Bonjour à tous,
je me suis intéressé à cette unité et je me permets de vous faire partager cet essai.
Il faut considérer cet essai comme une base, imparfaite et incomplète, qui ne demande qu'à être améliorée.
Donc toute remarque, correction, ajout seront les bienvenus pour améliorer la connaissance de cette unité .
Bonne lecture.
Formation de la 236° DLI
La 236° DLI est mise sur pied à Dourdan, au sud de la région parisienne, à partir du 1° juin 1940.
- Commandant : colonel Deligne Agathon Jules Joseph, puis général de brigade à titre temporaire le 1° juin 1940. Ex commandant de l'infanterie de la 70° division d'infanterie. Le général Deligne devient commandant de la 236° division légère d'infanterie du 31 mai 1940. Le 22 aout 1940, il prend le commandement de l'infanterie de la 8° division militaire (armée d’armistice).
- Chef d’état-major : lieutenant-colonel Ardellier, du 1° au 25 juin 1940.
- 64° RI (type Nord Est allégé, éléments d’active) : formé le 5 juin 1940 par le dépôt de guerre d’infanterie 111 à partir d'éléments du 148° RIF, des 22° DI et 9° DIM au camp de Souge (Gironde). Il est engagé avec 3 bataillons et une 14° CDAC. Le II/64° RI sera rattaché à la 17°DLI. Il est commandé par le colonel Michaux à partir du 8 juin 1940. Il sera dissous à l’armistice.
- 118° RI (type Nord Est allégé, éléments d’active) : créé le 30 mai 1940 et formé le 5 juin 1940 par le dépôt de guerre d’infanterie 114. Il est engagé avec à priori 2 bataillons (2° et 3°). Il est commandé par le colonel Mondielli à partir du 8 juin 1940.
- I/131° RI : commandant Benezis. Initialement placé sous les ordres de la 3° DLC le 11 juin pour défendre Louviers, il est ensuite affecté à la 236° DLI après le retrait de la 3° DLC le 12 juin 1940. Nota : le 131° RI est en cours de formation pour la 32° DLI mais devant l’urgence, le 1° bataillon, à peine formé, est requis pour renforcer le front de la Seine avec la 3° DLC.
- 90° RAD : commandé par le lieutenant-colonel Lafarge à partir du 8 juin 1940. Il est formé le 9 juin 1940 à Angoulême par le dépôt de guerre d’artillerie 29 à partir de 2 groupes du 297° RA. Ce dernier devient le 90° RAD avec deux groupes de 75 hippomobiles et une 10° batterie antichars avec 6 pièces de 47 mm. Il devait rejoindre la 59° DLI mais est finalement affecté à la 236° DLI.
- III/196° RA : unité d’active dotée de 220C16 (le 196° RALT est mis à la disposition du corps d’armée Duffour).
- DCA : batterie 735/409 de 25 CA, rattachée à la 236° DLI à partir du 10 juin.
- Cavalerie : 123° GRDI aux ordres du capitaine de Vaureix à partir du 8 juin 1940, formé à partir d’éléments rescapés du 24° GRDI (ex 22° DI).
- 58° BACA (batterie antichar automotrice, équipée de Laffly W15 TCC) : commandée par le lieutenant Mazalrey. A la disposition de la 236° DLI du 12 au 16 juin.
- Compagnie de Sapeurs Mineurs 236/1 (affectée le 10 juin).
- Compagnie mixte de Transmissions 236/84 (affectée le 10 juin).
- Compagnie automobile du Train 486/49 (affectée le 8 juin).
- Intendance : Groupe d’Exploitation Divisionnaire 236/18 (affecté le 18 juin).
- Groupe de Santé Divisionnaire 236 (affecté le 10 juin).
- Prévôté divisionnaire : ex prévôté de la 22° DI (affectée le 8 juin).
Sa formation pas encore terminée, le 8 juin, devant l’urgence, la 236° DLI est requise pour renforcer le front de la nouvelle 10° armée.
L’avance allemande sur la SeineLe SDBS (secteur défensif de la Basse Seine)
Le 19 mai, le SDBS (secteur défensif de la Basse Seine) est créé sous les ordres du général Pegay, commandant de la 3° région militaire. Sa mission est de surveiller et défendre les passages de la Seine du littoral à Vernon exclue. Il doit aussi préparer la destruction des ponts et des bacs en cas d’avance allemande.
Le 25 mai, le général Duffour prend le commandement de la 3° région militaire et du SDBS. Le secteur est organisé avec :
- Secteur ouest : du bac de Berville à celui du Grand Quevilly (Rouen), aux ordres du colonel Vallet (jusqu’au 30 mai) avec principalement le IV/239° RI et le VII/306° RAP.
