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| Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 | |
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Auteur | Message |
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Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mer 10 Mai 2023 - 16:25 | |
| 17 Juin 1940 - II. Héricourt, le "village" (1). La ville d'Héricourt est en fait une assez grosse bourgade(2) qui a largement bénéficié, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, de l'essor des industries textiles dans la région. L'employeur le plus important de la ville est le groupe Schwob(3), implanté depuis des décénies un peu partout dans la région, dont Belfort et Lure, mais aussi dans la région de Lille et en Suisse. La ville d'Héricourt et son industrie, une carte postale dont la prise de vue est orientée de la gare vers l'église, datant probablement au début du XXe siècle. (1) cf. rapports Gautrelet et Babault pour qui Héricourt est un village. (2) La commune d'Héricourt, arrondissement de Lure, compte alors 6.136 habitants lors du dernier dénombrement de la population effectué en 1936. C'est la seconde commune la plus importante du département de Haute-Saône derrière Vesoul (11926) devant Lure (5970), Gray (5960) et Luxeuil-les-Bains (5691). Sur les 583 communes que compte la Haute-Saône, seules 32 ont une population qui dépasse 1.000 habitants et l'ensemble n'en totalise que 212.929.(3) à la fin des années 1930, les établissements Schwob d'Héricourt emploient 1.400 ouvriers sur les 2.500 qui travaillent pour l'industrie textile dont les ateliers comptent, à la veille de la guerre, quelques 3.000 métiers et 65.000 broches à Héricourt. En 1934, Le groupe Schwob est rebaptisé "Cotonnière d'Héricourt", puis "Société Cotonnière d'Héricourt du Nord et de l'Est" après leur fusion en 1939.
Dernière édition par Commando-Crapaud le Mer 10 Mai 2023 - 17:02, édité 1 fois |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mer 10 Mai 2023 - 16:42 | |
| Les combats se sont globalement déroulés le long de la route Besançon - Belfort, depuis l'entrée sud-ouest au carrefour stratégique, du parc du château des fougères jusqu'à la sortie de la ville au château de la Roseraie.
Dernière édition par Commando-Crapaud le Mer 10 Mai 2023 - 17:10, édité 2 fois |
| | | Math714 Caporal ADL
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mer 10 Mai 2023 - 16:50 | |
| Bonjour et tout d'abord merci pour vos recherches Commando-Crapaud.
C'est effectivement très complet et pour ce qui concerne le moment avant le combat, c'est plus ou moins clair (appart certaines zones d'ombres). Le déroulement du repli est assez clair.
C'est surtout le combat à Héricourt en lui-même qui est assez flou. Dans votre récit des opérations, vous sembler fortement insister sur le fait que Babault se justifie comme si ce qu'il écrivait était donc faux. J'ai cependant des réticences avec le rapport Allemand sur le déroulement des opérations.
De manière générale, le récit Allemand est assez court et finalement très peu détaillé. Il n'y a pas d'horaires, et surtout, les Allemands font quasi-disparaitre tout ce qui a trait aux Français et aux défenseurs. A lire leur rapport, on a l'impression que les Allemands n'ont rencontré presque aucune résistance, une ou deux mitrailleuses par-ci par-là et qu'ils ont fait le tour de la localité comme si de rien était. Sans mention du temps dans leur histoire on aurait presque l'impression qu'en 30 minutes 1 h le combat était plié. S'il y a eu autant de résistances pendant le combat que dans leur récit, pourquoi les Allemands ont-ils mis presque une journée entière pour enlever Héricourt ? Est-il réellement possible que 5 ou 6 h de tirs dans tous les sens et de combats (sans compter les pauses) aient fait seulement 7 hommes tués / blessés ? De plus, il n'y a aucune trace de la contre-attaque des Français de 14 h ni des tirs de mortiers. Il est difficilement possible de dire à quel moment du combat se termine le compte-rendu Allemand que vous avez fourni. Je continue de penser qu'il se termine un peu avant la contre-attaque Française mais rien permet de l'affirmer avec précision.
Le rapport du commandant Babault est très fourni et détaillé mais la légèreté du rapport Allemand ne permet pas de croiser les informations et donc de vérifier si ce que dit Babault est juste. En ce qui concerne les pertes, c'est sensiblement la même constatation. Chacun affirme avoir fait 80 tués / blessés dans chaque camp alors que presque personne n'a été tué/blessé selon les rapports ? Etrange... |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mer 10 Mai 2023 - 16:55 | |
| Vue du carrefour, hier et aujourd'hui, la grande rue qui descend vers le pont sur la Lizaine en direction de Belfort. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Mer 10 Mai 2023 - 18:50 | |
| - Math714 a écrit:
- Bonjour et tout d'abord merci pour vos recherches Commando-Crapaud.
C'est effectivement très complet et pour ce qui concerne le moment avant le combat, c'est plus ou moins clair (appart certaines zones d'ombres). Le déroulement du repli est assez clair.
C'est surtout le combat à Héricourt en lui-même qui est assez flou. Dans votre récit des opérations, vous sembler fortement insister sur le fait que Babault se justifie comme si ce qu'il écrivait était donc faux. Bonjour, Je vais bientôt aborder les combats et rentrer dans le vif du sujet. Cela me prend juste un peu plus de temps de rédiger, faire des cartes de situation, que de lire et rechercher les documents. Babault a perdu tout un bataillon, plutôt bien armé, positionné en défense dans une zone urbaine et industrielle, face à deux pelotons motocyclistes appuyés par quelques blindés de reconnaissance, trois pièces antichar et deux obusiers d'infanterie. On ne va pas en faire un évènement digne des plus grandes pages de l'histoire militaire nationale, ne croyez-vous pas ? Il s'en justifie, trop facilement à mon goût, en reportant toute la responsabilité de son échec sur les épaules du capitaine Pierron. - Math714 a écrit:
- J'ai cependant des réticences avec le rapport Allemand sur le déroulement des opérations.
De manière générale, le récit Allemand est assez court et finalement très peu détaillé. Il n'y a pas d'horaires, et surtout, les Allemands font quasi-disparaitre tout ce qui a trait aux Français et aux défenseurs. A lire leur rapport, on a l'impression que les Allemands n'ont rencontré presque aucune résistance, une ou deux mitrailleuses par-ci par-là et qu'ils ont fait le tour de la localité comme si de rien était. Sans mention du temps dans leur histoire on aurait presque l'impression qu'en 30 minutes 1 h le combat était plié. S'il y a eu autant de résistances pendant le combat que dans leur récit, pourquoi les Allemands ont-ils mis presque une journée entière pour enlever Héricourt ? Est-il réellement possible que 5 ou 6 h de tirs dans tous les sens et de combats (sans compter les pauses) aient fait seulement 7 hommes tués / blessés ? De plus, il n'y a aucune trace de la contre-attaque des Français de 14 h ni des tirs de mortiers. Il est difficilement possible de dire à quel moment du combat se termine le compte-rendu Allemand que vous avez fourni. Je continue de penser qu'il se termine un peu avant la contre-attaque Française mais rien permet de l'affirmer avec précision.
Le rapport du commandant Babault est très fourni et détaillé mais la légèreté du rapport Allemand ne permet pas de croiser les informations et donc de vérifier si ce que dit Babault est juste. Le rapport Babault est effectivement horodaté, assez détaillé, très à charge, mais cela n'empêche pas qu'il soit assez confus tant du point de vue des dates, heures et évènements décrits, comme nous le verront par la suite. Il l'était déjà, confus, lors du trajet de repli, où les dates inscrites sont en réalité fausses de 24 heures, à l'exception du jour de départ et d'arrivée. Selon moi, il y a suffisamment de points de concordance entre les deux rapports pour conclure qu'ils décrivent le même combat. C'est le point de vue qui diverge : l'un (Stephan) se borne à décrire des décisions opérationnelles et les grandes lignes de sa manoeuvre, des choses qui, à ce stade, relèvent de la routine pour ces vétérans de deux campagnes. L'autre (Babault) se noie dans des détails rapportés, des ouï-dire et des exagérations, tout en déroulant le fil d'un récit où il n'est pas toujours évident de s'y retrouver. - Math714 a écrit:
- En ce qui concerne les pertes, c'est sensiblement la même constatation. Chacun affirme avoir fait 80 tués / blessés dans chaque camp alors que presque personne n'a été tué/blessé selon les rapports ? Etrange...
