Fusil MAS 36 CR 39, utilisation

Bonjour à tous,
Je penche sur un grand dilemme depuis bientôt un an et aucune réponse à mes interrogations à savoir:
Le mas 36 CR 39 dit premier type donc canon daté 1940 avec numéro de série inférieur à 1000 aurait-il pu être mis en service aussitôt 1940 dans les troupes alpines ou seulement à partir de 1944?
Je viens d'en rentrer encore deux qui viennent de la région de Briançon et d'après les propriétaires (qui ne sont autre que les fils des personnes les ayant perçu) ils les auraient eu en 1940 et non 1944!
Un ouvrage de référence devant sortir sur le sujet ou je suis un peu acteur, je ne voudrais m'étayer que sur des faits réels ou des photos ou des textes officiels et non des histoires même si elles sont plus ou moins vrai!
Qui pourrait m'en dire plus ou m'éclairer à ce sujet svp?
Par avance merci
Cdt
professeur

Bonjour

je confirme, même témoignage également mais hélas pas de photo ...

c08

Bonjour,

Je n'ai jamais vu non plus de photos de troupes de montagne équipées de ce genre de fusil. Ce que je peux dire, c'est que selon le "Bulletin d'information sur les études de matériels" daté du 15 mars 1940, il est précisé que "cette arme, destinée à l'infanterie de l'air et aux éclaireurs-skieurs, vient d'être mise en fabrication."

C'est bien maigre...

C'est bien maigre mais on avance petit à petit et je pense que l'on arrivera bien à trouver la vérité!

Bonsoir

je n'ai pas de réponse aux questions, mais voici une photo du MAS 36 CR 39



Cordialement

Bonjour,
Je n’avais pas répondu à ce sujet, qui m’a été remis en mémoire par le visionnage ce matin d’une vidéo. Le vidéaste est extrêmement prudent quant à une éventuelle mise en service en 1940. Ce n’est pas le cas d’un commentaire écrit en-dessous, assez habituel, affirmant la présence de CR39 à Narvik et à Bir Hakeim.
C’est extrêmement peu probable et il ne saurait s’agir dans tous les cas d’armes de série.
Quant aux armes de pré-série, l’exemplaire au numéro le plus élevé connu est le No 13.

Stéphane Rivoire avait, à l’époque où il était conservateur de la collection d’armes du musée d’art et d’industrie de Saint-Etienne, fait quelques belles trouvailles en archives :
https://www.tircollection.com/t46336-petite-histoire-vraie-de-la-mise-au-point-du-mas-36-cr-39

L’arme de pré-série No4, relativement connue, a été mise en vente en décembre 2016, apparemment sans trouver preneur :
https://www.naturabuy.fr/FUSIL-MAS-36-ESSAI-PROTOTYPE-MAS36-CR-39-TROUPES-ALPINES-CR-N-4-FRANCE-2e-GM-Reglo-France-France-Tres-bon-2eme-GM-Categorie-C-item-9458837.html

Cette arme est une des quatre à avoir été envoyée aux Groupes de l’Infanterie de L’Air en 1938, et ayant abouti en Afrique du Nord. C’est a priori la dernière à être dépourvue de tout dispositif pour une bretelle (enfin, si tout est logique, les armes de présérie, visant à tester différentes solutions, pouvant revenir en arrière sur certains aspects).
On retrouve sa trace dans un musée des Ardennes qui l’a faite neutraliser en 2003 selon les normes de l’époque. Elle est vendue aux enchères en Normandie en avril 2016 avec un petit problème légal lié à un récent changement de législation : bien qu’inapte au tir, elle n’était plus considérée au jour de la vente comme neutralisée à partir du moment où il y avait cession. Son éventuel acheteur devait donc l’acquérir comme arme de catégorie B.

Un correspondant tout à fait sérieux (dont je n’ai malheureusement plus, suite à deux pertes successives de disques durs, l’identité et l’éventuel gisement du document sur lequel il se reposait), m’a informé d’un compte-rendu d'une réunion au ministère de la guerre, avec la date de février 1940 permettant d’écarter de manière à peu près certaine la production en série avant l’armistice, sans parler d’une distribution pour Narvik.
En ce qui concerne les MAS 36 CR 39, il est indiqué que l'approvisionnement en duralumin pour les crosses n'arrivera qu'en juin 1940 et que la production des fusils commencera le 1er août.