- Secteur est : du bac du Grand Quevilly (exclu) à Vernon aux ordres du général commandant le groupe de subdivision de Rouen.
Le 7 juin, le dispositif est le suivant :
- Nord de la Seine : bataillon de marche du Dépôt d’infanterie n° 32 à Bois-Guillaume, GFMC (Groupe Franc Motorisé de Cavalerie) n° 5 à Pavilly, GFMC n° 4 entre Boos et Pitres, GFMC n° 2 à Boos.
- Sur la Seine : éléments de défense des ponts et des bacs.
- Sud de la Seine : GFMC n° 1 à Saint-Ouen du Tilleul, détachements du 190° RALT à Saint-Pierre des Fleurs et Les Saussayes.
Le 8 juin : menace allemande sur Rouen
Le GFMC n°1, en reconnaissance sur Saint-Jacques sur Darnétal, juste à l’est de Rouen, est au contact des troupes allemandes à 18h30. Il se replie sous la pression des blindés allemands progressant vers la boucle de la Seine et vers Pont de l’Arche. Le bataillon de marche du Dépôt d’infanterie n° 32 est sérieusement accroché à Bois-Guillaume. Les premiers éléments allemands pénètrent dans les faubourgs de Rouen en soirée. Les détachements du 190° RALT sont placés entre La Bouille et les Moulineaux ainsi qu’entre le pont d’Orival et Les Roches.
Dans l’après-midi, les avant-gardes de la 7° Panzer Division (général Rommel) sont signalées dans les hauteurs boisées au nord d’Igoville et d’Alizay. Ce dernier veut investir Rouen par le sud en passant par Elbeuf.
Pour les retarder, à Pont de l’Arche, se trouvent quelques éléments des armées britannique et française, principalement le GFMC n° 4 commandé par le capitaine François Huet. L’accès au pont de la ville est défendu avec deux canons de 37 installés sur la place Hyacinthe-Langlois. Trois pièces d’artilleries se trouvent dans la propriété de Crosne en plus de quatre mitrailleuses placées sur la terrasse de la tour et deux autres au rez-de-chaussée, à travers des meurtrières. Deux autres pièces d’artillerie sont installées dans la cour de l’abbaye de Bonport. En haut de la route de Tostes, une pièce d’artillerie peut couvrir toute la vallée.
Ce jour, devant l’urgence, sa formation pas encore terminée, la 236° DLI est désignée pour renforcer le groupement Duffour, menacé par l’avance des troupes allemandes.
Les 9 et 10 juin : installation de la 236° DLI derrière la Seine
Dans la nuit du 8 au 9 juin, des éléments motorisés allemands parviennent à Igoville, tenue par le GFMC n° 4 en rive nord de la Seine, en face de Pont de l’Arche.
A 3h20, le contact est pris avec les troupes allemandes qui descendent par la route de Rouen. Les allemands, après un arrêt, se ressaisissent et garnissent de mitrailleuses la crête située à 500 mètres au nord d’Igoville et d’Alizay, que les effectifs réduits de la défense ne permettent pas de tenir solidement. Malgré les tirs adverses, la résistance française tient et à l’aube, les points d’appui d’Igoville et d’Alizay sont maintenus. Néanmoins, suite à une nouvelle tentative allemande, au lever du jour, les munitions ayant été pratiquement dépensées, le capitaine Huet se résigne à organiser le repli de ses pelotons et à traverser la Seine.
A 7h00, le capitaine Huet donne l’ordre, par fusée, de faire sauter le pont tout en continuant à se battre le dos au fleuve. Les soldats du génie font exploser le pont sur la Seine à Pont de l’Arche dont les projections retombent jusqu’à 400 m. Toutes les vitres de la ville volent en éclat.
Pour éviter d’être acculé à la Seine, les éléments du GFMC tentent de replier la défense vers le pont ferroviaire du Manoir, à deux kilomètres à l’est, sous la protection de deux automitrailleuses, de deux chars et d’un petit groupe de volontaires. Le passage du personnel s’effectue à la nage et avec des barques.
A Igoville, deux chars français se défendent jusqu’à l’épuisement de leurs munitions. Les six soldats qui les actionnent doivent les abandonner, les détruire, et rejoindre les berges de Seine, sous le feu nourri de l’ennemi, avant de traverser à la nage la Seine à Pont-de-l’Arche.