Vous revenez encore là-dessus alors que j'ai déjà présenté les documents sources ci-dessus. Les pertes allemandes sont assurément ce qu'elles sont : 3 tués et 9 blessés, dont 4 légers pour tout le Pz.A.A. 4 pour la journée du 18 juin. Les pertes françaises sont de 10 tués et une trentaine de blessés pour les combats du même jour à Héricourt. D'où sortez-vous ces chiffres "que chacun affirme" de "80 tués / blessés dans chaque camp" ? L'unique mention de " 80 tués et autant de blessés", pour le côté français, qui figure dans un document de source primaire vient justement du rapport Stephan. C'est ce même document qui, selon vous, ne serait pas à retenir. Or, c'est un bilan rapporté par ouï-dire, car il ne l'a appris qu'après coup. D'un autre côté, on connaît exactement le bilan pour les 10 morts français (dont un est décédé de ses blessures, comme nous le verrons plus loin). Donc, il n'y a aucun "accord" dans les deux camps sur ces pertes comme vous semblez le suggérer car la source ne les a certainement pas vérifiées, pas plus que Babault n'a pu vérifier les 400 à 600 pertes subies du côté des Allemands, telles qu'elles lui ont aussi été rapportées par ouï-dire. Si cela vous semble étrange, c'est peut-être parce que vous prenez le problème à l'envers. Selon vous, la résistance a duré très longtemps donc les combats auraient dû faire beaucoup plus de victimes. L'autre explication est que les combats ont fait peu de victimes parce qu'ils n'ont pas été aussi intenses, tout au long de la journée, que la narration de Babault tente de nous le faire croire. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Jeu 11 Mai 2023 - 2:18 | |
| 17 Juin 1940 - III. Héricourt, mise en place du dispositif défensif. Nous avons appris, par l'entrée ci-dessus du 17 juin de "DM REGARD", que Babault avait reçu l'ordre d'orienter sa défense principale face à l'ouest : "ordre est donné au bataillon de défendre vers l'Ouest les villes de Frahier et Héricourt". Le danger principal viendrait donc, a priori, de la direction de Besançon et c'est exactement à cet endroit que Babault décide de placer la CM6 de Pierron, "en tête de pont de part et d'autre de la route de Besançon". - BABAULT a écrit:
21h00 : le plan de feu de première urgence est prêt à 20h00 (et contrôlé). Le capitaine Pierron demande alors que ses hommes sortent en ville. Le chef de bataillon lui fait remarquer "que ce n'est pas une question à poser et que l'ennemi peut attaquer d'un moment à l'autre : puisque l'ennemi occupe Gray et Montbéliard." Le capitaine hausse les épaules. Il reçoit les ordres et le plan de feu (calques et croquis).
Le capitaine Pierron ne donne aucun ordre. Le chef de bataillon y supplée, contrôle le plan de feu des canons de 25 et des FM de protection. Les hommes obéissent bien et les servants de 25 sont pleins de moral. Le capitaine ne donne toujours aucun ordre. Le commandant Babault lui intime l'ordre de faire placer ses douze MIT en batterie, en tête de pont de part et d'autre de la route de Besançon, et il repart pour recevoir la compagnie Chazelat.
22h00 : le chef de bataillon revient et trouve les officiers, sauf le lieutenant Busser, attablés devant une bouteille d'apéritif dans l'office du château(*). Les sous-officiers sont écoeurés et sollicitent l'appui du chef de bataillon, car le matériel MIT est toujours sur voiturettes. Un adjudant-chef commence à faire décharger les voiturettes (adjudant-chef Lenfant). Le chef de bataillon part installer ses lignes téléphoniques à son PC. et contrôler les plans de feu Chazelat. Compagnie Chazelat bien installée, barrage terminé, rien à craindre de ce côté.
(*) PC Château SCHWOB, maison Édouard SCHWOB, Faubourg de Besançon [maison patronale "Les Fougères"]
- DM REGARD a écrit:
(...) La CM6 s'installe aux entrées ouest et sud-ouest, la CM1, à l'entrée est, alors que l'EM et les pionniers et quelques sections d'engins de la CEFV1 (lieutenant Richardin) se placent en ville et au chateau SCHWOB. La nuit est calme, malgré le passage incessant de troupes polonaises refluant du Sud-Ouest vers Belfort. - GAUTRELET a écrit:
Lorsque vers 22 heures, tous les plans de combat défensifs furent établis par le commandant Babault, les quatre groupes passèrent à exécution : grosso-modo, l'état-major, commandant Babault, services généraux de la CHR et services sanitaires, s'établirent au château SCHWOB I ; la CM6, commandée par le capitaine Pierron s'établit au château SCHWOB II, avec barrage des routes de Lure, Villersexel(*) et Besançon ; la CM3 [sic], sous la direction du capitaine Chazelat, s'établit à l'entrée du village, route de Belfort, au delà du château SCHWOB I ; la CEFV1, dirigée par les lieutenants Christophe et Richardin, patrouillant aux avancées des lignes citées. Il est à noter que certains éléments de la CHR, (capitaine Cohen, les 25 brancardiers et quelques unités isolées) restés campés à Bas-Évette, ne rejoignirent jamais Héricourt et nous fûmes dans l'obligation de remédier à ces défections. La précipitation des évènements n'a pas permis d'aboutir et le manque de brancardiers, infirmiers en particulier, se fit cruellement sentir par la suite. La disposition générale était donc la suivante le 17 juin à 23 heures :
Schéma I
(*) Lure et Villersexel sont dans la même direction, Gautrelet veut certainement dire Montbéliard. La CM6, on s'en souvient, est la compagnie du 2e bataillon échangée au moment du départ de la position fortifiée, à la dernière minute, contre la CM2 du 1er bataillon. Babault, ayant déjà maintes fois souligné que le capitaine Pierron n'entend pas suivre ses instructions, lui confie malgré tout la défense du point stratégique de son dispositif... au lieu, par exemple, de l'abandonner à Frahier afin de conserver sa CM3. Quant à la CM1 de Chazelat, en qui il semble avoir toute confiance, il la conserve à proximité immédiate de son PC, qui est d'ailleurs situé à plus d'un kilomètre et demi de la position de Pierron, pour y former un simple bouchon face à l'est, en direction de Belfort. Nous constatons donc, qu'à la tombée de la nuit le 17 juin, Babault a abandonné au moins une trentaine d'hommes de la CHR et de l'EM qui campent toujours à Bas-Évette (nous apprend Gautrelet). Ceux-ci seront capturés sans avoir jamais pu rejoindre. La CM3, abandonnée à Frahier - sans appui-feu ni pièces antichar -, y sera encerclée et capturée sans aucun profit pour personne. Sur les 800 hommes qui lui restent, il en conserve 600 (CM3, CEFV1, EM, pionniers & CHR) avec la plupart des armes lourdes (les 6 mortiers et au moins 6 pièces antichar) près de son QG à l'extrémité est de la ville, c'est-à-dire, diamétralement à l'opposé de la direction du danger. Mais aucun plan d'action défensif n'est décrit dans son rapport, ni même l'ensemble des positions de son bataillon. Au lieu de cela, il se perd en conjectures au sujet du capitaine Pierron. Son horodatage et ses actions reportées sont aussi des plus confuses : à 21h00, il dit avoir livré et vérifié (à 20h00) un plan de feu que Pierron, qui prend l'apéro, n'aurait toujours pas exécuté à 22h00 ? Qu'a-t-il donc pu vérifier à 20h00, 21h00, 22h00 ? Où sont placées les armes ? Quelles sont les dispositions de combat ? Comment peut-il répondre à Pierron que les Allemands peuvent attaquer d'une minute à l'autre et ne pas se préoccuper de lui faire mettre en batterie les douze mitrailleuses qui sont toujours sur chenillette ? |
