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| "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. | |
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+4Eric Denis Claude Girod Laurent Deneu Thierry Moné 8 participants | |
Auteur | Message |
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Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Mar 1 Nov 2011 - 0:13 | |
| Bonjour, Avant que tous les principaux belligérants n'adoptent le fameux "Jerrycan" des Allemands, existaient d'autres conteneurs de carburant (ou d'huile ou d'eau....). Chez les Britanniques, on trouvait en particulier une nourrice de 2 gallons et une autre de 4 gallons, c'est à dire respectivement 9 et 18 litres. Je ne connais pas grand chose à ces équipements britanniques mais je viens de recevoir la nourrice ci-dessous qui mesure environ 37,5 cm de haut pour une section carrée de 23,5 cm de côté. Elle a été fabriquée en 1940. Son poids m'a surpris : c'est de l'acier bien lourd et de fabrication très soignée. Je n'ai pas trouvé de détails très intéressants sur le Web... Si quelqu'un en savait un peu plus sur le sujet... Cordialement, Thierry Moné [img] [/img] [img] [/img]
Dernière édition par Thierry Moné le Ven 4 Nov 2011 - 0:17, édité 1 fois |
| | | Laurent Deneu Membre ATF40
Nombre de messages : 8685 Age : 71 Localisation : Près de Lille Date d'inscription : 22/08/2007
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Mar 1 Nov 2011 - 7:58 | |
| Bonjour Thierry,
Voilà un document qui intéresse fort le maquettiste qui frétille en moi.
Croyez vous que cette couleur (sable ?) soit standard, ou bien que cette nourrice ait été utilisée sur un théâtre "méditérannéen" ? |
| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Mar 1 Nov 2011 - 8:22 | |
| Bonjour Laurent, A priori, la couleur est d'origine mais je ne sais pas si elle était la même sur tous les théâtres. Ce qui est étonnant, c'est le poids de ce container que l'on croirait fait de papier à cigarette comme les fameux "tanakés" qui ont donné leur nom à la ménagerie française des automitrailleuses bricolées via les ateliers de la Marine au Levant. D'après le peu que j'ai trouvé sur le Net, il s'agirait d'acier recouvert d'une couche d'étain... à vérifier. Cordialement, Thierry Moné En prime, pour le maquettiste... à quand de belles maquettes des engins de la France libre et de la France combattante dans le Grand désert Libyque (qui s'étend en Libye et en Egypte) ? [img] https://atf40.1fr1.net/[/img] |
| | | Claude Girod Général de Brigade
Nombre de messages : 2855 Age : 73 Localisation : Jura Date d'inscription : 20/06/2010
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Mar 1 Nov 2011 - 9:22 | |
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| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Mar 1 Nov 2011 - 9:49 | |
| Bonjour, Complément qui montre en particulier le container (Fuel can ?) à côté d'un classique "Jerrycan". Cordialement, Thierry Moné [img] [/img] [img] [/img] |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Mer 2 Nov 2011 - 20:54 | |
| Je ne vois qu'une personne , qui a écrit sur la logistique ( un superbe article par ailleurs , logisticien moi même j'y ai vu un réel talent de compréhension des problématiques ) et qui connait bien les anglais pour en parler ... Nicolas ( Aubin ) .
Alain |
| | | Laurent Deneu Membre ATF40
Nombre de messages : 8685 Age : 71 Localisation : Près de Lille Date d'inscription : 22/08/2007
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Jeu 3 Nov 2011 - 6:58 | |
| - Thierry Moné a écrit:
- Bonjour Laurent,
En prime, pour le maquettiste... à quand de belles maquettes des engins de la France libre et de la France combattante dans le Grand désert Libyque (qui s'étend en Libye et en Egypte) ?
