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| Doctrine d'emploi des unités blindées | |
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+6Finen dhouliez Claude Girod thomas encore etudiant Louis Martel SiVielSto 10 participants | |
Auteur | Message |
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Finen Caporal
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 16/12/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Dim 19 Jan 2014 - 18:28 | |
| C'est une boutade avant tout, bien sur ... mais pas tant que cela.
Si l'on pense aux armées en tant que moyens d'appliquer les actes fondamentaux de la bataille qui sont le choc, le feu et la manœuvre, chaque arme en produit plus ou moins.
En 1914, la cavalerie ne produisait plus quasiment que la manœuvre, à cette même époque l'artillerie cherchait la façon de porter le feu au plus près afin de soutenir le choc de l'infanterie.
Il en est sortie la théorie dite de l'attaque d'artillerie soutenue par l'infanterie puisqu'il semblait que le contraire ne donnait pas les résultats attendus. Elle a été mise en application, entre autre, aux marais de St Gond par des éléments du 61ème RA par le moyen de charges de pièces d'artillerie venant dételer au plus près des lignes allemandes, voir dans certains cas en dételant derrière les positions allemande et cela durant le temps de la charge de l'infanterie. Les pertes et la fin de la guerre de mouvement ont mis fin à ces étrangetés mais il en est sortie le concept du canon protégé automoteur alliant le feu de l'artillerie à la manœuvre pour aider au choc de l'infanterie sur la ligne de front. Cette nouvelle arme a d'abord été l'artillerie spéciale avant d'évoluer en char de combat puis en cavalerie blindée moderne, alliant enfin les 3 moyens de la guerre dans des proportions intéressantes. C'est cela qui lui permis de devenir une arme indépendante, sauvant par la même les tradition de cavalerie ... mais pouvais t-on sérieusement se passer de l'arme du mouvement! |
| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Lun 20 Jan 2014 - 7:54 | |
| - SiVielSto a écrit:
- Revenant sur la fin du dernier post de Thomas :
- Thomas a écrit:
- mais les engins demandés par l'armée et conçus de façon tout à fait formidables (mis à part les 3 erreurs que j'ai relevées) permettaient d'avoir un poing blindé prêt à parer à tout.
Personnellement j'ajouterai d'autres faiblesses à beaucoup de chars français et à l'outil militaire français : - fiabilité mécanique (ex : la 1 DCR comptera 10 B1 bis perdus ou en panne après un déplacement de 60 Km) - optiques mal conçues (à relier à la tourelle monoplace) - armement insuffisant pour affronter d'autres blindés pour beaucoup (la majorité) des chars français. Le fameux 37 mm du FT17 recyclé à toutes les sauces - des dotations de munitions anti-chars insuffisantes (on privilégie le combat contre l'infanterie - à relier aussi à l'armement) - pas d'interphone pour communiquer au sein de l'équipage - conception dépassée de certains modèles (B1 bis) - vitesse assez faible
Additionnés aux déficiences de la radio (absente ou inadaptée ou inemployée ou inutilisable ou peu entraînée), de la tourelle monoplace et de l'autonomie et multipliés par l'absence ou l'incohérence de la doctrine, le manque d'entraînement (certainement aux échelons division et corps mais aussi au niveau de la coopération interarmes), par des structures parfois déficientes (les DCR ou les BCC), par l'inexpérience du combat mécanisé (pas de Pologne du côté français pour tester la machine de guerre et corriger), par l'inefficacité du combat antichars, par l'absence d'appui aérien, par un commandement "méticuleux et détailliste" ne pouvant suivre le rythme des initiatives adverses, tout cela fait que selon moi (et je vais heurter certains forumeurs français) l'outil militaire français, en particulier pour la partie mécanique et aérienne, n'était pas si formidable!
Pour moi, la Panzer IV est dans l'absolu le meilleur char de 1940, même s'il n'était pas le plus puissant mais il était le meilleur compromis sur le champ de bataille mais nous sortons là de la doctrine et passons du côté du matériel.
Je pourrai aussi ajouter la manoeuvre retenue par le camp allié qui, après avoir privilégié la manoeuvre défensive à partir de positions préparées, après avoir fortifié pendant toute la drôle de guerre la frontière belgo-française, s'aventure en Belgique et en Hollande (avec de bonnes raisons politico-économiques!) en sachant d'avance, vu qu'il s'agissait d'une manoeuvre en réaction à une attaque allemande et non d'un déploiement préventif (par honnêteté, je dirai ici que la psychose belge de la neutralité avec ses conséquences funestes n'était pas plus intelligente), qu'il allait au-devant d'un combat de rencontre pour lequel ses forces n'étaient vraiment taillées!
Tout cela ne veut pas dire que la défaite alliée était inéluctable mais il aurait été difficile de l'éviter le 10 mai 40, toute chose égale par ailleurs. Bonjour à tous, bonjour Olivier, Je n'ai hélas pas assez de temps disponible pour m'impliquer véritablement dans cette excellente discussion... mais je la suis avec beaucoup d'attention ! Je ne peux que souscrire à tout ce qui figure ci-dessus, en particulier aux parties figurant en rouge. Et j'ajouterai que l'évocation des capacités du Panzer IV font bel et bien partie de l'approche doctrinale, toute doctrine d'emploi dépendant fortement des différents matériels détenus par les parties en conflit. Cordialement, Thierry Moné ' |
| | | Thierry Moné Général d'Armée
Nombre de messages : 6493 Age : 71 Localisation : Irlande Date d'inscription : 05/04/2009
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Lun 20 Jan 2014 - 8:07 | |
| - Finen a écrit:
- SiVielSto a écrit:
- ... Je lance un appel aux artilleurs pour la défense de leurs grands chefs militaires! ...
Je vous dirais ce que, artilleur, je disais à mes camarades cavaliers : un char n'est jamais qu'une pièce d'artillerie spéciale! (dixit le général Etienne) Bonjour à tous, bonjour Finen, Au-delà de la boutade, force est de constater que pour ce qui concernait l'emploi des chars, la doctrine française de 1940 en était restée peu ou prou - dans la pratique - à cette phrase attribuée au général Etienne ! Cordialement, Thierry Moné ' |
| | | SiVielSto Colonel
Nombre de messages : 1265 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/09/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Lun 20 Jan 2014 - 22:15 | |
| Bonsoir, - Finen a écrit:
- Il en est sortie la théorie dite de l'attaque d'artillerie soutenue par l'infanterie puisqu'il semblait que le contraire ne donnait pas les résultats attendus.
