Bonjour à tous,
au cours de mes lectures, j'ai accumulé un certain nombre d'informations sur cette division de la dernière heure.
Je me suis permis d'en réaliser une synthèse. Bien sûr, tout ajout, correction, modification sont les bienvenus pour améliorer la connaissance sur cette unité.
En voici la première partie.
Bonne lecture.
Formation de la 238° DLI : du 1 au 6 juin La 238° DLI est créée le 1° juin 1940. Sa composition est la suivante :
Commandant : général de brigade Debeney. Il commandera la 238° DLI à partir du 1° juin 1940.
Chef d'Etat Major : chef de bataillon Caullet.
25° RI (formation, type nord-est): commandé par le lieutenant colonel Chevalier de Lauzières. Le 25° RI est formé le 1° juin à partir du GUI 18 (21° bataillons des 14°, 18° et 57° RI). Il possède 3 bataillons et une 14° CDAC (compagnie divisionnaire antichars).
144° RI (formation) : commandé par le lieutenant-colonel Courtois. Formé le 25 mai 1940 à partir du GUI 17 (21° bataillons de la 2° DBCA, des 141° RIA et 3° RIA). Ces bataillons d’instructions sont mis sur pied par le CMI 151 de Marseille. Etant constitué de troupes à recrutement alpin, il a droit au titre de régiment alpin. Le 21/3° RIA est mis sur pied à Hyères le 11 octobre 1939, le 21/141° RIA est mis sur pied au camp de Carpiagne le 16 octobre 1940 et le 21/2° Demi-brigade de Chasseurs Alpins est mis sur pied à Antibes et à Grasse à la mobilisation.
Dépôt infanterie 211 de Coulommiers : au 11 juin, un bataillon de marche de ce dépôt est affecté à la 238° DLI.
324° RAD : commandé par le lieutenant-colonel Payen. Il est de type tracté avec des canons de 75 mm. Il est mis sur pied le 25 mai avec deux groupes par le CMA 40/302. Un groupe est issu du 301° RA et l’autre du 314° RA.
667° batterie antichars : devient 10° BDAC du 324° RA le 4 juin 1940.
Cavalerie : pas d’unité en propre. Néanmoins, après la destruction du 13° GRCA (17° corps d’armée) suite aux combats de Condé sur Aisne, il est formé un escadron de marche aux ordres du Capitaine Heriard (commandant de l’EHR) qui, dans son action retardatrice, a soutenu la 238° DLI et la 4° DLM.
Compagnie de Sapeurs Mineurs 238/1.
Compagnie mixte de Transmissions 238/84.
Compagnie automobile du Train 488/14.
Intendance : Groupe d’Exploitation Divisionnaire 238/5.
Groupe de Santé Divisionnaire 238.
Prévôté divisionnaire issue de l’ex 55° DI.
La 238° DLI est mise sur pied du 1° au 6 juin 1940 dans la région d’Arc en Barrois (Haute-Marne). Elle sera mise à la disposition du 17° corps d’armée (6° armée) à partir du 8 juin 1940.
Les Divisions Légères d’Infanterie sont des unités créées à partir de la fin mai. Une douzaine ont été mises sur pied. Les 32° DLI, 43° DLI, 53° DLI et 1° DLINA (Division Légère d’Infanterie Nord Africaine) sont reconstituées à partir des unités d’origine à l’issue de la première phase de la bataille de France. Les autres, les 235° à 241° DLI ainsi que les 17° et 59° DLI sont des nouvelles unités constituées généralement à partir des bataillons d’instructions et des restes des régiments précédemment détruits sur la Meuse ou dans le nord.
Par rapport aux grandes unités « classiques », ces divisions ne comportent que deux régiments d’infanterie au lieu de trois et un seul régiment d’artillerie, léger (canons de 75), au lieu de deux. Cette organisation explique le terme de « légère ». Il faut noter que le temps consacré à leur formation est très bref, à peine une dizaine de jour.
Note concernant la 667° BDAC
La 667° BAC (Batterie Anti-char) est une unité motorisée de réserve générale, non endivisionnée à l’origine. Elle est mise sur pied le 25 mai 1940 par le COAA de Vernon, sur la base de quelques éléments de la 654° BAC.