Bonjour Thierry, La Marmon fait partie des projets dont la réalisation pourrait ne poser que peu de problèmes. J'ai trouvé de la très bonne doc dans un ouvrage appelé "Les burnous bleus sur les Chemins du Devoir" Le Conus gun est au stade du rêve réalisable à plus lointaine échéance, par défaut de châssis/cabine convenable. Merci pour ces très belles aquarelles. |
| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Jeu 3 Nov 2011 - 9:10 | |
| Bonjour à tous, Bonjour Alain et Laurent, Ce que j'appelle pour l'instant un "Tommy-can" faute de mieux, me semble très symbolique de la motorisation de 1940. D'un point de vue purement "logistique", ce bidon symbolise pour moi cette image attachée aux élongations logistiques propres au théâtre d'opération nord-africain avec les premiers succès britanniques face aux troupes italiennes : au plus fort des élongations et en l'absence de ports intermédiaires exploitables, un camion transportant un plein chargement de mes "Tommycans" devait verser dans son propre réservoir la totalité de sa cargaison de carburant pour effectuer le trajet séparant le dépôt logistique de la pointe avant des combats... C'est bien entendu un tantinet caricatural mais cela donne malgré tout une idée assez précise du "problème logistique" posé en matière de ravitaillement en carburant. D'un point de vue "historique", ce "Tommycan" symbolise - entre bien d'autres choses - la transformation radicale opérée dès la fin de l'année 1940 au sein des Forces Françaises Libres. Pour donner un exemple, prenons l'un des clichés qui sert d'illustration dans un bandeau de titre du Forum ATF40. Je vous présente ci-après l'étude faite à partir dudit cliché. Outre l'identification des protagonistes, on constate surtout que le cheval est encore au centre des préoccupations. [img] [/img] [img] [/img] Et voici un peu plus tard la tenue de ces mêmes protagonistes, sur le même genre de théâtre d'opérations (Levant - Afrique du Nord). Outre la tenue britannique empruntant des effets de 1940 et du XIXe siècle, l'élément important marquant la rupture, c'est le "Tommycan"... Sur ce mannequin, faute de mieux à l'époque de sa constitution, la rupture était symbolisée par un bidon français de très faible capacité. Le "Tommycan" le remplacera avantageusement dans les collections de la salle d'honneur des Spahis du 1er Marocains à Valence. Nettoyé depuis hier sans abîmer sa superbe patine, et protégé par une fine couche de fixatif mat, le "Tommycan" ira bientôt prendre sa place au pied de notre Spahi FFL. [img] [/img] Cordialement, Thierry Moné
Dernière édition par Thierry Moné le Jeu 3 Nov 2011 - 11:13, édité 1 fois |
| | | Claude Girod Général de Brigade
Nombre de messages : 2855 Age : 73 Localisation : Jura Date d'inscription : 20/06/2010
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Jeu 3 Nov 2011 - 10:32 | |
| Bonjour à tous ! Bonjour Thierry ! C'est superbe ... Comme toujours !! ... Cordialement ! |
| | | Eric Denis Admin
Nombre de messages : 7234 Age : 57 Localisation : Toulon Date d'inscription : 04/05/2006
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Jeu 3 Nov 2011 - 12:06 | |
| Bonjour,
Oui superbe, et les dessins mettent de la couleur dans nos pages bien trop souvent en noir et blanc!
Merci Thierry.
Cordialement Erci Denis _________________ Cordialement Eric Denis
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| | | Nicolas Aubin Adjudant-chef
Nombre de messages : 233 Localisation : Rouen Date d'inscription : 27/06/2008
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Jeu 3 Nov 2011 - 18:54 | |
| - alain adam a écrit:
- Je ne vois qu'une personne , qui a écrit sur la logistique ( un superbe article par ailleurs , logisticien moi même j'y ai vu un réel talent de compréhension des problématiques ) et qui connait bien les anglais pour en parler ... Nicolas ( Aubin ) .