Elle a été mise en application, entre autre, aux marais de St Gond par des éléments du 61ème RA par le moyen de charges de pièces d'artillerie venant dételer au plus près des lignes allemandes, voir dans certains cas en dételant derrière les positions allemande et cela durant le temps de la charge de l'infanterie. Les pertes et la fin de la guerre de mouvement ont mis fin à ces étrangetés mais il en est sortie le concept du canon protégé automoteur alliant le feu de l'artillerie à la manœuvre pour aider au choc de l'infanterie sur la ligne de front.
Cette emploi mobile et "vers l'avant" de l'artillerie était une des spécialité de Napoléon qui portait régulèrement des pièces vers les 1ères lignes à l'endroit où il voulait provoquer la décision. La qualité de l'artillerie napoléonnienne n'est plus à démontrer, tout comme celle de l'artillerie française pendant les deux guerres mondiales. Redoutée et respectée de ses adversaires! Pendant la 1ère guerre, les Allemands ont développé une artillerie d'assaut pour accompagner et appuyer au plus près l'infanterie dans ses attaques de fin de guerre. Elle était composée de pièces allégées de 77 mm mais aussi de canons de montagne (en particulier des SKODA autrichiens) très recherchés pour leur maniabilité accrue. Cette méthode restait cependant loin d'être parfaite car traîner ces pièces légères dans la zone des tranchées et des cratères, sous le feu ennemi de surcroît, restait une gageure! L'Allemagne a cependant conservé, plus que la plupart des autres pays, une artillerie spécifique directement rattachée à l'infanterie, composée de 75 mm et de 150 mm courts, certes mais pas nécessairement légers à la force des bras. Les mortiers, les canons d'assaut et obusiers chenillés de tous genres remplaceront progressivement cette artillerie. En fin de compte, il n'est pas question de se passer de l'infanterie, des blindés et des troupes de reconnaissances (comme armes héritière de la cavalerie), de l'artillerie, du génie, des transmissions, des logisticiens et de tous les autres (y compris forces navales ou maritimes, service médical...) : à partir de la seconde moitié de la 1ère guerre (mais cela ne sera pas "couché" ni appliqué comme une doctrine aboutie et certainement à partir de la 2nde, la victoire appartient à celui qui combine tous ses moyens dans sa manoeuvre ! Prenons les 1ers jours de mai 40 et limitons-nous au moyens terrestres dans les Ardennes belges et françaises (je ne parle parlerai pas non plus des prouesses logistiques ou des transmetteurs allemands. Remarquables):
- la victoire allemande est celle des troupes légères du 10 au 12 mai (avant-garde combinant unités de reconnaissance, motocyclistes, qq panzers souvent légers, des détachements de pioniers, un peu d'infanterie motorisée, de la Flak et qq batteries d'artillerie.
- le franchissement de la Meuse est une victoire de l'infanterie, des pioniers pour l'assaut et des pioniers pour les moyens de pontage et des appuis feux (Flak, chars ou artillerie).
- La percée combine infanterie et chars avec des appuis feux (artillerie, PAK et Flak).
- L'exploitation est laissée aux panzers accompagnés d'infanterie motorisée et de pioniers avec qq batteries, le tout précédé par des troupes de reconnaissances.
A aucun moment, une seule arme n'a remporté la décision! Les panzers par leur mobilité, leur autonomie et leur puissance ont démultiplié l'impact de la combinaison gagnante! |
| | | SiVielSto Colonel
Nombre de messages : 1265 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/09/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Mer 19 Fév 2014 - 17:02 | |
| Afin de progresser dans le récit du combat de Flavion, ouvert dans un autre fil, et de revenir à la doctrine d'emploi des unités blindées françaises, je ne passerai pas en revue le développement complet de la doctrine d'emploi des chars par l'infanterie et me limiterai globalement à l'état de cette doctrine lors de l'engagement de la 1ère DCR en mai 40.
Je commencerai aujourd'hui par décrire les structures utilisées et m'attacherai à faire un bilan de la doctrine "chars de combats/DCr en 1940" dans un prochain post.
· Remarque préalable : la doctrine française d'emploi des forces motorisées et blindées (au sens large) a pris de longs chemins aboutissant à une doctrine pour la Cavalerie et une autre pour l'Infanterie. Pour l'Infanterie, force est de constater que l'évolution de la doctrine et des règlements sous-jacents fut lente et tortueuse, au point qu'en mai 1940, ils n'étaient ni achevés dans leur rédaction, ni diffusés à grande échelle, ni enseignés parmi la majorité des cadres, ni réellement entraînés au-dessus de l'échelon BCC. L'ouvrage de Gérard Saint-Martin "L'arme blindée française. Tome I. Mai-juin 1940! Les blindés français dans la tourmente" décrit ce long cheminement et en donne les références détaillées. Je sortirai cependant de cette étude l'appel lancé le 16 janvier 1939 par le général Georges pour enfin voir la notice provisoire sur l'emploi des chars modernes du 15 décembre 1937 diffusée en dehors d'un cercle restreint : "les prescriptions de la notice du 15 décembre 1937 ne peuvent rester indéfiniment secrète si on veut qu'elles soient suffisamment connues!"
La situation ainsi dénoncée par une haute autorité militaire était-elle le résultat d'une mesure de protection exagérée pour préserver le secret ou une ultime manœuvre de l'ancienne école pour s'en tenir au seul accompagnement de l'infanterie par les chars...?
· Organisation
L'Armée française avait recours à plusieurs structures selon la permanence et la finalité (commandement, mise en condition, combat, mission spécifique). On peut relever les structures suivantes :
o Bataillon de chars de combat (BCC) : unité de base, existant dès le temps de paix (commandement, entraînement), maintenue au combat en tant que "véritable unité de combat" ne pouvant en principe être dissociée.[/color]
§ Les BCC peuvent être placés sous l'autorité d'une armée ou conservés dans la réserve générale. Certains relèveront des DCr.
