canons de 25, quelques mortiers, 30 mitrailleuses et fusils-mitrailleurs ainsi que des munitions.
(...)
Par ailleurs, le Commandant Babault, convoqué par les Chefs, reçût à Belfort des ordres aussi vagues que contradictoires, aucun chef ne prît les responsabilités d'organiser un combat offensif ou défensif. "Faire au mieux" était le mot suprême, laissant à chacun les initiatives stratégiques et tactiques. Le manque de liaison et l'inaptitude des chefs furent les causes de nombreux abandons.
Devançant le convoi cheminant par la route, je conduisis, dans une Renault réquisitionnée à Belfort, le Commandant à Héricourt dans l'après-midi du 17. Installation du PC au château SCHWOB I, étude de la carte, réquisition du matériel (médicaments, locaux).
Installation : Et c'est dans ces conditions d'isolement total et d'improvisation rapide qu'à 20 heures, le bataillon était cantonné à Héricourt.
Aucun obstacle n'était dressé sur la route, aucun guet n'était établi aux points stratégiques, mais plusieurs officiers croisèrent dans les rues un convoi de 3 automobiles blindées ou chars légers, dissemblables les uns des autres. La première fois, ils passèrent dans le sens Belfort-Lure, tous feux éteints, la seconde fois Lure-Belfort, feux de position allumés et camouflés par branchages. Le troisième passage eut lieu vers 22 heures.
Lors des 2 premiers passages, j'étais avec le Cne Chazelat et, nous cachant derrière les arbres, il me dit : "On dirait des chars polonais, d'ailleurs les Polonais ont quitté hier soir la ville, mais les Allemands ont des chars semblables." On sut, par la suite, qu'il s'agissait d'auto-mitrailleuses et chars légers allemands. Ils cherchaient un pont et, se trompant de route, retournaient vers le point de départ. Pas un coup de fusil ne fut tiré et il est certain que les allemands ignoraient notre présence à Héricourt. Au final, nous pouvons aussi réajuster le parcours du bataillon entre le 13 et le 17 juin, depuis sa position du secteur fortifié jusqu'à son arrivée aux nouvelles positions d'Héricourt. Quatre jours pleins lui ont été nécessaires pour effectuer ce repli d'environ 300 km : 13.06 - Après-midi, Pfaffenschlick-Haguenau (67) - marche 29 km [1.] voir carte ci-dessous 14.06 - 19h00, embarquement et départ en gare d'Haguenau (67) - [2.] 15.06 - Passage à Molsheim (67) - [3.] 15.06 - 12h00, arrêt à Laveline (88) - [4.] 15.06 - 16h00, traversée de Corcieux (88) - [5.] 16.06 - 14h00, traversée d'Arches (88) - [6.] 16.06 - 19h00, arrêt à Aillevillers (70) - [7.] 16.06 - 23h00, arrêt à Lure (70) - [8.] 17.06 - 05h00, départ de Lure (70) - [8.] 17.06 - 08h00, débarquement à Bas-Évette (70) - [9.] 17.06 - 18h00-22h00, marche de 21 km, arrivée des compagnies à Héricourt (70) - [10.] Au même moment, les avant-gardes de la 1. Panzer-Division, dont les gros sont toujours à Besançon, atteignent Héricourt et Montbéliard. Cette dernière va être prise et nettoyée dans la nuit du 17 au 18 juin par le Groupement tactique Krüger. |
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