| | | Commando-Crapaud Caporal
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Jeu 11 Mai 2023 - 17:29 | |
| 17 Juin 1940 - Héricourt, du côté des Allemands I. Pour en finir avec la journée du 17 juin, voici ce qui se passe au même moment de l'autre côté de la colline. Je ne vous cache pas que la lecture des journaux de la 1ère PzD, à partir de cette date, est assez déprimante car les combats se font rares. La plupart des feuillets se terminent par "aucune perte" (ou presque) pour la capture d'innombrables prisonniers avec tout leur équipement - en particulier, lors de l'interception des trains bondés qui refluent vers le sud. Tout d'abord, les fragments de pages survivantes du KTB de la division évoquent le nettoyage de Besançon au cours de la nuit, quartier par quartier, maison par maison, pour mettre la main sur les troupes françaises qui se sont éparpillées dans la cité. Le bataillon de sécurité de la division est débordé car il doit organiser la prise en charge et la surveillance des prisonniers qui ne peuvent être déplacés sans risquer de saturer complètement le réseau routier. L'autre fragment donne la répartition des unités de combat entre les deux groupements et le plan de marche de la division. Celle-ci doit se mettre en marche au signal diffusé par le corps d'armée : "Vorwärts !" - en avant ! Dans la matinée, le groupement Krüger reçoit l'ordre de constituer un sous-groupement (Major Wietersheim) comprenant son bataillon motocycliste (K.1) renforcé par une batterie d'artillerie, une compagnie antichar et une compagnie de chars. Il doit couper la route de repli, au sud-est de Besançon, vers la frontière suisse en direction Morteau, passage via Ornans ou tout autre pont franchissable sur le Doubs. De ce fait, ce groupement s'éloigne pour vingt-quatre heures du reste de la division et ne nous concerne plus. Ordres du corps d'armée concernant les objectifs initiaux qui sont : - pour le groupement Nedtwig, à gauche, Héricourt ; - pour le groupement Krüger, à droite, Montbéliard ; - pour le Pz.A.A. 4, qui doit sécuriser le secteur entre les deux colonnes, l'objectif donné est Bussurel, ce qui est curieux (mauvaise carte ?) car cet endroit n'est accessible par la route qu'en passant par Héricourt ou Montbéliard. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 12 Mai 2023 - 18:15 | |
| 17 Juin 1940 - Héricourt, du côté des Allemands II 12h30 : le fameux, et tristement funeste, message du Maréchal Pétain "C'est le coeur serré... blah blah blah... qu'il faut cesser le combat" est diffusé sur toutes les stations radio françaises. La nouvelle se propage rapidement dans toutes les unités de la 1ère division blindée allemande. Des explosions de joie accueillent cette nouvelle mais le commandement rappelle à tous que l'armistice n'est pas encore signé et qu'il reste du travail à terminer. Joignant le geste à la parole, il fait interdire toute distribution d'alcool. 16h00 : "Vorwärts !" - Les trois colonnes se mettent en marche. 17h50 : le groupement Krüger atteint Baume-les-Dames ; le Pz.A.A.4 est à Rougemont ; le groupement Nedtwig est à Oiselay. 19h45 : le groupement Krüger est à Longevelle et se dirige vers Montbéliard. À la même heure, le Pz.A.A.4 atteint Aibre où il se regroupe pour passer la nuit. Les éclaireurs de l'avant-garde poussent leurs patrouilles vers Héricourt tandis que deux officiers du bataillon sont dépéchés à Belfort porteurs d'une demande de reddition de la place forte. 21h20 : le gros du groupement Nedtwig fait étape à Vellechevreux ; le groupe Breusing, qui forme l'avant-garde, s'établit en sûreté devant Saulnot (à une douzaine de km à l'ouest d'Héricourt) ; depuis son départ de Bonboillon, au nord-ouest de Besançon, plus de 70 km ont été couverts sans rencontrer d'opposition. Ce n'est qu'après Vellechevreux, à Saulnot, que l'avant-garde rencontre un premier barrage qui est tenu par des troupes (polonaises ?) qui ne se rendent pas. 23h05 : le Pz.A.A. 4, qui a envoyé son groupe d'éclaireurs à Héricourt, signale que cette localité est fortement occupée par l'ennemi ; départ, peu après, de deux officiers du groupement Nedtwig qui se joignent à ceux du bataillon de reconnaissance pour tenter de convaincre le commandement de Belfort d'écouter le maréchal Pétain, afin d'économiser le sang, de déposer les armes. L'un d'eux est l'Oberleutenant Karl von Kleist, officier en second du 2e régiment de chars. 18 juin 1940 04h42 : la nuit s'est déroulée tranquillement et le jour commence à poindre. On est toujours sans aucune nouvelles des parlementaires. Ordre est donc donné par la division d'attaquer Belfort. Le groupement Krüger, après avoir fini de nettoyer Montbéliard, attaquera Belfort par le sud. Le groupement Nedtwig, en passant par Châlonvillars, attaquera Belfort par le nord-ouest. De son côté, en étudiant la carte, Nedtwig décide d'assigner à son groupement, comme premier objectif, Giromagny, où deux forts sont indiqués. On pivotera ensuite vers le sud pour attaquer Belfort par le nord comme il en a reçu l'ordre. Le groupement devra suivre la route, à partir de Vellechevreux, Athesans - Lyoffans - Ronchamp - Plancher-Bas - Auxelles-Bas - Giromagny. 05h15 : retour des officiers envoyés à Belfort, porteurs du refus des Français de capituler. 07h30 : entrée du groupement Krüger dans Belfort-sud ; le groupement Nedtwig, quant-à-lui, est à Ronchamp où il trouve la voie ferrée couverte de troupes du génie descendues d'un train, parmi tout ceux qui encombrent les voies. etc. 11h40 : le groupe Breusing, à l'avant-garde du groupement Nedtwig, atteint Auxelles-Bas et engage le combat contre les forts nord et sud de Giromagny. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 12 Mai 2023 - 23:15 | |
| 18 Juin 1940 - Héricourt, du côté des Allemands III J'ai pris de l'avance sur la chronologie, côté allemand, car il n'est pas question de s'intéresser aux combats de Giromagny ou Belfort. Il n'en aura été question, jusqu'ici, que pour écarter l'hypothèse d'un engagement d'autres unités de la division dans le combat d'Héricourt. On a vu que l'avant-garde de Nedtwig, le groupe Breusing, qui était parvenue à une douzaine de kilomètres d'Héricourt dans la soirée du 17, avait tourné les talons le matin du 18 pour remonter vers le nord, toujours en pointe du groupement. Quant aux journaux de Krüger et de ses subordonnés, pas une seule mention d'Héricourt dans les opérations du 18 juin. Il y a bien un détail concernant le 2e groupe du 73e régiment d'artillerie à qui la division avait demandé, dans l'après-midi du 18 juin, de détacher sa 6e batterie auprès du Pz.A.A 4. Effectivement, le bataillon de reconnaissance de la division s'était vu confier une nouvelle mission (à la frontière suisse) - comme Stephan le dit d'ailleurs dans son rapport. Donc, sans éléments nouveaux, la probabilité que d'autres unités que le Pz.A.A 4 aient participé au combat d'Héricourt semble quasi nulle. À l'inverse, que des unités du Pz.A.A 4 aient conjointement participé aux combats de Belfort est tout à fait possible. La présence de "Spähtruppen" à Belfort est plusieurs fois mentionnée, sans référence explicite à leur appartenance. On sait, par ailleurs, que le capitaine Stephan était le commandant de la première compagnie, bien qu'on lui ait subordonné, lors de ce combat, des éléments appartenant aux compagnies de motocyclistes et d'engins. Dans le bataillon, la première et la seconde compagnie ont