§ La compagnie de chars est la plus petite unité tactique (pas d'engagement envisagé en-dessous de ce niveau). Elle est mise en œuvre dans le cadre de son BCC ou engagée au sein d'un groupement mixte infanterie-chars de combat (voir ci-dessous).
o Groupe de bataillons de chars (GBC) : unité créée suite à la dissolution des régiments de chars en août 1939 et disposant d'un état-major limité, chapeautant plusieurs BCC (habituellement 3), destinée à préparer les BCC (hors DCR) et à les remettre en condition à l'issu du combat. Le commandant du groupe conseille le commandement de l'armée à laquelle il est rattaché, dans l'emploi des chars. Il peut aussi commander au combat ses BCC lors d'une manœuvre d'ensemble dans le cadre d'une grande unité ou prendre le commandement d'un détachement mécanique.
o Demi-brigade de chars : créé lors de la mise sur pied des DCR, échelon commandant au sein des DCR les 2 BCC sur B1bis et les 2 BCC sur HOTCHKISS. La demi-brigade est en fait un groupement tactique organique. La demi-brigade peut aussi assurer le commandement d'une structure tactique temporaire plus large comme un détachement mécanique.
o Brigade : créée en septembre 39, chaque brigade regroupe 2 BCC (chars B1 ou B1bis), un bataillon de chasseurs portés et de l'artillerie. Ce niveau disparaît à la création des DCr.
o Division cuirassée (DCr - souvent abréviée en DCR même dans des documents d'époque) : unité permanente doté organiquement d'un état-major de division (mais pouvant aussi déployer 2 états-majors sur base de ses 2 demi-brigades), des chars, de l'infanterie, de l'artillerie, du génie et des moyens logistiques et de transmissions. Ses missions seront détaillées par la suite.
o Groupement cuirassé : grande unité constituée de deux DCr, agissant sous le commandement d'une armée ou d'un corps ou entrant dans la composition d'un détachement mécanique subordonné à un corps. En mai 40, la 1 DCR n'appartient pas à un tel groupement. Le groupement cuirassé n'est pas un corps (comme le Corps de Cavalerie) en ce sens qu'il n'est qu'un état-major sans moyens propres. De création tardive ( sur le papier début 1940), cette structure n'a connu qu'une application pratique incomplète et peu convaincante pendant la campagne de 1940. Il est une sorte de super groupement de bataillons de char, pouvant aligner 4 BCC sur B1 bis.
o Structures tactiques temporaires (structures de taille variable créées pour une période et une mission déterminée)
§ Groupement mixte infanterie-chars de combat : structure mêlant infanterie et chars de combat. Dans un groupement mixte infanterie-chars de combat, les chars accompagnent l'infanterie au combat et agissent en liaison avec elle en engageant à courte distance les armes automatiques. On parle alors de chars d'accompagnement, le terme se rapportant à la mission et non au type de char mis en œuvre. Néanmoins, ce type de mission est dévolue a priori aux chars les plus lents, dépourvus de moyens de transmissions (R35, FMC 36, voire D1).
§ Groupement de manœuvre d'ensemble : structure à base de chars devant - Ouvrir la voie à un groupement mixte en le précédant et en engageant les armes à tirs direct aux moyennes et grandes distances. - Pénétrer dans la profondeur d'un dispositif ennemi déjà fragilisé pour s'attaquer aux armes lointaines et aux postes de commandement. - Lutter contre les forces blindées ennemies. Pour ces 3 dernières missions,
on parle dans ce cas de chars de manœuvre d'ensemble (terme se rapportant également à la mission et non au type. Seuls les chars les plus modernes (D2 ou B1 bis) sont destinés à constituer un tel groupement.
§ Détachement mécanique (description sur base de la note sur la motorisation et la mécanisation de l'armée de juin 1932) : structure dont la puissance et la mobilité doit permettre de - désorganiser par une attaque directe et violente la défense ennemie sur un front variable avec l'importance du détachement, -pénétrer profondément par une action de flanc à l'intérieur du dispositif adverse, -obtenir des résultats importants sur un ennemi en mouvement Sa composition est variable (comme sa taille). Elle place à côté d'un fort noyau de chars de combats des éléments de sûreté à base d'automitrailleuses, de l'artillerie et des soutiens portés.
A suivre
Dernière édition par dhouliez le Ven 7 Mar 2014 - 19:13, édité 3 fois (Raison : Correction apportée suite à la remarque de F. Vauvilliers sur les GBC) |
| | | françois vauvillier GBM
Nombre de messages : 3859 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2006
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Mer 19 Fév 2014 - 20:05 | |
| Bonsoir,
À l'issue d'une lecture très rapide de ce post ambitieux, qui s'attaque à un sujet immensément complexe, me vient immédiatement une remarque à caractère terminologique :
GBC = groupe de bataillons de chars (et non pas groupement).
Bien cordialement
François |
| | | SiVielSto Colonel
Nombre de messages : 1265 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/09/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Mer 19 Fév 2014 - 23:29 | |
| J'avais trouvé les 2 appellations et avait hésité à les mentionner toutes les deux. Plus d'hésitation maintenant. Merci. |
| | | ambarequiem Caporal
Nombre de messages : 38 Date d'inscription : 01/10/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Jeu 20 Fév 2014 - 10:00 | |
| - SiVielSto a écrit:
- Brigade : créée en septembre 39, chaque brigade regroupe 2 BCC (chars B1 ou B1bis), un bataillon de chasseurs portés et de l'artillerie. Ce niveau disparaît à la création des DCr
Il est dommage que ses brigades n'aient pas remplacé un RI dans chaque DIM. Les caractéristiques techniques des chars d'infanterie (vitesses, autonomie) ne sont peut être pas favorables aux regroupements basés uniquement sur les chars que sont les DCR. Mais les penseurs de l'époque ont peut-être en tête l'échec du détachement mécanique de combat. Cordialement Rémy |
| | | SiVielSto Colonel
Nombre de messages : 1265 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/09/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Jeu 20 Fév 2014 - 11:35 | |
| Si tel avait été le cas et à condition que les DIM soient réellement motorisées avec des moyens propres du style camion ou mieux véhicules du style "Dragons portés", cela aurait transformé ces DIM (+) en sorte de précurseurs de Panzer-grenadier Division sans équivalent en 1940.
Mais les seuls véritables "fantassins" motorisés en 1940 sont les Chasseurs et les Dragons portés! D'une part, ces brigades et leurs moyens les plus performants (en particulier BCC sur B1 bis et BCP) étaient très rares (donc à utiliser de façon parcimonieuse en les engageant pour des actions décisives) et d'autre part, l'idée de mêler infanterie motorisée et chars modernes en grand nombre dans une structure permanente du niveau division n'avait pas encore abouti, je pense.