Alain Merci Alain, N'hésites pas à en donner les références, il est encore dispo à la vente. En fait cet article sur les armées alliées à son pendant sur l'armée allemande dans un numéro précédent d'Histoire de guerre. Plus sérieusement, bonjour, Hélas je n'ai que peu de choses à dire sur ce bidon hormis des banalités et qu'il sera remplacé au cours de la guerre par le bidon américain inspiré du modèle allemand. En 1940 il n'est cependant pas ridicule et présente une réelle fonctionalité : sa forme facilite l'empilement et évite de gacher de la place comme les bidons circulaires. Quant à sa contenance on peut penser qu'elle était forcément limitée par son encombrement et le poids de la structure elle-même. Vous notez le poids de la bête mais il n'empêche que plusieurs rapports se plaignent de la fragilité du conteneur, victime de fuite lors du transport (le bouchon vous parait-il bien étanche ?). On peut aussi se poser la question de la maniabilité d'un tel objet. Thierry, auriez vous l'obligeance de nous indiquer la légende de la photo britannique de transfert de bidons et son origine ? Elle est magnifique. Je ne suis pas sur que ces bidons aient été remplis. Concernant l'utilisation de tels bidons dans les opérations en profondeurs, il en est de lui comme des jerrycans, ce n'est pas leur mission première. Ces bidons servaient en théorie comme dernier maillon de la chaîne logistique afin de ravitailler les unités au contact au plus près de la bataille de la manière la plus souple et rapide possible sans exposer les rares camions à citernes. En 1940, chaque div blindée compte une unité des essences capables d'offrir à tous les véhicules de la division un volume correspondant à 50 miles d'autonomie à l'aide de ... 32 camions citernes 3-Ton... inutile de dire qu'il n'était pas question que chaque véhicule viennent à la pompe de la citerne. L'essence amenée par camion au squadron était donc transvasée dans les bidons avant de rejoindre les réservoirs. Quant aux camions essences, ils se servaient au dépôt lui-même alimenté par train. Toutes les armées durant la seconde guerre mondiale sont conscientes que seul le rail à le débit suffisant pour ravitailler les armées. Une avance rapide ruine une telle chaîne logistique. On pense bien sûr à la red Ball express en 1944 quand les Américains on été contraints de ravitailler leurs armées par la route sur plusieurs centaines de kilomètres en empilant des jerrycans dans 6000 GMC n'ayant pas le temps d'attendre la remise en état du rail et la pose des oléoducs. Mais il n'empêche que seuls des wagons citernes et un pipe-line offrent un débit suffisant à une armée motorisée... Les camions citernes ont un emport limité et sont toujours en effectifs insuffisants, les jerrycans sont un pis aller à court terme. Sur la highway, la moitié de l'essence transportée servait au camion qui la transportait. A terme, le recours à la route épuise les ressources en véhicules victimes de l'usure inévitable (15 000 camions immobilisés en novembre 1944). Pour ceux qui veulent approfondir, allez voir les tank zones 13, 14 et 15 on y trouve un dossier en trois parties sur la logistique amércaine entre juin et octobre 1944 (quoi je fait ma pub !!!!!!!!! bah oui et alors, j'assume:P ) Lors des opérations dans le désert les effectifs sont moins importants mais les distances s'allongent et la 8th Army soufrent du manque de camions citernes, tout terrain de surcroît car les routes sont rares hormis sur le litoral (via balbia), et il n'y a qu'une ligne ferroviaire elle aussi sur le littoral.. on comprend donc mieux que les opérations de débordement par le sud en plein désert étaient conditionné à l'emport par l'unité elle-même d'assez de stocks d'essence pour être autonome jusqu'au terme de l'opération. (terme bien sûr aléatoire à la guerre). les Allemands avec leur jerrycan sont finalement un peu mieux lotis (contenance presque double pour un conteneur plus léger et maniable) mais sans que cela soit une solution suffisante et eux aussi ont connu des pannes sèches. Une étude fine des contraintes logistiques allemandes (capacités portuaires en lybie, nombre de pétroliers dispo, nombre de camions pour rejoindre l'Afrika korps) montre que le corps expéditionnaire ne pouvaient dépasser les effectifs de 2 divisions en opérations actives loin des ports. Cordialement Nicolas |
| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Jeu 3 Nov 2011 - 23:12 | |