une dotation de blindés de reconnaissance (mixte, lourds et légers). La troisième est celle des motocyclistes, dont deux pelotons sont engagés par Stephan. La quatrième est celle des engins, dont les deux obusiers d'infanterie, les trois pièces antichar et le groupe de pionniers sont aussi engagés par Stephan. Manquent à l'appel, comme éléments de combat, la seconde compagnie blindée, le troisième peloton moto (qui arrive en fin de combat) et la section MG de la compagnie moto. À partir de ces éléments, le chef de bataillon avait très bien pu constituer des sections d'éclaireurs ("Spähtruppen") pour continuer à sillonner le secteur, y compris dans la ville même de Belfort. Ce qui nous améne à ces fameuses patrouilles de reconnaissance, dont celle qui se fera surprendre à l'entrée d'Héricourt au cours de la nuit du 17 au 18. Retour aux Français. ^ci-dessus : on peut observer un char-canon suivi de deux autos de touristes blindées, doublant une colonne de soldats motocyclistes polonais, de la force "G" pour "Gdansk", arrêtés au bord de la route, au printemps 1940, quelque part en France. [<-- sarcasme]
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| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Sam 13 Mai 2023 - 1:25 | |
| 18 Juin 1940 - Héricourt, le carrefour de tous les dangers Pour savoir ce qui s'est réellement passé au cour de cette nuit, rien ne vaut la confrontation entre les différents témoignages. Pour "DM REGARD", alors qu'on parlait juste avant d'une nuit calme, les attaques allemandes se seraient maintenant succédées jusqu'au matin. Comme le narratif s'éloigne aussi de BABAULT et GAUTRELET, on comprend qu'il puise à d'autres sources d'information, évoquant aussi le sort des CHR1 et CM3. - DM REGARD a écrit:
18 Juin 1940 : les éléments motorisés allemands arrivent devant Héricourt entre 1h et 4h du matin et attaquent immédiatement l'entrée de la ville. La CM6 (Cpt PIERRON) est rapidement encerclée, désorganisée et neutralisée. Vers 6h, la deuxième attaque débute. Seuls quelques éléments disparates parviennent à se replier sur le centre ville. Les combats se passent alors maison par maison; l'avance ennemie est stoppée, mais des troupes peuvent contourner Héricourt et couper la liaison avec la CM3 toujours à Frahier.
La CHR1, le Cpt COHEN et le train sont capturés le matin même par des éléments motorisés allemands venant de Belfort alors que la compagnie entame son déplacement vers Héricourt. BABAULT, de son côté, hésite entre son réquisitoire contre PIERRON et une narration approximative et confuse des évènements, ce qui nuit forcément à l'un comme à l'autre ; l'horodatage, - comme sa manière d'ortographier les noms propres - semble tout à fait fantaisiste. On peut aussi noter que, bien que les deux châteaux soient reliés par des lignes téléphoniques, toutes les liaisons se font par estafette, soit trois kilomètres aller et retour ! - BABAULT a écrit:
00h15 : un cycliste annonce au chef de bataillon qu'un convoi motorisé s'est présenté à la barrière de la route de Besançon (convoi ennemi). Le canon de 25 de ce barrage les a pris à partie (sergent Lassange [sic] et chargeur Leduc) et a pluvérisé deux automitrailleuses blindées et une motocyclette. Les servants du FM et le sous-lieutenant Dandonneau les prennent d'assaut et ramènent deux prisonniers, dont un blessé (officier). Des cadavres restent dans les voitures. Le convoi est incendié immédiatement.
01h00 : message du capitaine Pierron qui demande à se replier alors que nous sommes vainqueurs et en très bonne posture. Refus du chef de bataillon. Un message, soit-disant de Belfort, est alors adressé au chef de bataillon par le capitaine Pierron : il est écrit que le général Girol donne l'ordre formel de repli. Le chef de bataillon entre en liaison avec Belfort et le général déclare qu'il n'a jamais donné l'ordre de repli, au contraire, il félicite le bataillon pour l'hécatombe de 00h15. Le capitaine Pierron : suspect.
01h30 : un motocycliste ne répond pas aux sommations de la barrière, route de Lure. Il est abattu : c'est un Polonais.
02h00 : une voiture de touriste allemande blindée se présente à la barrière de la route de Lure, drapeau blanc éclairé par un projecteur : trois officiers allemands en descendent. On leur bande les yeux et le capitaine Pierron les reçoit (sans en parler au chef de bataillon avec qui il est pourtant en relation par téléphone). Il les envoie à Belfort, sans leur voiture, accompagnés du lieutenant Patay [sic], les yeux non-bandés (grosse faute, peut-être volontaire, car le lieutenant Pattey les conduit jusqu'au PC du général, de cette façon, ils connaissent l'itinéraire).
03h00 : retour de Belfort des parlementaires avec leur lettre de demande de capitulation de Belfort et d'Héricourt. Le chef de bataillon félicite le sergent Lassaussée (*) et le chargeur Leduc pour leur exploit de 00h15 et leur remet la croix de guerre (croix de guerre disponibles). Le chef de bataillon, prévenu, refuse de se rendre. Les parlementaires sont renvoyés dans leurs lignes.
L'officier blessé est conduit au PC puis à l'hôpital d'Héricourt. Le prisonnier vivant est enfermé au PC du bataillon. Interrogé, le prisonnier déclare que l'ennemi a été surpris de cette résistance et qu'un officier plus quinze hommes ont été tués dans le combat de 00h15.
04h00 : le chef de bataillon réitère au capitaine Pierron l'ordre de résister, de tenir coûte que coûte, et de ne pas se replier avant qu'il ne vienne lui-même le dire. Liaison avec CM3 et Belfort assurée. Plein d'essence pour les chenillettes, bataillon prêt (sauf CHR). Ravitaillement assuré dans le village. Poste ER essaie en vain de doubler liaison avec Belfort qui ne nous a pas donné d'indicatif malgré notre demande.
05h00 : liaison téléphonique coupée avec Belfort, les Allemands sont vraissemblablement sur la route de Belfort à Héricourt, grâce à la prise de Montbéliard, ou bien Belfort a coupé par précaution.
05h45 : le médecin-lieutenant Gautrelet et le blessé Boès (volontaire) partent volontairement à Belfort avec une camionnette, conducteur [Pheulpin?]. Il réussit à passer entre les lignes ennemies. Il fait la liaison avec le général Girol. Il revient désenchanté : on ne lui a pas donné d'indicatif de TSF; les troupes de Belfort sont desemparées.
(*) Le sergent Lassaussée est appelé par erreur "Lassange" tout au long du rapport Babault. Le général Girol est "Girolles", etc. Puisqu'on parle de lui, voici ce qu'il en dit. Et, comme précédemment, c'est encore le médecin qui livre les informations les plus claires et les plus crédibles ; en outre, elles sont accompagnées d'un croquis (même s'il dessine aussi mal qu'il écrit !). Le premier paragraphe peut être horodaté du 17 Juin 1940 - avant minuit - puisqu'il qu'il va ensuite se coucher, très fatigué, "vers minuit". - GAUTRELET a écrit:
Premier incident : je me trouvais au PC, organisant le service de Santé, lorsqu'on vint me chercher pour une urgence au carrefour. Il s'agissait d'un officier polonais tué par erreur par nos sentinelles. Le corps fut enlevé par une voiture de la formation polonaise qui avait quitté Héricourt et bivouaquait aux environs. J'eus l'occasion de revoir, vers 3 heures, le corps de cet officier au fond d'une automobile de touriste ; un officier, conduit par un chauffeur, également polonais, recherchait son groupe. Je lui indiquais que la route de Belfort était probablement libre.