Le pont de Pont-de-l’Arche étant coupé, les allemands se dirigent vers Saint-Pierre-du-Vauvray et Gaillon où ils passeront la Seine en soirée. A 9h00, l’ennemi atteint Elbeuf. Le Génie procède à la destruction des ponts de Rouen, d’Oissel et d’Elbeuf.
Le GFMC n° 2 se replie sur Rouen. L’ennemi passe la Seine au pont d’Oissel. Le 31° RR est regroupé à La Londe. La 3° DLC prend à sa charge la défense de la rive sud de la Seine au niveau du Pont de l’Arche.
Le GFMC n° 5, commandé par le capitaine Ricaud, combat dans le centre de Rouen le 9 juin, de 9h00 à 13h00, défendant le Pont Cormeille et le Pont de Pierre. Il y affronte les unités de la 7° Panzer division. À l'issue de ce combat, son effectif est passé de 220 hommes environ à 90, avec seulement 2 chars et 2 automitrailleuses en état. Il abandonne ensuite Rouen et se replie sur la ligne La Bouille – Elbeuf. Le 10 juin, il prendra contact avec le II/64° RI rattaché à la 17° DLI.
Cette résistance et ces destructions empêchent les troupes allemandes de franchir la Seine. Néanmoins, Rouen est investi. Les ponts de Rouen sont détruits entre 10h15 et 10h50, le 9 juin, lors de l’arrivé des premières troupes allemandes.
La première unité disponible pour l’instant de la 236° DLI est le 123° GRDI. Il rejoint Le Neubourg le 9 juin 1940 puis il s’installe en position défensive à Elbeuf et à Pont-de-l’Arche, les points les plus menacés par l’avance allemande. Il effectue ensuite des reconnaissances sur l’axe Elbeuf – Criquebeuf.
Sous la protection du 123° GRDI, la 236° DLI doit s’installe à l’est du dispositif du groupement Duffour. Les restes de la 17° DLI sont sur sa gauche et sur sa droite est positionnée la 3° DLC du 3° corps d’armée. Le poste de commandement de la division est au Neubourg.
Le 196° RALT est mis à la disposition du corps d’armée Duffour ainsi qu’à la 3° DLC pour renforcer le front. Le III/196° RALT (220 C) a pour mission la destruction des bacs à Berville sur Seine et Duclair. Il prend position sur la Seine, au niveau du bac de Duclair. Il sera rattaché ensuite à la 236° DLI et se repliera sur les arrières des 17° et 236° DLI. Les 1° et 4° groupes du 196° RALT sont rattachés momentanément à la 3° DLC (3° corps d’armée). En début de matinée, le 9, un groupe du 196° RALT, à priori le 1° groupe, installé aux lisières de la forêt de Bord, prend à partie un rassemblement de véhicules allemands de la 7. Panzer division à Bédanne, juste à l’ouest de Tourville, en face de Criquebeuf.
Le 9, les convois ferroviaires amenant les troupes du 64° RI subissent une attaque aérienne importante à Evreux. La ville va subir quatre raids successifs, jusqu’à la nuit. Le centre ville est durement touché, onze hectares d'habitations sont détruits ou endommagés gravement, la cathédrale est quasiment anéantie, seule subsiste la tour de l'Horloge. La gare et la Chambre de commerce ne sont plus que ruines fumantes. Il sera dénombré 560 morts et plus de 300 blessés.
En quarante-huit heures, six bombardements dévasteront le centre-ville d’Évreux. Toute la zone comprise entre le quartier Tilly, les collines de Saint-Michel, le pré du Bel-Ebat, la gare, la cathédrale et le faubourg Saint-Léger sera touchée, ainsi qu'une partie de La Madeleine. Après ces bombardements, Evreux sera totalement méconnaissable. Un quart des immeubles sera détruit totalement ou partiellement sous l'effet conjugué des bombes et des flammes.
Le bombardement de la gare d’Évreux perturbe fortement la montée au front du 64° RI. Les éléments du 118° RI s’installent à Elbeuf et à Saint Pierre les Elbeuf pour épauler le 123° GRDI. A sa droite, le 236° RI (237° DLI) s’installe à Tostes.
Il est à déplorer les victimes suivantes le 9 juin :
- pour le 64° RI : Dubois Albert; Favreau Abel; Maillard Pierre, Richard Benjamin, Maheut Julien, Jeffredo Pierre et Huet Joseph.
- pour le 118° RI : Guillaud Bernard et Messant Jean.