A noter que sur le dessin montré plus haut par AVZ 94 illustre une arme, avec son guidon tunnel, de 1946 ou ultérieure.

Bonjour,

Voici le compte rendu de mes recherches sur le sujet lors de la rédaction de mon "L'armée de Terre française du 10 mai 1940", donc daté de 2021 :

"Une version spécifique pour l’infanterie de l’Air et les éclaireurs skieurs
En 1938, un modèle spécifique du MAS 36 dit CR (crosse repliable) est mis au point pour les parachutistes de l'infanterie de l'Air. Son organisation générale est similaire à celle du fusil d'origine, mais la longueur du canon est réduite de 13 cm, entraînant celle de la baïonnette, toujours fixée sous le canon. Pendant les phases de transport, la crosse évidée faite d'alliage léger (duralumin) peut se rabattre sous la boîte de culasse et la partie postérieure du fût. Quelques prototypes sont fabriqués puis essayés en 1938 et l'arme est homologuée l'année suivante sous l'appellation de fusil MAS Mle 1936 CR 39. La DM 969 10/EMA du 16 février 1940 ordonne ensuite qu'une version adaptée aux éclaireurs skieurs soit mise en service à la suite de la présentation de deux armes modifiées pour cet emploi en décembre 1939. La DM prescrit également que 6 500 armes de ce second modèle soient commandées ainsi que 360 autres au titre de l'entretien mensuel.

La fabrication du MAS Mle 1936 CR 39 doit théoriquement commencer en mars 1940, mais, selon toute vraisemblance, seuls les prototypes de 1938 et 1939, dont les premiers sont livrés sans anneau de grenadière ni bretelle, auront été produits avant l'armistice. Le doute persiste néanmoins puisque certains vétérans des troupes alpines ont affirmé avoir reçu quelques exemplaires de cette arme avant l'armistice de juin 1940.

Les seules informations précises à notre disposition sont données par Monsieur Caste, représentant de la MAS lors d’une séance de travail pour la réalisation des programmes d’armement datée du 1er février 1940, signalant que la manufacture ne disposera du duralumin qu’en juin et que la sortie des premiers MAS 36 CR 39 ne peut donc être envisagée avant août. Mais il est préconisé de faire le nécessaire pour avancer le démarrage de la fabrication et nous n’avons aucune information sur les suites de cette volonté.

Quoi qu’il en soit, la production ne débutera réellement qu'après guerre et les quelques milliers  d'exemplaires fabriqués seront attribués à des unités de chasseurs alpins et de parachutistes. L'arme sera peu appréciée en raison d'un certain nombre de défauts de conception de la crosse rabattable et de son canon très court provoquant un fort recul et une lueur considérable à chaque tir, aveuglant le tireur lors des phases de combat de nuit"

Un peu par miracle, j'ai du conserver un journal "Mode et Travaux" automne ou Hiver 1939 je me souviens qu'un certain nombre de pages étaient consacrées à la confection de lainages "pour" nos soldats ", on y voyait des photos d'éclaireurs skieurs équipés de l'engin

Bonjour Alfred,
Je suis vraiment impatient de voir ces photos.
Jusqu’ici, on m’a présenté une photo de Bir Hakeim (?, en tous cas dans le désert avec un équipement de type britannique), où l’arme, dont on ne pouvait voir la crosse, paraissait effectivement fort courte. Mais le décalage entre la bouche du canon et la baïonnette rentrée a montré que c’était un MAS 36 normal. 
Une autre photo, présente dans la première édition du livre de Ian Mac Collum « Chassepot to FAMAS » montrait indubitablement des CR 39 et était légendée comme prise à en Norvège (sous-entendu Narvik). Las! C’était une photo assez connue de la 2ème bataille des Alpes de l’hiver 1944-1945. Cela a été rectifié dans l’édition suivante.

Bonjour Éric,
J’ai reçu cette information avant fin mars 2020, date du dernier plantage de mon disque dur qui a achevé le saccage de mes archives informatiques.

Bonjour Alamas,

Exact, nous en avions déjà parlé en 2020 alors que j'étais en pleine rédaction du chapitre consacré aux armements. Si vous le souhaitez, je tiens ces archives à votre disposition.