[18 Juin 1940]
Premier combat : je m'étais couché, très fatigué, vers minuit, lorsqu'à trois heures du matin, un homme portant un papier vint me réveiller : combat d'éléments allemands blindés avec nos antichars 25. L'ennemi est arrivé au niveau du carrefour. Un Allemand est blessé, fait prisonnier et attend des soins au château SCHWOB II. Je m'y rends aussitôt et je trouve en effet un homme présentant une dislocation du genou avec présence de projectile intra-articulaire. Je le fis transporter par deux brancardiers au château SCHWOB I et me rendis auprès du capitaine Pierron dans la pièce voisine. Celui-ci me conta le combat qui venait de se dérouler : une automitrailleuse arrêtée au barrage Faubourg de Besançon par quelques coups de 25. [Quand] je suis rentré la voiture brûlait encore, en particulier les munitions explosant à chaque instant. Une touriste allemande avait pu repartir par ses moyens.
Les plénipotentiaires : revenant auprès du capitaine Pierron, au château SCHWOB II, je vis dans la pièce attenant au salon, deux officiers assis dans des fauteuils. Le capitaine m'exposa que, simultanément à l'attaque de l'automitrailleuse et venant par la route de Lure, quatre officiers étaient venus en voiture militaire. Deux restaient en otage, tandis que deux autres étaient partis avec le lieutenant Pattey portant des documents pour discuter de la cessation du combat et la reddition de la ville. Pendant ce temps, - soit entre une heure et trois heures -, de nouveaux coups de téléphone furent échangés, d'une part entre le commissaire de police et un inconnu, se faisant passer pour le commandement français, d'autre part entre le capitaine Pierron et le général Girol, au sujet de la situation résultant de la première attaque et l'envoi des plénipotentiaires. Les conclusions de ces conversations furent :
- ordre du général Girol lui-même : retirez-vous ; - ordre du commandant Babault : luttez jusqu'au bout.
Et c'est ainsi que les quatre plénipotentiaires furent reconduits par le lieutenant Pattey vers les positions ennemies. Entre-temps, j'étais allé mettre le commandant Babault au courant de ces conversations. Le commandant avait téléphoné au commissariat du général Girol lui-même qui avait répliqué au commandant refusant de se rendre : " Prenez vos responsabilités, je ne suis pas juge de la situation." Par ailleurs, le général, apprenant le combat, accorda quatre croix de guerre au commandant avec promesse de citation à la division.
Prise d'armes : le commandant Babault vit les plénipotentiaires, avant de les renvoyer, examiner le terrain du combat au carrefour. Je revis la voiture des polonais transportant le corps de l'officier tué par erreur. Puis, à la pointe du jour, le commandant remît, en présence d'un piquet d'honneur, du capitaine Pierron et de moi-même, deux croix de guerre, l'une au soldat Leduc, l'autre à un deuxième classe également, qui avaient, par leur courage et présence d'esprit, arrêté l'élan allemand. Ces deux hommes méritaient tout spécialement la croix : le soldat Leduc fut tué le même jour, au cours de l'après-midi, et l'autre m'a servi de chauffeur dans des conditions spéciales et sur lesquelles nous reviendrons. À 5h30, j'allais me coucher pour la deuxième fois, jusqu'à 6h30. La situation du carrefour entre trois heures et quatre heures avait été la suivante : Schéma II (voir ci-dessous) - GAUTRELET a écrit:
À signaler qu'avant de me séparer du capitaine Pierron et du lieutenant Pattey, ces deux officiers, d'un cran et d'un sang-froid exemplaires, me dirent séparément : le plan de résistance du commandant est bon, mais les hommes ne pourront pas tenir en raison de la fatigue et de la tension nerveuse à la suite de ce combat qui est leur premier contact avec le feu.
Dernière édition par Commando-Crapaud le Dim 14 Mai 2023 - 16:55, édité 3 fois |
| | | Commando-Crapaud Caporal
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Sam 13 Mai 2023 - 22:15 | |
| Essayons maintenant de préciser le déroulement des évènements au cours de la nuit : Premièrement, contrairement à ce qui est dit par "DM REGARD", ce n'est qu'au matin du 18 juin que débute la première attaque allemande à Héricourt. L'ordre d'attaque a été donné à 04h10 et l'on sait que les Allemands ont tout d'abord cherché à obtenir la reddition des Français. On peut donc supposer que le premier accrochage de 00h15 ne soit pas délibéré, mais qu'il résulte de la mise en place des barrages antichar au carrefour dit "stratégique". Il s'agissait probablement de la Spähtrupp von Miltitz, de la première compagnie, qui assurait la sûreté du bataillon sur la route d'Héricourt (STEPHAN). On se souvient que des patrouilles avaient circulé trois fois par ce même carrefour, le 17 juin entre 20h00 et 22h00, identifiées par le capitaine Chazelat comme resemblant à des véhicules polonais bien que les allemands en utilisaient de semblables (GAUTRELET). Or, la description de ces "trois véhicules dissemblables" correspond bien à une patrouille de type groupe de reconnaissance. Celle-ci est presque toujours constituée d'un mélange de 2 à 4 véhicules blindés, lourds et légers, dont au moins un est un véhicule radio. Selon la mission, elle est parfois renforcée par d'autres éléments (fusiliers, pionniers, etc.). Malheureusement, les rapports de ces patrouilles, dont un grand nombre est annexé au KTB de la division pour le mois de mai, sont manquants pour le mois de juin. On sait juste, par les entrées des journaux, qu'elle a signalé par radio la mise en défense d'Héricourt dès 23h05 le 17, soit juste après que les premiers barrages furent dressés. Deuxièmement, nous connaissons, par le biais du 2e régiment blindé, la durée de la mission des négociateurs allemands : départ à 23h00 le 17 et retour à 05h15 le 18. Si l'on en croit Babault, l'accrochage du carrefour s'est produit à 00h15 - Gautrelet écrit que l'arrivée des négociateurs au carrefour, route de Lure, était simultanée avec l'accrochage de la route de Besançon. Les négociateurs auraient donc mis une heure et quart pour arriver au barrage d'Héricourt. Au retour, ils devraient avoir récupéré leur véhicule au carrefour vers 04h00 du matin, ce qui correspond très bien avec la version Gautrelet. Outre les différences dans la séquence des évènements, nous pouvons aussi constater que bien des détails divergent entre Babault et Gautrelet. Le moins que l'on puisse dire c'est que la description de l'action et son bilan ne sont pas les mêmes entre les deux rapports. De même, ce motocycliste polonais abattu à 01h30 est bien polonais, mais cet officier a été tué par les sentinelles avant minuit, dans son automobile, où son corps gisait toujours à trois heures du matin. Peut-on alors vraiment se fier aux facultés de mémoire de Babault ? On remarquera aussi qu'il se trompe sur presque tous les noms propres, ce qui nous interroge sur la date de rédaction du document (supposée être le 25 juin 1940). Troisièmement : qui était donc l'homme décoré, lors de la prise d'arme, en compagnie du soldat Leduc : le sergent "Lassange" (Lassaussée) ou bien le deuxième classe (*) - probablement le tireur de la pièce antichar -, qui a servi par la suite de chauffeur à Gautrelet ? (*) dont le nom était probablement Buch (GAUTRELET) mais que Babault (ou son transcripteur) a écrit "Boès".Notez bien les différences et similitudes entre ce texte publié au JO du 12 mai 1941 et le passage en question dans le rapport Babault : |