La pression allemande est forte avec l’établissement de têtes de pont au sud de la Seine, à Rouen et à Vernon. Le 10 juin, lors de la montée au front, le 118° RI et des éléments du 90° RAD subissent des pertes dont certaines occasionnées par des attaques aériennes :
- Dubois Germain (118° RI, Martot) ;
- Lenoir Bernard (118° RI, Verneuil-sur-Avre) ;
- Menard Ange Émile (118° RI, Verneuil-sur-Avre) ;
- Duchesne Francis (118° RI, Verneuil-sur-Avre) ;
- Duclos Marceau (118° RI, Verneuil-sur-Avre) ;
- Veron Marcel (118° RI, Verneuil-sur-Avre) ;
- Decorps Jean Alfred Michel (90° RAD, le 10 juin à Serquigny).
Il est à noter en particulier le bombardement de Verneuil-sur-Avre le 10 juin par la Luftwaffe.
La situation du corps d’armée D au 10 juin 1940
Le 10 juin, le général Altmayer, commandant la 10° armée, accompagné de son état-major quitte Vaucresson pour Saint-Aubin d’Écrosville, à côté du Neubourg, dans le département de l’Eure. Il rejoint le général Duffour, chassé de Rouen par l’arrivée des allemands. Les généraux de la Laurencie (3° corps d’armée) et Langlois (corps de cavalerie) sont aussi au rendez-vous.
Pour couvrir le Seine à l’ouest, la 10° armée est de nouveau en ligne avec le groupement Duffour de l’embouchure de la Seine à Pont de l’Arche, le 3° corps d’armée de Pont de l’Arche à Vernon, le corps de cavalerie reconstitué est en échelon arrière. Plus en arrière, le 16° corps d’armée, qui ne dépend pas de la 10° armée, regroupe des unités en cours de reconstitution qui seront mis en ligne à partir du 15 juin.
Dans le cadre de la réorganisation de la 10° armée, le général Duffour reçoit le commandement du corps d’armée D pour le secteur défensif de la Basse-Seine, avec les éléments déjà intégrés du SDBS, de la 17° DLI et de la 236° DLI.
Le général Duffour dispose approximativement le 10 juin des éléments suivants :
- 126° GRDI : unité de reconnaissance du corps ;
- groupement Millard avec essentiellement le IV/239° RI (bataillon de défense du littoral replié d'Abbeville), le VII/306 RAP, 23° (unité basée à Rouen) et 24° (unité venant du Havre) bataillons de douaniers ;
- 1°, 2°, 4° et 5° groupes francs de cavalerie (GFMC). Chacun est théoriquement composé d’un capitaine, de quatre automitrailleuses, d’un peloton de motocyclistes, deux groupes de mitrailleuses, deux canons de 25 mm, deux canons de 47 mm ;
- 2 escadrons de marche du dépôt de cavalerie n° 3 ;
- 236° DLI avec pour l’instant un seul régiment d’infanterie (118° RI) et un groupe de 75 (II/90° RAD) ;
- restes de la 17° DLI du général Darde réduite aux éléments suivants : état-major, un régiment d’infanterie (90° RI) et sept canons (97° RAD). Elle est renforcée par le II/64° RI détaché de la 236° DLI et les détachements du 190° RA ;
- 31° Régiment Régional avec 2 sections de chars FT, 2 bataillons d'instruction, le bataillon de marche du dépôt d’infanterie n° 32 ;
- « division » britannique Bauman, constituée en fait de trois bataillons formés avec du personnel des services de la 51 st Highland Division, de la base britannique du Havre et du service des communications. Cette unité retraite depuis la Somme.
- Artillerie : VII/11° RAD (75) et l’équivalent de deux groupes de 220 dont le III/196° RA affecté à la 236° DLI et d’éléments (6 détachements) du 190° RA (220C) ;
- éléments du 109° bataillon d’instruction de chars (Renault FT) ;
- 8° batterie antichars (polonaise) et 58° BACA (batterie antichars automotrice) ;
- 165° et 252° batteries du 83° groupe du 406° RADCA ;
- chefferie du génie de Rouen.
L’organisation prévue du corps d’armée D est la suivante :
- De la mer à la Bouille : groupement Millard (IV/239° RI et éléments divers) ;
- De la Bouille à Orival : 17° DLI ;
- D’Orival à Pont de l’Arche : 236° DLI.
Les positions des GFMC de cavalerie sont les suivantes :
- Le GFMC n° 1 est encerclé à Darnetal ;
- Le GFMC n° 2 s’installe à Nouveau Monde (2 km au nord d’Elbeuf) ;
- Le GFMC n° 4 est replié à Louviers ;
- Le GFMC n° 5 est sur la ligne La Bouille – Elbeuf.