Certains pensaient, tout au plus, à un BCC par division d'infanterie (les DIM auraient probablement été prioritaires).
Enfin, avec les brigades absorbées dans les DIM, il n'y a plus de DCr. Il aurait probablement mieux valu renforcer l'infanterie des DCr (un régiment de chasseurs avec un bataillon sur chenillette et un bataillon sur camion?) et certains de leurs moyens génie et éléments de sûreté. D'ailleurs tout cela aurait aussi demandé du temps (si court en 39/40)! Avec ce temps, les DIM, DCr, DLM et autres unités auraient très bien pu acquérir l'expérience de manœuvrer ensemble dans des structures mêlant les points forts de chacun. Les structures temporaires ne sont pas un mauvais choix en soi (les Allemands y auront recours pendant toute la guerre) mais elles ne peuvent donner toute leur efficacité qu'avec de l'entraînement à TOUS les échelons! |
| | | avz94 Membre ATF40
Nombre de messages : 10673 Age : 63 Localisation : PARIS Date d'inscription : 30/09/2007
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Jeu 20 Fév 2014 - 14:32 | |
| - SiVielSto a écrit:
La situation ainsi dénoncée par une haute autorité militaire était-elle le résultat d'une mesure de protection exagérée pour préserver le secret ou une ultime manœuvre de l'ancienne école pour s'en tenir au seul accompagnement de l'infanterie par les chars...?
Bonjour voici une anecdote que l'on pourrait lier à cette question : Lors de la réunion de la Commission pour la rédaction du Réglement des Unités de Chars, certains officiers de cette arme ne manquèrent pas de demander au Général Inspecteur de l'Infanterie président de cet organe, s'il ne serait pas possible d'obtenir des renseignements assez prècis sur les règles d'emploi des unités blindées allemandes. Ces officiers firent remarquer que l'engagement des unités de chars devait être conçu en fonction des principes susceptibles d'être appliqués par leur adversaire le plus probable, surtout pour la "bataille des chars". Malheureusement ils ne purent recevoir satisfaction. Après l'Armistice, l'un des officiers eut la surprise de retrouver dans les archives de la Section "chars" de la Direction de l'Infanterie des documents datant de 1938, recueillis par les services de renseignements, où étaient décrits l'organisation des unités blindées allemandes; les formations, les règles de tir et divers autres éléments ayant trait, en particulier, à l'entrainement et à l'instruction. Cordialement |
| | | françois vauvillier GBM
Nombre de messages : 3859 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2006
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Jeu 20 Fév 2014 - 15:35 | |
| Bonjour à tous,
Je vois que la discussion, partant de l'exposé des moyens existants, dérive vers l'opinion des uns et des autres sur ce qu'il aurait fallu faire pour...
Dans ce débat, on oublie trop souvent que les structures divisionnaires complètes (commandement et services, personnel et matériel) existaient effectivement dans l'ATF 40 pour obtenir, somme toutes à moindres frais, de grandes unités moto-mécaniques supplémentaires répondant aux nécessités du moment, et ce uniquement par assemblage de l'existant : - il s'agit des DLC (divisions légères de cavalerie), en imaginant que leur brigade de cavalerie à cheval (deux régiments) ait été remplacée par une demi-brigade de chars à deux BCC légers modernes, prélevés sur les armées.
On remarquera : - que le renforcement temporaire de grandes unités de cavalerie par des BCC est prévu par les instructions ; - mais, a contrario, que le rattachement organique de BCC au sein de GU de cavalerie est, dans les mentalités du moment, iconoclaste (dualité infanterie/cavalerie).
En fait, la force des choses — hypothèse d'une poursuite du combat en été 1940 sur un front Nord-Est au tracé révisé — aurait immanquablement conduit à une solution de cet ordre car : - le concept des DCr est bancal d'origine (déséquilibre flagrant des différentes armes au sein de la division) ; - les cavaliers ont vu juste bien avant-guerre avec la création des DLM, constituant un outil cohérent sinon parfait ; - la décision est d'ores et déjà prise, tout début juin 1940, de transformer les DLC en 4e, 5e, 6e, 7e et 8e DLM mais les moyens de la cavalerie sont insuffisants pour parvenir à un résultat probant.
En effet, dans les conditions prévues par le commandement à la fin de la première décade de juin 1940, nous aurions eu, dans l'hypothèse favorable (tenue ferme d'un front après les revers initiaux de mai), par empilement des moyens de la cavalerie et de l'infanterie : - 8 DLM anémiques - 4 DCr dont 3 épuisées (après Abbeville et Stonne), la 1re DCr étant reconstituée " fraîche" mais à trois BCC (un de B1bis, deux de R 35) seulement.
Compte tenu des capacités de l'industrie à fournir du matériel de remplacement, et spécialement du matériel blindé, le maintien de 12 GU moto-mécaniques n'aurait, à mon point de vue, pas été possible au second semestre 1940. On peut donc raisonnablement penser que des choix logiques auraient été opérés pour, en quelque sorte, fusionner une partie des DLM " type réduit" avec les DCr (ou l'inverse, ce ne sont ensuite que des questions de " querelles de boutons" mais quand il y a le feu à la maison, ces choses-là deviennent secondaires), en observant que seules les premières avaient l'expérience de la combinaison des armes et des moyens.
D'une manière ou d'une autre, nous serions arrivés assez rapidement à des divisions mécaniques/cuirassées d'un type unique — ce que le général Héring avait d'ailleurs préconisé, formellement et par écrit, dès 1938 au conseil supérieur de la Guerre,, " hors de toute considération d'arme " pour éviter de voir commettre l'absurdité consistant à mettre sur pied des "divisions de chars" de deux types différents selon qu'elles étaient d'ores et déjà créées par la cavalerie d'une part (les DLM), ou le seraient à brève échéance par l'infanterie d'autre part (les DCr).