Le 26 mai à 20h00, elle embarque en gare d’Evreux et arrive le 26 à Cherbourg. Le jour suivant, elle embarque sur le navire charbonnier « la Dorine » avec deux autres navires transportant des troupes et une escorte. Ce convoi longe les côtes anglaises en direction de Dunkerque ou de Calais ou l’unité doit tenter de débarquer.
Le 30, « la Dorine » reçoit l’ordre de revenir seule à Cherbourg. La 667° BAC y débarque le 31 vers 18h00 et retourne à Vernon
Le 4 juin 1940, elle devient la 10° BAC du 324° RA (238° DLI) et part de Vernon pour arriver le 6 à Saint Germain les Corbeils. Dans la nuit elle enregistre son premier blessé par bombardement. Le 7, elle reprend la route et se dirige vers Epernay puis Reims ou elle rejoint la 238° DLI.
Le 17° corps d’armée face à l’opération Fall RotLe 5 juin, l'offensive reprend alors vers le sud avec une supériorité numérique désormais écrasante. Le général Weygand, nommé commandant en chef des armées françaises en cours de bataille, a constitué une ligne de défense sur la Somme, le canal Crozat, l'Ailette et l'Aisne dite Ligne Weygand ou position Somme-Aisne. L'attaque allemande est déclenchée tout d'abord (5 juin) sur la Somme et l’Ailette, puis (9 juin) sur l’Aisne. Malgré une résistance héroïque des unités françaises deux jours durant, le 7 juin, le front français est percé sur la Somme, le 10 juin sur l'Aisne.
Le 17° corps d’armée, dépendant de la 6° armée, déploie les 7° et 28° DI en première ligne. La 8° DI est en réserve à l’arrière. Il est soutenu par les 17° et 36° BCC (bataillons de chars de combats). A sa gauche se trouve le 24° corps d’armée (7° armée) et à sa droite est installé le 7° corps d’armée (6° armée). La 6° armée possède la 27° DI en réserve. Elle est protégée par le GC III/2 armé de H 75-A.
A droite de la Heeresgruppe B, le long de l'Oise et du canal de l'Ailette qui la relie à l'Aisne, sont déployés trois corps d'armée relevant de deux armées différentes : la 6.Armee du Général Walter von Reichenau et à sa droite la 9.Armee du Général Adolf Strauss.
Le 17° corps d’armée sera principalement engagé par la 9° armée allemande et en particulier par le XVIII.AK (25. ID, 81.ID et 290.ID) du général Ritter von Speck.
Pour la 6° armée allemande, le XLIV AK (6° armée) avec en particulier la 1.Gebirgs-Div. sera aussi engagé face à la 7° DI.
5 et 6 juin : la résistance française
L'attaque allemande (opération Fall Rot) débute le 5 juin 1940, à 5h00, par un violent bombardement, aussi bien terrestre qu'aérien. Entre 5h20 et 5h30, les troupes d'assaut s'élancent sur le canal.
Puis les troupes allemandes des V AK et XLIV AK (6° armée du général von Reichenau) et XVIII AK et XLII AK (9° armée du général Strauß) du Heeresgruppe B (général von Bock), se lancent à l'assaut des positions françaises établies derrière le canal de l’Aisne et de l’Ailette.
La 28° DI fait face aux unités du XVIII.AK, la 25.ID du Generalleutnant Clössner et la 290.ID du Generalleutnant Dennerlein. La 81.ID du Generalleutnant Von Löper est maintenue en réserve. Pour la 6° armée allemande, la 1.Gebirgs-Div. opère devant la 7° DI.
Les assaillants parviennent à franchir le canal en plusieurs points au prix de lourdes pertes puis à contourner les premières lignes de défenses françaises qui résistent, ralentissant considérablement la progression allemande. Les combats sont particulièrement violents au nord dans le secteur de la 87° DIA, à la jonction avec la 23° DI, et au sud dans le secteur de la 28° DI, à la jonction avec la 7° DI.
Devant le front de la 7° DI, la 1.Gebirgs-Div franchit le canal entre Pont-St-Mard et Crécy-au-Mont et s’infiltre profondément vers Crécy-au-Mont, Leuilly-sous-Coucy, Vauxaillon et dans la forêt de Pinon. Montecouvé est atteint vers 17h00. Les troupes françaises contre-attaquent vers Bagneux, Juvigny et Pinon. À droite, devant la 28° DI, il est à noter aussi une importante pénétration de la 25. ID en direction du Fort de la Malmaison et à l'ouest de Braye-en-Laonnois. Néanmoins, les troupes allemandes sont partiellement rejetées par des contre-attaques locales. En fin d'après-midi, la limite est du corps d’armée est modifiée sur la ligne Braye-en-Laonnois, Pont-Arcy, Paars, en liaison avec la 44° D.I. du 7° corps d’armée.