En face, les Allemands disposent, ou disposeront, car certaines unités sont occupées à réduire la résistance du 9° corps d’armée encerclé à Saint-Valéry, des unités suivantes :
-
le 15.Armee Korps, avec les 5. et 7. Panzerdivisionen ;
-
le 2.Armee Korps, qui attaquera sur l’axe Elbeuf, Le Neubourg, Laigle, avec les 32. et 12. Infanterie Divisionen en premier échelon et la 31. I.D. en réserve ;
-
le 38.Armee Korps, sur l’axe Gaillon, Evreux, Damville, avec les 6. 46. et 27. Infanterie Divisionen et ultérieurement la 1. Kavallerie Division.
Les 15 et 2 Armee Korps seront opposés au corps d’armée Duffour. Le 3° corps d’armée français sera confronté au 38. Armee Korps. L’infériorité numérique française est importante. En outre, contrairement à ce qui avait pu se passer sur la Somme, les Français ne disposent d’aucun répit pour mettre en place une ligne défensive digne de ce nom sur la Seine. De plus, la pression allemande sur la Seine est forte. La Luftwaffe intervient pour gêner au maximum les mouvements des troupes françaises.
L’Armée de l’air est présente avec les GR I/36, GC II/10, GC III/10 et GC I/145 formé de pilotes polonais.
La 236° DLI face à l'attaque allemande
Le 11 juin : franchissement de la Seine par l’armée allemande
Les troupes allemandes du II AK sont en cours d’installation pour attaquer le lendemain. La 236° DLI en profite pour renforcer ses positions et organiser des bouchons antichars, spécialement au Neubourg tenu par le 64° RI. Au nord, la position des Moulineaux est particulièrement renforcée par la 17° DLI, avec l’aide du II/64° RI. La limite est du corps d’armée et donc de la 236° DLI est portée à Criquebeuf.
Ce jour, les unités allemandes qui occupent depuis deux jours toutes les communes de la rive droite de la Seine dont Rouen, commencent à s’infiltrer dans celles de la rive gauche. Elles ne rencontrent de résistance de la part de l’armée française qu’à la limite de la forêt du Rouvray et de la Londe.
A l’est, la 237° DLI, en l’occurrence le 236° RI, est attaquée et en cours de journée. Le 236° RI doit abandonner ses positions sur l’Eure et se replie vers le sud-ouest, ouvrant une brèche devant les positions de la 236° DLI. Louviers est encore occupé par la 3° DLC (2° RDP). Mais, devant la poussée allemande au sud de Louviers, la 3° DLC abandonne Louviers difficilement défendable et se replie sur une ligne allant du nord de la forêt d’Elbeuf à la vallée de l’Iton. Cette ligne permet de barrer l’axe Louviers – Le Neubourg.
Le 64° RI s’installe défensivement sur une ligne nord-sud, axée sur Le Neubourg, au sud des positions tenues par le 118° RI.
Le 12 juin : attaque allemande à Elbeuf
Au matin du 12, le front n’a pas bougé en aval d’Elbeuf, les troupes tenant les forêts de Brotonne et de la Londe. D’Elbeuf, le front passe par Montaure, au nord-ouest de Louviers et serpente ensuite à environ deux ou trois kilomètres à l’ouest de l’Eure. La ville de Louviers, bombardée par la Luftwaffe le 11 juin au soir, est la proie des incendies toute la journée. Le 118° RI est maintenant en première ligne.
Le 118° RI tient la portion nord du front : Elbeuf, Martot, Montaure et Amfreville la Campagne. Le I/131° RI, venant de Louviers, est positionné entre les 64° et 118° RI au niveau de Vraiville.
Le 64° RI a le positionnement suivant :
- I/64° RI à Hectomare, Iville et Le Neubourg ;
- III/64° RI en réserve de division ;
- II/64° RI détaché à la 17° DLI, entre La Bouille et Orival.
Le 90° RAD est positionné aux alentours du Gros Theil en soutien des deux régiments.
La 3° DLC se replie en arrière et se regroupe dans la forêt de Beaumont le Roger. Elle n’a pas cessé de combattre depuis la Somme. Le front tenu par la 3° DLC est maintenant sous la responsabilité de la 237° DLI. Le 236° RI se replie légèrement vers l’ouest pour tenir la ligne Ecquetot, Saint Aubin avec un point d’appui à Phipout, couvrant la zone tenue par le I/64° RI. Son poste de commandement s’installe à Marboeuf. Le I/131° RI est maintenant sous la responsabilité de la 236° DLI.