Bien cordialement à tous
François |
| | | ambarequiem Caporal
Nombre de messages : 38 Date d'inscription : 01/10/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Ven 21 Fév 2014 - 9:05 | |
| - françois vauvillier a écrit:
On remarquera : - que le renforcement temporaire de grandes unités de cavalerie par des BCC est prévu par les instructions ; - mais, a contrario, que le rattachement organique de BCC au sein de GU de cavalerie est, dans les mentalités du moment, iconoclaste (dualité infanterie/cavalerie). On observe que l'infanterie tient ses chars loin des cavaliers (il en va de même pour les moyens de reconnaissance non alloués aux DCR). Ce qui porte peut-être plus préjudice à cette arme blindée en devenir, c'est que les chars d'infanterie ont tendance à se tenir loin des fantassins. Une DLM, unité de cavalerie possède d'avantage de troupe pouvant combattre à pied qu'une DCR unité d'infanterie. Cela va nuire aux DCR, dans le sens ou elle seront plus considérées comme un réservoir de char que comme une unité de combat inter-arme. Le tout n'est pas considéré comme offrant une solution d'emploi supérieure à la somme des unités le composant. Cordialement Rémy |
| | | ambarequiem Caporal
Nombre de messages : 38 Date d'inscription : 01/10/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Dim 23 Fév 2014 - 1:02 | |
| Une illustration frappante du non aboutissement de la pensée française en terme de doctrine d'emploi des blindés se trouve dans le cas du B1. Les concepteurs de l'époque vont surmonter difficilement d'innombrables obstacles pour réaliser le char d'accompagnement d'infanterie parfait. Cet hybride de char et de canon d'assaut est capable de protéger par sa masse une escouade d'infanterie au combat, et d'écraser tous les obstacles du nid de mitrailleuse à la fortification en passant par le char. Ceci permettant à l'infanterie: - De mener l'assaut en réduisant les pertes humaines, - D'occuper le terrain et de garder assez de forces pour contrer immédiatement toutes contre attaque. Au lieu d'utiliser le char dans cette situation, on le rassemble dans des unités exclusivement composées de blindés où il tiendra le rôle de chasseur de char. Cela ne l'empêchera pas d'être redoutable, notamment grâce à la robustesse que nécessitait l'emploi pour lequel il est initialement prévu. Mais sa conception limitera ses possibilités de combat antichar: tourelle inadéquate, difficultés de communication entre membres d'équipage et chars de la même unité, mobilité tactique limitée. Alors que s'il avait été conçu comme chasseur de char, l'armée allemande aurait rapidement été à court de chars pour mener l'offensive. De même, le non emploi du B1 dans les conditions pour lesquelles il est conçu sera la cause de la perte de nombreux matériels, notamment lors des pannes mécaniques et des ravitaillements, où une protection de l'infanterie aurait éviter l'abandon de nombreux chars.
Cordialement
Rémy
Dernière édition par ambarequiem le Dim 23 Fév 2014 - 10:44, édité 1 fois |
| | | Louis Martel Commandant
Nombre de messages : 611 Localisation : Sud-ouest Date d'inscription : 13/06/2009
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Dim 23 Fév 2014 - 9:06 | |
| Bonjour Désolé Mr ambarequiem, mais vous vous trompez lourdement. Le B1 n'a pas été conçu pour l'accompagnement de l'infanterie mais pour la manoeuvre d'ensemble. Il est destiné à s'enfoncer dans les positions ennemies en avant des groupements infanterie-chars. Au contraire c'est infanterie et les autres armes qui doivent accompagner le char B (c'est dans les gènes de la manoeuvre d'ensemble, une fois le rêve de chars forteresses capables de se battre seuls écarté). Il en résulte qu'en 1940 tout un système sur chenille et sous blindage se met en place, pour le combat mais aussi les appuis et les soutiens (ambulances blindées, ravitailleurs, observatoires, etc ). Mais pour s'en apercevoir il faut sortir de la "pensée Blitzkrieg". Cordialement Je me mets à écrire comme Mr Vauvillier, il doit y avoir quelque chose dans l'encre de GBM . |
| | | ambarequiem Caporal
Nombre de messages : 38 Date d'inscription : 01/10/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Dim 23 Fév 2014 - 11:01 | |
| - Louis Marte a écrit:
Désolé Mr ambarequiem, mais vous vous trompez lourdement. C'est un mauvais choix de mots plutôt qu'une erreur lourde (je comprends qu'accompagnement vous fasse "tiquer"). Dans mon développement, le char B mène l'assaut, il est accompagné par l'infanterie qui le suit dans ses chenilles, et pas 2 km derrière, pour une manœuvre ensemble (c'est ainsi que je comprend le terme de char de manœuvre d'ensemble). - Louis Martel a écrit:
- une fois le rêve de chars forteresses capables de se battre seuls écarté
C'est le problème des DCR, elles laissent le char se battre seul, alors qu'il n'en a pas les capacités, et qu"il n'est pas conçu pour cela. - Louis Martel a écrit:
- Mais pour s'en apercevoir il faut sortir de la "pensée Blitzkrieg".
Je ne pense pas blitzkrieg, l'infanterie au contraire des DLM n'est pas faite pour ce genre d'emploi. Ma pensée va plutôt vers le RCT ( Regimental Combat Team) américain, qui en passant découle des doctrines françaises, ou le char est un soutien, un appui de l'attaque d'infanterie. Cordialement Rémy PS: j'ai laissé mon prénom à la demande d'intervenant pour plus de convivialité, n'hésitez pas à l'employer. |
| | | françois vauvillier GBM
Nombre de messages : 3859 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2006
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Dim 23 Fév 2014 - 19:35 | |
| Bonsoir à tous,
Nous abordons à nouveau, en trop peu de mots, un cas assez complexe qui est celui de l'emploi du char B.
Le "char de bataille", dans sa définition de 1921, est destiné " à la fois à faire de l'accompagnement et à assumer des missions plus larges (lutte contre les chars et les armes antichars ennemies, attaques brusquées contre les rideaux défensifs adverses, exploitations rapides et profondes) " (synthèse d'époque).
La " manœuvre d'ensemble " est, dans la pratique, postérieure de quelques années. Elle implique la présence à bord de chaque char d'un poste émetteur-récepteur, ce qui n'était pas prévu dans le programme du char de bataille tel que fixé en 1921 mais le sera dans le programme révisé de 1926. Le principe de la "manœuvre d'ensemble" a été résumé par Stéphane Ferrard dans GBM 92 page 39. Il s'agit bien, pour les chars dédiés, de se porter en avant de l'infanterie.