| | | Commando-Crapaud Caporal
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Dim 14 Mai 2023 - 18:25 | |
| Au sujet des pertes allemandes lors de "l'accrochage de "00h15" Nous avons vu précédemment qu'il n'est pas possible de vérifier, avec précision, les pertes en véhicules des allemands : les situations journalières détaillées étant perdues. Par contre, ont été conservées les situations journalières pour le personnel du Pz.A.A. 4. Ces états ne sont pas nomminatifs, sauf pour les officiers. En se basant sur ces documents, nous pouvons d'ores et déjà écarter le fait que le blessé allemand évacué vers le PC du bataillon fut un officier (BABAULT & J.O.^). En effet, selon ces mêmes états il n'y eut qu'un seul officier blessé le 18 juin (lieutenant Lienau) dont la blessure était légère (pas d'hospitalisation). L'autre officier, cité dans ce rapport, est le sous-lieutenant v. Miltitz qui a été tué. Qui plus est, Miltitz et Lienau ont tous deux participé aux combats suivants durant la journée (STEPHAN). Même en élargissant à la période du 17 au 19 juin, en cas d'erreur de dates, aucun officier du bataillon n'aurait été sérieusement blessé au cours de cette période (cf. tableau des pertes posté ci-dessus). Il peut cependant s'agir d'un sous-officier car l'un d'entre eux est indiqué comme ayant été sérieusement blessé le 18 juin. Nous avons donc la possibilité d'endorser un bilan, selon la source, qui serait de : - un véhicule blindé incendié avec un prisonnier blessé et évacué (GAUTRELET). - deux automitrailleuses blindées et une motocyclette pulvérisés, deux prisonniers, dont un officier évacué, auxquels s'ajoutent un officier et quinze soldats tués (BABAULT). - deux automitrailleuses, deux [camions] de transport, une voiture de tourisme bâchée et deux motocyclettes, avec deux prisonniers, dont un officier (J.O.*) Pour ma part, j'accorderai plus de crédit à la version Gautrelet qui aura pu constater par lui-même la situation au carrefour et, surtout, qui n'est pas contredite par les archives allemandes. Venant appuyer son témoignage, il existe bien une photo, d'assez mauvaise qualité, de l'épave du sd.Kfz.22x détruit Faubourg de Besançon dans la nuit du 17 au 18 juin 1940, publiée dans " La Haute-Saône dans la Deuxième guerre mondiale. 2, L'invasion 1939-1940 / Jean-Claude Grandhay - 1990" On y voit une carcasse d'un véhicule blindé entièrement canibalisée et abandonnée au bord d'un talus qui peut bien être celui au bord de la route, à une cinquantaine de mètres de l'actuelle gendarmerie, à la limite du bois et du parc du château Schwob II. L'engin semble avoir été un véhicule radio (restes des attaches d'antennes) et de commandement (sans tourelle). Les pneus ont été prélevés sans avoir brûlé. Vu la qualité du cliché, il est difficile de dire si il subsiste des traces visibles d'un incendie sur l'épave. L'hypothèse serait que l'autre véhicule signalé par Pierron ait pu faire demi-tour, embarquant l'équipage valide du véhicule immobilisé, laissant sur place le blessé atteint au genou. Le groupe d'assaut français l'aurait ensuite récupéré avant de grenader l'épave, causant un incendie à l'intérieur du véhicule (munitions qui brûlaient selon Gautrelet). (*) heureusement que ce J.O. date de mai 1941 ; au mois de mai 1942, ce serait tout le bataillon allemand qui aurait été détruit par ce canon antichar. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 19 Mai 2023 - 6:20 | |
| 18 juin 1940 : Héricourt, l'attaque allemande (1) Dans sa dernière entrée, Babault, nous parlait d'une liaison avec Belfort effectuée à 05h45 par le lieutenant Gautrelet, bien que celui-ci dise qu'il dormait entre 05h30 et 06h30. Il place ensuite à 7 heures du matin le début de l'attaque allemande mais cette fois, personne ne le contredit là dessus. - BABAULT a écrit:
07h00 : coups de feu et coups de canon de 25 sont entendus autour de la compagnie Pierron. Le chef de bataillon file à bicyclette au carrefour stratégique et voit la compagnie Pierron se replier sous la conduite de son chef. Il force le capitaine à partir en avant. Ce dernier, absolument affolé, répond qu'il n'en a pas le courage. Le chef de bataillon prend le commandement de la compagnie et fait remonter toutes les sections : sections Busser et Dandonneau* dans les jardins entre les routes de Besançon et Montbéliard, sections Patey et Lenfant dans le parc du château.
(*) ou Dandonot, selon la source. On notera les positions vers lesquelles sont renvoyées les quatre sections de combat de la compagnie de mitrailleurs n°6 (CM6) de Pierron qui dispose pour lui-même d'une section de commandement avec les éléments de soutien. La puissance de feu de la compagnie n'est pas négligeable avec ses trois sections de mitrailleurs, chacune alignant quatre mitrailleuses Hotchkiss et deux fusils-mitrailleurs, plus une section de fusiliers-voltigeurs armés de trois FM. Cela fait donc, au total, douze mitrailleuses et neuf FM, soit 21 armes automatiques, pour environ cent-soixante hommes dans ces quatre sections de combat. On sait par ailleurs que le lieutenant Busser et l'adjudant Lenfant commandent chacun une section de mitrailleurs. Reste un doute sur la nature de la section du lieutenant Patey, probablement des mitrailleurs, et la section Dandonneau (Dandonot?), alors fusiliers-voltigeurs. - GAUTRELET a écrit:
la lutte reprit le matin du 18. On entendit des coups de 25, suivis de F.M. et coups de canons puissants au loin (défense de Belfort). Que se passa-t-il ? Je l'ignore ![...] Je n'eus pas le loisir de me rendre sur les centres du combat ; je conduisis l'Allemand blessé du PC à l'hôpital, dans une voiture de passage. Gautrelet, qui dit s'être levé à 06h30, n'est donc pas parti pour Belfort mais s'est rendu à l'hôpital d'Héricourt pour y conduire l'Allemand blessé dans la nuit (celui qui a un projectile dans le genou). J'ai dû charcuter un peu son rapport pour replacer les évènements dans l'ordre chronologique ; autrement ce serait difficile de le suivre. Pour Stephan, ci-dessous, j'ai juste amélioré la traduction pour qu'elle soit plus lisible. - STEPHAN a écrit:
Juste avant d'atteindre le bois à l'entrée sud d'Héricourt, nos éclaireurs signalèrent une mitrailleuse tirant depuis la lisière du bois près de la route. J'indiquais approximativement la position à neutraliser au chef de la première section de fusiliers motocyclistes mais la mitrailleuse s'était déjà repliée. La colonne se déploya pour l'attaque d'Héricourt.