L’ennemi attaque et franchit la Seine malgré la destruction des bacs et des ponts entre Pont de l’Arche et Elbeuf. Le 123° GRDI, installé à Elbeuf, est durement accroché. A Pont de l’Arche, c’est le 89 IR (12 ID allemande) qui monte à l’assaut des positions françaises.
Les troupes allemandes s’infiltrent aussi dans la forêt de la Londe, tenue par la 17° DLI renforcée par le II/64° RI. Dans l’après-midi, l’attaque allemande se développe à l’est des Moulineaux.
A 20h00, le 236° RI (237° DLI) recule sur la ligne Le Tremblay – Omonville (groupement du capitaine Husband) – Combon (groupement du capitaine Camasara). Le 236° RI est maintenant aligné avec le 64° RI au sud du Neubourg. Le mouvement, effectué grâce à une rame d’une dizaine de véhicules, est terminé à 23h00. Maintenant, le 64° RI est aussi en première ligne.
Le 12 juin, il faut noter le décès de Bastard Yves (118° RI) à Rouen.
Ce jour, à 13h15, le général Weygand donne l’ordre d’exécution du plan de repli général des armées décidé la veille et Paris est déclarée ville ouverte.
Positions de la 236° DLI du 9 au 13 juin 1940 (par RSCHERER)
Le 13 juin : combats au Neubourg
Suite aux combats des jours derniers, les troupes allemandes continuent leur progression vers l’ouest et en particulier vers Le Neubourg. Cette progression est stoppée après des combats intenses devant Le Neubourg et le 64° RI maintient ces positions.
Après le recul de la 237° DLI et la perte de Louviers, le 118° RI se repositionne vers l’ouest sur une ligne nord-sud passant au sud d’Elbeuf à Saint Ouen du Pontcheuil, à Saint Pierre des Fleurs et Amfreville la Campagne.
L’ennemi progresse aussi dans la forêt de la Londe face à la 17° DLI. Au sud, la 237° DLI n’est pas attaquée et renforce ses positions.
Il est à noter les décès suivants :
- Lambeaux Edgar Victor : 118° RI (Saint-Didier-des-Bois) ;
-
Poissonnier Édouard : soldat au 118° RI ;
- Fourreau Paul : 64° RI ;
-
Breysach Joseph : canonnier au 90° RAD (Le Gros-Theil) ;
-
Geb Albert : canonnier au 90° RAD.
Le repli de la 236° DLI Le 14 juin : combats à Amfreville
L’attaque allemande reprend sur tout le front. Les combats les plus intenses se produisent sur le front du 118° RI au niveau d’Amfreville la Campagne.
Les troupes allemandes se renforcent avec l’arrivée de la 31 ID allemande qui arrive à Rouen en second échelon du II AK.
A la tombée de la nuit, la division reçoit l’ordre de repli la ligne Le Merlerault - Gacé dans l’Orne.
Le 123° GRDI couvre l’embarquement de l’Infanterie divisionnaire à la Rivière-Thibouville, situé sur la Risle. Ensuite, le 123° GRDI a pour mission de défendre les passages de la Risle de Pont-Audemer à Beaumont-le-Roger pour protéger le repli de la division. Il se trouve rapidement au contact avec les éléments ennemis sur un front très étendu.
Dans la journée, au sud, la 237° DLI est aussi attaquée. En soirée, elle doit se replier sous l’emprise allemande.
La 17° DLI recule en soirée sur Bourgtheroulde avec des éléments du 190° RALT. En arrière, le 126° GRDI, groupe de reconnaissance du corps d’armée Duffour, occupe le secteur de Montfort sur Isle pour protéger son repli.
Le 196° RALT part vers le sud-ouest pour rejoindre la Sarthe par Pré en Pail et Sillé le Guillaume.
En fait, toutes les unités du corps d’armée Duffour entament un large repli pour se soustraire à l’étreinte allemande. Comme les autres unités de la 10° armée, il n’est plus question de tenir le front de la Seine qui n’a résisté que quelques jours à l’avancée des troupes allemandes. A partir de maintenant, la mission est de retraiter vers le sud et d’essayer de maintenir la cohésion, certes défaillante, de l’armée française.