| Bonjour à tous et merci pour votre intérêt, Merci à Nicolas Aubin pour son long développement ! Je ne sais pas si le bidon est parfaitement étanche et je n'ai pas l'intention de le remplir pour vérifier, maintenant qu'il est nettoyé et bien sec ! Pour ce qui concerne le cliché, je suppose qu'il s'agit de celui du train britannique chargé de ces bidons. Le cliché grand format et non recoupé se trouve ici : http://www.countrysidemodels.co.uk/images/HMVFfile/LuggershallFuelCans.jpg Quant à sa légende, la voici : [img] [/img] Enfin, pour la "Pub"... j'étais un lecteur assidu de Tank Zone mais depuis un certain changement radical, hum, hum... disons que je suis allé voir ailleurs. Merci encore, cordialement, Thierry Moné Ah ! oui, j'allais oublier ! Pour Laurent, ils en font même au 1:35 des "British WW2 Fuel Cans" : [img] [/img] |
| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Jeu 3 Nov 2011 - 23:55 | |
| Bonjour, Ayant eu la chance de faire par la route le trajet Alexandrie d'Egypte - Tripoli de Libye en une quinzaine de jours en 2006, je suis passé par El-Alamein, ses cimetières et son musée... Voici donc quelques clichés pris sur place. Cordialement, Thierry Moné 1. L'entrée du musée. [img] [/img] 2. Deux "British WW2 Fuel Cans". Sur le bidon de gauche, le cartel marqué en allemand "un filet de camouflage" se rapporte au filet étalé au sol... [img] [/img] 3. Deux autres bidons du même modèle. [img] [/img] 4. Autres modèles. Noter au sol la plaque à désensabler les véhicules (ici marquée "steel mat" mais je crois que l'on disait plutôt "sand channel"...) [img] [/img] 5. Pas très loin du musée, parmi les stèles, celle du lieutenant-colonel Amilakvari, tué par les Italiens à l'Himeimat, pendant la bataille d'El-Alamein. Le Georgien Dimitri Amilakvari avait acquis la nationalité française au premier trimestre 1940... http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/16.html [img] [/img]
Dernière édition par Thierry Moné le Ven 4 Nov 2011 - 6:42, édité 1 fois |
| | | Claude Girod Général de Brigade
Nombre de messages : 2855 Age : 73 Localisation : Jura Date d'inscription : 20/06/2010
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Ven 4 Nov 2011 - 5:05 | |
| Bonjour Thierry !
Merci pour ces images et l'hommage à ce valeureux combattant, Prince, Légionnaire, Compagnon de la Libération, ...
Cordialement ! |
| | | Nicolas Aubin Adjudant-chef
Nombre de messages : 233 Localisation : Rouen Date d'inscription : 27/06/2008
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Ven 4 Nov 2011 - 10:42 | |
| - Thierry Moné a écrit:
Merci à Nicolas Aubin pour son long développement !
De rien car à bien y regarder mon message sent quand même un peu l'escroquerie car je n'apporte rien au sujet proprement dit et tente de faire illusion en développant deux exemples écrits pompeusement en marge du sujet (voire hors sujet) confirmant votre idée sur les problèmes posés par le ravitaillement en essence sur de longues distances. Mais c'est le message dithyrambique d'Alain qui me contraint à cet exercice d'équilibriste pour faire genre "je suis un spécialiste" . Pour me faire pardonner voici un court extrait d'un de mes articles sur la logistique allemande qui aborde la question de l'Afrika korps en tentant de montrer que les contraintes logistiques jouent en l'occurence le rôle déterminant dans les opérations... je sais on est toujours hors sujet mais cela confirme bien que le petit bidon rempli d'essence de Thierry Moné est loin d'être anecdotique mais est au contraire une clé de la guerre mécanisée que tout historien doit prendre en compte. L'extrait est paru dans Histoire de guerre n°64 de décembre 2005. --- En Afrique, la question de l’approvisionnement en essence fut également essentielle. Tout devait être transporté à travers la Méditerranée. Mais le port de Tripoli constituait un goulot d’étranglement du fait de sa faible capacité de déchargement. De plus, une fois sur place, l’ensemble du ravitaillement devait être acheminé à un front qui s’éloignait de plus en plus. Sachant que la distance de Tripoli à Alexandrie était le double de celle de Brest Litovsk à Moscou, et que la Via Balbia constituait l’unique route carrossable de Libye, parfois défoncée par les inondations, on mesure les difficultés pour approvisionner l’Afrika Korps. Dans ces conditions, pour brillante quelle soit, l’offensive de Rommel apparaît comme une erreur stratégique majeure car elle allongea ses lignes de communications de 1 300 km sans aucunement