La 290.ID, s'élançant depuis le bois de Mortier, parvient à franchir le canal à Leuilly et à Pinon et à s'avancer vers le Moulin de Laffaux et le Chemin des Dames. En même temps, la 25.ID s'empare des hauteurs de la Malmaison tenues par le 97° RI (28° DI). Le II./IR 119 pénètre dès 8 h 30 dans le vieux fort installé au sommet.
La 7° DI est contrainte d'engager ses réserves, c'est-à-dire le 40° GRDI sur l'axe Laffaux-Pinon et le III/102° RI sur Juvigny pour endiguer une percée opérée dans les lignes du 93° RI dont le poste de commandement est encerclé.
Une autre contre-attaque, menée dans la nuit par la 1° compagnie de chars R 35 du 17° BCC sur l'axe Chavigny - Bagneux, n'apporte pas de résultats significatifs.
Dans la journée, les bombardements allemands sont nombreux sur Noyon et les environs. Vers 20h00, l’ennemi atteint les abords immédiats de Sempigny, du canal de l’Oise et de Noyon. La pression se relâche à partir de 21 heures. Au sud de l'Oise, les allemands ayant franchi le canal de l'Ailette à Bichancourt attaquent vers Varesnes et occupent la rive gauche de l'Oise face à Noyon.
Le 6 juin, le 485. IR de la 263. ID franchit l'Oise entre Varesnes et Noyon. A 17h00, une contre-attaque du 25° GRCA et du 52° BMM (Bataillon de Mitrailleurs Motorisée) permet la réoccupation des points de passages. Le poste de commandement de la 23° DI se replie à Beaurains, au nord-ouest de Noyon.
Pour le 17° corps d’armée, les 1. Gebirgs-Div et 25.ID ont réussi à renforcer leurs positions. La 81.ID est introduite entre la 25.ID et la 290.ID. La progression allemande reste difficile mais le XXVIII AK, malgré une forte résistance à Pinon, réussit à s'enfoncer vers Soissons. La 290. ID atteint une ligne Vauxaillon - Vauxrezis – Pommiers.
À la droite de la 28° DI, l’avance allemande atteint Jouy et Soupir. Le 6 au soir, les 7° DI et 28° DI se replient sur ordre au sud de l'Aisne sous la protection du 13° GRCA. La 25. ID arrive devant Missy sur Aisne à l'est de Soissons avant de franchir l'Aisne dans la soirée. Elle parvient à établir, dans la foulée, une tête de pont sur la ligne Ferme du Mont de Soissons-Couvrelles face à la 28° DI.
La 7° DI se replie au sud de l’Aisne en détruisant au passage les ponts entre 2 et 4 heures du matin puis elle se regroupe au sud de Soissons dans la région de Vierzy en arrière la 8° DI qui la remplace en première ligne. La 28° DI se replie derrière l’Aisne et s’installe pendant la nuit entre Missy-sur-Aisne et Pont-Arcy.
Devant la menace de l’attaque allemande, la 238° DLI est désignée pour renforcer le front. Ce jour, elle quitte la région d’Arc en Barrois pour renforcer le 17° corps d’armée. Elle rejoint la ville de Jonchery, à côté de Chaumont pour être embarquée par voie ferrée en direction de Reims.
7 juin : repli du 17° corps derrière l’Aisne
Au matin, l'attaque allemande reprend avec le franchissement de l'Aisne à Fontenoy, Pommiers, Missy-sur-Aisne, Presles-et-Boves. A la gauche du front, la 8° DI perd Pommiers au matin mais la progression allemande est contenue. La progression des hommes du XVIII.AK est assez laborieuse même si, au soir, la 290.ID se trouve aux lisières de Soissons et la 81.ID à Vénizel (est de Soissons).
Contre la 28° DI, l’avance de la 25.ID est importante, Mont-de-Soissons et Couvrelles sont perdus en soirée. La 28° DI est coupée en deux. La 25.ID a en effet réussi à créer une brèche dans le dispositif de la 28° DI qui est pratiquement disloquée et doit être retirée du front pour être réorganisée. La 25.ID se trouve désormais face à la 27° DI entre en ligne entre les 8° et 28° DI. Elle est en cours d'installation entre Missy-au-Bois et Rozières sur Crise au sud de Soissons. Elle a pour mission de contre-attaquer le lendemain en direction du nord-est.