Par ailleurs, la "manœuvre d'ensemble " est rendue possible aussi bien avec les chars D (3 hommes dont un radiotélégraphiste) qu'avec les chars B (4 hommes dont un radiotélégraphiste). Mais à aucun moment ceci n'implique l'existence d'une " infanterie qui suit [le char de manœuvre d'ensemble] dans ses chenilles ". Ce mode avait été envisagé un temps — éclair de fulgurance —, par le programme d'études de juillet 1920, pour être écarté dès 1921. Les idées n'étaient pas mûres.
Tardivement réalisée, l'infanterie transportée à bord de voitures blindées chenillées (VBCP Lorraine 38 L) est, on le sait, une spécificité, d'ailleurs fort bien comprise, de la DCr. Au sujet de l'articulation théorique de la division cuirassée " type 1939 ", avec chars et chasseurs portés dans leurs missions respectives au combat offensif, tel qu'en était donné l'enseignement en 1939-1940 aux cadres de ces unités, je ne puis que conseiller de se reporter à GBM 79 pages 38-49, où tout est détaillé.
Bonne suite de discussion, Bien cordialement à tous
François |
| | | Louis Martel Commandant
Nombre de messages : 611 Localisation : Sud-ouest Date d'inscription : 13/06/2009
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Dim 23 Fév 2014 - 22:16 | |
| Bonsoir Quant je parle de "penser Blitzkrieg" je fait référence à la vision d'un développement de l'emploi des blindés passant obligatoirement par la formation d'une arme blindée unique et par la mise en place d'un modèle unique de GU blindée pour être valable sinon c'est une conception erronée, boiteuse. - Citation :
- Mais à aucun moment ceci n'implique l'existence d'une " infanterie qui suit [le char de manœuvre d'ensemble] dans ses chenilles ". Ce mode avait été envisagé un temps — éclair de fulgurance —, par le programme d'études de juillet 1920, pour être écarté dès 1921. Les idées n'étaient pas mûres.
Je ne suis pas aussi catégorique. J'ai trouvé des éléments "troublants". Soit l'idée n'a pas été oubliée de tous ou certains ont réinventés la roue. Comme le Petit Poucet, je recherche les miettes pour voir si elles forment un lien continu et cohérent. cordialement |
| | | SiVielSto Colonel
Nombre de messages : 1265 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/09/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Dim 23 Fév 2014 - 23:01 | |
| Quid de l'infanterie? - Rémy a écrit:
- Je ne pense pas blitzkrieg, l'infanterie au contraire des DLM n'est pas faite pour ce genre d'emploi. Ma pensée va plutôt vers le RCT (Regimental Combat Team) américain, qui en passant découle des doctrines françaises, ou le char est un soutien, un appui de l'attaque d'infanterie.
Si je comprends l'usage ici fait du terme "Blitzkrieg" comme combat mobile, rapide et "monté" (dans le sens avec des forces sur véhicules), il est faux de croire que l'infanterie (même celle de 1940) n'y avait pas sa place. La preuve en est la création des BCP dans les DCr par l'Infanterie française qui anticipait ainsi la création d'unités d'infanterie entièrement sur véhicules blindés tout-terrain. Pour la 2nde Guerre Mondiale, seules les USA ont pu créer et équiper complètement de telles unités pour les placer dans leurs Armored Divisions. D'autres les avaient sur papier sans en disposer en nombre suffisant sur le terrain (e.a. les PzGren allemands). Une telle infanterie est seule apte à suivre les chars au cœur des combats montés (pour intervenir rapidement si nécessaire), voire à les précéder dans certains terrains ou pour certains procédés de combat. Mais les DIM (infanterie motorisée) étaient aussi prévues, en théorie pour un combat mobile, avec une DCr, comme DCr et DLM pouvaient manœuvrer ensemble. Pour les DIM, il est vrai que le caractère temporaire des moyens pour transporter les fantassins et parfois leur médiocre qualité (autobus pour une bonne partie de la 5e DIM par exemple) ne se prêtaient pas à ce genre de manœuvre (d'ailleurs très peu entraînée). Par ailleurs, l'approche américaine des Regimental Combat Team ne signifie pas que les chars du bataillon vont d'office appuyer l'infanterie et faire de l'accompagnement selon une forme proche de la doctrine française de 1940. Un RCT constitue une unité interarmes disposant donc de moyens diversifiés, attribués en théorie selon la mission, l'ennemi et le terrain (en pratique assez stables dans leur structure), de sorte à disposer d'une certaine autonomie. Cette approche n'a pas d'équivalent pratique dans l'ATF40 où les différents groupements ou détachements ne regroupent que chars (d'infanterie ou de cavalerie) et infanterie (ou dragons portés), les autres appuis (reconnaissance, artillerie ou génie) restant au niveau division ou corps. Je doute donc de l'origine française des RCT ou CC US mais j'attends des éléments de preuve avec intérêt. Les préludes à l'approche "CC ou RCT" apparaissent très tôt dans l'US Army (dès le lancement de sa montée en puissance) et l'esprit pragmatique américain a conduit à prendre le meilleur de chacun (ami ou ennemi) pour en faire une doctrine propre. La pensée militaire US fut loin d'être à la traîne pendant le conflit. Ainsi l'idée de créer une "arme blindée" indépendante date d'une réunion tenue du 10 au 12 juin 1940! |
| | | françois vauvillier GBM
Nombre de messages : 3859 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2006
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Lun 24 Fév 2014 - 2:08 | |
| Bonsoir à tous,
L'origine française des " groupements de combat cuirassés" (en français dans le texte, noir sur blanc en 1938) est attestée par la note du général Héring annexée au procès-verbal de la réunion du conseil supérieur de la Guerre du 2 décembre 1938. Ces groupements, dans l'idée développée par Héring, seront " aptes à marcher, vivre et combattre par leurs seuls moyens ".
(réf. Les problèmes de l'armée de terre française 1935-1939, Henri Dutailly, SHAT 1980, page 158)
Bien cordialement
François |
| | | ambarequiem Caporal
Nombre de messages : 38 Date d'inscription : 01/10/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Lun 24 Fév 2014 - 12:21 | |
| - SiVielSto a écrit:
Si je comprends l'usage ici fait du terme "Blitzkrieg" comme combat mobile, rapide et "monté" (dans le sens avec des forces sur véhicules), il est faux de croire que l'infanterie (même celle de 1940) n'y avait pas sa place.
