Nom de baptême des chars

bonjour,

quelqu'un peut-il me dire d'où vient la tradition de baptiser nos chars et pourquoi?

cordialement.
SCHMURZT

Bonjour,

Voici une excellente question ! Mais la réponse pourrait occuper des pages entières...
On pourrait pratiquement tout dire et son contraire.

Pour ma part, j'aime à penser que le baptème des engins n'est que la suite d'une longue tradition : celle qui consiste à donner un nom aux chevaux des unités de cavalerie. Lorsque l'on est passé aux chars, de même qu'il était plus facile d'appeler un cheval "Oscar" que "numéro matricule 3245", il était également plus commode de dire les chars "Ham" "St Quentin" et "Roye" (3e Peloton du 3e Escadron du 1er Cuirs en l'occurrence) que de donner les numéros de leur plaque d'immatriculation.

Et puis, comme pour les chevaux, se sont développés des liens d'affection entre l'Equipage et son blindé. Cette notion d'Equipage mériterait sans doute de longs développements... Seuls les officiers d'échelon parlent des chars en donnant les 3 derniers numéros de leur immatriculation : "prochaine visite des 300 heures pour le "373" (mon char, le "Ham") et le "329"..." L'équipage, lui, sert sur le "Ham", accessoirement sur le "373".

Mais cette notion d'équipage lié à son engin, a rapidement disparu, en premier lieu chez nos camarades aviateurs : le pilote et le bombardier d'un Mirage 2000 prennent en compte l'appareil qui leur est attribué pour la sortie du jour... accomplissent la mission et reversent l'appareil au poser. Il y a seulement quelques années, on pensait que la notion d'équipage de blindé était fortement liée au service d'un engin particulier qui était presque un membre à part entière de l'équipage... Cette époque est désormais révolue du fait du coût des matériels et de leurs nombreux problèmes financiers de disponibilité (pièces de rechange, rentabilité, etc., etc.). Un équipage de blindé aujourd'hui, agit un peu à la manière d'un équipage de bombardier et perçoit "un blindé" pour telle ou telle activité, telle ou telle mission... avec cependant une très grande différence par rapport à nos camarades de la 3e dimension : l'équipage de blindé réintègrera son engin au parc (régimentaire ou du camp d'entraînement ou du secteur d'opération) après avoir accompli toutes les opérations d'entretien (et ce n'est pas rien !).

Bon, je m'arrête là... Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question mais au moins elle ne sera pas restée "orpheline"...

Cordialement,

Thierry Moné

Il y a aussi la tradition.
en fait dans certain régiment de char notamment pour les B1bis
on donne le nom d'un fleuve/colonie/ville de la géographie quoi.
pour d'autre des noms historique/bataille

Les B1bis sont des chars d'infanterie et ils ont tous reçu des noms de baptème. ce sont de gros joujoux et les équipages ont suivi cette tradition.

Les R35 et les H35 H38 (ou H39 avec canon long) sont plus rarement baptisés.
Là encore cela dépend des unités.

Dans la cavalerie les H38 ont reçu pour beaucoup des noms de baptème.
Par contre les H39 sorti d'usine en juin, n'ont reçu que peu de nom (urgence sans doute).

il est vrai que si l'équipage garde longtemps un chars, il peut prendre letemps de choisir un nom.

Les panhards pour la cavalerie ont reçu également des noms, avec des thèmes variés selon l'unité.

les somua par contre ne sont pas baptisé , si je ne m'abuse.
les AMR également , ne le sont pas.

Les D2 qui sont aussi des chars de cavalerie ont reçu pour beaucoup des noms, ce sont là aussi des chars qui ont eu le temps de vivre avec leur équipage.

Les FMC36 char d'infanterie ont eu des noms, par contre pas d'info sur les D1.

et pour finir concernant les FT il y en a avec et d'autre sans.

je dirais donc 50/50...

Bonsoir,

Ce n'est pas si simple..

Il faut distinguer le nom de baptême dont le thème est décidé par le chef de section, de compagnie ou de bataillon, et le nom de baptême donné à titre individuel par les membres d'équipage.