Les décès suivants sont à signaler :
-
Hemidy Pierre Jean : 64° RI (Le Neubourg) ;
-
Quniton Michel : 64° RI ;
-
Assicot Pierre Marie : caporal-chef au 118° RI (Amfreville-la-Campagne) ;
-
Cuvillier Georges Raymond : soldat au 118° RI (Amfreville-la-Campagne) ;
-
Gadin Henri : adjudant au 118° RI ;
-
Hélaine Paul Joseph Victor : 118° RI (Amfreville-la-Campagne) ;
-
Joubier Pierre Marie Joseph : soldat au 118° RI (Amfreville-la-Campagne) ;
-
Pechin Albert : soldat au 118° RI ;
-
Taphanel Denis : 118° RI ;
-
Dussaux Charles : 118° RI (Amfreville-la-Campagne) ;
-
Gelot André : 118° RI (Amfreville-la-Campagne) ;
-
Legrand Gaston: 118° RI (Amfreville-la-Campagne) ;
-
Mangenet Jacques : 118° RI (Saint Ouen de Pontcheuil) ;
-
Vasselin Louis Michel Romain : 118° RI (Le Troncq).
Le 15 juin : repli sur Gacé (Orne)
La 236° DLI se replie sur la ligne forêt de Silly en Gouffern – Exmes – Gacé – Saint Evroult, au nord-est d’Argentan, couverte par le 126° GRDI. Gacé est dans l’Orne, à une cinquantaine de kilomètres au sud des positions précédemment tenues. A sa droite s’installe la 237° DLI à Aube et à L’Aigle. Le 64° RI s’installe à Gacé, le 118° RI à l’ouest. L’état-major divisionnaire est au Merlerault.
Le mouvement est aussi protégé par la 58° BACA (batterie antichar automotrice, équipée de Laffly W15 TCC), commandée par le lieutenant Mazalrey. Ce dernier est capturé en partant à la recherche d’un véhicule de la compagnie disparu pendant le repli.
Malheureusement, à cause de la rapidité de l’avance allemande, la majorité des éléments hippomobiles de la division est perdue dans la région de Domfront, lors de leur mouvement pour rejoindre Laval sur la Mayenne.
Le 126° GRDI assure aussi la liaison avec la 17° DLI qui retraite sur Almenêches, à la gauche de la division.
Le 5° GFMC, replié le 15 juin derrière La Risle, à Campigny, fait sauter les ponts de Saint-Paul-sur-Risle et de Pont Audemer, puis, via Lisieux, poursuit vers Argentan. Il prend position dans la forêt de Gouffern le soir même, à la limite des 17° et 236° DLI.
Le 196° RALT s’est replié vers la Bretagne et se retrouve dans la forêt de Paimpont, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Rennes. Il sera capturé le 18 juin suite à l’avance allemande en Bretagne.
Il est à noter les décès de Milon Louis (118° RI à Saint Didier des Bois) et de Pichon Jean (118° RI à Buthouville).
Le 16 juin : combats à Gacé
Après avoir couvert le repli de la division, le 123° GRDI assure la liaison avec la 237° DLI avec des reconnaissances sur L’Aigle. Il s’installe ensuite à Nonant le Pin et Le Merlerault.
L’attaque allemande est déclenchée en matinée sur Gacé et Saint Evroult. A l’est, la 237° DLI est elle aussi engagée par les troupes allemandes (Laigle). Il s’agit toujours du II AK avec les 31, 32. et 12. Infanterie Divisionen.
Toute la journée, des combats ont lieu à Gacé puis au Merlerault où le 123° GRDI est engagé dans des combats de rues. En soirée, la 236° DLI reçoit l’ordre de décrocher pour rejoindre la Mayenne au niveau de Laval et d’Ernée.
Le 126° GRDI protège en particulier le repli de l’artillerie divisionnaire.
Il est à noter les décès de Gicquel Marcel (118° RI à Saint Amand des Hautes Terres), de Salaun Joseph (118° RI) et de Le Berricaud Jean (64° RI à Elbeuf).
Le 17 juin : Laval (Mayenne)
Après son trajet, la 236° DLI débarque et occupe une ligne de Chailland à Laval. Elle est poursuivie par la 12 ID allemande (Generalleutnant Walther von Seydlitz-Kurzbach). Laval, Mayenne et Evron sont déclarées « villes ouvertes ». Au sud de Laval, derrière la Mayenne, est positionnée la 237° DLI. A Ernée est positionnée la 17° DLI qui récupère la 58° BACA.
Le I/131° RI est au niveau de Laval, entre les 236° et 237° DLI. En face, c’est le 89 IR (12 ID allemande) qui investi Laval aux alentours de 10h00.
Le mouvement est réalisé sous la protection des 123° et 126° GRDI. Au sud de Gacé, le 123° GRDI arrête une incursion ennemie. Puis il se replie sur Sées.
Le 126° GRDI se replie après des combats en matinée (9h30) aux Authieux et aux Planches, à l’est de Le Merlerault. A 11h30, il est accroché à Sées puis à Carrouges. A 18h00, il constitue un bouchon à Villaines la Juhel. Il se replie dans la nuit par Evron pour rejoindre Ernée.