mettre en danger son adversaire. Ainsi Rommel manquait de tout, bien que les Italiens réussirent l’exploit de débarquer 125 000 tonnes de ravitaillement en juin 1941, 72 000 tonnes par mois de juillet à octobre, c’est à dire plus que nécessaire. Il consommait 30 à 50 % de son essence le long de la via Balbia. Du fait du piètre état de la route, 35 % de ses camions étaient hors service. A partir de novembre, la situation empira car les Britanniques prirent l’avantage en Méditerranée. La retraite était inévitable. La moitié du précieux parc automobile fut perdu. En 1942, Rommel nia de nouveau les problèmes logistiques, il lança une nouvelle offensive qui l’amena à El Alamein où le manque d’essence et de pièces détachées le stoppèrent. La prise de Tobrouk rapporta certes la capture de 2 000 véhicules précieux et de 1 400 tonnes d’essence mais le port fonctionnait à 20% de ses capacités à cause des bombardements de la RAF. En août 1942, Rommel prit encore l’offensive avec seulement 8 000 tonnes d’essence sur les 30 000 prévues. L’échec était annoncé. Là encore, c’était l’incapacité à transporter l’essence des ports au front qui explique cette pénurie car Tripoli et Benghazi tournaient à plein régime. On peut donc retenir trois enseignements de cette campagne. Premièrement, les faibles capacités des ports libyens ont toujours limité le nombre de troupes pouvant être alimentées en Afrique du Nord. Deuxièmement, mis à part en novembre et décembre 1941, jamais la bataille des convois n’a eu un impact décisif sur les combats. La prise de Malte n’aurait pas réglé le problème de la petitesse des trois ports libyens, leur éloignement du front égyptien et la menace de la RAF sur Tobrouk. Troisièmement le parc automobile allemand fut toujours insuffisant pour ravitailler Rommel. Il y eu presque toujours des stocks d'essence en Afrique du Nord mais à plus de 1000 kilomètres du front. Posséder l’essence pour combattre était donc un problème, l’amener au front en était un autre tout aussi crucial. Hitler n’avait donc pas tort en 1941 quand il estimait que l’Afrika Korps n’avait que les moyens de fixer des forces britanniques. --- Cordialement Nicolas |
| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Ven 9 Déc 2011 - 1:16 | |
| Bonjour à tous, Le "Tommy-can" a rejoint sa destination finale, la salle d'honneur du 1er Régiment de Spahis de Valence (Drôme) où il a pris place au pied du mannequin d'un Spahi de la France Libre. Sur les clichés, le 6 décembre 2011, le président de l'Amicale des Spahis du 1er Marocains, Etienne Deparis, au moment de la remise du "Tommy-can". A ses côté, l'adjudant-chef Bléas, chef du secrétariat PC. En 2012, le 1er RS fêtera le 70e aniversaire de la bataille d'El Alamein à laquelle participèrent son 2e Escadron (automitrailleuses Marmon Herrington) et son 3e Escadron (Conus-guns de 75 mm) au sein de la 8e Armée britannique, à hauteur de l'Himeimat (Sud du dispositif, en bordure de la dépression de Qattara). Cordialement, Thierry Moné [img] [/img] |
| | | Laurent Deneu Membre ATF40
Nombre de messages : 8685 Age : 71 Localisation : Près de Lille Date d'inscription : 22/08/2007
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Ven 9 Déc 2011 - 6:41 | |
| Bonjour,
On ne pouvait rêver mieux comme destination pour cet humble objet.
Il faut absolument que je passe à Valence un de ces jours. |
| | | Loïc M. Commandant
Nombre de messages : 619 Date d'inscription : 12/01/2009
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Ven 9 Déc 2011 - 7:57 | |
| Bonjour,
Petite digression : l'histoire du jerry can (Jerry = boche en argot américain), concept inventé par les Allemands pour le ravitaillement des PzD, est assez intéressante, digne d'un roman d'espionnage. => http://fr.wikipedia.org/wiki/Jerrican |
| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Ven 9 Déc 2011 - 10:43 | |
| Bonjour à tous, Bonjour Loïc, Merci pour ce lien car cette histoire courte vaut vraiment le détour ! Cordialement, Thierry Moné |
| | | Dragon Commandant
Nombre de messages : 667 Age : 56 Localisation : La Bourgogne du Sud Date d'inscription : 10/04/2008
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Sam 10 Déc 2011 - 20:41 | |
| Bonsoir, Les jerrycan ont la vie longue. Il est possible encore de nos jours, mais maintenant en de rares occasions, d'en trouver d'origine allemandes et encore plus rarement britanniques au sein de notre armée. Il va de soit que les modèles français sont majoritaires.