La partie est de la 28° DI établit une nouvelle ligne de défense à Chassemy, la côte 166, Saint-Mard.
Après son transfert ferroviaire, la 238° DLI se regroupe à Ville-Dommange, au sud-ouest de Reims.
L’engagement de la 238° DLI8 juin : repli du 17° corps d’armée sur l’Ourcq
L’attaque allemande reprend et progresse de part et d'autre de Soissons qui est pris par la 290. ID en journée après que le Major Länghauser ait négocié la reddition des éléments épars des 7° et 8° DI qui occupaient la ville.
La contre-attaque de la 27° DI est déclenchée le 8 juin à 5h30. Elle est appuyée par les chars R 35 du 17° BCC. Elle parvient à contenir l'avance allemande non sans de violents combats, notamment à la Ferme du Mont de Soissons. Au cours de la journée, huit pièces de 75 du II/58° RAD (27° DI) et tous les matériels du V/258° RALD (27° DI) sont perdus. En fin de matinée, la contre-attaque est arrêtée et la 27° DI se replie sur ordre vers l'Ourcq.
Ce repli n'est pas exploité immédiatement par les troupes allemandes. Au soir, la 81.ID se trouve près d'Acy après avoir subi des pertes importantes et la 25.ID stationne près de Bois d'Acy. La 290.ID stationne aux abords de Soissons après la prise de la ville et elle ne reprendra sa progression que le 13 juin.
La 8° DI recule et perd Saconin-et-Breuil en matinée. La 28° DI est durement engagée dans la vallée de la Vesle, à Chassemy et Vailly.
En fin d'après-midi, le 17° corps d’armée ordonne le repli général. La 8° DI rejoint la ligne Laversine, Cutry, Vauxcastille. La 27° DI se replie vers Parcy-et-Tigny, Hartennes-et-Taux, Launoy. La nuit, le mouvement se poursuit sur Villers-Cotterêts pour la 8° DI et l'Ourcq pour la 27° DI.
La 28° DI est coupée en deux. Une partie de la division se replie sur Brenelle, Augy, Braine, Saint-Mard en arrière des 45° et 44° DI et passe sous les ordres du 7° corps d'armée. L’autre partie de la 28° DI est rattachée à la 27° DI. La 7° DI s’intercale entre les 8° et 27° DI. Elle se replie ensuite en direction de l’Ourcq (Neuilly-Saint-Front) après la destruction du tunnel de Vierzy.
La 238° DLI est désignée pour renforcer le 17° corps d’armée et elle se déplace vers le sud-ouest en direction de Château-Thierry. La 10° BDAC du 324° RA prend position à Le Luxembourg (1° section), Vaux (2° section) et Château Thierry (3° section).
9 juin : montée en ligne de la 238° DLI
Le 17° corps d’armée se rétablit sur la ligne Haramont, Villers-Cotterêts, Oigny-en-Valois pour la 8° DI, sur l'Ourcq de Troësnes à Rozet-Saint-Albin pour la 7° DI et de Rozet-Saint-Albin à Bruyères-sur-Fère pour la 27° DI.
Il n’a plus de liaison à droite avec la 45° DI du 7° corps d'armée. En fin de journée les troupes allemandes atteignent l'Ourcq. La 25.ID parvient vers 17h00 à établir ure tête de pont à Villeneuve alors que la 81.ID se trouve à la hauteur d’Oulchy-le-Château, l'IR. 161 franchissant la rivière à Les Crouttes et l'IR. 174, qui a relevé l'IR. 189, à Brény.
L’avance allemande oblige la 27° DI, suivie par la 25. ID, à se replier vers la Marne sur la ligne Latilly, Rocourt, Coincy.
Le 17° corps d’armée organise une nouvelle position de défense en arrière avec deux nouvelles unités : la 41° DI derrière le Clignon de l'Ourcq à Bouresches et la 238° DLI de la ligne Bouresches, Château-Thierry, Mont-Saint-Père au nord de la Marne.
Ces deux unités doivent contenir l’avance allemande en attendant la réorganisation du 17° corps derrière la Marne. Une fois ce mouvement réalisé, les 41° et 238° DLI doivent ensuite aussi se replier derrière la Marne.