La preuve en est la création des BCP dans les DCr par l'Infanterie française qui anticipait ainsi la création d'unités d'infanterie entièrement sur véhicules blindés tout-terrain. Pour la 2nde Guerre Mondiale, seules les USA ont pu créer et équiper complètement de telles unités pour les placer dans leurs Armored Divisions. D'autres les avaient sur papier sans en disposer en nombre suffisant sur le terrain (e.a. les PzGren allemands). Si la création du BCP dans les DCR est novatrice (c'est la première infanterie mécanisée sur châssis entièrement chenillé), la situation tant du point de vue des effectifs que les spécificités techniques du matériel ne permettent pas aux formation blindées d'infanterie de mener la blitzkrieg dans le sens ou elle ne peuvent pas faire l'exploitation immédiate de la percée. Les DLM ont le format et le matériel pour le faire, c'est juste leur nombre qui ne le permet pas. Une utilisation combinée de ces deux formations pourrait donner un avantage à l'armée française, mais cela nécessite un niveau d’entraînement et de coordination que l'on ne cherche pas à obtenir malgré 9 mois de drôle de guerre. Dans la pratique, cela aura des résultats mitigés. - SiVielSto a écrit:
- Une telle infanterie est seule apte à suivre les chars au cœur des combats montés (pour intervenir rapidement si nécessaire), voire à les précéder dans certains terrains ou pour certains procédés de combat.
Mais les DIM (infanterie motorisée) étaient aussi prévues, en théorie pour un combat mobile, avec une DCr, comme DCr et DLM pouvaient manœuvrer ensemble. Pour les DIM, il est vrai que le caractère temporaire des moyens pour transporter les fantassins et parfois leur médiocre qualité (autobus pour une bonne partie de la 5e DIM par exemple) ne se prêtaient pas à ce genre de manœuvre (d'ailleurs très peu entraînée). L'infanterie mécanisée ou motorisée avec transports propres apporte l'avantage d'une infanterie pouvant sans temps de flottement combattre et procéder à l'exploitation de la percée. Une infanterie motorisée sans moyens de transports organiques, présentera un temps de flottement pour débarquer et rejoindre ses véhicules, mais le combat mobile est possible pour ce type d'infaterie si elle y est entraînée. Les anglais dont les divisions blindées du milieu de la guerre se composent de deux brigades comprenant 3 régiments de chars et un bataillon d'infanterie motorisée, vont préférer par la suite remplacer une brigade blindée par une brigade d'infanterie normale donc motorisée par des éléments du train. - SiVielSto a écrit:
- Je doute donc de l'origine française des RCT ou CC US mais j'attends des éléments de preuve avec intérêt.
Les français maintienne un EM de brigade dans les DLM et DCR pour pouvoir commander des groupements tactiques. Si l'artillerie reste sous commandement de la division, c'est peut-être parce qu'elle est moins mobile (pas d'automoteurs), mais les groupes d'artillerie ont souvent pour mission d'agir au profit d'un groupe tactique précis (pour simplifier les communications). Je ne suis pas sur du fait non plus, mais les américains ont pu bénéficier du retour d'expérience français, tout comme ils ont bénéficier de brevets industriels. - Louis Martel a écrit:
Quant je parle de "penser Blitzkrieg" je fait référence à la vision d'un développement de l'emploi des blindés passant obligatoirement par la formation d'une arme blindée unique et par la mise en place d'un modèle unique de GU blindée pour être valable sinon c'est une conception erronée, boiteuse. Contrairement à certains développement uchronique, j'ai des doutes sur la fondation d'une ABC, si la France continue la guerre sur son sol. Nous aurions eu des unités blindés de cavalerie d'exploitation comme la DLM, et des brigades ou des divisions blindées d'infanterie pour la rupture. Le fait que l'on adopte un matériel commun comme le G1, n'aurait pas supprimé immédiatement "l'esprit tradition" de l'armée. On aurait plus sûrement vu se développer une version infanterie et cavalerie du G1, l'une avec canon de 75 court, l'autre avec canon long pour le combat antichar. Cordialement Rémy |
| | | Finen Caporal
Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 16/12/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Lun 24 Fév 2014 - 13:16 | |
| - ambarequiem a écrit:
- Louis Martel a écrit:
Quant je parle de "penser Blitzkrieg" je fait référence à la vision d'un développement de l'emploi des blindés passant obligatoirement par la formation d'une arme blindée unique et par la mise en place d'un modèle unique de GU blindée pour être valable sinon c'est une conception erronée, boiteuse. Contrairement à certains développement uchronique, j'ai des doutes sur la fondation d'une ABC, si la France continue la guerre sur son sol. Nous aurions eu des unités blindés de cavalerie d'exploitation comme la DLM, et des brigades ou des divisions blindées d'infanterie pour la rupture. Le fait que l'on adopte un matériel commun comme le G1, n'aurait pas supprimé immédiatement "l'esprit tradition" de l'armée. On aurait plus sûrement vu se développer une version infanterie et cavalerie du G1, l'une avec canon de 75 court, l'autre avec canon long pour le combat antichar.
Cordialement
Rémy Sans un choc majeur comme la défaite sur le sol français, il est en effet très improbable que l'état major accepte de fusionner les grandes unités mécanisées en un seul modèle. Il est capital pour eux de maintenir des places de divisionnaire aux commandants de régiments issus de chacune des traditions. Si cette phrase vous parait ridicule, c'est normal, mais elle sonnait comme une évidence chez les officiers de l'époque. Chaque chapelle devant avoir son lot de divisionnaire pour assurer l'équilibre au final dans les grandes instances politiques de l'armée. Par la suite, l'expérience du combat et la nécessité de rationaliser la production des couteux blindées conduira à la création de l'arme blindée cavalerie mais pas forcement dans le temps de la guerre. Il faut pour cela une remise en question qui ne peut être amené que par l'accumulation de revers au combat ou par la nécessaire réorganisation du fait de la démobilisation d'après guerre. |
| | | SiVielSto Colonel
Nombre de messages : 1265 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/09/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Lun 24 Fév 2014 - 15:56 | |
| - Rémy a écrit:
- Si la création du BCP dans les DCR est novatrice (c'est la première infanterie mécanisée sur châssis entièrement chenillé), la situation tant du point de vue des effectifs que les spécificités techniques du matériel ne permettent pas aux formation blindées d'infanterie de mener la blitzkrieg dans le sens ou elle ne peuvent pas faire l'exploitation immédiate de la percée. Les DLM ont le format et le matériel pour le faire, c'est juste leur nombre qui ne le permet pas.