Et il faudrait même distinguer le nom de baptême, plus ou moins officialisé au niveau de la sous unité (au moins) et qui sert souvent à l'identification de l'engin en lieu et place de l'immat, de l'apposition par certains membres d'équipage des prénoms de leurs femmes/fiancées/fille etc.. ou de surnoms à consonance agressive: "le taureau, le fonceur, l'invulnérable etc.."

En l'espèce ce sont soit toujours des prénoms féminins (il peut même y en avoir plusieurs sur le même engin), soit des qualificatifs, et ils ne sont pas repris dans les compte rendus JMO etc..
Hors ces cas fréquents,mais d'initiative individuelle, restent les noms attribués par les "autorités".

Les B1 et B1 bis sont baptisés selon des listes dressées par la direction des fabrications d'armement. Certains B1 bis ont été rebaptisés au cours de leur carrière sans que cette initiative puisse être clairement attribuée pour l'instant.

Les D1 pouvaient (rarement) porter un nom de baptème, mais d'initiative individuelle.

Les D2 portaient souvent des noms, décidés semble-t-il au niveau du chef de corps.

Les chars légers (R 35 de certains BCC, et Hotchkiss de certaines unités de cavalerie)portaient parfois des noms de baptême (totems) dont le thème général semble avoir été décidé au niveau du bataillon, quitte à ce que chaque compagnie, voire chaque section "brode" sur le thème proposé.

Les Auto-mitrailleuse de cavalerie suivaient grosso-modo le même schéma: surnoms à titre individuel et/ou totems avec thème décidé par les "autorités".

En fait, une étude sérieuse sur le sujet reste à réaliser, fort passionnante parce que nécessitant l'étude de chaque unité, et fort difficile précisément pour les même raisons.

A

Pour ce qui est des AMD Panhard, il me semble que les noms de baptême se trouvent dans quelques GRDI, mais pas dans les régiments de découverte des DLM.

(Remarque : les appellations FT17 et H38 ne sont pas d'époque. Pour les Hotchkiss, on ne distingue officiellement que le H35 et le H39 (en fait char léger 35 H modifié 39)

Cdt,

DH

Bonsoir DH,



Il y a des noms de baptême sur au moins les engins de l'un des deux escadrons de Panpan du 12e Cuir et à au moins un peloton du 8e Cuir, respectivement des 3e et 2e DLM.

Bonjour à tous,

Fascinante question.

On trouve des noms individuels donnés aux chars par leurs équipages dès 1917 sur les Schneider et Saint-Chamond.

S'agissant de 1939-40, nous proposerons, dans GBM 98 à paraître (je suis dans la dernière ligne droite, avec hélas quelques jours de départ, départ imprimerie jeudi soir), une série de noms et sobriquets fort inattendus sur un sujet totalement inédit, les FCM 36 du 4e BCC.

Allez, en guise de mise en bouche : que dites-vous d'un imposant " Tête à queue " et d'un " Comme tout l'monde " en caractères plus discrets ?

Je vous laisse découvrir les noms en dialecte gascon ainsi qu'une évocation sympathique des Cht'is, qui sonnera familièrement aux oreilles de tous, réunis dans ce bataillon pluri-régional.

Cordialement à tous

François

bien que non 1939-1940

voici le Renault FT J'AI SOIF

par contre je ne me suis jamais expliqué la présence de ce char à Riom qui n'a jamais été qu'une garnison d'Infanterie

et du coup des somuas?
aucun ne connait le cas de somua baptisé?
c'est bizarre pourquoi selon vous?

Bonjour,

Bonne question, surtout pour des engins de cavalerie. Mais je n'ai aucune réponse.

Cordialement
Eric Denis

Bonjour,

Concernant les S 35, nous connaissons des noms de baptême, mais ils sont rares et semblent propres au 13e Dragons.

Je peux citer au 13e RD:

-l'indomptable As de carreau n° 13 de tourelle Immat M 869
-Le Terrible As de carreau n° de tourelle et immat inconnus
- Illisible As de coeur n° de tourelle inconnu Immat M 859.

J'essayerai de poster des photos dès que j'aurai 5 minutes...

merci c'est interessant

et bon anniv Laurent...

Bonjour,

Pour les photos de S35 il y a ce site:

http://www.chars-francais.net/new/index.php?option=com_content&task=view&id=16&Itemid=36

Où quelques noms apparaissent- voir image 111

A+,

Pierre

A mon avis, c'est plutôt "Paulette" .