La section d'obusiers reçut l'ordre de prendre position et d'ouvrir le feu sur la périphérie sud de la localité. Les deux sections motocyclistes se déployaient de part et d'autre de la route où avançaient les véhicules blindés. Je choisis d'installer mon PC et la section d'obusiers derrière une petite butte à proximité de la route. J'y conservais aussi, à ma disposition, la section antichar et le groupe de pionniers. Ce qui nous amène à observer le terrain à l'entrée empruntée par les Allemands, Faubourg de Besançon. On y trouve, effectivement, une côte, entre deux zones boisées à l'entrée d'Héricourt, en direction de Belfort. Cette zone plus élevée à droite de la route est aujourd'hui presque entièrement lotie d'habitations qui n'existaient pas à l'époque. En fait, on voit déjà - ci-dessous cerclé de jaune sur la photo aérienne des années cinquante - une nouvelle zone d'habitation sur un terrain qui est beaucoup plus clair que le reste, donc de construction récente. Cela se vérifie sur la carte topographique, qui est plus ancienne, où ce lotissement n'existait pas entre la cité Dollfus et la route de Besançon. Il y avait juste quelques habitations qui bordaient la route de Montbéliard et probablement ces jardins dont il est question. C'est la position que devait tenir une moitié de la CM6, les sections Dandonot & Patey, en face de la butte tenue par l'ennemi. On voit bien, à l'emplacement marqué "Réservoir" sur la carte topographique, une hauteur derrière laquelle Stephan avait probablement placé son PC. On s'aperçoit aussi qu'en s'infiltrant dans le bois du Mougnot, les Allemands pouvaient progresser, probablement masqués, vers le parc du château, si rien n'avait été entrepris pour défendre le bois. |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 19 Mai 2023 - 19:06 | |
| 18 juin 1940 : Héricourt, l'attaque allemande (II) les moyens français En plus de la CM6, les barrages du carrefour sont occupés par au moins une section antichar, à 3 pièces de 25 et trois FM, de la CEFV1 du lieutenant Richardin. En fait, quatre pièces sont mentionnées plusieurs fois sans qu'on nous décrive précisément leur emploi. Théoriquement, la compagnie d'engins et de fusiliers-voltigeurs du premier bataillon compte six sections : - trois sections antichars qui totalisent neuf pièces de 25 mm (et neuf FM de protection?) ; - une section de mortiers avec six pièces de 81 mm - deux sections de fusiliers-voltigeurs (qui patrouillent entre les deux châteaux), soit six FM supplémentaires. Il existe aussi des armes de remplacement au niveau de la colonne de ravitaillement du bataillon. Probablement qu'au moins une pièce antichar de 25 mm s'ajouterait à ce décompte (4 pièces au carrefour + 2 pièces au second barrage + 4 pièces restant à la compagnie Chazelat = 10 au lieu de 9). En outre, il est fort probable que les barrages du carrefour soient toujours en cours de construction et occupés par les pionniers car on apprend, via la citation tardive [ci-dessous] du lieutenant Busser, que sa résistance, au château Schwob II, aurait permis le décrochage de deux sections de pionniers - bien qu'il n'y en eut probablement qu'une seule! Ces trois chenillettes, plusieurs fois mentionnées, appartiendraient-elles à la section de pionniers du bataillon ? Finalement, on trouve un joli croquis dans le rapport Babault [ci-dessous] mais celui-ci se limite aux barrages du carrefour. On y voit, plus précisément, grâce aux bâtiments, la position générale de chaque pièce antichar et de son FM de protection représentés par un couple de lettres : A-B route de Montbéliard ; C-D route de Besançon ; E-F route de Lure. Nulle part, il n'est fait mention des autres positions occupées et/ou défendues par le bataillon. On ne peut s'en faire une idée qu'avec la description de l'avance allemande et quelques indices dans les rapports - avec toutes les lacunes que cela comporte. Publié dans "La Croix du 27 décembre 1947, page 2, via Gallica, bnf.fr |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 19 Mai 2023 - 19:41 | |
| Petit retour arrière sur l'épave du faubourg de Besançon, de ce qui ressemblerait à un sd.Kfz. 221 modifié sur le terrain, version radio-commandement, comme sur la troisième photo en bas : |
| | | avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10678 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 19 Mai 2023 - 20:05 | |
| Bonsoir, il doit s'agir d'un Sd.Kfz 223 Leichte Panzerspähwagen (Fu) Cordialement |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 19 Mai 2023 - 21:06 | |
| - avz94 a écrit:
- Bonsoir,
il doit s'agir d'un Sd.Kfz 223 Leichte Panzerspähwagen (Fu) Je ne crois pas non car cette version a bien une tourelle, comme sur la photo que vous avez présentée. Observez bien la différence entre la dernière photo de mon montage, où la tourelle n'existe pas... comme sur l'épave d'Héricourt. Il existe bel et bien une version, modifiée sur le terrain, du 221 sans tourelle, utilisée afin de palier au déficit chronique en 223. Sd.Kfz.221 Radio and Command VehiclesDuring the war, the German Army suffered from a severe lack of command and radio vehicles. Therefore, many replacement or old vehicles had to be reused for this purpose. The obsolete Sd.Kfz.221, with its MG armament or even the AT rifle and the expensive AT gun variants, was too weak to defend itself on the battlefield. For this reason and due to a shortage of radio vehicles such as the Sd.Kfz.223, an unknown number of 221s were converted into radio vehicles. Since these were mostly field conversions, the vehicles differed greatly from each other. Some had their turret removed, whilst some still mounted it. However, all vehicles were outfitted with some kind of antenna. Early during the war, this antenna would be a Rahmenantenne (Eng. frame antenna). Although these antennas differ in size and height from vehicle to vehicle, all of them were smaller and narrower than the one fitted on the Sd. Kfz. 223. Conversions were presumably done by the 7th Panzer Division, as their armored car company was refitted with French armored cars and they, therefore, had a stockpile of Sd.Kfz.221s. At the same time, their radio vehicles were removed from the signal detachment. Therefore, the spare Sd.Kfz.221s were refitted with the radios. The same can be said about the 20th Panzer Division. There is a possibility that other divisions did the same at a later point. https://tanks-encyclopedia.com/ww2/nazi_germany/sdkfz-221-222-223.php avec cet autre exemple ici : |
| | | avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10678 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 19 Mai 2023 - 21:11 | |
| Bonsoir, la tourelle existe bien elle mais elle n'est plus à sa place, elle est dans le cercle rouge Cordialement |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Ven 19 Mai 2023 - 21:18 | |
| Bonsoir, La tourelle de ces engins est définitivement octogonale (au pire, hexagonale). Ce que je vois sur l'image est peut-être les restes de la fixation pour la roue de secours, ou tout autre élément extérieur de carrosserie (garde-boue ?) mais ça ne ressemble certainement pas à une tourelle. Bien cordialement édition (ajout) : vous pouvez aussi constater que le véhicule est ouvert, comme sur un half-track de commandement, sans cette plaque horizontale sur laquelle les tourelles sont montées dans un 221-223.