Des dizaines de milliers de jerrycan ont été vendus par le sercice des essences des armées (via le service des domaines) au prix de la ferraille début des années 2000, dont des centaines d'origine seconde guerre mondiale indiféremment "noyées dans la masse". Je me souviens alors avoir vu des montagnes (à vrai dire de simples collines) de celles-ci en attente d'évacuation pour la ferraille. La chasse de quelques modèles particulièrement rares était devenu un "sport local". Quelques fûts de 200 litres WH et service des poudres ont fait partie du grand nettoyage. Les rares bidons de 50 litres, également du service des poudres, sont restés sur place en souvenir.
Cordialement,
Nicolas
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| | | Louis Capdeboscq Colonel
Nombre de messages : 1335 Localisation : Paris Date d'inscription : 26/05/2007
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Lun 2 Jan 2012 - 9:16 | |
| Quelques éléments rapides en complément de ce qui a été écrit:
1. Je ne suis absolument pas d'accord que c'est la capacité portuaire en Afrique du Nord qui a coulé l'Axe. J'ai déjà développé cette question il y a quelques années dans un débat avec Cédric Mas (il avait écrit deux HS de Batailles sur l'Afrika Korps) sur un forum dédié à l'Italie 1939-45, je peux le refaire dans la section idoine du site si Nicolas le souhaite. La capacité portuaire n'a été un problème qu'à cause de la posture tactique imposée par l'action de Malte, et du manque de ressources que l'Axe était disposé à investir dans ce théâtre d'opérations.
2. S'il s'agit du bidon que les Britanniques ont appelé les "flimsies" à cause de leur solidité insuffisante, alors les pertes en carburant à cause de la solidité insuffisante de leurs bidons ont été un réel problème dans les premiers temps de la guerre du désert. J'ai en tête quelque chose de l'ordre de 25%, sachant qu'il s'agissait des réserves les plus urgentes puisqu'en bout de chaîne logistique comme l'a écrit Nicolas, mais c'est uniquement de mémoire. L'arrivée des jerrycans a été un progrès sensible.
3. La question des jerrycans a été un des problèmes majeurs de la logistique alliée en 1944. Les troupes emportent de l'essence, balancent leurs jerrycans vides et vont en chercher d'autres au dépôt. On se retrouve donc en pénurie de jerrycans, lesquels sont récupérés par la population civile pour fabriquer diverses choses. C'est une pénurie à la fois relative - il n'y a pas assez de bidons en Europe - et absolue dans le sens ou la quantité totale de jerrycans produite n'est pas suffisante pour combler le trou. On met en place un système de récompenses: les civils touchent une petite prime par jerrycan rapporté au dépôt, et progressivement la discipline fait des progrès et la règle "pas de jerrycan plein donné par le dépôt sauf en échange d'un vide" est appliquée. Mais ça a été un vrai problème.
4. Je crois que l'absence de containers corrects était aussi un problème pour les armées française, italienne et soviétique, mais je n'ai pas les données exactes. |
| | | Nicolas Aubin Adjudant-chef
Nombre de messages : 233 Localisation : Rouen Date d'inscription : 27/06/2008
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Lun 2 Jan 2012 - 12:10 | |
| Bonjour Louis, Un simple lien vers la page du forum italie 39/45 suffira... Pour les jerrycans abandonnés par les troupes en France en 1944, l'état-major les estime à 11 millions sur les 22 millions débarqués fin août. Je dispose d'un des diplômes offert par le SHAEF aux enfants qui rapportaient des jerrycans. Le manque de jerrycans se pose là encore surtout par le fait qu'ils sont utilisés pour les transports longues distances en lieu et place des citernes (wagons ou camion) et des oléocucs prévus mais non disponibles du fait de l'avance rapide (voie ferrée rare et engorgée, oléoducs non encore posée, sous équipement dramatique en camion citerne du Transportation Corps). Nicolas |
| | | Dragon Commandant
Nombre de messages : 667 Age : 56 Localisation : La Bourgogne du Sud Date d'inscription : 10/04/2008
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Lun 2 Jan 2012 - 13:25 | |
| Bonjour, En 1940, les bidons d'essence n'ont quantitativement pas manqué. Une chose est certaine cependant, la distribution des bidons a souffert dans bien des cas d'une interruption de la chaîne logistique carburant. Le tonneau (ci-joint en photo) était d'une contenance de 50 litres. Relativement lourd vide, il devenait très peu pratique d'usage dès lors qu'il était plein. Ce genre de tonneau de 50 litres était très utilisé également dans le secteur civil. Il n'était pas rare de ce fait d'en voir de fabrication militaire et/ou civile sur la zone d'action de nos armées. Cordialement, Nicolas |
| | | Louis Capdeboscq Colonel
Nombre de messages : 1335 Localisation : Paris Date d'inscription : 26/05/2007
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Lun 2 Jan 2012 - 16:05 | |
| - Nicolas Aubin a écrit:
- Un simple lien vers la page du forum italie 39/45 suffira...