Alain

[img][/img]

Bonjour

voici deux chars R35 "Le Lionceau" :





et le R35 n° 50504 "Le Trapu" :





Une petite idée sur l'unité de ces deux chars ?

Cordialement

Bonsoir,

Non, hélas aucune idée de l'unité...

Bonsoir Laurent

et à votre avis quel est le nom du troisième char ?

Le MA??

une petite idée ?

Cordialement

Bonjour Alain,

Je lis :

- JR le lionceau,

- Le Trapu,

- Le Ma?y ( Le Mary, Le Mady... ?)

Cordialement,

Thierry Moné

Bonjour,

Je pense qu'il se nomme le Malin, mais sans garantie.

Quant au lionceau, il porte peut être en plus les initiales du chef de section ?

Notons le bariolage particulièrement sobre pour une production Renault...

Bonjour à tous,

Oui, Laurent, "Le Malin" me semble en effet beaucoup plus probable.

Le problème de ce "très très mauvais" chef de section... c'est qu'il n'a visiblement pas réussi à imposer à ses subordonnés une charte graphique et qu'en conséquence les polices de caractères ne sont pas homogènes....

Bon, on lui pardonne !

Cordialement,

Thierry Moné

Eric DENIS a écrit:

Bonjour,

Cette notion d'attribution d'un blindé à un équipage s'expliquait également par les particularités d'un véhicule. Chacun d'entre eux possédait une "personnalité" qui le différenciait des autres, et qui devait être parfaitement maitrisée par l'équipage pour en tirer le potentiel optimum.

Cette notion a presque disparu avec les blindés modernes et la présence de l'électronique et l'informatique embarquées. Ceci étant nos Leclerc possèdent bien souvent aussi un nom, comme leurs prédécesseurs, les AMX 30 B2. Je rejoins TM pour le coté traditionnaliste de cette caractéristique, en tous cas dans la cavalerie ou cette notion est très présente, même encore de nos jours.

Pour en revenir à la question d'origine, cette attribution de noms aux armements s'étendait bien plus qu'aux seuls chars et avions. De nombreux canons et véhicules de tous types possédaient aussi un nom, par exemple. Des soldats en attribuaient même parfois à leur arme individuelle ou collective. La personnalisation des armes découle probablement aussi, de l'importance et l'omniprésence des matériels au sein des armées, un peu comme, de nos jours, on attribue parfois un nom à notre voiture.

Ce lien "affectif" liant les hommes et les matériels était souvent bien vu par l'encadrement. Pour les chars, par exemple, il était même très souvent organisé par le commandement. Plus généralement, cette personnalisation s'étendait à de nombreuses armées.

Cordialement
Eric Denis

Bonjour,

Afin de compléter l'analyse d'Eric Denis, je pense qu'il faut bien distinguer deux types de marquages. Pour étayer mon sentiment sur ce sujet, je vous propose une petite digression quant à la période. Il y a les marquages réglementaires (principalement pour les blindés), puis les marquages que je nommerai de "complémentaires" (autres véhicules et blindés également). Il en a été ainsi au 4ème Dragons durant la guerre du Golfe, et très certainement de même durant la période qui nous intéresse. Toujours pour exemple, les AMX 30 B2 du "4" avaient tous un nom de baptême, mais également pour certains un autre nom ajouté sur place par l'équipage (tel "the punisher" sur le canon d'un d'entre eux). Certains camions -tel le mien- avait un nom. Une myopie bienveillante du commandement a permis ceci jusqu'à la veille du retour en France...

Je ne sais donc pas si mon analyse est utile dans cette démarche du recherche du "pourquoi et comment", mais je pense que les hommes restant les mêmes au fils du temps, nos blindés et autres véhicules de 1940 ont très certainement reçus ces deux types de marquages.

Cordialement,

Nicolas

Bonjour,

Pour abonder dans le sens des propos de Nicolas sur les noms de baptême "provisoires", nous constatons que c'est une pratique assez ancienne.

Il existe par exemple de n,ombreux clichés de Renault FT portant des prénoms féminins ou toute autre forme de personnalisation, manifestement écrits à la craie...

Et je pense qu'en cherchant un peu je pourrai dénicher un char ayant porté à deux époques distinctes des sobriquets différents.