...

A propos du n° 4, j'ai eu la chance de le tenir dans mes mains en 2008, époque à laquelle il était exposé au musée de Semuy. J'en profite d'ailleurs pour remercier à nouveau son propriétaire (présent sur ce forum), qui à deux reprises m'a ouvert les portes de son musée et m'en a fait la présentation. Nous étions seuls.

Ce sont des souvenirs inoubliables et j'étais émerveillé comme un enfant dans un magasin de jouets. Je n'ai depuis jamais vu une telle collection sur l'armement français et allemand de 1940 autre part.

C’est donc vous, Éric, qu’il faut remercier. Difficile de vous dire ce qui me manque, certaines photos ont pu être sauvées, parfois totalement, parfois à moitié. C’est surtout pour ce que j’avais accumulé à titre personnel depuis 1996 que c’est cruel. Je vais regarder, je vous recontacterai par courriel.

Bref. Pour en revenir aux CR 39 de série : le F1, c’est-à-dire la première arme de série, a suscité l’intérêt d’un membre du forum lors de sa mise en vente.
Il est possible de la dater par le type de hausse.
Jusqu’en 1940, le crantage qui permet de bloquer la hausse se situe uniquement sur le dessus de la planchette de hausse. En septembre 1944 (en fait dès les armes de tir réduit de Vichy), le crantage passe sur le côté gauche du pied de hausse, bien que le crantage de la planchette de hausse soit dans un premier temps conservé (jusque vers juillet 1945 - 1946 quand la planchette de hausse devient lisse. Cependant, les armes de tir réduit de Vichy avaient déjà la planchette de hausse lisse).
Il y a aussi certaines menues finesses concernant l’embouchoir, mais la hausse, c’est plus évident.
Quant à la date d’épreuve du canon, des canons éprouvés en 1940 ont été montés sur les MAS 36 classique jusque vers le numéro de série K 75000, c’est-à-dire mars 1945. Donc, ce n’est pas un indice probant.

Eric Denis a écrit:

Cette photographie permet d’illustrer la complexité dont je parlais plus haut sur les embouchoirs.
De gauche à droite :
Embouchoir type 1 ou 1a utilisé de l’origine à 1940.
Embouchoir type 2 (selon la typologie de Thomas S. Gilles) ou type 4 (selon celle de Robert Olivier) utilisé à partir de 1946.
Embouchoir type 1d  (selon la typologie de Gilles, il n’existe pas cher Olivier), type transitoire rare semblant utilisé en 1945-1946 juste avant le type 2/type 4 à protège guidon tunnel.
À nouveau un embouchoir type 1 (typologie Olivier) ou 1a (typologie Gilles) 1937-1940.
Embouchoir semble-t-il de type 1c (Gilles) ou type 3 (Olivier) avec le renfort carré de 1944-1945.
Manque a priori, pour être complet, le type 1b/type 2 que l’on trouve sur les armes de tir réduit de Vichy et des MAS 36 à l’origine mal déterminée (les « mystery sterile » et « mystery numbered » des collectionneurs américains), mais il n’est pas sûr que son petit renfort rond serait visible sur cette photo.

Bonjour,

Pour l'anecdote, il semble qu'un exemplaire ait été utilisé dans la série "les mystères de l'ouest". On notera au passage la peinture utilisée...

Bonsoir,
Grand fan de la série, j’avais utilisé des images assez proches (mais sans qu’on voit la tête de l’acteur) en 2012 pour un quiz sur un autre site. C’est dans l’épisode « la nuit de la légion de la mort ». Le CR 39 est dissimulé sous une latte de plancher, plié. L’arme, à l’origine phosphatée, a été visiblement décapée, un traitement plus noir qu’à l’origine (bronzage? Peinture?) est appliqué sur la culasse, le reste de l’arme recevant un vernis jaune.
Cela fait partie des délicieux anachronismes en armement du grand et du petit écran de cette époque.

Plus proche du thème de ce site, on peut citer l’épisode 1 des Brigades du Tigre, sensé se dérouler en 1907 : durant la grande bagarre de la fin de l’épisode, on voit des mousquetons « Lebel » modèle 1886… R 1935.