L’installation de la 238° DLI se réalise sous la protection du 9° GRCA (7° corps d’armée). Il assure une mission de « liaison de sûreté » dans la région comprise entre Fère-en-Tardenois inclus et Mont-Saint-Père exclus pour couvrir le débarquement de la 238° DI dans la région de Château-Thierry.
Ce jour, l’aviation allemande bombarde Ville-en-Tardenois et il est à déplorer des victimes et des destructions. Plusieurs hommes du 25° RI sont tués et blessés.
10 juin : engagement de la 238° DLI à Château-Thierry
Ce jour marque l’engagement de la division qui est en première ligne.
Le 10 juin, le général Von Speck fixe l’objectif suivant à ses unités : « L'objectif du 10 juin est la Marne. Il s'agit de former une tête de pont au sud de la Marne. La 81.ID à droite, la 25.ID à gauche doivent pousser vers le Sud comme hier, avec une tactique de combat identique et atteindre la rive sud de la Marne tenue par l'ennemi ».
Ces deux divisions vont se trouver face à la 238° DLI dont c’est le premier engagement. Elle tient un front devant la Marne, de Bouresches à Mont-Saint-Père. Les positions ne sont pas fortes car le secteur n'est occupé que depuis la veille. Le 144° RI est à la gauche de la division, de Bouresches à Château-Thierry, au nord de la Marne. Le 25° RI et à droite, de Château-Thierry à Mont-Saint-Père, derrière la Marne.
Le poste de commandement divisionnaire est situé Nesles la Montagne, ainsi que le 324° RAD, au sud de Château-Thierry. Au niveau de Mont Saint Père et de Courboin, la 238° DLI est en contact avec la 20° DI du 7° corps d’armée.
En matinée, sous la protection des 41° et 238° DLI, la 8° DI se replie au sud de la Grivette et les 7° DI et 27° DI au sud du Clignon. Ce mouvement se poursuit dans la journée au sud de la Marne. La 8° DI se regroupe dans la région Pierre-Levée, Signy-Signets et la 27° DI dans la région Chessy, Nogentel. La 7° DI est derrière la Marne de Pavant à Acy.
Les troupes allemandes atteignent dans l’après-midi le Clignon et la Marne.
La 25.ID progresse à l’est de Château-Thierry. Dès 10h30, l'IR. 119 est à Chartèves et l'IR 35 à Jaulgone, à la jonction des 238° DLI et 20° DI. Château-Thierry est bombardé. La 81. ID bouscule les positions du 144° RI et l’avant-garde de la division pénètre dans Château-Thierry où plusieurs milliers de militaires français sont capturés.
Le Hauptmann von Petersdorff qui commende le III./IR. 189 (81.ID) décide de franchir la Marne au plus vite. Les groupes d’assaut qui composent l'avant-garde, manquent de peu de s'emparer du pont routier intact.
A Château-Thierry, la 238° DLI est renforcée par une compagnie de dix chars d’instruction de l’Ecole de Versailles. Elle est chargée de défendre les positions en rive sud le long de la Marne. Du 25 mai au 9 juin, elle essuie les bombardements de l’aviation ennemie, tout en protégeant le retrait des troupes françaises ainsi que l’exode des civils fuyant les combats.
Les aspirants De Rougé, Le Pollès et Grisot reçoivent la mission de défendre les passages de la Marne. Au matin, une colonne motorisée du III./IR. 189 escortée par deux véhicules blindés est en vue sur la rive nord du fleuve. Après avoir arrosé les abords du pont routier et causé certains dégâts aux assaillants, l'aspirant de Rougé descend de son char et tombe mortellement blessé à l’extrémité de la rue Carnot. Le nouveau pont qui enjambe la Marne parte désormais le nom d'Aspirant Rougé. Peu de temps après, le pont est détruit par le génie français pour bloquer l’avance allemande.
La 10° BDAC du 324° RA subit des pertes suite à des attaques aériennes et des tirs d’artillerie, avant d’être dépassée par l’avance allemande. Elle retraite difficilement et rejoint les lignes françaises en se déplaçant de nuit. La 2° section ne rejoindra que quelques jours plus tard.
En soirée, le III./IR. 189 essaye vainement de franchir la Marne. Toute la nuit, il doit mener de durs combats de rues et, s'il parvient à s'emparer de la citadelle, il ne peut approcher du fleuve dont les rives sont prises à parti par l'artillerie française.