Le II/90° RAD, sauf la 5° batterie, est capturé à Gandelain, à l’ouest d'Alençon, lors de son repli par le 89 IR (12 ID).
La pression allemande est importante. Les troupes allemandes entrent à Mayenne aux alentours de 18h00 et à Evron aux alentours de 19h00. Dans la foulée, elles investissent Château-Gontier et Craon dans la nuit.
Lemestic Joseph (64° RI) est tué à Pré en Bail dans la Mayenne, lors du repli sur Laval.
Un convoi de 18 bateaux de chargement divers, dont des explosifs, descend la Mayenne. Par crainte de tomber aux mains de l'ennemi, ce convoi est sabordé vers Pruillé, en aval d’Angers.
Le 18 juin : capture du 64° RI
Au matin, les allemands reprennent leur avance à partir de Laval occupé la veille.
Vers 13h40, la 236° DLI reçoit l'ordre de retraiter à pied vers Pouancé, par Brains sur les Marches. Pouancé est en Maine et Loire. A sa gauche, la 17° DLI, partiellement encerclée, se replie aussi au sud de la Mayenne. Le GFMC n° 5 atteint Ernée au matin et échappe à l'encerclement de la 17° DLI. Le I/97° RAD, de la 17° DLI, est alors rattaché à la 236° DLI.
Malheureusement, dépassé par les troupes allemandes, le 64° RI est rapidement capturé par des éléments motorisés allemands à la Baconnière et Andouillé, à une dizaine de km au nord-ouest de Laval, par des éléments de la 12 ID.
Il faut noter les décès de Rouaud Maurice (64° RI à Angers), de Ruffel Pierre (64° RI à La Baconnière), de Castrec Victor (64° RI à Vannes) et de Le Reste Henri (118° RI à Saint Gildas des Bois).
Sans renseignement ni ordres de la division, le 123° GRDI se replie par Cossé-le-Vivien (Mayenne), Châteaubriant, Nantes, La Roche-sur-Yon, Niort. De là, il est dirigé sur Bordeaux (20 juin 1940).
Le 126° GRDI retraite par Cossé-le-Vivien, puis par La Guerche (Indre-et-Loire) et Châteaubriant (Loire-Inférieure). Il finira à l’armistice dans le Tarn et Garonne (Montech).
Le 19 juin : capture du 118° RI
La progression allemande est plus rapide que le retrait des troupes françaises. Le reste de l’infanterie de la 236° DLI, c'est-à-dire majoritairement le 118° RI, est encerclé ce jour au cours de sa retraite au sud-ouest de Laval.
Le I/90° RAD et la BHR du 90° RAD sont capturés vers Nantes en journée par les éléments du 27 IR (12 ID). Nantes est occupée le 19 juin 1940.
Le 19 juin, la 236° DLI n’existe plus. Après une dizaine de jours en opération, elle a quasiment été anéantie. Les rescapés sont pris en charge par la 237° DLI qui pourra retraiter vers le sud jusqu’à la Dordogne.
Épilogue
Dans la nuit du 20 juin, une partie des trains automobiles des 17° et 236° DLI passe la Loire à Nantes. Le 22 juin, le groupement Duffour est dissous.
Lancée dans la bataille sans avoir fini ni même entamé sérieusement sa formation, la 236° DLI n’a pas pu exercer efficacement une action sur le sort de des armées françaises en plein recul. Son cas est malheureusement commun à celui aux autres divisions légères d’infanterie qui ont pesé bien peu dans la campagne de France.
Sources principales
- Pour l’armée française : forum ATF 40
- Pour l’armée allemande : Lexikon der Wehrmacht
- La bataille de la Seine : Yves Buffetaut (Militaria n° 64)
- Site memorial-genweb.org
- Site Mémoire des hommes
- Pour les groupes de reconnaissance : Mémorial des groupes de reconnaissance 1939-1940 (Union nationale de la cavalerie, de l’arme blindée et des chars – 1956)
- Pont de l’Arche : http://milguerres.unblog.fr/combat-de-pont-de-larche/
- L’infanterie française. Des origines à 1945 : Historama hors série n°8
- Pour la 58° BACA : GMM n° 85 (Eric Denis et François Vauvillier)
- Arrêté du 6 août 1997 fixant les lieux et les dates des opérations de la campagne de 1940 (basse Seine, Normandie) susceptibles d'ouvrir le droit à la carte du combattant.
Cordialement
.Rémy SCHERER