Je ne le retrouve plus (le forum)! bah, suffit d'ouvrir un nouveau fil ailleurs, je suppose ? - Nicolas Aubin a écrit:
- Pour les jerrycans abandonnés par les troupes en France en 1944, l'état-major les estime à 11 millions sur les 22 millions débarqués fin août. Je dispose d'un des diplômes offert par le SHAEF aux enfants qui rapportaient des jerrycans. Le manque de jerrycans se pose là encore surtout par le fait qu'ils sont utilisés pour les transports longues distances en lieu et place des citernes (wagons ou camion) et des oléocucs prévus mais non disponibles du fait de l'avance rapide (voie ferrée rare et engorgée, oléoducs non encore posée, sous équipement dramatique en camion citerne du Transportation Corps).
Globalement d'accord, mais en pratique les jerricans ont beaucoup servi. Ils traversent tous la Manche pleins, et la majorité des stocks de carburant fin juin sont en jerricans, par exemple. Ce qui suit est pour apporter des détails supplémentaires, un peu en vrac: Prévisions d'avant Overlord: les Américains en avaient une quinzaine de millions (dont 10.5 millions fabriqués en Angleterre - mais les Américains avaient expédié une usine clés en mains là-bas pour aider), et ils s'attendaient à un taux de pertes de 5% par mois, plus 200.000 / mois à fournir en dotation des troupes arrivant en renfort. L'expérience en Italie avait démontré que 88% du carburant arrivant aux unités en combat était sous forme de jerricans. L'ennui, c'est que des jerricans vides sont aussi casse-pieds à transporter que des pleins - ils pèsent moins lourds, mais prennent autant de place. Après des calculs préliminaires sur le nombre de bidons à utiliser, les Américains ont un peu paniqué, et ils ont fini par décider qu'il faudrait 7 jours à un jerrican plein pour revenir (vide) au dépôt, avec un taux de pertes de 10%, soit un besoin de 15.5 millions, à peu près leur stock (coïncidence ? ). Pour les Britanniques, il valait mieux compter sur 15% de pertes et 13 jours pour faire le circuit, soit un besoin de 20 millions de jerricans pour les armées américaines (donc sans compter le Commonwealth). En pratique, les Gasoline Supply Companies devaient remettre les jerricans en état avant de les remplir, et on a fini par s'apercevoir qu'il fallait compter entre 8 et 14 fois plus de jerricans à disposition que le volume qu'elles délivraient, soit un fond de roulement sous-estimé. C'est au cours du mois de juin que la politique change: au lieu d'échanger un vide contre un plein, les unités doivent laisser leurs jerricans à des points de collecte, tout en percevant leur carburant ailleurs. En pratique, la plupart des bidons sont donc abandonnés un peu partout, d'où les récompenses. Fin juillet, la production de jerricans était arrêtée aux Etats-Unis, et les Américains passent commande de 500.000 par mois (+ 200.000 / mois pour l'USAAF, utilisables une fois puis cédés à l'armée) auprès des Britanniques. Quand les forces américaines quittent la Normandie, elles laissent derrière elles quelques 2 millions de jerricans. Pendant la 2e moitié du mois d'août, en pleine poursuite, le 21st Army Group ne délivre plus d'essence aux unités immobilisées qu'en citernes, et utilise le maximum de stations services civiles réquisitionnées, afin de réserver le stock de jerricans disponibles aux troupes qui poursuivent. Malgré cela, les besoins augmentent et les Britanniques annoncent qu'ils ne pourront livrer aux Américains que 221.000 jerricans par mois au lieu des 500.000 promis, sachant qu'au même moment la 9th Air Force s'aperçoit qu'elle va continuer à utiliser les siens, donc elle ne cèdera pas non plus les quelque 310.000 bidons par mois qu'elle avait