Dernière édition par Commando-Crapaud le Dim 21 Mai 2023 - 4:13, édité 1 fois |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Dim 21 Mai 2023 - 1:20 | |
| 18 juin 1940 : Héricourt, l'attaque allemande (III) la chute du carrefour Il est sept heures du matin, les Allemands passent à l'attaque. Babault nous dit qu'il arrive juste à temps pour rallier la CM6 qui se replie. Le capitaine Pierron aurait fui le combat en laissant les barrages antichars à découvert. L'infanterie ennemie, qui progresserait sans opposition, les encercle pour finalement capturer le carrefour stratégique. Mais ce passage où il rallie la compagnie, croise un Pierron paniqué qui lui avoue de but en blanc sa lâcheté, semble extrait du script d'un film hollywoodien. Qui plus est, nous apprenons que Pierron aurait fait recharger tout le matériel de la compagnie au petit matin - à 04h00 -. Babault était pourtout sur place à cette heure pour y organiser une prise d'arme en présence du capitaine Pierron et du médecin du bataillon (GAUTRELET). - BABAULT a écrit:
Le chef de bataillon apprend avec stupeur que le capitaine Pierron avait rechargé tout le matériel (armes et bagages) depuis quatre heures du matin ! Il avait donné l'ordre d'abandonner les canons de 25, les chenillettes. Les servants de 25 et de FM avaient refusé sachant très bien que le chef de bataillon n'avait donné aucun ordre de repli. S'en suit une liste d'actions commentées qui se seraient déroulées, dans un ordre indéterminé, entre 07h00 et 09h00. Maintenant, en tenant compte des différents témoignages, il semblerait que tout ait commencé, et se soit rapidement terminé, aux alentours de 08h00. Lassaussée et Leduc (au barrage antichar) et Busser (au château Schwob II) sont tous les trois tombés vers huit heures (cf. témoignages BUSSER et LASSANGE joints au rapport Babault). Babault nous dit qu'un sous-officier et trois hommes de la section Busser sont tués au même moment. En y ajoutant Leduc et en mettant de côté sa tendance à l'exagération (aucun sous-officier dans la liste des tués), les pertes, vers 08h00, atteindraient déjà cinq tués... soit 50% de tous les tués du bataillon au cours de cette même journée. - BABAULT a écrit:
Les canons de 25 et les trois FM ont donc livré bataille seuls. Ne trouvant pas d'armes automatiques en batterie, les Allemands encerclent facilement les canons de 25. Le sergent [Lassaussée] (héros de 00h15) anéantit un char-canon qui tire en même temps que lui. Il tombe blessé, le servant Leduc est tué net. La section Patey est prisonnière. Les mitrailleurs se rendent par groupes, sans pièces. Le lieutenant Busser fait mettre ses mitrailleuses en batterie. L'adjudant-chef Lenfant sert lui-même une de ses pièces. Les Allemands s'infiltrent de tous côtés. Le lieutenant Busser est blessé de quatre balles à l'épaule et un sous-officier et trois hommes tombent tués à ses côtés. La CM n'existe plus, sauf une vingtaine d'hommes. Le sous-lieutenant Dandonneau reprend le barrage de la route de Montbéliard. Un servant de 25 anéantit une automitrailleuse et cinq Allemands. Selon Babault, les canons de 25 et les FM auraient combattu seuls, mais toujours selon lui, des quatre sections de combat de la CM6, seule celle de Patey (dans les jardins) n'aurait pas résisté ; Dandonneau aurait repris le barrage de Montbéliard alors que Busser et Lenfant, au château, seraient parvenus à déballer leurs mitrailleuses. Quant à Pierron, il aurait fui vers l'arrière. Pourant, on l'a vu se rendre aux Allemands depuis le barrage du faubourg de Besançon (LASSAUSSEE) - BABAULT a écrit:
09h00 : les Allemands nettoient le château et tirent avec des mortiers. Les servants de 25 sont alors touchés ou prisonniers. Ils ont payé durement avec bien d'autres la lâcheté et peut-être la trahison du Capitaine Pierron. De toute évidence, le château et les barrages sont déjà tombés aux mains des Allemands, vers huit heures, sous le couvert des tirs de leurs deux obusiers d'infanterie de 75 mm. Faisons un petit bond en avant pour lire Gautrelet qui était occupé entre 06h30 et 10h00 à l'hôpital d'Héricourt ( toujours pas de liaison avec Belfort). Voilà ce qu'il apprend en quittant l'hôpital : - GAUTRELET a écrit:
Mais en quittant l'hôpital vers dix heures, après avoir vu le chirurgien civil français, le Dr. Gaulier, que je connaissais déjà depuis plusieurs années, j'appris : 1) que la sortie du village était entre les mains des Allemands ; 2) qu'un point du carrefour avait lâché ; 3) que de nombreux hommes se rendaient.
[...] Le témoignage du lieutenant Busser, blessé et relevé par mes soins le même jour, sera formel. Les tireurs de FM, le capitaine Pierron et le lieutenant Patey, abandonnèrent la lutte et se rendirent dans la matinée. Défaillance d'un instant et fatigue due à cinq jours de marche, une nuit de combat sans aucun repos. Le commandant Babault désigna le capitaine Chazelat, je crois, pour défendre le carrefour.
[...] Je rencontrai une patrouille française de douze hommes ; m'échappant à travers les champs, je pus faire cinquante mètres, mais toute la patrouille se rendit. Dix mètres plus loin, un camion d'infanterie allemande m'arrêtait mais je parvins à m'échapper et j'arrivai au PC à travers champs [il est alors environ 11h30]. Entre 10h00 et 11h30, à la sortie de l'hôpital (voir carte), Gautrelet doit s'échapper à travers champs, pour rejoindre le PC du bataillon à la sortie est de la ville, au château Schwob I, afin d'éviter la capture. Ce qui permet de dire que, vu la position de l'hôpital, les Allemands avaient sans doute déjà forcé le deuxième barrage antichar. Ce dernier est probablement tombé aux alentours de 10h30. Voilà maintenant ce que rapporte Stephan sur la prise du carrefour : - STEPHAN a écrit:
L'unteroffizier Lampert vint ensuite m'avertir que le véhicule du leutnant von Miltitz venait d'être touché par un tir antichar. Je donnais l'ordre aux obusiers de concentrer leurs tirs sur la position antichar, qui était censée se trouver derrière une courbe de la route à l'entrée de la bourgade. L'observation directe des fusiliers révéla que, pendant le tir des obusiers, les servants de la pièce se réfugiaient dans les maisons alentours puis réoccupaient leur position dès qu'il s'arrêtait.
Sous le couvert des tirs d'obusiers, les deux sections de fusiliers pénétrèrent dans la localité. Dans le parc situé à l'ouest de la route, la section de gauche trouva trois chars légers français dont les équipages s'étaient enfuis ; la résistance dans le parc fut neutralisée à l'aide de grenades à main. Le peloton de droite, en pénétrant dans la ville à l'est de la route, essuya des tirs de flanc qui provenaient des jardins et des maisons. J'engageais alors le groupe de pionniers derrière eux.
Une centaine de prisonniers, dont deux officiers, furent capturés dans la localité. La pièce antichar ennemie, qui en bloquait l'entrée, ayant été abandonnée au cours de l'attaque, les blindés du lieutenant Lienau pouvaient maintenant y pénétrer. Pendant ce temps, la section Dölling continuait d'assurer nôtre sûreté, sur nos flancs ou nos arrières, contre d'éventuelles actions de l'ennemi. Quant à la section antichar, elle gardait l'entrée sud de la localité.
Le lieutenant Lienau, tout en restant au contact de l'ennemi, m'informait en permanence de la progression de l'attaque et de la résistance rencontrée. On découvrit ensuite environ cent-cinquante soldats français armés, dans la cours d'une usine, qui furent poussés dans la rue et désarmés grâce à l'action énergique de quelques hommes. Entre-temps, je déplaçais mon poste de commandement vers le grand carrefour de la localité où la section d'obusier prit également position.
Faisant suite à une alerte, signalant la présence de blindés ennemis dans le secteur,- menace qui ne se matérialisa pas -, la section antichar se repositionna aussi pour défendre le carrefour.
Dernière édition par Commando-Crapaud le Lun 22 Mai 2023 - 2:50, édité 5 fois (Raison : orthographe) |
| | | Fantassin Lieutenant
Nombre de messages : 420 Date d'inscription : 09/06/2017
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Dim 21 Mai 2023 - 9:12 | |
| Bonjour,
Merci pour ces très intéressantes recherches qui seront un jour je l'espère compilées en un article (GBM ?). Ayant passé 4 années au sein du 35°RI de Belfort, j'aurais bien aimé à l'époque disposer de ces informations pour effectuer un retour sur le terrain et profiter de votre travail pour travailler un "cas concret" face au terrain.
Cordialement
F |
| | | Commando-Crapaud Caporal
Nombre de messages : 37 Date d'inscription : 06/04/2023
| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 Lun 22 Mai 2023 - 2:39 | |
| - Fantassin a écrit:
- Bonjour,
Merci pour ces très intéressantes recherches qui seront un jour je l'espère compilées en un article (GBM ?). Ayant passé 4 années au sein du 35°RI de Belfort, j'aurais bien aimé à l'époque disposer de ces informations pour effectuer un retour sur le terrain et profiter de votre travail pour travailler un "cas concret" face au terrain.
Cordialement
F Bonjour Merci à vous pour le compliment. Cela va m'aider à terminer cette série de posts sur le sujet (qui ne sera probablement pas clos pour autant). Je ferai peut-être une compilation de tout ça dans un fichier pdf quand ce sera terminé mais je doute que cela soit exploitable par une revue, comme GBM, en l'absence d'une importante iconographie qui n'existe peut-être pas. Autrement, vous avez bien raison, rien ne vaut une étude sur le terrain, même si parfois des aglomérations comme celle d'Héricourt ont depuis beaucoup changé. Bien cordialement |
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| Sujet: Re: Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 | |
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| | | | Combat du I/22e RIF à Héricourt le 18 juin 1940 | |
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