Le général Von Speck va donc fixer comme objectif aux 87.ID et 25.ID. le franchissement de la Marne pour la journée du 11 juin. Sous la pression allemande, le 144° RI se replie au sud de la Marne, talonné par les troupes de la 81.ID. En soirée, la 41° DI abandonne les positions du Clignon et perd de Torcy-en-Valois et Bussiares.
Ce jour, il est à noter les pertes suivantes :
Romiguières Roger : 25° RI à Fossoy ;
Azemar Eugène : 144° RIA à Essômes-sur-Marne ;
Cros Célestin : 144° RIA à Château-Thierry ;
Ferrand François : 144° RIA à Chézy-sur-Marne ;
Mainguet Eugène : 324° RAD à Nesles-la-Montagne.
11 juin : repli de la 238° DLI au sud de Château-Thierry
Pour la 81.ID, les IR.161 et IR.174 doivent attaquer à 10h45. Dès 9h00, un groupe d’assaut du IR.161 parvient à franchir le fleuve pour aller reconnaître les points de défense adverses et, vers 9h20, il est en mesure de rendre compte qu'il ne reste que deux mitrailleuses entre la voie ferrée et la route. Il faut noter que le front tenu par la 238° DLI est d’environ 12 kilomètres pour seulement 2 régiments ; soit 2 kilomètres par bataillon d’infanterie. De plus, les positions ne sont pas fortement organisées, la division n’étant en ligne que depuis la veille. Le 144° RI est installé de Chézy-sur-Marne à Château-Thierry et le 25° RI de Château-Thierry à Fossoy
La 81.ID doit attaquer à 12h30 mais l’ordre est repoussé pour 16h00, un bombardement par stukas étant programmé pour 12h20-12h25. En conséquence, le groupe d’assaut en rive sud de la Marne est contraint de se replier derrière la voie ferrée.
Finalement, à l'heure dite, les troupes d'assaut s'élancent, l'IR.174 à droite et l'IR. 161 à gauche. Elles parviennent sans grandes difficultés sur l'autre rive. A 18h00, le Pi. Bat. 181 entame la construction d'un pont de circonstance.
A 10h00, la 25.ID dont l'attaque a été précédée d'un bombardement par Stuka, parvient à franchir la Marne devant Chartèves et l'objectif qui lui était fixé, la Ferme Rocq, est atteint. Une heure plus tard, ses unités de pointe franchissent la voie ferrée et elles se lancent à l'assaut des hauteurs au sud de Fossoy tenues par le 25° RI. Elle attaque à la jonction des 238° DLI et 20° DI.
Les unités de la 238° DLI ne peuvent opposer une forte résistance et les troupes allemandes créent une large tête de pont en rive sud de la Marne. La 238° DLI tente de rétablir un front sur la ligne Nogentel, Étampes-sur-Marne, bois de Nesles, ferme Le Bochage. Le II/2° RI de la 20° DI est rattachée à la 238° DLI à l’occasion. La 10° BDAC du 324° RA est positionné à Nesle la Montagne.
Après son repli au sud de la Marne, la 7° DI détache le 40° GRDI à la 238° DLI. Il se positionne à l’est de la division. Le 20° GRDI (27° DI) assure la liaison entre les 20° DI et 238° DLI à Crézancy.
Vers 21h30, les lignes avancées allemandes sont à la cote 227 (1 500 mètres au sud de Nesles) et à la ferme Hurtebise (81.ID) et sur la ligne Grèves-Launay-Reuilly (25.ID). La progression allemande continue en direction de Montreuil-aux-Lions et au sud-est de Château-Thierry en direction de Courboin.
La 41° DI recule vers la Marne. La 8° DI se regroupe derrière la Marne à l’ouest de la 238° DLI dans la région de Pierre-Levée. La 27° DI est durement accrochée et se replie en direction de Montmirail.
Il est à noter le décès de Badalassi Jean du 144° RIA à Chézy-sur-Marne.
Pour renforcer la 238° DLI, un bataillon de marche dépôt d’infanterie 211 lui est affecté. Il est positionné le 11 juin en arrière de la division à Nesles la Montagne.
La seconde partie du récit, du 12 au 25 juin, sera prochainement publiée.
Merci d'avance pour toutes vos remarques.
Cordialement
Rémy SCHERER