Une utilisation combinée de ces deux formations pourrait donner un avantage à l'armée française, mais cela nécessite un niveau d’entraînement et de coordination que l'on ne cherche pas à obtenir malgré 9 mois de drôle de guerre. Dans la pratique, cela aura des résultats mitigés. L'Infanterie a bien prévu dans sa doctrine de faire manœuvrer ensemble DCr et DLM (suivies de DIM) sous les ordres d'une armée ou d'un corps d'armée (ou le Corps de Cavalerie!) dans le cadre d'une manœuvre d'aile ou dans le cadre de l'exploitation mais il est vrai que les 2 premières DCr ayant vu le jour en janvier 40, il fut donc impossible d'entraîner ce genre de collaboration pendant la drôle de guerre. Et les effectifs en Chasseurs sont restés trop limités. La DCr de 1940 n'est que l'ombre du projet initial (même pour les chars). Pour les véhicules des Chasseurs des BCP (VBCP Lorraine 38L), je n'ai jamais vu de comparatif avec les performances des SdKfz 251 mais il ne devait pas y avoir une grosse différence (le concept est proche sauf pour la remorque, probablement pénalisante) et pourtant les Panzergrenadier-Regimenter (post 1940) ont prouvé la validité de cette approche. Quant aux Schützen-Regimenter de 1940, bien que montés sur camions (sauf quelques privilégiés de la 1. Panzer-Division), ils ont formé un complément efficace aux Panzer-Regimenter, face, il est vrai, à des défenses souvent peu profondes ou dans des combats contre des unités déjà désorganisées. Il faut aussi noter qu'il n'y a pas une grande différence de volume d'infanterie sur "APC" entre l'ATF40 et la WH en mai 40. - Rémy a écrit:
- L'infanterie mécanisée ou motorisée avec transports propres apporte l'avantage d'une infanterie pouvant sans temps de flottement combattre et procéder à l'exploitation de la percée. Une infanterie motorisée sans moyens de transports organiques, présentera un temps de flottement pour débarquer et rejoindre ses véhicules, mais le combat mobile est possible pour ce type d'infanterie si elle y est entraînée.
100 % d'accord avec vous (c'est ce que j'avais écrit). Le caractère organique ou non des transports (camion) ne devrait pas en théorie constituer une difficulté si ces camions restent disponibles en permanence. En pratique (comme ancien de l'infanterie blindée, je peux donner des exemples concrets), rien de tel qu'un véhicule organique rattaché aux plus bas échelon. Exemple, un véhicule par groupe. Autant de véhicules par section que de groupe (y compris les groupes de Comdt ou d'appui selon la structure de l'unité) et ainsi de suite. Je maintiens que l'approche RCT/Combat Command de la US Army est bien plus polyvalente que l'approche de l'ATF 40 avec des groupements de ce niveau basés sur fantassins et chars. Les USA ont en effet été des spectateurs attentifs de mai et juin 40 (et même de la Pologne auparavant) mais pas seulement de l'Armée française... |
| | | françois vauvillier GBM
Nombre de messages : 3859 Localisation : Paris Date d'inscription : 09/10/2006
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Lun 24 Fév 2014 - 23:17 | |
| Bonsoir à tous,
À l'attention spéciale d'Olivier (SiVielSto), relativement à sa phrase :
"Je maintiens que l'approche RCT/Combat Command de la US Army est bien plus polyvalente que l'approche de l'ATF 40 avec des groupements de ce niveau basés sur fantassins et chars. " ——————
Afin de développer éventuellement, mais cette fois en toute connaissance de cause, voici ce qui est dit, plus complètement, page 158 de l'ouvrage d'Henry Dutailly, cité plus haut par mes soins.
Les " groupements de combat cuirassés " préconisés par le général Héring comprendront :
"outre la demi-brigade mixte proposée par le général Martin [c'est-à-dire à deux bataillons de chars B et un bataillon de chasseurs portés] : -un élément de sûreté rapprochée et de reconnaissance à base de chars rapides ; -des unités du génie et des transmissions ; -une batterie de canons antichars automoteurs ; -une batterie de DCA légère ; -des éléments de dépannage et du train. L'artillerie est regroupée au niveau de la division qui dispose d'une escadrille d'observation et de reconnaissance et d'unités des services ".
Je rappelle enfin que ce point de vue n'est pas du tout celui de l'EMA. C'est une vue personnelle du général Héring, membre du CSG, isolé dans la défense de sa conception, qui, selon Dutailly, " exprime une opposition irréductible au projet approuvé par le général Gamelin."
Henri Dutailly souligne d'ailleurs un peu plus haut le fait que les "groupements de combat cuirassés" préconisés par Héring en décembre 1938 " préfigurent les groupements blindés des divisions blindées de type américain ".
C'est une phrase qui, lorsque je l'ai lue voici plus de trente ans, m'a ouvert les yeux sur la face cachée de l'ATF 40, celle qui nous passionne tous ici et qui va à l'encontre absolu de toutes les idées reçues.
Bien cordialement à tous
François |
| | | SiVielSto Colonel
Nombre de messages : 1265 Localisation : Belgique Date d'inscription : 11/09/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Mar 25 Fév 2014 - 21:10 | |
| Merci. Voilà en effet un développement très proche de la "brigade" moderne.
Claude Paillat dans son étude sur 1940 (Le désastre de 1940) signale qu'après la défaite alliée, les USA via leurs attachés militaires s'étaient intéressés aux forces allemandes et aux causes de leur victoire, notamment par une visite sur des zones d'opérations. |
| | | ambarequiem Caporal
Nombre de messages : 38 Date d'inscription : 01/10/2013
| Sujet: Re: Doctrine d'emploi des unités blindées Jeu 27 Fév 2014 - 11:55 | |
| Il existe des ressemblances frappantes entre les armées allemande, française et américaine en terme d'organisation des unités, notamment pour l'infanterie. Il est assez logique que ces armée développent à peu près en même temps des doctrine d'emplois de type Kampfgruppe, RCT ou groupement tactique. Ce type de groupement va permettre à l'infanterie de manœuvrer avec des engins blindés. Les américains ont eu le "luxe" de pouvoir observer le premier round, et les français n'ont malheureusement pas été assez préparés.
Il y a 5 mois entre la création des DCR, et l'offensive ennemie, y-a-t-il des traces de manœuvre conjointe de DIM et DCR dans se labs de temps?
Cordialement
Rémy |
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