promis. Il reste 7 millions qu'on peut importer des Etats-Unis, mais il faudra choisir entre ça et des effets d'hiver pour les troupes. La 3e Armée U.S., qui a moins de camions citerne que la 1ère, est particulièrement touchée. C'est au cours de ce même mois d'août que le nombre de jerricans devient la variable critique puisque 90% du ravitaillement est encore en Normandie (je suis donc d'accord avec Nicolas !), sachant qu'au même moment, en pleine poursuite, les jerricans sont abandonnés sur tout le territoire et non plus seulement la Normandie, ce qui rend leur récupération plus difficile. En septembre, en revanche, le manque d'espaces de stockage et de jerricans est la raison pour laquelle les armées ne bénéficient pas des trains citernes: elles ne sont pas équipées pour récupérer l'essence contenue dans un train rapidement, donc les trains ravitaillent en priorité l'aviation, ensuite les besoins civils à Paris. La récupération des jerricans abandonnés par les unités de l'arrière ne décole pas. En septembre, la situation est tellement critique qu'un comité interallié des jerricans est mis en place. Les Etats-Unis annoncent que les 7 millions de jerricans ne pourront pas arriver d'ici la fin de l'année: le temps de démarrer la production et de la transporter, il faut compter 4 mois, donc un maximum de 5.4 millions serait disponible. En pratique, Britanniques et Américains vont relancer la production (l'augmenter, pour les premiers), et les livraisons britanniques finiront par dépasser les prévisions en 1945, mais évidemment à l'automne 1944 ça ne soulage pas beaucoup... La pénurie continue en octobre, les jerricans doivent être renvoyés jusqu'à Cherbourg pour être remplis car la capacité de transport en gros est insuffisante. Cela n'ira mieux qu'en novembre, avec la stabilisation du front. Suite à un appel à la population française, 1 millions de jerricans réapparaissent et sont livrés aux Américains. Beaucoup d'autres ont été utilisés pour faire des passerelles ou des objets divers, of course. Je tombe sur un total de 3.5 millions de jerricans manquants, mais c'est juste pour l'US Army, ça ne compte ni l'Air Force, ni les Britanniques (et je ne vais pas avoir le temps de regarder beaucoup plus avant). Le problème concernait également les livraisons de carburant par avions depuis l'Angleterre: sans jerricans, pas d'essence. A noter que le problème ne disparait jamais complètement: pour l'avance en Allemagne au printemps 1945, c'est un peu la même histoire (en moins grave), et par ailleurs beaucoup de jerricans commençaient à arriver en "fin de vie" soit une dizaine de millions environ. C'est un sujet qui m'intéresse... |
| | | Nicolas Aubin Adjudant-chef
Nombre de messages : 233 Localisation : Rouen Date d'inscription : 27/06/2008
| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. Lun 2 Jan 2012 - 16:44 | |
| 1) Le forum, ça doit être celui là.. http://italie1935-45.forumactif.org/ Mais je ne trouve pas trace de vos débats 2) Pour votre prose : WAOU que d'infos... nous sommes totalement HS par rapport à ATF 40 mais étant moi-même passionné par la question logistique, je suis impressionné par la précision de vos infos dont j'ignorais l'essentiel. D'où les tirez vous ? Ne me dites pas des Green books car cela voudrait dire que je les est mal lu. Toujours est-il qu'elles m'auraient été bien utile pour préciser mon argumentation dans mes publications sur la logistique US. La joie d'en apprendre tous les jours davantage. Merci Louis ! Cordialement Nicolas |
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| Sujet: Re: "Tommy-Can" ? British WW2 Fuel Can. | |
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